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Pape François : "Marie porte la Vie dans son sein et nous parle ainsi de notre avenir".

Le pape François a prié l'Angélus aujourd'hui, premier jour de l'année 2023, en la solennité de Marie, Mère de Dieu.

Paloma López Campos-1er janvier 2023-Temps de lecture : 2 minutes

Le pape François a rejoint les fidèles aujourd'hui pour la prière de l'Angélus. Comme d'habitude, il a adressé quelques mots à la population au début de la nouvelle année 2023.

François a commencé par évoquer son prédécesseur, Benoît XVIqui est décédé hier matin. Il a déclaré : "Le début d'une nouvelle année est confié à Marie Très Sainte, que nous célébrons aujourd'hui comme Mère de Dieu. En ces heures, nous invoquons son intercession en particulier pour le pape émérite Benoît XVI, qui a quitté ce monde hier matin. Nous nous unissons tous ensemble, d'un seul cœur et d'une seule âme, pour rendre grâce à Dieu pour le don de ce fidèle serviteur de l'Évangile et de l'Église".

Une mère qui ne parle pas, mais qui enseigne.

Le Saint-Père a tourné son regard vers la Sainte Vierge pour poser à tous deux questions : "Dans quelle langue la Sainte Vierge nous parle-t-elle ? Que pouvons-nous apprendre d'elle pour cette année qui s'ouvre ?

Le Pape s'empresse de nous donner la réponse : " Marie ne parle pas. Elle accueille avec surprise le mystère qu'elle vit, elle garde tout dans son cœur et, surtout, elle prend soin de l'Enfant, qui, comme le dit l'Évangile, était "couché dans la crèche" (Lc 2, 16). Ce verbe "poser" signifie placer avec soin. Et il nous dit que le langage propre de Marie est celui de la maternité : prendre tendrement soin de l'Enfant. Telle est la grandeur de Marie : alors que les anges font un festin, que les bergers viennent et que tous louent Dieu à haute voix pour l'événement qui s'est produit, Marie ne parle pas, elle ne divertit pas les invités en expliquant ce qui lui est arrivé, elle ne vole pas la vedette ; au contraire, elle place l'Enfant au centre, s'occupant de lui avec amour".

Avec délicatesse, le Pape a affirmé : " C'est le langage typique de la maternité : la tendresse du soin. En effet, après avoir porté dans leur ventre pendant neuf mois le don d'un mystérieux prodige, les mères continuent de placer leurs enfants au centre de toutes leurs attentions : elles les nourrissent, les tiennent dans leurs bras, les couchent délicatement dans leur lit. La sollicitude : c'est aussi le langage de la Mère de Dieu.

Apprendre la langue de Marie

François a conclu son message en disant : "Marie porte la vie dans son sein et nous parle ainsi de notre avenir. Mais en même temps, elle nous rappelle que, si nous voulons vraiment que la nouvelle année soit bonne, si nous voulons reconstruire l'espoir, nous devons abandonner les langages, les gestes et les choix inspirés par l'égoïsme et apprendre le langage de l'amour, qui est le soin. Tel est l'engagement : prendre soin de notre vie, de notre temps, de notre âme ; prendre soin de la création et de l'environnement dans lequel nous vivons ; et, qui plus est, prendre soin de notre prochain, de ceux que le Seigneur a placés à nos côtés, ainsi que de nos frères et sœurs qui sont dans le besoin et appellent notre attention et notre compassion".

Comme ce défi ne peut être relevé sans aide, le Pape a demandé que "nous implorions Marie Très Sainte, Mère de Dieu, pour qu'en cette époque polluée par la méfiance et l'indifférence, elle nous rende capables de compassion et d'attention, capables de "nous émouvoir et de nous arrêter devant les autres aussi souvent que nécessaire" (Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, 169)".

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Pape François : "Dieu a une mère et de cette façon il s'est lié pour toujours à notre humanité".

Aujourd'hui, en la solennité de Marie très sainte Mère de Dieu, le pape François a célébré une messe dans la basilique Saint-Pierre.

Paloma López Campos-1er janvier 2023-Temps de lecture : 4 minutes

Le Pape François a célébré la Sainte Messe aujourd'hui pour la solennité de Marie, Très Sainte Mère de Dieu. La basilique Saint-Pierre était pleine de fidèles, auxquels le Saint-Père s'est adressé pendant son homélie.

Le Pape a commencé par souligner que la maternité de Marie est une vérité de foi, mais en même temps, c'est "une très belle nouvelle : Dieu a un enfant qui a été élevé par une femme. Mère et c'est ainsi qu'il s'est lié pour toujours à notre humanité, comme un fils à sa mère, au point que notre humanité est son humanité". François affirme qu'en naissant de Marie, Dieu "a montré son amour concret pour notre humanité, en l'embrassant de manière réelle et pleine".

En naissant de la Vierge Marie, poursuit le pape, Dieu nous montre qu'"il ne nous aime pas en paroles, mais en actes".

Marie, porteuse d'espoir

Le titre de "Mère de Dieu" détenu par Sainte Marie a pénétré "le cœur du saint peuple de Dieu, dans la prière la plus familière et la plus accueillante, qui accompagne le rythme des journées, les moments les plus douloureux et les espoirs les plus audacieux : l'Ave Maria".

Le Pape affirme que "à cette invocation, la Mère de Dieu répond toujours, elle écoute nos demandes, elle nous bénit avec son Fils dans ses bras, elle nous apporte la tendresse de Dieu fait chair. Elle nous donne, en un mot, de l'espoir. Et nous, en ce début d'année, nous avons besoin d'espoir, comme la terre a besoin de pluie".

François a voulu demander une prière spéciale, avec la Vierge comme intercesseur, pour tous ceux qui souffrent des conséquences de la guerre, pour ceux qui ne prient plus, pour ceux qui vivent au milieu de la violence et de l'indifférence.

Les pasteurs, des exemples pour les chrétiens d'aujourd'hui

"Par les mains d'une Mère, la paix de Dieu veut entrer dans nos maisons, nos cœurs, notre monde. Mais comment pouvons-nous l'accueillir ?" Le Pape François donne les clés et commence par regarder "ceux qui ont vu pour la première fois la Mère avec l'Enfant, les bergers de Bethléem".

Le pape dit d'eux qu'"ils étaient pauvres, peut-être aussi assez grossiers, et que

La nuit, ils étaient au travail. Ce sont précisément eux, et non les sages ou encore moins les puissants, qui ont reconnu en premier le Dieu qui leur était proche, le Dieu qui est venu pauvre et qui aime être avec les pauvres. L'Évangile souligne deux gestes très simples des bergers, qui ne sont cependant pas toujours faciles. Les bergers allèrent et virent : allez et voyez".

De cette première attitude de se mettre en route pour " aller ", le Pape dit : " Il faisait nuit, ils devaient s'occuper de leurs troupeaux et ils étaient probablement fatigués ; ils auraient pu attendre le lever du jour, attendre que le soleil se lève pour aller voir un enfant couché dans une crèche. Au contraire, ils sont allés vite, parce que les choses importantes doivent être traitées rapidement, pas reportées".

Ceci, affirme François, nous enseigne que "pour accueillir Dieu et sa paix, nous ne pouvons pas rester immobiles et confortables en attendant que les choses s'améliorent. Nous devons nous lever, saisir les opportunités que la grâce nous donne, aller, prendre des risques. Aujourd'hui, en ce début d'année, au lieu de rester assis à penser et à attendre que les choses changent, il serait bon que nous nous demandions : "Où est-ce que je veux aller cette année ? Pour qui est-ce que je vais faire du bien ? Beaucoup, dans l'Église et dans la société, attendent le bien que vous et vous seul pouvez faire, ils attendent votre service. Et face à la paresse qui anesthésie et à l'indifférence qui paralyse, face au risque de se limiter à rester assis devant un écran, les mains sur un clavier, les pasteurs d'aujourd'hui nous encouragent à sortir, à nous émouvoir de ce qui se passe dans le monde, à nous salir les mains pour faire le bien, à renoncer à tant d'habitudes et de conforts pour nous ouvrir aux nouveautés de Dieu, qui se trouvent dans l'humilité du service, dans le courage de la prise en charge".

Le deuxième aspect des bergers que le Pape souligne est qu'ils ont vu un Enfant dans une crèche. " Il est important de voir, d'embrasser du regard, de rester, comme les bergers, devant l'Enfant qui est dans les bras de la Mère. Sans rien dire, sans rien demander, sans rien faire. Regarder en silence, adorer, accueillir avec nos yeux la tendresse consolante du Dieu fait homme ; de Marie, sa Mère et la nôtre. En ce début d'année, parmi toutes les nouveautés que nous voudrions vivre et les nombreuses choses que nous voudrions faire, prenons le temps de voir, c'est-à-dire d'ouvrir les yeux et de les garder ouverts sur ce qui est vraiment important : Dieu et les autres.

Les yeux, le défi de la nouvelle année

Cette contemplation de l'Enfant doit aussi nous conduire à notre prochain. Nous devons nous demander, conclut le pape, "combien de fois, dans notre hâte, nous n'avons même pas le temps de passer une minute en compagnie du Seigneur, d'écouter sa Parole, de prier, d'adorer, de louer". Il en va de même pour les autres : dans la précipitation ou sous les feux de la rampe, on n'a pas le temps d'écouter la femme, le mari, de parler aux enfants, de leur demander comment ils se sentent intérieurement, et pas seulement comment se passent leurs études et leur santé. Et quel bien cela nous fait d'écouter les personnes âgées, le grand-père et la grand-mère, de regarder dans les profondeurs de la vie et de redécouvrir nos racines. Demandons-nous alors si nous sommes capables de voir ceux qui vivent à côté de nous, ceux qui vivent dans notre copropriété, ceux que nous rencontrons tous les jours dans la rue.

François termine son homélie par une invitation : "Redécouvrons, dans l'élan de partir et dans l'émerveillement de voir, les secrets pour rendre cette année vraiment nouvelle.

Vocations

Mgr Arjan Dodaj : Le témoignage de l'évêque venu du rideau de fer

Mgr Arjan Dodaj est archevêque de Tirana-Durrës. Éduqué dans l'athéisme, il émigre dans sa jeunesse en Italie pour travailler. Il y a rencontré le Christ et sa vocation sacerdotale dans la Fraternité des Fils de la Croix.

Espace sponsorisé-1er janvier 2023-Temps de lecture : 2 minutes

Mgr Arjan Dodaj est archevêque de Tirana-Durrës (Albanie). Sa vie n'était pas facile. Il est né à Laç-Kurbin, dans le même archidiocèse, le 21 janvier 1977. En 1993, à l'âge de 16 ans, après avoir terminé ses études primaires et secondaires dans sa ville natale, il émigre en Italie et s'installe à Cuneo, où il commence à travailler.

"A cette époque, nous sortions du rideau de fer dans lequel se trouvait notre pays, et le pluralisme est apparu, et avec lui la possibilité de la démocratie, donc beaucoup d'Albanais ont essayé de trouver un meilleur avenir à l'Ouest. Personnellement, j'ai essayé plusieurs fois de m'échapper, notamment vers l'Italie", raconte-t-il au Fondation CARF.

Il travaille comme soudeur - plus de 10 heures par jour - et c'est finalement dans la Congrégation de la Fraternité des Fils de la Croix qu'il découvre sa foi chrétienne. Il a été éduqué dans l'athéisme, mais lorsqu'il a rencontré le Christ, il a été baptisé et Dieu l'a appelé à la prêtrise.

Il a été ordonné prêtre le 11 mai 2003 par le pape Jean-Paul II dans la basilique Saint-Pierre. Il est maintenant le premier évêque de la Fraternité. "Pour moi, être évêque n'est pas un point d'arrivée, mais un appel à une vigilance encore plus grande, à un service encore plus grand et à une réponse toujours plus humble.

Certains membres de sa congrégation étudient à l'Université pontificale de la Sainte-Croix afin de recevoir une formation adéquate pour faire face à tous les défis mondiaux.

En ce qui concerne les défis apostoliques auxquels son pays est confronté, il a déclaré qu'il était de leur devoir de faire savoir qu'une relation fraternelle avec les autres confessions était possible. "En Albanie, la relation avec l'islam et l'Église orthodoxe est très spéciale, voire unique. Le pape François lui-même l'a présenté au monde comme un exemple de coopération fraternelle. Il est clair qu'il s'agit d'un don que nous ne pouvons jamais considérer comme acquis, mais que nous devons cultiver, accompagner et soutenir, chaque jour. C'est précisément la raison pour laquelle nous rencontrons souvent les différents chefs religieux dans diverses commissions, afin de leur présenter des initiatives intéressantes dans les domaines de la culture, de l'éducation, des femmes, des migrants et de la charité", dit-il.

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Le testament spirituel de Benoît XVI

Benoît XVI a remercié Dieu pour sa famille, sa patrie, a demandé et accordé le pardon et a balisé un seul chemin : Jésus-Christ : "J'ai vu et je vois comment de l'enchevêtrement des hypothèses a émergé et émerge à nouveau le caractère raisonnable de la foi".

Maria José Atienza-31 décembre 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Le Saint-Siège a publié le testament spirituel du pape émérite. En quelques mots simples, la grandeur intérieure de Benoît XVI est évidente. Un testament dans lequel le pape rend grâce pour sa famille, pour la foi et pour le dévouement de beaucoup de ses amis ; il demande pardon à ceux qu'il a pu blesser et lance un appel clair et sans équivoque à ne regarder que Jésus-Christ et à ne pas se laisser tromper par de fausses certitudes. Restez fermes dans la foi ! est le legs spirituel de l'un des plus grands théologiens de l'Église.

Texte intégral du testament spirituel de Benoît XVI

Si je regarde en arrière à cette heure tardive de ma vie et que je passe en revue les décennies que j'ai traversées, je vois tout d'abord combien de raisons j'ai de rendre grâce. 

Tout d'abord, je remercie Dieu lui-même, le dispensateur de tout bien, qui m'a donné la vie et m'a guidé dans divers moments de confusion ; il m'a toujours relevé quand je commençais à glisser et m'a toujours rendu la lumière de son visage.

Avec le recul, je vois et je comprends que même les tronçons sombres et fatigants de cette route étaient pour mon salut et que c'est en eux qu'Il m'a bien guidé.

Je remercie mes parents, qui m'ont donné la vie dans une période difficile et qui, au prix de grands sacrifices, m'ont préparé avec leur amour un magnifique foyer qui, comme une lumière vive, illumine tous mes jours jusqu'à aujourd'hui. 

La foi lucide de mon père nous a appris à croire, à nous les enfants, et comme un signe, il a toujours tenu bon au milieu de toutes mes réalisations scientifiques ; la profonde dévotion et la grande bonté de ma mère sont un héritage dont je ne pourrai jamais la remercier assez. 

Pendant des décennies, ma sœur m'a assisté de manière désintéressée et avec une attention affectueuse ; mon frère, avec la lucidité de son jugement, sa résolution vigoureuse et la sérénité de son cœur, m'a toujours ouvert la voie ; sans cette préséance et ce compagnonnage constants, je n'aurais pas pu trouver le bon chemin. 

Du fond du cœur, je remercie Dieu pour les nombreux amis, hommes et femmes, qu'il a toujours placés à mes côtés ; pour les collaborateurs à chaque étape de mon parcours ; pour les enseignants et les étudiants qu'il m'a donnés. Avec gratitude, je les recommande tous à sa bonté. 

Et je veux remercier le Seigneur pour ma belle patrie dans les Préalpes bavaroises, dans laquelle j'ai toujours vu briller la splendeur du Créateur lui-même. Je remercie les gens de ma patrie parce qu'en eux j'ai expérimenté la beauté de la foi encore et encore. Je prie pour que notre terre reste une terre de foi et je vous en supplie, chers compatriotes : ne vous laissez pas détourner de la foi. 

Et enfin, je remercie Dieu pour toute la beauté que j'ai pu expérimenter à chaque étape de mon voyage, mais surtout à Rome et en Italie, qui est devenue ma seconde patrie.

À tous ceux que j'ai blessés de quelque manière que ce soit, je présente mes excuses du fond du cœur.

Ce que j'ai dit auparavant à mes compatriotes, je le dis maintenant à tous ceux qui, dans l'Église, sont confiés à mon service : restez fermes dans la foi ! Ne soyez pas confus. Il semble souvent que la science - les sciences naturelles d'une part, et la recherche historique (en particulier l'exégèse des Saintes Écritures) d'autre part - soit capable d'offrir des résultats irréfutables en contradiction avec la foi catholique. 

J'ai vécu les évolutions des sciences naturelles sur une longue période, et j'ai vu comment, au contraire, les certitudes apparentes contre la foi se sont évanouies, se révélant être non pas des sciences, mais des interprétations philosophiques n'appartenant qu'en apparence à la science ; tout comme, d'autre part, c'est dans le dialogue avec les sciences naturelles que la foi a aussi appris à mieux comprendre les limites de la portée de ses revendications, et donc sa spécificité. 

Depuis soixante ans, je suis le chemin de la Théologie, en particulier des sciences bibliques, et avec la succession des différentes générations, j'ai vu des thèses qui semblaient inamovibles s'effondrer et se révéler de simples hypothèses : la génération libérale (Harnack, Jülicher, etc.), la génération existentialiste (Bultmann, etc.), la génération marxiste. 

J'ai vu et je vois comment, dans l'enchevêtrement des hypothèses, le caractère raisonnable de la foi a émergé et ré-émerge.

Jésus-Christ est vraiment le chemin, la vérité et la vie, et l'Église, avec toutes ses insuffisances, est vraiment son corps. 

Enfin, je demande humblement : priez pour moi, afin que le Seigneur, malgré tous mes péchés et mes insuffisances, me reçoive dans les demeures éternelles. À tous ceux qui me sont confiés, jour après jour, va ma prière sincère.

(Traduction non officielle)

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Vatican

Pape sur Benoît XVI : "Dieu seul connaît la puissance de ses sacrifices offerts pour l'Église".

Le pape François a présidé la récitation des vêpres et du Te Deum d'action de grâce dans la basilique Saint-Pierre, le dernier soir de l'année 2022, lors d'une cérémonie marquée par la mémoire de Benoît XVI.

Maria José Atienza-31 décembre 2022-Temps de lecture : 3 minutes

La récitation des Vêpres et du Te Deum le 31 décembre a été marquée par le décès du Pape émérite. Dans son homélie en ce dernier jour de 2022, Vêpres de la solennité de Marie, Mère de Dieu, le Pape François a mis en avant la figure du Pape émérite et a axé ses propos sur la vertu de bonté, clé dans le monde d'aujourd'hui.

Benoît XVI, un exemple de bonté

La liberté est le premier concept sur lequel le pape François a voulu réfléchir. Il y fait référence lorsqu'il rappelle que le Christ "n'est pas né dans une femme mais d'une femme". C'est essentiellement différent, cela signifie que Dieu a voulu prendre chair d'une femme, qu'il ne s'est pas servi d'elle mais qu'il a demandé son consentement et qu'avec elle il a commencé le lent chemin de la gestation d'une humanité libre de péché et pleine de grâce et de vérité".

"La maternité virginale de Marie est la voie qui révèle l'extrême respect de Dieu pour notre liberté. Cette manière qu'il a de venir nous sauver est la manière par laquelle il nous invite aussi à le suivre, à continuer avec lui à tisser une humanité nouvelle, libre et réconciliée. Le Pape s'est attardé sur ce mot "humanité réconciliée" pour expliquer que "c'est une manière de se rapporter les uns aux autres dont découlent de nombreuses vertus humaines, comme la bonté".

C'est à ce moment que ses mots ont rappelé "notre bien-aimé Pape émérite Benoît XVI qui nous a quittés ce matin". Avec une émotion contenue, le pape a déclaré que "nous nous souvenons de sa personne, si noble, si douce. Et nous ressentons tant de gratitude dans nos cœurs : gratitude envers Dieu pour l'avoir donné à l'Église et au monde ; gratitude envers lui pour tout le bien qu'il a fait, et surtout pour son témoignage de foi et de prière, surtout dans ces dernières années de sa vie de retraité. Dieu seul connaît la valeur et la puissance de son intercession, de ses sacrifices offerts pour le bien de l'Église".

Les méfaits de l'individualisme du consommateur

Le Pape a voulu proposer cette idée de bonté et de dialogue comme voie à suivre dans la société, en soulignant que "la bonté est un facteur important dans la culture du dialogue, et le dialogue est indispensable si nous voulons vivre en paix, comme des frères, qui ne s'entendent pas toujours - c'est normal - mais qui néanmoins se parlent, s'écoutent et essaient de se comprendre et de se rencontrer".

François nous a encouragés à humaniser nos sociétés en exerçant cette bonté au quotidien, et a souligné que "les dégâts de l'individualisme consumériste sont là pour tous", puisque nos voisins, les autres, "apparaissent comme des obstacles à notre tranquillité d'esprit, à notre confort". Les autres nous "embêtent", nous dérangent, nous prennent notre temps et nos ressources pour faire ce que nous aimons faire".

Dans ce contexte, la bonté, a souligné le pape François, "est un antidote à la cruauté, qui peut malheureusement entrer dans le cœur comme un poison et intoxiquer les relations ; à l'anxiété et à la frénésie distraites qui nous font nous concentrer sur nous-mêmes et nous fermer aux autres".

François a voulu rappeler les trois mots de la coexistence, "permission", ou "pardon", et "merci". Ce sont les "paroles de la bonté", a affirmé le pape.

François s'est à nouveau référé à ces trois attitudes pour réfléchir à la question de savoir si nous les mettons en pratique dans nos vies, dans un monde qui ne semble jamais être aimable.

