La culture postmoderne pose d'importants défis à la vie familiale : la vision croissante de l'être humain comme indépendant et autosuffisant, la fragilité des relations affectives ou la conviction que l'amour durable est une chimère impossible, font désormais partie du quotidien de nombreuses familles, y compris celles qui se considèrent comme chrétiennes. Il n'y a pratiquement pas de temps pour vivre ensemble, aucun temps pour partager les repas, les célébrations ou prendre soin des malades, des personnes âgées et des enfants n'est prévu ou valorisé. Les conjoints développent souvent des relations professionnelles et sociales parallèles. Dans la pratique quotidienne, cela conduit à une distorsion de la véritable vie familiale commune.
Personne n'est à l'abri de cette influence. Il y a cependant des chrétiens qui pensent que, parce qu'ils sont croyants, leur famille doit être parfaite. Ces difficultés ne devraient guère les affecter. Et que les problèmes familiaux, lorsqu'ils se posent inévitablement, sont résolus par la prière. Il ne fait aucun doute que la foi personnelle et la grâce du sacrement du mariage sont des éléments importants pour le témoignage d'une famille chrétienne. Mais cela ne signifie pas qu'il suffit d'être un bon chrétien et de prier pour garantir une authentique vie familiale commune.
Dans ces lignes, je voudrais tout d'abord revendiquer ce que nous pourrions appeler, primauté de l'homme dans la vie familiale. Nous avons tous la capacité d'aimer et le désir d'être aimés. Être une famille, c'est avant tout savoir aimer au milieu de l'imperfection du quotidien. Les "tensions" normales de la vie en commun, les difficultés et les crises par lesquelles passe chaque famille, ne peuvent pas être résolues - uniquement - par la prière... il faut aussi prévoir des moyens humains.
Que pouvons-nous faire ? Tout d'abord, nous devons être suffisamment humbles et réalistes pour nous rendre compte que, même si nous "connaissons la théorie" de ce que la famille idéale "devrait être", la réalité en est souvent très éloignée. Deuxièmement, il faut savoir demander de l'aide et se laisser aider par ceux qui peuvent le faire. L'accompagnement familial - le soutien de personnes qui nous aiment et en qui nous avons confiance - revêt aujourd'hui une importance capitale. L'expérience montre que les principales raisons pour lesquelles de nombreuses familles se séparent aujourd'hui ne sont pas vraiment irréparables. Dans de nombreux cas, il s'agit d'apprendre à comprendre la dynamique de croissance et de maturation de l'amour, avec ses moments de tranquillité et de difficulté, à appréhender la difficulté de manière positive et à être capable d'initier un changement d'attitude.
En outre, ceux qui ont une foi vivante auront l'aide précieuse de la grâce et des vertus chrétiennes (humilité, charité, patience, compréhension, etc.), qui sont la clé du bon développement de la vie familiale. Et ils sont aussi une aide précieuse dans les moments difficiles, pour comprendre ses propres fragilités et celles des autres, et pour savoir pardonner du fond du cœur.
Professeur à la faculté de droit de l'Université internationale de Catalogne et directeur de l'Institut des hautes études familiales. Elle dirige la Chaire sur la solidarité intergénérationnelle dans la famille (Chaire IsFamily Santander) et la Chaire sur les politiques de l'enfance et de la famille de la Fondation Joaquim Molins Figueras. Elle est également vice-doyenne de la faculté de droit de l'UIC Barcelone.