Le pape François a effectué une visite pastorale en Belgique du 26 au 29 septembre. et le Luxembourg.
Les enseignements tirés de cette visite brève et intense s'articulent autour de deux slogans : "Servir" et "En route, avec espoir".
Bienvenue, mission, joie
"Servir" était sa devise au LuxembourgUn pays qui s'est engagé, après la Seconde Guerre mondiale, à promouvoir l'unité et la solidarité en Europe.
Lors de sa rencontre avec la communauté catholique dans la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg, il a inauguré un Jubilé marial pour marquer quatre siècles de dévotion à la Vierge Marie. Maria, Réconfort des affligés, patronne du pays.
Il s'est arrêté sur trois mots : service, mission et joie.. En ce qui concerne le service, il a souligné l'esprit d'accueil : "Je vous encourage à rester fidèles à cet héritage, à cette richesse que vous possédez, à continuer à faire de votre pays une maison accueillante pour tous ceux qui frappent à votre porte pour demander de l'aide et de l'hospitalité."(Discours, 26-IX-2024). Un devoir de justice et de charité, qui conduit, comme l'a dit Jean-Paul II dans ce pays en 1985, à partager le message de l'Evangile "dans la parole de l'annonce et dans les signes de l'amour".. François a insisté sur l'unité entre la parole de l'annonce et les signes de l'amour, en ce moment en Europe et dans le monde.
En ce qui concerne le missionIl a souligné que l'Eglise, dans le contexte d'une société sécularisée comme la société européenne, doit progresser, mûrir et grandir : "...l'Eglise, dans le contexte d'une société sécularisée comme la société européenne, doit progresser, mûrir et grandir : ".Elle ne se replie pas sur elle-même, triste, résignée, rancunière, non, mais elle accepte le défi, en fidélité aux valeurs de toujours, de redécouvrir et de revaloriser de façon nouvelle les chemins de l'évangélisation, en passant de plus en plus d'une simple proposition de soin pastoral à une proposition d'annonce missionnaire.".
Troisièmement, il a souligné que notre foi ".est joyeuse, "dansante", car elle nous montre que nous sommes les enfants d'un Dieu ami de l'homme, qui veut que nous soyons heureux et unis, et que rien ne lui fait plus plaisir que notre salut.".
Deux calamités du moment
Ya en Belgique La visite papale - un pont entre les mondes germanique et latin, entre le sud et le nord de l'Europe, entre le continent et les îles britanniques - s'est déroulée sous l'emblème "En chemin, avec espoir".
En plus de constater les "deux calamités" du temps présent, l'hiver démographique et l'enfer de la guerre, François a souligné que l'Église est consciente des douloureux anti-témoignages en son sein, à savoir les maltraitance des enfantsLe roi des Belges et le Premier ministre y ont fait référence dans leurs discours. Le Pape a indiqué qu'il est nécessaire de demander pardon et de résoudre cette situation avec humilité. Il faut, a-t-il ajouté, "que l'Église trouvera toujours en elle la force d'agir avec clarté et de ne pas se conformer à la culture dominante, même lorsque celle-ci utilise - en les manipulant - des valeurs dérivées de l'Évangile, mais seulement pour en tirer des conclusions illégitimes, avec les fardeaux de souffrance et d'exclusion qui en découlent". (Réunion avec les autorités et la société civile, Bruxelles, 27-IX-2024).
Élargir les frontières
Le 27 septembre, le successeur de Pierre a rencontré les professeurs de l'Université catholique de Louvain. Il a commencé par énoncer la première mission de l'université : ".Offrir une formation complète afin que les personnes acquièrent les outils nécessaires pour interpréter le présent et projeter l'avenir". Dans cette optique, il a souligné que les universités devraient être des "espaces générateurs" de culture, de passion pour la recherche de la vérité et au service du progrès humain.En particulier, les athénées catholiques, comme celui-ci, sont appelés à "apporter la contribution décisive du levain, du sel et de la lumière de l'Évangile de Jésus-Christ et de la Tradition vivante de l'Église, qui est toujours ouverte à de nouveaux scénarios et à de nouvelles propositions"." (Const. ap. Veritatis gaudium, 3).
