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Fernando de HaroGiussani fait de la sécularisation une grande opportunité".

Dans sa récente biographie de Luigi Giussani, Fernando de Haro esquisse également le présent et l'avenir de l'un des principaux mouvements de l'Église catholique d'aujourd'hui. 

Maria José Atienza-12 juin 2023-Temps de lecture : 4 minutes

Photo : Fernando de Haro ©Fernando de Haro

A proposition pour l'éducation à la foi chrétienneVoici comment il est présenté Communion et libérationle mouvement fondé par le prêtre Luigi Giussani à la fin des années 1960. 

Le journaliste espagnol Fernando de Haro vient de publier Père Giussani. L'élan d'une vieun portrait vivant, agile et en même temps complet de la figure de "Don Gius". 

Comment est née l'idée d'écrire cette biographie de Luigi Giussani ?

-J'appartiens à Communion et Libération et j'ai personnellement rencontré Giussani en 1985. Je me suis lancé dans la biographie après qu'Alberto Savorana ait fait un travail de recherche considérable qui a abouti à une biographie de plus de mille pages. Certaines personnes m'ont demandé quelque chose de plus informatif. 

Je ne voulais pas que le lecteur lise une description de la vie de Giussani, mais qu'il puisse vivre avec lui, connaître ses réactions face aux défis auxquels il était confronté. 

Quand j'ai commencé à me documenter, je me suis rendu compte que c'était océanique, j'en ai parlé à un ami qui m'a conseillé de m'en tenir à ce qui me faisait vibrer. C'est ainsi que j'ai travaillé. Le travail de documentation s'est articulé autour de trois axes : bibliographique, en lisant beaucoup de choses ; en allant dans les lieux où Giussani a vécu et en parlant avec les personnes qui ont eu affaire à lui.

Ce qui me surprend le plus, c'est la façon dont Giussani apprend de ce qui lui arrive, de son expérience. En fait, il n'a pas l'intention de fonder quoi que ce soit, mais plutôt de répondre aux circonstances qu'il vit comme une vocation : "...c'est un homme de cœur".Tout dans ma vie a été une histoire".dira-t-il. 

J'ai été frappé par la manière dont il a géré les circonstances, qu'il s'agisse de la nostalgie qu'il ressentait au séminaire, de la manière dont il traitait ses étudiants, déjà sécularisés, de sa maladie ou de la révolte de 1968. 

Comment Giussani développe-t-il cette rencontre avec le monde ?

-Déjà dans les années cinquante du siècle dernier, Giussani a eu la capacité de comprendre que, même si les églises sont plus ou moins pleines, même si l'Action catholique organise des manifestations plus ou moins nombreuses sous cette croûte, beaucoup de gens ont abandonné la foi parce qu'elle ne les intéresse pas vraiment dans leur vie. Je pense que cela rend la position de Giussani très actuelle. Il ne part pas du principe que les gens connaissent la foi, qu'ils ont fait l'expérience de la foi qui conduit à l'adhésion personnelle. 

Giussani présente la foi comme une réponse aux exigences de chaque personne, comme une proposition que celui à qui elle est présentée doit vérifier si elle lui permet de vivre pleinement sa vie. Face à un monde qui, peut-on dire, rejette Dieu, Giussani ne se place pas dans une position dialectique. Au contraire, il souligne tous les aspects valables de cette réalité. Le christianisme de Giussani n'affronte pas le monde sécularisé de manière négative, mais accueille tout ce qu'il y a dans ce monde de désir, d'aspiration, et le rachète de l'intérieur. Cela apparaît déjà dans ses premiers écrits et se maintient. Il fait de la sécularisation une grande opportunité.

Il s'agit d'une option très contemporaine. Le christianisme a de plus en plus de mal à se maintenir dans la pure tradition, comme nous le voyons, et Giusanni y répond en présentant la foi comme quelque chose qui répond au désir de l'homme.

