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L'Année de la prière 2024 aura pour thème "Seigneur, apprends-nous à prier".

Les Apôtres se sont adressés à Jésus en lui disant : "Seigneur, apprends-nous à prier". Ces mêmes mots ont été choisis par le Pape comme devise pour 2024, l'Année de la prière, au cours de laquelle nous aussi, disciples du Christ, sommes appelés à redécouvrir la valeur de la prière quotidienne dans notre vie.

Arturo Cattaneo-30 janvier 2024-Temps de lecture : 14 minutes

Le pape à la messe du dimanche de la Parole 2024 ©OSV

Lorsque l'on veut entreprendre une initiative, on commence généralement par les aspects organisationnels : quelles sont les personnes ou les ressources disponibles pour atteindre l'objectif de la meilleure façon possible. Qui, en revanche, pense d'abord à prier ? Il est évidemment très difficile pour ceux qui n'ont jamais fait l'expérience de la puissance de la prière de comprendre que la prière est non seulement conseillée, mais indispensable pour se préparer à un événement ou à un choix de vie important.

Dans cette perspective, l'initiative du pape François est significative et constitue une grande leçon. Dans le Angélus du 21 janviera officiellement lancé l'Année de la prière en préparation du Jubilé de 2025, en encourageant à prier pour que cette Année sainte ait un impact sur toute l'Église, sur la sainteté des chrétiens. Cela nécessitera certainement l'organisation et le travail de nombreuses personnes, mais ce n'est qu'avec une préparation lointaine dans la prière que ce Jubilé portera des fruits de grâce et de réconciliation.

Lors de la présentation de l'initiative dans la salle de presse du Vatican, Monseigneur Rino Fisichella, Pro-préfet du Dicastère pour l'Evangélisation, a souhaité que cette année soit l'occasion de redécouvrir "comment prier et surtout comment enseigner à prier aujourd'hui, à l'ère de la culture digitale, pour que la prière soit efficace et fructueuse". Lors de l'Angélus, le Souverain Pontife a explicitement parlé d'un besoin absolu de prière, d'une "symphonie" de prières au niveau personnel et communautaire. Lors de la conférence de presse du 23 janvier 2024, il a précisé quelles devraient être les caractéristiques de cette prière : être devant le Seigneur dans une relation de confiance et d'amitié, prêt à l'écouter. Et lui rendre grâce.

Par la prière, nous grandirons aussi dans notre capacité à être attentifs aux autres, à les accueillir et à leur tendre la main avec un cœur miséricordieux comme celui de Jésus.

Dans la préface de "Prier aujourd'hui. Un défi à relever", le premier des huit livres que le Dicastère pour l'évangélisation s'apprête à publier, le pape écrit : "La prière est le souffle de la foi, elle en est l'expression la plus appropriée. Elle est comme un cri qui sort du cœur de ceux qui croient et se confient à Dieu". En cette année du Jubilé, le Saint-Père affirme que "nous sommes invités à être plus humbles et à donner de l'espace à la prière qui jaillit de l'Esprit Saint".

En effet, depuis le début de son pontificat, la prière est l'un des thèmes les plus récurrents, un thème auquel il a consacré pas moins de 38 audiences générales tout au long de 2020 et 2021, avec des réflexions profondes et des suggestions à la fois simples, concrètes, pleines de bon sens et aussi de cette bonne humeur qui le caractérise.

Dans les prochains mois, le Pape créera une " École de prière ", mais ce seront surtout les Églises locales qui seront appelées à développer des initiatives pour aider les fidèles à redécouvrir la prière comme " nourriture pour la vie chrétienne de foi, d'espérance et de charité ". Pour ces raisons, j'ai rassemblé dans une petite anthologie des phrases et des considérations du Pape François qui aident à mieux comprendre pourquoi et comment prier.

Le pape François sur la prière, expliquant pourquoi et comment prier

Textes du pape François recueillis par Arturo Cattaneo

Le Saint-Père parle de la prière dans pratiquement tous ses textes, exhortations, homélies, lettres, audiences, etc. Un thème auquel il a d'ailleurs consacré pas moins de 38 audiences générales en 2020 et 2021. Elles peuvent être téléchargées par exemple avec ce lien.

Vous trouverez ci-dessous ses phrases ou réflexions que j'ai trouvées particulièrement significatives, réparties en six chapitres.

Qu'est-ce que la prière ?

