Vatican

Pape François : "Les personnes âgées sont placées au coin de l'existence".

La catéchèse du pape François sur la vieillesse met sur la table les principales questions touchant les personnes âgées.

Javier García Herrería-1er juin 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Le Pape poursuit un équilibre précieux dans ses audiences du mercredi sur la vieillesse. La semaine dernière, il les a exhortés à ne pas se sentir victimisés par l'âge et à être de bonne humeur. Cependant, aujourd'hui, il s'est écarté du script et a improvisé des idées très suggestives. Selon lui, "il ne manque pas de gens qui profitent de l'âge des personnes âgées pour les tromper, les intimider de mille manières... pour s'emparer de leurs économies". Et il a poursuivi en expliquant : "ils sont laissés sans protection et abandonnés sans soins. Offensés par des formes de mépris, ou intimidés pour qu'ils renoncent à leurs droits, également dans les familles. C'est grave, mais cela arrive aussi dans les familles".

Le Pape François a commencé ses réflexions par le Psaume 71, qui dit : "Ne m'abandonne pas quand ma force faiblit". Il a poursuivi en dénonçant sur un ton posé comment "les personnes âgées sont jetées, abandonnées dans les maisons de retraite, leurs enfants ne vont pas les rencontrer, ou alors seulement quelques fois par an. Les personnes âgées sont placées au coin de l'existence. Et c'est ce qui se passe aujourd'hui. Nous devons y réfléchir.

Un problème mondial

Le pape considère que cette question est de la plus haute importance, même si elle ne fait pas les gros titres et ne figure pas à l'ordre du jour des questions politiques les plus urgentes du moment. "La société tout entière doit se hâter de s'occuper de ses aînés, qui sont de plus en plus nombreux, et souvent aussi plus négligés. Lorsque nous entendons parler de personnes âgées dépouillées de leur autonomie, de leur sécurité, voire de leur maison, nous comprenons que l'ambivalence de la société actuelle à l'égard des personnes âgées n'est pas un problème d'urgences ponctuelles, mais une caractéristique de la culture du jetable qui empoisonne le monde dans lequel nous vivons".

Il semble impossible d'écouter le Pape et de ne pas faire le lien entre ses réflexions et la mentalité pro-euthanasie qui se répand de plus en plus. "Les conséquences sont fatales. Non seulement la vieillesse perd sa dignité, mais elle se demande même si elle mérite de continuer. Ainsi, nous sommes tous tentés de cacher notre vulnérabilité, de cacher notre maladie, notre âge, notre vieillesse, car nous craignons qu'ils soient le prélude à notre perte de dignité. Demandons-nous : est-il humain d'induire ce sentiment ? Pourquoi la civilisation moderne, si avancée et efficace, se sent-elle si mal à l'aise avec la maladie et la vieillesse ? Et pourquoi la politique, qui s'attache tant à définir les limites d'une survie digne, est-elle en même temps insensible à la dignité d'une coexistence affectueuse avec les personnes âgées et les malades ?"

S'appuyer sur le pouvoir de la prière

Le Pape encourage les personnes âgées à prier avec confiance, car "la prière renouvelle dans le cœur des personnes âgées la promesse de la fidélité et de la bénédiction de Dieu". Les personnes âgées redécouvrent la prière et témoignent de sa puissance. Jésus, dans les évangiles, ne rejette jamais la prière de ceux qui ont besoin d'aide. Les personnes âgées, en raison de leur faiblesse, peuvent enseigner à ceux qui vivent à d'autres âges de la vie que nous avons tous besoin de nous abandonner au Seigneur, d'invoquer son aide. En ce sens, nous devons tous apprendre de la vieillesse : oui, il y a un don dans le fait d'être vieux, compris comme l'abandon de soi aux soins des autres, à commencer par Dieu lui-même".

Avant de clore la réunion, le Pape François a encore improvisé quelques questions pour faire son examen de conscience. "Chacun d'entre nous peut penser aux membres âgés de sa famille. Comment puis-je communiquer avec eux ? Comment puis-je me souvenir d'eux ? Est-ce que je cherche à être avec eux, est-ce que je les respecte ? Ai-je effacé de ma vie les aînés de ma famille ou vais-je vers eux pour chercher la sagesse, la sagesse de la vie ? Rappelez-vous que vous serez vous aussi un vieil homme ou une vieille femme. La vieillesse arrive à tout le monde, et comment aimeriez-vous être traité dans votre vieillesse ? Traitez les personnes âgées de votre famille comme cela, elles sont la mémoire de la famille, de l'humanité, du pays.

Les enseignements du Pape

Éducation, miséricorde, famille

En ce mois de mai, et parmi les nombreux sujets abordés par le pape François, trois de ses interventions de ces dernières semaines se détachent : l'éducation, la miséricorde et la famille.

Ramiro Pellitero-1er juin 2022-Temps de lecture : 8 minutes

Ces dernières semaines, le Pape a été prodigué d'enseignements, de discours et d'allocutions à divers groupes à l'occasion d'anniversaires ou de pèlerinages à Rome. Nous avons ici sélectionné trois thèmes : l'éducation, la miséricorde (à l'occasion du Dimanche de la Miséricorde) et la famille (à l'occasion de l'Année de la Miséricorde). Famille Amoris LaetitiaLa rencontre mondiale des familles, qui se conclura le 26 juin 2022 par la 10e rencontre mondiale des familles à Rome).

Éducation : qualité, vision chrétienne, intégralité

François a récemment consacré deux discours à l'éducation. La première, adressée au Des chercheurs du monde entier font avancer un projet catholique (20-IV-2022). Déjà dans son exhortation programmatique Evangelii gaudium (2013), le pape a averti qu'en une société de l'information qui nous sature indistinctement de données, toutes au même niveau, et finit par nous conduire à une énorme superficialité lorsqu'il s'agit de questions morales, [...] une éducation qui nous apprend à penser de manière critique et qui offre un chemin vers la maturité des valeurs devient nécessaire. (n. 64). 

Reprenant cet argument du contexte socioculturel contemporain, il indique maintenant l'objectif d'un projet d'éducation catholique : 

"En tant qu'éducateurs, vous êtes appelés à nourrir le désir de vérité, de bonté et de beauté qui habite le cœur de chacun, afin que tous puissent apprendre à aimer la vie et à s'ouvrir à la plénitude de la vie".

Il s'agit, ajoute-t-il, de rechercher des modes de recherche qui combinent de bonnes méthodes pour au service de la personne dans son ensemble, dans un processus de développement humain intégral. En d'autres termes, former ensemble la tête, les mains et le cœur : préserver et renforcer le lien entre apprendre, faire et sentir au sens le plus noble du terme.. Et de cette manière, les éducateurs catholiques peuvent offrir en même temps un excellent dossier scolaire y une vision cohérente de la vie inspirée par les enseignements du Christ.

Maturité, identité chrétienne, engagement social

En second lieu, François exprime la continuité de cette préoccupation avec ce que souligne le Concile Vatican II : que l'œuvre éducative de l'Église s'adresse non seulement "...aux pauvres et aux marginaux, mais aussi aux nécessiteux".mais elle tend surtout à ce que les baptisés, progressivement initiés à la connaissance du mystère du salut, prennent de plus en plus conscience du don de la foi qu'ils ont reçu." (Décl. Gravissimum educationis, 2). 

Sur la base d'une vision chrétienne de la vie (se connaître soi-même, éducateurs et élèves, enfants bien-aimés de Dieu dans l'unique famille humaine), dit le Pape, "L'enseignement catholique nous engage, entre autres, à construire un monde meilleur en enseignant la coexistence mutuelle, la solidarité fraternelle et la paix".. Nous devons développer des outils pour promouvoir ces valeurs dans les établissements d'enseignement et auprès des étudiants. 

Troisièmement, en plus d'aborder la situation actuelle de l'éducation et de souligner les fondements de la vision chrétienne, le pape note que "L'éducation catholique est aussi une évangélisation : témoigner de la joie de l'Évangile et de sa capacité à renouveler nos communautés et à donner l'espoir et la force d'affronter avec sagesse les défis d'aujourd'hui".

Le deuxième discours est celui prononcé par le Saint-Père les recteurs des universités du Latium (16-V-2022). Cela fait également partie de la situation actuelle : "Les années pandémiques, l'expansion en Europe de la "troisième guerre mondiale" qui a commencé en morceaux et ne semble plus l'être, la question environnementale globale, la croissance des inégalités, nous interpellent de manière inédite et accélérée".

Le défi éducatif, explique Francisco, a donc une forte implication culturelle, intellectuelle et morale, puisqu'il doit faire face à cette situation, qui implique les "risque de générer un climat de découragement, d'égarement, de perte de confiance, et pire : de dépendance".. C'est une crise qui, en revanche, peut nous faire grandir, à condition de la surmonter.

François évoque le Pacte mondial pour l'éducationLe document sur la fraternité humaine sera lancé dans le monde entier, ainsi que la signature du document sur la fraternité humaine en février 2019, qui stipule : "Nous sommes concernés par une éducation intégrale qui se résume à la connaissance de soi, de son frère, de la création et du Transcendant.". Cet horizon, dit le pape aux recteurs d'université, ne peut être abordé qu'en "avec un sens critique, une liberté, une confrontation saine et un dialogue".au-delà des barrières et des confins. Elle s'inscrit également dans l'idéal de l'université, qui est une communauté, mais aussi une convergence des savoirs autour de la vérité et du dialogue. 

La preuve en est, note-t-il, le mouvement de nombreux doctorants en économie, qui s'intéressent à " l'économie de la connaissance ".pour construire des réponses nouvelles et efficaces, en surmontant les vieilles incrustations liées à une culture stérile de compétition pour le pouvoir".

Tout cela nécessite de l'écoute (des élèves et des collègues, mais aussi de la réalité), ainsi que de l'imagination et de l'investissement, afin de former les élèves également au respect de soi, des autres, du monde créé et du Créateur. 

En bref : une éducation qui doit être liée à la vie, aux personnes et à la société ; sans préjugés idéologiques, sans peurs, sans échappatoires ni conformisme. 

La miséricorde : joie, pardon et consolation

Deuxième thème : miséricorde. Dans le "masse de la miséricorde divine".Dans son discours, célébré dans la basilique Saint-Pierre le deuxième dimanche de Pâques (24 avril 2022), François s'est inspiré de la salutation du Christ qui apporte la paix (cf. Jn 20, 19, 21, 26). Dans cette paix, le Pape a souligné trois dimensions : "....".donne de la joiepuis incite au pardonet enfin des réconforts dans la fatigue". Nous avons certainement besoin de beaucoup de cela dans notre monde. 

Jésus ne reproche pas à ses disciples leurs échecs et leurs péchés passés, mais les encourage. Il leur apporte "une joie qui soulève sans humilier". Et comme le Père l'a envoyé, il les envoie pardonner (cf. v. 21 et 23) dans le sacrement de la réconciliation. 

Cela nous interpelle tous : "Demandons-nous : est-ce que moi, là où je vis, dans ma famille, au travail, dans ma communauté, je favorise la communion, je suis un architecte de la réconciliation ? Est-ce que je m'engage à apaiser les conflits, à apporter le pardon là où il y a la haine, la paix là où il y a la rancœur ? Ou est-ce que je tombe dans le monde des ragots qui tuent toujours ?"

Nous voyons, a invité le Pape, également dans la manière dont Jésus traite l'apôtre Thomas, que le Seigneur ne vient pas de manière triomphante et écrasante, avec des miracles grandiloquents, mais qu'il nous console par sa miséricorde, en nous présentant ses plaies. C'est pourquoi "Dans notre ministère de confesseurs, nous devons faire voir aux gens que devant leurs péchés se trouvent les plaies du Seigneur, qui sont plus puissantes que le péché.

Jésus, le successeur de Pierre, répétera dans la Regina Caeli, "ne cherche pas des chrétiens parfaits".mais de revenir à Lui, encore et encore, en sachant que nous avons besoin de Sa grâce, surtout après nos doutes, nos faiblesses et nos crises ; car Il veut toujours nous donner "une autre chance".Il veut que nous nous comportions de la même manière envers les autres.  

Le lundi suivant (25-IV-2022) il a eu une rencontre avec les prêtres "Missionnaires de la Miséricorde".. C'est le troisième après deux autres en 2016 et 2018. Cette fois, il a passé sous silence la figure biblique de Ruth, dont la fidélité et la générosité ont été largement récompensées par Dieu. Comme Dieu, qui reste silencieux dans le livre de Ruth, les prêtres doivent aussi agir : " N'oublions jamais que Dieu n'agit pas dans la vie quotidienne des gens par des actes tape-à-l'œil, mais de manière silencieuse, discrète, simple, tant et si bien qu'il se manifeste à travers les personnes qui deviennent un sacrement de sa présence ". Et vous êtes un sacrement de la présence de Dieu. Je vous prie d'éloigner de vous toutes formes de jugement et de toujours mettre le désir de comprendre la personne qui est en face de vous"..

Et François a conclu en rappelant quelques figures de prêtres miséricordieux, qui ont confessé beaucoup de personnes, et qui, comme le Seigneur, ne se sont jamais lassés de pardonner. 

La famille : un remède à l'individualisme 

Dans le cadre de cette année Famille Amoris laetitiaLe pape s'est adressé à la session plénière de l'Académie pontificale des sciences sociales (Discours29-IV-2022), se sont réunis pour discuter de la réalité de la famille. Dans le contexte actuel de crises prolongées et multiples, qui mettent à l'épreuve tant de familles, François souhaite redécouvrir "la valeur de la famille comme source et origine de l'ordre social, comme cellule vitale d'une société fraternelle capable de prendre soin de la maison commune"..

Tout d'abord, il souligne que, malgré les nombreux changements qui ont eu lieu dans l'histoire et parmi les différents peuples, "le mariage et la famille ne sont pas des institutions purement humaines".. Ils constituent également un remède à l'individualisme ambiant. 

Le site génome social de la famille

Le bien promu par la famille n'est pas simplement associatif, une agrégation de personnes dans un but d'utilité, mais plutôt un lien relationnel de perfection. C'est exact, car les membres de la famille mûrissent en s'ouvrant les uns aux autres et aux autres. On pourrait appeler cela leur "génome social".. En même temps, "la famille est un lieu d'accueil"Surtout lorsqu'il y a des membres fragiles ou handicapés, car c'est aussi une école gratuite. 

Pour déployer sa nature, la famille a besoin "de politiques sociales, économiques et culturelles à promouvoir dans tous les pays...". "Les amis de la famille"..

Le pape a conclu en notant quelques conditions pour redécouvrir la beauté de la famille. D'abord, enlevez les yeux "les cataractes des idéologies".. Deuxièmement, redécouvrir "la correspondance entre le mariage naturel et le mariage sacramentel". (qui n'est pas, dans ce dernier cas, un ajout juxtaposé à l'institution familiale). Troisième condition : la conscience de la grâce du sacrement du mariage - qui est le sacrement "social" par excellence - guérit et élève toute la société humaine et est un ferment de fraternité". (cf. Amoris laetitia, n. 74).

Le seul grand objectif : la famille évangélisatrice  

Enfin, toujours en ce qui concerne la famille, il convient de mentionner le Discours du pape au Congrès international de théologie morale (13-V-2022). Il commence par s'interroger sur la richesse spirituelle de la famille, comme le souligne l'histoire de la famille. Amoris laetitia. Il considère ensuite que les défis de notre époque exigent que la théologie morale, d'une part, s'exprime... "une langue compréhensible". pour les partenaires, et pas seulement pour les experts ; et en outre, que, en vue de la conversion pastorale et de la transformation missionnaire de l'Église, elle soit attentive à "les blessures de l'humanité. Il ajoute que tout cela peut être facilité par l'interdisciplinarité, entre la théologie, les sciences humaines et la philosophie. 

"Le seul grand objectifdit le Pape, " est de répondre à la question suivante : comment les familles chrétiennes d'aujourd'hui, dans la joie et l'effort de l'amour conjugal, filial et fraternel, témoignent-elles de la bonne nouvelle de l'Évangile de Jésus-Christ ?.

Le congrès s'inscrit, non seulement dans les faits mais aussi dans une perspective d'arrière-plan, dans le cadre de l'action de l'Union européenne. la synodalité. 

La synodalité, explique le successeur de Pierre, n'est pas une simple question tactique, mais une nécessité pour approfondir la vérité de la Révélation, qui n'est pas quelque chose d'abstrait, mais liée à l'expérience des personnes, des cultures et des religions. "La vérité de la Révélation s'adresse à l'histoire - elle est historique - à ses destinataires, qui sont appelés à la réaliser dans la "chair" de leur témoignage".. Les familles aussi : "Quelle richesse de bien il y a dans la vie de tant de familles, partout dans le monde !".

Et qu'est-ce que cela a à voir, pourrait-on se demander, avec la théologie morale ? Eh bien, le mariage et la famille chrétienne sont "lieux" y "temps" (kairos) de l'action de Dieu, dans laquelle la réflexion théologique peut puiser pour approfondir et mieux présenter la foi et la morale. 

C'est précisément pour cette raison - souligne le Pape - qu'il est plus nécessaire que jamais de pratiquer la discernementouvrir l'espace "à la conscience des fidèles, qui répondent souvent du mieux qu'ils peuvent à l'Évangile au milieu de leurs limites et sont capables d'exercer leur discernement personnel dans des situations où toutes les règles sont transgressées". (Amoris laetitia, 37.).

En fait, la théologie morale est confrontée à un défi de taille au service du grand objectif que les familles doivent proclamer et témoigner du message de l'Évangile. 

C'est ce que François dit aux moralistes : "Vous êtes tous invités aujourd'hui à repenser les catégories de la théologie morale, dans leur lien réciproque : le rapport entre la grâce et la liberté, entre la conscience, le bien, les vertus, la norme et la phronesis aristotélicienne, la prudentia thomiste et le discernement spirituel, le rapport entre la nature et la culture, entre la pluralité des langues et l'unicité de l'agapè".

L'évêque de Rome invite les moralistes à prendre en compte les différences enrichissantes des cultures et, surtout, les expériences concrètes des croyants. Il les encourage à s'inspirer des racines chrétiennes, comme les théologiens doivent toujours le faire, non pas pour revenir en arrière mais pour avancer sur le chemin de l'obéissance à Jésus-Christ, sans s'enfermer dans une casuistique appauvrissante ou décadente. 

Il conclut en insistant sur le véritable but, cet unique grand objectif : le rôle évangélisateur de la famille, dans la joie : "...le rôle évangélisateur de la famille, dans la joie : "...le rôle évangélisateur de la famille, dans la joie...".Que la joie de l'amour, qui trouve un témoignage exemplaire dans la famille, devienne un signe efficace de la joie de Dieu qui est miséricorde et de la joie de ceux qui reçoivent cette miséricorde en cadeau ! Joy !".

Besoin de confrères intellectuels

Il est important que les confréries, en tant que colonne vertébrale de la société civile, participent activement à la fondation de modèles de pensée conformes à la dignité humaine et à la mission de l'Église qu'elles servent.

1er juin 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Depuis le XVIe siècle, et même avant, les confréries sont les témoins et les protagonistes de l'histoire de leur environnement. Cette participation a été largement étudiée dans les publications qui s'y rapportent plus ou moins directement, en plus des procès-verbaux des conseils d'administration, dans certains cas parfaitement conservés, qui fournissent des informations détaillées sur la confrérie et les coutumes, les habitudes et les événements de l'époque. Ce matériel abondant s'est multiplié ces dernières années, tant dans les projets de recherche que dans les manuels, monographies, articles universitaires, projets de fin d'études, etc.

Il serait intéressant de réaliser une méta-analyse, peut-être l'a-t-on fait et je ne suis pas au courant, pour vérifier les thèmes abordés dans ces ouvrages et le poids statistique de chacun. Si je devais hasarder les résultats de cet hypothétique travail de recherche, j'oserais dire que les thèmes les plus souvent abordés seraient : l'histoire des confréries, l'art, la société, l'anthropologie, les relations avec le pouvoir politique et ecclésiastique, l'action sociale et peu de choses d'autre.

Mais il y a une question que je n'ai pas vue dans la bibliographie consultée : le rôle des confréries dans l'histoire des idées contemporaines, leur influence sur l'histoire de la pensée. La première question est de savoir s'ils ont vraiment un rôle à jouer ou s'ils doivent être encapsulés, protégés de l'environnement en étant enfermés dans une hotte de sécurité pour éviter d'être contaminés par les différents courants de pensée.

L'histoire des idées à partir du 16ème siècle est fascinante. Le passage du Moyen Âge à l'ère moderne, de l'Ancien Régime au Nouveau Régime, a été marqué par la reconnaissance de l'autonomie du temporel et de la dignité universelle de la personne en tant qu'image de Dieu. Dans ces années, en plus de leurs activités de culte et d'assistance sociale, les confréries ont également assumé un rôle de catéchèse, un rôle catéchétique, en contrepoint de la Réforme.

Ce n'est ni le lieu ni le moment de faire une synthèse, même brève, de l'histoire des idées contemporaines. De manière générale, on pourrait esquisser une relation chronologique, en partant des Lumières, qui placent la raison scientifique au centre de leur vision du monde, en passant par le libéralisme, qui s'articule autour d'une conception individualiste de la nature humaine, et le marxisme, qui privilégie le collectif sur l'individuel et met en avant une vision dialectique de l'histoire.

Le XXe siècle a commencé par un nihilisme ou un scepticisme radical face à l'impossibilité, disent-ils, de connaître la vérité, qui a fait place à l'existentialisme, dans ses différentes variantes, centré sur la personne et son expérience immédiate, sans autre horizon.

De nombreux penseurs identifient les événements de mai 1968 comme le moment où la crise culturelle et anthropologique qui s'était prolongée après la Seconde Guerre mondiale a débouché sur une société permissive, qui a mis fin aux systèmes précédents.

Au relativisme absolu, il substitue des mouvements sociaux : la révolution sexuelle, le féminisme radical, les transl'écologie comme idéologie, la révision de l'histoire, de la culture wok, métaverses et ainsi de suite.

Pendant tout ce temps, l'Église n'a cessé d'agir, identifiant et corrigeant les déviations et proposant des modèles en accord avec la nature humaine et la Révélation. Le concile Vatican II constitue la réponse globale de l'Église à ces défis et définit le rôle des fidèles dans la société.

Quant aux confréries, sont-elles restées en marge de l'histoire des idées contemporaines, enfermées dans une cloche de laboratoire ? Ont-elles été touchées par les courants de pensée de chaque époque ou sont-elles restées à l'écart ? Est-il dans leur mission de participer à ce débat ?

La décision n'est pas facultative. Le mondialisme actuel tend à gommer l'identité et les différences culturelles, c'est pourquoi les confréries doivent renforcer leur propre identité pour ne pas être balayées. Il est important que les confréries, en tant que colonne vertébrale de la société civile, participent activement à la fondation de modèles de pensée conformes à la dignité humaine et à la mission de l'Église qu'elles servent. Pas nécessairement de manière corporative, mais en encourageant la participation de leurs frères et sœurs les plus capables à entrer dans ce débat permanent. La contribution de ces frères est importante, que ce soit à titre individuel ou dans le cadre de l'initiative groupes de réflexiondans cette tâche passionnante.

L'auteurIgnacio Valduérteles

Doctorat en administration des affaires. Directeur de l'Instituto de Investigación Aplicada a la Pyme. Frère aîné (2017-2020) de la confrérie de la Soledad de San Lorenzo, à Séville. Il a publié plusieurs livres, monographies et articles sur les confréries.

Monde

Mgr Paolo Martinelli : "Le Vicariat Apostolique d'Arabie du Sud est une Eglise des peuples".

Entretien avec Paolo Martinelli, nouvellement élu Vicaire Apostolique d'Arabie du Sud.

Federico Piana-1er juin 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Lorsqu'on lui a demandé s'il s'attendait à ce que le pape François le nomme, il y a quelques semaines, vicaire apostolique d'Arabie du Sud, Monseigneur Paolo Martinelli a répondu avec une certitude absolue : "Non, il n'y avait rien qui me rendait suspect de ce choix".

Toutefois, le religieux appartenant à l'Ordre des Frères Mineurs Capucins, jusqu'à peu avant sa nouvelle fonction d'évêque auxiliaire de Milan, n'était pas surpris que le choix se porte une fois de plus sur un Capucin : "Nous sommes présents dans la péninsule arabique depuis plus de cent ans et le vicaire a toujours été choisi parmi nos religieux. De plus, les deux tiers du clergé présent dans ces régions appartiennent à notre Ordre. C'est l'histoire d'une relation consolidée".

La compétence de la Vicariat apostolique d'Arabie du Sud tombe sur tous les catholiques vivant dans les Émirats arabes unis, à Oman et au Yémen. Il y a plus d'un million de personnes, explique Martinelli, toutes migrantes, qui sont venues dans ces territoires pour travailler : ici, donc, la première tâche du Vicariat est de soutenir le chemin de foi de ces fidèles qui, en général, fréquentent beaucoup l'Église.

Une autre tâche importante du Vicariat est également de maintenir les bonnes relations avec les musulmans ?

- En effet, il s'agit du deuxième pilier majeur de l'action du Vicariat. Cette relation, ces dernières années, a été marquée par la signature du document sur la fraternité humaine qui a eu lieu à Abu Dhabi en 2019 par le pape et le grand imam d'al-Azhar. C'est un événement qui reste pour nous un point de référence fondamental et qui a une vision prophétique. En substance, les religions doivent soutenir la fraternité et la paix universelles.

Nous, dans les territoires du Vicariat, sommes appelés à garder vivante la mémoire de cet événement et en même temps nous devons nous engager à développer ses implications du point de vue social, du point de vue du dialogue et des relations culturelles et interreligieuses.

Les catholiques des territoires du Vicariat proviennent déjà de cultures très différentes et l'on peut dire sans aucun doute que nous avons affaire à une Église des peuples.

Mgr Paolo Martinelli. Vicaire apostolique d'Arabie du Sud

En matière de dialogue, quelles sont les prochaines actions concrètes que vous comptez mettre en œuvre ?

- Une chose que je fais maintenant est d'écouter la réalité que je vis afin de la connaître encore mieux, surtout pour bien comprendre ce que mon prédécesseur, Monseigneur Paul Hinder, a fait pendant les longues années où il m'a précédé comme Vicaire.

Mais je peux dire que je me suis rendu compte qu'il y a des aspects très concrets qui doivent être soutenus, approfondis et renforcés : tout d'abord, la valeur interculturelle, déjà présente dans l'expérience de foi catholique.

Nous ne devons pas oublier que les catholiques des territoires du Vicariat proviennent déjà de cultures très différentes et on peut dire sans aucun doute que nous avons affaire à une Église des peuples.

Le deuxième aspect est celui de l'éducation. Le Vicariat a quinze écoles qu'il gère aussi grâce à l'aide de quelques instituts de vie consacrée : très souvent les élèves sont majoritairement musulmans et cela signifie que le lieu d'enseignement devient aussi un espace de confrontation, de dialogue interreligieux.

Comment comptez-vous faire face aux divers défis sociaux, politiques et culturels des différents pays qui composent le territoire du Vicariat ?

Paolo Martinelli

- Il est vrai que les territoires sont très différents les uns des autres et que la présence de l'Église et des chrétiens est également variée. Par exemple, aux Émirats arabes unis et à Oman, la situation est plus calme, alors que le Yémen est marqué par des tensions sociales et religieuses.

Chaque jour, mes pensées se tournent vers les quatre sœurs de Mère Teresa de Calcutta qui, il y a six ans, ont été tuées au Yémen pour être restées fidèles à leur mission d'accueil et de soutien des personnes âgées et handicapées.

C'est dans ces situations que l'encyclique Fratelli Tutti du pape François, qui promeut la fraternité universelle et l'amitié sociale, doit nous inspirer.

Comment le chemin synodal est-il vécu dans le Vicariat ?

- Je me suis renseigné sur ce qui a été vécu jusqu'à présent : j'ai été heureux d'apprendre qu'un parcours bien structuré a été effectué et je dois reconnaître que Monseigneur Paul Hinder a très bien travaillé. Il y a quelques jours, la messe de clôture de la phase de consultation a été célébrée dans l'église particulière et un document a été produit contenant les résultats du travail effectué dans toutes les communautés et paroisses du Vicariat. J'ai été très impressionné par la passion avec laquelle les fidèles ont mené le débat synodal, dont le bilan a ensuite été transmis au secrétariat du Synode. Je suis certain que le Vicariat Apostolique d'Arabie du Sud est vraiment une Eglise du peuple.

L'auteurFederico Piana

 Journaliste. Il travaille pour Radio Vatican et collabore avec L'Osservatore Romano.

Famille

Une rencontre pour expérimenter ce qu'est une famille chrétienne

La conférence de presse de présentation de la 10e Rencontre mondiale des familles, qui aura lieu à Rome du 22 au 26 juin 2022, s'est tenue aujourd'hui, mardi 31 mai, à 13 heures, au Bureau de presse du Saint-Siège.

Antonino Piccione-31 mai 2022-Temps de lecture : 4 minutes

Gabriella Gambino, sous-secrétaire du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie ; Dr. Leonardo Nepi, fonctionnaire du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie ; Mons. Leonardo Nepi, fonctionnaire du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie ; Monseigneur Walter Insero, directeur du Bureau des communications sociales du diocèse de Rome ; Amadeus Sebastiani et Giovanna Civitillo, conjoints, présentateurs du Festival des familles (connectés à distance) ; Gigi De Palo et Anna Chiara Gambini, conjoints, représentants de la Pastorale de la famille du diocèse de Rome.

Au cours de la conférence, une vidéo d'accueil de Il Volo, le groupe musical formé par Piero Barone, Ignazio Boschetto et Gianluca Ginoble, a été projetée. 

M. Gambino a énuméré les thèmes du Congrès pastoral qui sont ressortis de la comparaison entre les évêques du monde : la coresponsabilité des épouses et des prêtres ; les difficultés des familles ; la préparation au mariage ; les périphéries existentielles ; la formation des formateurs ; le rôle de la rencontre et de l'écoute.

Un programme varié et enrichissant

Trente interventions sont prévues, avec un total de 62 orateurs et 13 modérateurs pour les sessions.
Grâce au fonds de solidarité du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, les Conférences épiscopales qui ont demandé un soutien financier pour envoyer une délégation à Rome pourront y participer. Parmi eux, également l'Ukraine avec deux délégations.

La 10e rencontre mondiale des familles, a annoncé le pape François dans un message vidéo, aura des caractéristiques différentes des événements des années précédentes. L'événement, reporté d'un an en raison de la pandémie, ne peut cependant ignorer le changement du contexte mondial dû à la situation sanitaire. L'événement principal aura donc lieu à Rome. Des délégués des conférences épiscopales du monde entier y participeront, ainsi que des représentants de mouvements internationaux impliqués dans la pastorale familiale. Dans le même temps, chaque diocèse est invité à organiser des événements similaires dans ses propres communautés locales.

"Lors des Rencontres précédentes - a déclaré le Pape dans le message vidéo - la plupart des familles restaient à la maison et la Rencontre était perçue comme une réalité lointaine, au mieux suivie à la télévision, ou inconnue de la majorité des familles. Cette fois, il aura une formule inédite : ce sera l'occasion pour la Providence de réaliser un événement mondial capable d'impliquer toutes les familles qui veulent se sentir partie prenante de la communauté ecclésiale".

Par conséquent, la Rencontre mondiale se déroulera de deux manières parallèles. Rome restera le lieu principal, le Festival des Familles et le Congrès Théologique-Pastoral se dérouleront dans la salle Paul VI. Une messe sera célébrée par le pape sur la place Saint-Pierre.

Un mariage sur les autels

"C'est avec une grande joie que j'annonce, en accord avec le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, que les bienheureux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi seront les patrons de la 10e Rencontre mondiale des familles, qui se tiendra à Rome du 22 au 26 juin 2022". Le cardinal vicaire Angelo De Donatis l'a écrit dans une lettre adressée au diocèse de Rome. Les Beltrame Quattrocchi ont été le premier couple à être béatifié par l'Église catholique, le 21 octobre 2001, sous le pontificat de Jean-Paul II, dans la basilique Saint-Pierre, en présence de leurs enfants Tarcisio, Paolo et Enrichetta. L'histoire de toute cette famille, qui a passé la majeure partie de sa vie à Rome, reste aujourd'hui, a souligné M. De Donatis, un témoignage authentique, crédible et actuel de l'amour conjugal. Leur mariage, célébré le 25 novembre 1905 dans la basilique de Santa Maria Maggiore, a été vécu dans un constant cheminement de croissance spirituelle".

Quatre enfants ont honoré leur mariage et le couple, animé d'une foi vive, les a éduqués dans l'Évangile dès leur plus jeune âge. Les trois premiers ont embrassé la vie consacrée : Filippo est devenu moine bénédictin sous le nom de Don Tarcisio ; Stefania est entrée au monastère bénédictin du Saint-Sacrement à Milan et a pris le nom de Sœur Cecilia ; et Cesare, qui est devenu père trappiste sous le nom de Paolino, est candidat aux autels. La fille cadette, Enrichetta, laïque consacrée et déclarée Vénérable par le Pape François le 30 août 2021, a passé sa vie toujours aux côtés de ses parents, dans une prière persévérante, se consacrant au Seigneur au service du prochain.

" Au couple Beltrame Quattrocchi - conclut la lettre du Vicaire du Pape pour le diocèse de Rome - revient également le mérite d'avoir créé la première expérience d'itinéraires vocationnels pour aider les jeunes à comprendre la beauté et l'importance du sacrement du mariage ou pour les orienter vers le choix de la vie consacrée ". En fait, ils ont été les initiateurs de la Pastorale familiale dans le diocèse de Rome. Je vous encourage à adopter l'exemple et le témoignage de la famille Beltrame Quattrocchi, qui incarne le thème de la prochaine Rencontre mondiale des familles, "Amour familial, vocation et chemin de sainteté".. Edifiés par leur témoignage de foi, nous confions au Bienheureux Louis et à la Bienheureuse Marie toutes les familles du monde, surtout celles qui sont blessées et en difficulté, éprouvées par la pauvreté, la maladie et la guerre. Nous confions à leur intercession la préparation et la célébration de la Rencontre et les fruits spirituels abondants que le Seigneur, à travers cet événement ecclésial, accordera. Que Notre Dame du Divin Amour, dans le sanctuaire de laquelle reposent les restes du Bienheureux, veille sur les familles du monde avec le soin et la tendresse avec lesquels elle a veillé sur la famille de Nazareth".

https://www.romefamily2022.com/es/ est le site web de la réunion, où l'on peut trouver toutes les informations mises à jour.

L'auteurAntonino Piccione

La théologie du 20ème siècle

Le renouveau de l'eschatologie

Tout au long du XXe siècle, une multitude d'inspirations diverses ont transformé le contenu et l'importance de ce traité sur l'au-delà et les "dernières choses". Elle est passée d'un statut plus ou moins marginal à celui de centre de la théologie. 

Juan Luis Lorda-31 mai 2022-Temps de lecture : 7 minutes

Au XXe siècle, deux traités de théologie (en laissant de côté l'exégèse) ont prétendu prendre en charge l'ensemble de la théologie. L'une d'entre elles est la théologie fondamentale, car elle prétendait être la justification de toutes les questions de théologie. L'autre, plus minoritaire, est l'eschatologie, lorsqu'elle soutient que l'ensemble du message chrétien est et doit être eschatologique. Ce sont des approches tout à fait antithétiques. La revendication de la Théologie Fondamentale vient des exigences de la raison, parfois de la raison académique. La revendication de l'eschatologie, en revanche, est principalement d'inspiration théologique. Les premiers peuvent pécher par excès de rationalisme. La seconde, dans ses extrêmes, peut pointer vers l'utopie. Cela permet de conclure qu'ils sont nécessaires pour se compenser mutuellement.

Jésus-Christ, le centre de l'eschatologie

L'eschatologie est véritablement globale, car le Christ lui-même a présenté son Évangile en annonçant le Royaume à venir. Et aussi parce que l'essence du christianisme, selon les mots de Guardini, est une personne, Jésus-Christ. Mais Jésus-Christ dans sa plénitude, et donc ressuscité. Nous vivons en tension vers la Parousie. Et aussi bien dans la liturgie que dans l'action chrétienne : nous attendons que le Seigneur vienne maintenant et à la fin. 

