Le site livre "Après la beauté du don" est une biographie, que l'auteur qualifie de "littéraire", d'une personne.
Pepe Molero, avec qui il partage le fait d'être membre agrégé de l'Opus Dei.
Comme le souligne également le poète Carlos Javier Morales dans le prologue, il ne s'agit pas d'un récit chronologique des mille et une aventures du biographe. Ce que l'auteur transmet, c'est "le don merveilleux d'avoir rencontré une personne extraordinaire qui l'a spontanément aidé à devenir une autre personne extraordinaire" (p. 13).
Derrière la beauté du cadeau
L'intrigue biographique de Molero permet à l'auteur de souligner comment " la spiritualité de l'Opus Dei pousse à la sainteté au milieu du monde, dans la chaleur bouillante des circonstances du monde " (p. 39). Les lecteurs de la poésie de Guillén Acosta savent à quel point ses poèmes riment avec la beauté d'une vie aussi ordinaire et significative que celle de Molero. Son dernier recueil de poèmes (En estado de la vida) est une œuvre poétique qui a été traduite en espagnol. Son dernier recueil de poèmes (En estado de gracia, Sevilla, Renacimiento, 2021) est un pur hymne à "la valeur / que chaque chose a, aussi fragile soit-elle" (p. 13), au caractère sacré de la matière et du prosaïque.
La biographie atteint ses pages les plus denses et les plus poétiques, les plus personnelles, lorsque Carmelo Guillén fait une pause dans l'intense agitation de la vie de Pepe Molero, et récapitule et réfléchit sur le fil conducteur de la vie d'une personne qui savait conjuguer les verbes servir et aimer comme peu d'autres, au présent.
La vie de Pepe Molero est un hymne au don de l'amitié : "Un homme qui, où qu'il s'assoie, sait s'intégrer avec un immense naturel" (p. 80). Où qu'il se trouve, dans le mouvement constant de sa vie, "il ne se sent pas comme un vers détaché, abandonné par la main de Dieu ; il y découvre la chaleur du cœur d'autres êtres humains qui, eux aussi, ont fait don de leur vie" (p. 84).
"Vitaliste, très vitaliste, très entreprenant. Il se souvient constamment de vivre. [...] Un homme volontaire, sans complaisance, déterminé, créatif, l'un de ceux qui construisent leur existence sur de petits détails, sur les petits caractères de l'ordinaire. [...Une personne] qui a profité et profite de la vie comme personne d'autre. [...] Un touche-à-tout. Rien ne l'arrête. Il est prêt à tout. Il semble avoir toujours été comme ça" (pp. 112, 116). Ceux qui apprécient l'amitié de Pepe Molero pourraient dire ce que Juan Ramón Jiménez disait de José Moreno Villa : "Je ne sais pas ce que cet ami a de toujours utile".
L'épigraphe au titre provocateur d'"Apologie du célibat laïc" (pp. 128-132) représente, à mon avis, le "do de pecho" de la biographie. La longueur de la citation (pp. 128-129) me permettra de le faire :
Lorsque Pepe Molero a demandé à être admis dans l'Opus Dei, il savait que ce don impliquait un célibat apostolique à vivre dans la chaleur bouillante de la place du monde. Pas de retraite au désert comme les ermites, ni de monastère loin des bruits du monde.
L'appel que Dieu lui propose a pour cadre l'agitation quotidienne des rues asphaltées, les passages zébrés, les vitrines des magasins aux publicités sophistiquées, les réunions de quartier à la porte de son immeuble, le café du coin, la pollution atmosphérique, le désir naturel de voir arriver le week-end pour se détendre et, bien sûr, le travail professionnel accompli avec la plus grande perfection possible comme une offrande à Dieu. C'est là qu'on lui demande d'être et c'est là que Pepe Molero doit être Pepe Molero, le même Pepe Molero qui s'habille et se porte comme le même Pepe Molero.
Il n'en doute pas : son truc, c'est ce tremblement qui le pousse à ouvrir la fenêtre et à saluer le voisin prêt à démarrer sa voiture ; à être attentif à la hausse du prix du pain ou de l'essence ; à se perdre dans la foule d'une foire ; à s'entourer, si nécessaire, d'amis frivoles qui s'étonnent qu'il soit célibataire, qu'il aille à la messe tous les jours, qu'il travaille dur, qu'il soit toujours heureux, qu'il soit généreux et prêt à servir les autres et qu'il évite les milieux où il est sûr que son Amour est offensé.
Le mot-clé de la biographie est déjà dans le titre : la beauté. Elle dépeint "la personne de l'Œuvre qui veut être fidèle à sa vocation et s'enthousiasme pour la beauté de l'ordinaire vécu pleinement" (p. 165), "réapprenant toujours les nuances de l'émerveillement et de l'impatience et faisant continuellement de son existence un hymne de louange au Dieu de la création, dont la beauté ne lui a pas été refusée : il a su l'accepter, que ce soit parce qu'il est né avec le sceau de l'infatigable vagabond ou parce que la quête de la beauté lui a permis de s'épanouir.
de l'instant le conduit à toujours rencontrer le permanent" (p. 166), avec la certitude que Dieu est sa fin, selon les mots d'Agustín Altisent, "non seulement après cette vie, mais déjà maintenant. Et il le savoure sans flammes, parce qu'il est meilleur et plus durable" (p. 167).
Dans la culture omniprésente du soupçon dans laquelle nous sommes confortablement installés, une culture "selon laquelle chaque Beauté est une tromperie qu'il faut démasquer ; [... culture] qui voit dans les vertus un mensonge et dans le vice une manifestation de sincérité" (Catherine L'Ecuyer), les biographies comme celle de Carmelo Guillén Acosta nous incitent à découvrir la beauté qui est solidement intégrée dans la vérité et la bonté. C'est le but que s'est fixé le biographe en écrivant ce livre : "Chanter une vie ordinaire, sans éclat apparent, vécue dans sa plénitude, dans sa joie". Et pour cela, la vie de Pepe Molero, "à partir du don de sa vocation" (p. 174), lui est venue comme une bague au doigt.