La prière est le souffle de l'âme, le souffle de la foi. Dans une relation de confiance, dans une relation d'amour, le dialogue ne peut pas être absent, et la prière est le dialogue de l'âme avec Dieu. Il est important de trouver des moments dans la journée pour ouvrir son cœur à Dieu, même avec des mots simples (Discours, 14 décembre 2014).

La prière chrétienne, en revanche, naît d'une révélation : le "Tu" n'est pas resté enveloppé de mystère, mais il est entré en relation avec nous... La prière chrétienne entre en relation avec le Dieu le plus tendre, qui ne veut inspirer aucune crainte à l'homme. C'est la première caractéristique de la prière chrétienne. Alors que les hommes ont toujours été habitués à s'approcher de Dieu un peu intimidés, un peu effrayés par ce mystère fascinant et terrible, alors qu'ils ont été habitués à le vénérer avec une attitude servile, comme celle d'un sujet qui ne veut pas manquer de respect à son maître, les chrétiens se tournent au contraire vers lui, en osant l'appeler avec confiance par le nom de "Père". D'ailleurs, Jésus utilise un autre mot : "père" (Audience générale, 13 mai 2020).

La prière est une rencontre avec Dieu, avec Dieu qui ne déçoit jamais ; avec Dieu qui est fidèle à sa parole ; avec Dieu qui n'abandonne pas ses enfants (Homélie, 29-VI-2015).

Prier, c'est rendre le temps à Dieu, échapper à l'obsession d'une vie qui manque toujours de temps, retrouver la paix des choses nécessaires et découvrir la joie des dons inattendus (Audience générale, 26-VIII-2015).

Pourquoi prier

Pourquoi est-ce que je prie ? Je prie parce que j'en ai besoin. C'est ce que je ressens, ce qui me pousse, comme si Dieu m'appelait à parler (Entretien du pape François avec des jeunes en Belgique, 31-III-2014).

La rencontre avec Dieu dans la prière vous aidera à mieux connaître le Seigneur et vous-mêmes. La voix de Jésus enflammera vos cœurs et vos yeux s'ouvriront pour reconnaître sa présence dans votre histoire, découvrant ainsi le plan d'amour qu'il a pour votre vie (Message pour les 30èmes JMJ, 17-II-2015).

La prière nous donne la grâce de vivre fidèles au projet de Dieu (Audience générale, 17 avril 2013).

Chaque histoire est unique, mais toutes partent d'une rencontre qui illumine les profondeurs, qui touche le cœur et implique toute la personne : les affections, l'intellect, les sens, tout. C'est un amour si grand, si beau, si vrai, qu'il mérite tout et toute notre confiance (Rencontre avec les jeunes d'Ombrie, 4 octobre 2013).

Un autre élément important est la conscience de faire partie d'un plan plus vaste, auquel on souhaite contribuer (Audience générale, 7-XII-2022).

Dieu nous appelle à lutter avec lui, chaque jour, à chaque instant, pour vaincre le mal par le bien (Discours, 20 octobre 2013).

La foi ne nous éloigne pas du monde, mais nous y insère plus profondément. C'est très important ! Nous devons entrer dans le monde, mais avec la force de la prière. Chacun de nous a un rôle particulier à jouer pour préparer la venue du Royaume de Dieu dans le monde (Discours à Manille, 16 janvier 2015).

La prière, le jeûne et l'aumône nous aident à ne pas nous laisser dominer par les apparences : ce n'est pas l'apparence qui compte ; la valeur de la vie ne dépend pas de l'approbation des autres ou du succès, mais de ce que nous avons à l'intérieur (Homélie, 05-III-2014).

La prière préserve l'homme du protagonisme pour lequel tout tourne autour de lui, de l'indifférence et de la victimisation (Discours, 15-VI-2014).

Par la prière, nous permettons à l'Esprit Saint de nous éclairer et de nous conseiller sur ce que nous devons faire à ce moment-là (Audience générale, 7 mai 2014).

Sans la prière, notre action devient vide et notre proclamation n'a pas d'âme, car elle n'est pas animée par l'Esprit (Audience générale, 22 mai 2013).

La prière n'est pas un sédatif pour apaiser les angoisses de la vie ; ou, en tout cas, une telle prière n'est certainement pas chrétienne. Au contraire, la prière donne du pouvoir à chacun d'entre nous (Audience générale, 21 octobre 2020).

