Les enseignements du Pape

La route vers Pâques 

Qu'est-ce qui est essentiel dans la vie chrétienne et comment pouvons-nous en être sûrs ? Le pape François a souligné que le Carême est un bon moment pour "revenir à l'essentiel". C'est quelque chose que nous pouvons toujours faire, mais dans la période qui précède Pâques, cela prend une signification plus intense.

Ramiro Pellitero-2 avril 2023-Temps de lecture : 8 minutes
Pâques

Les enseignements du Pape sur le sens du Carême - la préparation du Carême et la Pâques-Depuis le mercredi des Cendres, il s'est concentré sur l'Angélus de ces dimanches. Il y marche sur les traces des passages évangéliques proposés par la liturgie : les tentations du Seigneur, sa transfiguration, la rencontre avec la Samaritaine, la guérison de l'aveugle-né et la résurrection de Lazare.

Il est temps de "revenir à l'essentiel

Dans son homélie du mercredi des Cendres, célébrée dans la basilique de Sainte-Sabine (22-II-2023), le Pape a présenté le Carême - comme une brève synthèse d'une dimension importante de la vie chrétienne - comme "... un moment de grande importance pour la vie chrétienne".le bon moment pour revenir à l'essentiel" ; c'est-à-dire "pour nous dépouiller de ce qui nous pèse, pour nous réconcilier avec Dieu, pour raviver le feu de l'Esprit Saint qui habite caché dans les cendres de notre fragile humanité. Retour aux sources". Un temps de grâce pour "pour revenir à l'essentiel, qui est le Seigneur". Ainsi, le rite des cendres nous introduit dans ce chemin de retour, nous invite - souligne François - " ... à prendre la cendre comme signe de notre retour ".pour revenir à ce que nous sommes vraiment y pour revenir à Dieu et aux frères". 

"Dieu vit aussi le Carême".

Il a utilisé cette expression pour distinguer deux étapes. Le Carême, d'abord, comme un temps de "retour à ce que nous sommes", et ensuite comme un temps de "retour à ce que nous sommes".. Et nous, qu'est-ce que nous sommes ? Nous sommes des créatures qui viennent de la terre et qui ont besoin du ciel, mais nous retournerons d'abord à la poussière, puis nous renaîtrons de nos cendres. Dieu nous a créés, nous sommes à lui, nous lui appartenons. Et le pape de formuler quelque chose de tout à fait original : "Nous sommes des créatures de Dieu, nous lui appartenons.En tant que Père tendre et miséricordieux, il vit aussi le Carême, parce qu'il nous désire, nous attend, attend notre retour et nous encourage toujours à ne pas désespérer, même lorsque nous tombons dans la poussière de notre fragilité et de notre péché".

Dieu "sait bien que nous ne sommes que poussière" (Ps 103, 14). Et le successeur de Pierre observe : "... nous ne sommes pas poussière" (Ps 103, 14).Cependant, nous l'oublions souvent, pensant que nous sommes autosuffisants, forts, invincibles sans lui ; nous nous maquillons pour croire que nous sommes meilleurs que nous ne le sommes. Nous sommes de la poussière".

D'où la nécessité de se désinvestir "Le désir de se placer au centre, d'être le premier de la classe, de penser que seules nos capacités nous permettent d'être les protagonistes de la vie et de transformer le monde qui nous entoure". 

En d'autres termesC'est "'un temps de vérité' pour enlever les masques que nous portons chaque jour en prétendant être parfaits aux yeux du monde ; pour lutter, comme Jésus nous l'a dit dans l'Évangile, contre le mensonge et l'hypocrisie. Non pas celles des autres, mais les nôtres ; les regarder en face et se battre".

Quitter le rempart du moi

En revenant à l'essentiel de ce que nous sommes devant Dieu, poursuit le Pape, le Carême nous apparaît comme "... un temps de prière et d'oraison".un temps propice pour renouer avec Dieu et les autres, pour s'ouvrir en silence à la prière et sortir du rempart du moi fermé, pour briser les chaînes de l'individualisme.et de l'isolement et de redécouvrir, par la rencontre et l'écoute, qui est celui ou celle qui marche à nos côtés chaque jour, et de réapprendre à l'aimer comme un frère ou une sœur.".