Certains théologiens protestants ont souligné que la théologie devait se concentrer sur Jésus-Christ ressuscité (Karl Barth), et certains l'ont rendu plus concret pour l'eschatologie (Althaus, The lezten Dinge). Jésus-Christ est la cause, le modèle et l'avant-goût de l'être humain dans sa plénitude, comme le montre saint Paul. 

Les manuels catholiques avaient divisé l'eschatologie en deux parties : individuelle et finale. Dans la première partie, ils ont traité du problème de la mort (avec le problème, peut-être, de l'âme séparée), du jugement et des trois états possibles (paradis, enfer et purgatoire), en ajoutant parfois une réflexion sur la béatitude. Dans la deuxième partie, l'eschatologie finale, ils ont traité de la seconde venue du Christ avec ses signes, la résurrection du corps et les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Comme ces sujets étaient plus mystérieux, il s'agissait d'une sorte d'appendice. L'eschatologie était axée sur la fin de chaque personne. On s'est même demandé si la résurrection des corps ajoutait quelque chose, et la réponse a été une certaine gloire accidentelle. Cela s'opposait à l'idée que la résurrection du Christ est l'événement essentiel du christianisme et doit être le centre de l'eschatologie.

Inspirations tirées des Écritures

De nombreux points mis en évidence par l'Exégèse ont contribué à la même ligne. Tout d'abord, bien sûr, la centralité du Christ. Ensuite, le fait que la prédication du Christ a été eschatologique dès le début : il a annoncé un Royaume, dont le levain dans ce monde est l'Église. Cela donne une tonalité eschatologique à toute la proclamation chrétienne et à toute son histoire. 

Et elle n'est pas d'abord une affaire individuelle, mais se réalise dans le Corps du Christ dans l'histoire, qui est l'Église. D'abord en Jésus-Christ, qui "Il est ressuscité des morts comme les prémices de ceux qui se sont endormis". (1 Co 15,20) et dans ce mouvement il entraîne son Corps mystique et même la création tout entière, "qui attend avec un ardent désir la manifestation des fils de Dieu". (Rom 8:19). La révélation de Dieu est à la fois l'histoire de l'Alliance, l'histoire du salut et aussi l'histoire du Royaume. Le Royaume (avec le Christ au centre) est le grand thème de l'eschatologie et traverse toute l'histoire du salut. 

Approbations patristiques et liturgiques

Il fallait renverser le traité : commencer par la résurrection du Christ, prémices, promesse et cause de notre résurrection ; parler de l'histoire du salut ou du Royaume, et de la réalisation de l'Église ; donner à tout le message chrétien et à toute la théologie cette tension eschatologique. En outre, elle s'exprime éminemment dans la Liturgie, dans chaque Eucharistie, où se renouvelle la Pâque du Seigneur jusqu'à son retour. Et dans l'année liturgique, de l'Avent à la dernière semaine du Temps ordinaire, la seconde venue du Christ (le Christ Roi et Juge de l'histoire).

Le contact entre l'eschatologie et la liturgie a été très enrichissant pour les deux traités. En fait, ces relations aujourd'hui redécouvertes étaient déjà présentes chez les Pères de l'Église. C'était une autre manifestation d'un effet commun dans l'histoire de la théologie. La scolastique s'était attachée à étudier la réalité des choses avec l'ontologie héritée d'Aristote ; l'âme séparée, la contemplation, la condition des corps ressuscités, également la "res" des sacrements ou de l'Église en tant que réalité sociale. C'était sa contribution. Mais il n'avait aucune méthode pour traiter la dimension symbolique. C'était son erreur. En renouant avec la théologie patristique (et aussi avec la théologie orientale, qui est patristique par tradition), les approches ont été renouvelées. 

Une nouveauté : la théologie de l'espérance

Une autre inspiration est venue d'une direction complètement différente. Déjà, le grand intellectuel chrétien russe Nicolaï Berdiaev (1874-1948) avait averti que le marxisme était une sorte d'hérésie chrétienne et qu'il avait sécularisé son espérance, promettant un paradis sur terre. Un penseur critique marxiste, Ernst Bloch (1885-1977), a précisément noté ceci dans son volumineux essai Le principe d'espoir (1949). Et il a identifié l'espoir comme l'impulsion fondamentale de la vie humaine, qui a besoin d'un avenir. Ou bien elle est même future, car elle doit se réaliser en tant que personne et, surtout, en tant que société (ce qui est permanent). En ce sens, il ne s'agit pas d'être, mais de devenir. C'est pourquoi l'espoir et, dans la même mesure, l'utopie en tant que but, sont les clés de l'être humain.

L'idée a impressionné un jeune théologien protestant de l'époque, Jürgen Moltmann, qui a relu le livre et en a discuté avec Bloch. La critique que l'on pouvait adresser à Bloch était évidente : l'espoir est bien le grand moteur de la psychologie humaine, mais le Royaume sur terre est impossible, car ni la mort, ni les limites et les échecs humains ne peuvent être surmontés. Outre le fait que tout espoir personnel disparaît réellement pour s'immoler au profit d'un royaume social. Mais quels que soient les efforts déployés, il est impossible dans ce monde de passer de la facticité à la transcendance. Ici, il y a toujours quelque chose à faire, et nous ne nous en sortons jamais, quels que soient nos progrès. Avec tous les paradoxes que cela peut comporter, d'ailleurs, sur ce que signifie réellement l'amélioration.

Mais il était clair que Bloch avait tout à fait raison. L'espoir est une force motrice, l'être humain est l'espoir. L'espérance séculière n'a pas de but crédible, mais l'espérance chrétienne en a un. Reprenant les inspirations susmentionnées et le défi de Bloch, Moltmann a construit son Théologie de l'espérance (1966). Et cela a eu un impact énorme. Il est devenu évident qu'une eschatologie est, en fin de compte, une théologie de l'espérance, et vice versa. L'espérance n'est plus la petite sœur des deux autres vertus, comme l'avait poétisé Péguy (Le portique du mystère de la seconde vertu). 

Moltmann a toujours été un homme aux mots faciles et aux grandes perspectives, mais il a peut-être le problème inverse de la scolastique. Dans la scolastique, l'attention portée à la réalité a conduit à négliger le symbolique. Ici, parfois, l'attention portée au symbolique peut conduire à un détachement de la réalité. C'est ce qui tend à la mythologie... La résurrection du Christ est réelle et non pas une attente dans le futur où elle doit être révélée. 

Le lieu de l'utopie

Entre autres choses, la "théologie de l'espoir" postulait le rôle des utopies comme moteur de l'histoire humaine. Précisément quand le marxisme s'est répandu comme une idéologie planétaire, quand il a réalisé diverses symbioses avec la pensée chrétienne et quand il est devenu clair qu'il n'était pas le paradis. Il sera l'une des inspirations de la théologie de la politique et de la théologie de la libération de Metz. 

Nous avons besoin d'utopies, répétera plus tard avec nostalgie une certaine gauche chrétienne, tentant au passage de justifier un passé plutôt imparfait (et dans bien des cas criminel). Mais l'utopie de Thomas More, qui était la première, n'a tué personne. Et l'utopie marxiste a tué des millions de personnes. D'où la réaction postmoderne : nous ne voulons pas de grands récits, qui sont très dangereux. La gestion de l'utopie exige du discernement, mais surtout une acceptation totale du grand principe moral selon lequel la fin utopique ne justifie pas les moyens ; on ne peut pas faire n'importe quoi au nom de l'utopie. 

Le manuel de Joseph Ratzinger

Avec tout ce bouillonnement d'idées, celui qui était alors théologien, puis pape, enseignait l'eschatologie, entre autres sujets, à Ratisbonne. Et il a composé un petit manuel (1977) avec beaucoup de choses intelligentes et bien jugées. Comme il le souligne dans l'avant-propos, le manuel a deux préoccupations. D'une part, il salue l'effort de recentrer l'eschatologie sur le Christ, l'idée maîtresse de la théologie de l'espérance, et discerne ses conséquences politiques et historiques. Il nuance également l'idée que la mort est un moment de plénitude, comme Rahner avait voulu le présenter ; car, au contraire, l'expérience est tout autre. 

Mais il contient une nouveauté remarquable. Il aborde le sujet de l'âme séparée, qui est difficile à présenter dans notre contexte scientifique moderne. Il est aidé par l'inspiration de la philosophie dialogique d'Ebner et de Martin Buber, qui la formule de manière plus convaincante. D'un point de vue chrétien, l'être humain est un être créé par Dieu pour une relation d'amour avec Lui pour toujours. C'est la base théologique pour comprendre la survie des personnes (de l'âme) au-delà de la mort. Elle ne dépend pas de la plausibilité actuelle des anciennes démonstrations de l'âme ou de la vision de Platon. Le message chrétien a son propre fondement dans ce "personnalisme dialogique", qui nous permet également d'approfondir ce que signifie être une personne. Ce thème, qui est déjà signalé dans le document Introduction au christianisme, est une belle contribution du manuel de Joseph Ratzinger, même s'il ne s'agit pas de son original. Mais cela lui a donné de la force et de la diffusion. 

Les problèmes de l'âme séparée  

En fait, l'état de l'âme séparée entre la mort et la résurrection est une question complexe. Saint Thomas d'Aquin l'avait vu, et il a sur ce sujet une quaestio disputata. Il doit y avoir une survie, sinon toute résurrection, même celle du Christ, serait une re-création. Mais cette âme est privée des ressources psychologiques de la sensibilité, et par conséquent son temps subjectif ne peut être continu comme le temps que nous vivons avec le corps. Saint Thomas a également vu cela. Il est donc possible de penser à une certaine proximité subjective entre le moment de la mort et celui de la résurrection. Certains auteurs catholiques ont identifié les deux moments (Greshake), mais cela n'est pas possible, car il existe des événements intermédiaires, comme le jugement et les relations de la communion des saints. Mais on ne peut y penser avec notre expérience, car l'âme est déjà devant Dieu qui agit sur elle. Il ne s'agit pas d'une survie naturelle mais d'une situation eschatologique. 

Il est intéressant de noter que si la question de l'âme séparée est difficile à présenter à un public plutôt matérialiste, la croyance en la réincarnation ou la métempsycose s'est développée, par osmose culturelle à partir des convictions bouddhistes ou hindoues. Et cela demande de l'attention.   

Et la théologie de l'histoire

Parallèlement à ces développements en eschatologie, le vingtième siècle a connu une abondante réflexion sur la théologie de l'histoire, qui n'a guère interagi avec le traité, mais qui mérite d'être prise en compte. 

La thèse du philosophe juif Karl Löwitz sur la théologie de l'histoire d'Augustin et ses essais sur l'histoire et le salut et sur le sens de l'histoire sont bien connus. De même, Berdiaev, cité plus haut, a un essai remarquable sur Le sens de l'histoire. Et le grand historien français Henri Irenée Marrou. D'autre part, nous avons Le mystère du tempspar Jean Mouroux. Et le Mystère de l'histoirepar Jean Daniélou. Et le Philosophie de l'histoirede Jacques Maritain, qui voit le bien et le mal croître en même temps. Et le Théologie de l'histoirede Bruno Forte, dont la théologie se construit précisément à partir de l'histoire. Et, d'autre part, cette attention à l'utopisme, que Henri De Lubac, dans son essai sur le La postérité spirituelle de Joachim de Fiore. Et Gilson, dans Les métamorphoses de la cité de Dieu.

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Vocations

Sœur Lucía Vitoria : "Il faut une formation plus solide des catéchistes".

Sœur Lucia Vitoria est originaire du Portugal et appartient à la Fraternité Arca de Maria. Elle est en première année de licence en théologie morale à l'Université pontificale de la Sainte-Croix à Rome, grâce à une bourse de la Fondation CARF.

Espace sponsorisé-31 mai 2022-Temps de lecture : < 1 minute

Il est né en 1975. Le début de sa conversion a eu lieu lorsqu'il avait 23 ans, alors qu'il terminait ses études d'ingénieur chimiste. "À l'époque, mon projet était basé sur le fait d'être un bon ingénieur, de bien gagner sa vie et de réussir. C'est précisément la veille de mon anniversaire que, lors d'une retraite, j'ai fait ma première rencontre avec la personne de Jésus. Ensuite, tout a changé radicalement dans ma vie", dit-il.

Toutefois, avant de décider de devenir religieuse, elle a travaillé pendant 8 ans au laboratoire antidopage de Lisbonne, à l'Institut portugais des sports, où elle s'est sentie très épanouie grâce à la recherche scientifique ayant une application pratique immédiate.

Après cette période, et après s'être engagé sur un chemin de discernement vocationnel et après avoir fait connaissance avec la Fraternité Arca de María en 2007, il l'a rejointe en 2008.

"J'ai été très impressionné par le charisme de cette Fraternité, née dans le Cœur de la Vierge Marie, comme nous le croyons, pour aider à réaliser le désir de Jésus exprimé à Fatima en juillet 1917 : "Mon Fils veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé".

Après une première étape de formation au Brésil (où la communauté a été fondée), elle a été envoyée à la maison de mission en Italie, où, avec d'autres membres de la communauté et des laïcs locaux, elle travaille à des activités missionnaires liées au charisme.

Ces dernières années, la Fraternité a pu identifier la nécessité d'une formation catéchétique plus solide et plus complète afin de pouvoir s'occuper des âmes avec plus de soin. C'est pour cette raison qu'il est à Rome pour étudier la théologie morale. 

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Initiatives

Agir pour défendre nos valeurs

Comment devons-nous nous comporter au milieu de cette société considérée par beaucoup comme "post-chrétienne" ? L'Instituto de Formación y Liderazgo Acción Cristiana, en République dominicaine, veut être un centre de réflexion fondé sur une vision chrétienne du monde, où l'on peut développer une pensée critique ayant un impact positif sur les décideurs et l'ensemble de la nation.

José Francisco Tejeda-31 mai 2022-Temps de lecture : 4 minutes

Ceux d'entre nous qui ont grandi au siècle dernier ont grandi avec une conscience claire du bien et du mal, du bon et du mauvais. Ce n'est pas que cette génération était irréprochable dans son comportement, mais simplement qu'elle reconnaissait ce qui était bien et ce qui était mal, même si c'était à chaque individu de décider comment agir. La génération d'aujourd'hui, en revanche, est caractérisée par un relativisme écrasant, où la "bonne" chose à faire est, paradoxalement, de ne rien juger comme étant mauvais. Selon le postmodernisme actuel, il n'existe pas de vérité absolue, mais chacun a sa propre vérité. Cependant, cet argument est contradictoire et rapidement autodestructeur, car il se présente comme une vérité absolue.

Bien que notre époque soit qualifiée de "post-vérité", nous sommes encore nombreux à savoir que la vérité existe et à maintenir un filtre à travers lequel passer tout nouveau concept ou idée. Ceux d'entre nous qui fondent encore leurs opinions et leur façon de voir la vie sur une vérité transcendante et objective se posent la question suivante : comment devons-nous nous comporter au milieu de cette société considérée par beaucoup comme "post-chrétienne" ? C'est une question fondamentale à laquelle doivent répondre tous ceux d'entre nous qui essaient de suivre Jésus de Nazareth comme Maître et Seigneur.

Il est facile de se laisser envahir par un sentiment de défaite face à l'avalanche de contre-valeurs qui nous assaille dans pratiquement tous les domaines du monde actuel. Différents groupes prônant de nouveaux "droits" s'unissent dans le but commun de supprimer tout ce qui s'oppose à ce que ces prétendus droits deviennent des lois. Le problème est que ces lois, contrairement à ce qu'elles prétendent, nuisent aux enfants et aux familles et ne garantissent pas l'égalité devant la loi, mais exacerbent plutôt les conflits sociaux, violent les libertés fondamentales et empiètent sur les droits des personnes à vivre d'une manière conforme à leurs valeurs. 

Certains se demandent si ce combat inégal et inéquitable vaut la peine d'être mené, étant donné que ces groupes sont soutenus par les personnes les plus puissantes de la planète. Dans le doute, notre réponse est oui : cela vaut la peine de se battre, sachant que cette lutte est semblable à celle de David contre Goliath. C'est pourquoi, il y a quelques années, un groupe de Dominicains s'est uni dans le but d'agir pour la défense et la promotion des valeurs chrétiennes dans notre nation, en honorant nos pères fondateurs qui, en établissant notre République, ont mis Dieu en premier.

Nous avons fondé le groupe d'action chrétienne précisément pour agir en tant que sel et lumière dans notre société. Notre souhait est que nous soyons chaque jour plus nombreux à nous joindre à cette mission de préservation de nos valeurs fondatrices, reflétées dans notre devise nationale : Dieu, Patrie et Liberté. Et que, de la même manière, nous multiplions chaque jour les citoyens des différents pays d'Amérique latine qui assument un engagement similaire en faveur de leurs nations respectives.

Plusieurs étapes

Sur la base de notre expérience, nous partageons les étapes que nous suggérons à ceux qui souhaitent agir dans ce sens :

Il est nécessaire de connaître la réalité dans laquelle nous vivons. Il existe un programme idéologique qui, bien qu'il soit en contradiction avec la science et la raison, est imposé avec succès dans de nombreuses nations. C'est précisément en raison de son succès qu'il existe déjà suffisamment de preuves pour montrer que, dans la pratique, ses propositions sont très préjudiciables aux familles, aux enfants et aux libertés civiles. Nous devons nous renseigner sur cet agenda et ses arguments, et identifier les sophismes qui font partie de sa stratégie.

Nous devons nous unir et faire équipe avec d'autres personnes ayant la même vision. "L'union fait la force", c'est bien connu et pratiqué par ceux qui cherchent à tout prix à imposer leur nouvel ordre moral et social. Nous sommes appelés à nous unir pour former un corps cohésif d'hommes et de femmes qui comprennent l'époque, savent ce qui est bon pour notre nation et sont prêts à agir en son nom.  

Nous devons nous donner les moyens d'agir efficacement. Nous savons que notre combat n'est pas celui des armes charnelles, mais qu'il est avant tout spirituel, culturel et juridique. Par conséquent, nous devons nous éduquer intellectuellement, exercer notre discernement et nous équiper pour présenter un plaidoyer en faveur de la vérité et exercer une influence efficace dans notre société. Cela implique de développer l'esprit critique et d'apprendre à débattre des idées afin d'être prêt à tout moment à défendre la vérité, toujours avec douceur et respect.

Nous devons abandonner la passivité et commencer à avoir un impact sur notre environnement. Pendant longtemps, nous sommes restés passifs et silencieux dans la société, car nous n'avions pas de concepts clairs, et même si nous pouvions discerner que certaines choses n'étaient pas justes, nous n'avions pas la capacité d'argumenter contre elles, mais une fois que nous avons consacré du temps et de l'attention à nous former sur ces questions, il est temps d'agir, chacun à partir de son scénario respectif. Nous ne devons pas sous-estimer nos capacités face aux experts, car chaque personne a sa propre sphère d'influence.

Les parents peuvent commencer par leurs propres enfants, en leur apportant orientation et conseils ; les enseignants peuvent guider leurs élèves lorsqu'ils constatent une confusion ; les adolescents et les jeunes adultes peuvent échanger des idées avec leurs pairs et leurs amis ; les médecins peuvent utiliser leur formation pour réfuter les sophismes idéologiques diffusés en tant que prétendue science. En résumé, chacun est appelé à partir de là où Dieu l'a placé, en maintenant toujours l'amour et la compassion, en se rappelant qu'il ne s'agit pas de gagner un débat, mais de gagner des vies afin de les rapprocher de la vérité.

Institut de formation et de leadership en action chrétienne

Nous vous invitons à rejoindre ce mouvement par le biais de la Institut de formation et de leadership Action chrétienne, IFLAC, en participant à un cours virtuel que nous avons préparé. Ce cours présente les principaux concepts idéologiques qui sont largement répandus dans le monde aujourd'hui, apportant tant de confusion et faisant tant de mal aux enfants, aux jeunes, aux familles et aux sociétés entières.

Le but de l'institut n'est pas seulement de fournir une formation, mais aussi qu'ensemble nous construisions un groupe de réflexion basé sur une vision chrétienne du monde, où nous pouvons développer une pensée critique qui a un impact positif sur les décideurs et la nation dans son ensemble.

Le diplôme de pensée critique et de bataille culturelle est entièrement en ligne et asynchrone, et est dispensé par les moyens suivants www.iflac.org. Les enseignants sont des professionnels internationaux, experts de ces questions et protagonistes de la bataille culturelle d'aujourd'hui : Agustín LajeLe module comprend un module sur les tactiques pour la bataille culturelle, comment être un influenceur à travers les réseaux, etc. et un autre module sur la théorie politique ; Amparito Medina couvre l'avortement en tant que commerce, ses conséquences réelles et les alternatives à l'avortement ; Pablo Muñoz Iturrieta discute de l'idéologie du genre, du féminisme, des identités LGBTQ+ ; Miklos Lukacs couvre le mondialisme, le transhumanisme et les technologies convergentes ; et Christian Rosas couvre le module sur le christianisme et la liberté.

L'auteurJosé Francisco Tejeda

Correspondant d'Omnes en République dominicaine

Culture

Le palais du Latran : un trésor d'art et de foi

Le palais du Latran est un trésor qui couvre plus de trois siècles d'histoire chrétienne et, depuis décembre dernier, il a ouvert ses portes au public avec un aménagement unique et innovant qui traverse le premier étage du palais apostolique.

Giuseppe Tetto-31 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Traduction de l'article en italien

Art, culture et foi. Le palais du Latran est un trésor qui couvre plus de trois siècles d'histoire chrétienne. Au cœur de la Ville éternelle, à côté de la basilique de Saint-Jean-de-Latran, elle a toujours été la "Mère et la Tête" de toutes les églises de Rome et du monde.

Aujourd'hui encore, le pape, évêque de Rome, prend possession "physiquement" de son diocèse en se rendant à la cathédrale de Saint-Jean-de-Latran.

Depuis le 13 décembre dernier, le Palais du Latran a ouvert ses portes au public avec un aménagement unique et innovant qui traverse le premier étage du Palais Apostolique. Les visiteurs sont enchantés par la majesté des dix salles - dont celle où furent signés les pactes du Latran - qui présentent des fresques du XVIe siècle, de fines tapisseries, des peintures de grands artistes et de précieux meubles anciens. Ce sont les lieux de représentation des papes qui ont vécu dans le complexe pendant plus de 1 000 ans. Après les avoir traversés, vous entrez dans les appartements privés du Saint-Père qui, avec la chapelle, peuvent être visités pour la première fois de leur histoire.

Les Sœurs Missionnaires de la Révélation Divine, engagées dans l'évangélisation par la beauté, accompagnent le visiteur tout au long du parcours. La visite se termine à l'intérieur de la basilique de San Giovanni in Laterano avec un accès au majestueux escalier monumental.

C'est le pape François qui a suggéré de revitaliser ce qui a été pendant des siècles la "Maison de l'évêque de Rome", avant qu'elle ne soit déplacée au Vatican. Dans une lettre datée du 20 février 2021, adressée au cardinal vicaire Angelo De Donatis, le Saint-Père a invité à partager le "fruit du génie et de la maîtrise des artistes, qui témoignent souvent d'expériences de foi" et à "rendre utilisables la beauté et la proéminence du patrimoine et des biens artistiques" confiés à la protection de l'évêque de Rome.

Histoire du palais du Latran

Pour retracer l'histoire de la Palais du LatranL'histoire de la ville remonte au 28 octobre 312, lorsque les troupes de Constantin ont vaincu Maxence lors de la célèbre bataille de Ponte Milvio. Sur le trône de Pierre s'est ensuite assis le pape Miltiades Ier, à qui Constantin a fait don de la zone et des bâtiments qui appartenaient autrefois à l'ancienne famille du Latran.

C'est Constantin lui-même qui, avec l'édit de Milan en 313, a accordé la liberté de culte aux chrétiens qui, jusqu'alors, avaient professé leur foi au milieu de l'intolérance et de la persécution, et a encouragé la construction de lieux pour la profession de foi.

La basilique du Très-Saint-Sauveur, qui fut plus tard également dédiée aux saints Baptiste et Évangéliste, est la seule à ne pas avoir été construite sur la sépulture d'un martyr, mais plutôt comme un lieu de culte. ex voto suscepto (par la grâce reçue), sur les restes de la Castra Nova Equitum singulariumLa basilique était le siège des prétoriens du rival de Constantin, Maxence. La basilique a été consacrée le 9 novembre 318 et dédiée au Saint Sauveur par le pape Sylvestre Ier. Outre le baptistère, le Patriarchium, connu sous le nom de "Maison de l'évêque de Rome", a été annexé par la suite.

Au fil des siècles, au milieu des dommages, des vicissitudes et des pillages, ces lieux ont connu leur plus grande splendeur à l'époque médiévale, sous la papauté d'Innocent III et de Boniface VIII.

Le déménagement au Vatican

Le palais a servi de résidence aux papes pendant environ mille ans, mais a été abandonné lorsque l'autorité papale est revenue après la "captivité d'Avignon" (1309-1377). En effet, le Vatican a été désigné comme le lieu choisi pour accueillir le pape, non seulement en raison des aspects géographiques qui le rendaient plus sûr, mais surtout en raison de la présence de la tombe de Pierre. Malgré cela, le palais conservera sa prérogative de patriarcat : tous les papes, en effet, une fois élus au trône papal, prendront résidence au Latran.

L'ensemble du complexe a été réaménagé sous l'impulsion du pape Sixte V (1585-1590) qui, en seulement cinq ans de pontificat, a entrepris une série d'opérations de restructuration et de construction dans les environs et dans toute la ville. En fin de compte, Sixte V n'a pu rester au Latran que pendant un an et tous ses successeurs ont choisi le Vatican comme résidence.

Mais l'importance du site s'est maintenue au fil des siècles. Le palais du Latran sera rarement utilisé comme habitation. Sa principale fonction était de servir de "maison de mendicité" afin de fournir aux pauvres de la ville un endroit où vivre et travailler.

C'est alors, avec les figures de Grégoire XVI, Pie IX et Pie XI, qu'il est destiné à accueillir les documents historiques et les mémoires relatifs à la propagation universelle de l'Évangile.

Jean XXIII d'abord, et Paul V ensuite, ont réalisé une vaste opération de remodelage et de restauration du Palais, qui s'est terminée en 1967 par le transfert des bureaux du Vicariat de Rome.

Aujourd'hui, il n'est possible d'entrer dans le palais du Latran que dans le cadre de visites guidées, en groupes de 30 personnes maximum. Pour réserver, il vous suffit de choisir votre date préférée à www.palazzolateranense.com

L'auteurGiuseppe Tetto

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Cinéma

Faisons transpirer la testostérone ensemble. Top gun est de retour

Patricio Sánchez-Jáuregui commente le nouveau film avec Tom Cruise, Top gun : Maverick.

Patricio Sánchez-Jáuregui-30 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Il est difficile de faire une seconde partie décente. Personne n'est jamais entièrement heureux. La force du temps et la nostalgie ont fait de Top Gun quelque chose de plus qu'une icône des années 80, et maintenant son héros revient pour donner plus de cire et étirer le chewing-gum. Qui d'autre aurait des doutes. Mais après la triade de Planet Hollywood (Stallone, Willis, Schwarzenegger), il y a peu de personnes sur la liste qui ont créé, alimenté et porté sur leurs épaules le poids du cinéma hollywoodien post-années 80 comme Tom Cruise. Il est donc temps de s'asseoir, de passer un bon moment et de laisser les jugements calvinistes à la porte.

Spécifications techniques

Titre: Top gun : Maverick
Directeur: Joseph Kosinski
Histoire: Peter Craig ; Justin Marks
Musique: Harold Faltermeyer ; Lady Gaga ; Hans Zimmer ; Lorne Balfe

Tom Cruise est toujours Maverick. Un pilote casse-cou qui ne connaît rien d'autre que l'aviation (ou les superproductions) et qui est encore mortifié par la perte de son partenaire Goose (Anthony Edwards) dont le fils a suivi les traces de son défunt père. Entre le dé et le mourir, Tom Cruise n'arrive pas à se décider jusqu'à ce qu'il trouve dans l'enfant de son camarade tombé au combat (Miles Teler : Whiplash) un chemin de rédemption à travers une mission commune qui lui donnera une chance de trouver la paix qui lui échappe. Il y aura des séances d'entraînement au rythme effréné, des moments sportifs emblématiques qui font transpirer, des répliques qui claquent du bout des lèvres et un dénouement plein d'action dans le plus pur style de Steel Eagle (1986).

Plus spectaculaire

Sans aucun doute, Top Gun : Maverick est un spectacle qui nous fait même parfois retenir notre souffle et nous pencher en avant dans nos sièges. C'est un film qui gagne en spectacularité par rapport au précédent mais perd en iconicité (mais le temps nous le dira, et là où je dis je dis je meurs). Ses fins - car il y en a plusieurs - peuvent être un peu bouclées, mais elles offrent aussi des gags humoristiques ainsi que des clôtures sentimentales qui pourraient être exagérées mais qui sont agréables à regarder. Néanmoins, le film est mesuré dans le temps et répond aux attentes : du F-14 au F-18 et retour, le film ne manque pas de remplir sa part d'hommage, qui est à mi-chemin entre une suite et un remake, sans prétendre être un spin-off, ce que beaucoup penseraient.

C'est une œuvre dont les mailles sont réalisées par un casting technique composé de nouveaux artisans du cinéma hollywoodien (Joseph Kosinski à la réalisation, avec son compatriote Eric Warren Singe, épopée de Only the Brave) avec l'expertise et l'expérience du producteur épistémologique Jerry Bruckheimer et de Tom Cruise, ce dernier faisant appel à son complice Christopher McQuarrie pour animer le tout (comme il l'a fait - et bien fait - avec la saga Mission Impossible et tant d'autres) afin d'ajouter un compte à rebours à chaque histoire qu'il réalise (et ça marche).

Un film fait sur mesure pour plaire, son déroulement souffre parfois d'inexplicables fondus au noir qui donnent l'impression d'être épisodiques, mais avec toutes les pièces du puzzle en place pour en faire un excellent produit de divertissement. Le poids dramatique est porté par Tom et Teler, et son point le plus bas, le plus aseptisé, est l'histoire d'amour décaféinée avec Jennifer Connelly (oui, il y a de l'amour, mais on ne sait pas trop d'où il vient ni où il va, et cela n'a pas vraiment d'importance pour le spectateur).

Un passage de relais générationnel

Mention honorable à Val Kilmer (Iceman) dans une scène experte qui respire le charme et la mélancolie, et la présence très passagère d'Ed Harrys qui apporte toujours du charisme et qui, en deux minutes, marque de son empreinte le ton du film. Un merveilleux mélange d'action, de testostérone et de comédie avec de belles personnes et une chanson de Lady Gaga pour garnir une bande-son OK (un hommage à la précédente) mais avec la signature de Hans Zimmer pour lui donner plus de battage.

Bien que Top Gun : Maverick bénéficie d'un certain remplacement générationnel et d'une bonne brochette de jeunes acteurs secondaires - Miles Teller en tête, avec son ennemi juré, le toujours sympathique Glen Powell (Everybody wants some) - contrairement à ce que Stallone a fait avec Creed, c'est un film qui ne passe pas vraiment le relais. Tom Cruise est intemporel et ne va nulle part. Il semble toujours être à des siècles de l'entrée dans le genre crépusculaire. Peu importe l'âge des acteurs, personne ne peut suivre le rythme de cet homme qui semble boire du carburant et appose son empreinte sur ce film qui ne déçoit pas. Un bon divertissement pour tous les publics.

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Culture

Le sanctuaire d'Ozernoye : une oasis de foi dans la steppe kazakhe

En septembre prochain, le pape François se rendra au Kazakhstan. Dans ce pays multiethnique à majorité musulmane, le temple d'Ozernoye, sanctuaire national de Sainte Marie, Reine de la Paix, est un haut lieu du catholicisme.

Aurora Díaz Soloaga-30 mai 2022-Temps de lecture : 5 minutes

Il existe peu d'endroits aussi isolés que ce petit village d'Ozernoye, dans le nord de l'Europe. Kazakhstan. Sa situation, loin de tout centre habitable, des routes et des grandes villes, en faisait une destination parfaite pour la déportation. En 1936, des centaines de déportés d'origine polonaise et ukrainienne - on parle de 70 000 - arrivent dans ces régions par vagues successives. Leur seul crime contre le régime soviétique était souvent leur foi. La même foi qui leur faisait espérer qu'au milieu de ces terres désertées, ils pourraient recommencer une vie un minimum digne, avec l'aide de Dieu.

Les expériences et les souvenirs de ces années sont consignés historiquement ou sous forme de roman dans de grands livres : La steppe infinie, Zuleijá ouvre les yeux.... Des romans puissants qui dépeignent les difficultés d'hommes et de femmes souvent héroïques qui ont défié la nature dans ses formes les plus extrêmes pour reconstruire une vie que les autorités soviétiques avaient vouée à la disparition.

Ces déportés (estimés à des centaines de milliers en Asie centrale et en Sibérie) ont construit des villages, ouvert des mines, maîtrisé le climat, ou plutôt, ont conclu un accord tacite avec les conditions climatiques extrêmes, afin de garantir au moins la survie de certains d'entre eux : un noyau de foi, une oasis dans une terre inhospitalière au milieu de la steppe.

Ozernoye Kazakhstan

Sous la protection de Notre Dame

C'est cette foi qui les a poussés à se tourner fortement vers la Vierge, demandant la survie de leurs familles. Le froid et les conditions extrêmes des premières années ont emporté des dizaines de déportés : les hivers dans cette région presque sibérienne peuvent faire chuter le thermomètre à -40 degrés Celsius, avec des vents glacés qui peuvent rendre le refroidissement éolien si sévère. C'est pourquoi l'arrivée du printemps a toujours signifié une nouvelle renaissance, la prise de conscience étonnée qu'une fois de plus, ils pouvaient continuer à vivre.

Mais la famine reste une menace réelle, faisant de nombreuses victimes. L'apparition d'un lac saisonnier (formé par la fonte des neiges) peuplé de poissons en mars 1941, autour de la fête de l'Annonciation, a été considérée par les catholiques locaux comme une réponse de la Vierge à leurs prières insistantes.

Les sources de la fonte des neiges ont été soudainement bouchées, et un lac de 5 km de large et de 7 mètres de profondeur s'est miraculeusement formé à proximité du village. Les poissons qui sont également apparus miraculeusement dans ce lac ont sauvé de nombreuses vies.

Depuis lors, l'enclave a toujours gardé en mémoire cette protection spéciale de la Vierge. Un petit village a été construit autour du lac lorsqu'il est visible (comme il est saisonnier, il y a des décennies entières où les conditions météorologiques ne lui permettent pas de se former), et au fil des ans, une église a été construite, en tenant compte de l'assouplissement des restrictions qui a quelque peu amélioré les conditions de vie des déportés dans cette zone.

La construction initiale était très simple, mais elle constituait déjà le noyau de ce qui allait devenir un point de repère du catholicisme dans ce pays multiethnique à majorité musulmane.

Avec la formation du Kazakhstan moderne après son indépendance en 1991, ce petit village du district de Burabay, dans la région d'Akmola, au nord du Kazakhstan, s'est développé.

Une église beaucoup plus grande a été construite en 1990 avec l'autorisation des autorités. Une statue de la Vierge a été érigée en 1997, au sommet d'un pieu de 5 mètres de haut, qui se dresse parfois au milieu du lac, en fonction de sa formation saisonnière. Dans un geste maternel, la Vierge de cette statue donne du poisson aux fidèles qui l'ont approchée pour lui demander en période de faim.

Ozernoye Kazakhstan

L'actuelle paroisse et église de Notre-Dame Reine de la Paix est aujourd'hui un centre de pèlerinage avec plusieurs lieux importants pour les fidèles de ce pays et des pays voisins.

Le 11 juillet 2011, le temple d'Ozernoye a été officiellement déclaré sanctuaire national de Sainte Marie, reine de la paix, patronne du Kazakhstan.

Au cours des années successives, les évêques locaux ont consacré à la Vierge Marie les vastes et vastes régions de cette partie du monde, ici même : en 2020, le Kazakhstan a été consacré à la Vierge Marie ici même.

Récemment, le 1er mai 2022, les évêques de la nouvelle Conférence épiscopale d'Asie centrale (qui comprend huit pays : le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan, la Mongolie, l'Afghanistan et l'Azerbaïdjan), ont consacré à la Vierge non seulement la totalité de ces paysmais de ses habitants, de ses espoirs et de ses défis.