La première motivation pour évangéliser est l'amour de Jésus que nous avons reçu, cette expérience d'être sauvés par Lui qui nous pousse à l'aimer de plus en plus. Mais quel est l'amour qui ne ressent pas le besoin de parler de l'être aimé, de le montrer, de le faire connaître ? Si nous ne ressentons pas le désir intense de le communiquer, nous devons nous arrêter dans la prière pour lui demander de nous captiver à nouveau. Nous devons crier chaque jour, demander sa grâce pour ouvrir nos cœurs froids et secouer nos vies tièdes et superficielles. En nous tenant devant Lui, le cœur ouvert, en le laissant nous contempler, nous reconnaissons ce regard d'amour que Nathanaël a découvert le jour où Jésus est apparu et lui a dit : "Quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu" (Jn 1,48). Qu'il est doux de se tenir devant un crucifix, ou de s'agenouiller devant le Saint Sacrement, et d'être simplement sous son regard ! Qu'il est bon de le laisser toucher à nouveau notre existence et de nous lancer pour communiquer sa vie nouvelle ! (Exhortation apostolique Evangelii gaudium 264).

Comment prier

Simplicité, humilité, attention, compréhension et silence : ce sont les cinq qualités qui correspondent aux cinq doigts.

Le pouce est le plus gros doigt, c'est donc aussi le doigt de la louange à Dieu. Mais c'est aussi le doigt qui est le plus proche de nous et qui nous dit de prier pour les personnes qui nous sont les plus proches, pour nos proches, pour nos amis. L'index est le doigt qui enseigne, qui nous montre le chemin et la voie à suivre. Nous prions pour tous ceux qui nous enseignent ou nous enseigneront quelque chose dans la vie.

Le majeur nous rappelle ceux qui nous gouvernent. C'est à eux que Dieu a confié le destin des nations, et nous prions pour eux afin qu'ils suivent toujours les enseignements de Jésus dans leur devoir. L'annulaire est le doigt de la promesse : nous demandons à Dieu de protéger ceux que nous aimons le plus, ainsi que les plus faibles et les plus démunis.

L'auriculaire est le plus petit doigt. Il nous enseigne et nous rappelle de prier pour les enfants. Il nous rappelle également de devenir petits comme eux et de ne pas nous enorgueillir.

Priez d'une manière simple, mais en même temps concrète. Et comme nous avons deux mains, la prière peut aussi être répétée une deuxième fois. Car nous savons que "prier est l'oxygène de notre âme" et de notre vie spirituelle (écrit par Jorge Mario Bergoglio, lorsqu'il était archevêque de Buenos Aires).

La vraie prière, c'est la familiarité et la confiance avec Dieu, ce n'est pas réciter des prières comme un perroquet... Être en prière, ce n'est pas dire des mots, des mots, des mots : non, c'est ouvrir mon cœur à Jésus, m'approcher de Jésus, le laisser entrer dans mon cœur et m'y faire sentir sa présence. Et c'est là que nous pouvons discerner quand c'est Jésus ou quand c'est nous avec nos pensées, si souvent éloignées de Jésus. Demandons cette grâce : vivre une relation d'amitié avec le Seigneur, comme un ami parle à son ami (Audience générale, 28-IX-2022).

Lorsque nous prions, nous devons être humbles : c'est la première attitude à adopter pour prier. Alors nos paroles seront vraiment des prières et non un charabia que Dieu rejette (Audience générale, 26 mai 2021).

À l'origine de toute vocation, il y a toujours une forte expérience de Dieu, une expérience qui ne s'oublie pas, qui se rappelle à nous toute la vie ! Dieu nous surprend toujours ! C'est Dieu qui appelle, mais il est important d'avoir une relation quotidienne avec Lui, de l'écouter dans le silence devant le Tabernacle et au plus profond de nous-mêmes, de lui parler, de s'approcher des Sacrements. Avoir cette relation familière avec le Seigneur, c'est comme avoir la fenêtre de notre vie ouverte, pour qu'il nous fasse entendre sa voix, ce qu'il attend de nous (Aux jeunes d'Assise, 5 octobre 2013).

C'est ainsi que l'on accueille Dieu, non pas avec compétence, mais avec humilité : se reconnaître pécheur. Confesser, d'abord à soi-même et ensuite au prêtre dans le sacrement de la réconciliation, ses péchés, ses manquements, ses hypocrisies ; descendre de son piédestal et s'immerger dans l'eau du repentir (Angélus, 4-XII-2022).

Nous devons enlever notre masque - tout le monde en a un - et nous mettre au niveau des humbles ; nous libérer de la présomption de nous croire autosuffisants, aller confesser nos péchés, ceux qui sont cachés, et accepter le pardon de Dieu, demander pardon à ceux que nous avons offensés. Ainsi commence une nouvelle vie (Angélus, 4-XII-2022).

