Abandonnez (vous qui entrez) toute espérance...".
"Lasciate ogni speranza, voi ch'entrate."
Dante, Canto 3, Divine Comédie
Cette inscription glaçante de Dantesur l'entrée de l'enfer dans La Divine Comédiea résonné dans mon esprit lorsque j'ai débarqué de l'avion qui me ramenait chez moi après mes années d'études.
On avait l'impression que le même message sinistre marquait le seuil de l'aéroport. Il s'agissait plutôt d'une entrée dans un monde rongé par le désespoir.
L'espoir semblait avoir disparu, remplacé par une obscurité suffocante qui m'enveloppait à chaque instant.
Mes amis me demandent souvent de leur raconter mes expériences lorsque je rentrerai chez moi, mais comment commencer un récit à partir d'une impression aussi sombre ?
Auparavant, j'avais effectué un travail pastoral de six mois à Valence, au cours duquel j'ai tenu un journal inspiré de Le journal d'un prêtre rural de George Bernanos, que j'ai intitulé Le journal d'un prêtre valencien.
Pourtant, aujourd'hui, de retour au Nigeria, mon pays d'origine, comment puis-je commencer mon journal par ce contraste saisissant ? Le monde dans lequel je suis arrivé n'était pas simplement gris (j'ai déjà parlé de la gloire du gris ailleurs) ; il était enveloppé de ténèbres : un sentiment de désespoir omniprésent, comme si chaque pas exigeait l'abandon de l'espoir.
La vie quotidienne soulignait cette réalité. Des piqûres de moustiques incessantes au manque de fiabilité de l'électricité et à la chaleur accablante, en passant par la mauvaise gestion des affaires publiques, etc.
Inutile d'allonger la liste des exemples. Cependant, au milieu de ces défis, j'ai trouvé dans chaque cas une invitation inattendue à redécouvrir la gratitude et la joie authentique. C'était une école difficile et vraiment humiliante.
Les lentilles de l'espoir
Malgré ce désespoir, j'ai trouvé du réconfort dans les écrits de G.K. Chesterton. Il a un jour décrit l'époque de Charles Dickens comme étant pleine d'épreuves, mais Dickens a choisi de voir le monde à travers le prisme de l'espoir. Il a trouvé le moyen d'insuffler de l'espoir dans les réalités les plus sombres de l'ère victorienne. Par exemple, il a montré que, même dans le désespoir, la grandeur peut émerger, même si cela nécessite du courage, de la persévérance et des encouragements. Favoriser la grandeur de tous engendre souvent des réalisations extraordinaires chez certains. La véritable excellence naît d'une égalité qui reconnaît le potentiel commun de grandeur qui nous unit tous.
Le véritable espoir naît non pas dans les périodes d'optimisme, mais face à une adversité écrasante, dans une situation désespérée. Car, comme l'écrit Chesterton, "tant que les choses sont vraiment prometteuses, l'espérance n'est rien de plus qu'une flatterie ou une platitude ; ce n'est que lorsque tout est perdu que l'espérance commence à être une véritable force. Comme toutes les vertus chrétiennes, elle est aussi irrationnelle qu'indispensable".
Ce paradoxe de l'espoir - sa nature irrationnelle mais essentielle - a résonné profondément en moi, en particulier lorsque j'ai contemplé l'histoire de Noël. Ce n'est qu'après que Joseph et Marie ont été rejetés, ne trouvant pas de place dans l'auberge, que l'espoir lui-même est né à Bethléem. L'espérance est entrée dans le monde lorsque la situation était vraiment désespérée.
C'est lorsque les choses sont vraiment sombres que l'espoir est nécessaire et commence à avoir un sens. Ce paradoxe, selon lequel l'espoir s'épanouit face au désespoir, est devenu un principe directeur lorsque j'ai commencé à relever les défis de mon retour.
Si la situation autour de moi semble sombre, paradoxalement, c'est précisément parce que la situation est désespérée que l'espoir devient essentiel, créant ainsi l'espace parfait pour qu'il prenne racine et transforme des vies.
Tout comme Dickens a insufflé l'espoir et la confiance à ses personnages, permettant ainsi leur transformation, je dois moi aussi m'efforcer d'inspirer et d'aider les autres à se renouveler grâce à l'espoir. S'il est une chose que nous devons abandonner en entrant dans cette partie du monde, c'est bien le désespoir.
Au moment de conclure cette réflexion, je réfléchis à une inscription à placer dans mon bureau : un rappel pour moi-même et pour tous ceux qui entrent que leur situation n'est pas sans espoir et qu'ils peuvent prendre un nouveau départ.
Ce bureau sera un lieu d'encouragement, où je puiserai de la force dans les histoires de ceux qui font face à leurs défis et, à leur tour, je leur offrirai des paroles d'espoir. Ce sera un espace où nous nous rappellerons les uns aux autres que même dans les moments les plus sombres, la possibilité d'un renouveau demeure. L'inscription serait la suivante : "Abandonnez tout désespoir, vous qui entrez ici".