Les Confréries et les Fraternités : des reliques du passé ?

Les confréries ont pour objectif la formation de leurs membres, le culte de Dieu, la promotion de la charité et l'amélioration de la société, en la sanctifiant de l'intérieur,

16 octobre 2021-Temps de lecture : 3 minutes
croix d'amour

Il y a ceux qui pensent que les confréries sont anachroniques, des reliques du passé qui n'intéressent que quelques catholiques, peut-être les moins cultivés, et que leur intérêt n'est que purement ethnographique ou touristique.

Ceux qui pensent ainsi partent d'une prémisse erronée, la considération des confréries comme des entités exclusivement chargées d'organiser des défilés processionnels plus ou moins spectaculaires, accompagnés de fidèles - certains pensent à des "figurants" - étrangement vêtus, avec des torches allumées. Mais les confréries n'ont pas cette mission, elles sont des associations publiques de fidèles de l'Église catholique, qui leur confie, entre autres, la formation de leurs frères ou associés, le culte de Dieu, la promotion de la charité et l'amélioration de la société, en la sanctifiant de l'intérieur, car les associés des confréries, les frères, sont la société, ils en font partie.

Axer l'analyse des confréries uniquement sur les processions, les actes de culte externe et public, est réducteur et conduit à des conclusions erronées. Tous les objectifs des confréries sont indispensables et se soutiennent mutuellement pour former un tout indivisible.

Le but des confréries est de collaborer à la mission de l'Église, qui est de rendre gloire à Dieu, dans ses cultes ; que le Christ règne, en sanctifiant la société ; de construire l'Église, en évangélisant.

Les bons internistes savent que la première chose à faire est de reconnaître le patient et d'identifier les symptômes qu'il présente, et sur la base de ceux-ci, d'établir un diagnostic puis de proposer le traitement approprié. En termes plus précis, François l'a expliqué dans son discours au Parlement européen : "Il est important de ne pas rester anecdotique, de s'attaquer aux causes et non aux symptômes. Il est important d'être conscient de sa propre identité afin de pouvoir dialoguer de manière proactive". C'est ainsi que les confréries devraient procéder dans leurs efforts pour améliorer la société, qui présente aujourd'hui les symptômes d'une maladie qui peut mettre en danger notre liberté. Il s'agit d'identifier les symptômes, d'établir le diagnostic et d'initier le traitement.

Ces symptômes comprennent la manipulation du langage, avec la conviction qu'en changeant le nom des réalités, on les transforme ; les réalités sont transformées par la microutopiesLa grande utopie de la lutte des classes est remplacée par celle des collectifs identitaires avec leur liste de revendications particulières ; la culture woke, en alerte permanente sur les allégations de discrimination raciale ou sociale; le site post-véritéLe nouveau nom pour ce qui a toujours été appelé un mensonge ; la culture d'annulationqui conduit à l'exclusion et à l'ignorance de ceux qui ne se conforment pas à la pensée politiquement correct, celle qui s'exprime d'une manière qui n'implique pas le rejet de tout collectif, ce qui conduit à l'autocensure. Tout cela conduit à la construction de de nouveaux cadres mentaux pour interpréter la réalité qui finissent par être profondément totalitaires.

Ce qui est en principe une tendance ou une proposition culturelle passe ensuite dans la sphère politique et, de là, dans la sphère législative, complétant ainsi le cycle de la maladie, du diagnostic : relativismele relativisme, qui ne reconnaît rien comme absolu et laisse le moi et ses caprices comme mesure ultime, empêchant ainsi la possibilité de délimiter des valeurs communes sur lesquelles construire la coexistence. Le relativisme est la crise de la vérité, considérant que l'être humain n'est pas capable de la connaître ; mais si c'est la vérité qui nous rend libres, l'impossibilité de connaître la vérité fait de l'homme un esclave.

Une fois le diagnostic posé, on passe au traitement, qui est contenu dans la mission des confréries. La célébration de cultes pour rendre gloire à Dieu est généralement assez bien prise en charge dans les confréries. Nous devons maintenant concentrer nos efforts sur le règne du Christ, sur la sanctification de la société, sur la construction d'une société de personnes libres, capables de diriger leur propre existence, de choisir et de vouloir être libres. Bienpour découvrir le sens le plus profond de la liberté, qui est de contempler Dieu, la Véritéet ainsi entrer en possession de la La beauté.

Il ne s'agit pas d'une tâche collective, de la fraternité, mais des frères, des individus libres, chacun agissant sous sa propre responsabilité. La fraternité doit offrir une formation pour que chacun vive cette liberté qui soutient la force dans la Foi, la sécurité dans l'Espérance et la constance dans la Charité.

Les processions sont plus qu'un spectacle. Le Crucifié dans la rue est une proclamation d'amour et de liberté : "Quand, sur le Calvaire, on lui criait "si tu es le Fils de Dieu, descends de la Croix", le Christ manifestait sa liberté précisément en restant sur cet échafaudage pour accomplir la volonté miséricordieuse du Père" (B.XVI).

Ce sont les ingrédients pour analyser les confréries, qui ne sont pas anachroniques mais essentielles pour le redressement de la société.

L'auteurIgnacio Valduérteles

Doctorat en administration des affaires. Directeur de l'Instituto de Investigación Aplicada a la Pyme. Frère aîné (2017-2020) de la confrérie de la Soledad de San Lorenzo, à Séville. Il a publié plusieurs livres, monographies et articles sur les confréries.

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