Directives pastorales pour la célébration de la Journée Mondiale de la Jeunesse dans les Eglises particulières par le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie
1. Journées mondiales de la jeunesse
L'institution des Journées mondiales de la jeunesse a sans doute été une grande intuition prophétique de saint Jean-Paul II, qui a expliqué sa décision comme suit : "Tous les jeunes doivent se sentir pris en charge par l'Église : par conséquent, que toute l'Église, en union avec le Successeur de Pierre, se sente toujours plus engagée, au niveau mondial, envers les jeunes, envers leurs préoccupations et leurs inquiétudes, envers leur ouverture et leurs espoirs, pour correspondre à leurs attentes, en communiquant la certitude qui est le Christ, la Vérité qui est le Christ, l'amour qui est le Christ......".[1]
Le pape Benoît XVI a pris le relais de son prédécesseur et, à plusieurs reprises, n'a pas manqué de souligner combien ces événements représentent un don providentiel pour l'Église, les qualifiant de "médicament contre la lassitude de croire", de "manière nouvelle et rajeunie d'être chrétien", de "nouvelle évangélisation vécue"[2].
Pour le pape François également, les Journées mondiales de la jeunesse constituent un élan missionnaire d'une force extraordinaire pour toute l'Église et, en particulier, pour les jeunes générations. Quelques mois seulement après son élection, il a inauguré son pontificat par les JMJ de Rio de Janeiro en juillet 2013, à l'issue desquelles il a déclaré que les JMJ étaient " une nouvelle étape dans le pèlerinage des jeunes avec la Croix du Christ à travers les continents ". Nous ne devons jamais oublier que les Journées Mondiales de la Jeunesse ne sont pas des "feux d'artifice", des moments d'enthousiasme, des moments qui sont des fins en soi ; ce sont des étapes d'un long parcours, commencé en 1985, à l'initiative du Pape Jean-Paul II.[3] Il a ensuite précisé un point central : "Rappelons-nous toujours : les jeunes ne suivent pas le Pape, ils suivent Jésus-Christ, portant sa Croix. Le Pape les guide et les accompagne sur ce chemin de foi et d'espérance"[4]. Il a ensuite précisé un point central : "Rappelons-nous toujours : les jeunes ne suivent pas le Pape, ils suivent Jésus-Christ, en portant sa Croix.
Comme on le sait, les célébrations internationales de l'événement ont généralement lieu tous les trois ans dans différents pays avec la participation du Saint-Père. La célébration ordinaire de la Journée, par contre, a lieu chaque année dans les Églises particulières, qui sont responsables de l'organisation autonome de l'événement.
2. Les JMJ dans les églises particulières
La Journée Mondiale de la Jeunesse célébrée dans chaque Eglise particulière a une grande signification et valeur non seulement pour les jeunes vivant dans cette région particulière, mais pour toute la communauté ecclésiale locale.
Certains jeunes, en raison de leurs études objectives, de leur travail ou de leurs difficultés économiques, n'ont pas la possibilité de participer aux célébrations internationales de ces Journées. Il est donc bon que chaque Église particulière leur offre la possibilité de vivre directement, même si ce n'est qu'au niveau local, une "fête de la foi", un événement fort de témoignage, de communion et de prière semblable aux célébrations internationales, qui ont profondément marqué la vie de tant de jeunes dans toutes les parties du monde.
En même temps, la Journée mondiale de la jeunesse célébrée au niveau local a une signification très importante pour chaque Église individuelle. Il sert à sensibiliser et à former toute la communauté ecclésiale - laïcs, prêtres, personnes consacrées, familles, adultes et personnes âgées - afin qu'elle soit de plus en plus consciente de sa mission de transmettre la foi aux jeunes générations. L'Assemblée générale du Synode des évêques sur le thème : " Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel " (2018) a rappelé que toute l'Église, universelle et particulière, et chacun de ses membres, doit se sentir responsable des jeunes et être disponible pour être interpellée par leurs questions, leurs désirs et leurs difficultés. La célébration de ces Journées de la Jeunesse au niveau local est donc extrêmement utile pour maintenir vivante dans la conscience ecclésiale l'urgence de cheminer avec les jeunes, de les accueillir et de les écouter avec patience, de leur annoncer la Parole de Dieu avec affection et énergie.[5] L'engagement de l'Église envers les jeunes est un élément clé de l'engagement de l'Église envers la vocation des jeunes.