L'autel de la paix

Il y a d'autres endroits de grande importance ici. Dans une partie du temple, le deuxième "autel de la paix" a été installé il y a des années.

Un immense ostensoir, chargé de symboles, dans lequel la Sainte Eucharistie est adorée en permanence par les fidèles locaux, les carmélites déchaussées d'un couvent voisin et les moines bénédictins de Suisse qui vivent également ici.

Cet autel, le deuxième de douze (en souvenir des douze étoiles de la couronne de la femme de l'Apocalypse, image de la mère de Dieu) qu'il est prévu d'installer dans le monde, est spécialement destiné à offrir à Dieu une prière ininterrompue pour la paix.

Ozernoye Kazakhstan

Le premier autel se trouve à Bethléem, après une brève période à Jérusalem. Les artistes qui ont construit cet autre autel d'Ozernoye, l'"autel kazakh", ont inclus des motifs ethniques kazakhs.

L'autel propose une catéchèse esthétique et abrite des reliques de saint Jean-Paul II et de sainte Faustine Kowalska, ainsi que des fragments de l'Ancien Testament, qui, pour ce pays, amalgame d'ethnies et de religions, vise à créer des ponts, en sauvant et en rapprochant l'origine des autres religions monothéistes. 

La chapelle qui contient l'autel est surmontée d'une grande baie vitrée qui ouvre une vue sur la steppe infinie et déserte. Ce symbolisme est également destiné à canaliser les prières pour la paix dans le monde entier (d'une certaine manière, l'invocation de la Vierge en ce lieu est providentiellement confuse, car le même mot utilisé en russe, "mir", est utilisé pour désigner la paix et aussi le monde). 

Un dernier lieu est peut-être le plus triste rappel du plus triste souvenir de ces steppes. À 12 km d'Ozernoye, dans la région d'Ahimbetau, se dresse une énorme croix, érigée en 1998, comme symbole et mémorial des dizaines de milliers de victimes de la répression menée au Kazakhstan pendant les années de domination soviétique.

Le titre que lui donnent familièrement les habitants est le "Golgotha du Kazakhstan", et son symbolisme est chargé de force : considéré comme le centre géographique de l'Eurasie, exactement à mi-chemin entre Fatima et Hiroshima, la traduction littérale du nom de la région en kazakh l'indique comme "la montagne de la consolation". Et les lettres écrites au pied de la croix en quatre langues sont une véritable consolation :

"A Dieu toute la gloire

Aux peuples - la paix

Aux Martyrs - le Royaume des Cieux

Au peuple du Kazakhstan : merci

Au Kazakhstan : la prospérité "

Pour toutes ces raisons, il est évident que le nombre de pèlerins visitant Ozernoye augmente chaque année : des rencontres internationales de jeunes catholiques ont lieu, des pèlerins des pays voisins viennent, et le gouvernement kazakh a même inclus le chemin parmi les destinations recommandées sur la carte de la "Géographie sacrée du Kazakhstan", un projet qui répertorie les lieux de symbolisme religieux et spirituel du pays.

L'auteurAurora Díaz Soloaga

Culture

La mosaïque libanaise. Un pays au visage arabe et au cœur chrétien

Les communautés qui composent le Liban sont le résultat de diverses invasions, implantations et conversions, tant arabes que chrétiennes.

Gerardo Ferrara-30 mai 2022-Temps de lecture : 6 minutes

Une célèbre publicité italienne d'il y a quelques années présentait la Suisse comme un pays au cœur de chocolat. Au cœur de ce cœur, il y avait un autre cœur : une célèbre entreprise qui produit cette délicieuse nourriture. Le site Libanautrefois connu sous le nom de "Suisse du Moyen-Orient", se présente comme suit : une petite bande de terre d'environ 250 km de long et de 60 km de large au maximum, parsemée de hautes montagnes, au cœur du monde arabo-islamique et de la Méditerranée orientale. Cependant, elle renferme un autre cœur (la chaîne de montagnes du Mont Liban), célèbre pour être le point d'appui et le centre d'influence de la culture et de la spiritualité chrétiennes maronites, le pivot de l'identité libanaise elle-même.

Le Liban a toujours été connu pour la beauté de ses paysages, l'hospitalité de ses habitants et la coexistence, bien que pas toujours pacifique, entre les différentes composantes ethniques et religieuses qui composent sa population.

Le Liban : une nation diversifiée

Le terme qui la décrit peut-être le mieux est "pluralité", l'expression latine étant e pluribus unum une devise représentative. Sa propre géographie, souvent rude, est faite de contrastes entre hautes montagnes, vallées et littoral. Les deux principales chaînes de montagnes parallèles du nord au sud, le Mont Liban (dont la blancheur des sommets a donné son nom au pays, du mot sémitique "laban" qui signifie "blanc") et l'Anti-Liban (dont le sommet principal est le Mont Hermon, à la frontière avec la Syrie et Israël), sont séparées par la vallée de la Bekaa, la branche la plus septentrionale de la vallée du Grand Rift. La côte est bordée de hautes montagnes qui plongent littéralement dans la mer, depuis la frontière syrienne au nord jusqu'à la frontière sud de Naqoura, avec ses falaises blanches, où le pays rejoint Israël.

Et c'est peut-être précisément la variété de ce paysage qui a favorisé, et en partie préservé, l'installation de différentes populations, d'abord les Phéniciens, puis les Grecs, les Arabes, les Croisés, les Circassiens, les Turcs, les Français, etc. Et la mosaïque de communautés qui composent le peuple libanais est également le résultat de diverses invasions, conquêtes, implantations et conversions.

Géographie

Dans les villes côtières telles que Tripoli et Sidon (qui comptent toutefois d'importantes minorités chrétiennes, tant catholiques de diverses confessions qu'orthodoxes) et dans certains quartiers de Beyrouth, la majorité de la population est musulmane sunnite. Dans le gouvernorat (muhazafah) du Mont-Liban, dans d'autres zones montagneuses, notamment au nord, dans des villes comme Jounieh et Zahleh (dans les contreforts occidentaux de la Bekaa) et dans plusieurs quartiers de Beyrouth, une grande partie de la population est majoritairement chrétienne maronite et catholique melkite, principalement, mais aussi grecque orthodoxe ou arménienne, à la fois orthodoxe et catholique (la communauté arménienne s'est développée de manière exponentielle en accueillant des survivants du tristement célèbre génocide perpétré par les Turcs).

Cependant, les chrétiens sont répartis dans tout le pays et, là où ils ne sont pas majoritaires, ils restent une composante importante de la population ; l'élément maronite, et sa spiritualité syro-antiochienne, a fortement imprégné leur mentalité et leur culture. La composante chiite, désormais majoritaire dans tout le pays, se concentre principalement dans le sud du pays (entre Tyr et sa région, mais aussi dans les quartiers sud de Beyrouth, notamment autour de l'aéroport) et dans la Bekaa. Enfin, les Druzes (groupe ethno-religieux dont la doctrine est un dérivé de l'islam chiite) ont leur fief dans les montagnes du Chouf au sud du gouvernorat du Mont-Liban (au centre du pays).

Liban

Identité musulmane et chrétienne

Jusqu'à la fin des années 1930, le Liban était un pays majoritairement chrétien. Le dernier recensement officiel, datant de 1932, donnait un chiffre de 56% de chrétiens (principalement catholiques, surtout de rite maronite) et 44% de musulmans (majoritairement chiites). Depuis lors, afin de ne pas bouleverser les équilibres interconfessionnels et politiques, la population n'est pas officiellement recensée.

Cet équilibre avait d'ailleurs été sanctionné à la veille de l'indépendance du pays vis-à-vis de la France en 1944 par le Pacte national de 1943. Dans ce document, les différentes confessions s'accordent sur la répartition des principales fonctions de l'État : la présidence de la République aux maronites, la présidence du Conseil des ministres (donc le chef du gouvernement) aux musulmans chiites et la présidence du Parlement aux musulmans chiites.

D'autres postes continuent d'être répartis entre les différents groupes et, en outre, grâce à un système électoral complexe qui est toujours en place aujourd'hui, chaque communauté confessionnelle libanaise (l'État en reconnaît jusqu'à 18 : 5 musulmans, 12 chrétiens et un juif) a bénéficié d'une représentation parlementaire adéquate.

Législation

Aujourd'hui encore, l'appartenance à une communauté plutôt qu'à une autre est établie non pas par la pratique religieuse en soi, mais par la naissance. Le système libanais fait en effet une distinction entre la foi et l'appartenance confessionnelle : on fait partie de la communauté maronite, par exemple, si l'on est l'enfant d'un père maronite (il existe de nombreux mariages mixtes, notamment au sein des communautés chrétiennes).

Ainsi, les différentes communautés jouissent d'une autonomie relative et d'une juridiction propre en matière de statut personnel (droit de la famille), selon le modèle du millet, héritage ottoman (le Liban faisait partie de l'Union européenne). Empire ottoman jusqu'en 1918).

Le Pacte national lui-même avait établi le Liban comme un pays "à visage arabe" : le facteur arabe est donc un élément de l'identité nationale libanaise, mais pas le seul. De nombreux chrétiens, en fait, ne s'identifient pas comme des Arabes mais comme des "arabophones" d'origine phénicienne ou croisée.

Bien que la Constitution stipule que "le Liban est arabe dans son identité et son appartenance", le débat sur l'identité arabe du pays reste dominant dans la société, au moment même où de plus en plus d'intellectuels et de personnalités appellent à la fin du confessionnalisme et à la nécessité d'une identité nationale partagée qui ne soit donc pas uniquement arabe.

Entre confessionnalisme et guerres civiles

Les problèmes du système confessionnel sont devenus évidents dès la fin des années 1940. En effet, le fort taux d'émigration de la population chrétienne, couplé au taux de fécondité plus élevé de la population musulmane et à l'afflux de réfugiés palestiniens (en majorité des musulmans sunnites) après 1948 et surtout après 1967, a considérablement modifié les proportions numériques au sein de la population, estimée à environ 7 millions aujourd'hui (les enquêtes non officielles font état de 66% de musulmans, chiites et sunnites, et de 34% de chrétiens).

Les déséquilibres causés par les différences sociales, économiques et politiques entre les différentes communautés, et l'influence croissante de l'OLP de Yasser Arafat, qui a fait du Liban son fief, ont conduit à plusieurs guerres civiles (1958 ; 1975-76, mais en fait jusqu'en 1989). Ceux-ci ont accentué les contrastes entre les partis et les organisations aspirant à représenter les différentes composantes ethno-religieuses de la population (par exemple, la droite chrétienne, avec la Phalange libanaise de Pierre Gemayyel, plus encline aux alliances avec le bloc occidental et aussi avec Israël, et la gauche, avec le bloc druze progressiste et d'autres forces islamiques sunnites et chiites, mais aussi chrétiennes, aux idées compatibles avec le nationalisme arabe et l'antisionisme).

Cela a conduit à l'intervention de la Syrie (à travers la Force de dissuasion, prétexte pour transformer le pays en protectorat) d'une part (1975-76), et d'Israël d'autre part (1978, mais surtout depuis 1982, avec la première guerre du Liban).

Massacres

Depuis lors, il y a eu des massacres de milliers de civils innocents, perpétrés tant par des musulmans contre des chrétiens (le plus célèbre étant le massacre de Damour en 1976 par les Palestiniens, dont les adversaires étaient non seulement des chrétiens de la droite nationale mais aussi des chiites) que par des chrétiens contre des musulmans (comment oublier Qarantine, 1976, et Sabra et Chatila, 1982).

Les massacres de Sabra et Chatila ont ensuite été imputés à juste titre à la Phalange chrétienne libanaise, agissant avec la complicité d'Israël, mais il ne fait aucun doute que la tactique du chef de l'OLP, Yasser Arafat, consistait à accentuer les contrastes entre les différentes communautés libanaises, même au détriment d'un nombre croissant de "martyrs" parmi les réfugiés palestiniens, ce qui aurait donné une plus grande visibilité à sa cause.

Le retrait israélien au milieu des années 1980 (à l'exception du maintien du contrôle d'une étroite "bande de sécurité" dans le sud du pays) a ensuite conduit à la montée de l'influence politique et militaire syrienne, bien qu'en 1989 les accords de Taëf aient officiellement mis fin à la guerre civile, et à la naissance et à la croissance rapide de la milice chiite anti-israélienne dans le sud du Liban, appelée Hezbollah (Parti de Dieu).

Le Hezbollah, tout en devenant un parti politique activement présent dans le contexte libanais au fil des ans, a maintenu sa force militaire, également grâce au soutien iranien et syrien, devenant en fait plus puissant que l'armée régulière syrienne elle-même et portant un coup dur au fil des ans non seulement à Israël, mais aussi aux opposants au régime de Bachar el-Assad pendant la guerre civile syrienne.

L'auteurGerardo Ferrara

Écrivain, historien et expert en histoire, politique et culture du Moyen-Orient.

Vatican

Le pape annonce la création de nouveaux cardinaux

Après le Regina Caeli, le Pape a annoncé que les 29 et 30 août, il y aura une réunion de tous les cardinaux pour réfléchir sur la nouvelle Constitution Apostolique Praedicate Evangelium, et le samedi 27 août aura lieu le Consistoire pour la création des nouveaux cardinaux.

Javier García Herrería-29 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Par une matinée romaine ensoleillée, le pape François a médité sur l'Ascension du Seigneur. "Il a ajouté que "Jésus n'abandonne pas les disciples. Il monte au ciel, mais il ne nous laisse pas seuls. Au contraire, c'est précisément en montant vers le Père qu'il assure l'effusion de son Esprit. En une autre occasion, il avait dit : "Il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas, le Paraclet ne viendra pas à vous" (Jn 16,7)".

Notre mentalité actuelle met l'accent sur l'autonomie individuelle, mais la logique divine suit d'autres étapes, "c'est une présence qui ne veut pas restreindre notre liberté. Au contraire, il nous fait de la place, car le véritable amour génère toujours une proximité qui n'écrase pas, qui n'est pas possessive, qui est proche, mais pas possessive. Le véritable amour fait de nous des protagonistes. C'est pourquoi le Christ nous assure : "Je vais vers le Père, et vous serez revêtus d'une puissance d'en haut ; je vous enverrai mon Esprit, et par sa puissance vous poursuivrez mon œuvre dans le monde" (cf. Lc 24, 49).

Une semaine avant la fête de la Pentecôte, le Pape rappelle que "l'Esprit Saint rend Jésus présent en nous, au-delà des barrières du temps et de l'espace, pour que nous soyons ses témoins dans le monde". Et il a ajouté : " Frères et sœurs, pensons aujourd'hui au don de l'Esprit que nous avons reçu de Jésus pour être témoins de l'Évangile. Demandons-nous si nous le sommes vraiment ; et aussi si nous sommes capables d'aimer les autres, en les laissant libres et en leur donnant de l'espace. Et ensuite : savons-nous être des intercesseurs pour les autres, c'est-à-dire savons-nous prier pour eux et bénir leur vie ? ou servons-nous les autres pour nos propres intérêts ? Apprenons ceci : la prière d'intercession, l'intercession pour les espoirs et les souffrances du monde, pour la paix. Et bénissons avec nos yeux et nos mots ceux que nous rencontrons chaque jour.

Après le Regina Caeli, le Pape a annoncé que les 29 et 30 août, il y aura une réunion de tous les cardinaux pour réfléchir sur la nouvelle Constitution Apostolique Praedicate Evangelium, et le samedi 27 août aura lieu le Consistoire pour la création des nouveaux cardinaux. Voici leurs noms :

  1. S.A.R. Mgr Arthur Roche - Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements.
  2. Lazzaro You Heung-sik - Préfet de la Congrégation pour le Clergé.
  3. S.E.R. Mgr Fernando Vérgez Alzaga L.C. - Président de la Commission pontificale pour l'État de la Cité du Vatican et Président du Gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican.
  4. Mgr Jean-Marc Aveline - Archevêque métropolitain de Marseille (France).
  5. Mgr Peter Ebere Okpaleke - Évêque d'Ekwulobia (Nigeria).
  6. Leonardo Ulrich Steiner, O.F.M. - Archevêque métropolitain de Manaus (Brésil).
  7. Filipe Neri António Sebastião do Rosário Ferrão - Archevêque de Goa et Damão (Inde).
  8. Mgr Robert Walter McElroy - Évêque de San Diego (U.S.A.)
  9. Virgilio Do Carmo Da Silva, S.D.B. - Archevêque de Dili (Timor oriental).
  10. Oscar Cantoni - Évêque de Côme (Italie).
  11. Mgr Anthony Poola - Archevêque d'Hyderabad (Inde).
  12. S.A.R. Mgr Paulo Cezar Costa - Archevêque métropolitain de l'archidiocèse de Brasilia (Brésil).
  13. Mgr Richard Kuuia Baawobr M. Afr - Évêque de Wa (Ghana).
  14. William Goh Seng Chye - Archevêque de Singapour (Singapour).
  15. S.A.R. Mgr Adalberto Martínez Flores - Archevêque métropolitain d'Asunción (Paraguay).
  16. S.E.R. Mgr Giorgio Marengo, I.M.C. - Préfet apostolique d'Oulan-Bator (Mongolie).

Avec eux, d'autres cardinaux âgés de plus de 80 ans seront créés, de sorte qu'ils ne seront pas présents au prochain conclave :

  1. Jorge Enrique Jiménez Carvajal - Archevêque émérite de Cartagena (Colombie).
  2. Lucas Van Looy S.D.B. - Archevêque émérite de Gand (Belgique).
  3. Mgr Arrigo Miglio - Archevêque émérite de Cagliari (Italie).
  4. Gianfranco Ghirlanda SJ - Professeur de théologie.
  5. Fortunato Frezza - Chanoine de Saint Pierre.
Vatican

A quoi ressemblent les nouveaux cardinaux choisis par François ?

Rapports de Rome-29 mai 2022-Temps de lecture : < 1 minute
rapports de rome88

Le pape François a annoncé la création de 21 nouveaux cardinaux, dont 16 seront électeurs, c'est-à-dire qu'ils pourront voter en cas de conclave.

Parmi eux, on compte deux Indiens, un missionnaire italien en Mongolie, un Nigérian et un Ghanéen.

Ces nominations laissent 133 cardinaux électeurs. Parmi ceux-ci, 11 ont été nommés par Jean-Paul II, 38 par Benoît XVI et 84 par François.


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Je meurs d'envie d'être avec toi

Il y en a un qui, avec tout son sens, est mort pour vous. Plus encore, il est mort pour être avec vous. C'est le don de soi du Christ qui est actualisé, au milieu de nous, dans chaque Eucharistie. 

29 mai 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Il y a quelques mois, j'ai eu la chance de retourner en Terre Sainte avec un groupe de journalistes religieux grâce à Israël Tourisme. Lors de ce voyage, alors que nous déjeunions à Nazareth, nous avons été plongés dans une singulière conversation sur la clé du Salut : si elle se trouvait dans l'Incarnation ou dans la Résurrection. La vérité est que nous ne sommes parvenus à aucune conclusion, sans doute parce que nous n'étions pas les meilleurs théologiens du monde et, bien plus probablement, parce que notre emploi du temps serré l'a laissé en plan.

Depuis lors, j'ai beaucoup réfléchi à cette conversation, peut-être parce qu'en réalité, Dieu ne se contente pas d'un seul tournant dans son histoire d'amour avec l'homme ; peut-être parce que, de plus en plus, je m'étonne que Dieu se soit fait chair et sang.

Dieu homme, mais pour de vrai, avec des veines, des cheveux, des ongles et des piqûres de moustiques... Pourquoi ? Peut-être parce que sinon, aurions-nous cru que "cette histoire de salut" est pour vous et moi ?

Comme le disait Terullien : "Caro salutis est cardo", "la chair est la charnière du salut" (De carnis resurrectione, 8, 3 : pl 2, 806) et, commentant ce passage, Benoît XVI fait remarquer que "Jésus commence à s'offrir par amour dès le premier instant de son existence humaine dans le sein de la Vierge Marie". Un tournant : Dieu qui devient un vous ordinaire.

Oui, nous sommes conditionnés (condition bénie) par la chair, par nos limites, par notre hauteur et notre largeur... physiques et spirituelles.

Et pourtant, à partir de cette finitude, notre désir d'éternité nous rend capables de dire à l'autre être aimé : "Je meurs d'envie d'être avec toi". Je meurs... "Je renonce à cette finitude jusqu'au passage de son éternité", "Je cesse d'être moi parce que tu vaux plus que moi", "Je cesse d'être moi parce que tu vaux plus que moi". ma solitude dans la solitude".

Aimer, c'est dire à l'autre personne non seulement qu'elle vaut la peine, mais aussi qu'elle vaut la peine d'être vécue.

Quand le Christ se donne, quand il donne sa vie - autre tournant - son corps, sa chair, il culmine ce don de lui-même sur la croix. Là s'achève la nouvelle alliance, la quatrième coupe... le même don de soi de chaque Eucharistie.

Oui, il y en avait un - il y en a un - qui, avec tout son sens, est mort pour vous. Plus encore, il est mort pour être avec vous.  

L'auteurMaria José Atienza

Directeur d'Omnes. Diplômée en communication, elle a plus de 15 ans d'expérience dans la communication ecclésiale. Elle a collaboré avec des médias tels que COPE et RNE.

Monde

Michael Mazza : "Il faut garantir une procédure régulière dans les procès pour abus".

Michael Mazza est un avocat spécialisé dans la fourniture de conseils juridiques aux prêtres se trouvant dans des situations difficiles, telles que des allégations d'abus.

 

Vytautas Saladis-29 mai 2022-Temps de lecture : 7 minutes

Traduction de l'article en anglais

"Men of Melchizedek" (MOM) est une organisation américaine qui apporte un soutien spirituel et matériel aux prêtres en difficulté. Au cours de l'été 2021, un ordre religieux lui a demandé s'il pouvait développer un modèle pour traiter les accusations de... l'abus sexuel. C'est alors que la direction de MOM a décidé de créer un bureau juridique spécialisé dans ces questions. S'agissant d'une affaire de la plus haute importance, ils souhaitaient mettre au point un protocole qui garantisse une enquête rigoureuse et respecte la présomption d'innocence des accusés. L'objectif est de travailler ensemble pour faire en sorte que la vérité sur une accusation particulière soit effectivement trouvée.

Michael Mazza est le conseiller juridique de cette institution. Il a récemment soutenu sa thèse de doctorat à l'Université pontificale de la Sainte-Croix (Rome) sur le droit à la réputation des prêtres, avec une attention particulière pour ceux accusés d'abus. À cette occasion, nous nous sommes entretenus avec lui sur les défis que représentent ces procédures pénales dans l'Église.

Comment est née l'idée de créer une clinique pour les prêtres accusés ?

-Face à l'augmentation du nombre de procès de prêtres dans l'Église et aux diverses situations qui se présentent, j'ai pensé qu'il fallait garantir le droit à la présomption d'innocence et le droit à la légitime défense. Ce sont ces droits, qui sont fondamentaux pour un procès véritablement équitable, que j'entends servir dans mon travail.

Dans quelle mesure la présomption d'innocence des prêtres est-elle menacée ?

-L'attention médiatique dont bénéficient nombre de ces procès peut parfois porter atteinte aux droits de l'accusé à une procédure régulière. Personne n'est en faveur de l'impunité, mais nous ne devrions pas non plus être en faveur de la condamnation d'une personne sans procédure régulière. Il me semble que nous sommes passés d'un extrême à l'autre ces dernières années. Il ne faut pas oublier, comme le disait un de mes professeurs de droit canonique, que le symbole de la justice n'est pas un pendule mais une balance.

Que faisiez-vous avant d'ouvrir le cabinet d'avocats ?

-Après avoir terminé mes études, j'ai travaillé comme enseignant et catéchiste pendant dix ans. Ensuite, lorsque notre famille a commencé à s'agrandir, j'ai décidé d'étudier le droit civil et de travailler comme avocat, ce que je fais depuis deux décennies. Depuis le 16 juillet 2021, jour de la fête de Notre-Dame du Mont Carmel, je donne des conseils dans le nouveau cabinet. Je crois que Marie, en tant que Mère des prêtres, est un intercesseur particulièrement important pour ce type de travail.

La recherche et la détermination de cette vérité aident sans aucun doute les victimes à obtenir réparation.

Michael Mazza. Conseiller juridique Hommes de Melchizédek

Selon vous, quelle a été la gestion des cas d'abus par l'Église aux États-Unis ?

-C'est une question pertinente, et très complexe. La première chose à souligner est qu'il y a eu de nombreuses victimes d'abus sexuels, dont la souffrance est indescriptible. Les dommages qu'ils ont subis sont incalculables. La passivité des autorités ecclésiastiques pour sanctionner et corriger de tels comportements a généré un très grand scandale.

Tout ceci nous amène à conclure que la hiérarchie n'a pas bien agi. Je pense que peu de gens seraient en désaccord avec cela. Sans rien enlever à ce qui précède, je voudrais souligner que de nombreux juristes et psychologues qui ont conseillé les évêques considéraient que les responsables de ces abus, plutôt que des criminels, étaient simplement des personnes malades, ayant besoin de traitement et de guérison. Sans excuser la responsabilité des évêques, ces approches peuvent aider à comprendre le manque de vigueur avec lequel les allégations ont souvent été réagies.

La situation s'est-elle améliorée aujourd'hui ?

-La situation s'est certainement améliorée. Tout d'abord, les accusations sont prises plus au sérieux. Deuxièmement, les autorités civiles s'impliquent plus souvent. Enfin, et surtout, les besoins des personnes lésées par les abus tendent à être mis en avant. Toutefois, cette image globale présente également certaines ombres ou défis. D'une part, la facilité de recevoir des accusations peut entraîner des déséquilibres, comme le fait que les plaintes anonymes soient utilisées comme un outil au service de vendettas privées. L'implication des autorités civiles peut parfois causer d'autres problèmes, surtout si l'autorité est activement hostile à l'Église. Enfin, il n'est pas rare que les besoins des victimes soient présentés en termes purement monétaires.

Parmi tous ces défis, lequel vous paraît le plus urgent ?

-Je pense que le principal défi est de garantir un procès équitable aux clercs accusés. C'est cette perception qui m'a poussé à étudier cette question et à y concentrer mon travail professionnel.

Michael Mazza
Michael Mazza ©PUSC

Pourriez-vous énumérer certains aspects des processus qui pourraient être améliorés ?

-Comme je l'ai déjà dit, il est particulièrement important de protéger les droits de la défense et la présomption d'innocence. En outre, il est également nécessaire de protéger la réputation du défendeur, dont l'honneur ne doit pas être entaché jusqu'à ce que sa culpabilité soit prouvée.

La publication des noms des accusés avant qu'ils n'aient été condamnés dans le cadre d'une quelconque procédure judiciaire ou même extrajudiciaire est un abus horrible, qui cause un préjudice irréparable. S'il n'y a qu'un seul fruit de mes recherches et de ma publication, j'espère qu'il s'agira de la suppression de ces listes de prétendus "accusés crédibles".

Comment votre étude contribue-t-elle à la lutte contre les abus sexuels dans l'Église ?

-Une idée qui traverse toutes mes recherches est l'importance d'obtenir la vérité sur une allégation particulière. La recherche et la détermination de cette vérité aident sans aucun doute les victimes à obtenir réparation. La déclaration que l'on entend parfois, selon laquelle "toutes les allégations doivent être crues", est populiste et peut être insultante pour les véritables victimes, notamment celles qui sont accusées à tort, celles qui ont subi un réel préjudice.

Avez-vous des suggestions sur la manière d'améliorer les poursuites contre les clercs accusés d'abus ?

-Je pourrais en citer beaucoup. Ce sont des mesures simples, rien de révolutionnaire. Entre autres, je pourrais mentionner la nécessité d'une meilleure formation des personnes appelées à former les tribunaux canoniques ; d'une meilleure communication au clergé de ses droits dans le processus ; et d'une meilleure assistance juridique aux accusés, qui - comme toute autre personne - ont droit à une défense qualifiée.

Un compte-rendu plus détaillé de ces mesures et d'autres encore figure dans un document auquel j'ai contribué et qui est disponible à l'adresse suivante site web de l'association "Hommes de Melchizedek"..

Vous avez récemment soutenu une thèse de doctorat intitulée "The Right of a Cleric to Bona Fama". Pourquoi cet aspect vous a-t-il particulièrement intéressé ?

-Partant de l'idée que la justice consiste à rendre à autrui le bien qui lui est dû, j'ai voulu m'intéresser au bien que constitue la réputation, la bonne réputation. Ce bien juridique est particulièrement important en ce qui concerne le clergé ordonné, en raison de la position de service qu'il occupe dans une communauté de fidèles.

Tout au long de mes recherches, j'essaie d'expliquer ce qu'est la réputation, pourquoi elle est importante, comment elle a été protégée à travers l'histoire dans de nombreuses cultures différentes et, enfin, ce qu'elle signifie dans le contexte contemporain, notamment aux États-Unis.

Pourquoi est-il important d'avoir un conseiller canonique ? 

-Les allégations d'abus sexuels sont de nature criminelle et impliquent souvent l'engagement de poursuites qui peuvent avoir des conséquences très graves. L'accusation d'une infraction pénale est donc une affaire très sérieuse. Pour y faire face, une expertise juridique est nécessaire, ce que la plupart du temps un prêtre ne possède pas. Parallèlement, un conseiller canonique peut offrir une perspective, des encouragements et une oreille attentive aux personnes qui traversent de tels processus.

Votre conseil canonique ne couvre-t-il que les cas d'abus au sein de l'Église ?

-La grande majorité de mes clients, je dirais les deux tiers, sont impliqués dans des procédures de maltraitance. Parallèlement, je donne également des conseils sur d'autres types de procédures, comme les cas d'annulation de mariage.

Sélectionnez vous vos clients ?

-Bien sûr. Je considère que j'ai un devoir éthique de m'assurer que je peux bien les représenter, donc si je manque de temps ou de la préparation spécifique nécessaire pour une affaire, je préfère renvoyer ces clients à d'autres collègues. En outre, avant de formaliser la relation, il convient de s'assurer de la compréhension mutuelle, ainsi que du fait que le client partage mon approche du processus, qui est une approche directe et toujours respectueuse de l'évêché.

Certains considèrent que le caractère surnaturel de l'Église dispense la hiérarchie de respecter les droits naturels de l'accusé.

Michael Mazza.Conseiller juridique Hommes de Melchizédek

Pourriez-vous expliquer brièvement comment se déroule la procédure contre un clerc accusé d'abus ?

-Gladly. Lorsqu'un supérieur reçoit une accusation d'abus, du moins aux États-Unis, dans la grande majorité des cas, l'accusé est immédiatement relevé de ses fonctions. Souvent, on lui demande aussi de quitter les lieux, on lui interdit de célébrer les sacrements en public, on lui demande de ne pas s'habiller comme un clerc et on lui ordonne de ne pas se présenter publiquement comme un prêtre. Il est également souvent envoyé dans un hôpital psychologique, où il peut être placé en isolement complet, obligé de signer une renonciation à la confidentialité et soumis à des tests au détecteur de mensonges. Il est fréquent qu'il soit interrogé par un enquêteur ou un instructeur diocésain, sans même être informé de ses droits civils et canoniques. En bref, une allégation d'abus est le début d'un long cauchemar pour l'accusé.

Sans s'embarrasser de détails techniques, il convient de noter que la procédure de sanction des délits dans l'Église, du moins par la voie administrative, est souvent peu protectrice des droits de l'accusé.

Comme l'a dénoncé le professeur Joaquín Llobell il y a des années, il semble que certains croient que le caractère surnaturel de l'Église dispense la hiérarchie de respecter les droits naturels des accusés. Cela ouvre la porte à tous les abus, et l'Église, au lieu d'être un "miroir de la justice", devient pour l'accusé un miroir brisé et dangereux. Par cette critique, je n'ai pas l'intention de justifier la situation d'impunité qui existe depuis des années, mais de souligner qu'il est également injuste d'aller dans l'autre sens, en privant les accusés des moyens de prouver leur innocence.

Vos activités ont-elles été bien accueillies par les évêques américains et la Congrégation pour la doctrine de la foi ?

-Il n'y a pas de réponse générale à cette question. Certains évêques sont sensibles à la situation du prêtre accusé et tentent de l'aider. Dans ce cas, mes services sont généralement appréciés et, sans compromettre leur neutralité, une saine collaboration s'établit entre les autorités et notre bureau, comme celle qui existe entre un tribunal civil et un cabinet d'avocats.

Dans d'autres cas, malheureusement, les évêques se désengagent complètement de l'accusé. Ce comportement est peut-être dû à l'énorme pression médiatique qui entoure ces procédures aux États-Unis, ainsi qu'aux conseils de certains avocats qui pensent que c'est le comportement le plus "sûr", afin de ne pas donner l'impression d'un soutien implicite aux abuseurs potentiels.

Existe-t-il d'autres cabinets juridiques similaires au vôtre ?

-Très peu. La plupart des avocats civils travaillant sur ces questions ont tendance à travailler directement pour les diocèses. Personnellement, j'espère que de plus en plus de professionnels ayant une bonne formation civile et canonique s'engageront dans ces questions avec une attitude constructive de communion, qui pourrait être résumée par l'expression "sentire cum Ecclesia".

Quel scénario souhaiteriez-vous voir dans un avenir proche ?

-Je prie pour que Dieu apporte réconfort et force aux personnes impliquées dans ces processus. Je fais référence à la fois aux personnes qui ont subi des abus et aux prêtres faussement accusés qui se sentent abandonnés. J'espère que le Seigneur donnera de la force aux évêques, qui portent une grande responsabilité et sont assiégés de toutes parts. Je prie pour qu'il encourage et soutienne le désir de justice de tous ceux qui travaillent dans les tribunaux diocésains.

L'auteurVytautas Saladis

Vatican

Les universités, lieux d'ouverture et de construction de la paix

Ces dernières semaines, le Pape François a reçu en audience plusieurs communautés d'étudiants et de personnel universitaire, tant d'institutions pontificales que civiles, auxquelles il a réitéré l'importance du dialogue et de la réalisation de projets de paix.

Giovanni Tridente-28 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

La première rencontre a eu lieu avec l'Institut Pontifical Liturgique confié aux moines bénédictins de l'Athénée de Sant'Anselmo à Rome, à l'occasion du 60ème anniversaire de sa fondation par Saint Jean XXIII (1961).

Dans son discours, le Pape a fait référence à la constitution conciliaire "Sacrosanctum Concilium", dont il a tiré de nouveaux fruits, également pour la vie liturgique d'aujourd'hui, qui doit garantir une participation fructueuse des fidèles, une plus grande communion ecclésiale et la promotion d'une mission évangélisatrice impliquant tous les baptisés.

Une nouvelle source de vie pour la vie liturgique

La formation, dans ce cas, doit contribuer à éduquer les personnes à "entrer dans l'esprit de la liturgie", en étant "imprégnées" par elle, en dépassant un certain "formalisme" qui leur fait perdre de vue l'essence de la célébration.

"Ce n'est pas une question de rituels, c'est le mystère du Christ, qui une fois pour toutes a révélé et réalisé le sacré, le sacrifice et le sacerdoce", a déclaré le pape aux étudiants de l'Université Anselmienne, les invitant à accomplir "la mission" autour d'eux, en allant "à la rencontre des autres, à la rencontre du monde qui nous entoure, à la rencontre des joies et des besoins de tant de personnes qui vivent peut-être sans connaître le don de Dieu".

De cette manière, les divisions sont également surmontées et une plus grande unité ecclésiale est générée, car il n'est pas nécessaire de faire de la liturgie "un champ de bataille pour des questions non essentielles". Ce n'est pas un hasard si le Concile "a voulu préparer la table de la Parole de Dieu et de l'Eucharistie en abondance, pour rendre possible la présence de Dieu au milieu de son peuple".

Nourrir les racines

Cette année marque également le 85e anniversaire de la fondation du Collège pontifical Pie Roumain, qui accueille les séminaristes en formation dans les universités pontificales de Rome. En rencontrant la communauté, qui se trouve le long de la promenade Gianicolo, juste au-dessus du Vatican, il les a invités à nourrir leurs racines, par l'étude et la méditation, en pensant à l'exemple des martyrs qui ont laissé des traces profondes précisément à Rome.