La prière purifie sans cesse le cœur. La louange et la supplication à Dieu empêchent le cœur de s'endurcir dans le ressentiment et l'égoïsme (Audience générale, 11.III.2015).

C'est l'Esprit Saint qui donne la vie à l'âme ! Laissez-le entrer. Parlez à l'Esprit comme vous parlez au Père, comme vous parlez au Fils : parlez à l'Esprit Saint, qui n'est pas paralysant ! C'est en lui que réside la force de l'Église, c'est lui qui vous porte en avant (Audience générale, 21 décembre 2022).

Avec un ami, nous parlons, nous partageons les choses les plus secrètes. Avec Jésus, nous conversons aussi. La prière est un défi et une aventure, et quelle aventure ! Elle nous permet de le connaître de mieux en mieux, d'entrer dans ses profondeurs et de grandir dans une union toujours plus forte. La prière nous permet de lui dire tout ce qui nous arrive et de rester confiants dans ses bras, et en même temps elle nous offre des moments d'intimité et d'affection précieux, où Jésus déverse en nous sa propre vie. En priant, nous lui "ouvrons le chemin", nous lui donnons de l'espace "pour qu'il puisse agir, entrer et vaincre" (Exhortation apostolique Christus vivit 155).

Il est ainsi possible de vivre une unité constante avec Lui, qui dépasse tout ce que nous pouvons vivre avec d'autres personnes : "Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi" (Ga 2,20). Ne privez pas votre jeune de cette amitié. Tu pourras le sentir à tes côtés non seulement quand tu prieras, mais aussi quand tu reconnaîtras qu'il marche avec toi. Tu reconnaîtras qu'il marche avec toi à tout moment. Essayez de le découvrir et vous vivrez la belle expérience de vous savoir toujours accompagnés. C'est ce qu'ont vécu les disciples d'Emmaüs quand, alors qu'ils marchaient et discutaient dans le désarroi, Jésus s'est rendu présent et a "marché avec eux" (Lc 24, 15). Christus vivit 156).

Un jeune homme au Pape : "Pouvez-vous m'expliquer comment vous priez et pourquoi vous priez ? Le plus concrètement possible...".

Comment je prie... Je prends souvent la Bible, je lis un peu, puis je la pose et je laisse le Seigneur me regarder : c'est l'idée la plus courante de ma prière. Je le laisse me regarder. Et je ressens - mais ce n'est pas du sentimentalisme - je ressens profondément les choses que le Seigneur me dit. Parfois il ne parle pas... rien, vide, vide, vide, vide... mais patiemment je reste là, et ainsi je prie... je m'assieds, je prie assis, parce que ça me fait mal de m'agenouiller, et parfois je m'endors en priant... C'est aussi une façon de prier, comme un fils avec le Père, et c'est important : je me sens comme un fils avec le Père (Interview du Pape François à des jeunes en Belgique, 31-III-2014).

Jésus, maître de la prière

Jésus fait constamment appel au pouvoir de la prière. Les évangiles le montrent se retirant dans des endroits isolés pour prier. Ce sont des propos sobres et discrets, qui ne nous laissent que le soin d'imaginer ces dialogues de prière. Elles témoignent clairement que, même dans ses moments de plus grand dévouement aux pauvres et aux malades, Jésus n'a jamais négligé son dialogue intime avec le Père. Plus il était immergé dans les besoins des gens, plus il ressentait le besoin de se reposer dans la communion trinitaire, de revenir au Père et à l'Esprit.

Dans la vie de Jésus, il y a donc un secret, caché aux yeux des hommes, qui est au cœur de tout. La prière de Jésus est une réalité mystérieuse, dont nous ne pouvons qu'entrevoir quelque chose, mais qui nous permet de lire toute sa mission dans la bonne perspective. Dans ces heures solitaires - avant l'aube ou la nuit - Jésus se plonge dans son intimité avec le Père, c'est-à-dire dans l'Amour dont toute âme a soif. C'est ce qui ressort des premiers jours de son ministère public.

