De nombreux textes magistraux, écrits par les papes, méritent d'être analysés. Parmi eux, l'encyclique Humanae Vitaesignée par Saint Paul VI le 25 juillet 1968, alors que les révoltes étudiantes et syndicales du célèbre mai 68 français couvaient encore.
Dans la Chaire internationale Le Centre de bioéthique Jérôme Lejeune, dirigé par le Dr Mónica López Barahona, a relevé le défi lancé par le pape François, et par saint Jean-Paul II, de redécouvrir et d'approfondir son message, et a organisé un colloque les 19 et 20 de ce mois sur "Humanae Vitae : l'audace d'une encyclique sur la sexualité et la procréation".
Ce site congrèsSelon les organisateurs, "il s'adresse aux jeunes, aux couples mariés, aux enseignants, aux prêtres, aux médecins, aux théologiens, etc. qui veulent redécouvrir cet appel prophétique à la dignité de l'amour et de la vie humaine".
Apollinaire Cibaka Cikongo, professeur de bioéthique et recteur de l'Université Officielle de Mbujimayi, Kasayi Oriental (République démocratique du Congo). Sa conférence porte sur "Humanae Vitaeun rempart contre la Politiques malthusiennes"Omnes s'est entretenu avec lui. Naturellement, le professeur Cibaka fait référence à plusieurs reprises à l'Afrique noire, considérée comme l'une des régions les plus pauvres de la planète.
Pourriez-vous faire une brève synthèse du message de l'encyclique ? Humanae Vitae Paul VI, et une évaluation générale ?
-En un mot, je peux oser présenter la Humanae Vitae comme la voix de la sagesse et de l'expérience de l'Église qui nous invite à vivre l'altérité et le mystère de l'homme et de la femme, leur mariage, leur sexualité, leur procréation et leur famille dans leur vérité divine et fondatrice, sans la contamination d'instincts rendus fous et débridés par des idéologies et des techniques perverses qui les mettent au service d'une utilisation réductrice, hédoniste et destructrice de l'être humain et de la vie.
C'était l'époque de mai 68, et le monde semblait vivre dans une "psychose" de surpopulation. Résumez-nous brièvement votre présentation à Rome.
J'avais 7 mois en mai 68, je suis donc née et j'ai grandi dans un monde culturellement marqué par la soi-disant "révolution sexuelle", dont la psychose de la surpopulation était l'un des principaux arguments et l'une des principales constantes.
La vérité est que, au lieu de se poser les vraies questions sur le sens de leur présence dans le monde et de chercher les moyens justes de la vivre de la manière la plus appropriée, les êtres humains ont profité des nouveaux pouvoirs qu'ils ont acquis grâce à la science et à la technologie pour s'affranchir de la raison, de la loi naturelle et de ses implications spirituelles et morales, en organisant un massacre arbitraire et systématique de millions de leurs semblables sans défense, sans aucun respect pour leur dignité ou pour Dieu.
Dans le cadre de ma présentation à ce congrès Humanae vitae Je vais réfléchir à sept des facteurs internes et externes qui, à mon avis, contribuent à l'enracinement de cette culture de la mort en Afrique noire.
Comment évaluez-vous la Vitae humaine? Certains l'ont qualifié de prophétique, et en ce qui concerne l'Afrique noire ?
-The Humanae vitae est un texte court, simple, clair, accessible et surtout véridique dans chacune de ses affirmations. Je l'ai relu à l'occasion de ce congrès et je crois qu'il nous montre à tous, croyants de différentes religions et non-croyants de différentes cultures, la voie à suivre pour mieux comprendre et guérir la sexualité humaine, tellement défigurée et abîmée par la soi-disant "révolution sexuelle".
Son enseignement devrait être considéré comme le patrimoine de toute l'humanité, parce qu'il rejoint la sagesse saine de tous les peuples. Pour un Africain et Muluba du Congo comme moi, tout ce qu'il dit sur la relation entre l'homme et la femme dans le mariage, sur les exigences morales d'une sexualité mature et responsable, sur l'accueil et le respect de toute vie, n'est pas étrange, mais trouve un écho profond dans ma culture.
De plus, avec les changements forcés que nous connaissons dans les villages les plus reculés, les Humanae vitae est une voix qui parle fort à l'Afrique noire et l'invite à se réconcilier avec elle-même, avec ses ancêtres, avec sa spiritualité de vie, avec son héritage éthique... La sexualité n'est pas un jeu inventé par les hommes, un non-sens entre les mains d'enfants inconscients et irresponsables, mais un don de Dieu, l'une des dimensions constitutives, structurantes et merveilleuses de l'être humain. La dénaturer et la détruire, c'est tout simplement dénaturer et détruire l'être humain, empoisonner ses espaces de vie familiaux et sociaux.