Enfin, le Pape a tourné son regard vers la Vierge Marie qui montre comment Dieu a voulu être conçu dans le sein de Marie, comme n'importe quel enfant. "Ne passons pas vite, arrêtons-nous pour contempler et méditer, car il y a là une partie essentielle du mystère du salut", a encouragé le Pape, "et essayons d'apprendre la "méthode" de Dieu, son respect infini, sa "bonté" pour ainsi dire, car dans la maternité divine de la Vierge se trouve la voie vers un monde plus humain".

Le Pape s'est joint à la récitation du Te Deum en action de grâce pour l'année écoulée et pour l'héritage du Pape émérite, puis il a visité la crèche installée à l'extérieur de la place Saint-Pierre.

Vatican

Un adieu simple et un enterrement dans les grottes du Vatican pour Benoît XVI

La simplicité marquera les rites funéraires du pape émérite qui l'avait demandé dans ses dernières heures.

Maria José Atienza-31 décembre 2022-Temps de lecture : < 1 minute

Comme l'a fait savoir le Saint-Siège, la dépouille du pape émérite Benoît XVI reposera au monastère Mater Ecclesiae jusqu'aux premières heures du lundi 2 janvier. Aucune visite officielle ou prière publique n'est prévue pour ces deux premiers jours.

Le corps de Joseph Ratzinger sera exposé aux fidèles dans la basilique Saint-Pierre, qui sera ouverte lundi de 9h à 19h, mardi et mercredi de 7h à 19h, de 9h à 19h.

Messe de funérailles présidée par le Pape François

Les funérailles, présidées par le Saint-Père, auront lieu sur la place Saint-Pierre le jeudi 5 janvier à 9h30.

Le 5 janvier 2023, à 9 h 30, dans l'atrium de la basilique Saint-Pierre, le Saint-Père François présidera la messe des funérailles de feu le Souverain Pontife émérite Benoît XVI. À la fin de la célébration eucharistique, l'Ultima Commendatio et le Valedictio auront lieu.

Aucun billet n'est nécessaire pour participer. Ceux qui souhaitent concélébrer peuvent contacter le Bureau des célébrations liturgiques du Souverain Pontife. Les délégations officielles présentes seront celles de l'Allemagne et de l'Italie.

Le cercueil du pape émérite sera transporté à la basilique Saint-Pierre, puis dans les grottes du Vatican pour y être enterré.

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La jeunesse de Benoît XVI

Je fais partie de ces jeunes qui voient aujourd'hui comment leur Pape, Benoît XVI, a quitté le monde en douceur. Avec la même humilité avec laquelle, il y a dix ans, il a cédé la place à son successeur pour diriger l'Église du Christ.

31 décembre 2022-Temps de lecture : < 1 minute

Oui, je suis l'un des jeunes du pape qui est allé au ciel aujourd'hui.

Oui, je suis l'un de ces jeunes qui ont scandé le nom de Benoît XVI dans les rues de Madrid et à l'aérodrome de Cuatro Vientos il y a plus de dix étés.

De cette jeunesse pour laquelle un homme de 83 ans a enduré plus de 40 degrés au soleil et une tempête d'air et de pluie la nuit, accroché à la Croix.

De ces jeunes à qui le Pape a enseigné que - tout comme cette nuit où nous avons résisté sous la pluie - avec le Christ nous pouvons aussi surmonter tous les obstacles de la vie.

Je suis l'un de ces jeunes en qui ce Pape, de constitution fragile, a placé sa confiance, ces jeunes à qui il a demandé sans équivoque d'être toujours joyeux, et de témoigner en toutes circonstances.

Je fais partie de ces jeunes qui, aujourd'hui, voient leur Pape quitter le monde tranquillement. Avec la même humilité avec laquelle, il y a dix ans, il a cédé la place à son successeur pour diriger l'Église du Christ.

Oui, je fais partie de ces jeunes qui devraient remercier Benoît XVI pour tout ce qu'il leur a appris, non seulement par ses paroles, mais aussi par son exemple de dévouement même dans les difficultés.

Aujourd'hui est un jour pour remercier Dieu pour Joseph Ratzinger, parce qu'un jour il l'a choisi et l'a mis à notre service.

Aujourd'hui est un jour pour prier pour lui, pour le prier et pour prier pour l'Église du Christ. Aujourd'hui comme hier, nous sommes toujours la jeunesse du pape. De celui qui était et de celui qui vient.

Car aujourd'hui comme hier, nous proclamons que c'est notre Pape, que c'est notre Église, que nous sommes, sinon en âge, du moins en cœur, sa joie et sa couronne.

L'auteurMaria José Atienza

Directeur d'Omnes. Diplômée en communication, elle a plus de 15 ans d'expérience dans la communication ecclésiale. Elle a collaboré avec des médias tels que COPE et RNE.

Vatican

Benoît XVI meurt à l'âge de 95 ans

Rapports de Rome-31 décembre 2022-Temps de lecture : < 1 minute
rapports de rome88

Le pape émérite est décédé à 9 h 34 le dernier jour de l'année 2022. Depuis sa démission, Benoît XVI vivait dans le monastère Mater Ecclesiae, sur le territoire du Vatican, où il est décédé.


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Monde

Le monde fait ses adieux à Benoît XVI

Des personnalités civiles et religieuses du monde entier ont exprimé leurs condoléances à l'occasion du décès du pape Benoît XVI.

Maria José Atienza-31 décembre 2022-Temps de lecture : 4 minutes

Le décès du pape émérite a marqué les derniers mois de 2022. Une année déjà difficile pour l'ancien souverain pontife de l'Église catholique depuis près de huit ans.

Des personnalités religieuses et civiles du monde entier ont manifesté leur respect et leur admiration pour Joseph Ratzinger et ont souligné son humanité et son héritage théologique, en particulier son orientation vers la charité.

Mgr Georg Bätzing. Président de la Conférence épiscopale allemande

Le premier communiqué du président des évêques allemands, patrie de Benoît XVI, déclare : "En tant qu'Église d'Allemagne, nous pensons avec gratitude au pape Benoît XVI : il est né dans notre pays, ici était sa maison, ici il a contribué à façonner la vie de l'Église en tant que professeur de théologie et évêque". De la part de l'Église d'Allemagne, nous pensons avec gratitude au pape Benoît XVI : il est né dans notre pays, ici était sa maison, ici il a contribué à façonner la vie de l'Église en tant que professeur de théologie et évêque". de Benoît XVI, il souligne sa "personnalité qui a donné espoir et direction à l'Église même dans les moments difficiles". Le pape Benoît a fait entendre la voix de l'Évangile, de manière opportune ou inopportune". Mgr Bätzing a souligné que "sa pensée théologique, sa capacité de jugement politique et son interaction personnelle avec de nombreuses personnes ont distingué le pape Benoît XVI. Je pense avec beaucoup de respect à sa décision courageuse de démissionner de son poste de pape en 2013.

Mgr Juan José Omella. Président de la Conférence épiscopale espagnole

Le président des évêques espagnols, dans une vidéo publiée par la CEE à l'occasion du décès du pape émérite, a remercié "son profond ministère de pape, ses écrits théologiques et son amour profond pour l'Église". Omella a demandé "qu'il prie le Père afin que nous ne nous écartions pas du chemin qui mène au Dieu fait homme". Il a également voulu souligner que "sa proximité avec l'Eglise en pèlerinage en Espagne restera à jamais" et a rappelé les "trois occasions où il s'est rendu en Espagne ainsi que la proclamation du doctorat de Saint Jean d'Avila".

Les leaders mondiaux

Les principaux dirigeants politiques européens se sont associés aux condoléances pour le décès du pape émérite Benoît XVI, rappelant l'importance historique de sa figure et de son héritage théologique.

Depuis l'Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a décrit Benoît XVI comme "un théologien, un leader spécial pour l'Église, capable de transcender les frontières, qui a mis sa vie au service de l'Église universelle et qui a parlé, et continuera de parler, au cœur et à l'esprit des hommes avec la profondeur spirituelle, culturelle et intellectuelle de son Magistère".

Le président du Conseil italien, Giorgia Meloni, a pour sa part qualifié le pape émérite de "grand homme d'histoire que l'histoire n'oubliera pas", tandis qu'Emmanuel Macron a souligné le travail de Benoît XVI "avec âme et intelligence pour un monde plus fraternel".

Toujours en Pologne, Mateusz Morawiecki a décrit Benoît XVI comme l'un des plus grands théologiens de notre temps et a appelé les croyants et les non-croyants à poursuivre son "grand héritage".

La présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula Von der Leyen, a centré son souvenir sur le "signal" que Benoît XVI a envoyé avec sa démission, qui a montré comment le pape émérite "se considérait avant tout comme un serviteur de Dieu et de l'Église".

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, s'est également joint aux condoléances, rappelant la "visite historique qu'il a effectuée au Royaume-Uni en 2010, pour les catholiques comme pour les non-catholiques".

Ángel Fernández Artime. Recteur majeur des salésiens

Le supérieur de la famille salésienne a publié une déclaration dans laquelle il souligne qu'"un grand Pape, un grand croyant, un grand théologien et penseur, un homme capable de construire des ponts de communication avec les philosophes, théologiens et intellectuels les plus divers, est parti à la rencontre de son Seigneur. Un Pape qui était respecté et qui sera encore plus apprécié dans les années et les décennies à venir ; un homme et un Pape qui a su vivre dans la simplicité et le silence. Que le Dieu de la vie le garde avec lui. En tant que fils de Don Bosco, et comme il l'a enseigné à tous ses salésiens, aujourd'hui nous disons aussi : Vive le Pape !

Sociétés missionnaires pontificales

Les Œuvres pontificales missionnaires ont également exprimé leur tristesse à l'occasion du décès du Pape émérite dont elles soulignent qu'au cours de "ses huit années de pontificat, le Saint-Père Benoît XVI nous a transmis son amour de Dieu, non seulement à travers son magistère et son brillant exposé de la doctrine, mais surtout à travers le témoignage de sa vie. En tant que pasteur de l'Église universelle, le pape souhaite répandre la foi et l'amour de Dieu dans le monde entier. Les Œuvres Pontificales Missionnaires en sont un instrument privilégié, comme il l'a lui-même exprimé dans ses Messages pour la Journée Mondiale des Missions, le Domund.

Caritas espagnole

La délégation espagnole de Caritas a exprimé sa tristesse à l'annonce du décès de Benoît XVI, et a tenu à souligner son "magistère particulièrement significatif pour la Caritas espagnole à travers ses encycliques "Deus caritas est" et "Caritas in veritate".

Ils notent également que "après une longue vie d'admirable service de la Parole et de la Vérité, Benoît XVI nous laisse en héritage l'un des grands papes de l'histoire de l'Église, apôtre de la charité et de l'espérance".

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Vatican

Benoît XVI : le grand discernement sur le Concile

Le pontificat de Benoît XVI laisse comme trace la profondeur inhabituelle d'une foi chrétienne qui évangélise en cherchant le dialogue avec le monde moderne.

Juan Luis Lorda-31 décembre 2022-Temps de lecture : 5 minutes

Huit ans, c'est peu comparé aux presque vingt-sept ans du pontificat précédent. Saint Jean-Paul II était le pape - et peut-être l'être humain le plus visible et le plus médiatique de l'histoire. Il avait également une grande expérience de la scène, une longue expérience en tant qu'évêque et une sensibilité particulière dans les relations avec les médias. Benoît XVI, quant à lui, à 78 ans, a dû apprendre à saluer les foules.

Iras de l'islamisme

Depuis le célèbre Discours de Ratisbonne il est devenu évident que le nouveau pape n'était pas "favorable aux médias". Bien qu'il s'agisse d'un discours de grande qualité intellectuelle, une citation marginale sur l'intolérance religieuse a focalisé l'attention car elle a suscité l'ire de l'islamisme.

Mais elle a également donné lieu à une offre de dialogue inattendue et inhabituelle de la part d'un groupe important d'intellectuels musulmans. L'anecdote reflète certaines des caractéristiques du pontificat. Une certaine solitude administrative, car tout communicateur avisé qui aurait lu le discours aurait pu le prévenir de ce qui allait se passer. Un certain désaccord avec les usages et les critères des médias, qui ont besoin de profils simples, de phrases pour les titres et de gestes pour les photos. Mais aussi une profondeur inhabituelle qui place la foi chrétienne en dialogue avec les sciences, avec la politique, avec les religions. Et cette profondeur d'une foi qui évangélise en cherchant le dialogue sera probablement la marque laissée par le pontificat de Benoît XVI.

Il est arrivé au pontificat avec la sagesse de tant d'années de réflexion théologique, avec une énorme expérience de la situation de l'Église, avec certaines questions qui lui semblaient mal résolues et avec la pleine conscience des limites que lui impose son âge. En peu de temps, sans adopter aucune posture, il s'est installé dans son ministère épuisant et sa personnalité est devenue claire : sereine, simple et amicale. En même temps, il ne perdait jamais un certain sérieux académique lorsqu'il prononçait ses discours, car il était convaincu de ce qu'il disait.

Discours clés

À ses trois encycliques importantes, où l'on peut facilement découvrir des préoccupations anciennes, il faut ajouter son magistère ordinaire, avec quelques discours très importants lors de ses voyages (Ratisbonne, l'ONU, Westminster), et surtout avec de nombreuses interventions "mineures", qui portent sa marque : surtout les audiences et le bref Angelus. Dans les auditoires, il retrace l'histoire de la théologie et de la pensée chrétienne depuis les premières figures de l'Évangile. Et dernièrement, il nous a offert de précieuses considérations sur la foi.

Son esprit s'est exprimé avec une vitalité particulière dans des contextes plus petits et plus informels, peut-être parce qu'ils lui ont laissé plus de liberté. Paradoxalement, l'un des textes les plus importants du Pontificat est son premier discours à la Curie (22 décembre 2005). Il s'agissait d'une simple réunion pour envoyer des vœux de Noël. Mais il y a fait un diagnostic profond du sens du Concile Vatican II, et de sa véritable interprétation comme une réforme et non comme une rupture dans la tradition de l'Église. Et il a ajouté un discernement précis de la liberté religieuse, le grand thème de la culture politique de la modernité. Il répond ainsi aux Lefevbrians, pour qui le Concile est hérétique précisément parce qu'il a changé la position de l'Église sur ce point. 

Il est intéressant de noter que dans son adieu au clergé à Rome, le 14 févrierest revenu sur le sens du Concile. Une fois de plus, il a fait une évaluation lucide de ses réalisations, de son actualité, mais aussi des déviations post-conciliaires et de leurs causes.

Nous ne savons pas dans quelle mesure il voudra vivre sa retraite, mais il serait merveilleux que sa sagesse ecclésiale et théologique puisse être recueillie dans de nouveaux ouvrages.

Trois problèmes majeurs

Dans son célèbre discours de Noël 2005, Benoît XVI a déclaré que le Concile voulait rétablir le dialogue avec le monde moderne et qu'il s'était fixé trois cercles de questions. Il n'est pas nécessaire d'être très perspicace pour constater que trois grandes questions se sont posées à Benoît XVI en tant que théologien, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et pape. Il s'agit du rapport de la foi aux sciences humaines (y compris l'exégèse biblique), de la situation de l'Église dans un contexte démocratique, notamment dans les pays anciennement chrétiens, et du dialogue avec les autres religions.

C'est dans ce contexte que nous devons placer ses trois livres sur Jésus de Nazareth, un projet de longue date, caressé pendant des années, planifié comme une occupation pour sa retraite désirée, et écrit dans le temps libre d'un emploi du temps épuisant. Depuis de nombreuses années, il était préoccupé par une interprétation de l'Écriture qui, dans son effort pour être scientifique, semblait oublier la foi. Dans ces trois livres, il tente de faire une lecture croyante qui, en même temps, respecte les exigences scientifiques de l'exégèse. Les prologues sont particulièrement intéressants.

Tests et défis

Lorsqu'il est arrivé au pontificat, il était conscient des questions très difficiles auxquelles il avait été confronté en tant que préfet. En particulier le scandale de certains prêtres et de certaines institutions religieuses. Il a immédiatement ordonné des mesures disciplinaires et a revitalisé les processus canoniques, plutôt oubliés par une certaine "bonne volonté" post-conciliaire. Il n'hésitait pas à admettre que c'était ce qui l'avait le plus fait souffrir.

Pour d'autres raisons, le schisme Lefevrier a été un sujet inconfortable. Mais Benoît XVI n'a pas voulu que le schisme se solidifie. Il a fait de son mieux pour rapprocher les traditionalistes, en surmontant les débordements de ses interlocuteurs tendus et difficiles, et les critiques féroces d'autres personnes qui avaient besoin de se sentir progressistes. Il a avancé sans pouvoir parvenir à une conclusion.

En partie en réponse aux critiques de certains, mais surtout pour des raisons de critères liturgiques, Benoît XVI a mis fin à la dialectique post-conciliaire entre "ancienne" et "nouvelle" liturgie. Il ne sert à rien de les opposer, car la même Église et avec la même autorité a fait l'un et l'autre. Faisant fi des étiquettes, Benoît XVI a voulu préciser que l'Eglise a légitimement réformé sa liturgie, mais que le rite antérieur n'a jamais été officiellement aboli ; pour cette raison, il a stipulé qu'il peut être célébré comme une forme extraordinaire. 

Benoît XVI aime la liturgie. Il le déclare dans sa biographie. Selon son souhait exprès, le volume consacré à la liturgie a été le premier de ses œuvres complètes à être publié. Outre sa piété personnelle dans la célébration, nous avons vu son intérêt pour le style et la beauté des vêtements et des objets liturgiques, son attention au chant et à la musique sacrée, et sa recommandation de préserver le latin dans les parties communes de la liturgie, en particulier dans les célébrations de masse. En outre, elle a favorisé l'étude de certaines questions particulières (la "pro omnes-pro multis",  le lieu du geste de paix, etc.).

Questions curieuses

Benoît XVI est un homme de pensée et non un homme de gestion. En tant que préfet, il avait vécu concentré sur son travail et dans un isolement relatif. C'est pourquoi il s'est appuyé dès le départ sur les personnes qui constituaient son cercle de confiance dans la Congrégation. En particulier, son secrétaire d'État, le cardinal Bertone.

On sait à quel point les "coups" curiaux, les difficultés à mettre de l'ordre dans les affaires économiques ou la surprenante affaire de l'intendant et de la fuite de documents ont déplu au pape. Il est difficile d'évaluer, sans plus d'informations, dans quelle mesure tout cela a pu influencer sa décision de se retirer. Cependant, d'après les raisons qu'il a lui-même données, il est clair qu'il estime avoir besoin de quelqu'un avec plus d'énergie qu'il ne lui en reste pour faire face aux défis actuels de la gouvernance de l'Église ; et qu'il considère que cela ne doit pas attendre.  

Lorsque nous regardons avec les yeux de la foi les problèmes auxquels l'Église a toujours été confrontée, nous voyons combien nous devons remercier le Seigneur pour l'extraordinaire liste de papes qui ont dirigé la barque de Pierre au cours des deux derniers siècles. Tous ont été des hommes de foi et chacun a donné le meilleur de lui-même. C'est une liste presque aussi bonne que celle des papes des premiers siècles, dont la plupart étaient des martyrs. Et bien mieux que dans d'autres siècles difficiles, comme le Xe ou le XVe, où même des personnes indignes accédaient au pontificat. Les temps difficiles purifient la foi, tandis que les temps faciles l'embourgeoisent.

Nous devons beaucoup de choses à Benoît XVI, mais surtout son témoignage de foi et un grand discernement du Concile et du dialogue évangélisateur que l'Église doit mener avec le monde moderne.

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Benoît XVI. Coopérateur de la vérité

La vérité de Dieu créateur et rédempteur, dont le Saint-Père Benoît XVI était un chercheur incessant, illumine le crépuscule des dernières années de sa vie passées dans la prière, le silence et une humilité exemplaire.

31 décembre 2022-Temps de lecture : 4 minutes

Le pape émérite Benoît XVI est décédé. Si quelque chose a caractérisé sa longue vie, depuis son enfance et son adolescence comme séminariste au petit séminaire de l'archidiocèse de Munich, situé à Traunstein, dans les contreforts des Alpes bavaroises, jusqu'à ses dernières années comme Pape émérite, c'est sans aucun doute sa vocation à vouloir être un "Coopérateur de la Vérité" : de la Vérité de Dieu, révélée dans le Christ pour le Salut de l'humanité. 

Il était un coopérateur de la Vérité, la recherchant avec la passion de son cœur et la lucidité intellectuelle d'un esprit inquiet dans ses études théologiques au grand séminaire de Freissen, ce qui a trouvé sa confirmation dans sa thèse de doctorat et dans sa qualification d'enseignant universitaire.

La théologie de Saint Augustin lui fournit l'horizon théologique pour comprendre et expliquer l'être de l'Église comme "Peuple et Maison de Dieu", et celle de Saint Bonaventure, à partir de son "Itinéraire de l'esprit vers Dieu", il reçoit l'inspiration intellectuelle pour comprendre la Vérité du Dieu vivant qui se révèle dans une histoire du Salut, culminant dans le Christ, le Fils de Dieu, incarné dans le sein d'une Vierge, Marie, crucifié, mort et ressuscité.