En ce qui concerne la célébration de la JMJ au niveau local, ce Dicastère, dans le cadre de ses compétences[6], a élaboré des Orientations pastorales pour les Conférences épiscopales, les Synodes des Églises patriarcales et des grands archidiocèses, les diocèses/éparchies, les mouvements et associations ecclésiaux, ainsi que pour les jeunes du monde entier, afin que la " JMJ diocésaine/éparchiale " puisse être pleinement vécue comme un moment de célébration " pour les jeunes " et " avec les jeunes ".
Ces orientations pastorales visent à encourager les Eglises particulières à faire un usage croissant de la célébration diocésaine de la JMJ et à la considérer comme une occasion de planifier et de mettre en œuvre de manière créative des initiatives qui montrent que l'Eglise considère sa mission auprès des jeunes comme "une priorité pastorale historique, dans laquelle il faut investir du temps, de l'énergie et des ressources"[7]. Les jeunes, en effet, veulent être impliqués et appréciés, sentir qu'ils sont co-protagonistes dans la vie et la mission de l'Église[8].
Les lignes directrices suivantes concernent principalement les diocèses individuels en tant que sphère d'expression propre de l'Église locale. Cependant, ils doivent bien sûr être adaptés aux différentes situations de l'Église dans diverses régions du monde, par exemple lorsque les diocèses/éparchies sont petits et disposent de peu de ressources humaines et matérielles. Dans ces cas spécifiques, ou lorsque cela est considéré comme pastoralement approprié, il est possible que des circonscriptions voisines ou qui se chevauchent s'unissent pour célébrer la Journée de la Jeunesse entre plusieurs circonscriptions, ou au niveau de la région ecclésiastique, ou au niveau national.
3. La célébration locale des JMJ en la solennité du Christ Roi
À l'issue de la célébration eucharistique de la solennité du Christ Roi, le 22 novembre 2020, le pape François a souhaité relancer la célébration des JMJ dans les Églises particulières et a annoncé qu'à partir de 2021, cette célébration, qui avait traditionnellement lieu le dimanche des Rameaux, sera célébrée le dimanche de la solennité du Christ Roi[9].
À cet égard, nous rappelons que saint Jean-Paul II, en la solennité du Christ Roi en 1984, a convoqué les jeunes à une rencontre à l'occasion de l'Année internationale de la jeunesse (1985), qui - avec la convocation du Jubilé des jeunes de l'Année de la Rédemption (1984) - a marqué le début du long parcours des JMJ : "En cette fête [...] - a-t-il dit - l'Église proclame le Royaume du Christ, déjà présent, mais qui croît encore mystérieusement vers sa pleine manifestation. Vous, les jeunes, êtes les porteurs irremplaçables de la dynamique du Royaume de Dieu, l'espérance de l'Eglise et du monde". Telle fut donc la genèse des JMJ : le jour du Christ Roi, les jeunes du monde entier étaient invités " à venir à Rome pour une rencontre avec le Pape au début de la Semaine Sainte, le samedi et le dimanche des Rameaux "[10].
En effet, il n'est pas difficile de voir le lien entre le dimanche des Rameaux et le Christ Roi. Dans la célébration du dimanche des Rameaux, l'entrée de Jésus à Jérusalem est rappelée comme celle d'un "roi doux monté sur un âne" (Mt 21,5) et acclamé comme Messie par la foule : "Hosanna au Fils de David, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur" (Mt 21,9). L'évangéliste Luc ajoute explicitement le titre de " Roi " aux acclamations de la foule à propos de " celui qui vient ", soulignant ainsi que le Messie est également Roi, et que son entrée à Jérusalem représente en quelque sorte une intronisation royale : " Béni soit le Roi qui vient au nom du Seigneur " (Lc 19,38).
