Idées

Les nouveaux cieux et la nouvelle terre

Paul O'Callaghan-13 de février de 2016-Temps de lecture : 4 minutes

En tant que chrétiens, nous parlons beaucoup de la résurrection du Christ. Nous la considérons comme un signe tangible, matériel et indéniable de l'amour de Dieu qui sauve les gens. On parle aussi de la résurrection des morts, ou résurrection de la chair, à la fin des temps. Nous la considérons comme la quintessence de l'espérance chrétienne, et nous y voyons une affirmation de la valeur de la matière.

Mais une autre question doit être posée : où se trouveront les hommes ressuscités ? Quel type d'environnement matériel auront-ils ? Ce ne sont pas des anges, ce ne sont pas de purs esprits : ils devront faire un pas quelque part, ils devront avoir des relations avec d'autres personnes, ils devront avoir des relations avec un "monde".

Terme ou finalité ?
Au VIIe siècle, Julien de Tolède écrivait : "Le monde, déjà renouvelé pour le meilleur, sera adapté selon les hommes, qui à leur tour seront aussi renouvelés dans la chair pour le meilleur" (Prognosticon 2, 46). Saint Thomas a dit que dans la vie future "toute la création corporelle sera modifiée d'une manière appropriée pour être en harmonie avec l'état de ceux qui l'habitent" (IV C. Gent., 97). Et l'écrivain français Charles Péguy l'a dit avec beaucoup de conviction : "Dans mon ciel, il y aura des choses".

Mais ce qui est vraiment frappant dans le Nouveau Testament, ce sont les déclarations concernant la destruction future du monde. "Alors il y aura une grande tribulation, telle qu'il n'y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu'à maintenant, et qu'il n'y en aura jamais" (Mt 24, 21). Graphiquement, les évangiles décrivent un large éventail de signes qui indiquent l'approche de la fin : l'effondrement de la société humaine, le triomphe de l'idolâtrie et de l'irréligion, l'extension de la guerre, les grandes calamités cosmiques.

Cependant, il ne s'agit pas d'une destruction définitive, d'une disparition progressive ou soudaine du monde, comme le pensaient les philosophes Michel Foucault et Jacques Monod. Pour la foi chrétienne, il faut dire que le monde a une fin, au sens d'une finalité, mais pas une fin au sens du moment où il cessera d'exister.

C'est pourquoi l'Écriture parle de diverses manières des "nouveaux cieux et de la nouvelle terre" : déjà dans l'Ancien Testament (Is 65,17), mais surtout dans le Nouveau Testament. Deux citations, l'une de saint Paul et l'autre de saint Pierre, sont particulièrement importantes. On trouve des textes similaires dans le livre de l'Apocalypse (21, 1-4).

Renouveler la rédemption
Aux Romains, Paul écrit : "La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. En effet, la création est soumise à la vanité, non par sa propre volonté, mais par celui qui l'a soumise, dans l'espérance que la création elle-même aussi sera libérée de l'esclavage de la corruption pour participer à la liberté glorieuse des enfants de Dieu" (Rm 8, 19-21). De même que le péché a apporté la mort et la destruction dans le monde, nous dit Paul, la rédemption que le Christ a obtenue et par laquelle il a fait de nous des enfants de Dieu renouvellera le monde pour toujours, le remplissant de la gloire divine.
Et dans la deuxième lettre de saint Pierre (3, 10-13), nous lisons : "Le jour du Seigneur viendra comme un voleur.

Alors les cieux seront ébranlés, les éléments se dissoudront dans un grand fracas, et la terre avec tout ce qu'elle contient" (v. 10, cf. v. 12). C'est pourquoi il exhorte les croyants à être vigilants : "Si toutes ces choses doivent ainsi être détruites, à combien plus forte raison devez-vous vous conduire d'une manière sainte et pieuse, en attendant et en hâtant l'avènement du jour de Dieu !" (vv. 11-12).
Néanmoins, poursuit le texte, "nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où habitera la justice" (v. 13). Et encore une fois, les fidèles sont exhortés : "C'est pourquoi, mes bien-aimés, en attendant ces événements, veillez à ce qu'il vous trouve en paix, sans tache et sans reproche" (v. 14).

Que reste-t-il ?
Le message de Pierre est certes spirituel et éthique, mais il est fondé sur la promesse divine d'un renouveau cosmique. Il y aura destruction et renouvellement, il y aura discontinuité et continuité entre ce monde et "les nouveaux cieux et la nouvelle terre". Mais nous pouvons nous demander : de tout ce que les hommes font et construisent ici-bas, qu'est-ce qui restera à jamais ? S'agit-il seulement de la continuité des vertus que les hommes ont vécues et qu'ils conserveront à jamais au ciel, en particulier la charité ? Ou bien trouvera-t-on aussi dans l'au-delà quelque chose des grandes œuvres que les hommes ont façonnées avec d'autres : œuvres de science, d'art, d'architecture, de législation, de littérature, etc. La constitution Gaudium et Spes du Concile Vatican II l'explique ainsi : " Nous sommes avertis qu'il ne sert à rien à l'homme de gagner le monde entier s'il se perd lui-même. Néanmoins, l'attente d'une nouvelle terre ne doit pas atténuer, mais plutôt atténuer, le souci de parfaire cette terre, où grandit le corps de la nouvelle famille humaine, qui peut en quelque sorte anticiper un aperçu du nouveau siècle. C'est pourquoi, bien qu'il faille soigneusement distinguer entre le progrès temporel et la croissance du royaume du Christ, le premier, dans la mesure où il peut contribuer à mieux ordonner la société humaine, est d'un grand intérêt pour le royaume de Dieu" (n. 39).

Pourtant, les nouveaux cieux et la nouvelle terre seront l'œuvre de Dieu. Ce que nous y trouvons n'est pas de notre fait. Malgré cela, il semble logique qu'une partie de ce que nous avons fait avec Dieu et pour Dieu restera avec nous d'une certaine manière pour toujours. Mais seul Dieu sait comment.

L'auteurPaul O'Callaghan

Professeur ordinaire de théologie à l'Université pontificale de la Sainte-Croix à Rome

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