Ses deux décennies en tant que professeur de théologie à Bonn et Münster, Tübingen et Regensburg, au cours desquelles il a combiné enseignement et recherche, conférences et publications avec une extraordinaire fécondité pédagogique, révèlent une compréhension de la recherche de la vérité révélée en Dieu dans laquelle le dialogue Foi/Raison se déroule avec une discipline logique rigoureuse et, en même temps, avec une extraordinaire sensibilité spirituelle aux questions de ses lecteurs et auditeurs. Combien son fascinant traité d'"Introduction au christianisme" a aidé les générations de jeunes étudiants universitaires de ce moment historique dramatique à trouver le chemin de la vérité avec une majuscule : trouver le Dieu vivant au-delà, mais pas contre, le Dieu des philosophes ! 

Les étapes suivantes de sa biographie en tant qu'archevêque - à peine cinq ans - et en tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi - près de vingt-cinq ans - ont été centrées sur le service de la foi de l'Église en tant que collaborateur proche et intime du pape saint Jean-Paul II dans l'accomplissement de son premier devoir de successeur de Pierre, qui n'est autre que de "confirmer ses frères dans la foi". Sa méthode de travail suivait le principe "Anselmien" de "Fides quaerens intellectum" - "Intellectus quaerens Fidem" ("la foi recherchant l'intelligence" et "l'intelligence recherchant la foi"). Un principe mis en pratique avec le soin exquis d'un dialogue toujours attentif et toujours sympathique aux thèses opposées. L'ensemble du débat des années 80 du siècle dernier autour de la théologie de la libération en est une preuve évidente.

Enfin, son magistère au cours des huit années de son pontificat se concentre sur la Vérité de Dieu qui est Amour (son encyclique "Deus Caritas est") et le fondement ultime de l'Espérance qui ne déçoit pas (son encyclique "Spes Salvi"). La dernière encyclique, "Caritas In Veritate" ("L'amour dans la vérité", CV), publiée le 29 juin 2009, au milieu de la crise financière mondiale dont l'épicentre était la Bourse de New York - et qui a rapidement débouché sur une grave crise sociale, politique et culturelle - vise à montrer comment la foi dans le Dieu vivant et vrai, révélé dans le Christ, ouvre la voie au véritable progrès humain - le progrès intégral - ou, en d'autres termes, ouvre la voie à la réalisation d'un humanisme vrai et authentique. Le soi-disant "tournant anthropologique" de la pensée moderne et post-moderne, qu'il connaissait bien, n'est pas seulement vidé de son sens, mais au contraire, sa signification pour le bien transcendant de la personne humaine et de la société est authentifiée et consolidée. 

Il n'est donc pas surprenant que l'une des conclusions pratiques de l'encyclique soit qu'"il n'y a pas de plein développement ni de bien commun universel sans le bien spirituel et moral des personnes, considérées dans leur totalité d'âme et de corps" (CV 76) et, en même temps, que "le développement a besoin de chrétiens aux bras levés vers Dieu dans la prière, de chrétiens conscients que l'amour plein de vérité, "caritas in veritate", dont procède le développement authentique, n'est pas le résultat de nos efforts mais un don" (CV 79). 

Dans son homélie sur la place de l'Obradoiro, à Saint-Jacques-de-Compostelle, le 6 novembre 2010 (lors de son deuxième voyage pastoral en Espagne), il a déclaré : "Lui seul - Dieu - est l'amour absolu, fidèle, indéfinissable, un but infini qui se cache derrière tous les biens admirables, les vérités et les beautés de ce monde : admirables mais insuffisants pour le cœur de l'homme. Sainte Thérèse de Jésus l'a bien compris lorsqu'elle a écrit : "Dieu seul suffit".

À la fin des Journées mondiales de la jeunesse à Madrid, le 21 août 2011, lors de ses adieux à l'Espagne, il nous a dit : " L'Espagne est une grande nation qui, dans une coexistence ouverte, plurielle et respectueuse, sait et peut progresser sans renoncer à son âme profondément chrétienne et catholique ", et que " les jeunes répondent avec diligence lorsqu'on leur propose avec sincérité et vérité la rencontre avec Jésus-Christ, unique Rédempteur de l'humanité ".

La vérité de Dieu créateur et rédempteur de l'homme, la VÉRITÉ qui est Lui et Lui seul, dont le Saint-Père Benoît XVI a été un chercheur, un coopérateur, un témoin et un enseignant incessant tout au long d'une vie entière consacrée au Christ, illumine le crépuscule des dernières années de sa vie passée dans la prière, le silence et une humilité exemplaire. Dans la préface du premier volume de sa monographie "Jésus de Nazareth", publiée en 2007, il avoue : "Je n'ai certainement pas besoin de dire expressément que ce livre n'est en aucun cas un acte magistériel mais seulement l'expression de ma recherche personnelle du visage du Seigneur". Un visage qu'il a déjà trouvé dans la contemplation éternelle de sa Beauté infinie. Ainsi nous prions, unis à la prière de toute l'Eglise pour celui qui s'est toujours considéré comme "son humble ouvrier dans la vigne du Seigneur".

L'auteurAntonio M. Rouco Varela

Cardinal archevêque émérite de Madrid. Président de la Conférence épiscopale espagnole de 1999 à 2005 et de 2008 à 2014.

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Vatican

Décès de Benoît XVI

Le pape émérite est décédé à 9 h 34 ce matin au monastère Mater Ecclesiae, au Vatican, après une vie de service sans faille pour l'Église. Il avait 95 ans. Éminent professeur et éminent théologien, il a surpris le monde en démissionnant de la papauté en février 2013.

Maria José Atienza-31 décembre 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Benoît XVI est décédé aujourd'hui à 9h34 au monastère Mater Ecclesiae du Vatican à l'âge de 95 ans. Le pape émérite, qui résidait au monastère Mater Ecclesiae depuis sa démission, avait vu sa santé se dégrader ces derniers jours. Le pape François, en fait, a demandé des prières pour la santé de son prédécesseur lors de l'audience hebdomadaire du mercredi 28 décembre.

Né à Marktl am Inn, dans le diocèse de Passau (Allemagne), Josep Ratzinger est né le 16 avril 1927 (samedi saint) et a été baptisé le même jour. La croix restera présente dans la vie du jeune homme, prêtre, évêque et cardinal tout au long de sa vie.

Doté d'une intelligence exceptionnelle et d'une humanité palpable pour ceux qui l'ont connu, dans la Une biographie détaillée qui peut être trouvée dans OmnesL'humilité d'un brillant professeur et éminent théologien, dont le Opera Omnia offre une pensée et une analyse éclairées de l'Église et de l'humanité d'aujourd'hui.

Le Magistère pontifical de Benoît XVI est condensé, notamment, dans ses trois encycliques Caritas in veritateSpe Salvi y Deus caritas est. Cependant, son héritage théologique prolifique s'étend de son travail à l'université. phase initiale en tant que professeur et prêtre, le temps à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foiainsi que son en tant que Souverain Pontife de l'Église catholique. Une œuvre très vaste et profonde, d'une grande profondeur doctrinale et morale, sans laquelle on ne peut comprendre l'Église d'aujourd'hui.

La création de la Fondation Joseph Ratzinger au Vatican a donné un coup de pouce au travail et à l'enseignement du pape. Cette fondation a notamment promu la publication des œuvres complètes de Joseph Ratzinger, Opera Omnia. Bien qu'ils ne soient actuellement disponibles dans leur intégralité qu'en italien, ces volumes contiennent les principaux éléments de la pensée théologique de Joseph Ratzinger.

Ces dernières années, Benoît XVI a dû subir une nouvelle vague de contradictions avec l'accusation portée contre lui de ne pas avoir agi avec assez de force dans une affaire d'abus lorsqu'il était à la tête du diocèse de Munich. Une accusation sans preuves tangibles qui a conduit le théologien suisse Martin Rhonheimer pour dénoncer une tentative de destruction de la réputation du théologien Joseph Ratzinger à la fin de sa vie.

La santé fragile du pape émérite s'est détériorée dans les derniers jours de décembre 2022, bien qu'il soit "lucide et stable" malgré la gravité de son état. Ce matin, dans un très bref communiqué, le Saint-Siège a annoncé le décès du pape émérite à 9h34 au monastère Mater Ecclesiae du Vatican.

Comme l'a indiqué Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le pape François présidera les funérailles pour le repos éternel de son prédécesseur le 5 janvier à 9h30 dans la basilique Saint-Pierre au Vatican. M. Bruni rapporte également que Benoît XVI a reçu l'onction des malades mercredi dernier à la fin de la messe au monastère et en présence des Memores Domini, qui l'assistent quotidiennement depuis des années. Avant sa mort, le pape émérite a demandé que tout soit marqué par la simplicité, une qualité avec laquelle il vivait.

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Actualités

Le Magistère de Benoît XVI

Benoît XVI, le Pape de la Parole, en plus de ses discours toujours inspirés, nous a laissé trois magnifiques encycliques et quatre exhortations apostoliques. L'amour, la vérité, l'espérance, la Parole de Dieu et la liturgie étaient les thèmes principaux de ses écrits.

Pablo Blanco Sarto-31 décembre 2022-Temps de lecture : 5 minutes

Benoît XVI n'a pas seulement été "le pape de la raison", mais aussi le pape de l'amour et de l'espérance, à en juger par les titres de ses encycliques. Il a également été "le pape de la parole", au regard des discours et homélies inspirants qu'il a prononcés au cours d'un pontificat bref mais intense.

Dans ces lignes, nous nous concentrerons principalement sur les encycliques et les exhortations apostoliques afin de présenter une vision unifiée du programme de son pontificat.

Amour, vérité et espoir

Ce sont les trois piliers centraux de son magistère. Benoît XVI a commencé sa première encyclique, intitulée Deus caritas est, daté du jour de Noël 2005. Tout d'abord, l'amour. Il y a présenté une "révolution de l'amour" qui n'a pas encore complètement réussi dans notre petit monde. Il y a toujours la faim, la pauvreté, l'injustice et la mort d'innocents. Pour que cette "révolution de l'amour" se réalise une fois pour toutes, nous a-t-il rappelé, il ne faut pas oublier deux mots : Dieu et le Christ.

Jésus-Christ est "l'amour de Dieu incarné", qui se concrétise non seulement dans la charité envers les autres, mais surtout sur la croix et dans l'Eucharistie. C'est la source de tout notre amour pour Dieu et le prochain : tout amour et toute charité véritables viennent de Dieu. Le site eros peut être transformé en agape Chrétien, après un processus de purification. C'est une chose que l'Église ne pouvait oublier et qu'elle devait rappeler à ce monde quelque peu cruel. L'amour peut changer le monde, a répété Benoît XVI avec une certitude qui devrait nous faire réfléchir.

Puis vint une nouvelle encyclique, cette fois sur l'espérance. Il est paru le 30 novembre, en la fête de Saint-André, l'apôtre auquel les orientaux vouent une dévotion particulière, et à la veille de la période de l'Avent, saison de l'espoir. Benoît XVI a publié cette deuxième encyclique sur la deuxième vertu théologale, après celle sur la charité. Celui qui, en tant que préfet, avait été le "gardien de la foi" était désormais aussi le pape de l'amour et de l'espérance.

Le titre est tiré de St Paul : spe salvisauvés par l'espérance" (Rm 8,24). Dans la nouvelle encyclique, le ton œcuménique est marqué, surtout lorsqu'elle se réfère à la doctrine du purgatoire, dans laquelle elle fait explicitement référence à la théologie orthodoxe, et la présente avec une approche personnaliste et christocentrique facile à comprendre (cf. n. 48).

Le purgatoire est une rencontre avec le Christ qui nous embrasse et nous purifie. En même temps, le pape allemand a proposé un dialogue critique avec une modernité qui cherche l'espoir.

Contrairement à l'encyclique sur l'espérance, qui a été rédigée personnellement par le pape de la première à la dernière ligne, dans la Caritas in veritate de nombreux esprits et mains avaient travaillé. Benoît XVI y a laissé son empreinte, déjà visible dans les mots du titre qui associent indissolublement charité et vérité, une proposition résolument ratzingerienne. "Injecter au monde plus de vérité et d'amour", résumait le titre d'un journal. "Ce n'est qu'avec la charité - éclairée par la foi et la raison - qu'il est possible d'atteindre des objectifs de développement dotés d'une valeur humaine", a déclaré le pape allemand.

Il s'agissait de la première encyclique sociale de son pontificat, publiée dix-huit ans après la dernière encyclique sociale de Jean-Paul II, Centesimus annusde 1991. Les journaux, les stations de radio et de télévision du monde entier étaient impatients d'entendre ce que le pape avait à dire sur la situation économique actuelle. Caritas in veritateCependant, il est allé au-delà de la crise. "Les difficultés actuelles passeront dans quelques années, mais le message de l'encyclique restera", a assuré Monseigneur Martino.

Le pain et la parole

Sacramentum caritatis, Sacrement de l'amour : tel est le titre de la lettre apostolique du pape allemand sur l'Eucharistie, issue du synode des évêques qui s'est tenu à Rome en octobre 2005. Il s'agissait d'une réunion convoquée par Jean-Paul II pour que toute l'Église réfléchisse à ce qui est "son centre et son sommet". Jésus est là", a-t-il rappelé, "l'Eucharistie est le Christ lui-même et donc elle "fait l'Église"", avait écrit saint Jean-Paul II.

Or, en tant que fruit mûr, cette exhortation apostolique est sortie dans la continuité de la première et, jusqu'alors, dernière encyclique de Benoît XVI, significativement intitulée Dieu est amour. Il avait parlé de l'Eucharistie comme de l'ultime manifestation d'amour de la part de Jésus et comme du centre de toute l'Église. Les propositions du synode avaient déjà été publiées en internetLa nouvelle lettre apostolique, à la demande du pape Ratzinger lui-même, n'est donc pas une grande surprise. Il s'agit d'appliquer ce que Vatican II a déjà dit, insiste la nouvelle lettre apostolique.

Le 30 septembre 2010, en la fête de saint Jérôme, un nouveau document a été publié, intitulé Verbum Domini, la parole du Seigneur. Le thème était logiquement scripturaire et était un fruit mûr du synode qui avait eu lieu deux ans plus tôt sur le même sujet. Avec clarté, comme les participants au synode, il souligna tout d'abord que "la foi chrétienne n'est pas une "religion du livre" : le christianisme est la "religion de la parole de Dieu", non pas d'une parole écrite et muette, mais du Verbe incarné et vivant" (n. 7).

Le christianisme n'est pas la religion d'un Livre (comme peuvent l'être le judaïsme ou l'islam), mais d'une Personne : celle de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme. Cependant, cette Personne - Jésus-Christ - avait longuement parlé et prêché des paraboles sublimes. La parole de Dieu est un accès direct au Fils de Dieu, qui est le sommet de toute révélation, le Verbe fait chair.

Nouvelle évangélisation

Après avoir posé les bases sur l'amour, la vérité et l'espérance, ainsi que sur les lieux où se trouve Jésus-Christ - le Pain et la Parole - Benoît XVI s'est lancé dans la "nouvelle évangélisation" déjà proposée par Jean-Paul II.

L'Exhortation Apostolique Post-Synodale Africae munus (2011) a rassemblé les fruits du travail de la deuxième Assemblée spéciale pour l'Afrique du Synode des évêques. " Afrique, terre d'une nouvelle Pentecôte, ayez confiance en Dieu [...] Afrique, Bonne Nouvelle pour l'Église, faites-en sorte qu'elle le soit pour le monde entier ", y a déclaré le pape. Le document de 138 pages contient une grande variété de sujets, mais peut se résumer en un seul point : rester sur le plan spirituel, afin de ne pas devenir un parti catholique. Selon Benoît XVI, le rôle en faveur de la réconciliation, de la justice et de la paix peut être maintenu si l'Église reste fidèle à sa mission spirituelle de réconciliation des hommes avec Dieu et entre eux par le Christ.

Sur Porta fidei (2011), le pape allemand a annoncé l'Année de la foi, en parfaite continuité avec la nouvelle évangélisation, dans le contexte du Concile Vatican II, cinquante ans après son début. En ce sens, le chrétien d'aujourd'hui dispose de deux instruments privilégiés pour pouvoir concrétiser et réaliser cette nouvelle évangélisation : le Concile, qui a maintenant cinquante ans, et son Catéchismepromulguée par Jean-Paul II. "Pour avoir accès à une connaissance systématique du contenu de la foi, tous peuvent trouver dans le... Catéchisme de l'Église catholique une subvention précieuse et indispensable. C'est l'un des fruits les plus importants du Concile Vatican II" (n. 11), ajoute maintenant son successeur. L'année de la foi a été l'année du Concile et de son catéchisme.

La foi est un "grand oui" qui contient et implique à son tour l'ensemble de l'existence humaine. La foi et la vie, la croyance et l'expérience sont mutuellement imbriquées dans l'acte de foi. L'évangélisation consiste donc avant tout à montrer la beauté et la rationalité de la foi, à apporter la lumière de Dieu aux hommes de notre temps avec conviction et joie. Le temps nous donnera ce premier texte du Pape François, Lumen fidei (2013), une encyclique "écrite à quatre mains" et le point culminant de l'Année de la foi. La foi, l'espérance et la charité ont été l'héritage du pontificat de Benoît XVI, qui contenait en son cœur Jésus-Christ lui-même présent dans le Pain et la Parole. Nous étions ainsi parfaitement équipés pour la nouvelle évangélisation de ce monde en crise.

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Les moments clés du pontificat de Benoît XVI

Le destin de celui qui allait diriger l'Église sous le nom de Benoît XVI s'était précisé le jour des funérailles de son prédécesseur, lorsqu'il avait prononcé cette émouvante homélie qui commençait par le mot "Suis-moi".

Giovanni Tridente-31 décembre 2022-Temps de lecture : 9 minutes

Dans l'humilité et la vérité, dans le silence et la prière. C'est ainsi que Benoît XVI, pape émérite, a vécu, et c'est ainsi qu'il est parti. Élu sur le trône pontifical le 19 mars 2005, immédiatement après le "grand pape Jean-Paul II", il s'est décrit, dans ses premiers mots adressés à la foule depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre, comme "un simple et humble ouvrier dans la vigne du Seigneur". Et c'est ainsi qu'il est apparu, les manches de sa chemise noire dépassant de sa soutane papale, signe d'un homme d'affaires.
un choix qui n'était peut-être pas prévu.

Timide, mais très cultivé, simple dans ses manières mais complexe dans ses pensées et jamais banal. Un travailleur infatigable. Il l'a démontré au cours des innombrables années qu'il a passées à la Curie romaine comme collaborateur irremplaçable de son prédécesseur, dans l'un des dicastères les plus importants et les plus solides, l'ancienne Congrégation pour la doctrine de la foi.

Le jour de son élection également, il se définit comme un "instrument insuffisant", réconforté par le fait que le Seigneur saura l'utiliser au mieux, sans manquer de "son aide permanente", avec la complicité de sa Sainte Mère Marie. Il a demandé des prières.

Pendant presque huit ans, jusqu'à sa démission, qui a pris effet le 28 février 2013, il n'a baissé les bras devant aucun obstacle, il a mis (et remis) la main à la charrue et a commencé à consolider les éléments fondamentaux de l'édifice de l'Église, qui venait d'atterrir avec toute l'humanité dans un nouveau millénaire plein de changements et de "chocs", récemment orphelin d'un imposant guide spirituel, qui l'avait accompagné par la main pendant plus de 27 ans.

Son destin s'est précisé le jour des funérailles de saint Jean-Paul II, lorsqu'il a prononcé cette émouvante homélie qui commençait par le mot même de "Suis-moi". Quelques jours plus tôt - sur le chemin de croix du Colisée, en méditant sur la neuvième station, la troisième chute de Jésus - il avait alors "pris sur lui" pour dénoncer "les saletés dans l'Église", mais aussi l'arrogance et l'autosuffisance.

Son rêve était de retourner dans son pays natal, de se consacrer à la lecture et de profiter de sa passion pour les chats et de son amour de la musique classique. Au lieu de cela, il a dû assumer tous ces problèmes qu'il avait appris à connaître si bien, et aussi supporter la croix des critiques et des incompréhensions, mais il a dû assumer tous ces problèmes qu'il avait appris à connaître si bien, et aussi supporter la croix des critiques et des incompréhensions.
ouvrant la voie à un processus de réforme que son successeur - le pape François - a pu poursuivre avec aisance. Il l'a fait en toute humilité et en toute vérité.

Une tâche sans précédent, au-delà des capacités humaines

"Une tâche sans précédent, qui dépasse vraiment toutes les capacités humaines". Le dimanche 24 avril 2005, Benoît XVI a entamé son ministère pétrinien en tant qu'évêque de Rome, sur une place Saint-Pierre comble, en présence de plus de 400 000 personnes. Et en exposant la gravité et le poids du mandat qu'il estimait devoir assumer, il a déclaré qu'en fin de compte, son programme de gouvernement ne consisterait pas "à suivre mes propres idées, mais à écouter, avec toute l'Église, la parole et la volonté du Seigneur et à me laisser guider...".
pour Lui, afin que ce soit Lui-même qui guide l'Église en cette heure de notre histoire". La volonté de Dieu qui "ne nous repousse pas, mais nous purifie - peut-être même douloureusement - et nous conduit ainsi à nous-mêmes".

Soyez prêt à souffrir

Le thème de la souffrance apparaît souvent dans le discours d'investiture, comme lorsqu'il explique que "aimer [le peuple que Dieu nous confie] signifie aussi être prêt à souffrir", "donner aux brebis le vrai bien, la nourriture de la vérité de Dieu, de la parole de Dieu, la nourriture de sa présence".

Des mots qui, rétrospectivement, sonnent comme une prophétie. Benoît XVI n'a certes pas été épargné par la souffrance, mais il l'a toujours vécue dans un esprit de service et d'humilité. Si l'on jette un regard rétrospectif sur les presque huit années de son pontificat, certaines des contributions remarquables que le premier pape émérite de l'histoire a laissées en héritage à l'ensemble de l'Église ressortent.