La dimension royale du Christ est si importante pour Luc qu'elle apparaît du début à la fin de la vie terrestre de Jésus-Christ et accompagne l'ensemble de son ministère. Lors de l'Annonciation, l'ange prophétise à Marie que l'enfant qu'elle a conçu recevra de Dieu "le trône de son père David, il régnera sur la maison de Jacob pour toujours, et son règne n'aura pas de fin" (Lc 1, 32-33). Et au moment dramatique de la crucifixion, alors que les autres évangélistes se limitent à mentionner les insultes des deux crucifiés de part et d'autre de Jésus, Luc présente la figure émouvante du "bon larron" qui, de l'échafaud de la croix, prie Jésus en disant : "Souviens-toi de moi quand tu viendras établir ton règne" (Lc 23,42). Les paroles d'accueil et de pardon de Jésus en réponse à cette supplique montrent clairement qu'il est un Roi venu pour sauver : " Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le Paradis " (Lc 23,43).
Par conséquent, la proclamation forte qui devrait être adressée aux jeunes et qui devrait être au cœur de chaque JMJ diocésaine/éparchiale célébrant la Journée du Christ Roi est : Accueillez le Christ ! Accueillez-le comme Roi dans vos vies ! C'est un Roi qui est venu pour sauver. Sans Lui, il n'y a pas de véritable paix, pas de véritable réconciliation intérieure, pas de véritable réconciliation avec les autres. Sans son Royaume, même la société perd son visage humain. Sans le Royaume du Christ, il n'y a pas de véritable fraternité ni de réelle proximité avec ceux qui souffrent.
Le Pape François a rappelé qu'au cœur des deux célébrations liturgiques, le Christ Roi et le Dimanche des Rameaux, " demeure le Mystère de Jésus-Christ Rédempteur de l'homme... "[11] Le cœur du message reste donc que la grandeur de l'homme vient de l'amour qui sait se donner aux autres " jusqu'au bout ".
L'invitation, donc, pour chaque diocèse/éparchie est de célébrer les JMJ en la solennité du Christ Roi. En effet, le Saint-Père souhaite qu'en ce jour, l'Église universelle place les jeunes au centre de son attention pastorale, prie pour eux, réalise des gestes qui les rendent protagonistes, promeuve des campagnes de communication, etc. Idéalement, un événement (diocésain/éparchial, régional ou national) devrait être organisé le jour du Christ Roi. Toutefois, pour diverses raisons, il peut s'avérer nécessaire d'organiser l'événement à une autre date.
Cette célébration doit s'inscrire dans un parcours pastoral plus large, dont les JMJ ne sont qu'une étape. 12] Ce n'est pas un hasard si le Saint-Père souligne que "la pastorale des jeunes ne peut être que synodale, c'est-à-dire un parcours commun".
4. Les points clés des JMJ
Lors du Synode des évêques sur le thème "Les jeunes, la foi et le discernement des vocations", plusieurs interventions des Pères synodaux ont fait référence à la Journée mondiale de la jeunesse. À cet égard, le Document final affirme : " La Journée Mondiale de la Jeunesse - née d'une intuition prophétique de Saint Jean-Paul II, qui reste un point de référence également pour les jeunes du troisième millénaire - ainsi que les rencontres nationales et diocésaines/éparpiennes, jouent un rôle important dans la vie de nombreux jeunes, car elles offrent une expérience vivante de foi et de communion, qui les aide à affronter les grands défis de la vie et à assumer de manière responsable leur place dans la société et dans la communauté ecclésiale "[14].
Soulignant que ces convocations se réfèrent à " l'accompagnement pastoral ordinaire de chacune des communautés, où l'accueil de l'Évangile doit être approfondi et concrétisé dans des décisions de vie "[15], le Document affirme qu'elles " offrent la possibilité de cheminer dans la logique du pèlerinage, de faire l'expérience de la fraternité avec tous, de partager la foi avec joie et de grandir dans leur appartenance à l'Église "[16].
