Il y a peu d'années, à une époque où le rôle des confréries dans la société actuelle était remis en question, j'ai eu l'occasion de mener une étude sur le montant de l'aide consacrée par les confréries à la charité. L'étude s'est limitée à la ville de Séville et les résultats ont surpris certains : plus de cinq millions d'euros, bien que l'étude n'ait porté que sur les aides quantifiables, les autres étant laissées de côté ; mais combien vaut un câlin, "c'est la première fois que quelqu'un me fait un câlin en échange de rien", a déclaré avec émotion une dame qui avait eu un passé compliqué à un bénévole. Comment valoriser un moment de compagnie pour une personne qui vit seule, sans personne pour s'occuper d'elle ? Ces éléments intangibles ont été laissés de côté dans l'étude.
Je dispose de données indiquant que si cette recherche était menée aujourd'hui, après la crise sanitaire, les résultats seraient presque doublés. Les confréries peuvent s'en satisfaire, puisque l'une de leurs missions est de promouvoir la charité, mais cela comporte un danger : en réduisant la charité à des chiffres, plus le volume de l'aide est important, plus une confrérie est charitable. Le danger existe d'assimiler ainsi les confréries aux ONG, d'où l'intérêt de réfléchir aux différences entre charité, solidarité et action sociale, trois concepts distincts mais complémentaires.
Charité
Il s'agit d'un vertu théologiqueC'est la vertu de l'amour de Dieu, instillée par Dieu dans nos âmes le jour du baptême (Foi, Espérance et Charité), bien que son maintien et sa croissance dépendent de nous-mêmes. C'est la vertu par laquelle nous aimons Dieu par-dessus tout et notre prochain comme nous-mêmes par amour de Dieu, dans la mesure où ils sont chers à Dieu. La charité ne peut être comprise qu'à partir de Dieu, qui est Amour.
L'amour humain, vécu comme un don total, libre et gratuit, parce que c'est seulement dans la liberté que l'on peut aimer. Il a la capacité d'amener les gens à leur plénitude, de les rendre heureux, car ce n'est pas la douleur qui frustre une vie, c'est le manque d'amour.
Solidarité
Il s'agit d'un vertu humaineC'est la conscience d'être lié aux autres par Dieu, et la décision d'agir d'une manière qui soit cohérente avec ce lien mutuel. C'est la conscience d'être lié aux autres par Dieu, et la décision d'agir en cohérence avec ce lien mutuel. "Ce n'est pas un sentiment superficiel pour les maux de tant de personnes, proches ou lointaines.
Au contraire, c'est la volonté ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c'est-à-dire pour le bien de chacun d'entre nous. Prendre conscience que nous sommes tous réellement responsables les uns des autres" (Jean-Paul II). Elle trouve son fondement dans la filiation divine. Nous sommes tous enfants de Dieu et partageons la même dignité. C'est la seule façon de comprendre correctement la solidarité, non pas avec une vision horizontale, mais avec la conscience d'être lié, par le Christ, aux autres.
La solidarité ne peut être assimilée à la charité. La solidarité est la justice, la charité est l'amour. La justice seule ne suffit pas, la dignité humaine exige bien plus que la justice : elle exige la charité, elle exige l'amour. L'amour de l'autre contenu dans l'amour de Dieu.
Action sociale
Il est une activité consistant en la distribution et l'application des ressources matérielles obtenues de la générosité des frères et des collaborateurs.
L'action sociale n'est pas une fin en soi, qui serait l'assistance sociale ou la philanthropie : elle est la conséquence de l'exercice de la Charité par les frères et les donateurs et l'expression de leur Solidarité.
Cette triple distinction est clairement exposée dans l'Évangile, lors de la multiplication des pains :
Le Christ a eu de la compassion pour ceux qui le suivaient parce qu'ils n'avaient pas mangé depuis longtemps : Charitél'amour de Dieu.
"Vous leur donnez à manger", dit-il aux apôtres, c'est votre responsabilité de vous occuper des besoins des autres : Solidarité.
Il les encourage ensuite à gérer cette attention : chercher des ressources (ils obtiennent cinq pains et deux poissons) et organiser la distribution de la nourriture (faire des groupes de cinquante, distribuer et collecter) : Action sociale.
Réduire la promotion de la charité dans les fraternités à des actions sociales réalisées uniquement par solidarité est trompeur et condamne les fraternités au rôle de filiale responsable du maintien de l'état providence est trompeur et dénature la mission des fraternités. Sur cette question également, une justification rigoureuse de leur modèle conceptuel est essentielle pour avoir des idées claires.
Doctorat en administration des affaires. Directeur de l'Instituto de Investigación Aplicada a la Pyme. Frère aîné (2017-2020) de la confrérie de la Soledad de San Lorenzo, à Séville. Il a publié plusieurs livres, monographies et articles sur les confréries.