Réitérant sa douleur et sa demande de pardon pour les "dommages causés par certains membres de l'Église à travers les abus sexuels", le président de l'épiscopat espagnol, Juan José Omella, a commencé la conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé les points sur lesquels les prélats espagnols ont travaillé lors de la quatrième Assemblée plénière extraordinaire de l'histoire de la Conférence épiscopale espagnole. Conférence épiscopale espagnole et qui se concentrait presque exclusivement sur la question des abus sexuels commis au sein de l'Église en Espagne.
D'une part, les évêques ont commenté la rapport du médiateurIls ont valorisé, selon leurs propres termes, "les témoignages recueillis auprès des victimes, qui permettent de placer les victimes au centre".
Les évêques ont également souhaité mettre en exergue certaines des recommandations proposées dans ce rapport, notamment en ce qui concerne la prise en charge et l'accompagnement des victimes et la réparation intégrale. Sur ce point, les évêques ont chargé le Service de protection des mineurs des PECO d'élaborer un itinéraire pour l'application des recommandations du Médiateur, en ce qui concerne les voies de réparation, la prévention et la formation pour prévenir ces événements.
Une réparation qui inclut une réparation financière. En ce qui concerne la création éventuelle d'un fonds d'indemnisation des victimes d'abus, le secrétaire général des évêques a souligné que l'Église est favorable à une "réparation intégrale pour toutes les victimes dans tous les domaines" et que ce fonds devrait concerner toutes les régions touchées.
García Magán et Omella ont tous deux souligné à plusieurs reprises que "la réparation pour les victimes n'est pas seulement économique, mais beaucoup plus large", soulignant en particulier la valeur de l'accompagnement.
Pas de consensus sur le nombre de victimes d'abus
Le nombre de victimes d'abus sexuels dans l'Église espagnole n'est pas particulièrement clair. En mai 2023, les évêques espagnols eux-mêmes, dans leur rapport Donner de la lumière parle de 927 victimes qui se sont adressées à l'un des bureaux diocésains ou à l'une des congrégations religieuses mis en place à cet effet. Le rapport du médiateur, quant à lui, recense 487 témoignages de victimes d'abus au sein de l'Église catholique.
Le problème de ce rapport réside dans l'enquête qu'il contient, réalisée par GAD 3 et qui, selon les termes du rapport, se voulait une "étude rétrospective de la prévalence et de l'impact des expériences de victimisation sexuelle avant l'âge de 18 ans dans la population adulte résidant en Espagne". Cette enquête a été réalisée auprès d'un échantillon de 8 013 entretiens, dont 4 802 par téléphone et 3 211 en ligne. Cette enquête a montré que "l'abus sexuel d'enfants commis dans un environnement religieux est un problème qui a affecté 1,13 % d'adultes en Espagne. Le pourcentage d'adultes victimes d'abus commis par un prêtre ou un religieux catholique est plus faible, 0,6 %, un chiffre similaire à celui des études réalisées dans d'autres pays". Certains médias, extrapolant les données de l'enquête à la population espagnole, ont récemment parlé de plus de 400 000 mineurs victimes d'abus sexuels dans la sphère religieuse en Espagne.
Une estimation qui "ne correspond pas à la vérité", comme le souligne Mgr. César García Magán, qui a souligné à plusieurs reprises la lutte de l'Église contre ce fléau social. Pourtant, interrogés par les évêques sur cette "danse des chiffres", tant le secrétaire général de la CEE que le président des évêques espagnols n'ont pas voulu donner de chiffre précis.
Les évêques ont souligné que le problème des abus sexuels n'est pas quantitatif, mais qualitatif. Selon Omella, "les chiffres, en fin de compte, ne nous mènent nulle part et ce dont nous devons nous occuper, ce sont les personnes : les écouter, les accompagner et leur offrir réparation".
L'audit des "crémades
L'autre grand sujet de l'Assemblée plénière extraordinaire du 30 octobre était l'état d'avancement des travaux de la Commission européenne. audit commandé par la Conférence épiscopale au cabinet d'avocats Cremades - Sotelo. Il convient de rappeler que lorsque cette commission a été créée, en février 2022, M. Omella lui-même a souligné que l'enquête aurait "toute la portée nécessaire pour clarifier les cas qui se sont produits dans le passé et pour intégrer les niveaux de responsabilité les plus élevés afin d'éviter que ces cas ne se répètent à l'avenir".
L'audit, auquel ont participé plus de deux douzaines de professionnels de différents domaines et sensibilités, devait durer un an, un délai qui, selon les termes de M. Cremades, devait permettre d'obtenir "une image fidèle de ce qui s'est passé".
Cependant, le développement de cette enquête s'est avéré beaucoup plus complexe que ce que le CEE et le cabinet d'avocats lui-même avaient prévu. Le premier "retard" a conduit à l'idée de présenter cet audit au début de l'été 2023 ; certaines rumeurs plaçaient, une fois cette date passée, le mois d'octobre comme le moment où les résultats de cette mission seraient connus. Ce ne fut pas le cas, et le 11 octobre, la CEE "a rappelé au cabinet Cremades-Calvo Sotelo son engagement". Compte tenu de cette circonstance, Javier Cremades était présent à l'Assemblée plénière extraordinaire pour expliquer les raisons de ce retard.
La différence de participation en personne et en ligne et la "fatigue" signalée par le président de la CEE semblent être la raison pour laquelle les évêques ont reporté leur décision sur ce travail à la plénière de novembre prochain, qui, à ce jour, "est toujours vivante", selon les termes de García Magán.
Le porte-parole de l'EEC a tenu à préciser que "les évêques n'ont reçu aucun rapport préalable de Cremades" bien que "les réunions aient été quasi mensuelles et qu'ils aient été informés de l'avancement des travaux".
C'est donc en novembre que l'on saura comment et sous quelle forme seront présentés les résultats du travail effectué par l'équipe de Cremades pour la Conférence épiscopale espagnole.
Un fléau social
Si le rapport du Médiateur, ainsi que d'autres études portant sur la question des abus sexuels, met en évidence une chose, c'est bien l'ampleur sociale d'un problème pour lequel l'Église ne reste manifestement pas impunie.
Le rapport du Médiateur indique que 11,7 % des personnes interrogées (8 013) ont déclaré avoir été victimes d'abus sexuels dans leur enfance ou leur adolescence. La majorité de ces agressions ont eu lieu dans le cadre familial (34,1 %), suivi de la voie publique (17,7 %), du milieu éducatif non religieux (9,6 %), du milieu social non familial (9,5 %), du travail (7,5 %), de l'internet (7,5 %) et de la sphère publique,5 %), internet (7,3 %), l'environnement éducatif religieux (5,9 %), l'environnement religieux (4,6 %), les loisirs (4 %), le sport (3 %) et la santé (2,6 %), entre autres, ont été signalés dans un plus petit nombre de cas. Par rapport à l'échantillon total (y compris les informateurs qui n'ont pas subi d'abus), 0,6 % personnes ont été victimes d'abus sexuels dans un cadre éducatif religieux et 0,5 % dans un cadre religieux.
Les données démontrent le problème social des abus et la nécessité, par conséquent, de consacrer aux enquêtes et à la détermination des responsabilités dans d'autres domaines les mêmes efforts que ceux déployés par les autorités publiques à l'égard de l'Église.
Pour sa part, face à cette réalité, "l'Eglise veut contribuer à éradiquer les abus sexuels sur les enfants, non seulement dans l'Eglise mais dans la société tout entière, et met sa triste expérience au service de la société pour ce faire, dans un esprit de collaboration", soulignent les évêques dans la note.