Comment y parvenir ? Le Carême propose trois moyens principaux : l'aumône, la prière et le jeûne. Si nous nous plaçons humblement sous le regard du Seigneur, alors "... nous pourrons faire tout cela".l'aumône, la prière et le jeûne ne restent pas des gestes extérieurs, mais expriment ce que nous sommes vraiment : des enfants de Dieu et des frères et sœurs parmi nous.".

Il s'agit donc de "des jours favorables pour nous rappeler que le monde ne se limite pas à nos besoins personnels [...], pour donner à Dieu la primauté dans nos vies, [...] pour arrêter la dictature des agendas toujours remplis de choses à faire, des prétentions d'un ego de plus en plus superficiel et encombrant, et pour choisir ce qui est vraiment important.". 

Sur le chemin de Pâques - propose l'évêque de Rome- Fixons notre regard sur le Crucifié [...]. Et au bout du chemin, nous trouverons avec une plus grande joie le Seigneur de la vie ; nous le trouverons, lui seul, qui nous fera renaître de nos cendres".".

Pas de dialogue avec le diable

Le deuxième dimanche (Angélus, 26-II-2023), François a contemplé la scène des tentations du Seigneur et son combat contre le diable (cf. Mt 4, 1-11). Le diable, spécialiste de la division, cherche à séparer Jésus du Père, "...et à faire de la vie du diable un mystère".de l'éloigner de sa mission d'unité pour nous". Cette unité qui consiste à nous faire participer à l'amour qui unit les Personnes divines du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Les poisons de la division

Le pape interprète la scène : Le malin tente alors d'instiller en lui [Jésus] trois "poisons" puissants afin de paralyser sa mission d'unité. Et ces poisons sont l'attachement - l'attachement à des besoins tels que la faim -, la méfiance - envers son Père - et le pouvoir - la soif de pouvoir".. 

François ajoute que ce sont aussi des tentations que le diable utilise avec nous, ".pour nous séparer du Père et faire en sorte que nous ne nous sentions plus frères et sœurs les uns des autres ; il s'en sert pour nous enfoncer dans la solitude et le désespoir.". 

Mais Jésus vainc le diable sans dialogue, sans négociation et sans discuter avec lui. Il le confronte à la Parole de Dieu qui parle de liberté par rapport aux choses (cf. Dt 8, 3), de confiance (cf. Dt 6, 16) et de service à Dieu (cf. Dt 6, 13). 

C'est là que Francis prend ses marques pour nous poser des questions et nous donner des conseils : "Quelle est la place de la Parole de Dieu dans ma vie ? Est-ce que je me tourne vers la Parole de Dieu dans mes luttes spirituelles ? Si j'ai un vice ou une tentation qui revient sans cesse, pourquoi ne pas chercher un verset de la Parole de Dieu qui répond à ce vice ? Puis, lorsque la tentation se présente, je le récite, je le prie, en me fiant à la grâce du Christ.".

La beauté lumineuse de l'Amour

Le deuxième dimanche de Carême nous place dans la transfiguration du Seigneur (cf. Mt 17, 1-9), qui manifeste toute sa beauté de Fils de Dieu. Le Pape pose une question qui n'est pas du tout évidente pour nous : "La transfiguration du Seigneur est-elle une question pour nous ?en quoi consiste cette beauté ?". Et il répond qu'elle ne consiste pas en un effet spécial, mais que, puisque Dieu est Amour, elle consiste en "...".la splendeur de l'Amour divin incarné dans le Christ". Les disciples connaissaient déjà le visage de l'Amour, mais ils n'en avaient pas réalisé la beauté.