"Chers amis, sans nourrir les racines, toute tradition religieuse perd sa fécondité. En fait, un processus dangereux se met en place : avec le temps, on devient de plus en plus centré sur soi-même, sur sa propre appartenance, perdant le dynamisme des origines", a souligné le pape François.

Au contraire, il est important de partir de cette "première inspiration" et de croître de manière fructueuse, sans oublier la "bonne terre de la foi" que l'on trouve chez ceux qui nous ont précédés. En plus de ne pas oublier le peuple dont on est issu, le Pontife a invité les futurs prêtres à avoir "l'odeur du mouton", en touchant la chair du Christ présente dans les pauvres, dans ceux qui souffrent, dans les laissés-pour-compte et dans tous ceux en qui Jésus lui-même est présent.

Un lieu d'ouverture et de dialogue

Dans le domaine civique, le Pape François a rencontré des étudiants et des professeurs de l'Université de Macerata en Italie, rappelant comment l'université est le "lieu d'ouverture de l'esprit aux horizons de la connaissance", de la vie, du monde et de l'histoire de chaque personne. Des horizons, ceux du monde en général et ceux de chaque individu, qui doivent être mis en dialogue - également au niveau multiculturel - afin d'apporter "une croissance d'humanité" à l'ensemble de la société.

En bref, le pape François envisage une "idée humaine de l'université", qui n'a rien à voir avec l'approche des Lumières consistant à simplement "se remplir la tête de choses". Il s'agit plutôt d'impliquer la personne dans ses affections, dans sa façon de sentir, de penser et d'agir, dans un développement totalement harmonieux.

Réaliser des horizons de paix

La dernière audience de ce bloc a été accordée aux recteurs de toutes les universités de la région du Latium, tant publiques que privées. Le Pape leur a répété que, dans ce moment historique particulier caractérisé par des pandémies et des guerres, les Universités sont chargées d'une tâche de grande responsabilité : "comment vivre et surmonter la crise, afin qu'elle ne se transforme pas en conflit".

Dans sa vision, un horizon de paix doit devenir une réalité, qui ne peut être construite que par la diffusion du sens critique, de la confrontation saine et du dialogue. Parallèlement, nous devons repenser les modèles économiques, culturels et sociaux "pour retrouver la valeur centrale de la personne humaine". Nous devons donc être conscients que l'université "n'a pas de frontières" ou de barrières, mais pour cela, il faut avoir "le courage de l'imagination et de l'investissement". C'est ce que réclament avant tout les jeunes, "qui ne se satisfont pas de la médiocrité", et qui doivent être éduqués au respect d'eux-mêmes, des autres et de toute la création. Éducation, recherche, dialogue et confrontation avec la société. Ce n'est qu'ainsi qu'il est possible d'avoir des communautés vivantes, transparentes, accueillantes et responsables "dans un climat fructueux de coopération et d'échange", qui valorise chacun, loin des idéologies.

Espagne

Les destinations religieuses gagnent en puissance avec la fin de la pandémie

Face à la fin de la pandémie de Covid-19, d'importants opérateurs touristiques, commerciaux et bancaires font preuve d'une créativité croissante pour réactiver le secteur. Viajes El Corte Inglés et Banco Sabadell ont récemment signé à Rome un accord de collaboration pour les voyages vers des destinations religieuses et les pèlerinages.

Francisco Otamendi-27 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

La signature de l'accord a eu lieu au siège de l'ambassade d'Espagne dans la capitale italienne. José Luis Montesino-Espartero, directeur de l'activité institutionnelle de Banco Sabadell, a souligné dans son discours " l'engagement de Banco Sabadell envers ce segment par des faits, en mettant en avant plusieurs projets pionniers en Espagne tels que la numérisation de l'Église grâce aux aumônes numériques, le lancement avec l'Université Francisco de Vitoria du premier cours financier spécialisé pour les entités religieuses et le tiers secteur et maintenant ce dernier accord avec l'agence de voyage El Corte Inglés. Tout cela est promu par le département des institutions religieuses et du troisième secteur".

Précisément Rome et la Cité du Vatican, avec le Pape, les canonisations et des lieux aussi attrayants que la Chapelle Sixtine, sans oublier les Journées mondiales de la jeunesse ou les Rencontres mondiales de la famille ; la Terre Sainte (Jérusalem) ; les centres de pèlerinage marial comme Lourdes (France), Mexico (Vierge de Guadalupe), ou Fatima (Portugal) ; Saint-Jacques-de-Compostelle et son Camino de Santiago, et tant de destinations espagnoles ; ou pour citer quelques non-catholiques, Varanasi (Inde), ou la Mecque (Arabie Saoudite), sont des points de grande attraction dans le monde, qui prennent un nouvel essor à notre époque.

Un coup de pouce économique au tourisme

Pour sa part, Santiago Portas, directeur du segment IIRR et tiers secteur de Banco de Sabadell et promoteur du projet, a déclaré lors de l'événement : " Cet accord que nous avons formalisé avec Viajes el Corte Ingles pour faciliter la réactivation des voyages vers les destinations religieuses s'adresse à nos clients, en particulier les diocèses, les ordres et les congrégations, leurs œuvres et leurs communautés. Tous pourront bénéficier des excellentes conditions de l'un des plus grands opérateurs offrant le meilleur service aux voyageurs en Espagne. Nous espérons également que cette réactivation sera un stimulant économique pour le tourisme externe et interne, contribuant ainsi à rétablir la normalité et le trafic pré-pandémique dans un secteur stratégique pour notre pays".

Expérience de voyage El Corte Inglés

"C'est un grand honneur pour nous de collaborer à cet événement, d'apporter notre expérience dans le monde du voyage, de diffuser et d'informer nos voyageurs et pèlerins de l'important patrimoine culturel et religieux à travers nos itinéraires", a déclaré Juan José Legarreta, directeur général des voyages d'affaires et MICE chez Viajes El Corte Inglés.

"En tant qu'experts dans l'organisation et la création de voyages adaptés à chaque segment, nous proposons un accompagnement personnalisé pour répondre aux besoins de toute réalité ecclésiale des écoles, des congrégations et des paroisses, ainsi que de leurs événements les plus pertinents, d'une Journée mondiale de la jeunesse à une canonisation", a ajouté Juan José Legarreta.

"Viajes El Corte Inglés dispose d'une division dans ce domaine avec une équipe d'experts qui travaillent chaque jour pour concevoir des itinéraires spécialisés qui combinent la culture, l'histoire et la grande richesse des monuments dans les lieux de culte", a ajouté le dirigeant. " Elle a été l'agence officielle des Journées mondiales de la jeunesse à Madrid en 2011 et a été présente dans l'organisation de nombreux pèlerinages diocésains, de rencontres mondiales des familles et de canonisations, pour apporter la culture et le patrimoine religieux à nos pèlerins ".

En outre, le groupe a organisé d'importantes rencontres en collaboration avec la Conférence épiscopale espagnole et les diocèses, participant activement à la diffusion des Années jubilaires qui mettent en valeur la richesse historique et le patrimoine culturel et religieux. Elle a également travaillé avec des volontaires des différents Hospitaliers de Lourdes en Espagne.

Conditions préférentielles pour les clients de Sabadell

L'accord met à la disposition des clients de "Banco de Sabadell des conditions et des services préférentiels pour les voyages vers des destinations religieuses et les pèlerinages par l'intermédiaire de Viajes el Corte Inglés, l'un des opérateurs les plus importants de notre pays. Banco de Sabadell est le quatrième groupe financier d'Espagne et l'une des institutions financières les plus présentes dans ces groupes", ont souligné ses dirigeants. "Elle dispose également d'une gamme étendue de produits et de services qui est complétée par d'autres produits et services non financiers et à valeur ajoutée pour ses clients, une offre construite sur une relation étroite et une écoute de leurs besoins, en s'occupant d'eux de manière "artisanale" avec l'intention de continuer à renforcer les relations à long terme avec un groupe qui valorise fortement ces initiatives".

L'auteurFrancisco Otamendi

Vatican

Le pape appelle à un Rosaire pour la paix en Ukraine

Le mois de mai s'achève le mardi 31 mai. Ce jour-là, le pape François invite les catholiques à prier ensemble un chapelet pour la paix. Il sera possible de la suivre sur les canaux de communication du Vatican.

Javier García Herrería-27 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Le pape François veut offrir un signe d'espoir au monde, qui souffre du conflit en Ukraine, et qui est profondément blessé par la violence des nombreux théâtres de guerre encore actifs.

Le mardi 31 mai, à 18h00 (heure de Rome), le pape priera le chapelet devant la statue de Marie. Regina Pacis dans la Basilique de Santa Maria Maggiore à Rome.

Notre Dame, Reine de la Paix

La statue de Marie Regina Pacis est situé dans la nef gauche de la basilique de Santa Maria Maggiore. Elle a été commandée par Benoît XV et réalisée par le sculpteur Guido Galli, alors directeur adjoint des musées du Vatican, pour demander à la Vierge Marie la fin de la Première Guerre mondiale en 1918.

La Vierge est représentée avec le bras gauche levé en signe de fin de guerre, tandis que du bras droit elle tient l'Enfant Jésus, prêt à déposer le rameau d'olivier symbolisant la paix. Les fleurs sculptées à la base symbolisent l'éclosion de la vie avec le retour de la paix. La tradition veut que les fidèles déposent aux pieds de la Vierge de petites notes manuscrites contenant des intentions de prière.

En effet, le Pape déposera une couronne de fleurs aux pieds de l'image avant d'adresser sa prière à la Vierge et de laisser son intention particulière.

ave regina pacis

Le chapelet pour la paix

En plus du Pape, plusieurs personnes participeront activement à cette célébration. Parmi eux se trouvera un groupe de garçons et de filles qui ont reçu leur première communion et leur confirmation ces dernières semaines, scoutsdes familles de la Communauté ukrainienne de Rome, des représentants de la Jeunesse ardente mariale (GAM), des membres du Corps de gendarmerie du Vatican et de la Garde suisse pontificale, et des trois paroisses de Rome qui portent le nom de la Vierge Marie Reine de la Paix, ainsi que des membres de la Curie romaine.

Une famille ukrainienne, des proches des victimes de la guerre et un groupe d'aumôniers militaires avec leurs corps respectifs seront chargés de diriger les dizaines de chapelets, en signe de proximité avec les personnes les plus impliquées dans ces événements tragiques.

Sanctuaires dans le monde

Un autre signe important est la participation de sanctuaires internationaux venus du monde entier, y compris de pays encore touchés par la guerre ou connaissant une forte instabilité politique. Ces sanctuaires prieront le rosaire en même temps que le Saint-Père et seront reliés par streaming à la transmission en direct de Rome.

Les sanctuaires suivants seront ainsi reliés : le sanctuaire de la Mère de Dieu (Zarvanytsia) en Ukraine ; la cathédrale de Sayidat al-Najat (Notre-Dame du Salut) en Irak ; la cathédrale de Notre-Dame de la Paix en Syrie ; la cathédrale de Marie Reine d'Arabie au Bahreïn.

À leurs côtés se trouveront les sanctuaires internationaux suivants : sanctuaire de Notre-Dame de la Paix et du Bon Voyage ; sanctuaire international de Jésus le Sauveur et de la Mère Marie ; sanctuaire de Jasna Góra ; sanctuaire international des martyrs coréens ; maison sainte de Lorette ; Notre-Dame du Saint Rosaire ; sanctuaire international de Notre-Dame de Knock ; Notre-Dame du Rosaire ; Notre-Dame Reine de la Paix ; Notre-Dame de Guadalupe ; Notre-Dame de Lourdes.

Tous les fidèles du monde sont invités à soutenir le pape François dans sa prière à la Reine de la Paix.

La prière sera diffusée en direct sur les chaînes officielles du Saint-Siège, tous les réseaux catholiques du monde entier seront connectés, et elle sera accessible aux sourds et malentendants grâce à une traduction en langue des signes italienne LIS.

Vatican

Le pape François et la Chine : stratégie diplomatique

Les paroles du pape François à la Chine lors du Regina Coeli du 22 mai ont pour toile de fond le renouvellement de l'accord sur la nomination des évêques et l'arrestation du cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, qui a été emmené en prison le 11 mai et n'a été libéré sous caution que par la suite.

Andrea Gagliarducci-27 mai 2022-Temps de lecture : 5 minutes

Traduction de l'article en anglais

Après avoir prié le Regina Coeli le 22 mai, le pape François a prié pour les catholiques de Chine, les recommandant à Marie Auxiliatrice, qui est vénérée le 24 mai et en particulier au sanctuaire de Sheshan. Ce n'est pas la première fois que le pape évoque cet anniversaire. Et il ne pouvait en être autrement : Benoît XVI avait établi le 24 mai comme journée de prière pour la Chine dans sa lettre de 2007 aux catholiques de Chine, et c'est donc un anniversaire fixe depuis 15 ans.

Toutefois, les paroles du pape François s'inscrivent dans un contexte plus dramatique. Il est vrai que depuis 2008, première année de la tenue de la prière, les missionnaires n'ont cessé de dénoncer les obstacles posés par Pékin au pèlerinage au sanctuaire de Sheshan. Et il est vrai qu'avec la pandémie, le sanctuaire a été fermé pendant deux ans, de sorte qu'en 2021 il ne pouvait pas faire partie des sanctuaires qui composaient le marathon de prière contre la pandémie proclamé par le pape François en mai - et pendant que le sanctuaire était fermé, le parc d'attractions voisin venait de rouvrir.

Les propos du pape François s'inscrivent toutefois dans un contexte plus large : les négociations en vue du renouvellement de l'accord entre le Saint-Siège et la Chine sur la nomination des évêques, qui expire en octobre 2022, et l'arrestation surprise du cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, qui a été conduit en prison le 11 mai et n'a été libéré sous caution que par la suite.

Le Regina Coeli du 22 mai

La salutation du pape François à la fin du Regina Coeli du 22 mai était pleine de signes. Le Pape a tout d'abord renouvelé aux catholiques de Chine "l'assurance de ma proximité spirituelle : je suis avec attention et participation la vie souvent complexe et les vicissitudes des fidèles et des pasteurs, et je prie pour eux chaque jour".

C'est précisément en ces termes qu'a été évoquée l'affaire du cardinal Zen, qui sera jugé le 19 septembre. Le Pape avait alors invité à s'unir dans la prière "afin que l'Eglise en Chine, dans la liberté et la tranquillité, puisse vivre en communion effective avec l'Eglise universelle et exercer sa mission d'annoncer l'Evangile à tous, offrant ainsi également une contribution positive au progrès spirituel et matériel de la société".

La deuxième partie, en fait, demandait une plus grande liberté pour l'Église, et une plus grande liberté religieuse. Le pouvoir de la diplomatie, celui de dire les choses sans les dire et surtout sans déformer l'interlocuteur chinois.

L'équilibre diplomatique

Le fait est que le Vatican ne tient pas pour acquis que l'accord sera renouvelé. Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, a déclaré dans une interview qu'il espérait pouvoir modifier une partie de l'accord. Et l'archevêque Paul Richard Gallagher, le "ministre des affaires étrangères" du Vatican, rencontrant les ambassadeurs de l'UE lors d'un déjeuner à huis clos, aurait déclaré que si la Chine souhaitait un accord plus permanent, peut-être permanent, le Saint-Siège dirait non.

D'autre part, le fait que le Saint-Siège ait voulu donner un poids relatif à l'accord est indiqué par un détail : l'accord a été signé le 22 septembre 2018, le premier jour du voyage du pape François dans les pays baltes.

Comme on le sait, le Secrétaire d'État et le Secrétaire d'État aux relations avec les États suivent le Pape dans ses déplacements. En choisissant cette date, il était nécessaire pour le Saint-Siège de signer l'accord avec son homologue, Wang Chao, vice-ministre des affaires étrangères de la République populaire de Chine, alors Monseigneur Antoine Camilleri.

Si les dates comptent, il semble clair que ce jour a été choisi parce qu'il aurait été inévitable d'avoir une délégation plus réduite, avec un accord signé par les n° 3 et non par les n° 1.

L'accord a ensuite été renouvelé en octobre 2020, et a jusqu'à présent donné deux résultats : tous les évêques de Chine sont considérés comme étant en communion avec Rome, et seuls six évêques en quatre ans ont été nommés dans le cadre de l'accord.

Les termes de l'accord sont inconnus, bien qu'il y ait des spéculations selon lesquelles le Saint-Siège s'engagera avec le gouvernement dans un processus d'examen des candidats à l'épiscopat jusqu'à ce que le pape nomme un évêque qui soit également acceptable pour Pékin. Toutefois, l'accord préserverait la pleine autonomie du pape dans le choix des évêques.

Il est certain que la relation entre le Saint-Siège et la Chine est un équilibre instable, et l'arrestation soudaine du cardinal Zen en est la preuve. Après l'arrestation, le Saint-Siège a fait savoir qu'il suivait de près l'évolution de la situation.

Il n'y a donc pas eu de protestation officielle, également parce que, la Chine étant l'un des rares pays au monde à ne pas avoir de relations diplomatiques avec le Saint-Siège, il n'existait pas de canaux appropriés pour une plainte officielle.

Le Cardinal, cependant, semblait un peu égoïste. Défenseur de la démocratie à Hong Kong, qui s'était toujours fermement opposé à l'accord, le cardinal Zen est allé jusqu'à tenter d'empêcher le renouvellement en se rendant à Rome et en essayant d'être reçu par le pape. Mais il a eu un succès relatif. Il n'a rencontré que brièvement le cardinal Pietro Parolin, le secrétaire d'État du Vatican. C'était le signal définitif que le Pape ne s'arrêterait pas pour écouter la raison au sujet de l'accord. Le dernier d'une série de signaux.

Signaux à la Chine

Plus tôt, en octobre 2019, le pape François avait envoyé un télégramme à Hong Kong alors qu'il survolait son territoire en se rendant au Japon. Sur le vol de retour, il avait minimisé l'importance du télégramme, disant qu'il s'agissait d'un télégramme de courtoisie envoyé à tous les États. Ces déclarations sont en partie trompeuses, car Hong Kong n'est pas un État, mais elle est appréciée par Pékin, au point que le ministre des affaires étrangères Geng Shuang avait souligné que de la part du pape, "la Chine apprécie l'amitié et la gentillesse".

Et pas seulement ça. Lors de son itinéraire au Japon, le pape François avait survolé la Chine et Taïwan. Dans le télégramme envoyé à Pékin, il salue la Chine en tant que "nation", tandis que les salutations à Taipei sont adressées au "peuple de Taïwan", même si la nonciature de Taipei est significativement appelée la nonciature de la Chine.

En juillet 2020, le pape François avait également décidé d'omettre de ses paroles à la fin de l'Angélus un appel pour Hong Kong, à un moment délicat du renouvellement de l'accord.

Il s'agit là de signaux clairs adressés à la Chine, ce qu'il a apprécié.

Aujourd'hui, le pape François s'efforce de ne pas fâcher le "dragon rouge", mais les négociations en vue d'un nouvel accord semblent plus difficiles que jamais. La Chine souhaiterait une plus grande implication du Vatican, et pourrait même mettre sur la table la possibilité d'un représentant non résident du Saint-Siège. Le monde catholique appelle à plus de prudence, dans une situation que le gouvernement ne facilite de toute façon pas.

L'arrestation du cardinal Zen s'est avérée être un prétexte, une façon de montrer ses muscles. L'accusation, en fin de compte, ne porte pas sur l'ingérence étrangère, mais sur le fait de ne pas avoir enregistré correctement un fonds humanitaire dont le cardinal et cinq autres membres du monde démocratique étaient les dépositaires.

Peu, après tout, mais assez pour envoyer un message à l'Église : tout est sous contrôle.

Pour le Saint-Siège, cependant, il vaut la peine de poursuivre le dialogue. "Nous sommes conscients que nous nous serrons la main et que la lame du couteau peut nous faire saigner, mais il est nécessaire de parler à tout le monde", explique un Monseigneur qui a participé aux négociations par le passé.

En fin de compte, l'accord semble toujours une possibilité à envisager. Après tout, selon un vieux dicton diplomatique du Vatican, "les accords sont conclus avec des personnes qui ne sont pas dignes de confiance".

L'auteurAndrea Gagliarducci

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Bonnes intentions et mauvaises idées

À l'occasion de la dernière loi espagnole sur l'éducation, nous pouvons profiter de l'occasion pour réfléchir à la manière dont les bonnes et mauvaises intentions des réformes éducatives successives ont contribué à créer un environnement social qui ne favorise pas exactement la réussite des plus jeunes et donc de notre société.

27 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Il y a quelque temps, j'ai lu un livre intitulé "The Transformation of the Modern Mind". How good intentions and bad ideas are dooming a generation to failure", écrit par Jonathan Haidt et Greg Lukianoff.

N'ayant rien à voir avec cette publication, je me sens libre d'en recommander la lecture à nos autorités éducatives, ainsi qu'aux parents et éducateurs d'aujourd'hui, car il me semble qu'ils pourraient y puiser des idées intéressantes pour les aider dans l'importante tâche d'éducation des nouvelles générations, dont dépend notre avenir.

C'est un livre publié aux États-Unis en 2018 par le psychologue Jonathan Haidt et l'expert en liberté d'expression Greg Lukianoff, qui paraît désormais en espagnol. Les phénomènes qu'ils décrivent sont déjà parfaitement détectables en Europe et, plus précisément, en Espagne.

Tout au long de ses plus de quatre cents pages, qui sont un plaisir à lire, ils tentent de répondre à la question suivante : préparons-nous adéquatement les jeunes à affronter la vie adulte ou les protégeons-nous trop ? Et ils y répondent en apportant des éclairages intéressants pour tous ceux qui s'intéressent à l'éducation des jeunes.

Les auteurs racontent comment des choses étranges ont commencé à se produire sur les campus américains vers 2015. Des étudiants prétendant défendre des idées progressistes ont hué des politiciens et des professeurs de leur université et les ont empêchés de s'exprimer. Cette situation vous rappelle-t-elle quelque chose ? Je suppose que c'est le cas pour Pablo Iglesias et Rosa Díez, puisque le premier a été le protagoniste d'un boycott d'une conférence donnée par la seconde dans une université publique espagnole il y a quelques années.

De plus en plus nombreux, en Espagne également, les étudiants hésitent à afficher leurs opinions et à en discuter franchement. Depuis quelque temps, ce qui devrait être le "gymnase de l'esprit" est rempli de personnes qui fuient le débat et la pensée critique, un phénomène curieux pour une université.

Comme le décrivent les auteurs dans ce livre, la raison de cette situation désolante est due à trois idées fausses qui ont pénétré le subconscient de nombreux jeunes et moins jeunes qui croient défendre une vision généreuse et inclusive de l'éducation.

La première : ce qui ne vous tue pas vous rend plus faible (il faut fuir à tout prix toute difficulté). La seconde : vous devez toujours faire confiance à vos sentiments (et donc être extrêmement sensible). Et enfin : la vie est une lutte entre les bonnes et les mauvaises personnes (et vous faites partie des bonnes).

Comme le démontre ce livre courageux et rigoureux, ces notions, qui peuvent à première vue sembler bénéfiques parce qu'elles protègent l'individu et flattent ses propres instincts, contredisent en fait les principes psychologiques les plus fondamentaux du bien-être.

Accepter ces faussetés, et promouvoir ainsi une culture de la sécurité dans laquelle personne ne veut écouter les arguments qu'il n'aime pas, nuit au développement social, émotionnel et intellectuel des jeunes. Et cela rend plus difficile pour eux de naviguer sur le chemin souvent complexe et difficile de l'âge adulte.

Ou, selon les propres termes de Haidt : "Beaucoup de jeunes nés après 1995, ceux qui arrivent dans les universités depuis 2013, sont fragiles, hypersusceptibles et manichéens. Ils ne sont pas préparés à affronter la vie, qui est un conflit, ou la démocratie, qui est un débat. Ils sont voués à l'échec.

À cela s'ajoute l'augmentation générale bien connue de l'anxiété et de la dépression chez les adolescents, qui a débuté vers 2011, et qui est plus répandue chez les filles et les jeunes femmes que chez les garçons et les jeunes hommes. Cette augmentation se traduit par une hausse des taux d'admission à l'hôpital pour automutilation et suicide.

Mais heureusement, le livre ne se limite pas à un diagnostic précis et sombre des difficultés présentes chez nos jeunes. Il fournit également des conseils précieux sur la manière dont nous, les personnes âgées, pouvons les aider à les surmonter avec succès.

Comme les muscles ou les os, les enfants sont "antifragiles", ce qui signifie qu'ils ont besoin de stress et de défis pour apprendre, s'adapter et grandir. Si nous les protégeons de toutes sortes d'expériences potentiellement perturbantes - comme l'échec dans une matière - nous les rendons incapables de faire face à de tels événements lorsqu'ils grandissent.

En revanche, il convient de les mettre en garde contre les distorsions cognitives les plus courantes, afin qu'ils ne se laissent pas aussi facilement abuser par les faussetés du raisonnement émotionnel (je ne suis pas bon, mon monde est sombre et il n'y a aucun espoir pour mon avenir).

Enfin, nous devons combattre la culture de l'accusation publique et la mentalité du "nous contre eux", qui nous fait oublier que, comme le disait Soljenitsyne, "la ligne entre le bien et le mal passe par le cœur de chaque être humain". Ou comme le dit le rabbin Lord Jonathan Sacks, "la vie humaine n'est pas radicalement divisée entre l'irrémédiablement bon et l'irrémédiablement mauvais".

Enfin, les auteurs réaffirment, données à l'appui, l'influence négative de la disponibilité précoce des smartphones et des médias sociaux, du déclin du "jeu libre non supervisé" et de la "course à l'armement des programmes scolaires" sur la santé mentale de nos jeunes. De manière significative, ils dédient le livre à leurs mères, qui ont fait de leur mieux pour les préparer à la route qui les attendait.

Espagne

Bravo Awards 2021 : "La communication authentique est encore possible".

Lors de cette édition 2021, les prix Bravo ont récompensé des professionnels tels que Laura Daniele ou Eva Fernández et des institutions telles que CEU ou Las edades del Hombre.

Maria José Atienza-26 mai 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Merci aux lauréats de garder vivant en chacun de nous l'espoir qu'une communication authentique est encore possible", a déclaré Mgr José Manuel Lorca Planes aux lauréats du "Prix de la communication authentique". Prix Bravo qui est décerné chaque année par la Commission épiscopale pour les communications sociales de la Conférence épiscopale espagnole.

Lors de cette édition 2021, les prix Bravo ont récompensé des professionnels tels que Laura Daniele ou Eva Fernández et des institutions telles que CEU ou Las edades del Hombre.

La cérémonie de remise des prix, qui a eu lieu le jeudi précédant la célébration de la Journée des communications sociales de l'Église, a été marquée par l'émotion des lauréats de cette édition, la première à se tenir en personne après la pandémie.

Laura Daniele, reconnue pour son travail au journal ABC, où elle a travaillé jusqu'à cette année, a dédié ce prix à sa famille : mari et enfants, ainsi qu'à Eva Fernández qui, en plus de sa famille, s'est souvenue de " ces collègues qui ne vont pas le recevoir mais qui le mériteraient ".

Dans son discours, le président de la Commission épiscopale pour les communications sociales a souligné la valeur de ces prix dans le moment actuel où "plus la difficulté pour les gens de connaître la vérité est grande, plus elle devient urgente".

Mme Lorca Planes a souligné que les travaux des lauréats "sont pour nous une source d'espoir dans le monde de la communication" et entretiennent "l'espoir qu'une communication authentique est encore possible".

Prix Bravo 2021

Bravo ! Spécial pour le Fondation "Las Edades del Hombre"

Le prix Bravo ! de la presse à Laura Daniele

Le prix Bravo Radio est décerné à Eva Fernández, correspondante du groupe Ábside à Rome et au Vatican.

Prix Bravo ! de la télévision à Vicente Vallés, directeur et présentateur de Noticias 2 sur Antena 3.

Le prix Bravo ! en communication numérique a été décerné à la campagne "Posez-vous des questions" de la Fondation de l'université CEU de San Pablo. 

Bravo ! à José Luis López Linares pour le film "Espagne, la première mondialisation".

Prix de la musique Bravo ! à Hakuna Musique de groupe. 

Prix Bravo ! de la publicité décerné à la Fondation Juegaterapia pour sa campagne "Princesses Disney" en faveur des enfants atteints de cancer.

Prix Bravo ! en communication diocésaine à Santiago Ruiz Gómez,

Vatican

Le Pape fait cadeau à une famille de sa girouette

Rapports de Rome-26 mai 2022-Temps de lecture : < 1 minute
rapports de rome88

La famille Gross Jiménez, de nationalité espagnole, a pu saluer le pape François après l'audience du 25 mai 2022. Une de leurs filles, âgée de 9 ans, qui souffrait d'infirmité motrice cérébrale, était décédée il y a quelques mois. La famille a offert une calotte au pape, qui a enlevé celle qu'il portait et l'a donnée à l'un des plus jeunes membres de la famille.


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Ressources

Eucharistie : la rencontre personnelle avec le Christ

Le Christ est maintenant physiquement présent dans l'Eucharistie, non seulement dans la célébration de la messe, mais au-delà. Si la rencontre avec le Christ personne est au cœur de la foi chrétienne, on peut se demander pourquoi, pendant la majeure partie de la journée, les églises sont complètement vides.

Emilio Liaño-26 mai 2022-Temps de lecture : 5 minutes

Traduction de l'article en italien

Dans cet article, nous proposons de réfléchir sur le christocentrisme eucharistique, en continuité avec le christocentrisme défendu par des auteurs comme Ratzinger, selon lequel : " On ne commence pas à être chrétien par une décision éthique ou une grande idée, mais par la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne un nouvel horizon à la vie et donc une orientation décisive " (Benoît XVI, Deus Caritas Est, n. 1).

En bref, on peut dire que le christocentrisme est une vision dans laquelle le christianisme est affirmé comme une religion de rencontre avec une personne plutôt qu'une religion de faire ou d'agir. Ce qui est central dans le christianisme, c'est la rencontre personnelle dans la foi avec le Dieu qui se fait homme.

On ne peut pas dire que cette question soit une nouveauté absolue, puisque l'accent eucharistique de l'approche christocentrique va dans le même sens que ce que l'Église a toujours enseigné. En ce sens, elle n'est pas très originale car l'Eglise a souligné avec insistance la valeur centrale de l'Eucharistie.

Cependant, à l'heure actuelle, il semble opportun de promouvoir un nouvel effort pour rapprocher les gens de Jésus-Christ et, en particulier, dans la Eucharistie.

Le point de départ : une situation courante

Tout d'abord, il convient de préciser que le christocentrisme eucharistique n'est pas le fruit d'une analyse théorique. Une vision purement réflexive de la question ne nous permet pas de la comprendre dans sa véritable dimension. Il est désormais courant de constater que les églises sont vides dans de nombreux endroits, du moins dans certains pays plus développés économiquement et où la tradition catholique est forte.

Il ne s'agit pas de regarder la baisse du nombre de fidèles à la messe, qui s'accompagne de la fréquentation régulière de tant d'autres personnes qui considèrent la messe comme l'acte central de leur relation avec Dieu, et cela est en soi très positif.

Le problème n'est pas dans la messe mais en dehors.

Malheureusement, il est fréquent de constater que dans les églises, en dehors des célébrations liturgiques, il n'y a pratiquement personne. Ce manque de personnel fait que les églises ne sont pas des lieux très sûrs et qu'il est parfois préférable de les fermer pour éviter de plus grands dommages.

Ce fait doit nous faire réfléchir car il peut avoir des conséquences importantes.

Si les églises n'étaient que des temples qui conservent une série d'objets pour le culte, ou des objets artistiques, le vide des églises n'aurait pas beaucoup de pertinence.

Cependant, en plus de tous les objets que l'on peut trouver dans les églises, elles gardent aussi la présence du Christ dans l'Eucharistie.

L'Eucharistie n'est pas une chose de plus dans un temple, comme une statue ou un tableau. L'Eucharistie est le centre du temple et de sa cause. Il existe des temples pour célébrer l'Eucharistie et pour que l'Eucharistie soit réservée au culte des hommes.

Rencontre personnelle avec l'Eucharistie

Lorsque le Christ a posé le pied sur terre il y a quelque deux mille ans, il a demandé aux gens de l'écouter et de lui faire confiance. Si le Christ venait aujourd'hui sur terre en tant qu'homme, en tant qu'homme qui habite une partie de ce monde, nous aurions l'obligation d'aller à sa rencontre.

C'est-à-dire que, pour ceux qui ont la foi que le Christ est Dieu, sa présence terrestre devrait être un appel impérieux à le voir en chair et en os, avec son regard, avec ses paroles, ses gestes, etc.

Eh bien, le Christ est maintenant physiquement présent dans l'Eucharistie, et nous attend avec autant d'impatience que lorsqu'il vivait sur terre.

Le christocentrisme affirme donc la nécessité de rencontrer le Christ-Dieu car c'est cette Personne qui définit l'essence de la religion.

Maintenant, en outre, nous ajoutons que la rencontre avec le Christ-Dieu doit avoir lieu dans l'Eucharistie, et pas seulement dans la célébration de la Messe.

Dans l'Eucharistie, nous avons la certitude qu'il rencontre vraiment son humanité et sa divinité.

Si le Christ est resté dans l'Eucharistie, c'est parce qu'il veut être avec nous. C'est pourquoi nous ne devons pas être indifférents lorsque nos églises sont vides en dehors des événements liturgiques ; c'est un signe que le Christ-Eucharistie a peu de valeur pour nous. Peut-être notre foi s'est-elle refroidie et nous croyons seulement, avec une foi effective, à la présence du Christ dans le sacrifice de la Messe, mais pas à ce qu'implique sa présence réelle et constante dans le Tabernacle.

Accompagner Jésus-Eucharistie

Il faut préciser que lorsqu'il est question d'accompagner Jésus dans l'Eucharistie, il ne s'agit pas de la nécessité d'avoir plus d'actes d'adoration, d'expositions avec le Saint Sacrement, etc. qui sont de très bonnes choses, mais qui ne sont pas l'objet de cet article.

La solitude des tabernacles n'est pas non plus résolue par quelques personnes qui sont toujours dans les églises de sorte qu'elles ne sont jamais vides. Ce n'est pas la voie à suivre.

Au contraire, il s'agit de la nécessité pour beaucoup de venir dans les tabernacles de leurs églises car c'est Jésus qui les attend avec une patience sans limite. On peut dire que l'obligation appartient à l'ensemble de la communauté des croyants. Ceux qui pensent être exclus de ce devoir montrent déjà qu'ils ont peu de foi en l'Eucharistie.

Le Christ est resté dans l'Eucharistie pour que nous venions à lui. Et que devons-nous faire avant l'Eucharistie ? Premièrement, simplement être là ; deuxièmement, lui parler ; et troisièmement, l'écouter.

Le Christ, qui est un Dieu des vivants et non des morts, est vivant et a la capacité de nous écouter et de nous parler. Pouvons-nous parler à Jésus partout ? Bien sûr, mais nous devons le faire de préférence là où Jésus préfère, c'est-à-dire là où il est resté.

Bien sûr, nous pouvons parler à un être cher au téléphone, mais ce ne serait pas dénoter l'amour que de parler au téléphone plutôt qu'en sa présence physique. Car le Christ préfère nous parler face à face, physiquement.

Et si nous nous demandons à quelle fréquence nous devons être avec Jésus-Eucharistie, ou pendant combien de temps, combien de temps ? Ici, logiquement, il n'y a pas de règle fixe : cela dépend des obligations familiales, sociales, etc. que Jésus lui-même veut que nous remplissions.

Dans tous les cas, il est conseillé de se rendre quotidiennement au Tabernacle. L'heure ? Ce que Dieu inspire à chacun d'entre nous et ce que notre générosité nous donne. Il n'est pas nécessaire de passer de nombreuses heures devant Jésus dans le Tabernacle. Non, il s'agit d'y être plusieurs fois (en plusieurs jours), selon nos circonstances et nos forces, afin de dialoguer avec le Seigneur (dans de nombreux cas, quelques minutes suffisent).

Dans la communion eucharistique, il y a deux dimensions à considérer. La première est permanente et a trait à notre relation personnelle avec Jésus. Dans cette relation, il est essentiel de comprendre que Jésus veut être avec chacun d'entre nous et ne se soucie pas que nous l'oubliions un jour ou l'autre.