Dans ce contexte, le Pape les a appelés à "repousser les frontières de la connaissance".. "Il ne s'agit pas de a-t-il expliqué. de multiplier les notions ou les théories, mais de faire de la formation académique et culturelle un espace vital, qui embrasse la vie et la questionne.".
De cette manière, les tentations de la pensée faible (et relativiste) et du rationalisme scientiste ou matérialiste peuvent être surmontées. Deux tentations liées l'une à l'autre par un renoncement ou un réductionnisme par rapport à la vérité.
"D'une part, nous sommes immergés dans une culture marquée par le renoncement à la recherche de la vérité ; nous avons perdu la passion inquiète de la recherche, pour nous réfugier dans le confort de la pensée faible - le drame de la pensée faible - pour nous réfugier dans la conviction que tout est pareil, qu'une chose vaut la même chose qu'une autre, que tout est relatif".
"D'autre part, lorsque l'on parle de vérité à l'université ou dans d'autres contextes, on tombe souvent dans une attitude rationaliste, selon laquelle seul ce que l'on peut mesurer, expérimenter et toucher peut être considéré comme vrai, comme si la vie se réduisait uniquement à la matière et au visible. Dans les deux cas, les limites sont réduites".
À propos de ces deux attitudes, le pape a parlé de "lassitude de l'esprit" et de "rationalisme sans âme", en les illustrant par Kafka et Guardini. La recherche de la vérité est certainement épuisante", a-t-il déclaré, "parce qu'elle nous engage, nous interpelle et nous pose des questions. "Nous sommes plus attirés par une 'foi' facile, légère et confortable, qui ne remet rien en question".. En revanche, si la raison se réduit à la matière, l'émerveillement se perd, l'itinéraire de la pensée échoue et la question du sens de la vie, qui ne peut être pleinement reconnue qu'en Dieu, se tait.
Il est donc nécessaire d'invoquer l'Esprit Saint pour élargir les frontières, non seulement des réfugiés, mais aussi de la culture et de la connaissance, surtout au service des plus faibles (cf. A. GeschéDieu à méditerSalamanca 2010).
Évangélisation, joie et miséricorde
Le samedi 28 septembre, le Pape a rencontré les évêques, les prêtres et les agents pastoraux belges dans la Basilique Saint-Pierre. Sacré-Cœur de Koekelberg. Pour faire face au moment présent, il a proposé trois voies : l'évangélisation, la joie et la miséricorde..
Nous vivons une époque et une crise qui nous invitent à revenir au chemin essentiel : l'évangélisation. Un temps - la Bible l'appelle "kairos" - qui nous a été offert pour nous secouer, nous défier et nous changer.". La crise se manifeste par le fait que ".nous sommes passés d'un christianisme établi dans un cadre social accueillant à un christianisme "minoritaire", ou plutôt à un christianisme de témoignage.".
Ceci, observe François, exige le courage d'une conversion ecclésiale, afin d'affronter les transformations nécessaires en termes de coutumes, de modèles de référence et de langages de foi, pour qu'ils soient mieux à même de servir l'évangélisation (cf. Evangelii gaudium, 27). Concrètement, nous devons être plus ouverts aux exigences de l'Évangile pour dépasser l'uniformité et nous ouvrir à la diversité, pour rejoindre plus et mieux une société qui ne l'écoute plus ou qui s'éloigne de la foi.
Le deuxième chemin à suivre est celui de la joie. "Il ne s'agit pas de -Le pape explique. Il s'agit d'une joie plus grande, qui accompagne et soutient la vie même dans les moments sombres ou douloureux, et c'est un don qui vient d'en haut, de Dieu.".
C'est donc la joie du cœur que l'Évangile inspire : "...".C'est savoir qu'en chemin, nous ne sommes pas seuls et que, même dans les situations de pauvreté, de péché et d'affliction, Dieu est proche de nous, se soucie de nous et ne permettra pas à la mort d'avoir le dernier mot.". Dieu est proche, proximité.