Les trois encycliques

La première contribution est incontestablement magistrale. Quelques mois après le début de son pontificat, Benoît XVI a signé sa première encyclique, "Deus caritas est" (Dieu est amour), dans laquelle il explique comment l'homme, créé à l'image du Dieu-amour, est capable de faire l'expérience de la charité ; initialement rédigée en allemand et signée le jour de Noël 2005, elle a été diffusée le mois suivant.

Le 30 novembre 2007 a été publié "Spe salvi" (Sauvé dans l'espérance), qui confronte l'espérance chrétienne aux formes modernes d'espérance fondées sur les réalisations terrestres, qui conduisent à remplacer la confiance en Dieu par une simple foi dans le progrès. Mais seule une perspective infinie telle que celle offerte par Dieu à travers le Christ peut donner la vraie joie.

La dernière encyclique portant sa signature est datée du 29 juin 2009 et s'intitule "Caritas in veritate" (l'amour dans la vérité). Le souverain pontife passe en revue les enseignements de l'Église sur la justice sociale et invite les chrétiens à redécouvrir l'éthique des affaires et des relations économiques, en plaçant toujours au centre la personne et les valeurs qui préservent son bien.

Il préparait une quatrième encyclique pour compléter la trilogie consacrée aux trois vertus théologales ; elle serait publiée par le pape François le 29 juin 2013, dans le cadre de l'Année de la foi, complétant ainsi l'essentiel de l'œuvre que Ratzinger avait déjà préparée. Il est intitulé "Lumen fidei".

Quatre exhortations post-synodales

L'Eucharistie, la Parole, l'Afrique et le Moyen-Orient sont, quant à eux, les thèmes des quatre exhortations apostoliques qui ont vu le jour sous le pontificat de Benoît XVI, couronnant quatre synodes d'évêques qui ont eu lieu respectivement en 2005, générant le "Sacramentum caritatis" (2006) ; en 2008, avec la publication de "Verbum Domini" (2010) ; en 2009, qui a donné lieu à l'exhortation "Africae munus" (2011) ; et en 2010, qui a donné lieu deux ans plus tard au document "Ecclesia in Medio Oriente".

C'est là que réside l'importance des sacrements et la proximité avec les périphéries du monde, des lieux où l'Église est très vivante, riche en vocations, mais où l'effort " de Rome " pour être plus présent sur ces terres fait souvent défaut.

La trilogie de Jésus de Nazareth

Grâce à sa passion pour l'étude et à ses qualités de fin théologien, Benoît XVI a également offert à la communauté des croyants, au cours des années de son pontificat, trois livres importants sur la figure historique de Jésus, publiés respectivement en 2007, 2011 et 2012. Le parcours narratif commence avec l'"enfance de Jésus" et se poursuit à travers la vie publique du Messie jusqu'à la résurrection.

Ce livre a connu un succès d'édition sans précédent, et de nombreux croyants ont été édifiés par l'histoire de la Personne-Jésus. Pèlerin des peuples, il n'a pas interrompu la tradition de son prédécesseur de voyages apostoliques en Italie et à l'étranger, une série inaugurée quatre mois après le début de son pontificat en se rendant dans sa patrie pour les Journées mondiales de la jeunesse à Cologne. Il est retourné en Allemagne à deux autres reprises, en 2006 (en Bavière, où a eu lieu le fameux "incident de Ratisbonne") et en 2011, lors d'une visite officielle dans le pays. Au total, Benoît XVI a effectué 24 voyages apostoliques à l'étranger, plusieurs en Europe (trois fois en Espagne), mais aussi en Amérique latine (Brésil, Mexique, Cuba), aux États-Unis (2008), en Afrique (Cameroun, Bénin) et en Australie (2008).

Son voyage en Terre sainte, où il s'est rendu en Jordanie, en Israël et dans l'Autorité nationale palestinienne en mai 2009, est certainement significatif, tout comme sa visite au camp de concentration d'Auschwitz, le même mois trois ans plus tôt, où il a prié pour honorer la mémoire des Juifs, des Polonais, des Russes, des Tziganes et des représentants de vingt-cinq nations assassinés par la haine nazie.

Il a également effectué plus de trente visites pastorales et pèlerinages en Italie et autant dans le diocèse de Rome, visitant paroisses, sanctuaires, basiliques, prisons, hôpitaux et séminaires. Pour l'histoire
restera sa visite à L'Aquila en 2009, immédiatement après le tremblement de terre, lorsqu'il est allé prier sur les restes de Célestin V, sur la tombe duquel il a posé son pallium, une prémonition que beaucoup ont associée à sa future démission.

Accidents

Au début de son ministère pétrinien, Benoît XVI avait fait référence à la souffrance, et c'est malheureusement l'un des éléments qui ne lui a pas été épargné du tout, à commencer par quelques malentendus et controverses qui ont eu un écho international.

Le premier remonte à 2006, avec la fameuse "lectio magistralis" à l'université de Ratisbonne, lors de son deuxième voyage en Allemagne, en visite en Bavière. Dans ce cas, l'incident est né de la citation malencontreuse d'une phrase de l'empereur byzantin Manuel II Paléologue sur la guerre sainte, avec des références au prophète Mahomet. Dans son discours, le pape avait rappelé la déclaration "Nostra Aetate" et l'attitude de l'Église à l'égard des religions non chrétiennes, mais à ce moment-là, le malentendu était déjà né, et des réactions violentes ont eu lieu dans le monde islamique.

Benoît XVI a ensuite présenté des excuses publiques, se disant "désolé" et précisant qu'il ne partageait pas la pensée exprimée dans le texte cité. Heureusement, dans les années qui ont suivi, les échanges culturels et théologiques entre catholiques et musulmans se sont multipliés, culminant même par une rencontre au Vatican entre une délégation de théologiens et d'intellectuels islamiques et le Pontife lui-même. Ce fut sans doute le prélude au "Document sur la fraternité humaine", que le Pape François a pu signer quelques années plus tard à Abu Dhabi avec le Grand Imam d'Al-Azhar.

Un deuxième incident a eu lieu à Rome, impliquant la principale université de la capitale, "La Sapienza", où un groupe de plus de 60 professeurs de l'université s'est opposé à la visite de Benoît XVI, qui avait été invité par le recteur de l'époque à prendre la parole lors de l'inauguration de l'année académique 2008. Suite à la vague de controverse, le Saint-Siège a décliné l'invitation. Neuf ans plus tard, en 2017, son successeur François a plutôt pu visiter une autre université civile romaine, "Roma Tre".

Après le malentendu avec les musulmans, en 2009 est venu l'incident avec le monde juif. Benoît XVI avait décidé de remettre l'excommunication de quatre évêques lefebvristes, parmi lesquels Richard
Williamson. Suite à ce geste, il est apparu - via la télévision suédoise SVT - que l'évêque avait par le passé exprimé publiquement des positions négationnistes sur la Shoah. Dans ce cas également, le Saint-Siège a été contraint de publier une note qui, outre la confirmation de la condamnation et du souvenir du génocide des Juifs, exigeait que Mgr Williamson se distancie "de manière absolument sans équivoque et publique de ses positions sur la Shoah" avant d'être admis aux fonctions épiscopales dans l'Église, précisant que ces positions n'étaient pas connues du Pape au moment de la levée de l'excommunication.

D'autres critiques ont été formulées lors de son voyage au Cameroun et en Angola en mars 2009, lorsqu'il a déclaré dans l'avion que la distribution de préservatifs ne serait pas une solution au SIDA - une déclaration stigmatisée par les gouvernements, les politiciens, les scientifiques et les organisations humanitaires, avec des répercussions au niveau diplomatique également.

Lutte contre les abus

Et pourtant, sous le pontificat de Benoît XVI, tout le processus de lutte contre les abus dans l'Église, que le pape François a pu poursuivre de manière plus fluide, a pris un élan irréversible. Le pape Ratzinger a été le premier pontife à présenter des excuses explicites aux victimes d'abus cléricaux et à les rencontrer à plusieurs reprises, par exemple lors de voyages à l'étranger.

Il a été drastique en expulsant un certain nombre de religieux responsables de tels crimes et en établissant les premières règles et directives plus strictes contre ces phénomènes.

Un exemple parmi d'autres est le traitement du "cas Maciel", que Ratzinger avait déjà eu l'occasion d'examiner en profondeur pendant ses années de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.En tant que Pontife, il a fait en sorte que la Congrégation des Légionnaires reçoive une Visitation Apostolique, à la suite de laquelle un Délégué Pontifical - le regretté Cardinal Velasio De Paolis - a été nommé, ce qui a ensuite conduit à la révision des statuts et règlements, après que la culpabilité du fondateur ait été publiquement reconnue et qu'un processus complet de renouvellement et de guérison ait été mis en marche.

Un autre phénomène est celui de l'Irlande, suite à la publication des rapports Ryan et Murphy qui ont dénoncé de nombreux cas d'abus sexuels sur mineurs par des prêtres et des religieux des années 1930 à 2000, avec des tentatives de dissimulation par l'Église locale. En 2006 déjà, s'adressant aux évêques du pays venus à Rome en visite "ad limina", Benoît XVI avait déclaré que "les blessures causées par de tels actes sont profondes et qu'il est urgent de rétablir la confiance là où elle a été endommagée". En outre, il est nécessaire "de prendre toutes les mesures pour éviter qu'une telle situation ne se reproduise à l'avenir, pour assurer le plein respect des principes de la justice et, surtout, pour guérir les victimes et tous ceux qui ont été affectés par ces crimes abominables".

Quatre ans plus tard, il écrivit une lettre pastorale aux catholiques d'Irlande dans laquelle il confiait "partager la consternation et le sentiment de trahison" qu'ils avaient éprouvés, et il ajoutait aux coupables : "vous devrez en répondre devant Dieu tout-puissant, ainsi que devant les tribunaux dûment constitués".

Les Conseils

Tout au long de son pontificat, Benoît XVI a présidé cinq consistoires pour la création de nouveaux cardinaux, créant au total 90 "éminences", dont 74 électeurs. De manière significative, lors du dernier, le 24 novembre 2012, en plus d'être le deuxième Consistoire dans la même année (depuis 1929 il n'y avait pas eu deux créations différentes de cardinaux dans la même année), cette fois-ci il n'y avait pas de cardinaux européens présents, presque comme si on inaugurait une tradition de " pêche " aux collaborateurs du Pape même loin de Rome. Une chose qui est depuis devenue très courante avec le pape François.

C'est l'année de la création du cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque métropolitain de Manille (Philippines), ou de Baselios Cleemis Thottunka, archevêque majeur de Trivandrum des Syro-Malankars (Inde), par exemple.

Démission

Le dernier acte qui reste dans l'histoire du pontificat de Benoît XVI est sans doute sa démission, annoncée le 11 février 2013 lors d'un Consistoire pour certaines causes de canonisation comme une "décision de grande importance pour la vie de l'Église".

Parmi les motivations qui l'ont conduit à cette décision - prise en toute humilité et dans un esprit de service à l'Église, dans ce cas également - il y a la conscience que "pour diriger la barque de Saint-Pierre, il faut aussi de la vigueur de corps et d'âme, vigueur qui, ces derniers mois, a diminué en moi à tel point que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m'a été confié".

Des paroles d'une propreté unique, offertes le cœur sur la main, avec la liberté de celui qui n'a pas peur de reconnaître ses propres limites, tout en étant prêt à servir le Seigneur "non moins souffrant et priant".

Fidèle à sa parole, Benoît XVI a consacré les dernières années de sa vie à prier pour l'Église, dans la "cachette" du monastère Mater Ecclesiae, avec son cœur, avec réflexion et avec toute sa force intérieure, comme il l'a dit dans son dernier salut aux fidèles depuis la Loggia du Palais apostolique de Castel Gandolfo, le 28 février dernier, il y a presque dix ans. Comme un pèlerin "dans la dernière étape de son pèlerinage sur cette terre", qui a maintenant atteint son accomplissement, veille sur nous depuis le Ciel !

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Adieu, Benoît XVI

L'Église fait ses adieux au pape émérite Benoît XVI. Sa mort à l'âge de 95 ans laisse derrière elle un vaste héritage théologique et magistériel sans lequel l'Église du XXIe siècle ne peut être comprise. Sur la photo : pendant les JMJ de Madrid 2011.

Maria José Atienza-31 décembre 2022-Temps de lecture : < 1 minute
Vatican

Joseph Ratzinger. Une vie passée au service de l'Église

Ses dons intellectuels ont toujours été mis en évidence : au cours de ses dix-huit années en tant que professeur d'université, lors de son bref passage en tant qu'archevêque de Munich, au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi et enfin dans son ministère de pape.

Henry Carlier-31 décembre 2022-Temps de lecture : 10 minutes

La biographie de toute personne offre presque toujours d'abondants indices permettant de déchiffrer le tempérament, la personnalité et même certaines des principales décisions prises par le biographe. C'est également le cas de Joseph Ratzinger - Benoît XVI.

Par exemple, une clé biographique qui aide à comprendre l'épuisement qui l'a conduit à démissionner n'est pas seulement son âge avancé, mais surtout l'énorme usure qu'il a subie du fait de son travail intense, dévoué et ininterrompu au service de l'Église universelle pendant les plus de trente et un ans qu'il a passés à Rome : d'abord comme proche collaborateur de saint Jean-Paul II à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, à partir du 25 novembre 1981 ; puis, alors que le cardinal Ratzinger pensait déjà à sa retraite bien méritée, dans les presque huit années d'un ministère épuisant comme Vicaire du Christ.

Enfants et jeunes

Joseph Ratzinger est né dans la ville bavaroise de Marktl, sur la rivière Inn, un jour de grande signification religieuse : le samedi saint (16 avril 1927). Le fait qu'il ait été baptisé le même jour est révélateur de sa précocité spirituelle et liturgique (la Veillée pascale est le cadre baptismal par excellence).

Il a cependant passé son enfance et son adolescence à Traunstein, une petite ville située presque à la frontière autrichienne, à trente kilomètres de Salzbourg. Dans cet environnement "mozartien", comme il l'a lui-même défini, il a été éduqué humainement, culturellement et musicalement sous l'influence chrétienne de sa famille. Son père, commissaire dans la gendarmerie, est issu d'une vieille famille de fermiers de Basse-Bavière de condition modeste. Sa mère, fille d'artisans de Rimsting, a travaillé comme cuisinière dans plusieurs hôtels avant son mariage. Joseph est le plus jeune de trois frères et sœurs. Maria, la fille aînée, est décédée en 1996, et Georg (89 ans), prêtre et musicien, vit à Regensburg.

L'éducation qu'il a reçue lui a permis de surmonter la dure expérience du régime nazi, qui était hostile à l'Église catholique. Le jeune Joseph a vu de ses propres yeux comment les nazis ont battu un prêtre qui était sur le point de célébrer la messe. Paradoxalement, et aussi parce qu'il a vu dans son père le rejet chrétien du nazisme, cette situation historique complexe a fini par l'aider à découvrir la vérité et la beauté de la foi.

Peu avant la fin de la Seconde Guerre mondiale - le jeune Ratzinger a alors 16 ans - il est contraint de s'engager dans les services auxiliaires anti-aériens. Cet épisode a été sévèrement critiqué dans certaines biographies exagérément critiques. C'est le cas d'une première esquisse biographique écrite par le vaticaniste John Allen, pour qui la résistance au nazisme était difficile et risquée, mais pas impossible. Mais Joseph Ratzinger a eu le courage de faire défection dans ces circonstances, même s'il risquait d'être fusillé.   

Prêtre et théologien

En tout cas, ce n'est pas l'activisme politique qui était le penchant fondamental du jeune Joseph Ratzinger, mais l'étude. Très tôt, il a commencé à se consacrer et à exceller dans ce qui allait devenir sa tâche principale : l'enseignement de la théologie. De 1946 à 1951, il a étudié la philosophie et la théologie à l'école de philosophie et de théologie de Freising et à l'université de Munich. Avec son frère Georg, il a été ordonné prêtre le 29 juin 1951. C'était, comme il le dira plus tard, le jour le plus important de sa vie.

Un an plus tard, à l'âge de 25 ans, il commence à enseigner à l'université des sciences appliquées de Freising. Il s'est rapidement fait un nom en tant qu'enseignant et chercheur en science théologique, notamment dans les domaines de l'anthropologie et de l'ecclésiologie.

Joseph Ratzinger

En 1953, il obtient son doctorat en théologie avec une thèse : "Peuple et maison de Dieu dans la doctrine de l'Église à Saint Augustin". Quatre ans plus tard, sous la direction du professeur Gottlieb Söhngen, il obtient son diplôme d'enseignant avec une dissertation sur : "La théologie de l'histoire de St Bonaventure".

Après avoir enseigné la théologie dogmatique et fondamentale à l'école de philosophie et de théologie de Freising, il a poursuivi son activité d'enseignement à Bonn de 1959 à 1963, à Munich de 1963 à 1966 et à Tübingen de 1966 à 1969. Cette dernière année, il devient professeur de dogmatique et d'histoire du dogme à l'université de Ratisbonne, où il occupe également le poste de vice-recteur.

Expert au Conseil

De 1962 à 1965, il a contribué aux travaux du Concile Vatican II en tant qu'"expert". Il a participé au Conseil en tant que théologien consultant auprès du cardinal Joseph Frings, archevêque de Cologne. Benoît XVI a raconté comment il est arrivé par hasard à participer au Conseil. Lorsqu'il était professeur à l'université de Bonn, le cardinal Joseph Frings lui a demandé de préparer le texte d'une conférence qu'il devait donner à Gênes. Peu de temps après, Jean XXIII a convoqué le cardinal Frings à Rome. Ces derniers ont craint le pire. Cependant, le pape l'a embrassé et lui a dit : "Merci, Votre Éminence, vous avez dit ce que je voulais dire mais ne trouvais pas les mots". C'est ainsi que le cardinal Frings a invité le professeur Ratzinger à l'accompagner au Conseil en tant qu'assistant personnel.

Les contributions de Joseph Ratzinger aux documents du Concile sur la liturgie et la Parole de Dieu ont été essentielles. Son intense activité scientifique l'amènera plus tard à occuper des postes importants au service de la Conférence épiscopale allemande et de la Commission théologique internationale.

Au fil des ans, en raison de son prestige en tant que théologien et de son travail à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Ratzinger a reçu de nombreux doctorats honorifiques : du College of St. Thomas de St. Paul (Minnesota, États-Unis) en 1984 ; de l'Université catholique d'Eichstätt (Allemagne) en 1985 ; de l'Université catholique de Lima (Pérou) en 1986 ; et de l'Université catholique de Lima (Pérou) en 1986. Paul (Minnesota, USA) en 1984 ; de l'Université catholique d'Eichstätt (Allemagne) en 1985 ; de l'Université catholique de Lima (Pérou) en 1986 ; de l'Université catholique de Lublin (Pologne) en 1988 ; de l'Université de Navarre (Pampelune, Espagne) en 1998 ; de l'Université libre de Marie Très Sainte Assomption (LUMSA) (Rome) en 1999 ; de la Faculté de théologie de l'Université de Wroclaw (Pologne) en 2000.

Certains disent que Ratzinger a eu une phase initiale libérale en tant que théologien, mais qu'à la fin des années 1960, il s'est éloigné des courants théologiques moins sûrs. Avec Hans Urs von Balthasar, Henri de Lubac et d'autres grands théologiens, il fonde en 1972 la revue théologique "Communio.

Évêque de Munich et cardinal

Le 25 mars 1977, Paul VI le nomme archevêque de Munich et Freising. C'était la fin d'une période de 18 ans en tant que professeur dans certaines des meilleures universités publiques d'Allemagne.

Lorsqu'il a été ordonné évêque le 28 mai, il est devenu le premier prêtre diocésain depuis 80 ans à prendre en charge le gouvernement pastoral du grand archidiocèse bavarois. Il a choisi comme devise épiscopale "Coopérateur de la vérité".C'est la clé pour interpréter le service de Ratzinger à l'Église dans ses différentes facettes au service de la vérité. C'est ainsi qu'il l'a lui-même expliqué : "D'une part, il m'a semblé exprimer la relation entre ma tâche antérieure d'enseignant et ma nouvelle mission. Bien que de manière différente, l'enjeu était et reste de suivre la vérité, d'être à son service. Et d'autre part, j'ai choisi cette devise parce que dans le monde d'aujourd'hui, le sujet de la vérité est presque complètement passé sous silence ; il est présenté comme quelque chose de trop grand pour l'homme et pourtant, si la vérité manque, tout s'écroule".

Lors du consistoire du 27 juin 1977, le pape Paul VI a créé le jeune archevêque de Munich (alors âgé de 50 ans) cardinal avec le titre de Notre-Dame de Consolation à Tiburtino.

En 1978, Ratzinger participe à son premier conclave : celui qui élit Jean-Paul Ier le 26 août. En octobre de la même année, il a également participé au conclave qui a élu Jean-Paul II.

Il sera ensuite rapporteur de la 5e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques à l'automne 1980 sur le thème : "La mission de la famille chrétienne dans le monde contemporain", et président délégué de la 6e Assemblée générale ordinaire en 1983 sur "La réconciliation et la pénitence dans la mission de l'Église".

Benoît XVI
Le pape Jean-Paul II avec le cardinal Ratzinger à l'aéroport de Munich en novembre 1980 ©CNS photo de KNA

Préfet du Saint-Office

La vie de Joseph Ratzinger prend un tournant nouveau et définitif le 25 novembre 1981, lorsque Jean-Paul II le convoque à Rome pour le placer à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, de la Commission biblique pontificale et de la Commission théologique internationale. Il y a travaillé, en parfaite harmonie avec le pontife polonais, pendant plus de 23 ans.