Le contrôle de la population semble être une arme aux mains des pays les plus riches, alors que la démographie de ces pays est en chute libre, en partie amortie par l'immigration. Qu'en pensez-vous ?
-En plus d'être prêtre et enseignant à l'université et dans les grands séminaires, je suis le fondateur de Ditunga, une association de soutien aux œuvres ecclésiales et sociales, qui aura 17 ans en octobre 2023 et qui œuvre principalement dans la communauté rurale de Ngandanjika, d'environ 1 400 000 âmes regroupées en 96 ethnies.
Ce travail, qui m'a amené à travailler dans le domaine de la santé et dans d'autres domaines, m'a permis de découvrir les visages hideux d'une grande partie de l'aide apportée aux plus pauvres. Si l'on enlève l'aide de l'Eglise catholique et de certaines personnes au grand cœur, beaucoup de projets de développement sont guidés par des agendas qui conditionnent tout à l'acceptation d'idéologies et de programmes contraires à la culture locale de la vie, de la famille, de la sexualité...
Au lieu de nous accompagner et de nous aider à résoudre nos vrais problèmes à leurs causes structurelles, la plupart de ces programmes ne tirent aucune leçon des malheurs humains et moraux qu'ils ont causés dans les familles et les sociétés occidentales ; ils ne visent qu'à détruire nos familles, en voulant nous imposer la culture de la sexualité contre nature, sans amour, sans responsabilité et sans avenir.
Ils ne se préoccupent pas des dictatures, des injustices sociales, du changement climatique, des guerres de toutes sortes, du pillage de nos ressources naturelles et de tant d'autres malheurs qui font des millions de morts chaque année, parce qu'ils veulent tout résoudre par une sexualité exorbitante et meurtrière.
Le pape François a invité à une réflexion pour "redécouvrir le message de l'encyclique Humanae Vitae de Paul VI" (AL, 82 et 222). Quel impact a-t-elle eu dans votre pays ?
-Sans généraliser et en me limitant à la province de Kananga de l'Église, où je termine 9 ans de secrétariat exécutif, je sais que les Humanae Vitae est une encyclique très présente dans la pastorale familiale de nos 9 diocèses et il existe des bureaux diocésains pour accompagner les fiancés, les couples mariés et les familles dans leur vocation chrétienne. Il existe aussi de nombreux mouvements ecclésiaux de spiritualité familiale, mais ce n'est pas une pastorale facile, car il y a aussi beaucoup d'offres néfastes de la part des promoteurs publics et privés de la "révolution sexuelle". C'est pourquoi nous devons continuer à nous battre.
À cet égard, à l'occasion du cinquante-cinquième anniversaire de l'adoption de la loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, le Parlement européen a adopté une résolution sur la protection des réfugiés. Humanae vitae (25 juillet 1968-2023), Ditunga, l'association dont je viens de parler, consacre son troisième colloque à une relecture de cette encyclique de saint Paul VI dans le contexte de l'Afrique noire.
Sous le thème La culture de la vie face à la culture de la mort en Afrique noire. Inventaire et perspectivesCe symposium aura lieu du 26 au 28 octobre 2023 à Ngandanjika, au centre de la République démocratique du Congo.
Il y aura au total 15 conférences d'approches diverses, mais aussi des communications de personnes intéressées par le sujet. Si les moyens le permettent, 50 personnalités nationales ou internationales ayant des responsabilités ou une influence notable dans le monde de la médecine, de la politique, de la religion, de la littérature, de la musique... seront invitées, dans l'espoir que leur participation puisse contribuer à la promotion de la culture de la vie.
Quels sont les objectifs de ce symposium en République démocratique du Congo ?
Sur la base de la Humanae vitaeLe symposium aura 4 objectifs principaux :
1) Comprendre la culture de vie chrétienne à partir de la tradition africaine et des influences qu'elle a reçues de la foi chrétienne, de l'enseignement du Magistère catholique, de la réflexion théologique et des autres traditions religieuses.
2) Identifier les visages, les idéologies, les stratégies et les moyens de la culture de la mort telle qu'elle se développe aujourd'hui en Afrique noire sous l'effet de facteurs internes et externes.
3º) Rompre le silence sur les pratiques enracinées dans la culture traditionnelle et moderne de la mort dans nos communautés, et provoquer un véritable débat interdisciplinaire et social sur ses défis aux cultures africaines et chrétiennes de la vie.
4º) Faire des propositions réalistes et définir des stratégies intelligentes pour promouvoir et soutenir la culture de la vie, en particulier la vie des personnes vulnérables.
J'espère que ce symposium sera l'une des contributions à l'appel des papes Jean-Paul II et François à approfondir et à diffuser les enseignements de l'Église catholique. Humanae Vitae. Pour notre part, l'un des fruits déjà attendus est la traduction de la Humanae Vitae Le ciluba, principale langue de la région de Kasayi et l'une des quatre langues nationales de la République démocratique du Congo.