À ces trois occasions, il a fourni des indications pour "marcher ensemble" dans ce synode qui commence maintenant dans sa phase locale, se poursuit, à partir de mars 2022, dans une phase nationale-continentale, et se termine à la réunion des évêques à Rome en octobre 2023.
"Prendre le synode au sérieux".
Dans son discours aux fidèles du diocèse de Rome (18-IX-21), François a rappelé le thème du synode actuel, ou plutôt du processus synodal actuel : Pour une Église synodale : communion, participation, mission. Il a expliqué qu'il ne s'agit pas d'un sondage pour recueillir des opinions, mais d'écouter l'Esprit Saint.
Il a ajouté qu'il ne s'agit pas non plus d'un " chapitre " ajouté à l'ecclésiologie, et encore moins d'une mode ou d'un slogan ; il s'agit plutôt de "La synodalité exprime la nature de l'Église, sa forme, son style, sa mission".. Parler d'une " Église synodale ", c'est donner un nom à ce que les premiers chrétiens vivaient déjà selon le livre des Actes des Apôtres : " un cheminement ensemble " de Jérusalem vers tous les lieux pour apporter la Parole de Dieu et le message de l'Évangile. Tous se savaient protagonistes et responsables du service aux autres. Tous ont soutenu l'autorité par leur vie et leur discernement de ce qui était le mieux à faire, à garder ou à éviter.
Inévitablement, a poursuivi le pape, ce voyage implique des contrastes, et parfois des tensions. Mais l'expérience de l'action et de l'inspiration du Saint-Esprit sur les apôtres les a aidés à comprendre et à décider :"L'Esprit Saint et nous avons décidé de ne pas vous imposer plus de charges que nécessaire". (Actes 15:28). C'est, comme le souligne François, l'orientation fondamentale de la synodalité et plus particulièrement du processus synodal que nous entamons. La tentation de faire cavalier seul est toujours présente. Mais nous avons l'Esprit Saint comme témoin de l'amour de Dieu et de cette "largeur hospitalière", cette catholicité, qui signifie l'universalité à travers le temps et le lieu.
François a ensuite souligné l'importance de la première phase, la phase diocésaine du processus synodal, où se manifeste le "sens de la foi" du peuple de Dieu (le "sens de l'odorat" des brebis, que nous sommes tous), avec les conseils des bergers et des fidèles qui les aident à guider le troupeau du Christ (infaillible "en croyant", comme le dit le Concile Vatican II) ; avec la capacité, donc, de trouver de nouvelles voies ou de retrouver le chemin perdu.
En effet. La participation à la vie de l'Église ne consiste pas seulement à se savoir et à se sentir en faire partie, intérieurement et spirituellement, et à participer de manière appropriée à ses sacrements pour ensuite, chacun à sa place, faire fermenter le monde avec la vie et la lumière de l'Évangile. Ce serait déjà très important, comme base pour la traduction opérationnelle de ce mystère de communion et de mission qu'est l'Église. En outre, la participation à la vie de l'Église conduit à également à sentir responsable de l'institution ecclésiastiqueLa mission d'évangélisation est une mission divine, humaine et sociale, chacun selon sa condition et sa vocation, pour le bien de la mission évangélisatrice.
Il s'agit d'avoir touscomme le soulignent les documents destinés à guider le processus synodal (le document préparatoire et le vade-mecum). Tous, aussi les pauvresLes marginaux, ceux qui sont mis au rebut par la société, même si cela peut sembler difficile ou utopique. Accueillir les misères de tous, aussi celles de chacun, celles qui sont notre. Mais - souligne le pape - " Si nous n'incluons pas les misérables - entre guillemets - de la société, les laissés-pour-compte, nous ne pourrons jamais prendre en charge nos misères ". Et c'est important : que les misères de chacun puissent émerger dans le dialogue, sans justification. N'ayez pas peur".. De cette façon, l'Église peut être, comme l'a voulu le Concile Vatican II, une école de fraternité (cf. Lettre encyclique Fratelli tutti). François insiste sur le fait que tous les prendre le synode au sérieuxsans laisser personne en dehors ou derrière.
Celle-ci, en effet, a de multiples aspects : spirituels, sacramentels, disciplinaires, dans l'unité de l'action de l'Esprit Saint et dans la diversité de ses charismes dans l'Église et pour le monde. Il y a aussi, comme nous l'avons déjà dit, le parcours institutionnel de l'Église dans le concert de l'histoire et au milieu de la société. Nous devons tous, en "coopération organique", jouer notre rôle dans ce voyage, chacun selon sa vocation, ses dons, ses ministères (ordonnés et non ordonnés) et ses charismes spécifiques. Il s'agit également d'une manifestation de la relation entre l'institution et les charismes.