La deuxième dimension est temporelle et est liée à l'abandon massif de Jésus dans l'Eucharistie. Cela devrait nous inciter à essayer de consoler Jésus dans sa solitude. Et ici, bien que notre contribution personnelle puisse sembler insignifiante face à l'indifférence de tant de personnes, nous devons penser que notre traitement le soulage car Jésus ne désire pas l'amour de beaucoup, mais l'amour de chacun, à commencer par le nôtre.

Nous, chrétiens, sommes enracinés dans l'Église, généralement par le biais des paroisses. Ainsi, une tâche que nous pourrions entreprendre en tant que croyants est d'examiner comment nous prenons soin du Jésus Eucharistique qui est présent dans le tabernacle de notre paroisse. Être avec Dieu dans l'Eucharistie est le meilleur investissement que nous puissions faire de notre temps.

Bien que l'on ait parlé d'obligation ou de nécessité, dans cette tâche d'accompagnement de l'Eucharistie, il n'y a pas d'autre obligation que celle de notre amour. C'est l'amour qui est en jeu, pas l'accomplissement d'un devoir.

L'auteurEmilio Liaño

Monde

Matteo Zuppi, le "prêtre des pauvres" à la tête de l'épiscopat italien

Le pape François a élu le cardinal Matteo Zuppi, 66 ans, archevêque de Bologne, comme nouveau président des évêques italiens.

Antonino Piccione-25 mai 2022-Temps de lecture : 4 minutes

Le choix a été fait immédiatement après que l'assemblée générale de la Conférence épiscopale italienne a transmis à Santa Marta les résultats du vote du matin : Zuppi a été le candidat le plus voté du trio à présenter au pontife, suivi du cardinal Paolo Lojudice de Sienne et de Monseigneur Antonino Raspanti, évêque d'Acireale.

L'annonce a été faite par le cardinal Gualtiero Bassetti, président sortant, sous les applaudissements du public réuni au Hilton Rome Airport de Fiumicino.

C'est le pape lui-même, quelques jours plus tôt, qui a esquissé le profil du nouveau président dans une interview accordée au directeur du Corriere della Sera, Luciano Fontana : "J'essaie de trouver quelqu'un qui veut faire un bon changement. Je préfère un cardinal, qui a de l'autorité.

Les deux candidats les plus autorisés semblaient dès le départ être Zuppi et Lojudice, tous deux très estimés et "prêtres de la rue", comme Bergoglio aime les appeler, avec une longue expérience parmi les plus pauvres et les derniers. François n'est pas lié par les préférences, mais au final, comme cela s'est produit avec Bassetti en 2017, il a nommé le candidat le plus voté par l'assemblée.

Il y a quelques jours, M. Zuppi a plaisanté sur le fait d'être donné comme favori : "Le cardinal Biffi avait l'habitude de dire que seuls les fous veulent être évêques, on pourrait dire que les plus fous veulent être chefs d'évêques. Les évêques devraient désigner une personne qui, selon eux, apportera l'unité et sera capable de les représenter tous, en aidant l'Église italienne à poursuivre le chemin des dernières décennies et le parcours synodal entamé l'année dernière. Nous verrons ce que les évêques décideront dans le trio qu'ils indiqueront au pape et ce que le pape décidera".

Les premiers mots de Zuppi en tant que Président de la CEI

"Communion et mission sont les mots que je ressens dans mon cœur. Je vais essayer de faire de mon mieux, restons unis dans la synodalité". Ce sont les premiers mots publics du nouveau président qui, lors de la conférence de presse d'hier après-midi, a souligné : " Cette confiance du Pape qui préside dans la charité avec sa primauté, et de la collégialité des évêques, avec la synodalité, c'est l'Église. Et ces trois dynamiques sont celles qui m'accompagneront et pour lesquelles je me sens tellement responsable".

Pour le cardinal, l'Église doit être en mouvement. "La mission est la même que toujours : l'Église qui parle à tout le monde et s'adresse à tout le monde", explique-t-il. " L'Église qui est dans la rue et en mouvement, l'Église qui ne parle qu'une seule langue, la langue de l'amour, dans la Babel de ce monde.

Zuppi évoque le moment que nous vivons, marqué par des "pandémies". Celle de Covid, d'abord, "avec la conscience et la dissidence qu'elle a révélées et provoquées", et maintenant la "pandémie de guerre" en Ukraine, sans oublier "toutes les autres pièces des autres guerres".

Il pense ensuite à ses prédécesseurs à la tête de la Conférence épiscopale italienne : Antonio Poma, Ugo Poletti, Camillo Ruini et Angelo Bagnasco, et enfin à Gualtiero Bassetti "qui, au cours de ces années, a dirigé l'Église italienne avec tant de paternité et d'amitié, créant tant de fraternité dont j'ai bénéficié en tant qu'évêque".

La dernière pensée est pour la Madone de Saint Luc, qui est célébrée à Bologne le 24 mai, jour de son élection : "Je remets tout entre vos mains et je vous demande de m'accompagner et de nous accompagner sur ce chemin de l'Eglise italienne".

Le cardinal Zuppi, d'origine romaine, est issu de la communauté de Sant'Egidio : en 1973, alors qu'il était étudiant au lycée classique de Virgilio, il a rencontré le fondateur Andrea Riccardi. Dès lors, il s'engage dans les différentes activités de la communauté, des écoles populaires pour les enfants marginalisés des bidonvilles de Rome aux initiatives pour les personnes âgées seules et non autonomes, pour les immigrés et les sans-abri, les malades en phase terminale et les nomades, les handicapés et les toxicomanes, les prisonniers et les victimes de conflits.

Il est diplômé en littérature et en philosophie à l'université de La Sapienza et en théologie à l'université pontificale du Latran. Pendant dix ans, il a été curé de la basilique romaine de Santa Maria in Trastevere et assistant ecclésiastique général de la communauté de Sant'Egidio : il a été médiateur au Mozambique dans le processus qui a conduit à la paix après plus de dix-sept ans de guerre civile sanglante.

En 2012, après deux ans comme curé de Torre Angela, Benoît XVI l'a nommé évêque auxiliaire de Rome. François l'a élu archevêque de Bologne en octobre 2015 et quatre ans plus tard, le 5 octobre 2019, il l'a créé cardinal.

Chaque injustice produit une douleur collective

Enfin, une brève note personnelle. J'ai eu la chance d'écouter Zuppi lors d'une réunion organisée par l'association Iscom sur l'état de l'Église en Italie dans les premiers mois de la pandémie. 

J'ai noté quelques passages qui, relus aujourd'hui, semblent indiquer le cœur d'une biographie et l'ébauche d'un engagement : "C'est comme si le virus nous avait unis dans une "communauté de destin", de monades isolées nous sommes devenus des cellules interdépendantes d'un seul organisme. Il ne s'agit pas seulement d'un problème d'hygiène, mais aussi d'une dimension spirituelle. L'homme, comme le disait Thomas Merton, n'est pas une île.

Quelle est la vertu la plus importante aujourd'hui ? L'humilité", a répondu Zuppi, "pour regarder l'avenir, car cette pandémie qui a mis le monde à genoux a été une grande humiliation pour tous. La génération de nos parents avait l'Apocalypse dans la tête et dans le cœur. Je crois que cette humilité nous aidera à comprendre que nous ne sommes bien que si les autres sont bien. Que chaque injustice produit une douleur collective".

Le risque est donc que l'injustice augmente encore. Aujourd'hui, les différences et les inégalités se creusent, ce qui pèse sur la vie et la sécurité de tous. "Dans l'esprit d'Evangelii Gaudium, nous avons besoin d'une Église missionnaire, avec ses portes ouvertes et annonçant à tous la joie de l'Évangile".

L'auteurAntonino Piccione

Vatican

Pape François : Les personnes âgées pleines d'humour font beaucoup de bien !

Depuis février dernier, le pape François consacre ses catéchèses du mercredi à une réflexion sur la vieillesse. Aujourd'hui, il a médité sur un texte du livre de l'Ecclésiaste, appelant les personnes âgées à jouer un rôle de premier plan dans notre société. 

Javier García Herrería-25 mai 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Personne n'est surpris par le développement de la culture du jetable chez les générations plus âgées. Il est donc frappant que le Pape confie aux personnes âgées la tâche d'être lumière et sagesse pour les autres. On pourrait penser que le message du Pape aux personnes âgées est un message de complaisance et de victimisation. Malgré le fait que la société ne compte pas sur eux, François les invite à sortir du défaitisme et de la zone de confort.

Il a commencé son intervention en soulignant combien "ce court ouvrage impressionne et déconcerte par son célèbre refrain : "Tout est vanité", tout est "brume", "fumée", "vide". Il est surprenant de trouver ces expressions, qui remettent en cause le sens de l'existence, dans l'Écriture Sainte. En réalité, l'oscillation continue de Qohéleth entre le sens et le non-sens est la représentation ironique d'une connaissance de la vie qui découle de la passion pour la justice, dont le jugement de Dieu est le garant".

Dans un monde où le paradigme de la croissance économique semble tout régir, le pape demande : "Nos efforts ont-ils changé le monde ? Quelqu'un est-il peut-être capable d'affirmer la différence entre ce qui est juste et ce qui est injuste ? Il s'agit d'une sorte d'intuition négative qui peut survenir à chaque étape de la vie, mais il ne fait aucun doute que la vieillesse rend la rencontre avec le désenchantement presque inévitable.

Et c'est pourquoi la résistance de la vieillesse aux effets démoralisants de ce désenchantement est décisive : si les personnes âgées, qui ont tout vu, gardent intacte leur passion pour la justice, alors il y a de l'espoir pour l'amour, et aussi pour la foi. Et pour le monde contemporain, il est devenu crucial de passer par cette crise, une crise saine, car une culture qui prétend tout mesurer et tout manipuler finit aussi par produire une démoralisation collective du sens, de l'amour, du bien. Cette démoralisation enlève l'envie de faire". 

La valeur de la vieillesse

Comme on peut le constater, François fait une lecture pleine d'espoir de la situation actuelle, qui ne manque pas de problèmes et d'insipidité. Il reconnaît que, malgré "tous nos progrès et notre bien-être, nous sommes véritablement devenus une "société de la fatigue". Nous devions produire un bien-être généralisé et nous avons toléré un marché de la santé scientifiquement sélectif. Il fallait fixer une limite insurmontable à la paix, et nous assistons à une succession de guerres de plus en plus impitoyables contre des populations sans défense. La science progresse, bien sûr, et c'est une bonne chose. Mais la sagesse de la vie est autre chose, et elle semble stagner. 

La vraie sagesse ne semble avoir été répandue à aucune époque, mais nous sommes maintenant à l'ère de la désinformation. "Ce n'est pas une coïncidence si notre époque est celle des fake news, des superstitions collectives et des vérités pseudo-scientifiques. La vieillesse peut apprendre de la sagesse ironique de Qohéleth l'art de mettre en lumière la tromperie cachée dans le délire d'une vérité de l'esprit dénuée d'affection pour la justice. Les personnes âgées pleines de sagesse et d'humour font beaucoup de bien aux jeunes ! Ils les préservent de la tentation d'une connaissance triste et imprudente du monde. Et ils les ramènent à la promesse de Jésus : "Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés" (Mt 5,6). 

États-Unis

Massacre au Texas. Rien ne sera plus jamais pareil

La fusillade d'un élève de l'école primaire Robb à Uvalde, au Texas, a fait un mort, de nombreux blessés et laissé une marque indélébile sur la communauté d'Uvalde, qui se demande quand ces actes de violence insensés prendront fin.

Gonzalo Meza-25 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Traduction de l'article en italien

Le mardi 24 mai, l'école primaire Robb d'Uvalde, au Texas, se préparait à célébrer la fin de l'année scolaire, la remise des diplômes et les adieux de ses élèves, comme elle le fait chaque année.

Les festivités de ce mois sont devenues un deuil national après qu'un lycéen a pris une arme de gros calibre et a ouvert le feu sans pitié sur les enseignants, le personnel et des dizaines d'élèves de deuxième et troisième année ce matin-là.

La fusillade a fait 21 morts*, dont trois enseignants et 18 enfants. Avant de perpétrer l'attaque vicieuse sur les innocents, l'assaillant aurait tué leur grand-mère.

Uvalde étant une si petite ville, "tout le monde se connaît" et un événement de cette ampleur marque et marquera profondément cette ville : "Les gens n'arrivent pas à croire ce qui s'est passé", déclare l'un des paroissiens qui a assisté à la cérémonie.

Uvalde est une ville d'environ 16 000 habitants, dont la plupart sont d'origine hispanique. Géographiquement, c'est le point médian occidental entre San Antonio et la frontière mexicaine. Elle compte plusieurs écoles, dont l'école catholique Sacred Heart of Jesus et la paroisse éponyme. L'église est l'un des plus importants centres catholiques de la partie occidentale de l'archidiocèse de San Antonio.

Rien ne sera plus jamais pareil pour les familles des victimes. Ni pour la communauté d'Uvalde.

Après l'annonce de la nouvelle, des dizaines de paroissiens se sont réunis dans la seule église catholique d'Uvalde, le Sacré-Cœur de Jésus, pour prier et assister à une messe présidée par l'archevêque de San Antonio, Mgr Gustavo Garcia Siller, mardi soir.

"Il n'y a pas de mots pour décrire la tristesse, le chagrin et le choc écrasant provoqués par la perte incompréhensible de la vie d'enfants et d'adultes à l'école primaire Robb. Quand ces actes de violence insensés prendront-ils fin ? Ces massacres ne peuvent être considérés comme la nouvelle normalité. L'Église catholique appelle constamment à la protection de la vie et ces fusillades de masse sont une question très urgente sur laquelle tous doivent agir, tant les dirigeants élus que les citoyens", a déclaré Mgr Garcia Siller.

Le problème des armes à feu

Outre les criminels, il existe d'autres coupables : les armes à feu. Cette fusillade à Uvalde rouvre pour la énième fois le débat sur une question intouchable pour une partie de la population américaine : la possession d'armes à feu, un droit protégé par le deuxième amendement de la Constitution. Dans la plupart des régions des États-Unis, tout adulte peut acheter des armes de gros calibre : carabines, pistolets 9 mm, fusils, mitrailleuses ou armes plus spécialisées sur demande. Il existe des catalogues et même des salons professionnels où les grands fabricants vendent leurs produits comme s'il s'agissait de pétards inoffensifs. Dans de nombreux États, obtenir une arme à feu peut être aussi facile que de se procurer un médicament à la pharmacie. Il suffit de présenter une pièce d'identité.

Dix jours auparavant, un autre attentat avait eu lieu dans un supermarché de Buffalo, dans l'État de New York, faisant 10 morts et 3 blessés. Selon le Pew Research Center, 45 222 personnes sont mortes de blessures liées aux armes à feu aux États-Unis en 2020, dont 513 lors de fusillades de masse. Ces incidents ont nettement augmenté depuis 2000, passant de 2 en 2000 à 40 en 2020. Nombre de ces tragédies ont eu lieu dans des écoles publiques et même des églises.

Le débat sur la réglementation et l'interdiction des armes à feu aux États-Unis n'a pas progressé depuis des décennies. Même des gouvernements étrangers, comme le Mexique, se sont plaints du fait que les ventes d'armes non contrôlées aux États-Unis affectent non seulement les États-Unis mais aussi le Mexique. Un grand pourcentage des armes à feu utilisées par les trafiquants de drogue aux États-Unis sont produites aux États-Unis et traversent illégalement la frontière pour arriver dans les mains des trafiquants de drogue.

Alors que les membres du parti démocrate, y compris le président Biden, font pression pour une réglementation et une restriction des ventes d'armes, le parti républicain ne bouge pas d'un pouce. Toutefois, le principal obstacle, ou acteur clé dans ce dossier, est la National Rifle Association, l'une des organisations les plus influentes et puissantes du pays.

La NRA a mis un frein à toute tentative de réglementer la possession et l'acquisition d'armes à feu. De nos jours, il est peu probable que la question dépasse les tabloïds, même après des massacres aussi vicieux que celui d'Uvalde et la protestation du président Biden : "J'en ai assez de tout cela" (Message à la nation après le massacre d'Uvalde, 24 mai). La raison, comme le pape François l'a souligné à d'innombrables reprises, est que derrière les armes se cachent des intérêts économiques très puissants qu'il sera très difficile de vaincre.

*Victimes au 25 mai à 10h00, heure espagnole

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Initiatives

Les fêtes de Cruz

Les Fiestas de Cruz à Porto Rico sont une tradition vieille de plusieurs siècles. Elles sont célébrées au mois de mai, que la tradition catholique dédie à la Vierge Marie. C'est pourquoi les Fiestas de Cruz synthétisent ces trois éléments : la Sainte Croix, la Vierge Marie et le mois de mai.

Miguel A. Trinidad Fonseca-25 mai 2022-Temps de lecture : 4 minutes

L'origine des Fiestas de la Santa Cruz remonte au 2 mai 1787, lorsqu'un grand tremblement de terre a frappé Porto Rico, la veille de la fête de l'invention (=découverte) de la Sainte-Croix. C'est à partir de ce moment que cette coutume a commencé dans notre peuple portoricain, qui était très populaire au 19ème siècle. Bien qu'il existe des traces de festivités en l'honneur de la Croix en Espagne, la manière dont elle est célébrée à Porto Rico est indigène.    

Ces festivités consistent essentiellement en 19 chants entonnés devant un autel présidé par une croix sans Christ, magnifiquement ornée de fleurs et de rubans (comme nous le développerons plus loin). L'auteur de ces chants est inconnu, bien qu'ils soient probablement issus de motets médiévaux. Les chants ne sont connus qu'à Porto Rico, à l'exception d'un seul refrain (celui du cinquième cantique) : La plus douce des vierges...), qui a été trouvé au Mexique. Dans l'ensemble, nous pouvons affirmer que les chants de ces Fiestas de Cruz sont typiques de l'île de la Félicité. 

Bien que l'on ne sache pas qui a composé ces chansons, on sait qui a compilé, enregistré et diffusé l'une des nombreuses versions existantes de ces chansons, peut-être la plus populaire de toutes. C'est Augusto Coen, de Ponce, qui, au milieu du XXe siècle, a accompli cette tâche singulière de perpétuer les mélodies de ces chansons sur papier pour la première fois dans l'histoire.

Bien qu'ils soient généralement appelés Rosarios a la Santa Cruz ou Rosarios de Cruz, il ne s'agit pas du chapelet catholique méditant sur les mystères de la vie de Jésus-Christ et de la Vierge Marie, avec leurs Notre Père, Ave Maria et "Gloire au Père", car il n'existe aucune trace dans la tradition portoricaine de l'insertion du chapelet traditionnel dans les Fiestas de Cruz, ni que ces fiestas se composaient exclusivement d'un ou plusieurs chapelets traditionnels. Les "roses" de ce "chapelet" ne sont pas les Ave Maria, mais ces cantiques en l'honneur de la Vierge Marie, de la Croix, de Jésus-Christ et du mois de mai. Les Rosarios a la Santa Cruz sont l'un des trois types de "rosarios cantaos" de la piété catholique portoricaine, selon Francisco López Cruz, à savoir : ceux pour les morts (à l'occasion des anniversaires du départ d'êtres chers ou à la fin des novenarios de ces rosaires) ; ceux pour les promesses faites à une dévotion mariale ou à un saint (par exemple à la Virgen del Carmen, aux Trois Rois Saints, etc. 

Bien que chaque communauté ait sa propre façon de célébrer les Fiestas de Cruz, certains éléments sont communs à tous les endroits où elles sont célébrées. Les Fiestas de Cruz sont célébrées le soir (aujourd'hui encore, selon une strophe, les Fiestas de Cruz sont célébrées la nuit) : Sainte Croix / Je ne chante plus pour toi / demain soir / sera chanté pour toi). Elle se déroulait traditionnellement à l'intérieur ou dans la cour d'une maison. Elle était rarement célébrée sur une place publique ou dans une église, comme cela se fait dans certains endroits aujourd'hui. À l'origine, les Fiestas de Cruz étaient un "novenario", puisqu'elles étaient chantées pendant neuf nuits consécutives, de sorte que la décoration comprenait neuf marches représentant ces neuf nuits (Les neuf tiroirs / de la Sainte Croix / sont les pas / de l'Enfant Jésus). Les marches étaient ornées de rubans et de fleurs, surmontées d'une croix unique, également joliment décorée. Peu d'endroits aujourd'hui célèbrent la neuvaine comme une neuvaine. en soi ; Dans de nombreux endroits, on célèbre un "triduo" (ou trois nuits consécutives de Fiestas de Cruz) ou une seule nuit. Aujourd'hui encore, il est d'usage de faire une ou deux pauses pour divertir les personnes présentes avec des rafraîchissements typiques : gofio, riz au lait, biscuits, bonbons au lait (ou à l'orange, à la noix de coco ou au sésame), café, agualoja, chocolat, etc. selon les coutumes de la communauté. La tradition voulait qu'une personne soit l'hôtesse d'une des nuits des Fiestas de Cruz. Ainsi, de la première à la huitième nuit, on procédait à la cérémonie de "echar la capia", c'est-à-dire qu'on choisissait qui serait le parrain de la nuit suivante. Dans certains endroits, cette "cérémonie" consistait à improviser une copla à la personne parrainée, comme celle enregistrée par Francisco López Cruz :  

Antonia Vega
était la capiade ;
arroz con dulce,
doux et orange.

Dans d'autres endroits, une fleur était placée sur la personne sélectionnée. Dans de nombreux endroits, les festivités se terminaient par une danse qui durait jusqu'à l'aube. 

Les chants de ces fêtes sont traditionnellement antiphoniques : 1 ou 2 chanteurs chantent les couplets et le peuple chante le refrain. S'il y a 2 chanteurs, ils chantent généralement avec des voix. Des instruments typiques sont généralement utilisés. À Ponce, la ville qui a le plus cultivé les Fiestas de Cruz, il était d'usage d'utiliser des instruments orchestraux, comme la flûte et le violon. Il était de tradition d'inclure d'autres instruments dans la novena noche, comme des clarinettes, des saxophones et/ou des trompettes. Les instruments les plus courants dans tous les endroits où ces chapelets sont chantés sont la guitare et le cuatro portoricain. 

Quels rythmes prédominent dans ces chapelets ? La marche festive, la guaracha et, surtout, la valse. Sur les 19 chansons qui composent les Fiestas de Cruz, 11 sont des valses, 2 des marches festives, 4 des guarachas. Les 2 premières chansons utilisent les fermatas et les rubato produisant un rythme libre avec un allongement un peu particulier des notes et des mesures.

Les Fiestas de Cruz sont célébrées au mois de mai, mois au cours duquel était célébrée l'ancienne fête de l'Invention de la Sainte Croix (3 mai), mois que la tradition catholique dédie à la Vierge Marie. Les Fiestas de Cruz synthétisent ces trois éléments, la Sainte Croix, la Vierge Marie et le mois de mai, qui sont les thèmes principaux des hymnes. Sur les 19 hymnes, 7 sont dédiés à la Sainte Croix, 7 à la Vierge Marie et 3 au mois de mai, 1 à la Passion du Seigneur et 1 qui est une invocation à Dieu contre le mal. 

Les Fiestas de Cruz sont exposées au monde moderne et technologique, et risquent de s'étioler face à la génération naissante de Portoricains. Il n'est certes pas courant que ces fêtes soient promues par nos municipalités (à l'exception de Bayamón ou d'une autre), qui ne parlent plus de "fêtes patronales", mais de "fêtes de village" ; ce sont les communautés catholiques des jeunes générations qui ont pris sur elles de maintenir vivante cette tradition séculaire. Espérons que ces chapelets à la Sainte-Croix continueront à être une source spirituelle pour cette génération et celles qui suivront, préservant ainsi nos traditions catholiques que nous avons forgées en tant que peuple croyant.

L'auteurMiguel A. Trinidad Fonseca

Espagne

"L'Eglise a dans les anciens une armée de témoins de la Foi".

"La vieillesse, une richesse de fruits et de bénédictions" est le nom du document élaboré par un groupe interdisciplinaire, coordonné par la sous-commission épiscopale pour la famille et la défense de la vie, qui vise à donner une impulsion à l'action de l'Église et à la pastorale des personnes âgées.

Maria José Atienza-24 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Le président de la sous-commission épiscopale pour la famille et la défense de la vie, Mgr José Mazuelos, et le président du Movimiento Vida Ascendente, Álvaro Medina, ont été chargés de présenter le document "Orientations pour la pastorale des personnes âgées : La vieillesse : richesse de fruits et de bénédictions".

Mgr Mazuelos a voulu souligner la sensibilité particulière que le pape François manifeste à l'égard des personnes âgées, qui se traduit par des initiatives telles que "la création de la Journée mondiale des personnes âgées, ou la catéchèse sur les personnes âgées qu'il donne depuis quelques mois".

Pandémie et vieillesse

Une des choses qui est ressortie de la conférence de presse est la façon dont la pandémie de Covid a mis en lumière la les carences de notre société à l'égard de nos aînés. Nous sommes confrontés au problème suivant personnes âgées qui ne pouvaient pas aller acheter des médicaments, qui ne pouvaient pas retirer de l'argent à la banque ou qui vivent complètement seuls.

Comme l'a souligné Mgr Mazuelos : "Nous vivons dans une culture du jetable, dans laquelle la dignité des êtres humains au début et à la fin de la vie est remise en question. C'est pourquoi l'Église doit sensibiliser les gens face à cette mise au rebut. Une société qui ne tient pas compte de ses aînés est malade. Elle est arrogante et pense que tout est né avec elle. Il oublie ses racines, et un arbre sans racines se dessèche".

Mazuelos a également souligné le caractère interdisciplinaire de l'équipe qui a élaboré ce document : "La CEE a décidé, il y a quelques années, de développer une pastorale familiale transversale. Ce document montre la richesse des personnes qui sont impliquées dans cette réalité des personnes âgées : des personnes de la CONFER, de la pastorale de la Salud, de la Fundacion Lares, de Vida Ascendente, de Caritas et des médias".

Pour sa part, le président du mouvement Vida Ascendente, Álvaro Medina, du diocèse de Getafe, a voulu souligner qu'"il y a une sorte de refus de s'identifier comme 'plus vieux'. Qui est plus vieux ? Les personnes âgées sont celles qui, pour diverses raisons, voient leur vie changer : leurs enfants s'émancipent, le travail prend fin et elles se retrouvent sur un nouveau chemin de vie qu'elles doivent affronter d'une manière différente... Cette situation produit souvent de la solitude et nous devons nous occuper de cette solitude avec beaucoup de soin".

Une armée de témoignages

Loin de se plaindre, pour Medina, il est important de souligner le rôle des agents pastoraux des personnes âgées qui ont encore de multiples possibilités de collaboration dans les paroisses et aussi de celles qui sont plus limitées.

Le président de Vida Ascendente a lui-même souligné que l'une des obligations des personnes âgées est de "transmettre la Foi". Les personnes âgées, même si c'est parce que nous avons vécu plus d'années, ont eu de nombreuses occasions de faire des expériences de foi, ces évidences qui renforcent la foi, et nous avons l'obligation de les transmettre. Les personnes âgées en tant qu'agent pastoral sont un besoin impératif. Mais aussi, les personnes âgées ont besoin de se reconnaître et d'être reconnues, non pas pour recevoir des applaudissements mais pour être connues. L'Église dispose d'une armée de témoins de la foi chez les personnes âgées et, comme le dit le pape, nous avons besoin de plus de bons témoins et de moins de discours".

Le document

"La vieillesse, une richesse de fruits et de bénédictions".est un document simple, comme ils ont voulu le souligner dans la présentation. "Il se présente presque comme un récit" et offre un point de départ pour consolider le travail qui, à partir de multiples réalités ecclésiales, se développe dans le monde des personnes âgées et pour mettre en route, là où c'est nécessaire, ce service pastoral des personnes âgées. Non seulement à travers des réflexions sur les défis auxquels sont confrontés les personnes âgées, la valeur de la vieillesse et la pastorale pour les personnes âgées et par les personnes âgées, mais aussi à travers des exemples et des expériences menées en Espagne par l'Église en faveur des personnes âgées.

Culture

Le Cardinal Wyszyński et Jean Paul II : une conversation au seuil de la mort

"Priez maintenant pour le pape, pas pour moi", a encouragé le cardinal Stefan Wyszyński, mourant, dans les derniers moments de sa vie. Jean Paul II était uni par la souffrance et l'amour pour la Mère de Dieu.

Barbara Stefańska-24 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Cette année, le 28 mai, l'Église célèbre pour la première fois la mémoire liturgique du Primat de Pologne, béatifié en septembre dernier.  

Avant que le cardinal Wojtyla ne soit élu pape, le primat polonais Stefan Wyszyński était son supérieur. Ils ont coopéré à la gouvernance de l'Église en Pologne dans la période difficile du communisme. Ensemble, ils ont participé au conclave qui a élu Jean-Paul Ier et se sont réunis pour le conclave d'octobre 1978.

Cependant, ils n'étaient pas seulement liés par une relation professionnelle, mais aussi par des liens d'amitié et de confiance.

Le cardinal de Cracovie a rendu visite au primat Wyszyński pendant ses vacances, ils ont fait de longues promenades et le soir - avec d'autres participants à ses vacances - ils ont chanté au coin du feu.

Lorsque le cardinal Wojtyła est devenu pape, ils ont continué à s'écrire des lettres, qui contenaient également de nombreux détails personnels.

La dernière conversation

Le 13 mai 1981, sur la place Saint-Pierre, les balles de l'assassin transpercent le corps du pape polonais. Il a lutté pour sa vie à la polyclinique Gemelli. Jean-Paul II a toujours attribué sa guérison miraculeuse à Notre-Dame de Fatima, puisque l'attentat contre lui avait eu lieu le jour de sa commémoration liturgique.

Au même moment, en Pologne, dans sa résidence de la rue Miodowa à Varsovie, le primat Wyszynski, malade et âgé, vivait les derniers jours de sa vie.

L'information sur l'attentat contre le Saint-Père lui a été donnée par Maria Okońska, qui travaillait au secrétariat du Primat et était la fondatrice de l'Institut du Primat (un institut de vie consacrée). Selon son récit, après un long moment de silence, le cardinal Wyszynski a dit de ne pas prier pour lui maintenant, mais seulement pour le Saint-Père. "Il doit vivre. Je peux y aller" furent ses mots.

Le Primat, désormais béatifié, n'avait plus la force de s'adresser aux fidèles en personne. Son secrétaire, le père Bronisław Piasecki, a enregistré ses paroles sur cassette afin qu'elles puissent être diffusées dans la cathédrale de Varsovie. Cet enregistrement a été conservé dans les archives jusqu'à ce jour : " Je demande que toutes ces prières héroïques que vous avez faites à mes intentions à Jasna Góra, à Varsovie et dans les églises diocésaines, où que vous soyez, les adressent avec moi en ce moment à la Mère du Christ, en demandant la santé et la force pour le Saint-Père ", a demandé le cardinal Wyszynski. 

Le 25 mai, l'état de santé du primat de Pologne était déjà très grave. Jean-Paul II était encore dans la clinique (il n'en est sorti qu'en août 1981). C'est alors qu'a eu lieu la dernière conversation entre les deux proches collaborateurs, révélant le lien spirituel qui les unissait.

En Pologne, un câble téléphonique a été posé au chevet du cardinal Wyszynski qui, comme l'a raconté Maria Okońska, a parlé lentement : "Nous sommes unis par la souffrance, mais Marie est parmi nous. Le dernier mot du pape a été "Père...".

La souffrance du cardinal Wyszynski est également devenue une sorte de sacrifice pour la vie du pape. Le Primat est décédé trois jours seulement après cette conversation, le 28 mai.

Le pape de l'époque n'a pas pu assister à ses funérailles ; il a été représenté par une délégation du Saint-Siège conduite par le secrétaire d'État, le cardinal Agostino Casaroli.

Pour l'occasion, il a écrit une lettre à l'Église de Pologne, dans laquelle il a appelé le défunt "la pierre angulaire de l'Église de Varsovie" et "la pierre angulaire de toute l'Église de Pologne". Il a également demandé que le deuil après sa mort dure 30 jours pendant lesquels on pourra réfléchir sur la personne du Primat : "sa personne, ses enseignements, son rôle dans une période si difficile de notre histoire".

Deux ans plus tard, en 1983, Jean-Paul II a effectué son deuxième pèlerinage en Pologne. Ses premiers pas l'ont conduit à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Varsovie, pour se recueillir sur la tombe du Primat du Millénaire. Ce tombeau, désormais béni, est toujours là aujourd'hui.

Bienheureux Wyszyński

Les prévisions béatification du primat Wyszynski a eu lieu le 12 septembre 2021 dans le temple de la Divine Providence à Varsovie. Bien qu'elle ait été prévue un an plus tôt, elle a été reportée en raison de la pandémie de COVID-19. A ses côtés, Mère Rosa Czacka, connue comme la Mère des aveugles, fondatrice de la Congrégation des Sœurs Franciscaines Servantes de la Croix, a été proclamée Bienheureuse.

Il est difficile d'énumérer tous les mérites du bienheureux cardinal Wyszynski pour l'Église en Pologne et au-delà. Il était primat de Pologne avec des pouvoirs spéciaux accordés par le pape à une époque où le système politique luttait contre la religion. C'est en grande partie grâce à sa prudence et à sa foi solide que l'Église en Pologne a réussi à survivre à ces temps difficiles.

À cette époque, les autorités ont arrêté et emprisonné le primat pendant trois ans. Il a élaboré et mis en œuvre un programme pastoral de neuf ans pour toute la Pologne en vue de préparer le millième anniversaire du baptême de notre pays, fondé sur la piété populaire et la vénération de la Mère de Dieu. Il était lui-même un fervent adepte de la Vierge Marie. - Je remets tout entre les mains de Marie", a-t-il dit.

Son culte est de plus en plus répandu en Pologne et à l'étranger. Les documents d'archives publiés fournissent également de plus en plus d'informations sur sa vie et sa spiritualité.

L'auteurBarbara Stefańska

Journaliste et secrétaire de rédaction de l'hebdomadaire ".Idziemy"

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Dame en rouge sur un fond gris

L'auteur réfléchit à cette œuvre de Miguel Delibes, dont il dit que "dans cette œuvre, il nous laisse des réflexions fascinantes sur la vie, sur la vraie connaissance, sur la beauté, décrivant sa femme comme une personne ayant le don de la découvrir dans les endroits les plus précaires et même de la créer".

23 mai 2022-Temps de lecture : 5 minutes

Il y a quelques semaines, j'ai pu assister à une conférence sur cette œuvre de Miguel Delibes (1920-2010) donnée par le professeur Nieves Gómez à l'université Villanueva de Madrid. J'ai eu envie de lire ce magnifique livre qui reflète la relation intense que l'écrivain espagnol a entretenue avec sa femme, Ángeles de Castro, avec laquelle il a eu 7 enfants, et sa fin soudaine en 1974, due à une maladie du cerveau. Un livre personnel et très délicat, écrit dans un style intime. Ils se sont rencontrés très jeunes et se sont mariés en 1946, à Valladolid (Delibes avait 26 ans et Ángeles 20). Ce furent donc près de 30 ans d'un mariage très fructueux, non seulement en raison de leurs enfants, mais aussi en raison de la vocation littéraire de Delibes, qui est née après leur mariage, probablement grâce à la foi qu'elle avait en son talent : "J'ai été ému par sa confiance en mes possibilités. J'ai imaginé que si j'avais excellé en peinture n'importe où, si je le faisais correctement, je pourrais devenir un génie.

Le livre est un reflet de sa vie personnelle, sous l'identité d'un peintre qui a perdu son inspiration après la mort de sa femme et de sa muse. Il se réfugie alors dans la boisson avec beaucoup de nostalgie (surtout parce qu'elle lui fait vivre des moments où il pense pouvoir revoir sa femme). Il transmet la riche personnalité d'Ángeles de Castro et un exemple concret de ce qu'est la raison d'être d'une femme. C'était une femme déterminée, à la silhouette harmonieuse - que les sept grossesses n'ont pas gâchée -, aux yeux grands ouverts sur la réalité et capable d'améliorer le monde qui l'entourait.

