Tout a commencé en France, à l'Assemblée constituante de 1792. À la droite de la présidence siègent les Girondins, favorables au maintien de l'ordre et des institutions. La gauche de la Chambre est occupée par les Jacobins, qui prônent la radicalisation révolutionnaire. Au centre se trouvait un groupe indifférencié de membres de l'assemblée, aux objectifs mal définis. Depuis lors, et jusqu'à ce jour, toute proposition sur les questions sociales est étiquetée de droite ou de gauche par analogie avec ces groupes, une approche aussi limitée qu'appauvrissante.
Au cours du XIXe siècle, cette classification était plus ou moins efficace pour expliquer la réalité sociale, mais elle a décliné à mesure que la mystique révolutionnaire de la lutte des classes s'épuisait. En 1989, l'effondrement des systèmes marxistes qui avait commencé des années auparavant a culminé. Le déclencheur le plus immédiat a été l'échec du modèle économique, c'est pourquoi, après la perplexité initiale, l'idée de Gramsci d'appropriation de la culture a été reprise. Les universités, les écoles, les organisations internationales, les médias et d'autres plateformes ont été occupés par la gauche.
Aujourd'hui, les groupes qui se reconnaissent comme étant de gauche, sans propositions culturelles, politiques ou économiques à offrir, ont opté pour un nouveau modèle de transformation sociale : assumer toutes les luttes qui émergent et les intégrer dans un discours unique (Laclau). Cet amalgame comprend le mouvement LGTBI, le féminisme radical, ou encore... queerLe dogme du changement climatique, l'indigénisme, l'environnementalisme, l'opposition à la culture de l'effort, au droit à la propriété, à la vie, la révision de l'histoire, la resignification de la langue et le remplacement de l'identité des personnes par l'égalité. Et tout ce qui suivra, car il s'agit d'un processus ouvert auquel de nouvelles causes sont ajoutées chaque jour. Toutes ces demandes sont présentées en bloc, dans une paquet complet avec des prétentions à la doctrine, qui doit être assumée en totalité sous peine d'être considéré négationniste d'abord, et ensuite annulé (réveillé) comme une personne, renversée comme une statue ou exhumée si elle est décédée.
Toute tentative d'aller légalement à l'encontre de cet état de fait est considérée comme étant persécution judiciaire, o lutte contre la criminalitéCe terme est à la mode dans le langage politique pour définir la prétendue persécution judiciaire de la gauche par les puissants.
Curieusement, ce radicalisme sur les questions sociales est complété, dans la sphère économique, par une sauvage capitalisme mondialCelle présentée dans le très médiatisé Agenda 2030.
Impossible de trouver un fil conducteur dans ce fatras d'idées, parfois contradictoires, qui s'accumulent sans méthode. Un chaos insupportable dans lequel il est impossible de prendre des décisions logiques, mais avec un objectif clair : réorienter les lois qui sont censées déterminer l'histoire.
Ici, les confréries ont quelque chose à dire. Ils ne sont ni de droite ni de gauche, mais leur identité chrétienne et leur profil social les obligent à entrer dans le débat, conscients qu'il ne s'agit pas d'une lutte dialectique entre Girondins et Jacobins, entre droite et gauche. L'alternative présentée par les confréries se situe sur un plan plus élevé, c'est une vision du monde fondée sur des racines culturelles européennes, dans lesquelles la tradition judéo-chrétienne joue un rôle fondamental. Julián Marías a expliqué que le christianisme est avant tout une religion, mais aussi une vision du monde, une façon de voir, de penser, de projeter et de ressentir la réalité et, finalement, un mode de vie qui, dans une large mesure, sous-tend les structures intellectuelles, juridiques et sociales de la civilisation occidentale.
Il ne s'agit pas d'encourager les confréries à présenter des solutions techniques aux problèmes sociaux, ni d'encourager les choix partisans ; mais de proclamer des principes moraux, également ceux qui concernent l'ordre social, ainsi que de porter un jugement sur toute question dans la mesure où les droits fondamentaux de l'individu l'exigent.
La vie de la fraternité, comme celle des personnes, ne s'épuise pas dans la gestion du présent (confréries, élections, premières, itinéraires...), elle n'a de sens que dans l'avenir, un avenir qui appartient à Dieu, qui est éternel, pur présent, Seigneur de l'Histoire. Une Histoire qui n'est pas régie par des lois inexorables qu'il faut réorienter, comme le propose la gauche ; mais par la liberté de l'homme, qui amène le membre de la confrérie à regarder le monde avec les yeux du Christ, en conduisant toutes les réalités humaines vers Lui.
Les confréries ont un besoin urgent de développer et d'appliquer les outils intellectuels nécessaires pour s'impliquer profondément dans la restauration du sens de l'histoire, au-delà des propositions marxistes, si elles ne veulent pas finir comme maîtres de passés glorieux, de présents fugaces et de futurs incertains.
Doctorat en administration des affaires. Directeur de l'Instituto de Investigación Aplicada a la Pyme. Frère aîné (2017-2020) de la confrérie de la Soledad de San Lorenzo, à Séville. Il a publié plusieurs livres, monographies et articles sur les confréries.