A ce stade, François a cité une phrase de Joseph Ratzinger avant qu'il ne devienne pape, lorsqu'il a écrit qu'une règle de discernement est la suivante : "[...]là où meurt l'humour, il n'y a même pas l'Esprit Saint (...) Et vice versa : la joie est un signe de la grâce." (Le Dieu de Jésus-ChristBrescia 1978).
Troisièmement, il y a l'itinéraire de la miséricorde., La miséricorde est nécessaire pour changer nos cœurs de pierre face à la souffrance, en particulier celle des victimes d'abus ou des personnes emprisonnées pour des fautes commises, car personne n'est perdu pour toujours.
Avant de prendre congé, le Pape a évoqué un tableau du peintre belge René Magritte, intitulé L'acte de foi: "Elle représente une porte fermée à l'intérieur, mais avec une ouverture au centre, elle est ouverte vers le ciel. C'est une ouverture qui nous invite à aller au-delà, à regarder devant nous et vers le haut, à ne jamais nous refermer sur nous-mêmes, à ne jamais nous renfermer sur nous-mêmes.".
Il a ajouté : "Je vous laisse avec cette image, comme symbole d'une Église qui ne ferme jamais ses portes - s'il vous plaît, ne ferme jamais ses portes - qui offre à tous une ouverture à l'infini, qui sait regarder au-delà. C'est l'Église qui évangélise, qui vit la joie de l'Évangile, qui pratique la miséricorde.".
Le développement intégral et la recherche de la vérité
Le Pape s'est réjoui de la rencontre avec les étudiants universitaires dans l'aula magna de l'Université Catholique de Louvain (28-IX-2024). Ils l'ont accueilli par un hymne faisant allusion à l'encyclique Laudato si' dans un style jazz. Une lettre lui a ensuite été lue, exposant certains défis, y compris la critique de certains aspects de la doctrine catholique. Dans sa réponse, François a repris les préoccupations concernant l'avenir et les angoisses liées à l'incertitude, tout en soulignant que l'espérance est de notre responsabilité.
En ce qui concerne le développement intégral, il a souligné que "...L'Église se réfère à toutes les personnes dans tous les aspects de leur vie : physique, morale, culturelle, sociopolitique, et s'oppose à toutes les formes d'oppression et de mise à l'écart. L'Église dénonce ces abus en s'engageant avant tout à convertir chacun de ses membres, nous-mêmes, à la justice et à la vérité. En ce sens, le développement intégral fait appel à notre sainteté : c'est une vocation à une vie juste et heureuse, pour tous.".
Après avoir fait allusion au rôle des femmes dans l'Église et à l'importance de l'étude, elle a évoqué la recherche de la vérité, sans laquelle la vie perd son sens. "L'étude a un sens quand elle cherche la vérité, quand elle essaie de la trouver, mais avec un esprit critique [...]. Et en la cherchant, nous comprenons que nous sommes faits pour la trouver. La vérité se fait trouver, elle est accueillante, disponible, généreuse. Si nous renonçons à chercher la vérité ensemble, l'étude devient un instrument de pouvoir, de contrôle sur les autres". Il a ajouté : "Et j'avoue que cela m'attriste de trouver, partout dans le monde, des universités qui ne cherchent qu'à préparer les étudiants au profit ou au pouvoir. C'est trop individualiste, sans communauté".
Il a également voulu souligner le lien entre la vérité et la liberté : "Vous voulez la liberté, soyez des chercheurs et des témoins de la vérité ! Essayer d'être crédible et cohérent à travers les décisions quotidiennes les plus simples.".
Enfin, dans son homélie de la messe du dimanche 29 septembre, le pape a développé le trinôme ouverture-communion-témoignage. Et il a annoncé qu'il entamait le procès en béatification du roi Baudouin, afin que "par son exemple d'homme de foi, éclairer les gouvernants".. La veille, sur la tombe de ce souverain catholique (qui en 1992 avait abdiqué pendant 36 heures pour ne pas signer la loi sur la légalisation de l'avortement provoqué), François nous a demandé d'imiter son exemple à l'heure où le ".les lois pénales". et a souhaité que sa cause de béatification progresse.