Jean-Paul II n'a jamais voulu se passer de cette tête théologique privilégiée. Le cardinal Ratzinger était devenu son principal et plus fidèle collaborateur, surtout lorsqu'il s'agissait de résoudre les questions doctrinales les plus difficiles, comme, par exemple, de répondre aux théologies dites de la libération ou de le mettre à la tête de la Commission pour la préparation du Catéchisme de l'Église catholique.

Le 5 avril 1993, Jean-Paul II a élevé le cardinal Ratzinger à l'ordre des évêques et le 30 novembre 2002, il a approuvé son élection comme doyen du collège des cardinaux, faisant ainsi de lui le superviseur de l'élection du futur pape.

Carte. Joseph Ratzinger lors d'une conférence de presse en juin 2000 ©CNS photo de Reuters

Après la mort de Jean-Paul II, le 2 avril 2005, Ratzinger s'attendait à ce que, à la fin du conclave, son service direct au Siège apostolique prenne également fin. Cependant, le Saint-Esprit avait d'autres plans pour lui.

Le pape théologien

Le pontificat de Benoît XVI n'avait même pas huit ans. L'arrivée de Joseph Ratzinger sur le siège de Pierre a sans doute coïncidé avec le début de l'une des périodes les plus difficiles pour l'Église catholique : le grave problème des abus sexuels commis par des clercs et des religieux, l'instabilité économique mondiale et le changement de paradigme social ont sans doute marqué la ligne du pontificat et sa surprenante démission.

En tant que pasteur, les catéchèses du pape bavarois constituent une remarquable collection de formation catéchétique accessible et précise. Ses commentaires sur des figures telles que saint Paul et les Pères de l'Église, ou la découverte d'hommes et de femmes parfois inconnus de la grande majorité des fidèles, font de ces entretiens un trésor de foi et de formation chrétienne.

Une mention spéciale doit être faite pour sa trilogie Jésus de Nazarethdont le premier volume est sorti en avril 2007, le deuxième en mars 2011 et le troisième en novembre 2012, a été un succès d'édition mondial. Dans ces livres, le Pape décortique la figure du Christ avec une grande profondeur et une connaissance approfondie de la foi et de la tradition, le mettant en parfait dialogue avec l'homme moderne.

Ses encycliques "Deus Caritas est"Spe Salvi y "Caritas in Veritate constituent l'épine dorsale de la Magistère pontifical de Joseph Ratzinger. S'y ajoutent les nombreuses lettres et messages privés que le pape a adressés aux diplomates, aux jeunes, aux mouvements ecclésiaux et aux nouvelles communautés, à la Curie romaine et à d'autres entités dans le monde.

En tant que pape, Benoît XVI a affronté les principaux problèmes de l'Église. Parmi les plus notables, citons ses efforts pour mettre en lumière les cas d'abus sexuels au sein de l'Église, sa rencontre avec les victimes et l'établissement d'instructions à l'intention de toutes les conférences épiscopales afin que ces cas ne se reproduisent pas. Il a ainsi poursuivi la voie initiée par son prédécesseur pour éradiquer de tels comportements au sein de l'Église et dont les efforts se poursuivent à ce jour.

C'est également sous son pontificat qu'a débuté la réforme du système financier du Vatican pour le mettre en conformité avec les normes internationales de transparence.

Le pape Benoît XVI s'est fait remarquer pour son dialogue avec les religions non chrétiennes et pour ses nombreux voyages à travers le monde. Benoît XVI a fait 24 voyages apostoliquesDe sa première visite à Cologne pour la 20e Journée mondiale de la jeunesse en août 2005, à son voyage au Liban en septembre 2012. Benoît XVI a visité tous les continents, avec des arrêts en Turquie, au Brésil, aux États-Unis, à Sydney, au Cameroun et en Angola, en Jordanie, au Bénin, au Mexique et à Cuba, ainsi que d'autres voyages en Europe : Pologne, Espagne, Autriche, France, République tchèque, Malte, Portugal, Chypre, Royaume-Uni, Croatie et, bien sûr, sa patrie, l'Allemagne.

En décembre 2012, Benoît XVI a inauguré, avec son premier tweet, le compte @pontifex sur ce réseau social. Actuellement, le compte officiel du pape compte plus de 53 millions de followers et est rédigé en 9 langues.

Le pape envoie son premier tweet le 12 décembre 2012 ©CNS photo/L 'Osservatore Romano via Reuters

L'ampleur des problèmes internes et externes de l'Église et la prise de conscience de sa santé fragile ont conduit le pape Benoît XVI à annoncer sa démission surprise le 11 février 2013, en invoquant un "manque de force". Il n'y avait pas eu de démission papale depuis que Célestin V, fatigué des querelles intestines, avait quitté la barre du navire de Pierre en 1294. Benoît XVI lui-même s'était rendu sur la tombe de ce pape à L'Aquila. La démission du pape a pris effet le 28 février de la même année.

Après l'élection de Jorge Mario Bergoglio comme successeur à la tête de l'Église catholique, Joseph Ratzinger est devenu pape émérite et s'est installé dans le monastère Mater Ecclesiae sur le territoire du Vatican.

Ces dernières années

Depuis sa démission de la papauté, Benoît XVI est resté en retrait, sans beaucoup d'apparitions publiques ni de publications. La plupart du temps, des images de lui ont été mises à disposition grâce aux fréquentes visites du pape François pour le féliciter à l'occasion de grandes fêtes chrétiennes ou d'anniversaires personnels. En avril 2014, il a participé aux cérémonies de canonisation de Jean XXIII et de Jean-Paul II, puis à la béatification de Paul VI. Il a également assisté à certains consistoires publics de cardinaux et a ouvert la Porte Sainte lors de l'année jubilaire de 2015.

En 2016, il a publié un livre-entretien qu'il a écrit avec le journaliste Peter Seewald, dans lequel il fait le bilan de son pontificat et aborde des sujets tels que sa jeune position sur l'encyclique Humanae vitae, sa relation avec le théologien... Hans Küng et d'autres sujets de sa vie personnelle.

Benoît XVI prie avec son frère Georg Ratzinger ©CNS photo/L'Osservatore Romano via Reuters

En juin 2020, il a fait un voyage de cinq jours à Ratisbonne pour rendre visite à son frère Georg Ratzinger, gravement malade, qui est décédé quelques jours plus tard. Il s'agissait du seul voyage du pape émérite en dehors de la Cité du Vatican après sa démission. 

Aux premières heures de la matinée du 31 décembre 2022, le bureau de presse du Saint-Siège a annoncé le décès du pape émérite : "J'ai le regret d'annoncer que le pape émérite Benoît XVI est décédé aujourd'hui à 9 h 34 au monastère Mater Ecclesiae au Vatican.", peut-on lire dans la note.

L'auteurHenry Carlier

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Monde

Dix-huit missionnaires tués en 2022

En 2022, 18 missionnaires dans le monde sont morts dans des circonstances violentes. Parmi les victimes figurent surtout des prêtres et des religieux.

Paloma López Campos-31 décembre 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Selon les informations fournies par l Agence FidesDix-huit missionnaires ont été tués en 2022. Au total, 12 prêtres, 3 religieuses, 1 religieux, 1 séminariste et 1 laïc. Le plus grand nombre de victimes se trouve en Afrique, où 7 prêtres et 2 religieux sont morts. Plus précisément, les meurtres ont eu lieu au Mozambique, au Nigeria, en République démocratique du Congo et en Tanzanie.

L'Amérique latine est le pays qui compte le deuxième plus grand nombre de victimes, avec 4 prêtres, 1 religieux, 1 séminariste et 1 laïc assassinés. Les pays où les attaques ont eu lieu sont le Mexique, le Honduras, la Bolivie et Haïti. D'autre part, en Asie, plus précisément au Vietnam, un prêtre a été assassiné.

Un des projets des Œuvres Pontificales Missionnaires (OMP / Flickr)

Bien que l'on ne sache pas grand-chose sur les circonstances de ces décès, les rapports et les informations obtenus par l'Agence Fides montrent que ces témoins de la foi n'étaient pas en mission extraordinaire, mais qu'ils accomplissaient leur travail pastoral quotidien " dans des contextes particulièrement difficiles, marqués par la violence, la misère, le manque de justice et de respect pour la vie humaine ".

Dans le rapport complet L'agence propose une brève biographie des victimes de cette année et une comparaison des meurtres au fil des ans. Ce document fournit également des données telles que le nombre de missionnaires tués entre 2001 et 2022 (544 au total) et les activités que menaient les missionnaires au moment des meurtres.

Témoins du Christ

Le rapport précise que le terme ".missionnaire" ne s'applique pas exclusivement aux missionnaires " ad gentes ", mais inclut toute personne baptisée, puisque " en vertu du Baptême reçu, tout membre du Peuple de Dieu devient disciple missionnaire ". Tout baptisé, quelle que soit sa fonction dans l'Eglise ou sa connaissance de la foi, est un sujet actif d'évangélisation" (EG 120).

En plus de cette considération faite par Fides, la déclaration faite par les Pape François pendant le Journée mondiale des missionsIl est demandé aux disciples de vivre leur vie personnelle en fonction de la mission. Jésus les envoie dans le monde non seulement pour accomplir la mission, mais aussi et surtout pour vivre la mission qui leur est confiée ; non seulement pour témoigner, mais aussi et surtout pour être ses témoins... L'essence de la mission est de témoigner du Christ, c'est-à-dire de sa vie, de sa passion, de sa mort et de sa résurrection, par amour pour le Père et pour l'humanité".

Culture

Le passage

Une histoire - ou moins d'histoire ! pour ces jours de Noël qui nous rappelle que, même sur terre, nous recevons plus lorsque nous donnons.

Juan Ignacio Izquierdo Hübner-31 décembre 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Cette anecdote date de plusieurs années, mais elle est réelle ; le nom du protagoniste est également authentique (j'ai son autorisation). C'est un événement bref et symbolique qui est arrivé à un de mes amis chiliens, un ami et un camarade de la faculté de droit.

Je me souviens que c'était la période des examens et que Noël n'était que dans quelques semaines. Et avec ceci, je pense avoir donné suffisamment de contexte.

John a quitté la maison tard pour passer un examen oral avec un professeur réputé pour son exigence. Dans son costume sombre, sa cravate bleue et ses chaussures rigides, il a couru jusqu'à la station de métro Pedro de Valdivia, a dévalé les escaliers, traversé la foule, passé sa carte dans le valideur et... pip, pip, lIl n'avait plus d'équilibre ! Il s'empresse de vérifier son portefeuille : pas d'argent. Il a pris sa carte de crédit, mais s'est souvenu que ses parents n'avaient pas encore déposé son argent de poche. Il a quitté la file d'attente les mains sur la tête et le visage pâle, terrifié à l'idée que le professeur pourrait le recaler pour défaut d'assiduité ; que faire ?

Soudain, quelqu'un lui a tapé sur l'épaule. John s'est retourné et a trouvé la dame qui s'assoit habituellement sur la dernière marche de l'escalier pour demander l'aumône. Elle souriait et avait ouvert sa main. Pour lui demander quelque chose ? Non, au contraire : lui offrir une pièce de 500 pesos. "Pour acheter votre billet", a-t-il dit. Mon ami a été très surpris, il a essayé de résister à l'aide, ils ont lutté un peu : non, oui, non, oui ; et telle était sa détresse qu'il a fini par accepter.

Mon collègue est arrivé à l'examen à l'heure et a obtenu une note raisonnable. Le lendemain, quand il est descendu à la gare, il a remarqué la dame qui l'avait aidé et lui a rendu la pièce - avec un chocolat, bien sûr - et ils ont bavardé un moment.

Après quelques semaines, la mendiante a cessé d'apparaître. Plusieurs années ont passé depuis lors ; aujourd'hui, John est un avocat prestigieux et il descend dans le métro avec des costumes plus élégants et des chaussures plus confortables que celles qu'il portait pour faire des examens oraux à la Faculté, mais toujours, avant de franchir le tourniquet, il s'arrête un instant pour vérifier si cette bonne femme qui l'a aidé autrefois ne serait pas assise quelque part dans un coin de la station, en train de lui sourire.

Culture

San Silvestre et la fin de l'année

Le pape Saint Sylvestre n'aurait jamais imaginé qu'il serait celui qui donnerait son nom au dernier jour de l'année civile dans plusieurs pays du monde. Cette date est une excellente occasion de se souvenir de la figure de ce saint pape.

Stefan M. Dąbrowski-31 décembre 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Il n'a probablement jamais traversé l'esprit du 33e évêque de Rome que sa personne serait perpétuée à travers les siècles par des célébrations somptueuses dans le monde entier. Dans de nombreux pays, le Jour de l'An est simplement appelé le Silvester. Paradoxalement, Sylvester était un prêtre très calme. Son zèle au service de Dieu lui vaut le respect universel et, en 314, il est élu pape.

Il a exercé ses fonctions pendant vingt ans. Son pontificat coïncide avec la promulgation de l'édit de Milan, qui garantit aux chrétiens la liberté de culte. Les sources nous disent qu'il a ordonné que le jour du soleil romain (dies solis) était célébré comme le jour du Seigneur, et Constantin le Grand a déclaré le dimanche libre de tout travail par décret en 321.

Il a procédé à la consécration solennelle des basiliques de Saint-Pierre au Vatican (326 ap. J.-C.) et de Saint-Jean-de-Latran (324 ap. J.-C.), toutes deux construites par l'empereur, inaugurant ainsi la tradition des consécrations solennelles de bâtiments similaires.

Au cours de cette période, l'évêque de Rome ne pouvait pas se comparer en importance aux évêques des Églises orientales ou aux personnalités éminentes qui ont exercé une influence décisive sur Constantin, l'empereur protecteur de l'Église.

C'est sous le pontificat de Sylvestre qu'a lieu le concile de Nicée (325 ap. J.-C.), qui établit le credo de Nicée. La participation limitée du pape à ce premier des conciles œcuméniques, peut-être en raison de son éloignement de la scène du conflit ou de son respect de l'autonomie des Églises orientales, a suscité quelques critiques.

Probablement parce que l'épiscopat de Sylvestre est intervenu à un moment crucial de l'histoire de l'Église, ses successeurs et la communauté chrétienne de Rome, de plus en plus importante, ne se sont pas contentés du rôle secondaire qu'il a joué aux côtés du premier empereur chrétien. Dans ce contexte, surtout lorsque les empereurs ne résidaient plus dans la ville, des légendes sont apparues qui dressaient un portrait idéalisé de Sylvestre.

Célébrations de la Saint-Sylvestre

Dans la plupart des régions du monde, la Saint-Sylvestre est associée à la dernière nuit de l'année civile. La manière dont elle est célébrée dépend de la culture locale, même si la mondialisation érode de plus en plus toutes les différences et coutumes locales. La musique forte et les feux d'artifice accompagnent souvent les festivités de la nuit. La coutume la plus répandue est probablement de porter un toast à minuit.

Le dernier jour de l'année est une excellente occasion de se souvenir de la figure de ce saint pape. Il est bon de perpétuer cette référence dans l'esprit de nos amis. Ce saint peut nous rappeler chaque année les deux basiliques papales, la célébration du dimanche et la profession de foi dans le Credo. Cela nous permet de prendre la bonne direction pour la nouvelle année à venir.

L'auteurStefan M. Dąbrowski

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Actualités

Les 10 nouvelles les plus lues d'Omnes en 2022

2022 a été une année de croissance pour Omnes et nous souhaitons accueillir 2023 avec un retour sur les meilleures nouvelles de l'année qui s'achève.

Paloma López Campos-31 décembre 2022-Temps de lecture : < 1 minute

Tout au long de cette année, Omnes vous a apporté des nouvelles quotidiennes d'un point de vue catholique. En ce dernier jour de l'année 2022, voici une sélection des principales actualités publiées sur notre site web au cours des douze derniers mois.

Une explication du charisme et de la hiérarchie de la prélature de l'Opus Dei

En juillet, nous avons interviewé Enrique Rojas, qui a parlé de l'hyperconnexion dans notre société.

Une explication de l'organisation interne de l'Église

Cette année, l'Opus Dei a fêté son 40e anniversaire en tant que prélature et nous revenons sur son histoire et son charisme.

Luis Alberto Rosales, directeur de CARF, a accordé une interview à Omnes en août dernier.

Il y a quelques mois, la Faculté pontificale de théologie de Bratislava a décerné un diplôme honorifique à Fernando Ocáriz.

Un résumé de ce qui se passe au Nicaragua

Joseph Weiler, lauréat du Prix Ratzinger de théologie 2022, était l'orateur du dernier Forum Omnes.

Mariano Fazio est venu nous parler de la liberté et de l'amour dans une interview à propos de son livre La liberté d'aimer à travers les classiques

Zoom

Prières pour Benoît XVI

Le monde entier prie ces jours-ci pour le pape émérite Benoît XVI dont la santé s'est affaiblie ces dernières heures. Ici, Benoît XVI salue la foule à la fin d'une audience sur la place Saint-Pierre en février 2017.

Maria José Atienza-30 décembre 2022-Temps de lecture : < 1 minute
Culture

"Nous sommes tous réellement responsables les uns des autres".

Il y a trente-cinq ans, le 30 décembre 1987, l'encyclique Sollicitudo rei socialis de Jean-Paul II était publiée à l'occasion du vingtième anniversaire de Populorum Progressio de Paul VI.

Antonino Piccione-30 décembre 2022-Temps de lecture : 12 minutes

Jean-Paul II a rendu hommage à l'encyclique Populorum Progressio de son prédécesseur Paul VI en publiant - il y a trente-cinq ans, le 30 décembre 1987 - l'encyclique sociale Sollecitudo Rei Socialis. Elle est intervenue 20 ans après la publication de l'encyclique du pape Montini adressée aux hommes et à la société dans les années 1960.

Sollicitudo Rei Socialis conserve toute la force de l'appel à la conscience de Paul VI et se réfère au nouveau contexte socio-historique des années 80, pour tenter d'indiquer les contours du monde actuel, en gardant toujours à l'esprit le motif d'inspiration, le "développement des peuples", encore loin d'être atteint. "Je me propose d'en prolonger l'écho, en les reliant à des applications possibles au moment historique actuel, non moins dramatique que celui d'il y a vingt ans", écrit Jean-Paul II.

Le temps - nous le savons bien - s'écoule toujours au même rythme ; aujourd'hui, cependant, nous avons l'impression qu'il est soumis à un mouvement d'accélération continue, dû avant tout à la multiplication et à la complexité des phénomènes au milieu desquels nous vivons. En conséquence, la configuration du monde au cours des vingt dernières années, tout en conservant certaines constantes fondamentales, a subi des changements considérables et présente des aspects entièrement nouveaux".

Avec Sollicitudo rei socialis (ci-après SRS), une analyse du monde d'aujourd'hui est proposée, en tenant compte de toute la vérité sur l'homme : âme et corps, être communautaire et personne ayant une valeur en soi, créature et enfant de Dieu, pécheur et racheté par le Christ, faible et fortifié par la puissance de l'Esprit.

L'encyclique met l'accent sur le fondement éthique du développement, soulignant la nécessité d'un engagement personnel de tous envers leurs frères et sœurs.

Cet effort de développement de l'homme tout entier et de chaque homme est le seul moyen de consolider la paix et le bonheur relatif dans ce monde. De l'avis d'Enrique Colom (dans AA.VV., Jean Paul théologien. En el signo de las encíclicas, Mondadori, Milan 2003, pp. 128-141) "en un certain sens, l'enseignement de l'encyclique pourrait se résumer en une seule phrase pleine de conséquences pratiques : "nous sommes tous vraiment responsables de tous" (SRS 38)".

Comme on le sait, les encycliques du Pape, même celles du Magistère social, ne sont pas des documents politiques ou sociologiques, mais de nature théologique.

L'une des idées les plus soulignées dans le SRS est précisément que la pauvreté, le développement, l'écologie, le chômage, la solidarité, etc. sont des problèmes éthiques plutôt que techniques, et que leur solution réelle et durable ne se trouve pas seulement dans une amélioration structurelle, mais doit se fonder sur un changement éthique, c'est-à-dire une volonté de changer, peut-être, des habitudes mentales et de vie qui, si elles sont authentiques, affecteront les institutions.

L'homme est une personne, pas seulement un homo faber ou un oeconomicus. Par conséquent, comme l'enseigne Populorum Progressio, le véritable développement est le passage, pour chaque personne, de conditions moins humaines à des conditions plus humaines : "Plus humaines : l'ascension de la pauvreté à la possession du nécessaire, la victoire sur les maux sociaux, l'expansion des connaissances, l'acquisition de la culture. Plus humain aussi : une plus grande considération pour la dignité des autres, le passage à l'esprit de pauvreté, la coopération pour le bien commun, le désir de paix. Plus humain encore : la reconnaissance par l'homme des valeurs suprêmes et de Dieu, qui est sa source et sa fin. Plus humaine, enfin et surtout : la foi, don de Dieu accueilli par la bonne volonté de l'homme, et l'unité dans la charité du Christ, qui nous appelle tous à participer comme des enfants à la vie du Dieu vivant, Père de tous les hommes" (n. 21). Déjà Paul VI, comme le fera plus tard Jean-Paul II, sans négliger les aspects économico-sociaux du développement, montre la plus grande importance de la sphère spirituelle et transcendante.

