Vatican

Un représentant du Saint-Siège au Vietnam, prélude à une voie similaire avec la Chine ?

Le 27 juillet dernier, lors de la visite du président vietnamien Vo Van Thuong au Vatican, il a été officialisé que le Vietnam et le Saint-Siège avaient finalisé l'accord pour que le Saint-Siège nomme un représentant résident à Hanoi.

Andrea Gagliarducci-1er août 2023-Temps de lecture : 4 minutes

Le pape François rencontre le président vietnamien Vo Van Thuong le 27 juillet ©OSV/CNS photo/Vatican Media

Cet accord est un pas vers la normalisation des relations diplomatiques, qui ne se fera que lorsque l'accord sur l'échange d'ambassadeurs sera finalisé. Mais il s'agit d'un pas en avant important, étant donné qu'il a été conclu après de longues négociations, dix réunions d'un comité conjoint Vietnam-Siège au niveau des "vice-ministres des affaires étrangères", un accord sur la nomination des évêques et la présence, depuis 2011 déjà, d'un représentant non résident du Saint-Siège au Vietnam, qui est le nonce à Singapour depuis le début.

Si le Vietnam n'est donc pas encore le 185e État à entretenir des relations diplomatiques pleines et entières avec le Saint-Siège, l'existence d'un représentant résident constitue une avancée non négligeable. En fait, il pourrait même s'agir d'un précédent important en ce qui concerne les relations entre le Saint-Siège et la Chine. On sait en effet que le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, milite en faveur d'un représentant résident du Saint-Siège à Pékin, non pas pour établir des relations diplomatiques, mais au moins pour avoir une présence du Saint-Siège qui puisse observer de près la situation des chrétiens et travailler avec le gouvernement de Pékin afin de s'assurer que la situation des chrétiens et la position du Saint-Siège soient bien comprises.

Un accord avec une perspective chinoise ?

Bien entendu, la comparaison entre la Chine et le Viêt Nam n'est pas tout à fait correcte. Le Viêt Nam compte 8 millions de catholiques, soit 6,7% de la population, et le "poids spécifique" de la population catholique dans le pays est très élevé. Les relations avec le gouvernement ont fluctué entre la persécution ouverte et le dialogue sur les questions de liberté religieuse qui ont menacé de saper même le travail accompli pour normaliser les relations diplomatiques.

Toutefois, il existe également des similitudes qu'il ne faut pas sous-estimer.

Le Viêt Nam est une république socialiste, comme la Chine. Comme dans le cas de la Chine, la figure clé de la redéfinition des relations diplomatiques au Viêt Nam a été le cardinal Etchegaray. Il a officiellement visité le pays en 1989, ouvrant la voie aux visites ultérieures d'une série de délégations papales dans les diocèses vietnamiens. Même avec le Viêt Nam, le Saint-Siège a pu entamer un processus de normalisation qui a commencé par un accord sur la nomination des évêques, qui était en quelque sorte un précurseur de l'accord avec la Chine.

Le modèle vietnamien de nomination des évêques fonctionne de la manière suivante : il y a une période de consultation, à l'issue de laquelle le représentant du pape envoie les résultats à la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, qui continue à avoir juridiction sur le Viêt Nam. Cette dernière finalise la liste des trois candidats, qui est présentée au pape, lequel fait son choix. Ce n'est qu'après l'élection du pape que le Saint-Siège discute du candidat sélectionné avec le gouvernement vietnamien. Le gouvernement vietnamien examine la candidature et l'accepte finalement. Le Saint-Siège annonce alors la nomination de l'évêque.

Nous ne connaissons pas le modèle chinois, fruit d'un accord intérimaire, mais il est plausible que la procédure ne s'écarte guère de cet accord. Cet accord a également été promu par le cardinal Pietro Parolin, en 1996, alors qu'il était sous-secrétaire pour les relations avec les États, c'est-à-dire vice-ministre des affaires étrangères du Vatican.

Aujourd'hui, le Viêt Nam franchit une nouvelle étape vers des relations diplomatiques complètes en acceptant un représentant résident du Saint-Siège à Hanoï. On peut se demander si la Chine fera de même dans un avenir proche.

Le protocole entre le Viêt Nam et le Saint-Siège

Dans la communication annonçant le protocole, il est indiqué que "lors des entretiens entre le président Vo Van Thuong et le pape François, et le cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin respectivement, les deux parties ont exprimé leur grande appréciation pour les progrès remarquables dans les relations entre le Vietnam et le Saint-Siège, et les contributions positives de la communauté catholique du Vietnam jusqu'à présent".

En outre, "les deux parties ont exprimé leur confiance dans le fait que le représentant résident pontifical remplira les exigences du rôle et du mandat accordés dans l'accord, qu'il soutiendra la communauté catholique vietnamienne dans ses engagements dans l'esprit de la loi et, toujours inspiré par le magistère de l'Église, qu'il remplira la vocation d'"accompagner la nation" et d'être "de bons catholiques et de bons citoyens", et qu'il contribuera au développement du pays, tandis que le représentant sera un pont pour faire progresser les relations entre le Viêt Nam et le Saint-Siège".

Relations entre le Saint-Siège et le Viêt Nam

Depuis 1975, date à laquelle le délégué apostolique au Viêt Nam a été expulsé par le gouvernement communiste, il n'y a plus de représentant permanent du Saint-Siège au Viêt Nam.

L'actuel représentant non résident est le nonce à Singapour, Mgr Marek Zalewski, qui s'est rendu fréquemment au Viêt Nam ces dernières années, poursuivant le travail de rapprochement entamé par son prédécesseur, Mgr Leopoldo Girelli, premier représentant non résident du Saint-Siège à Hanoï. Les négociations ont duré 14 ans, avec dix réunions qui ont permis de consolider les relations.

D'ailleurs, si en 2018 Caritas Vietnam a pu célébrer le dixième anniversaire de sa réouverture après 32 ans de fermeture forcée par le régime communiste, c'est aussi grâce à ce difficile travail de dialogue.

Le Viêt Nam est une terre de martyrs. L'un de ses saints les plus connus est le cardinal François Xavier Van Thuan, qui a passé treize ans en prison, dont neuf à l'isolement, avant d'être appelé au Vatican pour y exercer les fonctions de vice-président, puis de président du Conseil pontifical pour la justice et la paix.

L'auteurAndrea Gagliarducci

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