Marcher, servir, aimer

Or, la beauté de Dieu leur est montrée de cette manière : comme un avant-goût du paradis, qui les prépare à reconnaître cette même beauté".quand il monte à la croix et que son visage est défiguré".. Pierre aurait voulu arrêter le temps, mais Jésus ne veut pas éloigner ses disciples de la réalité de la vie, qui inclut le chemin pour le suivre jusqu'à la croix. "La beauté du Christ -François semble répondre à certains penseurs modernes tels que Marx et Nietzsche. elle n'est pas aliénante, elle vous fait toujours avancer, elle ne vous fait pas vous cacher : continuez !".

C'est un enseignement pour nous. Être avec Jésus, c'est comme "nous apprenons à reconnaître sur son visage la beauté lumineuse de l'amour qui se donne, même lorsqu'il porte les marques de la croix"..

Et non seulement cela, mais nous pouvons aussi apprendre à découvrir la lumière de l'amour de Dieu dans les autres : ".C'est à leur école que nous apprenons à saisir la même beauté dans les visages des personnes qui nous côtoient chaque jour : membres de la famille, amis, collègues, ceux qui s'occupent de nous de diverses manières.. Combien de visages lumineux, combien de sourires, combien de rides, combien de larmes et de cicatrices parlent d'amour autour de nous ! Apprenons à les reconnaître et à en remplir nos cœurs.". 

La conséquence doit être de se mettre en mouvement".d'apporter aux autres la lumière que nous avons reçue, par les œuvres concrètes de l'amour (cf. 1 Jn 3:18), se plonger plus généreusement dans les tâches quotidiennes, aimer, servir et pardonner avec plus d'enthousiasme et de disponibilité".

La soif de Dieu et notre soif 

L'Évangile du troisième dimanche de Carême présente la rencontre de Jésus avec la Samaritaine (cf. Jn 4, 5-42) : "une des plus belles et des plus fascinantes rencontres". du Seigneur (cf. Angelus, 12-III-2023).

Il lui demande : "donnez-moi à boire".. Il s'agit, explique le pape, d'un ".image de l'humiliation de Dieu". Jésus a voulu se lier à notre pauvreté, à notre petitesse, parce qu'il a soif et qu'il a soif de chacun de nous. 

Avec une argumentation augustinienne, François explique : "...La soif de Jésus, en effet, n'est pas seulement physique, elle exprime la soif la plus profonde de notre vie : c'est avant tout la soif de notre amour. Il est plus qu'un mendiant, il a soif de notre amour. Et elle émergera au point culminant de la passion, sur la croix ; là, avant de mourir, Jésus dira : " J'ai soif " (Jn 19,28). C'est cette soif d'amour qui l'a conduit à descendre, à s'humilier, à se faire l'un de nous".

Mais c'est le Seigneur qui donne à boire à la Samaritaine. Il lui parle de l'eau vive de l'Esprit Saint, qu'il répand de la croix, avec son sang, de son côté ouvert (cf. Jn 19,34).

Il en va de même pour nous : "Jésus, assoiffé d'amour, étanche notre soif par l'amour. Et il fait avec nous ce qu'il a fait avec la Samaritaine : il va à notre rencontre dans notre vie quotidienne, il partage notre soif, il nous promet l'eau vive qui fait jaillir en nous la vie éternelle (cf. Jn 4,14)".

Tout le monde a (a) soif

Jésus ne demande pas seulement à boire, mais, comme il le fait avec la Samaritaine,"nous demande de prendre soin de la soif des autres".Nous l'entendons de la part de tant de personnes - en famille, au travail, dans les autres lieux que nous fréquentons - qui ont soif de proximité, d'attention, d'écoute ; nous l'entendons de la part de ceux qui ont soif de la Parole de Dieu et qui ont besoin de trouver dans l'Église une oasis où s'abreuver. C'est ce que nous dit notre société, où dominent la précipitation, l'empressement à consommer et surtout l'indifférence, cette culture de l'indifférence qui génère l'aridité et le vide intérieur. "Ne l'oublions pas, dit Franciscodonne-moi à boire" est le cri de tant de frères et sœurs qui manquent d'eau.de vivre, alors que nous continuons à polluer et à défigurer notre maison commune qui, elle aussi, épuisée et assoiffée, a soif".