Certes, pour s'épanouir, la personne a besoin de "posséder" des choses, mais cela ne suffit pas, il faut aussi une croissance intérieure : culturelle, morale, spirituelle. "L'"avoir" des objets et des biens ne perfectionne pas en soi le sujet humain s'il ne contribue pas à la maturation et à l'enrichissement de son "être", c'est-à-dire à la réalisation de la vocation humaine en tant que telle" (SRS 28).

L'essentiel est donc la pleine réalisation de la personne, c'est-à-dire "être" davantage, grandir en humanité sans négliger aucune vertu humaine, et ce de manière harmonieuse, selon une authentique hiérarchie des valeurs, selon toute la vérité sur l'homme. Par conséquent, le Pape ne propose ni ne pense à une antinomie entre "être" et "avoir", mais il met en garde contre un "avoir" qui entrave l'"être", le sien ou celui de quelqu'un d'autre, et enseigne que, en cas d'incompatibilité, il est préférable de moins "avoir" que de moins "être".

La caractéristique la plus importante de la vérité sur l'homme dépend du fait qu'il est une créature de Dieu, élevée pour être son enfant : de cette condition, les hommes reçoivent leur consistance, leur vérité, leur bonté, leur ordre propre et leur loi convenable. L'accomplissement des desseins divins est donc le seul engagement véritablement "absolu" de la personne, qui l'oriente vers sa plénitude intégrale ; les autres engagements ne sont pas annulés, mais doivent lui être subordonnés.

En effet, le développement humain - nous rappelle le SRS - "n'est possible que parce que Dieu le Père a décidé dès le début de faire de l'homme un participant à sa gloire en Jésus-Christ ressuscité (...), et en Lui il a voulu vaincre le péché et le mettre au service de notre plus grand bien, qui dépasse infiniment ce que le progrès peut atteindre" (SRS 31). Inversement, l'homme peut construire une société et " organiser la terre sans Dieu, mais sans Dieu, il ne peut finalement l'organiser que contre l'homme ". L'humanisme excluant est un humanisme inhumain" (Populorum Progressio, 42).

Même dans le domaine social et économique, les paroles de Jésus se réalisent : "Il y a plus de joie à donner qu'à recevoir" (Actes 20:35). En outre, il ne faut pas oublier que Dieu est le Seigneur de tout l'univers, de chaque minute, du plus petit événement ; par conséquent, comme l'enseigne Jean-Paul II, la pleine réalisation du développement sera avant tout le fruit de "la fidélité à notre vocation d'hommes et de femmes croyants". Car elle dépend, avant tout, de Dieu" (SRS 47).

Malheureusement, les doctrines utilitaires mesurent le progrès exclusivement en termes immanents et terrestres. Cependant, les contradictions flagrantes observées dans notre monde mettent davantage en évidence "la contradiction intrinsèque d'un développement limité au seul aspect économique. Elle subordonne facilement la personne humaine et ses besoins les plus profonds aux exigences de la planification économique ou du profit exclusif (...). Lorsque les individus et les communautés ne voient pas les besoins moraux, culturels et spirituels, fondés sur la dignité de la personne et l'identité propre de chaque communauté, à commencer par la famille et les sociétés religieuses, strictement respectés, tout le reste - disponibilité des biens, abondance des ressources techniques appliquées à la vie quotidienne, un certain niveau de bien-être matériel - sera insatisfaisant et, à long terme, négligeable" (SRS 33).

Là-bas, développement humain et progrès économique vont de pair, comme le rappelait Jean-Paul II : "Les origines morales de la prospérité sont bien connues à travers l'histoire. Elles se trouvent dans une constellation de vertus : l'assiduité, la compétence, l'ordre, l'honnêteté, l'initiative, la sobriété, l'économie, l'esprit de service, la fidélité aux promesses, l'audace : en bref, l'amour du travail bien fait. Aucun système ou structure sociale ne peut résoudre comme par magie le problème de la pauvreté sans ces vertus ; à long terme, tant les programmes que le fonctionnement des institutions reflètent ces habitudes de l'être humain, qui s'acquièrent essentiellement dans le processus éducatif, donnant naissance à une véritable culture du travail". Pour que le développement transcendant et le développement terrestre des êtres humains vivent en harmonie, il faut que chaque personne mène ses activités, y compris les activités socio-économiques, de manière à ce qu'elles atteignent leur pleine signification humaine, conformément à la destinée transcendante ultime de l'homme ; et que les autres personnes et la société soient conscientes de la valeur et des besoins de chaque être humain, et agissent en conséquence.

La pierre angulaire de ces besoins humains est la nécessité de partager la production et la jouissance des biens humains, à tous les niveaux ; encore plus aujourd'hui, alors que l'interdépendance s'est accrue. Cela se fait précisément à travers le principe et la vertu de la solidarité : l'un des thèmes les plus fréquents dans les enseignements de Jean-Paul II.

Le Pape y insiste tant, d'une part, en raison de sa relation intime avec la charité - l'amour de Dieu et du prochain - sommet de la vie chrétienne ; d'autre part, parce que dans les conditions actuelles de développement technologique, les inégalités socio-économiques sont le produit de l'égoïsme, du fait de ne pas voir en l'autre un frère, un enfant du Père éternel, une personne humaine ayant la même dignité ; en d'autres termes, elles sont le produit d'un comportement non solidaire. Il s'agit de deux raisons mutuellement liées : la première est purement religieuse, la seconde est sociale, mais avec un fondement transcendant. 

Saint Jean nous rappelle que "Dieu est amour" (1 Jn 4,8.16), un amour qui est un don mutuel constant au sein de la Trinité. Et puisque l'homme a été créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1, 26), il faut aussi dire de l'homme que sa vérité la plus intime se trouve dans l'amour, dans le don de soi.

Ceci est en parfaite harmonie avec le "commandement nouveau" de Jésus-Christ, dans lequel sont contenus toute la loi et les prophètes : la charité est la loi fondamentale de la perfection humaine et donc aussi de la transformation du monde. Cependant, étant donné les malentendus sur la notion d'amour, il faut souligner que le véritable amour implique la gratuité (Jn 3,16 ; 15,13) et le service (1 P 2,16 ; Gal 5,13), et non pas tant la recherche de son propre bien (Mt 16,25) ; et il embrasse toutes les dimensions de la personne : aucune caractéristique humaine n'est en dehors de la charité et de l'amour.

La dimension fraternelle est tellement essentielle à la vie du chrétien (et de tout homme) qu'on ne peut imaginer une orientation vers Dieu qui oublie les liens qui unissent chaque personne à ses frères et sœurs. À la lumière de ces vérités, il s'ensuit que la vie chrétienne ne peut être vécue comme si les gens étaient déconnectés.

Au contraire, l'engagement de la personne pour le progrès matériel et spirituel de la société dans son ensemble fait partie intégrante de la vocation à laquelle Dieu appelle chaque personne : l'identification avec le bien-aimé, propre à l'amour, conduit à le garder à l'esprit dans toutes les actions, qui sont accomplies comme un don gratuit au bien-aimé.

Cela signifie que l'amour de Dieu exige un engagement social, et que cet engagement trouve son fondement solide dans une vie d'amour authentique : seul un amour en harmonie avec toute la vérité sur l'homme est capable de façonner une vie sociale digne de la personne.

Cette réalité est confirmée, négativement, par la naissance et la croissance de la "question sociale", précisément à une époque où la pensée idéologique désignait l'opposition, la lutte et même la haine comme le moteur de l'histoire.

"Le monde est malade", disait Paul VI (Populorum Progressio, 66), et il semble que depuis lors, la maladie se soit aggravée : Il suffit de penser aux camps de réfugiés, aux exilés, aux points chauds (guerre, guérilla et terrorisme), aux discriminations raciales et religieuses, au manque de libertés politiques et syndicales, aux phénomènes d'évasion tels que la drogue et l'alcoolisme, aux zones où l'exploitation et la corruption sont institutionnalisées, aux lieux de travail où l'on a l'impression d'être utilisé comme un moyen et aux endroits où l'humiliation est devenue un mode de vie, aux zones de famine, de sécheresse et de maladies endémiques, aux campagnes antinatales souvent racistes, à la propagation de l'avortement et de l'euthanasie, etc. L'image du monde actuel, y compris l'économie, au lieu de se préoccuper d'un véritable développement conduisant chacun vers une vie "plus humaine" - comme le demandait l'encyclique Populorum Progressio - semble destinée à nous conduire plus rapidement vers la mort" (SRS 24).

Nous sommes donc confrontés à un paradoxe : les gens connaissent - dans une large mesure - les critères d'un véritable développement, ils souhaitent - dans une large mesure - faire le bien et éviter le mal, ils possèdent - en quantité suffisante - les moyens techniques pour le faire ; pourtant, le monde est toujours malade, peut-être plus malade qu'avant. Le paradoxe exige donc une explication - beaucoup plus profonde que l'analyse socio-économique - qui va jusqu'à l'origine ultime des maux du monde ; il exige une analyse qui s'attaque au cœur le plus intime du comportement humain : une analyse éthique, qui va jusqu'à l'origine même des structures injustes, c'est-à-dire qui va jusqu'à la racine des actions immorales de l'homme, ce que le christianisme appelle le péché.

Et les actions immorales d'une personne ne sont rien d'autre que le péché, avec ses conséquences institutionnalisées - les "structures de péché" - qui, en conditionnant la conduite des personnes, deviennent la source d'autres péchés : "La vraie nature du mal auquel nous sommes confrontés dans la question du "développement des peuples" : c'est un mal moral, fruit de nombreux péchés, qui conduit à des "structures de péché"" (SRS 37). Certes, le "péché" et les "structures du péché" sont des catégories qui ne sont pas habituellement appliquées à la situation du monde contemporain. Il n'est pas facile de parvenir à une compréhension profonde de la réalité telle qu'elle se présente à nos yeux sans nommer la racine des maux qui nous affligent" (SRS 36). Et "ces attitudes et ces "structures de péché" ne peuvent être surmontées - en supposant l'aide de la grâce divine - que par une attitude diamétralement opposée : l'engagement pour le bien du prochain avec la volonté, au sens évangélique, de "se perdre" pour l'autre au lieu de l'exploiter, et de le "servir" au lieu de l'opprimer pour son propre bénéfice (cf. Mt 10,40-42 ; 20,25 ; Mc 10,42-45 ; Lc 22,25-27)" (SRS 38).

Celui qui ne veut pas reconnaître - et remédier - à cette source morale des maux sociaux, ne voudrait même pas sérieusement être guéri du mal ; il est donc nécessaire d'examiner ses propres péchés, surtout - quand on parle de maux socio-économiques - ceux qui affectent le plus directement la vie sociale : l'orgueil, la haine, la colère, la cupidité, l'envie, etc., sans se réfugier dans une collectivité anonyme ; et aussi de reconnaître les conséquences délétères de ces péchés dans la vie personnelle, familiale, sociale et politique. "Diagnostiquer ainsi le mal, c'est identifier précisément, au niveau de la conduite humaine, le chemin à suivre pour le vaincre" (SRS 37). 

L'identification de la racine du mal favorise la recherche des solutions et des moyens les plus appropriés pour l'éradiquer. Elles seront, comme l'obstacle, principalement de nature morale, au niveau personnel (péché) et au niveau institutionnel (structures de péché) : "Quand on dispose des moyens scientifiques et techniques qui, avec les décisions politiques nécessaires et concrètes, doivent finalement contribuer à mettre les peuples sur la voie d'un véritable développement, les plus grands obstacles ne peuvent être surmontés qu'en vertu de déterminations essentiellement morales, qui, pour les croyants, surtout pour les chrétiens, seront inspirées par les principes de la foi avec l'aide de la grâce divine" (SRS 35).

Nous ne pouvons pas nous tromper : nous n'irons pas plus loin dans la justice et la charité sociales que dans la justice et la charité personnelles. L'attitude morale d'une communauté dépend de la conversion personnelle des cœurs, de l'engagement dans la prière, de la grâce des sacrements et de l'effort dans les vertus de ses membres. Cependant, la priorité de la conversion personnelle n'élimine pas, au contraire, la nécessité d'un changement structurel.

En ce sens, le Pape rappelle à la fois une volonté politique effective et une décision essentiellement morale (cf. SRS 35 ; 38) : la première seule pourrait - fortuitement - apporter quelques changements, mais l'expérience atteste de sa futilité et que souvent les injustices causées sont plus grandes que celles corrigées ; la seconde sans la première resterait stérile en raison de son inauthenticité : la véritable conversion intérieure n'est pas celle qui ne conduit pas à des améliorations sociales.

La notion de solidarité fait ainsi écho au sens étymologique -participare in solidum-, qui désigne l'ensemble des liens qui unissent les personnes et les poussent à l'entraide.
Du point de vue éthique, c'est une manière d'agir vertueuse et stable qui est remise en question, conformément à un comportement de solidarité, compris comme un engagement concret au service de nos frères et sœurs : "Il s'agit avant tout d'une question d'interdépendance, ressentie comme un système de relations déterminant dans le monde contemporain, dans ses composantes économiques, culturelles, politiques et religieuses, et assumée comme une catégorie morale. Lorsque l'interdépendance est ainsi reconnue, la réponse corrélative, en tant qu'attitude morale et sociale, en tant que "vertu", est la solidarité" (SRS 38).

La solidarité doit donc être considérée comme la fin et le critère de l'organisation sociale, et comme l'un des principes fondamentaux de la doctrine sociale chrétienne. Mais pas comme un bon souhait moraliste, mais comme une exigence forte de la nature humaine : l'homme est un être pour les autres et ne peut se développer que dans une ouverture oblative aux autres.

Cela aussi est souligné par le message évangélique, comme l'enseigne le SRS : "La conscience de la paternité commune de Dieu, de la fraternité de tous les hommes dans le Christ, "fils dans le Fils", de la présence et de l'action vivifiante de l'Esprit Saint, donnera à notre vision du monde un nouveau critère pour l'interpréter. Au-delà des liens humains et naturels déjà forts et étroits, un nouveau modèle d'unité du genre humain est envisagé à la lumière de la foi, qui doit finalement inspirer la solidarité. Ce modèle suprême d'unité, qui reflète la vie intime de Dieu, un en trois Personnes, est ce que nous, chrétiens, désignons par le mot 'communion' " (SRS 40).

Une communion si forte qu'elle nous rend tous vraiment responsables les uns des autres, car ce que nous faisons aux autres, nous le faisons à nous-mêmes, et plus encore à Jésus-Christ (Mt 25,40.45).

La solidarité ne doit pas être confondue avec "un sentiment de vague compassion ou de sympathie superficielle pour les maux de tant de personnes, proches ou lointaines". Au contraire, c'est la volonté ferme et persévérante de s'engager pour le bien commun, c'est-à-dire pour le bien de tous et de chacun" (SRS 38).

Tout cet effort de solidarité sociale acquiert sa valeur et sa force dans une attitude de solidarité personnelle ; ainsi l'encyclique : "L'exercice de la solidarité au sein de toute société est valable lorsque ses membres se reconnaissent mutuellement comme des personnes" (SRS 39). Cela implique de surmonter les tendances à l'anonymat dans les relations humaines ; de transformer la "solitude" en "solidarité", la "méfiance" en "collaboration" ; de promouvoir la compréhension, la confiance mutuelle, l'aide fraternelle, l'amitié et la volonté de "se perdre" pour l'autre. En effet, "à la lumière de la foi, la solidarité tend à se dépasser, à prendre des dimensions spécifiquement chrétiennes de gratuité totale, de pardon et de réconciliation. 

Si cette attitude semble "idéale" et peu "réaliste", il ne faut pas oublier que cet "idéal" est le seul qui permettra de construire une nouvelle société et un monde meilleur, qui permettra le développement authentique des individus et des communautés, qui permettra d'atteindre une paix véritable et durable. 

Sollicitudo rei socialis propose que tous les hommes, en particulier les chrétiens, assument la responsabilité du développement intégral de tous les autres hommes. C'est un idéal ardu, qui demande un effort constant, mais qui est conforté par la grâce du Seigneur.

L'Église proclame la réalité de ce développement, déjà à l'œuvre dans le monde, mais non encore consommé ; et elle affirme aussi, sur la base de la promesse divine - visant à ce que l'histoire présente ne reste pas fermée sur elle-même, mais soit ouverte au Royaume de Dieu -, la possibilité de surmonter les obstacles qui s'opposent à la croissance intégrale des personnes ; elle a donc confiance dans la réalisation d'une libération véritable - bien que partielle sur cette terre - (cf. SRS 26 ; 47).

D'autre part, "l'Église a également confiance en l'homme, même en connaissant le mal dont il est capable, parce qu'elle sait bien que - malgré le péché héréditaire et le péché que chacun peut commettre - il y a des qualités et des énergies suffisantes dans la personne humaine, il y a une "bonté" fondamentale (cf. Gn 1, 31), parce qu'il est l'image du Créateur, placé sous l'influence rédemptrice du Christ, "qui s'est uni d'une certaine manière à tout être humain" (cf. Gaudium et spes, 22 ; Redemptor hominis, 8), et parce que l'action efficace de l'Esprit Saint "remplit la terre" (Sg 1, 7)" (SRS 47).

L'auteurAntonino Piccione

Vatican

Rencontres entre le pape François et Benoît XVI

Le pape François et son prédécesseur se sont rencontrés à de nombreuses reprises au cours des dix dernières années. Le pontife n'a cessé d'apprécier et de remercier l'humble exemple de Joseph Ratzinger et sa prière incessante pour l'Eglise.

Giovanni Tridente-30 décembre 2022-Temps de lecture : 5 minutes

La première rencontre entre le pape François et Benoît XVI a eu lieu quelques jours après l'élection du Pontife actuel, le 23 mars 2013, avec une chaleureuse accolade sur l'héliport de Castel Gandolfo, la résidence où le Pape émérite avait passé sa période de vacance.

Tous deux sont apparus vêtus de blanc et, avant de se retrouver dans la bibliothèque privée, ils se sont arrêtés pour prier dans la chapelle, côte à côte ; François avait cédé la place d'honneur en s'asseyant sur les bancs avec Benoît : "nous sommes frères".

Il nous a appris l'humilité

Significatif est le cadeau que François a apporté ce jour-là à son prédécesseur, l'icône de Notre-Dame de l'Humilité : "Je ne la connaissais pas, j'ai immédiatement pensé à elle, elle nous a enseigné l'humilité". Quelques mois plus tard, les deux hommes se sont rencontrés dans les jardins du Vatican pour la bénédiction de la nouvelle statue de Saint Michel Archange, patron de l'Etat de la Cité du Vatican.

L'année suivante, en 2014, une nouvelle accolade entre le Pontife régnant et l'émérite, le 28 septembre place Saint-Pierre, à l'occasion de la grande rencontre avec les personnes âgées organisée par l'Académie pontificale pour la vie ; en 2015, les caméras ont filmé un nouveau salut et une nouvelle accolade en juin, avant le départ de Benoît XVI pour une nouvelle période de repos à Castel Gandolfo.

En 2015, Benoît XVI était à nouveau présent lors d'une cérémonie publique avec le pape François, cette fois pour la cérémonie d'ouverture de la Porte Sainte de la basilique vaticane le 8 décembre, à l'occasion du début du Jubilé de la Miséricorde.

Le 28 juin 2016, une cérémonie commémorant le 65e anniversaire de l'ordination sacerdotale du pape émérite a également eu lieu dans la Sala Clementina, en présence de nombreux cardinaux de la Curie romaine. Dans son discours, François a souligné l'amour dont témoignait Benoît XVI, le décrivant comme une "note qui domine une vie passée dans le service sacerdotal et la théologie".

D'autres rencontres fréquentes et publiques ont eu lieu entre les deux à la fin de chaque Consistoire pour la création de nouveaux cardinaux, tout le groupe montant ponctuellement au monastère Mater Ecclesiae pour saluer le Pape émérite et avoir un moment de prière dans la chapelle de la résidence. Sans oublier les nombreuses réunions privées et l'échange continu d'appels téléphoniques, même à la veille de chaque voyage à l'étranger.

Ministère caché

Au cours des dix années de son pontificat, le pape François a souvent fait référence à son prédécesseur, demandant des prières pour son "ministère caché" et le remerciant pour son soutien à l'Église par la prière. Des prières qu'il a toujours demandé de rendre au Pape émérite. Outre les occasions officielles, comme la remise du "Prix Ratzinger" promu par la Fondation vaticane du même nom, le Pontife régnant a également parlé de Benoît XVI lors des audiences, de l'Angelus ou des interviews avec les journalistes.

La première référence remonte sans doute à la nuit même de son élection, depuis la loggia de la basilique vaticane : "Je voudrais tout d'abord dire une prière pour notre évêque émérite" ; "pour que le Seigneur le bénisse et que la Vierge le protège".

La théologie à genoux

En 2013, à l'occasion de l'attribution du prix de la Prix Ratzinger Cette année-là, François a exprimé "sa gratitude et sa grande affection" pour son prédécesseur, en valorisant le travail qu'il avait accompli avec la publication des livres sur Jésus de Nazareth, par lesquels "il a fait don à l'Église, et à tous les hommes, de ce qui lui était le plus précieux : sa connaissance de Jésus", mûrie par une théologie faite "à genoux".

Un homme de foi, si humble

Lors de leur voyage de retour de Terre SainteEn mai 2014, répondant aux journalistes qui lui demandaient s'il suivrait à l'avenir le choix de son prédécesseur de quitter prématurément la papauté, François a déclaré à propos de Benoît XVI : " c'est un homme de foi, tellement humble " ; " nous devons le regarder comme une institution ".

