Les enseignements du Pape

Catéchèse, fraternité et Carême

François a commencé le mois de février avec son intérêt continu pour l'éducation de la foi, avec un discours aux responsables de la catéchèse en Italie. Il a ensuite réfléchi avec le corps diplomatique sur les aspects de la crise mondiale. Et, au milieu du mois, il a introduit le Carême dans l'Église le mercredi des Cendres.

Ramiro Pellitero-11 mars 2021-Temps de lecture : 5 minutes

L'intérêt du Pape pour l'éducation, qu'il a maintenu tout au long de la pandémie, s'est prolongé ces dernières semaines dans un discours aux responsables de la catéchèse de la Conférence épiscopale italienne (30-I-2021). 

Pour une catéchèse renouvelée

Il a mis en évidence trois axes ou priorités : l'annonce, l'avenir, la communauté chrétienne. 

a) Tout d'abord, la proclamation de la foi (kerygma), car la catéchèse est l'écho ("la longue vague) de la Parole de Dieu, qui permet à la personne de participer à l'histoire du salut. En même temps, il s'agit d'un itinéraire mystagogique, qui conduit aux "mystères" du Christ célébrés dans la liturgie et favorise la rencontre personnelle avec Lui. 

Et c'est pourquoi le catéchiste "tutelle et nourrit la mémoire de Dieu". (cf. homélie lors de la rencontre avec les catéchistes pendant l'Année de la foi, 29 septembre 2013). Leur tâche doit présenter ces caractéristiques : "proximité - langage familier - ouverture au dialogue, patience, un accueil chaleureux qui ne condamne pas". (Evangelii gaudium, 165).

b) Ensuite, l'avenir de la catéchèse, qui doit s'inspirer de l'horizon tracé par le Concile Vatican II. "Nous devons nous tourner vers le Conseil". -Saint Paul VI a souligné "avec gratitude envers Dieu et avec confiance dans l'avenir de l'Église ; il sera le grand catéchisme des temps nouveaux". (discours à Florence à l'occasion du Premier Congrès Catéchétique International, 23-VI-1966).

François s'en est fait l'écho et n'a laissé aucune place au doute : "Le Conseil est le magistère de l'Église. Ou bien vous êtes avec l'Église et donc vous suivez le Concile, ou bien si vous ne suivez pas le Concile ou si vous l'interprétez à votre manière, comme vous le souhaitez, vous n'êtes pas avec l'Église". Il n'y a pas non plus de place pour une "sélectivité" dans l'éducation à la foi au gré du contenu du Conseil. Aujourd'hui, propose-t-il, il faut une catéchèse renouvelée qui continue à être une "aventure extraordinaire". comme "l'avant-garde de l'Église".parler la langue des gens, mais à l'intérieur, et non à l'extérieur de l'Église ; écouter les questions et les problèmes non résolus, les fragilités et les incertitudes ; être capable de "développer des instruments actualisés qui transmettent aux gens d'aujourd'hui la richesse et la joie du kérygme, ainsi que la richesse et la joie d'appartenir à l'Église"..

c) Et avec ce sentiment d'appartenance, il introduit le troisième point : la catéchèse et la communauté. Nous sommes une famille, déjà au niveau humain, et la pandémie l'a mis en évidence. "Ce n'est qu'en redécouvrant le sens de la communauté que chaque personne peut trouver sa propre dignité en plénitude". 

La catéchèse a aussi une dimension communautaire, ecclésiale essentielle. Elle doit favoriser des communautés chrétiennes ouvertes, missionnaires et inclusives, libres et désintéressées, qui dialoguent sans crainte avec ceux qui ont d'autres idées, qui tendent la main aux blessés avec compassion. 

Elle doit se placer de manière créative dans le cadre de l'humanisme chrétien (comme cela a été précisé dans le Discours à l'assemblée ecclésiale italienne du 10-XI-2015). 

Fraternité et espoir, médicaments pour le monde

Lors de son discours au Corps diplomatique (8-II-2021), le Pape a passé en revue les différentes dimensions de la crise que nous traversons. Une fois de plus, il a souligné que la pandémie a ébranlé certains des conforts et des certitudes qui ont été consolidés, nous mettant en crise. 

Après avoir passé en revue les aspects sanitaires, environnementaux, économico-sociaux et politiques de la crise, il s'est finalement concentré sur l'aspect qu'il considère comme le plus grave : "... la crise est une crise sanitaire, environnementale, économique et sociale".la crise des relations humaines, expression d'une crise anthropologique générale, qui concerne le concept même de personne humaine et sa dignité transcendante". 