Nous aussi, comme la Samaritaine, propose François, nous devons cesser de penser à étancher notre soif (matérielle, intellectuelle ou culturelle), "Mais avec la joie d'avoir rencontré le Seigneur, nous pourrons satisfaire les autres : donner un sens à la vie des autres, non pas en tant que propriétaires, mais en tant que serviteurs de cette Parole de Dieu qui nous a rassasiés, qui nous rassasie continuellement ; nous pourrons comprendre leur soif et partager l'amour qu'Il nous a donné".

Et le pape nous invite à nous interroger : "Ai-je soif de Dieu, ai-je conscience que j'ai besoin de son amour comme de l'eau pour vivre ? Et puis, moi qui ai soif, est-ce que je me préoccupe de la soif des autres, de la soif spirituelle, de la soif matérielle ?"

Attitudes du cœur humain devant Jésus

Le quatrième dimanche, l'Évangile montre Jésus rendant la vue à un aveugle de naissance (cf. Jn 9, 1-41). Mais ce prodige", observe François, "n'est pas bien accueilli par divers individus et groupes". (cf. Angelus19-III-2023). Dans ses attitudes, nous voyons les attitudes fondamentales du cœur humain à l'égard de Jésus : "le bon cœur humain, le cœur humain tiède, le cœur humain craintif, le cœur humain courageux". 

D'un côté, il y a les disciples qui, face au problème de l'aveugle, veulent chercher un coupable au lieu de se demander ce qu'ils doivent faire.

Et puis il y a les voisins, qui sont sceptiques : ils ne croient pas que celui qui voit maintenant soit le même aveugle qu'avant. Quant aux parents, ils ne veulent pas d'ennuis, surtout avec les autorités religieuses. 

Ils prétendent tous être "Les cœurs fermés au signe de Jésus, pour diverses raisons : parce qu'ils cherchent un coupable, parce qu'ils ne savent pas s'étonner, parce qu'ils ne veulent pas changer, parce qu'ils sont bloqués par la peur, parce qu'ils ne savent pas s'étonner, parce qu'ils ne veulent pas changer.".

Cela nous arrive aussi aujourd'hui, dit Francisco : "Face à quelque chose qui est vraiment un message de témoignage d'une personne, un message de Jésus, nous tombons dans ce travers : nous cherchons une autre explication, nous ne voulons pas changer, nous cherchons une issue plus élégante que d'accepter la vérité".

Laissez-vous guérir pour voir

Et nous en arrivons au fait que le seul qui réagit bien est l'aveugle. "Il est heureux de voir, il témoigne de ce qui lui est arrivé de la manière la plus simple : "J'étais aveugle et maintenant je vois". Il dit la vérité". Il ne veut rien inventer ni cacher, il n'a pas peur du qu'en-dira-t-on, parce que Jésus lui a donné toute sa dignité, sans même lui demander merci, et l'a fait renaître.

"Et c'est clair". -Francisco souligne-C'est toujours le cas : lorsque Jésus nous guérit, il nous rend notre dignité, la pleine dignité de la guérison de Jésus, une dignité qui vient des profondeurs de notre cœur, qui s'empare de toute notre vie.".

Comme il le fait si souvent, François nous interroge sur la même scène : "...Quelle position avons-nous adoptée, qu'aurions-nous dit à l'époque ? [...] Nous laissons-nous emprisonner par la peur de ce que les gens vont penser ? [Comment accueillons-nous les personnes qui ont tant de limitations dans la vie, qu'elles soient physiques, comme cet aveugle, ou sociales, comme les mendiants que nous rencontrons dans la rue ? Accueillons-nous cela comme une malédiction ou comme une occasion de leur tendre la main avec amour ?

Et le successeur de Pierre nous conseille de demander "la grâce de nous étonner chaque jour des dons de Dieu et de voir dans les diverses circonstances de la vie, même les plus difficiles à accepter, des occasions de faire le bien, comme Jésus l'a fait avec l'aveugle".

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