Explorons quelques-uns de ces " points clés "[17] qui doivent être au cœur de chaque JMJ, même dans sa dimension locale, et qui ont donc une valeur programmatique évidente.
La Journée de la jeunesse devrait être une "célébration de la foi".
La célébration des JMJ offre aux jeunes une expérience vivante et joyeuse de foi et de communion, un espace pour faire l'expérience de la beauté du visage du Seigneur[18]. Au cœur de la vie de foi se trouve la rencontre avec la personne de Jésus-Christ, il est donc bon qu'à chaque JMJ résonne l'invitation à chaque jeune à rencontrer le Christ et à entrer dans un dialogue personnel avec lui. "C'est la fête de la foi, quand ensemble nous louons le Seigneur, nous chantons, nous écoutons la Parole de Dieu, nous restons dans l'adoration silencieuse : tout cela est le point culminant des JMJ"[19].
En ce sens, le programme des JMJ internationales (kérygmatique, formatif, testimonial, sacramentel, artistique, etc.) peut inspirer les réalités locales, qui pourront l'adapter de manière créative. Une attention particulière doit être accordée aux moments d'adoration silencieuse de l'Eucharistie, comme acte de foi par excellence, et aux liturgies pénitentielles, comme lieu privilégié de rencontre avec la miséricorde de Dieu.
Il faut également noter qu'à chaque JMJ, l'enthousiasme naturel des jeunes, l'enthousiasme avec lequel ils embrassent les choses qui les impliquent et qui caractérise également leur façon de vivre leur foi, tout cela stimule et revigore la foi de tout le peuple de Dieu. Convaincus par l'Évangile et invités à une expérience avec le Seigneur, les jeunes deviennent souvent des témoins courageux de la foi, ce qui rend l'événement des JMJ toujours surprenant et unique.
La Journée de la jeunesse doit être une "expérience d'Église".
Il est important que la célébration diocésaine/éparchiale des JMJ devienne une occasion pour les jeunes de faire l'expérience de la communion ecclésiale et de prendre conscience qu'ils font partie intégrante de l'Église. La première forme de participation des jeunes devrait être l'écoute. Dans la préparation de la Journée diocésaine/éparchiale de la jeunesse, il est nécessaire de trouver les moments et les moyens adéquats pour que la voix des jeunes soit entendue au sein des structures de communion existantes : conseils diocésains/éparchiens et interdiocésains/éparchiens, conseils presbytéraux, conseils locaux des évêques... N'oublions pas qu'ils sont le visage jeune de l'Église.
Aux côtés des jeunes, les différents charismes présents dans la circonscription doivent trouver un espace. Il est essentiel que l'organisation de la célébration diocésaine/éparchiale des JMJ soit harmonieuse, impliquant les différents états de vie, dans une approche synodale, comme l'a voulu le Saint-Père dans Christus vivit : "Animés par cet esprit, nous pourrons avancer vers une Église participative et coresponsable, capable de valoriser la richesse de la variété qui la compose, qui accueille avec gratitude l'apport des fidèles laïcs, y compris les jeunes et les femmes, l'apport de la vie consacrée masculine et féminine, celui des groupes, associations et mouvements. 20] De cette façon, il sera possible de rassembler et de coordonner toutes les forces vives de l'Église particulière, ainsi que de réveiller ceux qui sont "endormis".
Dans ce contexte, la présence de l'évêque local et sa volonté d'être parmi les jeunes est, pour les jeunes eux-mêmes, un grand signe d'amour et de proximité. Il n'est pas rare que, pour de nombreux jeunes, la célébration diocésaine/éparchiale des JMJ devienne une occasion de rencontre et de dialogue avec leur curé. Le Pape François encourage ce style pastoral de proximité, où " le langage de l'amour désintéressé, relationnel et existentiel qui touche le cœur, touche la vie, éveille l'espérance et les désirs "[21] Les jeunes sont également encouragés à être proches de leurs pasteurs.
La Journée de la jeunesse doit être une "expérience missionnaire".