Un sabbat, par exemple, la petite ville de Capharnaüm est transformée en "hôpital de campagne" : après le coucher du soleil, tous les malades sont amenés à Jésus et il les guérit. Mais avant l'aube, Jésus disparaît : il se retire dans un endroit solitaire et prie. Simon et les autres le cherchent et, lorsqu'ils le trouvent, ils lui disent : "Ils te cherchent tous ! Que répond Jésus : "Allons ailleurs, dans les villages voisins, pour que j'y prêche aussi ; car c'est pour cela que je suis sorti" (cf. Mc 1,35-38). Jésus est toujours au-delà, au-delà dans la prière avec le Père et au-delà, dans d'autres villes, d'autres horizons pour aller prêcher, d'autres villes.

La prière est le gouvernail qui guide la route de Jésus. Les étapes de sa mission ne sont pas dictées par le succès, ni par le consensus, ni par cette phrase séduisante "tout le monde te cherche". Le chemin le moins confortable est celui qui trace la route de Jésus, mais qui obéit à l'inspiration du Père, que Jésus écoute et accueille dans sa prière solitaire.

Le Catéchisme affirme : "Par sa prière, Jésus nous apprend à prier" (n. 2607). Nous pouvons donc tirer de l'exemple de Jésus certaines caractéristiques de la prière chrétienne.

Tout d'abord, il a une primauté : c'est le premier désir de la journée, quelque chose qui se pratique à l'aube, avant que le monde ne s'éveille. Elle redonne à l'âme un souffle qui, sans elle, s'essoufflerait. Une journée vécue sans prière court le risque de devenir une expérience ennuyeuse, ou ennuyeuse : tout ce qui nous arrive pourrait devenir pour nous un destin insupportable et aveugle. Jésus, en revanche, éduque à l'obéissance à la réalité et donc à l'écoute. La prière est avant tout écoute et rencontre avec Dieu. Les problèmes quotidiens ne deviennent donc pas des obstacles, mais des appels de Dieu lui-même à écouter et à rencontrer celui qui est devant nous. Les épreuves de la vie deviennent ainsi des occasions de croissance de la foi et de la charité. Le chemin quotidien, y compris les fatigues, prend la perspective d'une "vocation". La prière a le pouvoir de transformer en bien ce qui, dans la vie, serait autrement une condamnation ; la prière a le pouvoir d'ouvrir un grand horizon à l'esprit et d'élargir le cœur.

Deuxièmement, la prière est un art qui doit être pratiqué avec insistance. Jésus lui-même nous dit : appelez, appelez, appelez. Nous sommes tous capables de prières épisodiques, nées de l'émotion d'un moment ; mais Jésus nous éduque à un autre type de prière : celle qui connaît une discipline, un exercice et qui est assumée à l'intérieur d'une règle de vie. Une prière persévérante produit une transformation progressive, nous rend forts dans les moments de tribulation, nous donne la grâce d'être soutenus par Celui qui nous aime et nous protège toujours.

Une autre caractéristique de la prière de Jésus est la solitude. Celui qui prie ne s'échappe pas du monde, mais préfère les lieux déserts. C'est là, dans le silence, que peuvent surgir de nombreuses voix que nous cachons dans l'intimité : les désirs les plus refoulés, les vérités que nous nous obstinons à étouffer, etc. Et surtout, c'est dans le silence que Dieu parle. Chacun a besoin d'un espace pour soi, où il peut cultiver sa vie intérieure, où les actions trouvent un sens. Sans vie intérieure, nous devenons superficiels, agités, anxieux - comme l'anxiété est mauvaise pour nous - c'est pourquoi nous devons aller à la prière ; sans vie intérieure, nous fuyons la réalité, et nous nous fuyons aussi nous-mêmes, nous sommes des hommes et des femmes toujours en fuite.

Enfin, la prière de Jésus est le lieu où nous percevons que tout vient de Dieu et qu'Il revient. Parfois, nous, les êtres humains, nous pensons être les maîtres de tout, ou au contraire nous perdons toute estime de nous-mêmes, nous passons d'un côté à l'autre. La prière nous aide à trouver la bonne dimension dans notre relation avec Dieu, notre Père, et avec toute la création. Et la prière de Jésus est finalement de nous abandonner entre les mains du Père, comme Jésus au Jardin des Oliviers, dans cette angoisse : "Père, s'il est possible..., que ta volonté soit faite". Abandon entre les mains du Père. C'est beau quand nous sommes anxieux, un peu inquiets et que l'Esprit Saint nous transforme de l'intérieur et nous conduit à cet abandon entre les mains du Père : "Père, que ta volonté soit faite" (Audience générale, 4-XI-2020).

Mais que se passe-t-il si Dieu ne répond pas à nos demandes ?

