Éducation

Nous avons besoin de héros

Le 11 mars, Skate Hero, la comédie musicale qui commémore la vie et la figure d'Ignacio Echevarría, connu sous le nom de "héros du skateboard", est revenue sur scène. Un exemple de générosité et de courage pour les jeunes d'aujourd'hui. 

Javier Segura-21 mars 2022-Temps de lecture : 3 minutes
héros du skateboard

Le 11 mars, près de dix mille personnes se sont rassemblées à La Nueva Cubierta de Leganés pour rendre hommage à Ignacio Echeverríacelui que l'on appelle le "héros du skateboard". Et avec lui toutes les victimes du terrorisme, Ignacio étant lui-même une de ces victimes de la terreur djihadiste.

Ce qui a été vécu ce jour-là vaut la peine qu'on y réfléchisse au-delà des chiffres. Les presque sept mille étudiants, principalement de religion, qui ont rempli les arènes le matin et les plus de trois mille qui sont venus l'après-midi, n'ont pas seulement été les témoins d'un spectacle musical, mais les participants d'un événement spécial.

Tout d'abord, pour quelque chose d'aussi important que l'hommage aux victimes du terrorisme. L'Asociación de Ayuda a las Víctimas del 1M a organisé cet événement en collaboration avec la Delegación de Enseñanza de la Diócesis de Getafe. Et ensemble, ils ont voulu transformer cette date douloureuse en un véritable chant d'espoir. De mémoire et de souvenir, grâce aux jeunes acteurs, l'histoire des victimes du terrorisme est restée fraîche et actuelle. C'est particulièrement important pour les nouvelles générations. Ce n'est pas en vain qu'aucun des jeunes qui remplissaient la place n'était né lorsque, il y a dix-huit ans, a eu lieu l'attentat du 11 mars qui a choqué toute l'Espagne.  

Rendre hommage aux victimes du terrorisme et leur témoigner de la chaleur est bien plus que de se souvenir d'un événement historique. C'est découvrir dans ces personnes qui ont réussi à surmonter la douleur et le désir de vengeance le meilleur de notre société. Dans chacune de leurs histoires de dépassement, nous reconnaissons que la haine n'a pas le dernier mot, que l'amour a le dernier mot.

C'est pourquoi il est si significatif que le protagoniste de la comédie musicale soit un véritable héros, reconnu comme tel par l'ensemble de la société espagnole. Nous avons tous pu voir dans son geste de risquer sa vie pour sauver une jeune femme qui était poignardée, quelque chose de vraiment noble qui mérite d'être loué. Quel que soit notre âge, notre idéologie ou notre origine, Ignacio représente le meilleur de nous-mêmes pour tous les Espagnols.

C'est pourquoi cet événement n'était pas seulement un hommage à un héros, mais une proposition à tous les jeunes. Ils peuvent eux aussi être "un autre Ignace", un héros qui dort au fond de leur cœur.

Ignacio est un héros. Et la proposition éducative révolutionnaire que l'on pourrait lire sur une banderole consiste à découvrir que nous pouvons tous être de véritables héros. Un héroïsme qui commence dans notre quotidien, dans notre vie de tous les jours, dans les valeurs qui sous-tendent notre travail quotidien. Parce qu'Ignacio, comme on le chantait dans la comédie musicale Skate Hero", est "l'un des nôtres". Proposer l'héroïsme aux jeunes est une audace qui répond aux aspirations les plus profondes de leur être.

C'est ainsi que la pédagogue Catherine L'Ecuyer l'a décrit dans un article récent :

Le héros héritier de l'éducation classique est conscient qu'un idéal est quelque chose qui se conquiert petit à petit, chaque jour, par la poursuite de l'amélioration de soi. On n'est pas un héros dans les grandes choses, si on n'a pas été un héros dans les petites choses auparavant. Le vrai héros fuit la lâcheté, il ne confond pas difficile et utopique. Il est conscient qu'il existe des biens supérieurs, qu'ils ne sont jamais soumis à des concessions et que la fonction d'un idéal est de viser au-delà des possibilités actuelles".

Il est difficile de ne pas penser à Ignacio Echeverría en lisant cette description du héros.

Nous vivons dans une éducation qui ne propose pas l'héroïsme aux jeunes. Si, après tout, le but de l'éducation est de trouver un emploi, il n'y a pas beaucoup de place pour l'héroïsme. Ou si son objectif est un changement culturel et social collectif, comme dans LOMLOE, la composante d'engagement personnel est diluée. C'est pourquoi ce que nous avons vécu le 11 mars à La Cubierta de Leganés était si important et révolutionnaire. Parce qu'il y avait un groupe d'enseignants qui ont pris le risque de dire à leurs élèves qu'il est possible d'aimer sans limites, d'aimer jusqu'au bout, d'aimer au point de donner sa vie. Et que ce changement commence par soi-même dans la vie ordinaire.

Et il y avait quelque chose de cela dans l'air autour de cet événement. Différentes personnes et groupes ont été attirés par cet exemple de noblesse et ont mis toutes leurs compétences pour faire de cet événement un succès. Influenceurs, paroisses, enseignants, fondations, familles, jeunes... tous ont vécu une véritable expérience de synodalité et ont marché ensemble vers le toit de Leganés sur les traces de ce jeune avocat catholique courageux.

Le grand écrivain britannique J.R.R. Tolkien a dit que l'histoire est comme un grand échec avec des aperçus occasionnels du triomphe final. Ignace nous montre le grand triomphe final. Et ce 11 mars, nous avons eu un aperçu occasionnel qui nous donne un aperçu de ce pour quoi le cœur humain est fait.

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