Les JMJ au niveau international se sont avérées être une excellente occasion pour les jeunes de vivre une expérience missionnaire. Cela devrait également être le cas pour les JMJ diocésaines/éparpiales. Comme le dit le pape François, "la pastorale des jeunes doit toujours être une pastorale missionnaire"[22].
Dans ce sens, il est possible d'organiser des missions dans lesquelles les jeunes sont invités à visiter les gens chez eux, en leur apportant un message d'espoir, une parole de réconfort ou simplement en leur proposant de les écouter[23]. En profitant de leur enthousiasme, les jeunes - dans la mesure du possible - peuvent également être les protagonistes de moments d'évangélisation publique, avec des chants, des prières et des témoignages, dans les rues et sur les places de la ville où se réunissent leurs pairs, car les jeunes sont les meilleurs évangélisateurs des jeunes. Leur présence même et leur foi joyeuse constituent déjà une "annonce vivante" de la Bonne Nouvelle qui attire d'autres jeunes.
Les activités dans lesquelles les jeunes font l'expérience du bénévolat, du service gratuit et de l'autogestion doivent également être encouragées. Nous ne devons pas oublier que le dimanche précédant la solennité du Christ-Roi, l'Église célèbre la Journée mondiale des pauvres. Quelle meilleure occasion de promouvoir des initiatives dans lesquelles les jeunes donnent leur temps, leur force aux plus pauvres, aux marginaux, aux laissés-pour-compte de la société. Ainsi, les jeunes se voient offrir la possibilité de devenir "les protagonistes de la révolution de la charité et du service, capables de résister aux pathologies de l'individualisme consumériste et superficiel"[24].
La Journée de la jeunesse doit être une "occasion de discernement vocationnel" et un "appel à la sainteté".
Dans le cadre d'une expérience de foi ecclésiale et missionnaire forte, la priorité doit être donnée à la dimension vocationnelle. C'est une démarche progressive qui fait d'abord comprendre aux jeunes que toute leur vie est placée devant Dieu, qui les aime et les appelle. Dieu les a d'abord appelés à la vie, il les appelle sans cesse au bonheur, il les appelle à le connaître et à écouter sa voix et, surtout, à accepter son Fils Jésus comme leur maître, leur ami, leur Sauveur. Reconnaître et affronter ces "vocations fondamentales" représente un premier grand défi pour les jeunes car, lorsqu'ils sont pris au sérieux, ces premiers "appels" de Dieu indiquent déjà des choix de vie exigeants : l'acceptation de l'existence comme un don de Dieu, qui doit donc être vécue en référence à Lui et non de manière autoréférentielle ; le choix d'un style de vie chrétien, dans les affections et dans les relations sociales ; le choix du parcours d'études, de l'engagement professionnel et de tout l'avenir de manière à être pleinement en phase avec l'amitié avec Dieu que l'on a embrassée et que l'on veut préserver ; le choix de faire de toute son existence un don pour les autres, à vivre dans le service et l'amour désintéressé. Il s'agit souvent de choix radicaux, en réponse à l'appel de Dieu, qui donnent une orientation décisive à toute la vie des jeunes. "La vie [...] est le temps des décisions fermes, fondamentales, éternelles. - Le pape François a été clair avec les jeunes : les choix banals mènent à une vie banale, les grands choix rendent la vie grande"[25].
Dans cet "horizon vocationnel" plus large, nous ne devons pas craindre de proposer aux jeunes le choix inévitable de l'état de vie qui correspond à l'appel que Dieu adresse à chacun d'entre eux individuellement, qu'il s'agisse du sacerdoce ou de la vie consacrée, même sous la forme monastique, ou du mariage et de la famille. A cet égard, l'engagement des séminaristes, des personnes consacrées, des couples mariés et des familles peut être d'une grande aide : par leur présence et leur témoignage, ils peuvent contribuer à éveiller chez les jeunes les bonnes questions vocationnelles et le désir de se mettre à la recherche du "grand projet" que Dieu a prévu pour eux. Dans le processus délicat qui doit les amener à mûrir ces choix, les jeunes doivent être prudemment accompagnés et éclairés. Le moment venu, il faut donc les encourager à faire leur choix personnel avec décision, en faisant confiance à l'aide de Dieu, sans rester dans un état perpétuel d'indétermination.