Il existe une réponse radicale à la prière, qui découle d'une observation que nous faisons tous : nous prions, nous demandons, mais il semble parfois que nos prières ne soient pas entendues : ce que nous avons demandé - pour nous-mêmes ou pour les autres - n'arrive pas. Nous faisons souvent cette expérience. Si, en plus, la raison pour laquelle nous avons prié était noble (comme l'intercession pour la santé d'un malade, ou pour la cessation d'une guerre), la non-réalisation nous semble scandaleuse. Par exemple, pour les guerres : nous prions pour la fin des guerres, ces guerres dans tant de parties du monde, pensez au Yémen, pensez à la Syrie, des pays qui sont en guerre depuis des années, des années ! Mais si Dieu est Père, pourquoi ne nous écoute-t-il pas ? Lui qui nous a assuré qu'il donne de bonnes choses aux enfants qui le lui demandent (cf. Mt 7, 10), pourquoi ne répond-il pas à nos demandes ? Nous en avons tous fait l'expérience : nous avons prié, prié pour la maladie de tel ami, de tel père, de telle mère, et puis ils sont partis, Dieu ne nous a pas écoutés. Nous en avons tous fait l'expérience.

Le Catéchisme nous donne une bonne synthèse de la question. Il nous met en garde contre le risque de ne pas vivre une expérience de foi authentique, mais de transformer la relation avec Dieu en quelque chose de magique. La prière n'est pas une baguette magique : c'est un dialogue avec le Seigneur. En effet, lorsque nous prions, nous pouvons courir le risque de ne pas être ceux qui servent Dieu, mais de prétendre que c'est Dieu qui nous sert (cf. n. 2735). Il s'agit donc d'une prière toujours exigeante, qui veut diriger les événements selon notre conception, qui n'admet pas d'autres projets que nos désirs. Jésus, cependant, a eu une grande sagesse en mettant le "Notre Père" sur nos lèvres. Il s'agit d'une prière de demandes, comme nous le savons, mais les premières que nous prononçons sont toutes du côté de Dieu. Elles demandent l'accomplissement non pas de notre plan, mais de Sa volonté par rapport au monde. Mieux vaut le laisser faire : "Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite" (Mt 6, 9-10) (Audience générale, 26 mai 2021).

L'exemple et l'aide de la Vierge

Marie ne dirige pas sa vie de manière autonome : elle attend que Dieu prenne les rênes de son chemin et la guide là où Il veut qu'elle aille. Elle est docile et, par sa disponibilité, elle prédispose les grands événements qui impliquent Dieu dans le monde... Il n'y a pas de meilleure façon de prier que de se placer, comme Marie, dans une attitude d'ouverture, de cœur ouvert à Dieu : "Seigneur, tout ce que Tu voudras, quand Tu le voudras et comme Tu le voudras". En d'autres termes, un cœur ouvert à la volonté de Dieu...

Marie accompagne toute la vie de Jésus dans la prière, jusqu'à la mort et à la résurrection ; et à la fin, elle continue et accompagne les premiers pas de l'Église naissante (cf. Ac 1, 14). Marie prie avec les disciples qui ont vécu le scandale de la croix. Elle prie avec Pierre, qui a cédé à la peur et pleuré de repentir. Marie est là, avec les disciples, au milieu des hommes et des femmes que son Fils a appelés à former sa Communauté....

Priant avec l'Église naissante, elle devient la Mère de l'Église, accompagnant les disciples dans les premiers pas de l'Église, dans la prière, dans l'attente de l'Esprit Saint. En silence, toujours en silence. La prière de Marie est silencieuse. L'Évangile nous rapporte une seule prière de Marie : à Cana, lorsqu'elle demande à son Fils pour ces pauvres qui vont faire mauvaise figure à la fête.

Marie est présente parce qu'elle est mère, mais elle est aussi présente parce qu'elle est le premier disciple, celui qui a appris les meilleures choses de Jésus. Marie ne dit jamais : "Viens, je vais arranger les choses". Certains ont comparé le cœur de Marie à une perle d'une incomparable splendeur, formée et adoucie par l'acceptation patiente de la volonté de Dieu à travers les mystères de Jésus médités dans la prière. Comme il est beau que nous puissions, nous aussi, ressembler un peu à notre Mère ! Avec un cœur ouvert à la Parole de Dieu, avec un cœur silencieux, avec un cœur obéissant, avec un cœur qui sait accueillir la Parole de Dieu et la faire croître avec une semence du bien de l'Église (Audience générale, 18-XI-2020).

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