Il y a encore des gens qui pensent que le message de l'Evangile est basé sur le discours de la peur : "Croyez ou vous serez condamnés". Franchement, je ne crois pas que la peur produise des conversions sincères. C'est plutôt deux poids, deux mesures. C'est ce qui se passe aujourd'hui avec certains discours écologiques.
Il y a quelques jours à peine, j'ai été surpris par la nouvelle du lancement d'un jeu vidéo à succès dont le message principal est que "nous sommes la plus grande menace pour la nature". L'intention des créateurs du jeu est certainement la meilleure, puisqu'ils tentent de sensibiliser les nouvelles générations à l'importance de prendre soin de la création. Un appel auquel l'Église se joint depuis des décennies, avec le magistère social des derniers papes et, plus largement, récemment, avec l'encyclique Laudato Si' de François. Cependant, je suis préoccupé par le fait que la protection de la planète est présentée aux jeunes comme une lutte contre l'être humain, une sorte de monstre à exterminer. En disant que nous sommes la grande menace pour la nature, on laisse l'humanité de côté, comme si nous, hommes et femmes, n'étions pas, en fait, les êtres les plus merveilleux qui aient jamais existé à la surface de la terre, l'œuvre la plus belle, la plus improbable et la plus incroyable que la poussière d'étoiles dont nous sommes faits ait jamais produite. Capables, certes, du mal, mais infiniment plus du bien.
Protéger la nature, c'est d'abord sauvegarder sa plus grande valeur : l'être humain. Or, aujourd'hui, l'espèce humaine vaut moins que beaucoup d'autres. Les gouvernements subventionnent des programmes et des pratiques de conservation des animaux et des plantes au détriment de la vie humaine (précisément à ses stades les plus fragiles). Les sentiments de solidarité avec les animaux abandonnés sont encouragés et la négligence sociale de millions de personnes vivant dans des conditions infrahumaines est passée sous silence, quand elle n'est pas tenue pour responsable de leur existence.
Mais je ne connais aucun chrétien qui soit venu à la foi en ne fuyant rien, mais attiré par un message, séduit par une vérité qu'il voit confirmée dans son cœur, amoureux d'une Personne : Jésus-Christ. Comme nous le rappelle le sage Benoît XVI dans Deus Caritas EstC'est l'évangéliste Jean qui "nous offre, pour ainsi dire, une formulation synthétique de l'existence chrétienne : "Nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous et nous avons cru en lui"". Quelques versets plus loin, le texte nous rappelle qu'"il n'y a pas de crainte dans l'amour, mais l'amour parfait chasse la crainte, car la crainte est liée au châtiment ; celui qui craint n'a pas atteint la plénitude de l'amour".
Ceux qui se disent chrétiens uniquement par peur du châtiment n'ont pas découvert la grandeur de l'amour. Les plus nombreux essaieront d'"être bons" dans un exercice de volontarisme très éloigné de la réponse désintéressée à la grâce à laquelle le Seigneur nous invite. Le moins bon tentera de sauver les apparences par une double vie, se limitant à garder propre ce que voit sa belle-mère, comme si Dieu ne pouvait pas savoir ce que nous cachons sous le tapis.
Aux prophètes de malheur qui utilisent la "peur de l'environnement" contre les êtres humains, je les invite à voir que l'urgence climatique ne va pas disparaître, peu importe à quel point nous nous flagellons en jouant à des jeux vidéo. Un secteur d'ailleurs considéré comme l'un des principaux contributeurs au réchauffement climatique, puisque sa forte consommation d'énergie entraîne des émissions massives de CO2 dans l'atmosphère. Rien qu'aux États-Unis, l'énergie consommée par les jeux vidéo équivaut aux émissions de 5 millions de voitures. Deux poids, deux mesures, en d'autres termes.
Comment alors répondre au "défi urgent de la protection de notre maison commune" qui nous appelle à Laudato Si'? Non pas tant avec des menaces apocalyptiques ou des discours contre l'homme, mais en faveur de l'homme ; en promouvant non pas une fuite effrénée et solidaire, mais une véritable "conversion écologique" comme nous l'a demandé Jean-Paul II. Une conversion par attraction qui implique de tomber de plus en plus amoureux de l'être humain, en particulier des plus faibles, nous conduisant à une écologie non pas pharisienne mais intégrale. Nous prenons soin de la planète parce que nous voulons prendre soin de la vie de nos frères et sœurs de cette génération et des générations futures.
Il convient de rappeler les paroles de Jean XXIII dans son discours d'ouverture du Concile Vatican II lorsque, face à ceux "qui sont toujours prêts à annoncer des événements malheureux, comme si la fin des temps était imminente", il lançait un message d'espérance, rappelant l'action de la Providence qui agit "au-dessus des intentions mêmes des hommes", une réalité que nous découvrons "lorsque nous considérons attentivement le monde moderne, tellement occupé par la politique et les disputes économiques qu'il ne trouve plus le temps de s'occuper des questions d'ordre spirituel".
Nous sommes des poussières d'étoiles, certes, mais nous sommes spirituels.
Journaliste. Diplômé en sciences de la communication et licencié en sciences religieuses. Il travaille dans la délégation diocésaine des médias à Malaga. Ses nombreux "fils" sur Twitter sur la foi et la vie quotidienne sont très populaires.