Quelqu'un qui aimait donner des surprises et en recevoir, avec une élégance naturelle et un sens de l'humour "naturel".intuition sélective". inné. Une femme "du regard complice", qui avait "une admirable capacité à créer une ambiance". et que c'était "ennemi de la diffusion des mauvaises nouvelles". Mais cela devait nécessairement avoir sa contrepartie : "Quand elle s'est éteinte, tout s'est étiolé autour d'elle", "sa joie a disparu".Une personne qui a "une admirable capacité à créer une ambiance". et que, dans ses voyages, elle a pu aller au-delà des milieux académiques rigides (que Delibes n'aimait pas). Il se souvient qu'elle avait joué des castagnettes lors d'une réunion de professeurs à l'université de Yale et avait animé la réunion.

Il avait un grand charme personnel et des qualités relationnelles. A un certain moment du livre, il est dit : "L'esthétique compte aussi". Le protagoniste de l'histoire dit à sa fille que "Le pouvoir de séduction de ta mère était ravageur." et dans un autre fragment, "Sa foi m'a rendu fécond parce que l'énergie créatrice était en quelque sorte transmissible. C'était une femme d'une énorme gentillesse et capable d'habiter la vie des autres : "Il avait la capacité de s'immiscer chez les autres, voire d'interrompre le sommeil de son voisin, sans l'irriter, peut-être parce qu'au fond tout le monde lui devait quelque chose. Une personne qui n'aime pas la vulgarité et la bureaucratie, car elle est imperméable à leurs charmes. Une femme dotée d'un talent inné pour les relations interpersonnelles et pour recevoir des confidences. Dans ce sens, l'écrivain met en avant son "son tact pour la coexistence, ses critères originaux sur les choses, son goût délicat, sa sensibilité".. L'un de ses conseils en période de faible créativité était de "Ne sois pas étourdi, laisse-toi vivre"..

Une femme à l'oreille musicale fine, qui pouvait se faire comprendre en quelques jours de séjour dans un pays étranger et qui était capable d'avoir du rythme.Il avait une oreille intuitive qui lui permettait parfois de capturer l'inexprimé". Une femme qui détestait la routine et savait faire de chaque jour un événement unique. C'était une femme qui savait comment être heureuse. Lorsqu'on lui a diagnostiqué une tumeur au cerveau, son expression a été : "Je suis heureuse : "Aujourd'hui, ces choses sont réparables, a-t-il dit. Au pire, j'ai été heureux pendant 48 ans ; certaines personnes ne peuvent pas être heureuses pendant 48 heures dans une vie. Quelqu'un qui ne se souciait pas d'accumuler les années (et l'expérience), car non seulement les années passent, mais elles restent : "Chaque matin, lorsqu'elle ouvrait les yeux, elle se demandait : "Pourquoi suis-je heureuse ?". Et immédiatement, elle souriait à elle-même et disait : j'ai une petite-fille.

Dans cette œuvre, Delibes nous laisse des réflexions fascinantes sur la vie, sur la vraie connaissance, sur la beauté, décrivant sa femme comme une personne ayant le don de la découvrir dans les endroits les plus précaires et même de la créer : "De qui a-t-il appris alors qu'une rose dans un vase pouvait être plus belle qu'un bouquet de roses ou que la beauté pouvait se cacher dans une vieille horloge murale éventrée et pleine de livres ? Comme il ne pouvait en être autrement, ce livre est une profonde réflexion sur la mort, non pas tant au sens biologique, mais biographique, comme la perte d'une vie partagée. Et ce, avec des moments délicatement réussis, comme lorsque, la veille de l'opération, la malade lit un poème de l'écrivain italien Giuseppe Ungaretti, intitulé "Agonie" :  Mourir comme les alouettes assoiffées/ dans le mirage. / Ou, comme la caille/ une fois de l'autre côté de la mer/ dans les premiers buissons.../ Mais ne pas vivre de lamentation/ comme un chardonneret aveuglé.

Il s'agit sans aucun doute d'une réflexion sur la complémentarité qui existe entre les hommes et les femmes, et sur la façon dont nous nous équilibrons mutuellement. En ce sens, il met en avant sa femme "Une imagination débordante et une sensibilité délicate. Elle était équilibrée, différente ; exactement le renouvellement dont mon sang avait besoin". Dans un autre passage, il déclare de manière concise mais précise : "Notre entreprise était composée de deux hommes, l'un produisait et l'autre gérait".

Ce travail particulier est une réflexion approfondie sur le bonheur quotidien, sur la manière dont la clé de celui-ci réside dans une coexistence continue : "Nous étions ensemble et c'était suffisant. Quand elle est partie, je l'ai vu encore plus clairement : ces conversations sans mots, ces regards sans projets, sans attendre de grandes choses de la vie, c'était simplement du bonheur".

Le livre est aussi le reflet d'une religiosité quotidienne, vécue par Ángeles de Castro : "Ta mère a toujours gardé ses convictions. Avant l'opération, elle s'est confessée et a communié. Sa foi était simple mais stable. Elle n'a jamais fondé sa foi sur des accès mystiques ou des problèmes théologiques. Elle n'était pas une femme pieuse, mais elle était fidèle à ses principes : elle aimait et savait se mettre à la place de l'autre. Elle était chrétienne et elle a accepté le mystère. Son image de Dieu était Jésus-Christ. Elle avait besoin d'une image humaine du Tout-Puissant avec laquelle elle pourrait le comprendre.

L'œuvre parle aussi - indirectement - des vicissitudes de la société espagnole de l'époque (les années 1970) : grèves étudiantes, arrestations, révoltes, tortures dans les prisons. En ce sens, l'écrivain fait référence à l'arrestation des deux enfants du couple, Léo et Ana, qui est l'interlocuteur du peintre. Franco est mentionné à un moment où le peintre et sa femme rendent visite à leurs enfants en prison. Dans ce sens, la femme de l'artiste dit : Cet homme ne va pas durer éternellement".comme pour le faire descendre de son piédestal". C'est d'ailleurs une œuvre qui porte une critique implicite de l'éducation uniforme et standardisée, qui ne permet pas le développement de la personnalité : "Il était irrité par la structure du cours, les professeurs endoctrinés, les idées imposées. Sa tête bougeait très vite, il était en avance sur ses mentors.

Autres thèmes toujours présents à l'esprit de Delibes : la combinaison du rural et du moderne : "Il fallait insérer le moderne dans le rural sans recourir à la violence. La solitude des personnes âgées, comme lorsqu'il raconte la capacité de sa femme à tenir compagnie aux personnes âgées : " Ces vieillards fous et solitaires n'ont jamais été absents de la vie de ta mère : [...] ils étaient tous des vieillards irréparables, pris au dépourvu par le manque de solidarité de la vie moderne. Ils se sentaient perdus dans le maelström de lumières et de bruits, et il semblait qu'elle, comme une bonne fée, les prenait par la main, un par un, pour les transférer sur l'autre rive". Communication entre les générations : "Il était attentif à tout le monde, des personnes âgées avec leurs gourmandises aux adolescents avec leurs intimités équivoques. Il ne lui reprochait pas sa dévotion".

En somme, un livre qui mérite d'être lu.

Vatican

Les jeunes patrons des JMJ Lisbonne 2023

Rapports de Rome-23 mai 2022-Temps de lecture : < 1 minute
rapports de rome88

Carlo Acutis et Chiara Badano seront deux des 13 parrains des Journées mondiales de la jeunesse Lisbonne 2023. Parmi les autres patrons figurent trois bienheureux d'origine portugaise : Joana de Portugal, João Fernandes et Maria Clara de l'Enfant Jésus, bien que la Vierge Marie soit la patronne par excellence des JMJ. 


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Famille

Réforme de la loi sur l'avortement et prix CEU Pro-Life dans la même semaine

Mardi, le gouvernement espagnol a approuvé le projet de loi controversé visant à réformer la loi sur l'avortement -plus d'avortement-, qui doit encore être traité et faire l'objet de rapports probablement jusqu'à début 2023, et jeudi, l'université CEU San Pablo a présenté ses Prix pour la vie 2022 et le Prix Bárbara Castro. C'est peut-être une coïncidence, ou pas...

Eulalia Eufrosina-23 mai 2022-Temps de lecture : 4 minutes

Les points clés de la réforme du projet de loi promu par la ministre de l'Égalité, Irene Montero, et également signé par la ministre de la Santé, Carolina Darias, sont, en résumé, les suivants, accompagnés de quelques commentaires basés sur les lois existantes.

1.- Accès libre à l'avortement dès l'âge de 16 ans sans consentement parental. Les mineurs de moins de 18 ans pourront se faire avorter en salle d'opération, mais ils ne pourront pas acheter d'alcool ou de tabac, ni voter (l'article 12 de la Constitution espagnole stipule que "les Espagnols sont majeurs à 18 ans").

2.- Promettre de supprimer les trois jours de réflexion obligatoire, et la fourniture d'informations sur les alternatives et les aides, sauf si la femme le demande.

La pilule du lendemain est gratuite et peut être demandée dans les centres de santé et les pharmacies des environs.

4.- La loi garantira l'objection de conscience, réglementée de la même manière que la loi sur l'euthanasie. Les professionnels de la santé qui refusent de pratiquer un avortement seront inscrits sur les registres des objecteurs.

Les groupes tels que les sauveteurs qui prient et conseillent pacifiquement les femmes jusqu'au dernier moment seront criminalisés. ici un article de Javier Segura sur la question).

6.- Le projet actuel n'aborde pas la question du soutien ou des incitations pour les femmes qui souhaitent poursuivre leur grossesse.

7.- "Santé menstruelle". Des tampons, des serviettes hygiéniques, etc. seront distribués gratuitement dans de nombreux centres et organismes publics, dans le but de mettre fin à la "pauvreté menstruelle".

Le texte est traité en urgence afin de "contourner" d'éventuels retards, par exemple au Conseil général de la magistrature, selon la Commission européenne. Le monde.

9.- Il existe un débat juridique sur l'âge de la majorité en Espagne. Selon Le débatPodemos gagne du terrain, loi après loi, dans son objectif d'avancer l'âge légal pour prendre des décisions importantes à 16 ans, l'âge auquel ils proposent de fixer l'âge minimum pour voter".

Réaction immédiate des évêques

"La santé morale d'une société se manifeste par sa défense de la vie", a déclaré Monseigneur Luis Argüello, secrétaire général et porte-parole de la Conférence épiscopale espagnole, après l'approbation du projet de loi.

Comme indiqué par OmnesM. Argüello a qualifié de "mauvaise nouvelle" le projet de loi "sur la santé sexuelle et reproductive et l'interruption volontaire de grossesse" approuvé par le gouvernement espagnol, et a souligné que "la défense et la protection de la vie est l'une des sources de la civilisation". Une des lignes rouges qui exprime la santé morale d'un peuple".

Le secrétaire général de la CEE a également rappelé que considérer l'avortement comme un "droit" revient à affirmer le "droit du fort sur le faible lorsqu'il s'agit d'éliminer une vie nouvelle et différente qui existe dans le ventre de la mère", et a souligné que "les progrès de la science nous font affirmer avec force que dans le ventre d'une femme enceinte il y a une nouvelle vie qui doit être accueillie et soignée, pour laquelle la mère doit être défendue". Le porte-parole des évêques a défendu la nécessité d'offrir aux femmes "les conditions économiques, de travail et de logement... pour accueillir cette nouvelle vie".

Prix pour l'ensemble des réalisations

Comme nous l'avons mentionné au début, cette année encore, l'Institut d'études familiales de l'université CEU San Pablo, dirigé par Carmen Fernández de la Cigoña, a distingué différentes actions avec ses "Prix pour la vie" et le "Bárbara Castro". Au cœur d'une mère".

Le président du Collège officiel des médecins de Madrid, Manuel Martínez-Sellés, a reçu le prix CEU "grâce à son travail inlassable en faveur de la vie". Il a reçu cette distinction des mains du président de la Fondation de l'Université CEU San Pablo, Alfonso Bullón de Mendoza. Deux seconds prix ont également été décernés à Rescatadores san Juan Pablo II et 40 días por la Vida.

Dans le cadre des "Prix pour la vie", le prix CEU pour la créativité des étudiants dans la défense de la vie a également été décerné à Irene Barajas, étudiante en quatrième année du double diplôme en pharmacie et biotechnologie, pour la création d'une vidéo émotionnelle contre l'avortement, avec laquelle elle vise à faire prendre conscience à la société et, en particulier, aux jeunes, qu'il n'existe aucun argument supérieur à la valeur de la vie humaine.

Prix Bárbara Castro. Au cœur d'une mère

En raison de son désir de fonder une famille, malgré les obstacles qu'elle a dû surmonter dans le processus d'adoption de ses deux enfants, Anabel Mialdea a reçu le prix "Bárbara Castro. Au cœur d'une mère".

Le prix porte le nom d'une ancienne étudiante en journalisme qui s'est battue pour la vie de sa fille et l'a privilégiée par rapport à la sienne, et récompense le soutien à la maternité ou à l'expérience de la difficulté.

L'université CEU San Pablo a reconnu le témoignage et l'expérience de cette femme de Cordoue lors du processus d'adoption de ses deux enfants : Rafael et Ana, afin de les faire venir de Russie en Espagne. Rafael, aujourd'hui âgé de 19 ans, a été le premier à arriver à la maison à l'âge d'un an et demi. Il est né à 1,75 kg, à -20ºC, sans couveuse et dans des conditions précaires.

Ana, 14 ans, est rentrée à la maison à l'âge de quatre ans et demi. Elle a passé cinq mois dans une unité de soins intensifs en Russie, avant d'être transférée dans une pouponnière. Elle a une fente palatine et un retard de croissance dû à la malnutrition dont elle a souffert au cours de ses premières années de vie. La femme de Cordoue a raconté comment les services de santé russes les ont omis, elle et son mari, de tous les problèmes de santé dont souffre la fillette, qui a été opérée 8 fois depuis son arrivée en Espagne.

La rectrice de CEU USP, Rosa Visiedo, a rappelé que l'université maintient un engagement fort en faveur de la défense de la vie et de son caractère sacré, soulignant qu'il n'y a pas d'avenir sans vie humaine. Elle a également souligné la nature interuniversitaire de ces prix.

L'auteurEulalia Eufrosina

Ressources

La mémoire de Dieu

Dieu, par contre, est infini. Dans n'importe quel coin perdu de sa Mémoire, on contemple non seulement le dernier de mes cheveux, mais aussi le dernier des détails qu'il y a eu, qu'il y a et qu'il y aura. Et que Mémoire restera parfaitement conservé et indélébile pour les siècles des siècles.

Juan Arana-23 mai 2022-Temps de lecture : 7 minutes

Traduction de l'article en anglais

Près de Séville, il y a un vieux manoir seigneurial dans le jardin duquel est conservé un cimetière de chiens inhabituel.

Je l'ai visité il y a quelques jours et j'ai constaté que les responsables de ces tombes extravagantes ne l'ont pas fait par pure neurasthénie.

Il s'agissait sans aucun doute de personnes riches et oisives, mais également dotées d'un certain sens de l'humour.

Au centre de la nécropole canine se trouve un petit monument dont l'inscription proclame les vers suivants, à la fois drôles et humoristiques :

"Heureux sommes-nous, nous qui sommes ici
autour de ce piédestal qui
vivre bien ou mal
nous sommes laissés ici quand nous mourons.
Mais les hommes, nos maîtres
avec un avenir incertain
Dans leur deuxième existence
vivre avec la mort attentive...
car ils "règlent le compte" pour eux
au moment de la mort".   

Mi-blague, mi-sérieux, la philosophie de cette harangue est qu'il existe plusieurs types d'immortalité. Les animaux devront se contenter d'un souvenir de seconde zone : celui qu'ils ont laissé à leurs propriétaires, tout au plus rehaussé par ces tombes destinées à arracher à la mémoire humaine faillible l'anecdote de leur vie et même celle de leur mort.

Il y a en effet une tuile qui rappelle une Nancy qui "a été tuée par une Packard". L'immortalité humaine est une autre paire de manches : elle ne consiste pas seulement à se souvenir, mais permet de se souvenir de soi, même après avoir "réglé ses comptes".

Si vous voulez quelque chose, ça vous coûte quelque chose. Mon ami Francisco Soler a publié il y a quelques mois un livre portant le titre approprié : Après tout, où il explique que l'espoir de cette immortalité prime, loin d'être une sorte de baume ou de consolation que les âmes pieuses recherchent pour échapper à l'horreur de la mort, il s'agit d'un avertissement aux navigateurs, car lorsque nous sommes sur le point de fermer les yeux pour la dernière fois, au lieu de penser quelque chose comme : "tout ce qui a été donné est terminé", nous devrons garder à l'esprit l'équilibre des "dettes" et des "actifs", pour régler les éventuelles dettes en suspens.

Le poète argentin Borges, qui, dans sa jeunesse, a flirté avec l'idée de jeter l'éponge, l'a chassée de son esprit par cette considération élémentaire : "La porte du suicide est ouverte, mais les théologiens disent que dans l'ombre plus lointaine de l'autre royaume, je serai là, à m'attendre".

Mais il y a plusieurs types d'espoir. Certains se consolent avec très peu de choses : la perspective d'être transformé en... les crimes impunis est sans doute le plus minimaliste de tous.

Il est suivi par classement l'espoir que ceux qui nous survivront ne se souviendront que des bons moments que nous avons passés avec eux, oubliant ou pardonnant les méfaits ou même le fait que nous étions des personnes absolument mauvaises. Il y a même ceux qui, non contents d'avoir escroqué leur prochain, cherchent à tromper la postérité en enterrant sous leur propre cercueil toute preuve de leurs iniquités passées, ou en engageant une plume mercenaire pour esquisser une fausse biographie agrémentée de touches hagiographiques.

Auguste Comte, dans son Catéchisme positiviste, Il tente d'empêcher les fraudes posthumes en créant un tribunal composé de prêtres de la "Religion de l'Humanité" qui déciderait, en l'absence d'instances ultraterrestres, de la destinée finale du défunt. Leur salut ou leur condamnation serait enregistré dans un livre soigneusement gardé. Je ne pense pas que, même de cette manière, l'application irrévocable des sentences puisse être complètement assurée, surtout si une comète distraite venait à tomber sur notre planète.

Pour moi, qui suis chrétien, ces immortalités "passives" ne me font ni chaud ni froid. Je me fiche qu'un chœur de louanges soit entendu à mes funérailles, sans compter que je n'y aurai peut-être même pas droit.

Et que dans cent ou deux cents ans, il y ait encore des gens qui pensent même à lire ce que j'ai écrit, quelle différence cela fait-il ? La promesse que nous fait Jésus-Christ de pouvoir le voir, lui, le Père et le Saint-Esprit, "face à face", n'a rien à envier à toute autre récompense. post mortem.

Je ne suis pas non plus de ceux qui aiment spéculer sur ce que nous ferons ou ce que nous ressentirons lorsque nous serons "au ciel". Certaines personnes qui partagent ma foi sont plus enclines à ce genre de spéculation et sont mal à l'aise à l'idée de laisser derrière elles des êtres chers ou des expériences auxquelles elles sont très attachées.

Bien que je ne sois pas particulièrement romanesque, il me semble que se préoccuper de tels extrêmes est futile. C. S. Lewis raconte dans Une pitié sous observation les derniers moments qu'il a partagés avec sa femme. En ce qui le concerne, elles ont été particulièrement intenses, et il a pu avoir une communication spirituelle extraordinaire avec elle. Cependant, il ajoute avec un sentiment qui se situe à cinquante-cinquante entre la désolation et la consolation : " mais elle regardait déjà vers l'éternité ".

Ceux qui sont laissés seuls ne sont pas ceux qui meurent : c'est nous qui mourons. La gifle du Maître aux sadducéens lorsqu'ils lui ont demandé de quel époux elle serait dans l'au-delà, la veuve de sept frères dans la vie, enseigne quelque chose au chrétien.

Néanmoins, on peut comprendre le sentiment que beaucoup ont - que nous avons - qu'il y a des choses dans l'existence terrestre qu'il serait dommage de laisser complètement derrière soi lorsque retentira la trompette annonçant le passage de ce monde à l'autre. Sans préjudice de mon manque de goût pour les spéculations eschatologiques et de mon ferme désir d'adhérer aux enseignements de l'Église, je crois que l'on peut dire quelque chose pour apaiser ce qui est justifié dans un tel malaise.

Je l'introduirai en citant à nouveau quelques vers de Borges, ce grand incroyant (ou peut-être pas tant que ça ?) :

Il ne manque qu'une chose.  
C'est l'oubli.
Dieu, qui sauve le métal, sauve les scories...
Et figure dans sa mémoire prophétique
les lunes qui seront
et ceux qui l'ont été. 

Mémoire finie

Pour une personne âgée, pour qui l'oubli a cessé d'être une anecdote et est devenu une habitude, rien ne peut être plus porteur d'espoir que l'existence d'une Mémoire capable d'abriter sous ses immenses voûtes rien de moins que le dépôt infaillible de tous des souvenirs perdus.

Ceux d'entre nous qui ont l'écriture comme profession et qui souffrent souvent de la paranoïa de perdre leurs textes le comprennent particulièrement bien. Je me souviens maintenant des visites de mon professeur Leonardo Polo à Séville. Lorsqu'il descendait du train, je lui proposais de porter son portefeuille, et il en profitait pour observer cérémonieusement : "Faites attention, car je porte des œuvres inédites..." Les œuvres inédites de Polo !

Il avait au moins une cour de disciples prêts à les préserver. Mais qu'en est-il de mes œuvres non publiées et de celles de Paco, Pedro, Carmen, etc., etc. Il fut un temps où, de temps en temps, nous enregistrions nos œuvres complètes sur CD afin que ces trésors intimes ne soient pas perdus à jamais. Quelle ne fut pas notre déception lorsque nous avons appris que la conservation de tels dépôts n'est assurée que pour quelques années ! Même le papier s'avère plus durable.

Désormais, nous faisons confiance à quelque chose de plus spirituel, puisque nous stockons la somme de nos occurrences dans "le nuage". Croyons-nous vraiment que le nuage susmentionné ne se dissipera pas dans l'air comme une brume évanescente ?

Le physicien Frank Tipler a écrit un livre passionnant intitulé Physique de l'immortalité. La vie éternelle qui y est offerte n'est pas donnée par Dieu, mais par la science. C'est encore loin : après-demain au plus tôt, ce qui signifie que nous ne le verrons pas de notre vivant, mais rassurez-vous : puisqu'il promet, il promet aussi pour elle. effet rétroactif.

En d'autres termes : nous aurons une résurrection technologique et nous entrerons ainsi tous ensemble, main dans la main, dans une nouvelle vie au sein de ce même cosmos. Ce sera un retour à une vie virtuelle, car il n'y aura nulle part où mettre tant de corps, surtout s'ils insistent pour se rendre à la plage le week-end. En dehors de ce renoncement et d'autres, pour que les choses durent indéfiniment, il faudra surmonter - également avec l'aide de la connaissance de l'avenir - toutes les fissures qui rendent périssable ce monde de fripouilles. Petit à petit, la chose grossit et à la fin, nous devons avaler les meules de pierre de la taille de la galaxie. Je préfère m'en tenir à la foi que mes parents m'ont transmise.

Mais, si nous devons sauver, il y a aussi quelque chose de récupérable dans la spéculation sauvage de Tipler. J'ai toujours été frappé par le fait que même les expressions les plus délicates d'un artiste, les harmonies les plus sophistiquées d'un concert, les inflexions les plus brillantes d'un orateur, peuvent être codées, stockées et reproduites dans les hauts et les bas d'un disque en méthacrylate ou dans des chaînes de zéros et de uns gravées dans un disque en aluminium. pendrive. L'esprit surpasse le matériel, mais son empreinte corporelle est quelque chose de tout à fait tangible. En tirant vers le haut, Tipler conclut que toutes les vicissitudes d'une vie humaine, aussi longue et riche soit-elle, pourraient être décrites avec 1045 bits d'information. Il contiendrait chaque soupir, chaque sentiment, chaque désir et chaque pensée, seconde par seconde, et même le film de la fabrication, de l'évolution et de la destruction de chacune des molécules de notre corps.

En bref : tout, absolument tout, le matériel et le spirituel, dans la mesure où ce dernier se traduit par des mots, des gestes et des expériences descriptibles.

Comme je ne suis pas matérialiste, je dois ajouter que cette accumulation d'informations n'inclurait pas ma conscience, ni mon moi, ni mon âme, etc. Mais elle comprendrait toute l'histoire de la totalité des actions et des passions de mon esprit, jusqu'à la dernière virgule ou tilde. Il s'agit, bien sûr, d'une magnitude fantastiquement grande, un 10 suivi de quarante-cinq zéros. Pour avoir une idée de sa taille, je dirai qu'il suffit d'ajouter trente-cinq zéros supplémentaires pour compter tous les atomes de l'univers.

Et alors ? C'est toujours un nombre fini qui peut être désigné par une expression comiquement succincte.

Dieu, par contre, est infini. Dans n'importe quel coin perdu de sa Mémoire (si vous me pardonnez l'impropriété de l'expression) sont contemplés non seulement les derniers de mes cheveux (comme je suis assez chauve, cela n'a pas beaucoup de mérite), mais les derniers détails, conversations, gestes, éternuements, hoquets, accès de rage, malaises et bien-être indéfinis, moments de gloire et d'exaltation, ou de tendresse amoureuse, etc., etc., etc., qu'il y a eu, qu'il y a et qu'il y aura dans ma vie, celle de ma femme, celle de ma fille, et celle du dernier martien qui habite la dernière exoplanète, etc., qu'il y avait, qu'il y a et qu'il y aura dans ma vie, celle de ma femme, celle de ma fille et celle du dernier martien habitant la dernière exoplanète. Et que Mémoire restera parfaitement conservé et indélébile pour les siècles des siècles.

Ce qui, dit comme ça, en principe et a prioriest plus dérangeant qu'autre chose. Car, comme prendre des photos avec un téléphone portable est gratuit, l'un des plus grands plaisirs que nous ayons est de supprimer les 90% des photos que nous prenons. Pour ma part, je ne suis pas payé pour mon existence au point de vouloir garder une trace intacte de tout ce qui la compose. C'est rire de la dossiers que les agences de détectives ont mis en place pour ruiner les carrières des politiciens.

Mais voici le meilleur : j'ai été père moi-même et j'ai maîtrisé la technique consistant à "fermer les yeux" ; je peux oublier certains épisodes peu glorieux de ma progéniture sans vraiment les oublier. Il est donc facile pour moi d'appliquer la règle de trois correspondante. La meilleure chose n'est pas que je suis infini e très fidèle, mais qu'au-dessus de cela la Mémoire de Dieu est l'amour.

Lorsque nous reviendrons à Lui, nous pourrons nous y plonger joyeusement, sans avoir à nous gêner. Promenons-nous dans les compilations, les journaux intimes, les programmes d'études exhaustifs ! Moquons-nous de nos défaillances de mémoire, et même de la menace d'être diagnostiqués comme ayant la maladie d'Alzheimer !

Où que nous allions, nous retrouverons (avec une irisation dorée qui plairait au plus romantique des nostalgiques) tout ce qui, dans nos vies risibles, mérite d'être rappelé... et bien plus encore : ni l'œil n'a vu, ni l'oreille n'a entendu...          

L'auteurJuan Arana

Professeur de philosophie à l'université de Séville, membre titulaire de l'Académie royale des sciences morales et politiques, professeur invité à Mayence, Münster et Paris VI -La Sorbonne-, directeur de la revue de philosophie Nature et Liberté et auteur de nombreux livres, articles et contributions à des ouvrages collectifs.

CollaborateursJaime Fuentes

Sotanosaures

Fuentes souligne que la soutane du prêtre, malgré son usage de plus en plus rare, a acquis un prestige inattendu dans une société sécularisée.

22 mai 2022-Temps de lecture : 2 minutes

C'était il y a plusieurs années, en 1977, si je ne me trompe pas. L'évêque de San José de Mayo était Monseigneur Herbé Seijas, un ami de ma famille. J'étais presque un prêtre débutant : j'avais été ordonné trois ans plus tôt et en 1974 j'avais commencé à travailler à Montevideo.

Le fait est que j'ai rencontré Monseigneur Seijas ici et il m'a immédiatement demandé si je pouvais aller à San José pour le week-end, pour aider avec les messes : - Il m'a expliqué que nous avons plusieurs mariages et messes et qu'il n'y a pas de prêtres... J'ai dit oui, bien sûr.

Le curé de la cathédrale était le père Palermo, dont on se souvient si bien et qui était si aimé. Il m'a embrassé très affectueusement à mon arrivée et, souriant, s'est exclamé : -Vous êtes le dernier... sotanosaurus!…

Oui, je portais alors la soutane dans laquelle j'avais été ordonné. C'était le vêtement tout usage Je me levais et lui disais au revoir en me couchant : messes, confessions, réunions, repas, promenades, voyages en bus... toujours en soutane ; cela me semblait la chose la plus logique du monde.

Dans notre pays éduqué et laïc, pour mémoire, personne n'a jamais commenté, ni ri, ni souri de ma soutane. Mais, au fil du temps, voyant que sa désaffectation au sein du clergé se normalisait, j'ai pris la décision de le réserver à la célébration des sacrements et, pour les autres activités, de porter le costume noir (ecclésiastique) avec chemise et col.

De nombreuses années ont passé (imaginez un peu, l'année prochaine j'aurai 50 ans de sacerdoce, si Dieu le veut) et nous sommes en période de une liberté totale. Mais je constate que, dans ce contexte, c'est la soutane du prêtre qui a acquis un prestige inattendu.

J'ai eu une intuition, parce que lorsque je le portais autrefois, maintenant, dans nos rues montévidéennes, j'avais entendu un commentaire comme "regardez, un père"... Hier, j'ai eu la confirmation de cet intéressant changement culturel.

J'avais reçu un appel, me demandant de me rendre à la Médica Uruguaya pour soigner une dame.

Samedi, de 16 à 18 heures, heures de visite, nous nous rendons, en soutane, à la tour D, 5e étage.

Portier à l'entrée : - Oui, regardez : allez là où sont les boîtes ; prenez à droite et il y a l'ascenseur pour le cinquième étage.

Femme liftier : - Je vous dépose à un autre étage ; allez en bas et prenez l'ascenseur jusqu'à la tour D. Au revoir, avec plaisir !

Ascensoriste masculin : - Comment ça va... Oui, jusqu'à six heures, mais de temps en temps il y a un trou et on peut aérer un peu. Merci !

Je trouve la pièce. La dame est accompagnée d'un compagnon de service, qui se lève immédiatement et lui dit que c'est gentil d'être venue ; elle quitte la pièce. Sur le lit à côté d'elle se trouve une autre dame, endormie, accompagnée d'elle-même.

L'auteurJaime Fuentes

Évêque émérite de Minas (Uruguay).

Évangélisation

José María CalderónLire la suite : "L'un des grands dangers de l'Église au XXIe siècle est de perdre le zèle apostolique".

2022 est une année de célébrations dans la famille missionnaire, en particulier en Espagne. Cette année, plusieurs centenaires "occasionnels" coïncident. José María Calderón, originaire de Navarre, est directeur des Œuvres Pontificales Missionnaires en Espagne et, à cette occasion, il parle à Omnes de cette année et du présent et de l'avenir de la mission dans l'Église. 

Maria José Atienza-22 mai 2022-Temps de lecture : 10 minutes

Une grande année. C'est ainsi que les Œuvres Pontificales Missionnaires décrivent 2022. Et ce n'est pas étonnant. Plusieurs célébrations et anniversaires coïncident en cette année : le 3 mai marque le 200e anniversaire de la fondation de l'Œuvre de la Propagation de la Foi, germe de l'Œuvre de l'Esprit. Domundle premier centenaire de la création des Œuvres Pontificales Missionnaires - après que le Pape Pie XI ait repris les initiatives missionnaires de la Propagation de la Foi, de l'Enfance Missionnaire et de Saint Pierre l'Apôtre - ainsi que de la première publication des Illuminarele magazine de la pastorale missionnaire. 

Ces célébrations s'ajoutent au 400e anniversaire de la canonisation de saint François Xavier, patron des missions, et au 400e anniversaire de l'institution de l'Institut de l'Europe. Propaganda FideL'actuelle Congrégation pour l'évangélisation des peuples, qui a vu le jour le 12 juin 1622. Tout cela accompagné de la béatification de Pauline Jaricot, fondatrice de l'Œuvre de la Propagation de la Foi.

Au sein des Œuvres Pontificales Missionnaires, cette coïncidence de dates résonne comme un appel particulier à retourner à nos racines et à les connaître. "Comment est née cette histoire passionnante, qui a porté beaucoup de fruits et doit continuer à en porter", selon les mots du directeur des Œuvres Pontificales Missionnaires en Espagne, José María Calderón.

Cette année est une année singulièrement marquée et spéciale pour les Œuvres Pontificales Missionnaires. Comment est vécue l'année 2022, dans les PMS, à l'intérieur et à l'extérieur ? 

-Pour nous, c'est une grande chance que Dieu nous a donnée. On parle beaucoup de réforme, et il semble parfois que la réforme consiste à jeter tout ce qui a été fait auparavant et à construire quelque chose de complètement nouveau. Ce n'est pas une réforme de l'Église. Thérèse de Jésus disait que la réforme est retour aux sources. En interne, le président international des Œuvres Pontificales Missionnaires, Mgr Dal Toso, insiste beaucoup sur ce retour aux racines, aux sources de notre mission dans l'Église. 

Ces centenaires nous invitent à nous tourner vers les fondateurs, et vers ceux qui ont commencé ce travail, pour voir ce que nous avons perdu du que ce qu'ils voulaient et ce que le Saint-Esprit leur inspirait. Une occasion d'examiner les points que nous devons refaire notre pour retrouver le charisme originel, ce que le Seigneur a voulu donner à l'Église à cette époque, car il est toujours d'actualité. 

Cela ne signifie pas qu'il faille revenir aux méthodes de l'époque. Dieu merci, nous en avons d'autres aujourd'hui. Lorsque l'Église " s'adapte " au monde, cela ne signifie pas qu'elle oublie l'Évangile - qui est la clé - mais qu'elle regarde l'Évangile et, avec une grande honnêteté, l'applique à la situation à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui. 

Extérieurement, nous n'allons rien faire de particulièrement extraordinaire. Il est vrai que tout ce que nous faisons normalement aura ce thème en tête. Nous voulons que notre travail ordinaire ait ces centenaires comme toile de fond et ainsi aider ceux qui travaillent pour la mission à connaître les racines, comment est née cette histoire passionnante, qui a porté beaucoup de fruits et qui doit continuer à en porter. 

Le fait de considérer tout ce qui a été fait il y a tant d'années peut-il conduire à l'idée que "n'importe quelle époque du passé était meilleure" ? Les missions sont-elles toujours aussi vivantes aujourd'hui ? 

-Si la mission n'était pas vivante aujourd'hui, l'Église n'aurait aucun sens, car l'Église est née pour la mission. Si l'Église n'évangélise pas, à quoi sert-elle ? 

En Ecclésiologie, nous étudions que les fins de l'Eglise sont la sainteté de ses membres et l'évangélisation des peuples. Si nous enlevons ce dernier, l'Église a perdu son sens. En fait, je crois fermement que l'un des grands dangers de l'Église au XXIe siècle est la perte du zèle apostolique, le manque d'enthousiasme pour apporter Jésus-Christ aux autres. 

Nous sommes devenus somnolents, nous nous sommes refermés sur nous-mêmes, dans ce que le Pape François appelle auto-référentialité

Mais non, ce n'est pas l'Église qui l'a perdue, mais beaucoup de chrétiens. Beaucoup de chrétiens ont perdu leur enthousiasme pour l'évangélisation et quand je dis Chrétiens J'inclus tous Les chrétiens. Cependant, l'Église ne peut pas perdre cela comme son essence, parce que c'est sa propre chose, c'est sa nature, c'est dans son ADN. Si l'Église ne veut pas que les gens connaissent le Christ, nous fermons le joint et nous nous consacrons à d'autres choses. 

Je ne sais pas si un temps passé était meilleur, car je ne l'ai pas vécu. Je vis dans le présent et peu m'importe que le passé ait été meilleur ou pire, car c'est le temps dans lequel Dieu m'a placé et c'est le temps dans lequel nous vivons. 

Nous pouvons nous comparer aux époques précédentes et il y aura des choses meilleures, sans aucun doute, et des choses pires, sans aucun doute. Cacher mes limites dans ce qu'était le passé ne m'aide en rien, si ce n'est à vivre de la nostalgie. 

En plus de tout cela, je crois fermement en Dieu et au Saint-Esprit, donc si Dieu m'a placé à cette époque, il me donne aussi la grâce de la vivre. 

