Dans la Fondation Redmadre a rendu public le 14 décembre le rapport Carte de maternitéqui analyse les aides publiques à la maternité et, spécifiquement, aux femmes enceintes en situation de vulnérabilité proposées en 2020 par l'ensemble des administrations publiques espagnoles. Dans ce rapport, il y a un fait scandaleux et très triste : L'investissement total alloué en 2020 par l'ensemble des administrations publiques pour soutenir les femmes enceintes en difficulté était de 3 392 233 euros, alors que l'aide à l'avortement était de 32 218 185 millions. Les dépenses de toutes les administrations publiques en Espagne pour l'aide aux femmes enceintes n'ont augmenté que de 2 euros depuis 2018.
Face à ce constat, il convient de se demander s'il existe des personnes qui pensent que l'avortement est un plat de plaisir pour quiconque. Car si la réponse est non, que faisons-nous si nous n'aidons pas les femmes qui veulent devenir mères et qui ont des difficultés à le faire ? Sommes-nous confrontés à des impératifs idéologiques qui dépassent toute logique et, bien sûr, toute sensibilité humaine ? Tout porte à croire que oui, puisque parallèlement à la promotion et au financement de l'avortement, des obstacles juridiques sont mis sur la route des associations pro-vie pour informer et aider les femmes qui se rendent dans les cliniques d'avortement.
D'autre part, ces données démentent l'idée que notre classe politique, dont dépendent ces avantages, a une conscience sociale développée. Si tel était le cas, une loi aurait déjà été adoptée pour lutter contre l'exclusion sociale due à la maternité, car dans de nombreux cas, le choix de la maternité entraîne des difficultés pour obtenir un emploi, voire pour le conserver. La marginalisation sournoise de la maternité signifie que de nombreuses femmes ne sont pas libres, mais subissent une forte pression pour choisir la vie plutôt que l'avortement.
En même temps, il y a un manque alarmant de vision pour l'avenir. Deux jours après le rapport, nous avons appris que l'Espagne a perdu de la population pour la première fois au cours des cinq dernières années. Selon les données de l'Institut national de la statistique (INE), l'Espagne compte actuellement 47,32 millions d'habitants, soit une diminution de 72 007 habitants par rapport à 2020.
Tout ce que nous vivons à cet égard est bien défini par le saint pape Jean-Paul II, qui a inventé le terme "culture de la mort" dans son encyclique Evangelium Vitae. Il y souligne qu'"avec les nouvelles perspectives ouvertes par le progrès scientifique et technologique, de nouvelles formes d'agression contre la dignité de l'être humain apparaissent, tandis que, dans le même temps, une nouvelle situation culturelle se dessine et se consolide, qui donne aux atteintes à la vie un aspect inédit et - pourrait-on dire - encore plus inique, suscitant d'autres graves préoccupations : de larges secteurs de l'opinion publique justifient certaines atteintes à la vie au nom des droits de la liberté individuelle, et sur cette base, ils recherchent non seulement l'impunité, mais même l'autorisation de l'État, afin de les pratiquer en toute liberté et aussi avec la libre intervention des structures sanitaires". (Evangelium Vitae, num. 4).
Plus récemment, le pape François, avec une clarté caractéristique, a déclaré lors de son vol de retour à Rome depuis la Slovaquie en septembre dernier : "L'avortement est plus qu'un problème, l'avortement est un meurtre. Sans demi-mesure : celui qui pratique un avortement tue". Il a poursuivi en posant deux questions : "Est-il juste de tuer une vie humaine pour résoudre un problème ? (...) Deuxième question : est-il juste d'engager un tueur à gages pour résoudre un problème ? (...) C'est pourquoi l'Église est si dure sur cette question, car si elle accepte cela, c'est comme accepter l'homicide quotidien".
En cette période de Noël, c'est le moment idéal pour y réfléchir.