Les jeunes continuent à valoriser et à percevoir la famille comme une communauté de référence, comme l'indique l'article 32 du Document final du Synode des évêques sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. En outre, deux des articles approuvés à l'unanimité (n. 72 et 95) font référence à la nécessité de la famille et de l'accompagnement comme éléments clés de la nouvelle évangélisation.
Il ne fait aucun doute que le premier accompagnement que reçoit un être humain a lieu dans sa propre famille. Les relations familiales ne sont pas seulement "fonctionnel". Les relations personnelles qui se tissent dans la vie quotidienne, avec la vie partagée au sein des familles, sont des relations d'identité. Et c'est précisément cette vie quotidienne partagée qui est le moyen par lequel nous, êtres humains, grandissons dans notre dynamisme personnel et apprenons la capacité la plus personnelle, nous apprenons à aimer. Certes, les différentes crises familiales peuvent rendre difficile le déploiement de la puissance éducative des relations familiales. Beaucoup de jeunes qui ont déjà grandi dans une famille et dans une société qui n'a pas su les accompagner dans cet apprentissage naturel du caractère inconditionnel de l'amour familial, peuvent avoir des carences qui augmentent les difficultés normales de leur vie familiale, lorsque ces jeunes forment leur propre famille. De cette façon, nous pourrions entrer dans une situation "looping", On pourrait penser qu'ils reproduiront inévitablement dans leur propre famille les déchirements vécus dans leur famille d'origine. Or, ce n'est pas le cas. C'est précisément cette expérience du manque d'amour qui les amène à aspirer à quelque chose de différent pour eux-mêmes et leurs enfants. Mais ils doivent savoir comment s'y prendre, car ils manquent d'expérience.
Sur Amoris Letitia souligne la nécessité d'accompagner les nouvelles familles, surtout dans les premières années de la vie familiale (n. 211). Comme le dit Juan José Pérez Soba, "il n'est pas bon pour la famille d'être seule".. C'est pourquoi nous devons chercher de manière créative de nouvelles façons de "espaces d'accompagnement". où les jeunes familles peuvent bénéficier d'une formation, d'un soutien et d'un partage d'expérience. Les premières années d'une famille sont une période de grands efforts pour s'adapter et concilier de nombreux domaines dans une réalité nouvelle et encore inconnue : travail, amis, familles d'origine, parentalité, etc. Les nouveaux conjoints et parents vivent souvent cette première étape de la vie commune avec un sentiment d'isolement et d'accablement face à de nombreuses difficultés et défis qu'ils n'avaient pas pu imaginer. De plus en plus, ces jeunes couples ne bénéficient pas du soutien de l'environnement familial, ni de la formation qui découle de l'expérience de leur famille d'origine.
C'est aussi une période où les maris et les femmes disposent généralement de peu de temps et de moyens, il est donc nécessaire de chercher des moyens de les accompagner dans leur tâche de parents et d'époux au quotidien. L'école est un lieu où les jeunes parents cherchent naturellement ce type de soutien. C'est précisément dans les premières années de la vie scolaire - qui coïncident avec les premières années des familles - que les parents se tournent le plus souvent vers l'école pour obtenir de l'aide, également pour leur vie familiale. Proposer un accompagnement de l'école chrétienne est un appel à regarder la réalité des familles sous un angle différent.
Bien qu'il puisse sembler que cela ne corresponde pas, ou que cela compliquerait davantage la fonction pédagogique spécifique des centres éducatifs, les écoles peuvent et doivent soutenir les familles. La confiance que requiert tout accompagnement vient naturellement dans la relation famille-école. En outre, l'école d'inspiration chrétienne possède un facteur supplémentaire qui me semble important : elle peut être un milieu naturel de coexistence, dans lequel les familles accompagnent d'autres familles, favorisant ainsi un climat dans lequel la vie familiale est valorisée comme un enrichissement personnel, et la difficulté n'est pas comprise comme un échec, mais comme quelque chose de connaturel à toute relation interpersonnelle, qui peut être surmonté et qui est le chemin de l'amour.
Faire de cette proposition d'accompagnement une réalité est une exigence qui appelle à traiter les familles telles qu'elles sont, c'est-à-dire en tant que familles. Il ne s'agit pas de prendre la place des parents ou de la famille. "les diriger". de l'école dans sa mission éducative. Il s'agit plutôt d'une question de "les responsabiliser et leur redonner le rôle principal dans la tâche éducative dans le contexte familial. Accompagner depuis l'école, c'est aider chaque famille à découvrir sa spécificité, son originalité. Il ne s'agit pas de donner des prescriptions, des conseils ou des solutions. Il s'agit plutôt de renforcer leur rôle et de les aider à découvrir les outils naturels de l'éducation dans le contexte familial. C'est une tâche qui doit se baser sur l'expérience, pour percevoir les conflits comme quelque chose de naturel, et aider à développer la capacité à surmonter les crises.
L'accompagnement proposé n'est pas une technique, ni ne nécessite d'espace ou de temps supplémentaire ; c'est une attitude, une habitude, une façon de comprendre l'enseignement et le rôle de l'école, au service des familles. Elle nécessite surtout une formation et un engagement pour que les familles, qui vivent souvent leurs crises seules, dans une atmosphère de superficialité, sans que personne ne s'occupe d'elles, ne soient pas abandonnées. Le pape François a rappelé à plusieurs reprises le fossé qui se creuse entre la famille et l'école, et la nécessité que les deux aillent de pair. L'école peut être un bon point d'appui, un "angle de repos" qui aide chaque famille à être ce qu'elle peut être.
Institut des hautes études de la famille, Université internationale de Catalogne (UIC)