S'il était encore en vie, il serait un exemple éclatant de cette "Église en mouvement" si chère au pape François. Une vie aventureuse, marquée par une rencontre avec un saint et terminée entourée de l'affection de milliers de personnes qui l'ont connu et aimé en tant que curé pendant 25 ans, dans l'une des banlieues les plus turbulentes et les plus dégradées de Rome.
Il s'agit de Francesco Angelicchio, qui, alors qu'il était un jeune avocat prometteur, a rencontré Saint Josémaria Escriva de Balaguer. Sa vie a alors pris un tournant complètement nouveau et inattendu.
Le jeudi 7 mars, un hommage lui a été rendu avec la présentation du livre "Le premier Italien de l'Opus Dei", écrite par son neveu Fabio, journaliste à La7, dans l'église de San Giovanni Battista al Collatino, dont le prêtre a été curé pendant environ 25 ans, à côté de l'église de l'Institut. Centre ElisDepuis 1965, il constitue un pôle de formation et d'agrégation non seulement pour le quartier populaire de Casalbruciato, mais aussi pour l'ensemble de l'Italie centrale et méridionale.
Une évasion "miraculeuse
Francesco Angelicchio a mené une vie aventureuse dès son plus jeune âge. Officier d'opération sur le front yougoslave pendant la Seconde Guerre mondiale, puis parachutiste dans le Folgore, il échappe miraculeusement au massacre des Ardéatines de la Fosse.
"Sa mère, ma grand-mère, connaissait un moine de l'abbaye de San Paolo fuori le Mura", raconte Fabio Angelicchio, "et pendant l'occupation allemande, il a pu se cacher dans le couvent. C'est la première fois qu'il a porté une soutane...".
Puis vint la fameuse rafle de l'abbaye dans la nuit du 3 au 4 février : "Mon oncle attendait d'être fouillé et emmené ; il aurait probablement fini à l'Ardéatine de la Fosse. Au lieu de cela, alors qu'il était dans la file d'attente, il a demandé à aller aux toilettes. Il a été autorisé à le faire avant la fouille, il s'y est donc caché et a été "oublié", réussissant ainsi à se sauver".
Le cinéma et l'Évangile
Après la guerre, le jeune Angelicchio rencontre les premiers membres espagnols de l'Œuvre, arrivés en Italie pour commencer le travail apostolique, et à Noël 1947, il rencontre pour la première fois le fondateur, qui l'appelle affectueusement "mon premier-né italien".
Ordonné prêtre en 1955, il s'est retrouvé dans une position qui a beaucoup compté dans sa vie, bien qu'il ait d'abord voulu la refuser. En effet, il a été appelé par Saint Jean XXIII pour fonder le Centre Catholique du Cinéma.
Saint Paul VI lui demande alors de choisir les films qui seront projetés au Pape. Cela l'amène à se lier d'amitié avec de nombreuses personnalités du show-business, qui ne sont certainement pas des gens d'église.
Cependant, saint Josémaria l'a encouragé, comme il l'a raconté lui-même et comme le rappelle son neveu dans le livre : " Le Père (nom par lequel il désignait le prélat de l'Opus Dei, ndlr) m'appelait affectueusement Checco et il m'a dit : tu dois te tenir au bord de l'abîme ; je t'attraperai d'une main et tu essaieras d'attraper de l'autre une âme qui est sur le point d'y finir.
Des personnalités comme Alberto Sordi, qui a ensuite fait don du terrain pour construire le centre pour personnes âgées rattaché au Campus biomédical, étaient des amis de Francesco : alors qu'il n'était pas encore un acteur connu, ils se rendaient ensemble au théâtre pour jouer de la claque...
Étaient également présents Federico Fellini et Giulietta Masina, Roberto Rossellini, Liliana Cavani, qui a signé la préface du livre de Fabio, et Pierpaolo Pasolini, qui, à la suggestion du père Francesco, est retourné sur le plateau de tournage de "L'Évangile selon saint Matthieu" pour tourner à nouveau certaines scènes qui n'étaient pas conformes au texte de l'Évangile.
Un curé en difficulté
Puis, au début des années soixante-dix, il est nommé curé de l'église San Giovanni Battista al Collatino, où il laisse une empreinte indélébile.
Ce furent des années difficiles : des écrits menaçants contre les prêtres et les fascistes étaient inscrits sur les murs, des maisons étaient occupées, des barricades étaient érigées dans les rues avec des pneus enflammés et le quartier était également touché par la fureur meurtrière du terrorisme d'extrême-gauche.
Mais François s'est retroussé les manches. Saint Josémaria lui a dit d'aller à la rencontre des gens, sinon ils ne viendraient pas à lui. C'est ce qu'il a fait.
Il entre dans les maisons, sous prétexte de bénédiction, pour parler aux gens et s'intéresser à leurs problèmes. Il rend visite aux paroissiens qui sont allés en prison. Il s'arrête dans la rue et invite à boire un café les jeunes qui, quelques instants auparavant, l'avaient insulté en le traitant de "bacarozzo", c'est-à-dire de cafard.
Un prêtre extraverti qui a su gagner l'estime et l'affection de tant de personnes, comme l'ont raconté plusieurs témoignages au cours de la réunion, dans un quartier difficile marqué par la drogue, la délinquance, la marginalisation sociale, la pauvreté et un anticléricalisme généralisé d'obédience marxiste.
Don Francesco est décédé à l'âge de 88 ans, dans le même centre d'Elis, en novembre 2009, il y a exactement 15 ans.
Son héritage ? Son sourire, son humour typiquement romain et une fidélité inébranlable à sa vocation, qui s'est traduite par une vie passée au service de l'Église et des autres.
-Rome