Clés et risques
Par la suite, dans son discours d'inauguration du processus synodal (9 octobre 2011), le pape François a précisé que clés (communion, participation, mission), risques (formalisme, intellectualisme, immobilisme) et opportunités (Église synodale, écoute, proximité).
Tout d'abord, trois clés. Le site communion exprime la nature de l'Église. Le site missionLa tâche de l'Église de proclamer le Royaume de Dieu, dont elle est la semence et le germe. Selon Saint Paul VI, "deux grandes lignes énoncées par le conseil".. À l'occasion du cinquième anniversaire, il a déclaré que ses grandes lignes avaient été les suivantes : "la communion, c'est-à-dire la cohésion et la plénitude intérieure, dans la grâce, la vérité et la collaboration [...], et la mission, qui est l'engagement apostolique dans le monde contemporain". (Angelus, 11 octobre 1970).
Vingt ans plus tard, à la fin du synode de 1985, saint Jean-Paul II a réaffirmé la nature de l'Église comme "communion" (koinonia), d'où découle la mission d'être un signe de l'union intime de la famille humaine avec Dieu. Et il a exprimé l'opportunité de tenir des synodes dans l'Église qui seraient préparés par les Églises locales avec l'aide de la Commission européenne. participation de tous (cf. Discours de clôture de la Deuxième Assemblée Extraordinaire du Synode des Évêques, 7 décembre 1985).
Il en est ainsi, précise François, parce que la participation authentique est une expression vivante de l'être de l'Église, comme une exigence de la foi baptismale. Du baptême dérive "une dignité identique de fils de Dieu, même dans la différence des ministères et des charismes"..
Ce que dit le Pape est important. La théologie catholique souligne la réalité de la le sacerdoce commun des fidèlesqui confère aux baptisés la dignité commune (prophétique, sacerdotale et royale) et les pousse (par le service du sacerdoce ministériel) à toutes les tâches qu'ils peuvent et doivent affronter en tant que chrétiens. En outre, le sacerdoce commun a le potentiel d'assumer de manière dynamique des charismes très divers au service de la mission de l'Église. Et nous voyons aujourd'hui comment certains de ces charismes se rapportent aux "ministères" (ordonnés ou non) ou aux fonctions que les fidèles peuvent assumer.
François a poursuivi en disant que le synode doit garder à l'esprit que trois risques. Le site formalismequi la réduirait à une belle façade, plutôt qu'à un chemin de discernement spirituel efficace. A cette fin "Nous avons besoin de la substance, des instruments et des structures qui favorisent le dialogue et l'interaction entre le peuple de Dieu, en particulier entre prêtres et laïcs".éviter le cléricalisme.
Le site intellectualismeen deuxième position : "c'est-à-dire l'abstraction ; la réalité va dans un sens et nous, avec nos réflexions, dans l'autre".. Cela risquerait de transformer le synode en un groupe d'étude qui ne s'occupe pas des vrais problèmes de l'Église et des maux du monde.
Et puis il y a la tentation de la l'immobilité. La tentation de ne pas changer en invoquant le principe du "cela a toujours été fait de cette façon" (cfr. Evangelii gaudium33), sans tenir compte de l'action de l'Esprit Saint, des temps dans lesquels nous vivons, des besoins et de l'expérience de l'Église également dans le présent. S'ils s'en étaient tenus à ce principe, Pierre et Paul n'auraient pas été en mesure de discerner l'extension de l'Évangile aux Gentils.
Opportunités
Le synode est donc une occasion de rencontre, d'écoute et de réflexion. C'est un temps de grâce qui peut nous permettre de saisir au moins trois possibilités. L'occasion, tout d'abord, de "d'évoluer non pas ponctuellement mais structurellement vers une Église synodale".c'est-à-dire "un lieu ouvert où chacun se sent chez soi et peut participer".. En effet, et ce, par fidélité à l'évangile : une fidélité qui est dynamique comme toujours lorsqu'il s'agit de personnes : savoir changer sa façon de s'exprimer ou de faire les choses lorsque les circonstances changent ou que de nouveaux besoins apparaissent.
Une autre possibilité est d'être Église à l'écoute, du culte et de la prière. Et puis "pour écouter les frères et sœurs sur les espoirs et les crises de la foi dans les différentes parties du monde, le besoin urgent de renouvellement de la vie pastorale et les signes provenant des réalités locales". C'est aussi parce que l'Évangile s'appuie sur la diversité des cultures (inculturation) pour se répandre et enrichir ses expressions.
