Objection de conscience

L'objection de conscience signifie qu'une personne fait passer le dictat de sa propre conscience avant ce qui est ordonné ou autorisé par la loi. Il s'agit d'un droit fondamental de chaque personne, essentiel au bien commun de tous les citoyens, que l'État doit reconnaître et valoriser.

18 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes
objection de conscience

La Commission épiscopale pour la Doctrine de la Foi de la Conférence épiscopale espagnole vient de publier une Note doctrinale sur l'objection de conscience, intitulée "Pour la liberté, le Christ nous a libérés". (Gal 5,1).

La Note fonde le droit à l'objection de conscience sur la liberté qui, à son tour, est fondée sur la dignité de l'être humain.

Cette dignité et cette liberté humaines ne sont pas le fruit ou la conséquence de la volonté des êtres humains, ni de la volonté de l'État ou des pouvoirs publics, mais trouvent leur fondement dans l'homme lui-même et, en définitive, en Dieu son créateur.

L'objection de conscience dans le Magistère

Déjà le Concile Vatican II notait que "jamais les hommes n'ont eu un sens aussi aigu de la liberté (qui est la leur) qu'aujourd'hui" (cf. Gaudium et Spes, n. 4). P

Mais cette liberté, qui consiste dans "le pouvoir, enraciné dans la raison et la volonté, d'agir ou de ne pas agir, de faire ceci ou cela, et donc d'accomplir de son propre chef des actes délibérés" (Catéchisme de l'Église catholique, n. 1731), ne doit pas être comprise comme une absence de toute loi morale indiquant des limites à ses actions, ou comme "une licence pour faire tout ce qui me plaît, même si c'est mal" (Concile Vatican II, Gaudium et Spes, n. 17).

Les êtres humains ne se sont pas donné l'existence à eux-mêmes, ils exercent donc correctement leur liberté lorsqu'ils reconnaissent leur dépendance radicale à l'égard de Dieu, vivent dans une ouverture permanente à Lui, cherchent à accomplir Sa volonté et, en outre, lorsqu'ils reconnaissent qu'ils sont membres de la grande famille humaine, de sorte que l'exercice de leur liberté est conditionné par les relations sociales qui conditionnent son exercice.

Les pouvoirs publics doivent non seulement respecter, mais aussi défendre et promouvoir l'exercice de la liberté de toute personne et ne la limiter que dans les cas où elle est réellement nécessaire au bien commun, à l'ordre public et à la coexistence pacifique.

Une caractéristique très profonde de la liberté humaine réside dans le domaine de la conscience propre et de la religion ou de la liberté religieuse.

Il s'agit d'un droit fondamental, parce que l'homme est un être ouvert à la transcendance et parce qu'il touche la partie la plus intime et profonde de son être, qui est sa propre conscience. 

Aujourd'hui, nous courons le risque, également au niveau de l'exercice des pouvoirs publics, de ne pas favoriser suffisamment ce droit fondamental en raison d'une tendance marquée à considérer que Dieu appartient uniquement à la sphère privée de l'individu.

Pour le Catéchisme de l'Église catholique, il est clair que "le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles lorsque ces préceptes sont contraires aux exigences de l'ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l'Évangile" (n. 2.242).

L'objection de conscience signifie qu'une personne fait passer le dictat de sa propre conscience avant ce qui est ordonné ou autorisé par la loi. Il s'agit d'un droit fondamental de chaque personne, essentiel au bien commun de tous les citoyens, que l'État doit reconnaître et valoriser.

Il s'agit d'un droit pré-politique que l'État ne doit pas restreindre ou minimiser sous le prétexte de garantir l'accès des personnes à certaines pratiques reconnues par le droit positif de l'État, et encore moins le présenter comme une atteinte aux "droits" des autres.

Ce droit fondamental à l'objection de conscience doit être réglementé, en garantissant que ceux qui souhaitent l'exercer ne seront pas discriminés dans la sphère professionnelle ou sociale.

L'établissement d'un registre des objecteurs de conscience viole le droit de tout citoyen de ne pas être contraint de déclarer ses propres convictions religieuses ou simplement philosophiques ou idéologiques.

Je conclus en vous invitant à lire attentivement cette note de la Commission épiscopale pour la doctrine de la foi. Cela en vaut la peine.

L'auteurCelso Morga

Archevêque du diocèse de Mérida Badajoz

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