Si l'Église est dans le monde aujourd'hui, comme elle l'est, elle nous donne la grâce de vivre fidèlement et de faire sa volonté. 

Si Dieu est avec moi, qui dois-je craindre ? Je dis toujours que je suis dans l'équipe gagnante, parce que je suis dans l'équipe du Christ et que le Christ a gagné. Ce n'est pas que va gagnerIl a déjà gagné sur la croix et dans la résurrection. Peut-être que sa victoire n'est pas entièrement visible, mais je fais partie de cette équipe, même s'il y a des moments où il me fait passer par la croix, par la douleur et l'incertitude. 

Dans cette perte - ou ce gain - de zèle missionnaire, ne peut-on pas tomber dans deux tentations opposées : celle de la ferveur poussée à l'extrême, sans ouverture au dialogue ou, au contraire, celle du " tout est permis " et il vaut mieux ne pas " s'attirer des ennuis " ? 

-Ces extrêmes existent et ont toujours existé. Le pape François, en fait, dénonce ces deux choses. 

Pour moi, l'indifférence est plus grave. Je pense que le grave problème de l'atmosphère générale parmi les chrétiens est de dire "...".Je ne suis pas qui rendre le jugement"et, par conséquent, nous sommes plus conformistes et nous acceptons n'importe quoi parce que "cela ne nous influence pas".. Mais il est également vrai qu'il y a un rigorisme, et ce n'est pas non plus l'Église. 

Ce que je refuse de dire, c'est que le prosélytisme mal compris est ce que les missionnaires en Afrique ou en Amérique, comme Comboni, ont fait. C'est porter Jésus-Christ dans son âme et répandre cet amour et cette foi en Jésus-Christ. 

Si un chrétien n'est pas contagieux, il ne vit pas sa foi, car la foi est contagieuse. La foi est le plus grand trésor que nous ayons. Quand on le vit dans l'amour, ça se voit. Lorsque vous le vivez comme une nuisance, vous n'êtes pas en mesure de déplacer qui que ce soit.

Le danger est de faire un pacte avec la médiocrité, avec ce... "tout le monde est sauvé...". Est-ce compatible avec les paroles du Christ : "Allez dans le monde entier et proclamez l'Évangile à toute la création. Celui qui croit et qui est baptisé sera sauvé".? Je vais essayer de faire en sorte que beaucoup de gens connaissent le Christ et tombent amoureux de lui, car quelle triste vie sans Jésus ! 

Les missions sont appréciées positivement par les chrétiens et les non-chrétiens, mais peut-être davantage en tant qu'ONG. Est-ce que nous tombons dans cette conception même au sein de l'Église ? 

-C'est une erreur. La mission n'est pas de faire du travail social, elle est d'apporter Jésus-Christ, elle est de transmettre la foi, elle n'est pas de transmettre des valeurs. 

Les valeurs sont transmises par le gouvernement - qui est celui qui doit promouvoir les valeurs civiques, la fraternité, la solidarité, etc. - ces valeurs communes, humaines. L'Église a d'autres valeurs qui vont bien au-delà de ces valeurs humaines et se résument aux trois vertus cardinales : la foi, l'espérance et l'amour. L'amour est la capacité de pardonner la miséricorde. 

L'État n'a aucune pitié, nous en avons, car nous sommes chrétiens. 

Il est vrai que lorsque vous allez dans un endroit pour évangéliser et que vous voyez qu'ils ont faim, vous ne pouvez pas être indifférent aux affamés, car le Christ dit aussi : "J'avais faim et vous m'avez nourri". Par conséquent, nous ne pouvons pas nous asseoir dans la salle à manger et manger, vu que j'ai un pauvre homme à la porte. 

Le missionnaire, voyant les besoins spirituels, matériels et physiques des gens, va à leur rencontre dans la mesure où il les aide. Mais il sait que, ce faisant, il exerce la charité du Christ. Ce qui anime son cœur, c'est de voir le Christ dans l'autre personne. Comme le disait Mère Teresa de Calcutta : "J'avais faim et vous m'avez donné à manger, mais pas seulement du pain mais aussi la parole de Dieu". Il est dommage de confondre le travail des missionnaires avec un travail purement social. 

Dieu merci, il existe dans le monde des ONG fantastiques qui font un excellent travail de sauvetage et d'aide, et bien mieux que les missionnaires, car elles ont plus d'argent, plus de moyens et plus de professionnels. Mais ils ne peuvent pas remplacer le travail des missionnaires, car le travail des missionnaires est différent. 

Sur Deus Caritas EstLe pape Benoît XVI a noté que "L'Église ne peut jamais se sentir dispensée de l'exercice de la charité comme activité organisée des croyants et, d'autre part, il n'y aura jamais de situations dans lesquelles la charité de chaque chrétien n'est pas nécessaire, parce que l'homme, au-delà de la justice, a et aura toujours besoin d'amour". 

Je ne peux pas demander à une ONG de m'aimer. Je peux demander à l'Église : de me montrer l'amour du Christ et, à travers cet amour, de m'aimer. M'aimer avec mes limites, mes péchés, ma pauvreté..., m'aimer, même quand humainement il semble que je ne le mérite pas.

Bien sûr, le travail que font les missionnaires pour aider les communautés et les villages à se développer est spectaculaire. De nombreux missionnaires sont là où il n'y avait rien, dans des endroits où les politiciens n'interviennent pas. 

Dans ces endroits reculés, qui sont-ils ? Des missionnaires ouvrent une école pour des filles qui, autrement, n'auraient jamais eu accès à l'éducation. 

Nous sommes-nous concentrés davantage sur les choses et moins sur les âmes ? 

Si vous demandez aujourd'hui à n'importe quel non-catholique ce qu'il pense de l'Église, il vous répondra que tout va mal, sauf les missions et Caritas. Dans les deux cas, ils nous considèrent favorablement en raison du travail que les missionnaires effectuent au niveau social. Espérons que, grâce à cela, ceux qui jugent au moins bien l'Église à cet égard pourront en découvrir le fond et que cela les aidera à changer leur cœur. 

Il est vrai que les missionnaires, lorsqu'ils donnent leur témoignage, parlent des enfants qu'ils ont sortis, par exemple, du trafic d'organes, mais ils parlent aussi de leur vocation, de leur existence, de la manière dont ils trouvent le Christ dans cet enfant et dont ils aident cet enfant à rencontrer le Christ. Cela peut donc être un levier pour rencontrer le Christ.

Il semble, y compris chez les chrétiens, que nous apprécions davantage le travail social que le travail évangélique. Il est également vrai qu'à l'OMP, lorsque nous faisons des choses, nous essayons de mettre l'accent uniquement sur le travail d'évangélisation, car d'autres ONG s'occupent du reste. Le site Domund n'est pas de construire des puits ou des hôpitaux. Le site Domund est d'évangéliser, d'apporter Jésus-Christ et de maintenir l'Église là où elle est, l'Église, un diocèse, un vicariat... Par exemple, pour qu'ils aient de l'essence et puissent aller dire la messe dans les villages les plus reculés. 

Lorsque les œuvres qui composent aujourd'hui le PMS sont nées, l'accent était mis sur les pays lointains. Aujourd'hui, comment conjuguer cette "double" mission, celle qui est proche de vous et celle qui se déroule dans les pays où l'Église est moins présente ? 

-En Europe, il y a un prêtre pour 4 142 personnes ; en Afrique, il y a un prêtre pour 26 200 personnes ; en Asie, un prêtre pour 44 600 personnes... Voilà ce que nous avons. 

Est-il nécessaire d'évangéliser à Madrid ? Et quand cela n'a-t-il pas été nécessaire ? Tant qu'il y aura un pécheur et une personne qui ne connaît pas le Christ, nous devrons évangéliser. 

Si chaque personne baptisée qui va à la messe dans une paroisse tous les dimanches prenait sa vocation missionnaire au sérieux et se sentait comme un apôtre, combien de missionnaires y aurait-il ? 

En Afrique, il y a des endroits où ils ont une messe tous les six mois, est-ce digne ? Est-il possible de garder la foi de cette manière ? Et, ici, nous nous sommes plaints d'avoir été enfermés pendant deux mois à cause de la pandémie..... Et nous avons eu la messe à la télévision et à travers de nombreux autres médias... Nous, les prêtres, avons fait des podcasts et des homélies à travers les réseaux sociaux pendant la pandémie... En Afrique, ils n'ont pas eu cette opportunité. 

Bien sûr, on a besoin d'évangélisateurs en Europe, et en Espagne, à Madrid, Valence, Séville... N'est-il pas temps que les évêques encouragent les prêtres à sortir d'eux-mêmes et à être vraiment apostoliques, et qu'ils fassent à leur tour des fidèles de véritables apôtres ? Lorsque nous ferons cela, il y aura beaucoup de missionnaires en Espagne, mais en Afrique, en Amérique et en Asie, il y a toujours un manque de missionnaires. Quand un évêque vient du Pérou dont le diocèse est de la taille de toute l'Andalousie et compte 8 prêtres et 10 religieuses..., peut-on se cacher derrière le fait que Madrid est une terre de mission ? 

La conversion commence en devenant apôtres et en cessant de penser à nous-mêmes, à nos propres conforts. Nous avons réduit les périphéries aux banlieues. Oui, c'est là que nous devons être. Et, en fait, nous y sommes. Mais ce ne sont pas les seules périphéries du monde. Jacques ou Paul auraient pu penser comme ça... Eh bien, ils n'ont pas eu à prêcher à Jérusalem ou à Rome où ils étaient, où ils étaient tous païens !... Et pourtant, ils ont atteint l'Espagne. 

À quoi ressemble l'avenir de la mission, et les laïcs auront-ils plus d'influence ? 

-Sur les laïcs, le Pape Saint Jean Paul II a écrit le Christifideles laici. La Conférence épiscopale espagnole a publié un document sur le même sujet il y a quelque temps : Les laïcs chrétiens. L'Église dans le monde. La dernière phrase de ce document est la suivante "La nouvelle évangélisation sera faite, avant tout, par les laïcs, ou elle ne sera pas faite du tout". Cela dit, je n'aime pas parler de... le temps pour :  Le temps des laïcs, le temps des religieux... C'est le temps de l'Église. Soit nous nous impliquons tous, soit nous ne sauverons pas la situation. 

Cela signifie qu'un laïc doit évidemment jouer son rôle, mais pas parce que "c'est son heure", mais parce que, s'il ne le fait pas, il n'est pas fidèle à sa vocation chrétienne. Mais la vocation laïque ne peut se suffire à elle-même. Elle doit être accompagnée de la vocation sacerdotale, qui veille, qui accompagne, qui administre les sacrements ; et le prêtre ne peut vivre sans les laïcs, car son ministère a un sens dans la mesure où il se donne pour créer la communauté chrétienne. La vie consacrée est absolument nécessaire, car sans le témoignage d'hommes et de femmes capables de renoncer à tout pour montrer que le Christ vaut la peine, nous perdons notre temps. Il y a un danger de penser que c'est le temps des laïcs parce qu'il n'y a pas de prêtres et qu'ils doivent aller dans le monde. "ceux qui sont sur le banc".... Non, non, non ! L'Église aujourd'hui envoie plus de laïcs en mission, évidemment, parce qu'elle évolue avec son temps, mais elle envoie des laïcs, des prêtres, des religieux et des religieuses... tout. Le témoignage qu'un laïc donne dans la mission ne peut pas être donné par un prêtre ou une religieuse, mais il serait affamé s'il n'est pas accompagné par la vie sacramentelle des prêtres ou l'animation de la vie religieuse. Si l'Église envoie aujourd'hui des familles laïques en mission, ce n'est pas parce qu'il y a un manque de prêtres. Les laïcs n'ont pas besoin d'une permission spéciale pour faire de l'apostolat, car le Christ le leur a donné. C'est une vocation donnée par le baptême. L'Église nous envoie tous en mission. Quand elle envoie les laïcs, elle confirme la vocation missionnaire des laïcs, qui vont être les témoins de l'Église, la présence de l'Église. Tous les laïcs qui doivent partir, tous les religieux et religieuses qui doivent partir, et tous les prêtres qui doivent partir, doivent partir en mission. La vocation missionnaire des laïcs n'est pas une vocation de second rang, et ne peut être considérée comme une solution simple à un problème de vocations.

Culture

Nuria BarreraJe prie l'image que je suis en train de peindre".

La collection prolifique de Nuria Barrera se distingue par la lumière et la couleur de ses œuvres à thème religieux pour des affiches destinées aux pèlerinages, à la semaine sainte et aux fêtes patronales.

Maria José Atienza-21 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Les pinceaux de Nuria Barrera, comme la nature, semblent renaître après l'hiver. Il semble que ce soit le cas, car, en réalité, dans l'atelier de ce peintre de la ville sévillane de Carmona, il n'y a pas de temps perdu.

Nuria Barrera est devenu une référence picturale de nos jours, surtout dans le sud de l'Espagne. Sa vaste collection comprend des œuvres sur des thèmes religieux, notamment des affiches pour les pèlerinages, la semaine sainte et les fêtes patronales.

Des affiches comme celle du Rocío en son année jubilaire, de la Redención de León ou de la procession de l'Inmaculada de los Padres Blancos à Séville marquent sa production dans ce domaine.

Il y a quelques mois, en pleine pandémie, la "Murale de l'espoir" a été inaugurée à l'hôpital universitaire Virgen Macarena de Séville. Située sur le chemin de l'unité de soins intensifs, elle rassemble des images de la Vierge Macarena créées par 7 peintres pour donner de l'espoir à ceux qui traversent des moments difficiles.

Mais, par-dessus tout, Nuria Barrera est une femme de foi, et cela se ressent dans chaque coup de pinceau de ses thèmes religieux. Elle travaille à partir de la foi et pour la foi, car elle est convaincue que la foi de l'auteur est essentielle pour réaliser une bonne œuvre avec un thème religieux.

Une partie de votre travail a un thème religieux. En tant qu'artiste, en tant que croyant, considérez-vous qu'il est de votre responsabilité de "donner un visage" au Christ, à la Vierge ? 

- Toujours avec un grand respect. Mais encore plus quand il s'agit d'une dévotion populaire, parce qu'elle doit être reconnaissable à coups de pinceau, parce qu'elle ne doit pas ressembler, mais être.

Comment trouver le visage parfait, le look parfait ou le geste parfait ? 

- Avec beaucoup de documentation et une étude préalable de l'image à représenter. 

Est-il nécessaire d'être croyant pour produire une œuvre à thème religieux ?

- Je pense qu'il est essentiel qu'à travers le travail, nous transmettions ce que nous ressentons, et que la foi intervienne directement dans le travail qui est fait.

Que signifie ce "plus" de la foi lorsqu'on s'attaque à une telle mission ? 

- C'est un encouragement. Force et courage pour mener à bien le nouveau projet de la meilleure façon possible. Je me confie personnellement à l'image que je dessine ou que je peins, avec laquelle je me confesse et prie pendant le processus. Lorsque vous avez également un passage difficile dans votre vie personnelle, c'est une façon de prier et de vous rapprocher de Dieu. C'est un privilège pour moi. 

Une œuvre religieuse est-elle abordée de la même manière ou d'une manière différente des autres types de sujets ? Comment se déroule le processus de création ? 

- L'approche est toujours la même : information, formation et exécution. Avec une base, dans mon cas photographique, je dessine, je compose et ensuite vient la couleur. Petit secret, j'avoue que je dessine généralement une croix avant de commencer, en priant le Seigneur de m'inspirer et de me guider à chaque coup de pinceau.

Toute œuvre d'art est un dialogue, entre l'auteur et l'œuvre, l'œuvre et le spectateur, et donc l'auteur et le spectateur. Dans le cas de la peinture religieuse, comment vit-on ce dialogue lorsqu'on peint "une partie de soi", de sa foi ?

- Comme je l'ai déjà dit, on vit dans ce dialogue avec l'œuvre, cette prière qui imprègne chaque coup de pinceau, pour qu'une fois terminée, elle atteigne le spectateur, provoquant émotion et sentiment. Lorsque cet objectif est atteint, c'est une énorme satisfaction.

Dans un monde marqué par la vitesse, y a-t-il une place pour l'art qui appelle à la contemplation, même s'il est "éphémère" comme une affiche pour un pèlerinage ou la Semaine Sainte ? 

- Bien sûr, c'est le pouvoir de l'Art, qui est capable de nous abstraire de la réalité pour nous transporter à ce moment annoncé qui nous fait ressentir et vivre à travers l'image. C'est la magie de la peinture. 

Deux confrères exemplaires : Karol Wojtyła et Edith Stein

Ni Karol Wojtyła ni Edith Stein n'étaient conscients de l'importance de leurs approches personnalistes pour les Sisterhoods, mais ils ont ouvert une voie très intéressante, pleine d'opportunités, pour le développement des Sisterhoods.

21 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

A ce stade, personne ne conteste que les confréries ne sont pas des corps étrangers à la société, mais en font partie et sont touchées par les mêmes problèmes.

Dans l'analyse de la société actuelle, il existe un fort courant de relativisme et un discours populiste qui conduit les gens à céder leur liberté à l'État en échange de la garantie d'un certain niveau de bien-être, bien qu'au final ils se retrouvent sans liberté ni bien-être.

Dans un environnement social aussi liquide que celui dans lequel nous vivons, les confréries ne doivent pas prendre une position corporative dans la lutte politique, mais elles doivent donner des critères aux frères et sœurs (CIC c. 298) afin qu'ils puissent avoir un impact positif sur la société.

Ils ne doivent pas présenter de solutions techniques pour résoudre les problèmes sociaux, ni proposer des systèmes, ni exprimer des préférences partisanes.

Parmi les missions que le Code de droit canonique assigne aux confréries figure la perfection chrétienne de leurs membres ; pour remplir cette mission, il est nécessaire d'identifier les traits distinctifs de la personne et de les mettre en valeur.

Ils doivent proclamer des principes moraux et donner leur jugement sur toutes les affaires humaines, y compris celles qui concernent l'ordre social, dans la mesure où les droits fondamentaux de l'individu, de ses frères et sœurs, l'exigent.

Cette analyse de la société ne se fait pas dans le vide, mais à partir d'une certaine anthropologie, plus ou moins explicite, c'est pourquoi la gestion et le développement des confréries doivent être la manifestation extérieure d'un fondement doctrinal ferme et d'une vie intérieure solide des responsables.

Cependant, il existe des confréries qui adhèrent au discours dominant de la sociologie. kofrade, Les membres se concentrent sur les questions les plus gratifiantes - cortèges, cultes annuels, activités sociales - et s'isolent du débat d'idées, qu'ils considèrent comme étranger à la vie de la confrérie. De cette façon, ils assument une vision de la réalité qui n'est pas fondée et qui est centrée sur les sentiments. Un modèle sympathique et confortable, mais qui affaiblit les confréries, les rendant vulnérables.

Le Concile Vatican II propose aux fidèles "la christianisation de la société de l'intérieur" (LG n° 31) et le Code de droit canonique transfère cet impératif aux confréries (CIC c. 298).

Pour travailler dans ce sens, l'Église fournit continuellement à tous, y compris aux confréries, les fondements doctrinaux du nécessaire dialogue social.

Dernièrement, elle l'a fait à travers deux figures exceptionnelles et d'actualité : saint Jean-Paul II et sainte Edith Stein, docteur de l'Église.

Ils évoluent tous deux dans le domaine du personnalisme : le sens de l'existence humaine est reconnu dans la mesure où la personne [...] [...] est une personne [...] [...].la confrériede s'occuper de la tâche qui lui a été confiée [...].son objectifC'est en elle qu'elle doit atteindre sa perfection.

Par conséquent, la "qualité" de la personne [de la fraternitéElle ne dépend pas de son respect de certaines règles, ni de l'observation des coutumes et traditions de la confrérie, mais du fait que son comportement est conforme à sa nature.

C'est l'étude de l'action qui révèle la personne et son développement en tant que personne.: "chaque personne [chaque frère ou sœurL'"action se perfectionne dans l'action, dans la mesure où cette action est conforme à la loi naturelle, imprimée à l'homme comme participation à la nature divine". (Karol Wojtyla, "Personne et action").

Dans la fraternité, comme dans la société, chacun doit mettre ses capacités au service des autres, conscient que le critère ultime de la valeur d'une personne n'est pas ce qu'elle apporte à la communauté, à la famille, à sa fraternité, " ... mais ce qu'elle apporte à la communauté, à la famille, à sa fraternité, " ... ".mais si cette contribution répond ou non à l'appel de Dieu, si elle est conforme ou non à la nature de Dieu". (Edith Stein, "La structure de la personne humaine").

Cette approche est un peu laborieuse à intégrer, mais elle donne au frère aîné et aux autres dirigeants de la confrérie une liberté et une sérénité particulières dans leurs actions, même si cela peut choquer certains.

Il est très probable que ni l'un ni l'autre de ces deux saints, de solide formation intellectuelle, n'étaient conscients de l'importance de leurs approches personnalistes pour les confréries, mais ils ont ouvert une voie très intéressante, pleine d'opportunités, pour le développement des confréries. Il s'agit maintenant de les fouler.

L'auteurIgnacio Valduérteles

Doctorat en administration des affaires. Directeur de l'Instituto de Investigación Aplicada a la Pyme. Frère aîné (2017-2020) de la confrérie de la Soledad de San Lorenzo, à Séville. Il a publié plusieurs livres, monographies et articles sur les confréries.

Monde

Gallagher, une mission pour la paix

"Démontrer la proximité du pape et du Saint-Siège avec l'Ukraine et réitérer l'importance du dialogue pour rétablir la paix" : tel est le but de la visite du secrétaire pour les relations avec les États, Monseigneur Paul Richard Gallagher, à Lviv, Kiev et dans les lieux touchés par la guerre.

Antonino Piccione-20 mai 2022-Temps de lecture : 4 minutes

La visite a débuté le mercredi 18 mai et devrait se terminer aujourd'hui après des entretiens avec le ministre des affaires étrangères du pays, Dmytro Kuleba.

Le voyage, initialement prévu avant Pâques à l'occasion du 30e anniversaire des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et l'Ukraine, puis reporté pour des raisons de santé, comprenait de nombreuses rencontres avec des chefs religieux et des représentants institutionnels des villes visitées.

Le premier jour, mercredi, a été une journée de grande participation et de recueillement. Dans la cathédrale de Lviv, l'un des plus anciens édifices religieux d'Ukraine, qui a survécu indemne au régime communiste, Monseigneur Gallagher s'est retrouvé dans l'après-midi pour un intense moment de prière accompagné de l'archevêque de Lviv des Latins et président de la Conférence épiscopale ukrainienne, Monseigneur Mieczysław Mokrzycki. Et aussi d'être témoin de la proximité et de l'empathie du pape François envers un peuple en guerre depuis trois mois.

Dans la matinée, après avoir accueilli le Secrétaire pour les relations avec les États au poste frontière de Korczowa entre la Pologne et l'Ukraine, Mgr Mokrzycki a été accompagné de l'ambassadeur d'Ukraine auprès du Saint-Siège, M. Andrii Yurash ; de là, escorté par un dispositif de sécurité efficace, le prélat est arrivé à la Curie archiépiscopale, dans le centre de la ville, puis s'est rendu au complexe archiépiscopal grec-catholique pour une rencontre fraternelle avec Mgr Igor Vozniak, archevêque de Lviv, Mgr Volodymyr Hrutsa, évêque auxiliaire, et d'autres évêques grecs-catholiques de la région. Igor Vozniak, archevêque de Lviv, l'évêque auxiliaire Volodymyr Hrutsa et d'autres évêques grecs catholiques de la région.

Parmi les points forts de cette première journée de voyage, il y a eu la rencontre avec deux groupes différents d'Ukrainiens déplacés, accueillis dans la paroisse de Saint-Jean-Paul II et dans le monastère bénédictin de Saint-Joseph ; au total, environ deux cents personnes, principalement des jeunes mères avec des enfants et des personnes âgées. Cependant, ces deux centres de la communauté catholique latine sont venus accueillir un total de plus de 400 personnes fuyant les bombardements et les combats encore très violents dans de grandes parties du pays.

En deux moments distincts, Monseigneur Gallagher s'est adressé aux personnes déplacées, les assurant des prières et de la sympathie du Pape pour les souffrances atroces que leur inflige le conflit en cours. Et il a réitéré son espoir que la paix revienne bientôt dans toute l'Ukraine. Au cours de ces quelques heures, a déclaré l'archevêque, j'ai déjà entendu de nombreux témoignages de votre souffrance, de votre courage et de votre grand esprit de solidarité. Et c'est précisément la solidarité", a convenu l'archevêque Mokrzycki, "qui est la clé sur laquelle il faut se concentrer pour la reconstruction future de l'Ukraine lorsque la folie de la guerre prendra fin.

En effet, c'est grâce à l'esprit de solidarité qui s'est manifesté ces jours-ci que nous pourrons tenter de reconstruire la société nationale et les personnes qui la composent. Célébrant la sainte messe en privé dans la chapelle de la résidence de l'archevêque à Lviv, Mgr Gallagher, dans une brève homélie, s'est dit convaincu du moment historique que vit l'Église catholique en Ukraine, en particulier des défis auxquels les pasteurs sont appelés à répondre avec beaucoup d'amour et de proximité avec leurs ouailles. Une situation qui transforme un terrible temps de guerre en un temps d'espoir, dans lequel tous ont l'occasion de montrer qu'ils sont fermement enracinés dans le Christ.

Le programme du jeudi 19 et du vendredi 20 mai, marqué par d'importantes rencontres institutionnelles et œcuméniques, prévoit que le secrétaire aux relations avec les États se rende principalement dans la capitale, Kiev, pour visiter certains des lieux qui sont devenus des symboles de la guerre qui a duré trois mois.

Tout d'abord, des entretiens avec le président de la région de Lviv, Maksym Kozytskyy, puis une rencontre avec l'archevêque majeur de Kiev, Sviatoslav Shevchuk, chef de l'Église gréco-catholique ukrainienne, et avec le président de la Conférence épiscopale polonaise, Stanisław Gądecki. En effet, une délégation d'évêques polonais est en Ukraine du 17 au 20 mai et fera escale à Lviv et Kiev.

Le but de leur mission est de manifester leur solidarité avec le peuple ukrainien et d'esquisser un avenir commun de coopération entre les structures ecclésiales des deux pays dans différents domaines : religieux, spirituel et humanitaire.

Dans l'interview accordée à Mariusz Krawiec de Vatican News (jeudi 19 mai), c'est Gallagher lui-même qui se concentre sur la portée de sa mission en Ukraine et explique ses impressions après les deux premiers jours : "Voir la guerre à la télévision est une chose, toucher cette réalité en est une autre. Je tiens également à exprimer mon soutien et ma solidarité au nom du Saint-Père.

Le Saint-Siège et le Saint-Père lui-même sont prêts à faire tout ce qui est possible, le Saint-Siège poursuit son activité diplomatique avec des contacts avec les autorités ukrainiennes et également par l'intermédiaire de l'ambassade de Russie auprès du Saint-Siège, nous avons quelques contacts avec Moscou.

Le Saint-Siège souhaite continuer à encourager l'envoi d'aide humanitaire et, en même temps, à sensibiliser la communauté internationale, ce qui est toujours nécessaire". En ce qui concerne la réponse de l'Église catholique à la formidable crise humanitaire, M. Gallagher souligne l'aide offerte à tous, non seulement aux catholiques mais aussi aux membres d'autres religions.

Commentant la mission du secrétaire pour les relations avec les États, le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, a déclaré aux journalistes en marge d'une réunion à l'Université catholique de Milan : "Voyons comment se déroule la visite de M. Gallagher en Ukraine et à son retour, nous ferons une évaluation".

Toutefois, le cardinal a réaffirmé que, pour l'instant, "il n'y a aucune intention de la part du Pape de se rendre en Ukraine". D'ailleurs, le Pontife lui-même, tout en se déclarant prêt à tout faire pour la paix, avait précisé que l'hypothèse d'une visite de sa part devait être soigneusement évaluée.

Sur la question de l'envoi d'armes en Ukraine, une question qui divise l'opinion publique et les alignements politiques : "Je me réfère au Catéchisme de l'Eglise catholique - a répondu le cardinal - qui dit qu'il existe un droit à la défense armée sous certaines conditions qui doivent être respectées pour pouvoir parler de guerre juste. C'est dans ce contexte que se situe la question des armes. Il est nécessaire de relancer le système des relations internationales et le rôle des organisations internationales - comme l'ONU - qui sont en crise, mais que le Saint-Siège a toujours soutenues et auxquelles il a fait confiance.

L'auteurAntonino Piccione

Monde

Canada : aller vers les périphéries. Au pôle Nord et au désert séculaire

Edmonton (province d'Alberta), Iqaluit (territoire du Nunavut) et Québec sont les trois endroits au Canada où le Pape se rendra.

Fernando Emilio Mignone-20 mai 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Le pape François se rendra aux périphéries géographiques et existentielles du 24 au 29 juillet, lors de son voyage au Canada sécularisé. Interviewé à la télévision à Québec, le cardinal Gérald Lacroix, archevêque de Québec et primat du Canada, a déclaré que "même s'il vient en fauteuil roulant, nous l'accueillerons à bras ouverts". 

Les trois villes où François se rendra sont confirmées : Edmonton (province d'Alberta), Iqaluit (territoire du Nunavut) et Québec. La dernière visite papale dans la province francophone sécularisée remonte à 1984. 

Les dates se situent autour du 26 juillet, date de la fête de Sainte Anne, très chère aux Indiens du Canada. Ils vénèrent la grand-mère du Christ depuis des siècles à Sainte Anne de Beaupré, près de Québec, et depuis 133 ans au lac Sainte Anne, à 100 km à l'ouest de la capitale, Edmonton.

L'archevêque d'Edmonton, Richard Smith, sera le coordinateur de la visite. Il a déclaré le 13 mai que "la visite sera l'occasion pour le pape, ici au Canada, d'écouter et de dialoguer avec les peuples autochtones, d'exprimer sa sincère proximité avec eux et d'aborder l'impact des pensionnats." Il a déclaré que les traditions et les cérémonies indigènes seront essentielles lors de la visite papale. Il est admirable que le Pape vienne compte tenu de sa santé, ayant par exemple annulé son voyage au Liban en juin. 

Iqaluit n'a pas existé en tant que localité habitée avant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les États-Unis y ont établi une base aérienne. En 1999, le Canada a créé le territoire national du Nunavut, avec deux millions de kilomètres carrés s'étendant jusqu'au pôle Nord, mais avec seulement 40 000 habitants. La plupart sont des Inuits (anciennement appelés Esquimaux) et des chrétiens. Sa capitale, Iqaluit, qui compte 8 000 habitants (dont la moitié sont des Inuits), est située dans la baie de Frobisher, au sud-est de l'immense île de Baffin. 

Suivant le conseil de Jésus, le pape jettera ses filets à Iqaluit, qui signifie "lieu de nombreux poissons". C'est le mois le plus chaud de l'année, où la température varie de 4 à 12 degrés Celsius. Francis saluera probablement la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, la première gouverneure indigène du pays (c'est-à-dire la représentante de la reine Elizabeth d'Angleterre). La mère de Simon était Inuk (singulier : Inuit est pluriel) et Simon a grandi dans cette culture, en tant qu'anglican. Le 1er avril, elle a remercié le pape François pour avoir présenté ses excuses aux autochtones canadiens au Vatican ce jour-là.

Pour plus d'informations arrière-plan vous pouvez lire Se rendre à la périphérie du Grand Nord canadien; Les personnes "disparues" du Canada; Le pape se rendra au Canada pour rencontrer les populations autochtones; mon entretien avec l'historien montréalais Jacques Rouillard; "Marchons ensemble, arrivederci Canada" : les excuses historiques du pape aux Canadiens autochtones.

Lectures du dimanche

"Les mains bénissantes de Jésus". Solennité de l'Ascension du Seigneur

Andrea Mardegan commente les lectures pour l'Ascension du Seigneur et Luis Herrera donne une courte homélie vidéo. 

Andrea Mardegan / Luis Herrera-20 mai 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Avec l'Ascension, Luc conclut son Évangile, et c'est avec le même Mystère que commence le livre des Actes. Nous pouvons donc comprendre l'Ascension comme un nouveau départ, plutôt que comme une conclusion. Nous pouvons aussi le comprendre comme une nouvelle façon d'être avec nous, et non comme une séparation.

C'est aussi la condition pour l'envoi de cette "à qui mon Père a promis".de "la puissance d'en haut". C'est pourquoi les apôtres éprouvent une grande joie, et non la tristesse qui serait si compréhensible à la séparation d'un être cher, et encore plus s'il s'agit du Fils de Dieu, qui a changé leur vie et l'histoire du monde. 

À la fin de l'Évangile de Luc, Jésus fait référence à ce qu'il... "il est écrit" : les livres de l'Ancien Testament qui révèlent le plan éternel de salut du Père, dans lequel la souffrance et la résurrection du Christ ont toujours été prévues, ainsi que la prédication de la conversion et du pardon des péchés à tous les peuples. C'est la synthèse de la proclamation confiée aux apôtres en tant que témoins.

C'est sa tâche, qui est aussi la nôtre. Ainsi, l'Ascension nous aide à nous souvenir du kérygme, l'annonce essentielle de l'Église primitive, que nous devons toujours donner au monde : le Christ a été crucifié et est ressuscité, il nous invite à la conversion et à recevoir le pardon de Dieu comme une surabondance d'amour.

Pour ses adieux, Jésus "Il les conduisit à Béthanie". Luc utilise le verbe qui est utilisé de nombreuses fois dans la Bible LXX pour dire que Dieu a conduit son peuple hors du pays d'Égypte, et dans l'Évangile de Jean, il est utilisé pour le bon berger conduisant ses brebis : Jésus conduit ses apôtres comme un bon berger à Béthanie, le lieu tranquille de leur repos. Et puis il lève les mains. Ces mêmes mains que, quarante jours plus tôt, il leur avait montrées dans la chambre haute : "Regardez mes mains et mes pieds !". Maintenant ils les regardent aussi et voient les traces impérissables de sa passion, et avec ces mains il les bénit.

À la fin de ses jours sur terre, Jésus ne fait pas de recommandations, de reproches, de lamentations, de jugements ou de condamnations. Au contraire, il bénit les siens et tous ceux qui vont venir, toute l'Église de tous les temps, toute la création. 

Pensons à la bénédiction de Jésus lorsque nous la recevons dans la liturgie ou lors des grandes fêtes : c'est toujours cette bénédiction qui est répétée.

Une bienveillance divine, une puissance qui descend d'en haut, qui produit une vie plus forte que la mort, que le péché, que toute fragilité et toute méchanceté des hommes. Elle donne une paix qui est plus forte que n'importe quelle guerre.

Les deux hommes en robe blanche secouent les hommes de Galilée qui regardent le ciel et leur disent que Jésus reviendra. "de la même manière".Par conséquent, il reviendra en bénissant. 

Homélie sur les lectures de l'Ascension du Seigneur

Le prêtre Luis Herrera Campo offre ses nanomiliaune courte réflexion d'une minute pour ces lectures.

L'auteurAndrea Mardegan / Luis Herrera

Monde

Des personnes du monde entier félicitent Benoît XVI à l'occasion de son 95e anniversaire

Pape émérite : "les expressions de solidarité du monde entier m'ont rendu très heureux".

José M. García Pelegrín-19 mai 2022-Temps de lecture : 2 minutes

A l'occasion du 95èmeo anniversaire de Benoît XVILe 16 avril, le pape émérite a reçu sur Internet un flot de félicitations en provenance du monde entier ; près de 3 000 messages - principalement en allemand, mais aussi en polonais, en anglais, en italien et quelques-uns en espagnol - ont été reçus.

L'initiative vient de la "Fondation Tagespost pour la promotion du journalisme catholique", éditrice entre autres de l'hebdomadaire du même nom, qui a créé un portail Internet où chacun peut féliciter personnellement le pape émérite. (www.benedictusXVI.org). Le site web, créé en étroite collaboration avec Benoît XVI, rend régulièrement compte du travail théologique du pape émérite.