Si un mot définit la vie de foi de Giussani, c'est le suivant événement. 

-En effet, Giussani comprend le christianisme non pas comme une doctrine, non pas comme un ensemble de notions ou une éthique comme point de départ. Giussani comprend le christianisme comme une rencontre avec une personne, comme un événement. C'est très original de la part de Giussani. Il en vient à dire que tout le monde peut faire l'expérience des disciples. Cette idée a été reprise par la suite, en fait, par le magistère papal, Benoît XVI, en effet, commence sa première encyclique en disant précisément cela. Et François aussi. 

Père Giussani. L'élan d'une vie

AuteurFernando de Haro
Pages: 304
Editorial: Sekotia
Ville: Madrid
Année: 2023

Communion et Libération se caractérise par cette rencontre avec des personnes issues de cultures ou d'autres réalités du monde qui semblent souvent antagonistes dans leurs principes.

-Giussani aimait rencontrer des personnes "vivantes", humainement vivantes, vibrantes. En premier lieu, cette conversation l'intéressait humainement parce qu'il s'intéressait à ces personnes où l'humain vibrait avec intensité. La deuxième question, pour lui, est qu'une personne vérifie que le christianisme est vrai dans la relation avec l'autre, et non dans un affrontement dialectique et défensif avec l'autre ou dans une autoréférentialité protectrice. 

Comment cette liberté se conjugue-t-elle avec l'obéissance dans l'Église ?

-Giussani maintient toujours vivants deux pôles : l'obéissance et la liberté. Et cela est d'une grande fécondité. 

Il vit une obéissance claire à l'Église, non pas une obéissance paresseuse, mais fondée sur la conviction que, sans le lien avec l'Église, la contemporanéité du Christ n'est pas garantie. À côté de cela, une grande liberté. Giussani, sans y penser, génère une réflexion qui sera développée par la suite, surtout par Ratzinger, à savoir la co-essentialité du charisme dans l'Église. 

Grâce à des expériences comme Communion et Libération et d'autres mouvements, il n'y a plus cette dialectique entre institution et charisme ou entre paroisse et mouvement. L'émergence des mouvements provoque une réflexion au sein de l'Église. Jean-Paul II est allé jusqu'à dire que les charismes sont coessentiels à l'institution, qu'ils vivifient les institutions et que l'institution elle-même est un charisme. C'est une chose très intéressante qui n'a pas encore été complètement digérée. Le contraire serait de revenir à l'idée que c'est toujours la hiérarchie qui prend l'initiative en tout dans l'Église, comme c'est le cas avec l'Action catholique, ce qui est très bien, mais ce n'est pas la seule chose. 

Quelle est la place de la figure de Giussani dans l'avenir ? 

-Nous courons le risque de faire de Giussani une sorte d'intellectuel, alors que ce qui est intéressant chez Giussani, c'est la méthode. Une méthode d'éducation à la foi. Le monde changera et les défis de la foi changeront - ils ont changé depuis 1968 - mais Giussani a laissé une méthode qui permet plusieurs choses. Tout d'abord, partir de l'expérience, non pas dans un sens subjectif, mais sur la base du fait que soit la foi est vécue comme une source d'intensité dans la vie, de plus d'humanité, soit elle ne tient pas.

La présence de Communion et Libération dans l'environnement culturel, professionnel, sociopolitique ne naît pas comme un projet culturel de conservation, mais a pour but l'éducation de la foi... Si un garçon de la paroisse apprend le catéchisme, mais qu'il arrive au lycée et vit d'une manière différente, il finira par perdre sa foi, parce que la foi ne tient pas si elle n'est pas quelque chose qui permet de vivre en toutes circonstances. Cette méthode est basée sur ont l'expérience en tant que disciples que le Christ répond à mon cœur et aux circonstances et devenir des témoins. Cette méthode reste essentielle. C'est le Giussani du présent et de l'avenir.

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