Enfin, le synode est l'occasion d'être une Église à proximitéde compassion et de tendresse. Une Église qui favorise la présence et l'amitié. "Une Église qui ne se sépare pas de la vie, mais qui assume les fragilités et les pauvretés de notre temps, en soignant les blessures et en guérissant les cœurs brisés avec le baume de Dieu". N'oublions pas, demande François, le style de Dieu qui doit nous aider : proximité, compassion et tendresse.
Trouver, écouter, discerner
Enfin, dans son homélie d'ouverture du Synode des évêques (10-X-2021), le pape a résumé l'objectif du processus synodal par trois verbes : trouver, écouter, discerner.
S'inspirant de l'Évangile du jour (cf. Mc 10, 17 et suiv.), François évoque comment Jésus marche dans l'histoire et partage les vicissitudes de l'humanité. Il rencontre l'homme riche, écoute ses questions et l'aide à discerner ce qu'il doit faire pour hériter de la vie éternelle.
D'abord, la réunion. Nous aussi, nous devons prendre le temps d'être avec le Seigneur dans la prière et le culte, et ensuite nous devons prendre le temps d'être avec le Seigneur dans la prière et le culte. "se rencontrer face à face, se laisser toucher par les questions de nos sœurs et frères, s'entraider pour que la diversité des charismes, des vocations et des ministères nous enrichisse".. "Pas de formalités, pas de mensonges, pas de maquillage"..
Deuxièmement, l'écoute. Jésus écoute sans se presser l'agitation religieuse et existentielle de cet homme. Il ne lui propose pas une solution toute faite pour se débarrasser de lui et continuer son chemin. "Et surtout, Jésus n'a pas peur qu'on l'écoute avec le cœur et pas seulement avec les oreilles".. Il ne se contente pas de répondre à votre question, mais vous raconte son histoire et parle librement. "Lorsque nous écoutons avec le cœur, voici ce qui se passe : l'autre se sent accueilli, non jugé, libre de raconter son expérience de vie et son chemin spirituel".
Et ici, le Pape nous met au défi de voir si notre capacité d'écoute est telle, pour découvrir avec émerveillement le souffle de l'Esprit Saint, qui suggère de nouveaux chemins et de nouveaux langages.. "C'est un exercice lent, peut-être fatigant, que d'apprendre à s'écouter mutuellement - évêques, prêtres, religieux et laïcs, nous tous, tous les baptisés - en évitant les réponses artificielles et superficielles".. "L'Esprit nous demande d'écouter les questions, les préoccupations et les espoirs de chaque Église, de chaque peuple et de chaque nation. Et aussi d'écouter le monde, les défis et les changements qu'il nous propose. Et pour tout cela, le Pape nous demande :" N'insonorisons pas nos cœurs, ne nous blindons pas dans nos certitudes. Les certitudes nous enferment si souvent. Ecoutons nous les uns les autres.
Enfin, surdiscernement. Dans son dialogue avec le jeune homme riche, Jésus l'aide à discerner : " Il lui propose de regarder son intérieur, à la lumière de l'amour dont Lui-même, en le regardant, l'aime (cf. v. 21), et de discerner à cette lumière ce à quoi son cœur est vraiment attaché ". Pour qu'il découvre alors que son bien n'est pas d'ajouter d'autres actes religieux mais, au contraire, de se vider de lui-même, de vendre ce qui occupe son cœur pour faire place à Dieu" (cf. v. 21)..
Ceci, note Francis, est une indication précieuse pour nous aussi. "Le synode est un chemin de discernement spirituel, de discernement ecclésial, qui se déroule dans le culte, dans la prière, au contact de la Parole de Dieu".. Il ne s'agit pas d'une "convention" ecclésiale, ni d'une conférence d'étude, ni d'un congrès politique. Pas un parlement, mais un événement de grâce, un processus de guérison conduit par l'Esprit.
Jésus nous appelle maintenant à nous vider et à nous libérer de ce qui est mondain, également de nos fermetures et de nos habitudes. Se demander ce que Dieu veut nous dire en ce moment et dans quelle direction il veut nous conduire. Être ouvert aux surprises de l'Esprit Saint. Et pour cela, le Pape nous appelle à apprendre à exercer la synodalité. le faire en fait. Cela exige, outre la prière, un engagement à améliorer la formation de tous, petit à petit, en tenant compte des circonstances actuelles.
Le but d'un synode n'est pas simplement la visibilité de la participation ou la production de documents. Comme l'affirme poétiquement le document préparatoire en citant François, c'est "faire germer les rêves, susciter des prophéties et des visions, faire fleurir les espoirs, stimuler la confiance, lier les blessures, tisser des relations, ressusciter une aube d'espoir, apprendre les uns des autres, et créer un imaginaire positif qui éclaire les esprits, enflamme les cœurs, donne de la force aux mains". (Discours au début du synode consacré aux jeunes, 3 octobre 2018).