À la base de tout choix de vocation doit se trouver l'appel encore plus fondamental à la sainteté. Les JMJ doivent faire résonner chez les jeunes l'appel à la sainteté[26] comme le véritable chemin vers le bonheur et l'épanouissement personnel. Une sainteté en accord avec l'histoire et le caractère personnel de chaque jeune, sans mettre de limites aux chemins mystérieux que Dieu réserve à chacun et qui peuvent conduire à des histoires héroïques de sainteté - comme cela s'est produit et se produit avec de nombreux jeunes - ou à cette "sainteté d'à côté" dont personne n'est exclu. Nous devons donc profiter du riche héritage des saints de l'Église locale et universelle, frères et sœurs aînés dans la foi, dont les histoires nous confirment que le chemin de la sainteté est non seulement possible et praticable, mais qu'il procure aussi une grande joie.
e. La Journée de la jeunesse doit être une "expérience de pèlerinage".
Les JMJ ont été, dès le début, un grand pèlerinage. Un pèlerinage dans l'espace - de différentes villes, pays et continents jusqu'au lieu choisi pour la rencontre avec le Pape et les autres jeunes - et un pèlerinage dans le temps - d'une génération de jeunes à une autre qui a "pris le relais" - qui a profondément marqué les trente-cinq dernières années de la vie de l'Église. Les jeunes des JMJ sont donc un peuple de pèlerins. Ils ne sont pas des vagabonds sans but, mais un peuple uni, des pèlerins qui "marchent ensemble" vers un but, vers une rencontre avec Quelqu'un, avec Celui qui est capable de donner un sens à leur existence, avec le Dieu fait homme qui appelle chaque jeune à devenir son disciple, à tout quitter et à "marcher après lui". La logique du pèlerinage exige l'essentialité, elle invite les jeunes à laisser derrière eux des sécurités confortables et vides, à adopter un style de voyage sobre et accueillant, ouvert à la Providence et aux "surprises de Dieu", un style qui éduque à se dépasser et à affronter les défis qui se présentent sur le chemin.
La célébration diocésaine/éparchiale des JMJ peut donc proposer des moyens concrets pour que les jeunes vivent de véritables expériences de pèlerinage, c'est-à-dire des expériences qui encouragent les jeunes à quitter leur maison et à se mettre en route, au cours desquelles ils apprennent à connaître la sueur et le labeur du voyage, la fatigue du corps et la joie de l'esprit. Souvent, en effet, à travers le pèlerinage ensemble, ils découvrent de nouveaux amis, font l'expérience de la coïncidence excitante des idéaux lorsqu'ils regardent ensemble le but commun, du soutien mutuel dans les difficultés, de la joie de partager le peu qu'ils ont. Tout cela est d'une importance capitale à l'heure actuelle, où de nombreux jeunes courent le risque de s'isoler dans des mondes virtuels et irréels, loin de la poussière des "manières du monde". Ils sont donc privés de cette satisfaction profonde qui naît de la conquête dure et patiente de l'objectif souhaité, non pas d'un simple clic, mais de la ténacité et de la persévérance du corps et de l'âme. En ce sens, la Journée diocésaine/éparchiale de la jeunesse est une occasion précieuse pour la jeune génération de découvrir les sanctuaires locaux ou d'autres lieux significatifs de la piété populaire, considérant que : "Les diverses manifestations de la piété populaire, en particulier les pèlerinages, attirent les jeunes qui ne sont généralement pas facilement insérés dans les structures ecclésiales, et sont une expression concrète de la confiance en Dieu."[27] Les jeunes de la Journée diocésaine/éparchiale de la jeunesse est une occasion précieuse pour la jeune génération de découvrir les sanctuaires locaux ou d'autres lieux significatifs de la piété populaire.
f. La Journée de la jeunesse doit être une "expérience de fraternité universelle".
