Sexe, mensonges et lois sur l'avortement

Pour défendre la vie, il est essentiel de s'attaquer à la racine du mal : ces mensonges qui présentent la mort de l'enfant innocent comme une libération ou un droit des autres.

16 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes
avortement

La fuite d'un projet de la Cour suprême américaine qui rendrait l'avortement illégal aux États-Unis a relancé le débat.

En Espagne, par ailleurs, il a été annoncé qu'une nouvelle loi en la matière sera approuvée demain, mardi, précisément pour contourner l'éventuel arrêt de la Cour constitutionnelle contre la précédente, non résolue depuis plus d'une décennie.

S'il y a quelques années, j'étais assez belliqueux sur le sujet, j'avoue aujourd'hui que j'essaie de ne pas trop m'y attarder. Et ce n'est pas que ma défense de la vie humaine dans l'utérus ait diminué d'un iota, mais plutôt que je crois que nos sociétés prétendument développées ont si profondément assimilé la barbarie d'accepter le droit des mères à décider de la vie de leurs enfants qu'elles sont incapables de se rendre compte de leur erreur.

Peu de gens y réfléchiront à deux fois si nous nous concentrons uniquement sur la fin de la grande chaîne de mensonges dont l'avortement est la conséquence. À mon avis, il faut insister ailleurs : il faut s'attaquer à la racine du mal.

Lorsque j'explique à mes enfants la gravité du mensonge, j'utilise toujours l'exemple donné dans le deuxième livre de Samuel, avec l'histoire de David et Bethsabée. Le roi David est tombé dans le piège du mensonge selon lequel la sexualité peut devenir une distraction amusante sans conséquences.

Ce mensonge l'a conduit à coucher avec la femme d'un de ses soldats, l'obligeant à continuer à mentir car, si l'adultère avait été découvert, Bethsabée l'aurait payé de sa vie. Lorsqu'elle découvre que cette "petite erreur" a entraîné une grossesse non désirée, elle invente à nouveau une série de mensonges pour tenter de faire revenir d'urgence son mari, Urie, du front. Son intention n'était autre que de provoquer la rencontre conjugale afin de faire passer la naissance de l'enfant pour légitime.

Mais le refus d'Urie, homme d'honneur, de rentrer chez lui et de coucher avec sa femme par respect pour ses hommes qu'il avait laissés dans les dures conditions de la guerre, oblige le roi à inventer un mensonge encore plus grand : la mort accidentelle du soldat au combat pour pouvoir prendre la veuve pour épouse et légitimer la grossesse. Il ordonna donc au commandant de son armée de placer Urie dans une position de danger dans la bataille, puis de se retirer et de le laisser mourir aux mains de l'ennemi. Lorsque l'ordre du roi fut exécuté, plusieurs de ses hommes les plus courageux moururent avec Urie.

Et tout ça à cause d'un seul mensonge.

David a-t-il songé à tuer volontairement ceux dont la vie était quotidiennement en jeu pour lui et son peuple lorsqu'il a couché avec Bethsabée ? Pas à n'importe quel moment, mais un mensonge en entraîne un autre, et ensuite il n'y a pas d'autre choix que de commettre des absurdités pour le dissimuler. Voilà à quel point nous sommes simples.

Mensonges sur l'avortement

De même pour l'avortement, il faut remonter loin dans la chaîne des mensonges pour essayer de comprendre ce phénomène.

Le premier mensonge est le même que celui auquel David a succombé : la sexualité est un amusement inoffensif, en la détachant de ses composantes biologiques, affectives et sociales.

La seconde est que les contraceptifs empêcheraient les grossesses non désirées, alors que les contraceptifs ont été modernisés et popularisés et que de nombreuses femmes doivent encore recourir à la pilule du lendemain ou à l'avortement pour tenter de se racheter.

La troisième est de dire que l'avortement est un droit de la femme, alors que les lois n'ont fait que la charger seule d'un problème qui appartient à deux. La soi-disant "interruption volontaire de grossesse" est la panacée de l'homme sexuellement irresponsable et abusif, car, comme le dénoncent les ONG qui accompagnent les femmes enceintes, l'une des phrases les plus répétées est : "soit tu avortes, soit je te quitte" ; quand elles ne sont pas directement contraintes d'avorter sous des menaces violentes. Et ainsi nous pourrions continuer à ajouter mensonge après mensonge que nous avons inventé pour essayer de justifier l'injustifiable.

Lorsque des idéologies viennent construire un modèle d'humanité différent de la vérité que les hommes et les femmes portent inscrite dans notre nature, ces choses arrivent.

Aujourd'hui, notre société a besoin de l'avortement pour soutenir le faux modèle d'homme et de femme qu'elle nous a proposé. Pour cette raison, supprimer l'avortement impliquerait de reconnaître le grand mensonge antérieur et personne n'est prêt à le faire. Ils ne peuvent pas !

De nos jours, nous entendons beaucoup de personnes défendre l'avortement en faisant appel à la liberté. Ils ne savent pas qu'ils sont esclaves de leurs mensonges et que seule la vérité nous rendra libres.

L'auteurAntonio Moreno

Journaliste. Diplômé en sciences de la communication et licencié en sciences religieuses. Il travaille dans la délégation diocésaine des médias à Malaga. Ses nombreux "fils" sur Twitter sur la foi et la vie quotidienne sont très populaires.

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