Le grand renoncement

François et Thérèse, ce qu'ils désiraient le plus n'était pas d'être des saints, mais d'être heureux. Et en cherchant ce bonheur, ils ont trouvé la perle pour laquelle il vaut la peine de tout abandonner.

4 octobre 2022-Temps de lecture : 3 minutes
teresa lisieux

Le début du mois d'octobre apporte avec lui les fêtes de deux petits grands saints, petits parce qu'ils se sont distingués par leur humilité et leur pauvreté, mais grands parce que leur témoignage continue d'impressionner le monde entier : François d'Assise et Thérèse de Lisieux. Que nous disent-ils aujourd'hui ?

Lorsqu'on me demande quel est le message des saints en général, je réponds habituellement que leur principale caractéristique est d'être heureux. Qu'est-ce que la rencontre personnelle avec Jésus-Christ peut produire d'autre que le bonheur et la plénitude ? Qu'est-ce que la foi, sinon la conviction que Dieu existe et qu'il nous aime tels que nous sommes, en satisfaisant nos désirs de façon extraordinaire ? Combien de choses dois-je remercier Jésus, qui a comblé tous mes désirs", s'exclame la jeune docteur de l'Église dans sa célèbre "Histoire d'une âme".

François et Thérèse, ce qu'ils désiraient le plus n'était pas d'être des saints, mais d'être heureux. Et en cherchant ce bonheur, ils ont trouvé la perle pour laquelle il vaut la peine de tout quitter. Bien que leurs vies aient suivi des chemins très différents, ils ont tous deux trouvé la voie du bonheur (de la sainteté) dans leur détachement des choses matérielles et d'eux-mêmes.

La course à l'être et à l'avoir est l'un des pièges mortels auxquels les êtres humains participent obstinément sans se rendre compte qu'il est truqué. Comme des hamsters sur leur roue qui tourne, nous courons et courons pour n'arriver à rien, car je ne connais pas de riche qui soit satisfait et qui ne veuille pas gagner un million de plus ; et je ne connais pas de personnalité qui, quelle que soit la hauteur qu'elle ait atteinte, ne veuille pas aller un peu plus haut.

Les tabloïds ont fait de cette course sanglante leur propre affaire. Dans l'arène du cirque médiatique, les gladiateurs riches et célèbres s'affrontent en duel. Un jour, ils sont couronnés et proclamés champions, le lendemain, ils sont plongés dans la misère. Leur vie est exposée au grand jour, et le public, envieux de leur réussite, adore les voir tomber et échouer.

Cela se passe aussi à petite échelle. Dans les villages, dans les quartiers, au cœur des entreprises et des institutions, dans les grandes familles, entre camarades de classe, dans tout groupe humain, il y a ceux qui s'élèvent et ceux qui, à leur grand regret, tombent. Mais descendre pour le plaisir, chercher à être le dernier, refuser la tentation de gagner plus, d'être plus que l'autre... Et tout cela, non par masochisme mais parce que cela rend plus heureux... Voyons s'il est vrai que l'argent ne fait pas le bonheur !

Je suis convaincu que cette vérité qui nous est révélée par l'Évangile (et qui est une vérité objective pour les chrétiens comme pour les athées) est à l'origine, ne serait-ce qu'à titre d'intuition, du phénomène que l'on a appelé "la grande résignation". Il s'agit d'un mouvement qui a été détecté principalement aux États-Unis, mais qui se répand dans tout le monde occidental dans le sillage de la pandémie. Des millions de travailleurs quittent leur emploi, parfois extraordinairement bien rémunéré, abandonnent leur carrière et optent pour des modes de vie plus simples et plus satisfaisants.

Peut-être qu'aucun de nous ne sera jamais comme il poverello d'Assise qui décrivait la "joie parfaite" comme le fait d'arriver à l'un des couvents de la congrégation qu'il avait fondée par une nuit glaciale, fatigué, affamé, mouillé et froid et, après avoir supplié d'être accueilli, de se voir claquer la porte au nez ; mais c'est certainement l'idéal évangélique que Jésus nous a enseigné et que saint Paul a si bien chanté dans son célèbre hymne de l'épître aux Philippiens.

Teresa et François, François et Teresa, nous enseignent que la pauvreté et l'humilité, "ne pas agir par ostentation" et "considérer les autres comme supérieurs" ne sont pas des vices de faibles bienfaiteurs, mais des vertus héroïques de ceux qui sont capables de faire le saut du mensonge de la compétition pour être plus, à la vérité de l'humilité inscrite dans le cœur de l'être humain et manifestée dans le Christ Jésus. Face à nos renoncements insignifiants mais nécessaires, Il a laissé cloué sur la croix le plus grand message d'amour jamais écrit. C'était le grand renoncement.

L'auteurAntonio Moreno

Journaliste. Diplômé en sciences de la communication et licencié en sciences religieuses. Il travaille dans la délégation diocésaine des médias à Malaga. Ses nombreux "fils" sur Twitter sur la foi et la vie quotidienne sont très populaires.

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