L'un des premiers à envoyer ses félicitations par ce biais a été le cardinal Kurt Koch, qui a écrit : "Mon premier mot ne peut être que de la gratitude. Je remercie Dieu de nous avoir donné, le samedi saint 1927, Joseph Ratzinger, un excellent être humain, un chrétien profondément croyant, un théologien remarquable, un bon évêque et un bon pape. Et je remercie le pape émérite Benoît XVI pour le témoignage qu'il a rendu tout au long de sa vie à l'amour de Dieu et pour sa grande œuvre théologique fascinante.

En allemand, Björn Hirsch, de Fulda, écrit : "Cher pape Benoît XVI, je suis venu à la foi lors des Journées mondiales de la jeunesse à Cologne en 2005. Par la suite, j'ai étudié la théologie, et au cours de ces études, vos enseignements m'ont laissé une profonde impression. Et je tiens à l'en remercier personnellement à l'occasion de son 95e anniversaire, pour lequel je lui souhaite la paix et la bénédiction de notre Seigneur ressuscité. Qu'il continue à être avec vous.

En anglais, une personne signant simplement "Lucy" écrit : "Vos enseignements continueront à nous inspirer et à nous guider pendant des décennies. Merci pour tout ce que vous avez apporté à l'Église et au monde. Nous vous sommes tous redevables, que Dieu vous bénisse toujours.

Le pape émérite a pu lire les vœux sur un ordinateur portable avec l'aide de son secrétaire, l'archevêque Georg Gänswein, à son domicile "Mater Ecclesiae" au Vatican.

Sur le site, vous pouvez également lire la réponse de Benoît XVI : "À l'occasion de mon 95e anniversaire, j'ai reçu de nombreuses félicitations du monde entier. Ces nombreux témoignages de fidélité et de solidarité m'ont rendu très heureux. Je vous en suis très reconnaissant et je me joins à vous dans la prière".

Et Mgr Gänswein d'ajouter : "Benoît XVI m'a demandé de transmettre ses remerciements les plus sincères à tous ceux qui ont félicité le pape émérite via le site www.BenedictusXVI.org. C'est avec une grande joie et une profonde émotion qu'il a lu les nombreux mots sincères qui lui ont été adressés".

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Ave Regina Pacis, la Reine de la Paix à Santa Maria Maggiore

La sculpture est l'œuvre de Guido Galli, qui était directeur adjoint des musées et galeries pontificaux. Il a été inauguré en 1918. La Vierge est assise sur le trône et lève la main dans un geste qui se situe entre la bénédiction et l'imposition de la fin du conflit armé.

Omnes-19 mai 2022-Temps de lecture : < 1 minute
Lectures du dimanche

"L'Habitation du Saint-Esprit". 6ème dimanche de Pâques

Andrea Mardegan commente les lectures du sixième dimanche du temps ordinaire et Luis Herrera prononce une courte homélie vidéo. 

Andrea Mardegan-19 mai 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Jésus, dans l'évangile de Jean, nous a déjà parlé de la façon dont le Père l'aime. Lors du dernier repas, il parle aussi de notre amour pour lui, mais il ne le commande pas comme un nouveau commandement, il le mentionne comme une possibilité : "Si quelqu'un m'aime"..

Comme condition pour le début d'un parcours qui conduit à observer sa parole et à recevoir la grande promesse : devenir le lieu où le Père et le Fils s'aiment et donc la demeure de l'Esprit Saint.

L'auteur de l'Apocalypse dit que dans la nouvelle Jérusalem, il n'a vu aucun temple : Dieu est tout en tous. Car c'est dans le cœur de l'homme qu'il veut habiter. Il se tient à la porte et frappe ; si nous lui ouvrons, en l'aimant, il entrera et dînera avec nous et nous avec lui.

C'est la seule fois où Jésus dit explicitement que le Paraclet est le Saint-Esprit, qui est le Saint-Esprit, qui est celui qui... "enseignera tout". Jésus n'a pas voulu tout dire, il a même dit peu de choses, ce que nous étions capables de comprendre, et d'ailleurs, l'Esprit Saint doit nous le rappeler.

Les Actes des Apôtres nous parlent du premier concile à Jérusalem et de sa "longue discussion", car les chrétiens judaïsants voulaient imposer la circoncision aux convertis païens.

Un nouveau problème que Jésus n'a pas mentionné parce qu'il n'existait pas encore, et qu'il n'a pas voulu l'anticiper, comme, outre les persécutions, les innombrables problèmes qui surgissent tout au long de l'histoire de l'Église et du monde, et que l'Église est appelée à affronter. 

Jésus avait une humilité infinie : il voulait disparaître pour laisser son Église et ses brebis, avec une confiance écrasante, entre les mains de ses apôtres, faibles, fragiles, pécheurs.

Après avoir écouté Pierre, Paul et Barnabé, Jacques, l'évêque de Jérusalem, propose sa médiation et suggère aux païens convertis de suivre certaines prescriptions rituelles pour éviter que les chrétiens du judaïsme n'entrent dans la crainte de l'impureté légale lorsqu'ils sont avec eux.

La lettre envoyée à toutes les communautés, premier document officiel du Magistère de l'Église, déclare : "L'Esprit Saint et nous avons décidé de ne pas vous imposer plus de charges que nécessaire".et ils mentionnent quatre aspects, parmi les nombreux qui causent l'impureté légale selon le Lévitique, qu'il leur conseille d'éviter. Ils ont fait l'expérience de l'Esprit Saint qui leur enseigne tout et les guide même dans les décisions prudentielles.

En vérité, Jésus peut nous donner sa paix face aux problèmes qui nous affligent, et à son apparente absence ou distance. Parce qu'en réalité, l'Esprit Saint est avec nous et nous enseigne tout, il nous rappelle les paroles de Jésus et nous aide à les comprendre, petit à petit. Et parce que Jésus va au ciel en obéissant au Père et parce qu'il reviendra. 

Homélie sur les lectures du sixième dimanche de Pâques

Le prêtre Luis Herrera Campo offre ses nanomiliaune courte réflexion d'une minute pour ces lectures.

Amérique latine

Pedro BrassescoLe continent latino-américain a sa propre histoire marquée par la synodalité".

Pedro Brassesco, secrétaire général adjoint du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), souligne que la synodalité "renforce la mission car elle rend l'Église plus attractive".

Federico Piana-19 mai 2022-Temps de lecture : 4 minutes

" Le premier grand fruit ? La même pratique synodale qui a commencé dans les communautés et les paroisses par l'écoute de l'Esprit Saint qui parle à travers le Peuple de Dieu", dit le Père Pedro Brassesco.

Secrétaire général adjoint du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), l'organe ecclésial qui réunit les évêques d'Amérique latine et des Caraïbes, M. Brassesco fait le point sur le parcours synodal en cours jusqu'à la phase universelle prévue en 2023.

"La phase continentale latino-américaine commencera en novembre prochain, lorsque le Secrétariat du Synode publiera l'Instrumentum Laboris qui rassemble la synthèse du travail effectué par chaque pays. Entre-temps, le CELAM encourage les conférences épiscopales locales à poursuivre cette phase diocésaine et nationale", déclare le père Brassesco.

Avec quels outils le CELAM aide-t-il les conférences épiscopales ?

- Nous avons créé une commission appelée "Le CELAM en route vers le Synode" avec laquelle nous organiserons également l'étape continentale, évidemment en coordination avec le Secrétariat du Synode. Nous pensons que cette étape doit être caractérisée par une rencontre continentale et nous analysons les différentes possibilités de développement : face à face ou hybride ; régional ou par pays. C'est un chemin que nous devons suivre pour que les contributions du continent reflètent ses particularités et ses diversités.

Quels sont les fruits générés jusqu'à présent par ce parcours synodal ?

- L'un des fruits les plus importants est l'écoute des membres du peuple de Dieu, car chaque membre a une voix et est reconnu comme un sujet au sein de l'Église. Il ne s'agit pas de traiter un thème spécifique pour en tirer des conclusions, mais d'un exercice synodal.

Quelles sont les difficultés ?

- Une certaine résistance à l'idée même de synodaliténotamment de certains secteurs cléricalisés. Un certain nombre de prêtres ont également eu du mal à faire preuve d'enthousiasme, peut-être à cause de la fatigue, accablés par de lourdes tâches pastorales ou affaiblis par la déception de résultats en deçà de leurs attentes.

Une autre difficulté est liée aux distances, tant géographiques qu'existentielles. Tout le monde devrait pouvoir écouter, mais la consultation est souvent limitée aux seules activités communautaires et liturgiques. Malgré cela, de nombreux diocèses ont lancé des initiatives très intéressantes pour atteindre des secteurs dont la voix n'est pas toujours entendue.

Que représente la synodalité pour le continent latino-américain ?

- Le continent latino-américain a sa propre histoire marquée par la synodalité comme style ecclésial.

Dès la fin du XVIe siècle, les synodes et les conciles sont très fréquents sur ce territoire.

Les créations de la CELAM et des cinq Conférences épiscopales générales de l'épiscopat ont été le signe concret de cette "marche ensemble" de l'Église latino-américaine. Ces dernières années, de nombreux diocèses ont également pris l'habitude d'organiser des assemblées ou des synodes au cours desquels sont exposés les horizons et l'action pastorale de l'Église particulière.

Le processus de l'Assemblée ecclésiale d'Amérique latine et des Caraïbes a représenté une instance sans précédent de participation et de communion pour discerner ensemble les défis pastoraux des années à venir.

La synodalité affectera-t-elle la communion et la mission ?

- Oui, une chose est sûre : la synodalité met la communion en action, la rend réelle et tangible dans des situations et des processus concrets. Par la suite, elle transforme la communion en un style, une manière d'être l'Église marquée par des relations d'écoute et de respect. Et puis la synodalité renforce la mission parce qu'elle rend l'Église plus attractive, elle la transforme en un témoignage vivant de l'unité dans la diversité. Une Église synodale ne gaspille pas ses énergies dans l'obsession de la préservation du pouvoir et des structures, mais se laisse animer par la nouveauté de l'Esprit Saint qui ouvre de nouveaux espaces de rencontre et d'évangélisation.

Le CELAM a récemment organisé une semaine de réunions virtuelles sur le Synode. Quels étaient les objectifs de ces réunions ?

- Ces rencontres, destinées à faciliter l'écoute et le dialogue, ont vu la participation des différentes équipes d'animation du Synode des Conférences épiscopales. Le travail a été très fructueux et nous avons constaté que le processus synodal a été bien accueilli dans presque tous les diocèses.

À votre avis, comment le Synode va-t-il changer l'Église en Amérique latine et dans les Caraïbes ?

- Je crois que le Synode est une étape dans un processus plus long. Il ne faut pas s'attendre à des changements immédiats car la synodalité est intimement liée à une conversion pastorale qui ne peut être imposée.

Le synode, en tant que pratique, nous fait perdre la crainte d'écouter tout le peuple de Dieu, dont la participation doit être valorisée.

Je suis sûr que le Synode confirmera notre engagement à transformer les structures ecclésiales, mais cela ne suffit pas : il faudra certainement continuer à prendre des mesures nouvelles et fructueuses.

En Amazonie, en revanche, comment se développe le parcours synodal ?

- Les Conférences épiscopales, dans leurs rencontres avec les équipes d'animation, nous ont fait savoir que nous, en Amazonie, participons avec enthousiasme au parcours synodal.

Il a également été souligné que l'expérience d'écoute du Synode pour l'Amazonie était un point de départ fondamental.

Malgré tout, il existe des obstacles qui empêchent une plus grande inclusion dans le processus synodal : les grandes distances, la difficulté d'atteindre les communautés et le manque de connectivité. Malgré cela, des expériences très significatives et créatives ont été faites pour obtenir une plus grande participation.

La Conférence ecclésiale de l'Amazonie (CEAMA) a été invitée à réaliser son propre accompagnement du Synode et a décidé d'encourager et de promouvoir la participation dans les diocèses respectifs afin de ne pas générer un processus de double écoute. Plus tard, dans la phase continentale, des contributions concrètes seront proposées, qui sont nécessaires pour que nous puissions réfléchir à des réalités concrètes.

L'auteurFederico Piana

 Journaliste. Il travaille pour Radio Vatican et collabore avec L'Osservatore Romano.

Amérique latine

Max Silva : "Aujourd'hui, le droit à la vie n'est plus fondamental".

Interview du professeur Max Silva, expert auprès de la Cour interaméricaine des droits de l'homme, à propos d'un arrêt sur le droit à la liberté religieuse.

Pablo Aguilera-18 mai 2022-Temps de lecture : 4 minutes

En mars 2021, nous avons fait état d'un important procès intenté par une femme chilienne, Sandra Pavez, professeur de religion catholique. Elle était lesbienne et vivait avec une autre femme. L'évêque du diocèse de San Bernardo, où se trouve l'école, l'a avertie que sa décision était contraire aux devoirs de chasteté et que, si elle ne changeait pas, il serait obligé de révoquer son certificat d'aptitude, car elle ne donnait pas le "témoignage de vie chrétienne", que l'Église catholique attend et exige des enseignants de cette matière. Elle n'a pas accepté, et son autorisation d'enseigner la religion catholique lui a été retirée, bien qu'elle ait pu continuer à travailler dans d'autres fonctions à l'école. L'enseignant a fait appel devant les tribunaux civils et a perdu dans tous les cas. 

En 2008, il a présenté son cas à la Commission interaméricaine des droits de l'homme, qui lui a donné raison. Il a ensuite déposé une plainte auprès de la Cour interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) contre l'État du Chili. À la fin du mois d'avril 2022, la Cour a statué en faveur de Pavez. La Cour a reconnu que les enfants et les parents ont le droit de recevoir une éducation religieuse, et que celle-ci peut être incluse dans l'enseignement public pour garantir les droits des parents. Il y a également une atteinte à la liberté des confessions religieuses puisqu'il ordonne la création et la mise en œuvre d'un plan de formation permanente pour les personnes chargées d'évaluer l'aptitude du personnel enseignant ; il demande à l'État chilien de déterminer une procédure permettant de contester les décisions des établissements d'enseignement public concernant la nomination ou la révocation des enseignants religieux à la suite de la délivrance ou de la révocation d'un certificat d'aptitude.

Cette décision pourrait affecter une majorité d'enfants au Chili - et dans les 21 autres pays du continent devant la CIDH - qui reçoivent leur éducation dans des écoles financées par des fonds publics. L'arrêt de la Cour signifie que tout groupe religieux ne pourra pas s'assurer que les personnes désignées pour enseigner cette religion respectent ce qu'elles enseignent.

Ce jugement est-il une surprise ou correspond-il à l'idéologie de la Cour ?

-La vérité est que cela n'est pas surprenant, non seulement en raison de la trajectoire de la jurisprudence de cette cour ces dernières années, mais aussi parce que parmi ses membres il y a des promoteurs éminents de la cause LGTBI. Il ne faut pas oublier que les droits de l'homme les plus couramment défendus aujourd'hui n'ont pas grand-chose à voir avec les droits dits "traditionnels" ; et que dans cette nouvelle reconfiguration, le droit à la vie, le droit principal et préalable qui rend possible la jouissance de tous les autres, a cessé d'être la prérogative fondamentale et a été remplacé par les droits dits "sexuels et reproductifs". Ceux-ci constituent désormais le point central des "nouveaux droits de l'homme", auxquels se rattachent tous les autres droits, y compris la vie, comme dans le cas de l'enfant à naître. Et tout porte à croire que ce processus va se poursuivre.

Quel est l'aspect le plus pertinent de cet arrêt ?

-Bien que je n'aie pas été en mesure d'étudier l'arrêt en détail, il met en évidence le fait que, bien que l'arrêt stipule que le droit des parents de dispenser l'éducation religieuse qu'ils jugent appropriée à leurs enfants est garanti, dans la pratique, ce droit est rendu presque irréalisable en empêchant les institutions religieuses de pouvoir garantir que leurs enseignants sont fidèles au credo qu'ils prétendent professer. En outre, l'État s'immisce indûment et dangereusement dans ce domaine, en l'usurpant arbitrairement au détriment des organismes religieux, qui ne disposent pratiquement d'aucun outil efficace pour mener à bien leur travail. En effet, le droit à la liberté religieuse et le droit des parents à éduquer leurs enfants selon leurs convictions se heurtent à ce que les instances internationales considèrent généralement comme le plus important : les droits sexuels et reproductifs.

Quelle force juridique aura-t-elle pour l'État du Chili ?

-Il existe une obligation de respecter et d'exécuter les jugements dans lesquels le pays est condamné. Toutefois, il convient de noter que ce tribunal n'a aucun moyen de contraindre le pays condamné à le faire effectivement. C'est pourquoi le taux global d'exécution des arrêts de la Cour au niveau continental est assez faible. Par conséquent, cela dépend avant tout de la volonté politique des gouvernements en place de les mettre en œuvre. En tout état de cause, si tel était le cas, il y aurait une grave collision avec d'autres droits inscrits dans notre Constitution actuelle (comme ceux que la Cour ignore en fait, bien qu'elle les reconnaisse nominalement), même si cette incompatibilité pourrait ne pas se produire dans le cas où un nouveau texte constitutionnel serait approuvé dans le sens indiqué par la Cour interaméricaine.

Les confessions religieuses seront-elles empêchées de déterminer l'aptitude des enseignants à enseigner la religion ?

-Si la décision est entièrement respectée, oui. En pratique, ce que la Cour a fait, bien qu'elle ne le dise pas, c'est de rendre inopérant ce pouvoir des confessions religieuses. Il s'agit d'une question grave, car elle implique fondamentalement que le pouvoir civil tente de dominer complètement la sphère religieuse, mettant ainsi fin à la juste autonomie de ces confessions. En outre, cela affecte le droit des parents d'éduquer leurs enfants selon leurs propres convictions, la liberté d'enseignement et, de façon plus lointaine, la liberté d'expression et l'objection de conscience, entre autres. En bref, et bien que cela ne soit pas dit, un pas a été franchi en faveur de la constitution d'un État totalitaire, paradoxalement, insiste-t-on, au nom de ces mêmes "droits de l'homme".

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Monde

Quel prêtre pour quelle Afrique ?

La crise du sacerdoce touche-t-elle le continent africain ? Les chiffres ne semblent pas répondre à cette question par l'affirmative. Cependant, la formation des prêtres africains est un défi majeur : la qualité de la formation et du discernement est un défi permanent.

Jean Paulin Mbida-18 mai 2022-Temps de lecture : 5 minutes

Le dernier congrès sur la théologie fondamentale du sacerdoce (17-19 février 2022 à Rome), convoqué par le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, a interpellé toutes les Églises particulières. Elle a surtout mis en évidence certains points fondamentaux de la crise du sacerdoce qui avaient été jusqu'alors négligés, voire ignorés. En effet, pour bon nombre d'observateurs, et même de chrétiens, qui ne font pas toujours la distinction entre causes et conséquences, la crise du sacerdoce, la crise de la foi, se manifeste principalement par le phénomène de la crise des vocations. L'épuisement des vocations, le vidage ou même la fermeture des séminaires, noviciats et autres maisons de formation, la disparition de communautés religieuses entières, préoccupent les Eglises occidentales depuis plusieurs décennies, et elles cherchent encore des solutions appropriées.

Contraste dans l'Eglise en Afrique

Cette situation contraste avec celle de l'Église en Afrique, dont les effectifs augmentent au point de susciter l'intérêt des grands journaux laïcs ou séculiers d'Europe occidentale (Le Monde, Le Figaro, etc.). Le nombre de prêtres augmente avec des chiffres impressionnants et très enviables. Dans certaines parties du continent, le nombre de prêtres a augmenté de 85% en vingt ans, celui des religieuses de 60% et celui des évêques de 45%. Les récentes publications des annuaires statistiques du Saint-Siège mettent en évidence ce véritable boom vocationnel dans l'Église africaine. Une crise du sacerdoce en Afrique apparaît donc comme une thèse absurde, incohérente et insensée, et donc difficile à défendre.

Le congrès sur le sacerdoce de février dernier a permis de voir au-delà de la simple manifestation numérique et statistique de la crise du sacerdoce, qui ne touche que certaines églises. La crise systémique et empirique est bien plus profonde et plus dommageable. En ce sens, les communautés africaines sont confrontées à une crise de fond, de forme et de substance. La crise de substance se produit lorsque le fondement doctrinal du sacerdoce n'est pas correct et affecte par conséquent l'identité même du prêtre, sa vie humaine et spirituelle et son action sacerdotale.

La crise de forme est certaine lorsque les multiples visages assumés par le sacerdoce sont en décalage avec les attentes du peuple et les objectifs de la mission, et lorsqu'ils s'écartent de l'essentiel pour s'appuyer sur des questions marginales ou étrangères à leur objet. La crise est importante car le sacerdoce devient conventionnel, c'est-à-dire selon les convenances d'un monde dont on suit aveuglément les désirs.

Le congrès nous permet, une fois de plus, de nous pencher sur l'Afrique, un continent qui ne connaît pas de déclin des vocations car la crise des vocations n'est pas une préoccupation majeure par rapport aux vocations en crise. Si plusieurs pasteurs africains reconnaissent que toutes les vocations sont un don de Dieu, ils ont plusieurs fois remis en question l'authenticité des vocations. En effet, dans une société africaine qui change, qui a beaucoup évolué, et qui demande beaucoup de jeunes, surtout ceux qui désirent une vie idéale, le risque pour certains que le sacerdoce soit un moyen d'avancer dans le statut social est plus évident.

Le continent convoité

L'Afrique est aujourd'hui le marché convoité par les épigones des barons spirituels et évangéliques qui prétendent combattre la pauvreté au profit de la prospérité. Il est question d'un terra nulliusdivisé en zones d'influence, en entreprises et en sociétés. La pauvreté et la dureté de la vie, père de tous les autres défis, la dépravation des mœurs, le chômage endémique des jeunes, même diplômés, qui sont désormais prêts à tout pour gagner leur vie, quitte à se jeter dans la Méditerranée, font l'actualité depuis des décennies. Cette situation a évidemment des répercussions sur l'action de l'Église. Elle influence le modèle du prêtre et dicte même le profil du prêtre à former. La condition sociale précaire, délétère et approximative a en effet eu des répercussions sur le sacerdoce ministériel.

La situation du clergé africain dépend de la diversité du contexte dans lequel s'exerce le ministère, des dispositions sociales et culturelles et des investissements variés des prêtres. Ignace Ndongala Maduku décrit la condition de certains prêtres africains d'aujourd'hui comme des vagabonds chez qui vieillesse rime avec détresse, maladie avec misère. Nous trouvons beaucoup de fonctionnaires de Dieu, un clergé d'état et non des pasteurs du peuple. Une préoccupation constante du clergé africain est la subsistance matérielle des prêtres, ce qui conduit à l'établissement tacite de privilèges.

Le langage est souvent inhabituel et glaçant pour décrire cet aspect de la qualité de vie des prêtres africains : le darwinisme ecclésiastique. De plus, leur attitude à l'égard de l'élite et de l'autorité est fustigée : s'incliner devant les supérieurs et piétiner les inférieurs, être humble devant les autorités et autoritaire devant les humbles. Dans ce contexte, les nominations sont perçues comme des avancées, des promotions qui ressemblent parfois à des plébiscites, des sources d'avantages matériels et divers privilèges réels ou imaginaires. L'absence d'égalité entre les prêtres et le manque de sécurité sociale, matérielle et financière créent une inégalité et une injustice scandaleuses entre les prêtres.

Priorité à la formation

Il y a donc un véritable défi éducatif en ce qui concerne la formation des futurs prêtres. La question émerge avec plus d'acuité face aux scandales actuels, mais en réalité elle doit être portée à la connaissance de toute la communauté chrétienne, en évitant la logique du bouc émissaire ou celle de l'urgence. Il existe un risque très réel que la prêtrise soit une échappatoire vers un statut social que les jeunes n'auraient pas dans la vie ordinaire. Certaines questions sont essentielles aujourd'hui : le modèle de formation des futurs prêtres, hérité de l'époque missionnaire, est-il encore efficace par rapport au profil des prêtres à former ? Quels prêtres ? Pour quelle société ? Le cadre des petits et grands séminaires de réclusion qui existent encore aujourd'hui représente-t-il une garantie stable pour la maturation des vocations sacerdotales ?

La formation de vrais pasteurs est une priorité pour l'Église africaine, c'est la priorité des priorités. C'est un travail qui nécessite une main-d'œuvre et des ressources importantes. La qualité de la formation et du discernement est un défi permanent avec les exigences nécessaires. En outre, le séminaire n'est pas la seule "branche" responsable de la formation des candidats au sacerdoce. La tâche du séminaire ne peut être d'offrir des "produits finis". Une vision systémique est nécessaire, impliquant les pasteurs, les formateurs, mais aussi les prêtres et l'ensemble de la communauté chrétienne. La formation au séminaire implique, dans un sens ascendant, la pastorale des jeunes et doit favoriser une vérification sérieuse des conditions de possibilité pour le développement de personnes spécifiques dans tous les domaines de la formation.

Le discernement vocationnel des jeunes doit suivre de près l'évolution des besoins pastoraux, en ordonnant des actions concrètes dans une direction précise. Une grande attention doit être accordée à un bon et saint discernement. Il est vrai que tous les séminaristes ne deviennent pas prêtres, mais la rapidité des choix et le manque de discernement peuvent conduire les jeunes d'aujourd'hui à ne pas vivre en profondeur leur discernement vocationnel, car la société offre des facilités et des raccourcis.

"Exemples de pistes".

Un point important et critique, trop souvent négligé dans l'amélioration de la qualité de la formation des futurs prêtres, reste la qualité et le témoignage concret des prêtres, des évêques dans leur ensemble. Les séminaristes sont souvent plus sensibles qu'on ne le pense au climat général de la vie cléricale. Comme le dit un dicton italien : les mots enseignent, mais les exemples guident. Puisque l'horizon de la formation est prospectif et que " les futurs prêtres reçoivent une formation à la mesure de l'importance et du sens à donner à leur consécration ", il y a d'importantes reconstitutions du rôle du prêtre dans la société africaine selon la tria munera (enseigner, sanctifier et gouverner) qui nécessitent une redéfinition et une actualisation de la fonction pastorale.

L'animation et l'éveil missionnaires, l'exemple biblique du prophète, la mémoire de l'appel universel à la sainteté : le baptême et non la "sacramentalisation" extrême semblent être la base d'un approfondissement et d'un examen fructueux pour un sacerdoce authentique également pour l'Église africaine.

L'auteurJean Paulin Mbida

Directeur des études au Grand Séminaire Théologique de Yaoundé-Nkolbisson (Cameroun). Professeur d'éthique sociale et politique.

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Objection de conscience

L'objection de conscience signifie qu'une personne fait passer le dictat de sa propre conscience avant ce qui est ordonné ou autorisé par la loi. Il s'agit d'un droit fondamental de chaque personne, essentiel au bien commun de tous les citoyens, que l'État doit reconnaître et valoriser.

18 mai 2022-Temps de lecture : 3 minutes

La Commission épiscopale pour la Doctrine de la Foi de la Conférence épiscopale espagnole vient de publier une Note doctrinale sur l'objection de conscience, intitulée "Pour la liberté, le Christ nous a libérés". (Gal 5,1).

La Note fonde le droit à l'objection de conscience sur la liberté qui, à son tour, est fondée sur la dignité de l'être humain.

Cette dignité et cette liberté humaines ne sont pas le fruit ou la conséquence de la volonté des êtres humains, ni de la volonté de l'État ou des pouvoirs publics, mais trouvent leur fondement dans l'homme lui-même et, en définitive, en Dieu son créateur.

L'objection de conscience dans le Magistère

Déjà le Concile Vatican II notait que "jamais les hommes n'ont eu un sens aussi aigu de la liberté (qui est la leur) qu'aujourd'hui" (cf. Gaudium et Spes, n. 4). P

Mais cette liberté, qui consiste dans "le pouvoir, enraciné dans la raison et la volonté, d'agir ou de ne pas agir, de faire ceci ou cela, et donc d'accomplir de son propre chef des actes délibérés" (Catéchisme de l'Église catholique, n. 1731), ne doit pas être comprise comme une absence de toute loi morale indiquant des limites à ses actions, ou comme "une licence pour faire tout ce qui me plaît, même si c'est mal" (Concile Vatican II, Gaudium et Spes, n. 17).

Les êtres humains ne se sont pas donné l'existence à eux-mêmes, ils exercent donc correctement leur liberté lorsqu'ils reconnaissent leur dépendance radicale à l'égard de Dieu, vivent dans une ouverture permanente à Lui, cherchent à accomplir Sa volonté et, en outre, lorsqu'ils reconnaissent qu'ils sont membres de la grande famille humaine, de sorte que l'exercice de leur liberté est conditionné par les relations sociales qui conditionnent son exercice.

Les pouvoirs publics doivent non seulement respecter, mais aussi défendre et promouvoir l'exercice de la liberté de toute personne et ne la limiter que dans les cas où elle est réellement nécessaire au bien commun, à l'ordre public et à la coexistence pacifique.

Une caractéristique très profonde de la liberté humaine réside dans le domaine de la conscience propre et de la religion ou de la liberté religieuse.

Il s'agit d'un droit fondamental, parce que l'homme est un être ouvert à la transcendance et parce qu'il touche la partie la plus intime et profonde de son être, qui est sa propre conscience. 

Aujourd'hui, nous courons le risque, également au niveau de l'exercice des pouvoirs publics, de ne pas favoriser suffisamment ce droit fondamental en raison d'une tendance marquée à considérer que Dieu appartient uniquement à la sphère privée de l'individu.

Pour le Catéchisme de l'Église catholique, il est clair que "le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles lorsque ces préceptes sont contraires aux exigences de l'ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l'Évangile" (n. 2.242).

L'objection de conscience signifie qu'une personne fait passer le dictat de sa propre conscience avant ce qui est ordonné ou autorisé par la loi. Il s'agit d'un droit fondamental de chaque personne, essentiel au bien commun de tous les citoyens, que l'État doit reconnaître et valoriser.

Il s'agit d'un droit pré-politique que l'État ne doit pas restreindre ou minimiser sous le prétexte de garantir l'accès des personnes à certaines pratiques reconnues par le droit positif de l'État, et encore moins le présenter comme une atteinte aux "droits" des autres.

Ce droit fondamental à l'objection de conscience doit être réglementé, en garantissant que ceux qui souhaitent l'exercer ne seront pas discriminés dans la sphère professionnelle ou sociale.

L'établissement d'un registre des objecteurs de conscience viole le droit de tout citoyen de ne pas être contraint de déclarer ses propres convictions religieuses ou simplement philosophiques ou idéologiques.

Je conclus en vous invitant à lire attentivement cette note de la Commission épiscopale pour la doctrine de la foi. Cela en vaut la peine.

L'auteurCelso Morga

Archevêque émérite du diocèse de Mérida Badajoz

Espagne

Mgr Luis ArgüelloLa santé morale d'une société est démontrée par sa défense de la vie".

La nouvelle loi permet aux mineures de se faire avorter sans le consentement des parents, elle "protège" l'accès à l'avortement dans les centres publics et supprime le délai de réflexion de trois jours et les informations qui étaient données à la femme pour qu'elle mène sa grossesse à terme.

Maria José Atienza-17 mai 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Le porte-parole de la Conférence épiscopale espagnole, Mgr Luis Argüello, a qualifié de "mauvaise nouvelle" le projet de loi "sur la santé sexuelle et reproductive et l'interruption volontaire de grossesse" approuvé par le gouvernement espagnol.

La nouvelle loi permet aux mineures de se faire avorter sans le consentement des parents, elle "protège" l'accès à l'avortement dans les centres publics et supprime le délai de réflexion de trois jours et les informations qui étaient données à la femme pour qu'elle mène sa grossesse à terme.

Dans un message publié par la Conférence épiscopale espagnole, Mgr Argüello souligne que "la défense et la protection de la vie sont l'une des sources de la civilisation. Une des lignes rouges qui exprime la santé morale d'un peuple".

Argüello a rappelé que considérer l'avortement comme un "droit" revient à affirmer le "droit du fort sur le faible lorsqu'il s'agit d'éliminer une vie nouvelle et différente qui existe dans le ventre de la mère" et a souligné que "les progrès de la science nous font affirmer, avec force, que dans le ventre d'une femme enceinte il y a une nouvelle vie qui doit être accueillie et soignée, pour laquelle la mère doit être défendue".

Une loi sans alternatives à l'avortement

La nouvelle loi accorde peu d'attention aux femmes qui souhaitent devenir mères, même si des difficultés peuvent survenir. En fait, il s'attache à promouvoir l'élimination du bébé, par exemple en renforçant la "formation des professionnels dans le domaine de l'interruption volontaire de grossesse".

Parmi ce que cette loi considère comme des "droits reproductifs", elle prévoit également que "les femmes âgées de 16 à 18 ans et les femmes handicapées peuvent accéder à l'interruption volontaire de grossesse sans l'autorisation de leurs tuteurs légaux",

Elle criminalise également les actions de groupes tels que les sauveteurs qui offrent pacifiquement à de nombreuses femmes des alternatives à l'avortement jusqu'au tout dernier moment.

Le porte-parole de la CEE n'a pas hésité à défendre la nécessité d'offrir aux femmes "les conditions économiques, d'emploi et de logement... pour accueillir cette nouvelle vie". M. Argüello a souligné que la santé morale d'une société se manifeste par la défense de la vie depuis "le ventre de la mère, en passant par toutes les vicissitudes de la vie jusqu'au moment final de la mort comme partie intégrante de l'existence".

Vatican

Comment le pape François se porte-t-il vraiment ?

Les douleurs au genou du souverain pontife, qui ont empêché plusieurs réunions et célébrations, ont suscité des rumeurs sur la santé du pape qui, après plusieurs jours de rééducation, progresse dans sa mobilité et son autonomie.

Giovanni Tridente-17 mai 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Traduction de l'article en italien

Depuis plusieurs jours, même dans la presse internationale, des rumeurs circulent sur d'éventuelles complications pour la santé du Pontife, au point que des rumeurs ont également commencé à circuler sur les principaux candidats à un éventuel prochain Conclave comme successeurs du Pape François.

Il n'est certainement pas agréable de voir comment le tourbillon du appelé toto-nomi, dans lequel des hypothèses sont avancées, des stratégies sont "étudiées", des "mouvements" sont observés et chaque déclaration à l'intérieur et à l'extérieur des murs du Vatican est analysée avec une certaine veine exégétique.

Il est vrai que, depuis la fin du mois dernier, le pape a dû réduire le rythme de son travail en raison de l'aggravation de la douleur dans son genou droit, dans lequel il souffre d'arthrose (gonarthrose). Nous avons commencé à le voir dans un fauteuil roulant et boiter sensiblement, même dans les petits mouvements. Il n'a pas présidé certaines célébrations et a reporté certains rendez-vous.

Cependant, il y a quelques jours, il a commencé sa période de rééducation, environ deux heures par jour, et par rapport au repos absolu prescrit par les médecins il y a quelques semaines, nous le voyons un peu plus "autonome". Lors des audiences privées à la Casa Santa Marta, il se déplace plus facilement avec l'aide d'une canne.

La santé du pape François

Il n'y a pas de quoi s'inquiéter, vraiment ; ce sont juste les douleurs classiques de l'âge. François a 85 ans et souffrait de sciatique avant son élection à la papauté. Il porte donc des chaussures orthopédiques pour l'aider à corriger la posture de ses hanches.

Il y a un an, il a subi une opération programmée à l'hôpital Gemelli de Rome pour résoudre un "rétrécissement diverticulaire symptomatique du côlon". La reprise s'est très bien passée, et le Pape n'a jamais hésité à rencontrer des groupes de fidèles, même le samedi matin dans la Sala Clementina. Depuis lors, il a également effectué plusieurs voyages à l'étranger, et d'autres sont prévus pour cet été, notamment au Canada et au Sud-Soudan.

Depuis quelques semaines, il ne cesse de recevoir différents groupes de fidèles, même pendant la matinée, comme s'il voulait rattraper certaines des réunions reportées.

Il reste assis dans son fauteuil roulant, d'où il prononce son discours d'adieu, mais n'hésite pas à embrasser les mains à la fin des audiences.

Dimanche, il a célébré la messe de canonisation de 10 nouveaux saints et, après le Regina Caeli, il est allé lui-même saluer les cardinaux présents dans la basilique Saint-Pierre. Il a ensuite fait un tour de la Piazza et de la Via della Conciliazione dans la Popemobile.

Bien qu'un peu endolori et boitant à cause de son genou, il fait preuve de sa détermination habituelle. Il est lui-même convaincu que cela passera, que cela prendra du temps, mais que cela passera.