Les JMJ doivent être une occasion de rencontre entre les jeunes, et pas seulement entre les jeunes catholiques : "Chaque jeune a quelque chose à dire aux autres, a quelque chose à dire aux adultes, a quelque chose à dire aux prêtres, aux religieuses, aux évêques et au Pape"[28].
En ce sens, la célébration diocésaine/éparchiale des JMJ peut être un moment opportun pour que tous les jeunes vivant sur un territoire donné se rencontrent et se parlent, au-delà de leurs croyances, de leur vision de la vie et de leurs convictions. Chaque jeune doit se sentir invité à participer et accueilli comme un frère ou une sœur. Nous devons construire "un ministère de la jeunesse capable de créer des espaces inclusifs, où il y a de la place pour toutes sortes de jeunes et où cela montre vraiment que nous sommes une Église à portes ouvertes"[29].
5. Le rôle des jeunes
Comme nous l'avons déjà mentionné, il est important que les ministres de la jeunesse soient de plus en plus attentifs à impliquer les jeunes dans toutes les étapes de la planification pastorale des JMJ, dans un style synodal-missionnaire, en valorisant la créativité, le langage et les méthodes appropriées à leur âge. Qui connaît mieux qu'eux le langage et les problèmes de leurs pairs ? Qui est plus à même de les atteindre à travers l'art, les réseaux sociaux... ?
Le témoignage et l'expérience des jeunes qui ont déjà participé aux JMJ internationales méritent d'être valorisés dans la préparation de l'événement diocésain/éparchial.
Dans certaines Eglises particulières, suite à leur participation aux JMJ internationales ou à l'organisation d'initiatives de jeunes au niveau national et diocésain/éparchial, les jeunes, "vétérans" de ces expériences passionnantes, se sont engagés dans la création d'équipes de pastorale des jeunes aux niveaux les plus divers : paroissial, diocésain/éparchial, national, etc. Cela montre que lorsque les jeunes deviennent les premiers protagonistes de la réalisation d'événements réellement significatifs, ils s'approprient facilement les idéaux qui ont inspiré ces événements, en saisissent l'importance avec leur esprit et leur cœur, se passionnent pour eux et sont prêts à consacrer du temps et de l'énergie pour les partager avec d'autres. De fortes expériences de foi et de service naissent souvent la volonté de s'engager dans la pastorale ordinaire de sa propre Église locale.
Nous réaffirmons donc qu'il faut avoir le courage d'impliquer et de confier des rôles actifs aux jeunes, aussi bien ceux qui proviennent des différentes réalités pastorales présentes dans le diocèse que ceux qui n'appartiennent à aucune communauté, groupe de jeunes, association ou mouvement. La JMJ diocésaine/éparchiale peut être une belle occasion de mettre en valeur la richesse de l'Église locale, en évitant que les jeunes moins présents et moins "actifs" dans les structures pastorales établies ne se sentent exclus. Tous doivent se sentir "spécialement invités", tous doivent se sentir attendus et accueillis, dans leur unicité unique et leur richesse humaine et spirituelle. L'événement diocésain/éparchial peut donc être une occasion propice pour encourager et accueillir tous ces jeunes qui cherchent peut-être leur place dans l'Église et qui ne l'ont pas encore trouvée.
6. Le message annuel du Saint-Père pour les JMJ
Chaque année, en vue de la célébration diocésaine/éparchiale des JMJ, le Saint-Père publie un Message pour les jeunes. Il serait donc opportun que les rencontres préparatoires et la JMJ diocésaine/éparchiale elle-même s'inspirent des paroles que le Saint-Père a adressées aux jeunes, en particulier du passage biblique proposé dans le Message.
