J'ai découvert un livre d'un philosophe et homme politique français, François-Xavier Bellamy, dans lequel il analyse la situation des jeunes d'aujourd'hui, en se concentrant sur les raisons pour lesquelles il est urgent de transmettre la culture aux nouvelles générations. Le titre du livre est évocateur : 'Les déshérités"..
J'ai rassemblé quelques paragraphes dans lesquels il analyse la situation initiale :
Un phénomène unique se produit dans nos sociétés occidentales, une rupture sans précédent : une génération refuse de transmettre à la suivante ce qu'elle devrait lui donner, c'est-à-dire l'ensemble des connaissances, des repères et de l'expérience humaine immémoriale qui constituent son patrimoine. Il s'agit d'une volonté délibérée, voire explicite (...)
Nous avons perdu le sens de la culture. Pour nous, elle n'est plus, au mieux, qu'un luxe inutile, ou pire, un bagage lourd et inconfortable. Certes, nous continuons à visiter des musées, à aller au cinéma, à écouter de la musique ; en ce sens, nous ne nous sommes pas éloignés de la culture. Mais elle ne nous intéresse plus que sous la forme d'une distraction superficielle, d'un plaisir intelligent ou d'une récréation décorative. (...)
Aujourd'hui, les jeunes sont démunis de tout ce que nous ne leur avons pas transmis, de toute la richesse de cette culture que, dans une large mesure, ils ne comprennent plus (...) Nous voulions dénoncer les héritages, nous avons fait des déshérités.
François_Xavier Bellamy, Les Déshérités
La thèse du livre, écrite pour la France, est quelque chose que nous pouvons également voir dans notre pays. Elle a beaucoup à voir avec la mouvement réveillé qui est présente dans le monde entier et dont nous avons été les témoins symboliques avec l'enlèvement de sculptures de personnalités clés de l'histoire occidentale, parce qu'elles ne correspondaient pas aux idées que nous définissons aujourd'hui comme politiquement correctes.
Certes, il y a une relecture du passé, mais il y a surtout une conception selon laquelle le seul paramètre valable est celui de la vision de la culture et de l'éthique marquée par les courants culturels actuels. Et le fait est que, suivant le même vieux schéma révolutionnaire, ils défendent la proposition adamiste selon laquelle tout commence avec eux, que nous devons nous débarrasser de tout ce qui vient du passé comme d'un fardeau et le laisser derrière nous. Ils nous disent que nous vivons l'année zéro de la nouvelle ère de l'humanité. L'homme nouveau est né et nous avons enterré l'ancien. Cela a tout l'air d'un nouveau messianisme, d'une alternative au christianisme.
Cela a des conséquences que nous ne pouvons pas encore imaginer. Jusqu'à présent, la survie de la société reposait sur la transmission de son héritage aux générations futures. La famille était la première chargée de transmettre tout un ensemble de valeurs et de croyances sur lesquelles fonder sa vie.
Au niveau social, cette fonction a été largement confiée à l'institution scolaire. Mais tant dans la famille qu'à l'école, on constate les grandes difficultés de transmission de ces racines. Et les familles chrétiennes qui ont inscrit leurs enfants dans des écoles catholiques, qui ont cherché pour eux des groupes de loisirs et de formation ecclésiale, se demandent avec une certaine amertume où elles ont échoué, parce qu'en fin de compte leurs enfants n'ont pas assumé l'héritage qu'elles voulaient transmettre. Cette situation ne nous est certainement pas étrangère.
Ce grand pape et penseur qu'il était Benoît XVI a parlé il y a quelques années de ce qu'il a appelé "l'urgence éducative" et a fait référence à cette situation sociale.
On parle d'une grande "urgence éducative", de la difficulté croissante de transmettre aux nouvelles générations les valeurs fondamentales de l'existence et des comportements corrects. Une urgence incontournable : dans une société et une culture qui ont trop souvent le relativisme pour credo, la lumière de la vérité manque, et il est même considéré comme dangereux de parler de vérité.
C'est pourquoi l'éducation tend à se réduire à la transmission de certaines compétences ou capacités à faire, tout en cherchant à satisfaire le désir de bonheur des nouvelles générations en les comblant d'objets de consommation et de gratifications éphémères.
Lettre de Benoît XVI au diocèse de Rome,
21 janvier 2008
Le pape François nous parle aussi en Christus vivit du risque pour les jeunes de grandir sans racines, sans repères. Il insiste sur la nécessité d'unir ces deux générations, les vieux et les jeunes, pour pouvoir naviguer vers un avenir plein d'espoir. Les jeunes et les vieux sont dans le bateau. Le jeune rame avec sa vigueur, le vieux scrute l'horizon et nous aide avec sa sagesse à diriger la fragile embarcation de notre vie.
Pasteurs et philosophes nous alertent sur la dérive de notre société. C'est sans doute une conséquence de la crise profonde que nous vivons à ce tournant de l'histoire où une époque, la Modernité, s'achève et où nous nous ouvrons à une nouvelle, que nous ignorons encore largement, mais qui est déjà là.
Il est sain de se demander dans quelle mesure nous sommes affectés par ces dynamiques. Il serait naïf de penser que nous pouvons vivre dans une bulle, dans un monde parallèle où tout cela ne nous affecte pas. Pour le bien de nos enfants et pour le bien de la société, nous devons prendre ce défi au sérieux.
Nous devons travailler consciemment et systématiquement pour maintenir l'héritage de notre culture, de la vision anthropologique, du sens de l'histoire qui nous a façonnés.
Nous devons transmettre à nos enfants l'héritage que nous avons reçu. Un héritage et un patrimoine qui constituent un véritable trésor.
Délégué à l'enseignement dans le diocèse de Getafe depuis l'année scolaire 2010-2011, il a auparavant exercé ce service dans l'archevêché de Pampelune et Tudela pendant sept ans (2003-2009). Il combine actuellement ce travail avec son dévouement à la pastorale des jeunes, en dirigeant l'association publique de fidèles "Milicia de Santa María" et l'association éducative "VEN Y VERÁS". EDUCACIÓN", dont il est le président.