Une manifestation très concrète et inquiétante : l'énorme effort des plateformes éducatives informatisées n'a pas suffi à enrayer une sorte de "catastrophe éducative".La seule raison de cette situation est la grande disparité des possibilités éducatives et technologiques qui existe dans le monde.

"Aujourd'hui, c'est nécessaire". -Francis reprend son appel en faveur de l'Union européenne. pacte mondial pour l'éducation- "une nouvelle période d'engagement éducatif, impliquant toutes les composantes de la société".parce que l'éducation est "L'antidote naturel à la culture individualiste, qui dégénère parfois en un véritable culte du moi et du primat de l'indifférence. Notre avenir ne peut être celui de la division, de l'appauvrissement des facultés de pensée et d'imagination, d'écoute, de dialogue et de compréhension mutuelle". (Vidéomessage à l'occasion du Pacte mondial pour l'éducation. Ensemble pour regarder au-delà, 15-X-2020). 

Tout cela, ajoute-t-il, à la veille d'une nouvelle Année consacrée à la famille, doit être renforcé par la famille, comme l'a souligné Jean-Paul II, "offrir aux enfants un modèle de vie fondé sur les valeurs de vérité, de liberté, de justice et d'amour". (Familiaris consortio, 48).

Enfin, le pape met l'accent sur la limitation des activités de culte et autres activités liées à la foi. Tout en reconnaissant la nécessité de suivre les orientations générales des gouvernements en matière de santé, il met en garde contre le fait que "Nous ne devons pas négliger le fait que la dimension religieuse constitue un aspect fondamental de la personnalité humaine et de la société, qui ne peut être annulé ; et que, même en cherchant à protéger les vies humaines de la propagation du virus, la dimension spirituelle et morale de la personne ne peut être considérée comme secondaire par rapport à la santé physique".

En outre, "La liberté de culte n'est pas un corollaire de la liberté de réunion, mais découle essentiellement du droit à la liberté religieuse, qui est le premier et le plus fondamental des droits de l'homme. Elle doit donc être respectée, protégée et défendue par les autorités civiles, tout comme la santé et l'intégrité physique. De plus, les bons soins du corps ne peuvent jamais se passer des soins de l'âme".. "La fraternité et l'espoir sont comme des médicaments dont le monde a besoin aujourd'hui, au même titre que les vaccins"..

Le Carême, un temps de liberté

Le Carême a commencé à la mi-février avec le mercredi des Cendres. Déjà dans son message pour le Carême (signé le 11-XI-2020), le Pape avait souligné qu'il s'agit de "un temps pour renouveler la foi, l'espoir et la charité".

Le mercredi des cendres, le pape François a décrit cette saison liturgique comme un temps de... "Il est temps de retourner à Dieu", pour libérer le cœur de l'esclavage qui le tenaille. Ce retour peut être coûteux, comme ce fut le cas pour les Israélites qui ont quitté l'Égypte. 

De temps en temps, ils se languissaient paradoxalement de cet esclavage : les oignons, leurs souvenirs, leurs attachements, leurs fausses sécurités, leurs regrets paralysants. Y "pour marcher il faut démasquer ces illusions". (homélie, 17-II-2021).

Le Carême est un temps pour revenir vers le Père, comme le fils prodigue, en implorant le pardon dans le sacrement de la Confession. Un temps pour revenir à Jésus, comme le lépreux (nous avons tous des maladies spirituelles, des vices, des peurs) après avoir été guéri. Il est temps de revenir au Saint-Esprit. " Revenons à l'Esprit, Donneur de vie, revenons au Feu qui fait renaître nos cendres, à ce Feu qui nous apprend à aimer ". (ibid.).

Le retour n'est possible que parce que Dieu a pris l'initiative d'accompagner Jésus sur notre chemin, en touchant notre péché et notre mort. C'est à nous de nous laisser prendre par la main, non pas en fonction de nos propres forces, mais en accueillant sa grâce et en regardant les plaies du Crucifié. "Embrassons-les et nous comprendrons que c'est précisément là, dans les vides les plus douloureux de la vie, que Dieu nous attend avec son infinie miséricorde. Parce que c'est là, là où nous sommes le plus vulnérables, là où nous avons le plus honte, qu'Il vient à notre rencontre". (ibid.).

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