Il serait également important que les jeunes entendent la Parole de Dieu et la parole de l'Eglise par la voix vivante de personnes proches d'eux, qui connaissent leur caractère, leur histoire, leurs goûts, leurs difficultés et leurs luttes, leurs attentes et leurs espoirs, et qui savent donc bien appliquer les textes bibliques et magistériels aux situations concrètes de la vie des jeunes qu'ils ont devant eux. Ce travail de médiation, réalisé dans le cadre de la catéchèse et du dialogue, aidera également les jeunes à savoir identifier les moyens concrets de témoigner de la Parole de Dieu qu'ils ont entendue et de la vivre dans leur vie quotidienne, de l'incarner dans leur famille, dans leur milieu de travail ou d'étude, parmi leurs amis.
L'orientation proposée par ce Message, destinée à accompagner le cheminement de l'Église universelle avec les jeunes, pourra donc être développée avec intelligence et une grande sensibilité culturelle, en tenant compte de la réalité locale. Il pourrait également inspirer le parcours de la pastorale des jeunes dans l'Église locale, sans oublier les deux grandes lignes d'action indiquées par le Pape François : la recherche et la croissance[30]. Le Message est une réponse à la nécessité pour la pastorale des jeunes de l'Église d'être plus sensible à la réalité locale.
Il ne faut pas exclure que le Message puisse également être transmis à travers différentes expressions artistiques ou initiatives à caractère social, comme le Saint-Père l'a invité dans son Message pour la XXXVe JMJ : " [proposer] au monde, à l'Eglise, aux autres jeunes, quelque chose de beau dans les domaines spirituel, artistique et social "[31]. En outre, son contenu pourrait également être repris à d'autres moments significatifs de l'année pastorale, tels que : le mois missionnaire, le mois consacré à la Parole de Dieu ou aux vocations, en tenant compte des indications des différentes Conférences épiscopales.
Enfin, le message du Saint-Père pourrait devenir le thème d'autres rencontres pour les jeunes, proposées par les ministres de la jeunesse de l'Église locale, par des associations ou par des mouvements ecclésiaux.
7. Conclusion
La célébration diocésaine/éparchiale des JMJ constitue sans aucun doute une étape importante dans la vie de chaque Église particulière, un moment privilégié de rencontre avec les jeunes générations, un instrument d'évangélisation du monde des jeunes et de dialogue avec eux. N'oublions pas que : " L'Église a tant de choses à dire aux jeunes, les jeunes ont tant de choses à dire à l'Église "[32].
Les orientations pastorales contenues dans ces pages ont pour but de présenter les motivations idéales et les possibles réalisations pratiques, afin que les JMJ diocésaines/éparpiennes deviennent une occasion qui met en valeur le potentiel de bien, la générosité, la soif de valeurs authentiques et les grands idéaux que chaque jeune porte en lui. Pour cette raison, nous réitérons l'importance pour les Eglises particulières de consacrer une attention particulière à la célébration de la Journée diocésaine/éparchiale de la jeunesse, afin qu'elle soit valorisée comme il se doit. Investir dans les jeunes, c'est investir dans l'avenir de l'Église, c'est promouvoir les vocations, c'est initier efficacement la préparation à distance des familles de demain. Il s'agit donc d'une tâche vitale pour chaque Église locale, et non d'une simple activité ajoutée aux autres.
Nous confions à la Sainte Vierge Marie le chemin de la pastorale des jeunes dans le monde entier. Marie, comme nous le rappelle le pape François dans Christus vivit, "regarde ce peuple de pèlerins, un peuple de jeunes qui lui est cher, qui la cherche avec le silence dans le cœur, même si sur le chemin il y a beaucoup de bruit, de conversations et de distractions. Mais dans les yeux de la Mère, il n'y a qu'un silence plein d'espoir. Et ainsi, Marie éclaire à nouveau notre jeunesse" [33] Les jeunes du monde ne sont pas seulement des jeunes, ce sont des jeunes qui lui sont chers.
Sa Sainteté le Pape François a donné son approbation pour la publication de ce document.
Cité du Vatican, 22 avril 2021
Anniversaire de la remise de la Croix des JMJ aux jeunes
Cardinal Kevin Farrell Préfet
P. Alexandre Awi Mello, Secrétaire I.Sch.