Comment avoir un grand-père sage à la maison

Quelques mois plus tard, de retour cette fois en août de son voyage en Corée, les journalistes l'ont interrogé spécifiquement sur sa relation avec le pape Ratzinger, et François a tout d'abord déclaré que Benoît XVI, par son geste, avait en fait institué la papauté émérite, ouvrant "une porte qui est institutionnelle, pas exceptionnelle". Quant à la relation, "c'est celle de frères, vraiment" ; "j'ai l'impression d'avoir un grand-père à la maison pour la sagesse", "ça me fait du bien de l'écouter". Il m'encourage aussi beaucoup".

"Comme avoir le grand-père sage à la maison", a répété François lors de la rencontre avec les personnes âgées en septembre 2014, lorsqu'il a publiquement remercié Benoît XVI pour sa présence à cet événement.

Le 16 avril 2015, lors de la messe matinale à la Casa Santa Marta à l'occasion du 88e anniversaire de l'émérite, François a invité les personnes présentes à se joindre à lui pour prier pour Benoît XVI, "afin que le Seigneur le soutienne et lui donne beaucoup de joie et de bonheur".

Grand homme de prière et de courage

En juin 2016, c'est au tour d'une nouvelle question de journalistes sur le vol de retour d'Arménie. François a ajouté que pour lui, "c'est l'homme qui garde mes épaules et mon dos avec sa prière". Entre autres, "il est un homme de parole, un homme droit, un homme intègre", "un grand homme de prière, de courage".

Maturité, dévouement et loyauté

Plus tard dans le mois, lors de la cérémonie commémorant le 65e anniversaire de son sacerdoce, François a ajouté que du petit monastère où réside Benoît XVI "émanent une tranquillité, une paix, une force, une confiance, une maturité, une foi, un dévouement et une fidélité qui me font tant de bien et nous donnent, à moi et à toute l'Église, tant de force".

Pour l'infaillible "Prix Ratzinger" 2016 - "une fois de plus" - l'expression de "notre grande affection et gratitude" pour Benoît XVI, "qui continue à nous accompagner encore maintenant de sa prière".

Présence discrète et encourageante

"Sa prière et sa présence discrète et encourageante nous accompagnent sur notre chemin commun ; son œuvre et son magistère restent un héritage vivant et précieux pour l'Église et pour notre service", ont été les mots prononcés lors du même anniversaire l'année suivante. Ratzinger, pour le Pape François, "reste un maître et un interlocuteur amical pour tous ceux qui exercent le don de la raison pour répondre à la vocation humaine de la recherche de la vérité".

L'estime, l'affection et la gratitude se répètent au cours des années suivantes. En 2019, le pape François exprime sa gratitude " pour l'enseignement et l'exemple que vous nous avez donné de servir l'Église en réfléchissant, en pensant, en étudiant, en écoutant, en dialoguant et en priant, afin que notre foi reste vivante et consciente malgré les changements de temps et de situations, et que les croyants sachent rendre compte de leur foi dans un langage capable d'être compris par leurs contemporains et d'entrer en dialogue avec eux, pour chercher ensemble les chemins de la rencontre avec Dieu en notre temps ".

Le Vatican contemplatif

À la fin de l'Angélus du 29 juin 2021, date du 70e anniversaire de l'ordination sacerdotale de Benoît XVI, François l'a appelé "cher père et frère", "le contemplatif du Vatican, qui passe sa vie à prier pour l'Église et pour le diocèse de Rome, dont il est l'évêque émérite". Il l'a ensuite remercié pour son "témoignage crédible" et son "regard continuellement dirigé vers l'horizon de Dieu".

Lors de la livraison de la Prix Ratzinger 2022François a répété que "pour moi, les moments de rencontre personnelle, fraternelle et affectueuse avec le Pape émérite ne manquent pas", soulignant comment chacun ressent "sa présence spirituelle et son accompagnement dans la prière pour toute l'Eglise : ces yeux contemplatifs qu'il montre toujours".

Témoin de l'amour jusqu'au bout

Enfin, nous ne pouvons pas oublier la référence à l'audience générale après Noël, le 28 décembre 2022, lorsqu'il a invité les personnes présentes et toute l'Église à intensifier la prière pour celui "qui dans le silence soutient l'Église", afin que le Seigneur "le soutienne dans ce témoignage d'amour pour l'Église, jusqu'à la fin".

Espagne

Les familles nombreuses en voie d'extinction ?

La Fédération espagnole des familles nombreuses œuvre pour donner de la visibilité et préserver les droits des familles nombreuses.

Paloma López Campos-30 décembre 2022-Temps de lecture : 3 minutes

La Fédération espagnole des familles nombreuses (FEFN) travaille depuis des années pour donner de la visibilité, informer et lutter pour les droits des familles avec plus d'enfants. En raison des initiatives législatives, des déclarations des politiciens et des courants de pensée actuels, il est facile de se rendre compte que les familles, surtout les familles nombreuses, vivent une situation compliquée.

Suite à la modification de la désignation des familles nombreuses, désormais considérées comme des "familles ayant des besoins plus importants en matière de soutien parental", le débat a été relancé. Dans cette interview, un représentant de la Fédération parle des difficultés, mais aussi des changements positifs, qui ont lieu en Espagne dans ce domaine.

Quel est le plus grand défi auquel sont confrontées les familles nombreuses aujourd'hui ?

Si nous parlons de la vie quotidienne d'une famille nombreuse, nous soulignons deux défis majeurs, l'un est l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et l'autre est la question économique, car les prix s'envolent, le panier de la ménagère est devenu beaucoup plus cher pour les produits de première nécessité, tout comme les fournitures de base du ménage : électricité, gaz, etc. De plus, ces deux questions sont liées car lorsque vous avez plusieurs enfants, pour répondre à tous les besoins, il faut deux salaires à la maison, et si le père et la mère travaillent tous deux à l'extérieur, il est difficile de joindre les deux bouts et l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée est très difficile. En tout cas, malgré toutes les difficultés, avec des efforts et des renoncements, on finit par tout faire, ou du moins les choses importantes, et en retour, il y a beaucoup de choses positives quand on a une famille nombreuse.

Comment la famille nombreuse est-elle considérée par les organismes publics en Espagne ?

La famille nombreuse en Espagne n'a pas toute la reconnaissance qu'elle devrait avoir. Il est vrai que ces dernières années, grâce au mouvement associatif, aux associations et aux fédérations de familles nombreuses, des progrès ont été réalisés sur certaines questions, mais notre pays ne valorise pas encore suffisamment la famille et, en particulier, ceux qui ont le plus d'enfants ; ils ne sont pas reconnus comme un bien social. Une nouvelle loi sur les familles est en cours d'élaboration. Elle vise à améliorer le soutien à la famille par quelques mesures positives, mais elle ne se concentre pas sur le taux de natalité, qui est un problème fondamental, ni sur les familles qui ont le plus d'enfants. 

Quelle est votre opinion sur le projet de loi dans lequel le gouvernement "classe" les familles ?

La loi est positive sur certains points, comme la conciliation et la volonté d'améliorer le soutien à un plus grand nombre de familles, mais dans le cas des familles nombreuses, nous nous sentons un peu attaqués car elle propose la suppression du concept de famille nombreuse, qui sera remplacé par le concept de "familles ayant des besoins plus importants en matière de soutien parental", qui comprendra les familles nombreuses et les familles avec moins d'enfants et des circonstances particulières. Nous pensons que le soutien doit être apporté aux familles qui en ont le plus besoin, sans pour autant négliger la reconnaissance et la protection des familles nombreuses pour ce qu'elles apportent à la société. Il nous semble que la loi sous-estime cette contribution sociale apportée par les familles nombreuses.  

Quelles mesures avez-vous suggérées pour le droit de la famille ?

Nous demandons une révision des avantages accordés aux familles nombreuses, tout d'abord la mise à jour de la loi sur les familles nombreuses, car elle est obsolète à certains égards, mais aussi l'établissement de la catégorie spéciale dont bénéficient actuellement les familles de 5 enfants pour les familles de 4 enfants ou plus, étant donné le faible taux de natalité actuel. Nous avons également demandé qu'il y ait une proportionnalité dans les prestations et dans les conditions d'obtention des aides, c'est-à-dire que lors de la fixation des plafonds de revenus, on tienne compte du "revenu par habitant", car une famille nombreuse doit avoir un revenu plus élevé et si on ne tient pas compte de la composition de la famille, nous sommes exclus de nombreuses prestations parce que nous dépassons des seuils de revenus très bas. Il en va de même pour les jours de congé pour garde d'enfants : si une famille dispose de 5 jours de congé par an pour un enfant, une famille de 4 enfants ne peut pas également disposer de 5 jours de congé par an, car elle a plus d'enfants et ses besoins en matière de garde sont plus importants. Tous les enfants comptent, ils mangent tous, ils vont tous à l'école, ils doivent tous être emmenés chez le médecin, etc. mais il semble que les administrations oublient la moitié de nos enfants.

Quels intérêts des familles nombreuses sont actuellement menacés ?

Actuellement, à cause de la nouvelle loi, la reconnaissance même des familles nombreuses est en danger, car elles cesseront d'être appelées familles nombreuses et cesseront donc d'exister à ces fins, si la nouvelle loi sur les familles est adoptée telle qu'elle est proposée. C'est pour cette raison que nous faisons des allégations et demandons le soutien des groupes politiques pour que cela n'ait pas lieu, et nous avons également lancé une campagne de collecte de signatures contre ce changement que le gouvernement veut faire. Nous avons déjà recueilli 15 000 signatures et nous savons que de nombreuses familles ne sont pas d'accord avec ce que propose la nouvelle loi. Toutes les familles qui sont contre et qui veulent sauver le concept de famille nombreuse peuvent signer ici : https://chng.it/xRyB8kPt

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Famille

La famille, berceau de la vocation à l'amour

Aujourd'hui, nous célébrons la Journée de la Sainte Famille, dont la devise est "la famille, berceau de la vocation à l'amour".

Paloma López Campos-30 décembre 2022-Temps de lecture : 3 minutes

De la Conférence épiscopale espagnoleles évêques rappellent que la famille est "un lieu privilégié d'accueil et de discernement de la vocation à l'amour". Ce noyau essentiel de la société est une chose dont le Christ lui-même ne s'est pas privé. Le pape François souligne qu'"il est beau de voir Jésus inséré dans le réseau de l'affection familiale, naissant et grandissant dans l'étreinte et la sollicitude des siens" (Angelus, 26 décembre 2021).

La Sainte Famille, un modèle pour nos foyers

" En cette fête de la Sainte Famille ", disent les évêques, " nous venons contempler, de la main de la Vierge Marie et de celle de l'Enfant Jésus, la vie de l'enfant. Saint Joseph le mystère de Dieu incarné par amour pour nous". La maison de Nazareth nous rappelle l'importance de nos familles et la nécessité de les protéger : "Aucune institution ne peut remplacer le travail de la famille dans l'éducation de ses enfants, surtout dans la formation de la conscience. Toute ingérence dans cette sphère sacrée doit être dénoncée car elle viole le droit des parents à transmettre à leurs enfants une éducation conforme à leurs valeurs et à leurs convictions".

La sous-commission épiscopale pour la famille et la défense de la vie a préparé un livret pour la prière à la maison en ce Noël. Ce document peut être consulté sur le site de la Conférence épiscopale espagnole.

Lignes directrices de la CEE sur l'éducation dans la famille

Sur la base des points clés énoncés par le Pape François dans l'exhortation Christus vivitLes évêques partagent des lignes directrices "pour le discernement de la vocation et la réflexion sur l'éducation dans la famille" :

La famille est le lieu "où l'on est aimé pour soi-même, et non pour ce que l'on produit ou ce que l'on a".

Jésus-Christ est "le membre le plus important de la famille, celui à qui l'on consulte toutes les questions importantes, à qui l'on confie toutes les situations, à qui l'on demande pardon quand on a échoué".

C'est dans le noyau familial que sont cultivées les vertus "afin que ceux qui sont appelés puissent donner leur oui généreux au Seigneur et rester fidèles à ce oui".

Dans les foyers, la rencontre avec le Christ peut être facilitée afin d'apprendre à "écouter sa Parole et à reconnaître sa voix par le discernement".

Les parents doivent reconnaître, en regardant leurs enfants, qu'ils ne sont pas "les propriétaires du don mais ses gardiens attentifs".

Les parents doivent apprendre à leurs enfants à "se reconnaître comme un don".

Il est important d'inculquer l'idée que la vie est un don de soi, afin que les enfants puissent dire : "Je suis une mission sur cette terre, et c'est pourquoi je suis dans ce monde".

8) "La famille n'est pas une cellule isolée en elle-même, qui ne se soucie pas de ce qui se passe autour d'elle. Cette dimension caritative commence dans la famille élargie, en s'occupant notamment des grands-parents et des personnes âgées, mais elle doit être ouverte aux besoins des autres".

Il est essentiel que les parents ne "s'opposent pas à la vocation de leurs enfants au sacerdoce ou à la vie consacrée ou ne leur demandent pas de donner la priorité à leur avenir professionnel, repoussant ainsi l'appel du Seigneur". En outre, en ce qui concerne les vocations, les évêques soulignent que "rien n'est plus stimulant pour les enfants que de voir leurs parents vivre le mariage et la famille comme une mission, avec bonheur et patience, malgré les difficultés, les moments tristes et les épreuves".

En tant qu'Église, " nous avons la mission d'accompagner les familles qui vivent dans nos communautés ". Nous devons être proches des "familles qui vivent dans la marginalisation et la pauvreté ; nous devons être attentifs aux familles migrantes ; nous ne devons pas laisser de côté les familles qui ont souffert de séparation et de divorce".

Vatican

Les voyages du Pape en 2023, au cours des 10 années de son pontificat

Le 13 mars 2023, le pape François achèvera 10 ans de pontificat à la tête de l'Église catholique. Le premier pape américain de l'histoire a eu 86 ans en décembre et pense déjà à son héritage, mais il ne ralentit pas son activité, malgré son genou ; il travaille sur le synode de la synodalité et le jubilé de 2025, et prévoit quelques voyages, où il pourra lancer ses messages avec encore plus de force.

Francisco Otamendi-29 décembre 2022-Temps de lecture : 5 minutes

Le pape s'est engagé depuis longtemps dans la catéchèse sur le discernement. Sur L'audience de mercredi Le 21 décembre 2022, le Saint-Père a déclaré que le discernement est très compliqué, mais "en réalité, c'est la vie qui est compliquée et, si nous n'apprenons pas à la lire, nous courons le risque de la gaspiller, de la mener avec des astuces qui finissent par nous décourager".

Sa réflexion était globale, mais elle pourrait bien s'appliquer à ses voyages apostoliques, car il a ajouté que nous sommes toujours en train de discerner, même dans les petites choses de la journée, parce que "la vie nous met toujours devant des choix, et si nous ne les faisons pas consciemment, à la fin c'est la vie qui choisit pour nous, nous emmenant là où nous ne voudrions pas aller".

En effet, pour l'année 2023, et peut-être en raison de son âge et des problèmes de mobilité de son genou, le Saint-Siège n'a confirmé qu'une seule visite apostolique, entre le 31 janvier et le 5 février, en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud.

S'il n'y a pas d'arrêt médical, il est fort probable qu'il se rendra également à la réunion des évêques de la Méditerranée à Marseille (France) en février ou mars, à laquelle participent habituellement les autorités civiles. Et très probablement, nous le verrons aussi aux Journées mondiales de la jeunesse à Lisbonne, du 1er au 6 août. Mais prenons les choses étape par étape.

Cinquième voyage en Afrique

La visite sur le sol congolais est attendue depuis longtemps, puisqu'elle était prévue pour juillet 2022, mais a été officiellement reportée sur les conseils des médecins. Peut-être a-t-il également été influencé par la situation dans l'est du pays congolais, où "des dizaines de milices, avec la complicité des pays voisins et de politiciens avides de richesse, affrontent la présence des casques bleus [ONU] sur le sol congolais depuis le début des conflits", explique Alberto García Marcos depuis Kinshasa. C'est également pour cette raison que le slogan du visite papale à la République démocratique du Congo est "Tous réconciliés en Christ".

En cette cinquième visite du Pape sur le continent africain ̶̶̶Les précédentes ont eu lieu au Kenya, en République centrafricaine et en Ouganda (2015), en Égypte (2017), au Maroc (2019), et au Mozambique, à Madagascar et à Maurice (2019). ̶ François se rendra également au Sud-Soudan, ainsi que Justin Welby, archevêque de Canterbury et chef de l'Église anglicane, et Jim Wallance, modérateur de l'Assemblée générale de l'Église d'Écosse. "Un signe d'unité et un exemple pour le peuple de mettre de côté les divisions. La devise du voyage dit tout : "Je prie pour que tous soient un" (Jn 17). Ce sera un voyage de paix et en même temps un voyage œcuménique", dit García Marcos.

"La Méditerranée, un cimetière froid".

Le pape veut se rendre à Marseille pour la réunion des évêques de la Méditerranée, car c'est l'un des thèmes centraux de son pontificat : transformer la culture du rejet, en l'occurrence des migrants et des réfugiés, en une culture de l'accueil, de l'inclusion et de la prise en charge. L'année dernière, la réunion s'est tenue à Florence, et le pape s'est rendu dans la capitale toscane en février.

Aujourd'hui encore, les médias se font l'écho des les paroles du Saint-Père à Athènes et dans le camp de réfugiés de Mytilène, Lesbos (Grèce), à la fin de 2021. Devant le Parthénon et les autorités grecques, il a déclaré : "En plus de regarder vers le haut, notre regard est également dirigé vers l'autre. On se souvient de la mer, qu'Athènes surplombe et qui guide la vocation de cette terre, située au cœur de la Méditerranée, à être un pont entre les peuples. 

Sur LesbosCinq ans après sa première visite, il a ajouté : "La Méditerranée, qui pendant des millénaires a uni des peuples différents et des terres lointaines, est en train de devenir un cimetière froid sans pierres tombales. Ce grand espace d'eau, berceau de nombreuses civilisations, ressemble désormais à un miroir de la mort. Ne laissons pas la "mare nostrum" devenir une "mare mortuum" désolée.

JMJ de Lisbonne

Le 27 janvier 2019, lors des Journées mondiales de la jeunesse au Panama, le cardinal Kevin Farrell, préfet du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie du Saint-Siège, a annoncé que Lisbonne serait la prochaine ville à accueillir l'événement. Initialement prévues pour l'été 2022, les JMJ de Lisbonne ont été reportées d'un an en raison de la pandémie.

Le pape François a participé aux Journées mondiales de la jeunesse à Rio de Janeiro (2013), Cracovie (2016) et Panama (2019). Le Vatican n'a pas encore confirmé la présence du souverain pontife à Lisbonne. Toutefois, il est prévisible qu'il le fasse dans les mois à venir. C'est une tradition pour le Pape d'assister aux derniers jours de ces rencontres de masse avec les jeunes, comme ce fut le cas avec Saint Jean Paul II tant de fois, et avec Benoît XVI en 2011 à Madrid, par exemple.

Boucles d'oreilles : Papouasie-Nouvelle-Guinée....

La visite du pape François en Papouasie-Nouvelle-Guinée (Océanie), et peut-être dans un pays à mi-chemin entre l'Asie du Sud-Est et l'Australie, comme l'Indonésie, a été reportée en 2020 également en raison de la pandémie, et aucune nouvelle particulière ne confirme le voyage du pape, du moins dans un avenir proche, mais tout peut arriver. L'Indonésie est un pays insulaire de plus de 200 millions d'habitants, dont 80 % sont musulmans, bien qu'il y ait aussi des chrétiens, environ 8 %.

La destination initiale du voyage de 2020 était la Papouasie-Nouvelle-Guinée, devenue indépendante en 1975 après des décennies d'administration australienne et située au nord de l'Australie, occupant la moitié orientale de l'île de Nouvelle-Guinée. La Papouasie-Nouvelle-Guinée abrite de nombreux groupes ethniques et ruraux, et plus de 800 langues indigènes sont parlées. Après le synode sur l'Amazonie en 2019, et le voyage apostolique au Canada en 2022, le pape pourrait se rendre en Papouasie-Nouvelle-Guinée, si les médecins le permettent.

En Australie ?

Une visite en Océanie comprendrait peut-être une escale en Australie, mais on ne le sait pas. Saint Jean-Paul II s'est rendu deux fois en Australie, et le pape émérite Benoît XVI a présidé une Journée mondiale de la jeunesse à Sydney en 2008, avant celle de Madrid (2011).

D'autre part, une loi est entrée en vigueur en Australie occidentale le 1er novembre, appelée "loi australienne sur la protection des droits de l'enfant". Projet de loi 2021 portant modification des services communautaires et familiaux", obligeant les prêtres à signaler les abus sexuels sur mineurs, même s'ils sont commis par un prêtre. manifeste sous le sceau sacramentel de la confession.

L'archevêque de Perth, la capitale de l'État, Monseigneur Timothy Costelloe SDB, qui a reconnu "l'histoire horrible" des abus sexuels sur les enfants, a fait valoir son opposition à la récente loi. Il souligne, entre autres, que "les péchés ne sont pas confessés au prêtre mais à Dieu", et que le prêtre "n'a ni le droit ni l'autorité de révéler quoi que ce soit qui se passe dans cette rencontre intime avec Dieu".

Spéculation sur l'Ukraine

Dans le vol de retour à Rome depuis le Kazakhstan, après sa participation au 7e Congrès des chefs de religion et sa visite dans ce pays en septembre, le pape a déclaré, en réponse à des questions sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qu'"il est difficile de parler à quelqu'un qui a commencé une guerre, mais il faut le faire".

