Il y a plusieurs années, alors que je jouais, j'ai suggéré à mon ami qu'un enfant qui était là à nous regarder se joigne au groupe ; il m'a répondu qu'il ne pouvait pas jouer avec cet enfant parce que leurs familles étaient fâchées. Lorsque je lui ai demandé pourquoi ils étaient en colère, sa réponse a été inoubliable : "Je ne vais pas pouvoir jouer avec cet enfant.Je ne sais pas, mais ça a toujours été comme ça.".
Au fil du temps, j'ai constaté que cette situation continue à se reproduire, notamment dans les petits groupes très fermés et parfois isolés de leur environnement. Les frictions y sont amplifiées et les apparences, l'envie, le ressentiment et la soif de pouvoir attisent les passions.
Nous pourrions nous demander si cette situation, dans une plus ou moins grande mesure, est reconnue aujourd'hui parmi les membres de certaines confréries, ou plutôt du petit groupe qui la vit de plus près, vers 4-5%.
Dans cet environnement étouffant, les hiérarchies internes deviennent une fin en soi, on se bat pour elles, sans valoriser les capacités personnelles ni la contribution que chacun pourrait apporter à la fraternité, et le leadership est identifié au pouvoir, en oubliant que l'expression maximale du leadership est le service.
Dans ces microsociétés fermées que devient parfois une fraternité, la vue d'ensemble, la capacité d'analyse, la perspective et la vision de l'avenir peuvent se perdre. Tout se résume à la réalisation, au mieux, d'activités à court terme, parfois bien pensées, mais qui peuvent être contre-productives si elles ne s'inscrivent pas dans une stratégie globale. C'est aussi loin que ça va
Quand une société coupe les racines internes de son... socialitasde sa raison d'être, sa structuration en tant que groupe social se dénaturalise et se désagrège.. Dès lors, il devient un environnement toxique et addictif dans lequel l'égoïsme personnel prime sur le bien commun.
Dans une telle situation, il est facile pour les différences d'opinion, même sur des questions sans importance, de conduire à des problèmes qui deviennent mutuellement offensants et aboutissent à l'émergence de camps considérés comme mutuellement irréconciliables.
La liberté du pardon
C'est ici que le pardon, la capacité de pardonner ces "offenses", doit entrer en ligne de compte. Le pardon est un droit de l'homme, puisque le Christ l'a accordé de manière totale et irréversible à toute personne disposée à l'accepter avec un cœur humble et repentant (cf. Ps. 51, 17), un pardon qui n'efface pas le passé, bien sûr, mais qui nous prépare à l'avenir.
Nous ne pouvons pas rester coincés dans le passé ; si nous restons ancrés dans la douleur de l'infraction, nous bloquons notre développement en tant que peuple libre. Dans le pardon, je retrouve ma liberté et je reconnais aussi les autres comme des sujets libres, avec lesquels je peux à nouveau partager la Vérité et le Bien.
Ce n'est pas facile, car le pardon n'est pas un sentiment qui surgit spontanément, est un acte de volontéC'est l'exercice de la liberté personnelle de celui qui refuse d'être enchaîné par le ressentiment d'une offense qui, sûrement, était plus dans notre orgueil que dans la réalité. Il est également un acte d'humilité et de forceIl est nécessaire de pardonner en tant que pécheurs que nous sommes, et non en tant que justes. Chaque jour, nous répétons : "...pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés."Par conséquent, le pardon n'est pas accordé, il est partagé.
Ici, le rôle du conseil de direction doit toujours être de apprendre et enseigner le pardonencourager les frères à engager leur liberté afin de chercher, connaître et choisir le Bien ; cette séquence se termine nécessairement par le pardon. Il s'agit de voir la vie de fraternité comme une rencontre de vie et de liberté, et non de murmures et de banditisme. Certes, personne n'est exempt d'avoir provoqué, par action ou par omission, des situations qui ont suscité la colère d'autrui, même des membres du Conseil de direction, peut-être ceux-ci plus que d'autres ; mais nous avons tous toujours un recours, malgré nos erreurs, car nous ne sommes pas ce que nous ressentons ou ce que nous faisons, cela ne nous constitue pas, on n'est pas ses erreursparce qu'elle est libre, ce qui lui permet de les maintenir ou de les surmonter.
C'est la seule façon de garantir que la confrérie soit un lieu doté du dynamisme propre à la vie théologique dans laquelle le foi engendre l'espoir et la espoir permet et soutient le déploiement de l amourdans laquelle le Désolé. Un endroit où elle revient toujours parce que, selon les mots de Chavela Vargas, "on retourne toujours aux anciens endroits où l'on a aimé la vie.".
Doctorat en administration des affaires. Directeur de l'Instituto de Investigación Aplicada a la Pyme. Frère aîné (2017-2020) de la confrérie de la Soledad de San Lorenzo, à Séville. Il a publié plusieurs livres, monographies et articles sur les confréries.