Le premier week-end de septembre s'est déroulé à Madrid le IIe Rencontre internationale des catholiques avec des responsabilités politiques, organisé par l'archidiocèse de Madrid en collaboration avec l'Académie des dirigeants catholiques et la Fondation Konrad Adenauer. Des hommes politiques de 19 pays de toutes sensibilités ont participé à cette réunion.
Il fut un temps où les parlements nationaux accueillaient des politiciens membres de partis confessionnels. Aujourd'hui, tous les partis, certains plus que d'autres, sont saupoudrés de croyants. Cependant, nous nous plaignons souvent que la législation s'éloigne de plus en plus des principes chrétiens. Souvent, la personne n'est pas au centre des décisions, nous constatons une grande permissivité, voire une promotion, de l'avortement ou de l'euthanasie, avec la délégitimation du rôle des parents dans l'éducation de leurs enfants ainsi que des obstacles à l'enseignement catholique, la promotion des politiques de genre....
Qu'advient-il de nos catholiques qui s'occupent des affaires publiques ? N'ont-ils aucun poids dans les formations politiques ou ont-ils pris l'habitude de "scinder", d'un côté la vie publique et de l'autre la vie privée ? Souvent, nous, catholiques, politiciens ou non, disons que nous croyons en Dieu mais nous vivons comme si Dieu n'existait pas.
Il est vrai qu'il existe un courant sous-jacent d'affinité chrétienne, invisible mais légèrement perceptible, qui modère ou façonne parfois certaines lois, mais il manque un ton croyant dans le grand discours. Il ne s'agit pas d'embrasser une sorte de supériorité morale parce que nous croyons, mais il ne s'agit pas non plus d'avoir honte de ce que nous sommes au point de le cacher. Nous sommes ce que nous sommes naturellement et nous offrons ce que nous avons pour enrichir notre monde.
L'Église a peut-être péché par omission lorsqu'il s'agit de former les enfants et les jeunes à l'importance évangélique du service public. Nous avons des milliers de catéchistes, nous travaillons dans le domaine de la santé et du ministère des prisons, dans l'exercice de la charité, de l'éducation, de la culture au sens large, mais le service par la politique a peut-être été un peu une corvée, même quand nous l'avons essayé, nous avons vu trop de désertions qui nous ont découragés.
La semaine dernière, le président de la Conférence épiscopale espagnole (CEE) et archevêque de Barcelone, le cardinal Juan José Omella, ainsi que le secrétaire général de l'épiscopat, Mgr Luis Argüello, ont présenté le document Fidèle à l'envoi de missionnaires", qui définit les orientations et les lignes d'action de la CEE pour les quatre prochaines années pastorales (2021-2025). Le cardinal Omella nous a demandé de ne pas nous décourager et de continuer à "témoigner de notre foi en Jésus, non pas tant en paroles qu'en actes", ce qui, j'en suis convaincu, a un point de vue privilégié dans la vocation au service public.
Le Secrétaire général et porte-parole de la CEE, Monseigneur Luis Argüello, s'est interrogé dans la même présentation sur le fait que "parfois nous pouvons être progrès ou conservateur dans l'un des dossiers et le contraire dans d'autres, alors qu'en réalité la proposition qui naît de la foi et celle qui est vue dans la culture dominante est une proposition intégrale d'économie, de système politique, de compréhension de la famille liée à l'amour et à la transmission de la vie en ces temps d'"hiver démographique" si surprenants".
Il s'agit d'une question difficile, sans réponse facile, mais il est important d'y réfléchir.