Saviez-vous que dans les communautés de chasseurs-cueilleurs, les enfants ayant une grand-mère ont 40 % de chances de plus de survivre ? Les grands-mères sont un élément fondamental de la réussite de l'espèce humaine, même si elles sont aujourd'hui, malheureusement, jetables.
Je l'ai entendu de la bouche de María Martinón, une éminente anthropologue que je cite souvent. L'apparente évidence scientifique qu'elle décrit a même un nom attachant : la "théorie de la grand-mère". En quoi consiste-t-elle ? Le directeur du Centre national de recherche sur l'évolution humaine explique : "La ménopause, chez les femmes, arrive trop tôt parce que nous sommes une espèce qui vit longtemps. Il ne s'agit donc pas d'une détérioration mais d'une stratégie de réussite. Avoir une grand-mère qui a toutes ses capacités physiques et mentales, c'est avoir quelqu'un qui va investir une partie de sa vie pour que nous puissions avancer. De plus, ajoute-t-elle, elles sont un immense réservoir de connaissances et de mémoire.
Même dans nos communautés urbaines du 21e siècle, il ne fait aucun doute que cela est aussi vrai qu'un temple.
Le site les grands-mères et les grands-pères sont une richesse énorme pour notre société et ce sont eux qui ont porté et portent encore sur leurs épaules une grande partie de la charge familiale : ils gardent leurs petits-enfants, les emmènent à l'école, aux activités périscolaires, au catéchisme, préparent les repas de leurs fils, filles et conjoints, contribuent financièrement au foyer ou à l'entreprise de leurs enfants en période de crise... Que les grands-parents sont formidables !
Mais malheur à nous lorsqu'ils commencent à cesser d'être productifs et "commodes" pour le système. Nous dépendons d'eux pour tout, mais lorsque ce sont eux qui dépendent de nous, nous nous en débarrassons. Ils deviennent des grands-parents clínex.
Ils sont d'ailleurs en partie responsables de cette triste tendance. Car beaucoup ont élevé leurs enfants à ne pas souffrir pour rien, à s'enfuir au moindre problème nécessitant un effort ou un détachement. Papa et maman ont toujours été là pour tirer les marrons du feu ; mais aujourd'hui, comme ils ne peuvent plus nous aider et que le problème de leur prise en charge nous incombe, nous n'arrivons pas à faire face.
La solution de la euthanasie est présentée comme une solution séduisante au problème et ce sont les grands-parents eux-mêmes qui, dans leur obsession de ne pas faire souffrir leurs enfants, demandent déjà de l'aide sous forme de suicide s'ils ne sont pas en mesure de faire face à leur prise en charge. J'entendais l'autre jour une femme âgée dire : "Je ne veux pas être un fardeau pour mes enfants. Dès que je ne pourrai plus m'occuper de moi, qu'ils me fassent la piqûre". Cela peut paraître un geste d'une extrême générosité, mais en réalité, le suicide (quand il n'y a pas de déséquilibre mental) n'est rien d'autre qu'un acte d'arrogance, l'affirmation de soi la plus radicale de l'histoire de l'humanité. IJe suis si grand que je peux même décider du moment de ma mort".
Dans la récente déclaration "Dignitas infinita publié par le Saint-Siège, il nous est rappelé qu'"aider la personne suicidaire à mettre fin à ses jours est une offense objective à la dignité de la personne qui le demande, même si cela répond à son souhait : "nous devons accompagner la mort, mais pas la provoquer ni assister une quelconque forme de suicide. Je rappelle que le droit aux soins et à la prise en charge de tous doit toujours être privilégié, afin que les plus faibles, notamment les personnes âgées et les malades, ne soient jamais écartés".
Dieu, ou le la théorie de l'évolution de la grand-mère quel que soit le nom qu'on lui donne, il voulait que la grands-parents étaient là pour nous aider à grandir et pour nous transmettre les connaissances qui nécessitent plus d'expérience. Et le fait est qu'une personne âgée sans défense, loin d'être un obstacle, peut être la meilleure leçon de vie pour nos enfants, car elle leur explique où s'arrêtent tous les efforts humains, elle leur donne la perspective nécessaire pour comprendre qui nous sommes et où nous allons.
Priver nos enfants de les voir vieillir, de les aider lorsqu'ils ne sont plus capables de s'aider eux-mêmes, de les accompagner dans leurs dernières années et au moment de la mort, c'est les priver de la leçon la plus importante de la vie : l'être humain a une date de péremption et une dignité qui va bien au-delà de la question de savoir si nous valons quelque chose ou non. Rien de tel qu'une grand-mère à la maison pour expliquer, par sa seule présence, que nous sommes des êtres finis dotés d'une dignité infinie.
Journaliste. Diplômé en sciences de la communication et licencié en sciences religieuses. Il travaille dans la délégation diocésaine des médias à Malaga. Ses nombreux "fils" sur Twitter sur la foi et la vie quotidienne sont très populaires.