La question est de savoir où et comment. On a spéculé à l'époque sur le fait que le Pontife romain se rendrait en Ukraine, mais jusqu'à présent, les personnes qui se sont déplacées pour apporter des encouragements, des couvertures et des médicaments sont les cardinaux Konrad Krajewski et Michael Czerny, respectivement préfets des dicastères des services de la charité et du développement humain intégral.

Dans la diplomatie Le Vatican poursuit ses efforts de médiation, tandis que le pape lance des appels pressants pour que les armes se taisent et que la paix revienne. La guerre en Ukraine, "comme d'autres conflits dans le monde, représente une défaite pour l'humanité dans son ensemble et pas seulement pour les parties directement impliquées", a déclaré le Saint-Père dans son discours d'ouverture. Message pour la Journée mondiale de la paix le 1er janvier, qui évoque le fait de "repartir de Covid, pour tracer ensemble des chemins de paix", car "personne ne peut se sauver seul".

Sa douleur de la guerre, de toutes les guerres, le conduit à rechercher et à promouvoir la fraternité humaine, comme il l'a fait en Irak, au Kazakhstan et au Bahreïn, dans le sillage d'Abu Dhabi. C'est peut-être la voie à explorer lors des futurs voyages papaux.

L'auteurFrancisco Otamendi

Famille

Conscience de soi et ego

Inclut le podcast - Vivre avec un égocentrique est particulièrement difficile. Un exercice sérieux des vertus est nécessaire pour aider à réorienter ce type d'attitude, qui peut être fatal dans toute relation humaine.

José María Contreras-29 décembre 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Écoutez le podcast "Conscience de soi et ego".

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Depuis quelque temps, le mot "ego" occupe une place de choix dans les conversations les plus courantes.

Ce n'était pas comme ça avant. Je me souviens de la première fois où je l'ai rencontré au cours d'une conversation. J'ai dû faire une drôle de tête parce que mon interlocuteur m'a dit : "Oui, oui, l'ego, l'arrogance".

C'est maintenant un terme fréquent et il a plus de "prestige" que le mot "arrogance" car ce dernier semble moins délicat, moins élégant. Cependant, au bout du compte, c'est la même chose.

Paradoxalement, il y a des gens qui sont très fiers de leur ego, en fait ils vous l'avouent ouvertement, j'ai un gros ego, vous disent-ils quand vous leur demandez.

Ils ont tendance à être des personnes inflexibles avec une très faible connaissance de soi. Il n'est pas rare qu'ils vous disent qu'ils ne regrettent rien de ce qu'ils ont fait dans le passé. Cela les conduit à être ingrats. Ils font tout bien. Ils ne doivent rien à personne. Par conséquent, ils sont incapables de demander le pardon.

Comment une personne peut-elle dire qu'elle ne changerait rien, alors que les êtres humains font des erreurs plusieurs fois par jour ? À mesure qu'ils nourrissent leur ego, la méfiance à l'égard des personnes qui les entourent augmente.

S'excuser pour ses erreurs est l'une des caractéristiques du leadership, mais pour eux, cela semble une faiblesse, donc, comme nous l'avons dit, ils ne s'excusent jamais. Ils ont des difficultés à aimer et à se sentir aimés. Demander le pardon fait partie de l'amour. Dans la coexistence, il est souvent nécessaire de le faire. Il est humain de faire des erreurs.

Une personne "non-humaine" produit un rejet. Ils ont une certaine incapacité à éduquer. Ils sont susceptibles d'être très inflexibles face aux erreurs des autres.

Ces égocentriques donnent le sentiment de rendre régulièrement service aux autres et cela les handicape à long terme non seulement pour aimer comme nous l'avons dit, mais aussi pour conserver leurs amours. Les gens avec beaucoup d'ego, se désunissent beaucoup.

En raison de leur manque de conscience de soi, il faut être prudent lorsqu'on vit ensemble, tout peut les perturber. Vous êtes tendu à leur contact.

Il est ce qu'on a toujours appelé une personne arrogante.

 Une personne difficile à vivre et incapable d'éduquer en raison de son manque de conscience de soi.

Malgré tout, avoir un ego est à la mode et, parfois, bien vu. Il est vrai qu'il est possible de sortir de l'ego : il suffit d'acquérir une certaine formation personnelle et d'accroître sa connaissance de soi.

Simplement pour se rendre compte que l'être humain est faible et a souvent besoin des autres.

En d'autres termes, il suffit d'être dans la réalité, dans ce que sont les choses.

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Lectures du dimanche

Contemplation priante. Solennité de Marie, Mère de Dieu (A)

Joseph Evans commente les lectures pour la solennité de Marie, Mère de Dieu (A) et Luis Herrera donne une courte homélie vidéo.

Joseph Evans-29 décembre 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Nous commençons la nouvelle année sous la protection de la Vierge Marie, grâce à cette belle fête de Sainte Marie, Mère de Dieu. Et les lectures liturgiques tentent d'exprimer cette réalité de différentes manières. L'Évangile nous ramène à Noël en mentionnant les bergers qui ont "trouvé" la Sainte Famille à Bethléem. La hâte des bergers - littéralement, "ils sont partis en courant"... contraste avec la paix de l'enfant "couché dans la crèche". De même, leur besoin excité de parler - ils ont "raconté" ce que l'ange leur avait dit - et l'"admiration" des auditeurs contrastent avec la contemplation calme de Marie, qui Il "gardait toutes ces choses, les méditant dans son cœur". Les pasteurs poursuivent leur chemin "en rendant gloire et louange à Dieu".

À travers ce texte, l'Église nous invite à commencer une nouvelle année civile avec l'esprit contemplatif de Marie et la paix de l'Enfant Jésus. Il est couché tranquillement, tandis que les autres s'agitent et bavardent autour de lui, et Marie, qui entend et voit ce qui se passe, regarde avec une adoration affectueuse. Comme son homonyme plus tard, "Maria a choisi la meilleure partie". (Lc 10, 42).

Ainsi, l'Église ne se concentre pas tant sur la maternité physique de Marie que sur son attitude spirituelle. Comme Jésus, elle insiste sur le fait que Marie est grande non pas tant pour sa maternité biologique que pour avoir " entendu la parole de Dieu et l'avoir accomplie " (cf. Lc 11,28). Comme l'ont enseigné plusieurs Pères de l'Église, avant que Marie ne conçoive le Christ dans son sein, elle l'a conçu dans son cœur. C'est pourquoi nous sommes encouragés à commencer l'année avec une attitude contemplative. Plutôt que de nous précipiter comme des sprinters olympiques, dans un élan d'activité, commençons calmement et dans un esprit de prière. Et une bonne façon de le faire est de considérer nos bénédictions, ce à quoi nous invitent précisément les deux premières lectures et le psaume. 

La première lecture, tirée du livre des Nombres, parle d'Aaron et des prêtres juifs qui bénissent le peuple. Le psaume plaide également pour les bénédictions de Dieu. Et la deuxième lecture, tirée de la lettre de saint Paul aux Galates, nous aide à considérer la plus grande bénédiction de toutes : le fait que, par l'incarnation du Christ, il nous est offert la possibilité de devenir enfants de Dieu. En empruntant une autre déclaration patristique audacieuse, nous pouvons dire avec St Athanase : "Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu". Et les deux par Marie. Nous sommes rendus libres : par la maternité divine de Marie, qui est aussi notre mère, nous pouvons nous exclamer : "Abba, Papa, Père !".

L'activité est nécessaire, avec tous les devoirs familiaux, sociaux, professionnels et religieux qu'implique notre vie : ainsi l'Évangile montre Marie et Joseph emmenant Jésus se faire circoncire le huitième jour. Mais aujourd'hui, l'Église nous encourage à commencer l'année non pas par une activité, mais par une contemplation priante. Nous ne pouvons recevoir de meilleur conseil que celui-ci.

Homélie sur les lectures de la solennité de Marie, Mère de Dieu (A)

Le prêtre Luis Herrera Campo offre ses nanomiliaune courte réflexion d'une minute pour ces lectures.

Documents

Le pape invite à la vie spirituelle avec une lettre dédiée à Saint François de Sales

Le pape François réfléchit à l'enseignement de saint François de Sales dans une lettre apostolique publiée à l'occasion du quatrième centenaire de la mort du saint.

Giovanni Tridente-28 décembre 2022-Temps de lecture : 5 minutes

À l'occasion du quatrième centenaire de la mort de l'évêque et docteur de l'Église qui vécut en France à la fin du XVIIe siècle, le pape François a consacré une réflexion à son magistère, afin d'en tirer des leçons pour notre temps.

L'expérience que l'homme fait de Dieu est totalement ancrée dans son cœur ; ce n'est qu'en contemplant et en vivant l'Incarnation que l'on peut lire l'histoire et l'habiter avec confiance ; se demander à chaque moment et circonstance de la vie où l'on trouve "plus d'amour" ; cultiver une vie spirituelle et ecclésiale saine ; apprendre à distinguer la vraie dévotion par le discernement ; concevoir son existence comme un chemin réaliste vers la sainteté dans ses occupations quotidiennes.....

Tels sont les innombrables enseignements que le pape François a tirés de la vie et de l'exemple de saint François de Sales et qu'il a transmis à l'Église d'aujourd'hui par l'intermédiaire de l'encyclopédie en ligne. Lettre apostolique Totum amoris est. Un texte basé en grande partie sur le Un traité sur l'amour de Dieu de ce saint évêque de Genève, qui a vécu de 1567 à 1622, publié à l'occasion du 400e anniversaire de sa mort.

D'une certaine manière, il s'agit aussi de présenter aux chrétiens de notre temps l'héritage de ce pasteur qui a annoncé l'Évangile dès sa jeunesse "en ouvrant des horizons nouveaux et imprévisibles dans un monde en pleine mutation".

Le même "changement" que l'Église vit aujourd'hui, appelé - écrit François - à ne pas être autoréférentiel, "libre de toute mondanité", mais en même temps capable de "partager la vie des gens, de marcher ensemble, d'écouter et d'accueillir", comme il l'avait déjà dit l'année dernière aux évêques et aux prêtres qu'il a rencontrés lors de son voyage à Bratislava.

De noble naissance, François de Sales choisit la voie du sacerdoce après avoir terminé ses études de droit à Paris et à Padoue. En raison de ses talents, il est envoyé comme missionnaire dans la région calviniste du Chablais ; il est ensuite nommé vicaire de l'évêque de Genève, auquel il succède de 1602 à 1622. Son apostolat s'est développé principalement au contact du monde de la Réforme, en utilisant une méthode non oppressive de "...".dialogueLe "Dieu du monde", qui a généré chez l'interlocuteur le désir d'un Dieu librement accepté.

Ce n'est pas une coïncidence si dans ses textes les plus connus, Traité y FiloteaQu'il soit clair que la relation avec Dieu est toujours "une expérience de gratuité qui manifeste la profondeur de l'amour du Père", reflète le pape François dans la Lettre.

Totum amoris s'inspire initialement de l'expérience biographique du saint docteur de l'Église, qui est aussi, entre autres, le saint patron de l'œuvre de saint Jean Bosco - qui n'est pas connu par hasard sous le nom de "salésien" - qui a pris de lui les principes d'optimisme, de charité et d'humanisme chrétien.

La synthèse de sa pensée

Le Pape François commence par faire comprendre immédiatement quelle est la synthèse de la pensée de Saint François de Sales, à savoir que "l'expérience de Dieu est un témoignage du cœur humain", qui utilise l'émerveillement et la gratitude pour reconnaître Celui qui conduit à la profondeur et à la plénitude de l'amour dans chaque circonstance de la vie.

Une attitude de foi qui conduit à "une vérité qui se présente à la conscience comme une "douce émotion", capable de susciter un désir correspondant et inavouable pour toute réalité créée".

Le critère de l'amour

Le critère ultime reste celui de l'amour, qui est l'aboutissement d'un désir profond qui doit être éprouvé par le discernement, mais aussi par "l'écoute attentive de l'expérience" qui mûrit évidemment dans une relation désintéressée avec les autres. En résumé, il n'y a pas de doctrine sans l'éclairage de l'Esprit et sans une véritable action pastorale.

Les caractéristiques essentielles de la théologie

Bien qu'il n'ait jamais eu l'intention d'élaborer un véritable système théologique articulé, le Pape François reconnaît chez le saint et mystique français des caractéristiques essentielles pour faire de la théologie, qui font appel à "deux dimensions constitutives" : la vie spirituelle - "c'est dans la prière humble et persévérante, dans l'ouverture à l'Esprit Saint, que l'on peut essayer de comprendre et d'exprimer la Parole de Dieu" - et la vie ecclésiale - "se sentir dans l'Eglise et avec l'Eglise".

Synthèse de l'Évangile et de la culture

Inévitablement, il s'est aussi appuyé sur l'exemple de son action pastorale, qui a mûri dans des circonstances de changement d'époque qui posaient de grands problèmes et de nouvelles manières de les envisager, d'où émergeait aussi une surprenante demande de spiritualité, comme ce fut le cas dans le milieu calviniste qu'il dut affronter comme missionnaire dans le Chablais.

"Rencontrer ces personnes et prendre conscience de leurs questions a été l'une des circonstances providentielles les plus importantes de sa vie", écrit le pontife. À tel point que ce qui semblait au départ une entreprise inutile et stérile est devenu une "synthèse féconde" entre "évangélisation et culture", "d'où il a tiré l'intuition d'une méthode authentique, mûre et claire pour une récolte durable et prometteuse", capable d'interpréter les temps changeants et de guider les âmes assoiffées de Dieu. Après tout, c'était aussi l'objectif de ses Traité.
Qu'est-ce que saint François de Sales a encore à enseigner aujourd'hui ? Le Pape François dans sa Lettre Apostolique Totum Amoris Est souligne que "certaines de ses décisions cruciales sont importantes aussi aujourd'hui, pour vivre le changement avec la sagesse évangélique".

Relation entre Dieu et l'homme

Tout d'abord, il est essentiel de repartir de la "relation heureuse entre Dieu et l'être humain", de la relire et de la proposer à chacun selon sa propre condition, sans impositions extérieures ni forces despotiques et arbitraires, comme l'expliquait saint François dans sa Traité. Il faut plutôt, écrit le pape, "la forme persuasive d'une invitation qui garde intacte la liberté de l'homme".

Une vraie dévotion

Il faut aussi apprendre à distinguer la vraie dévotion de la fausse dévotion, dans laquelle on se sent souvent comblé et "arrivé", en oubliant au contraire qu'elle est plutôt une manifestation de la charité et qu'elle y conduit : "elle est comme une flamme par rapport au feu : elle en ravive l'intensité, sans en changer la nature". On ne peut pas être pieux, en somme, sans le concret de l'amour, un "mode de vie", qui "rassemble et interprète les petites choses de chaque jour, la nourriture et le vêtement, le travail et le repos, l'amour et la progéniture, l'attention aux obligations professionnelles", éclairant ainsi sa vocation.

L'extase de l'action vitale

Le point culminant de cet engagement d'amour pour chaque homme se traduit par ce que le saint évêque appelle "l'extase du travail et de la vie", qui émerge des "pages centrales et les plus lumineuses de la Traité", comme les appelle le pape François.

C'est une expérience "qui, face à toute l'aridité et à la tentation du repli sur soi, a retrouvé la source de la joie", une vraie réponse aussi au monde d'aujourd'hui, envahi par le pessimisme et les plaisirs superficiels. Le secret de cette extase consiste à savoir sortir de soi, ce qui ne signifie pas abandonner la vie ordinaire ou s'isoler des autres, car "ceux qui prétendent s'élever vers Dieu, mais ne vivent pas la charité envers le prochain, se trompent eux-mêmes et trompent les autres".

Le mystère de la naissance de Jésus

Le pape François a également consacré l'audience générale de mercredi au saint évêque et docteur de l'Église, s'attardant notamment sur certaines de ses réflexions sur Noël, dont celle confiée à sainte Jeanne-Françoise de Chantal - avec laquelle il a notamment fondé l'institut de la Visitandine : "Je préfère cent fois voir le cher petit Enfant dans la crèche, plutôt que tous les rois sur leurs trônes".

Et en effet, le Saint-Père a réfléchi : "le trône de Jésus, c'est la crèche ou la route, pendant sa vie quand il prêchait, ou la croix à la fin de sa vie : c'est le trône de notre Roi", "la route du bonheur".

L'auteurGiovanni Tridente

Vatican

Le pape demande des prières pour Benoît XVI, qui "est très malade".

Ce matin, à la fin de l'audience du mercredi, le Saint-Père, le pape François, a demandé une prière spéciale pour Benoît XVI, "qui dans le silence soutient l'Église" et "est très malade". Le Saint-Siège ajoute qu'il y a eu "une aggravation" de son état de santé.

Francisco Otamendi-28 décembre 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Le pape François a évoqué aujourd'hui son prédécesseur Benoît XVI, prévenant qu'il est très malade et demandant des prières pour lui. Il a annoncé la nouvelle à la fin de l'audience générale d'aujourd'hui.

"Nous demandons au Seigneur de le consoler et de le soutenir dans ce témoignage d'amour pour l'Église, jusqu'à la fin", a ajouté le pape François à la fin de la traditionnelle audience du mercredi, qui était aujourd'hui consacrée à saint François de Sales, à l'occasion du quatrième centenaire de sa mort.

Quelques minutes plus tard, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, a déclaré : "En ce qui concerne l'état de santé du Pape émérite, pour lequel le Pape François a demandé des prières à la fin de l'audience générale de ce matin, je peux confirmer qu'il y a eu ces dernières heures une aggravation due à l'avancée en âge. Pour l'instant, la situation reste sous contrôle, sous la surveillance constante des médecins".

Le Bureau de presse du Saint-Siège rapporte également que "à la fin de l'audience générale, le Pape François s'est rendu au monastère Mater Ecclesiae pour rendre visite à Benoît XVI. Nous nous joignons à lui pour prier pour le pape émérite".

D'autre part, selon l'agence officielle du Vatican, le texte du pape François était le suivant : "Je voudrais vous demander à tous une prière spéciale pour le pape émérite Benoît, qui soutient silencieusement l'Église. Pensez à lui - il est très malade - en demandant au Seigneur de le réconforter et de le soutenir dans ce témoignage d'amour pour l'Église, jusqu'à la fin".

La santé de Benoît XVI a été stable ces derniers temps, mais son état est très fragile, et les propos du pape ont suscité de nouvelles inquiétudes. Le secrétaire personnel de Benoît XVI, l'archevêque Georg Gänswein, a déclaré à plusieurs reprises cette année qu'"il est fragile, mais il va bien".

Ces dernières années, le pape émérite a été assisté, selon la même agence, par les femmes consacrées de l'Association. Memores Domini et par Monseigneur Georg Gänswein, qui, au fil des ans, a toujours parlé d'une vie consacrée à la prière, à la musique, à l'étude et à la lecture.

Benoît XVI est né le 16 avril 1927, a été élu pape le 19 avril 2005 lors du conclave qui a suivi la mort de saint Jean-Paul II, a démissionné le 28 février 2013 et a eu 95 ans le samedi saint. Depuis sa démission, il réside au monastère. Mater Ecclesiae à l'intérieur du Vatican.

À de nombreuses reprises, ajoute Vatican News, le pape François a évoqué le lien avec son prédécesseur, qu'il a appelé "père" et "frère" lors de l'Angélus du 29 juin 2021, à l'occasion du 70e anniversaire de l'ordination sacerdotale de Ratzinger. Par ailleurs, dès le début de son pontificat, le pape François a instauré la "tradition" de rencontrer le pape émérite, en commençant par la première visite historique du pape nouvellement élu, qui est arrivé en hélicoptère à la résidence de Castel Gandolfo, où son prédécesseur a séjourné pendant quelques semaines avant de s'installer au monastère. Mater Ecclasiae.

À la veille des fêtes de Noël ou de Pâques, ou à l'occasion des consistoires avec les nouveaux cardinaux, le pape François n'a jamais voulu manquer un geste de proximité et de courtoisie en se rendant au monastère du Vatican pour le saluer et lui exprimer ses vœux.

L'auteurFrancisco Otamendi

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Vatican

Pape François : "La crèche est le trône de notre Roi".

Le Pape a consacré l'audience générale d'aujourd'hui à Saint François de Sales et à ses réflexions sur Noël, en raison de la lettre apostolique qui sera publiée aujourd'hui pour le quatrième centenaire de la mort du saint.

Paloma López Campos-28 décembre 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Le pape François a commencé son audience générale en félicitant les fidèles réunis dans la salle Paul VI pour Noël. Au début, il a mentionné que "ce temps liturgique nous invite à nous arrêter et à réfléchir sur le mystère de Noël et, puisque nous célébrons aujourd'hui le quatrième centenaire de la mort de l'Enfant Jésus, il nous invite également à réfléchir sur l'avenir de l'humanité. Saint François de SalesNous pouvons nous inspirer de certaines de ses pensées".

En raison de cette commémoration du saint, le Pape a annoncé qu'aujourd'hui "une lettre apostolique est publiée pour commémorer cet anniversaire. Le titre est Tout appartient à l'amourpour reprendre une expression caractéristique du saint évêque de Genève".

À la suite du docteur de l'Église, François a voulu "approfondir le mystère de la naissance de Jésus en compagnie de saint François de Sales".

Prenant en compte les écrits de l'évêque de Genève, le Saint-Père a commencé par analyser l'élément de la crèche où Jésus est né. "L'évangéliste Luc, en racontant la naissance de Jésus, insiste beaucoup sur le détail de la crèche. Cela signifie qu'il est très important, non seulement en tant que détail logistique, mais aussi en tant qu'élément symbolique, de comprendre quel genre de Messie est celui qui est né à Bethléem, quel genre de Roi, qui est Jésus".

" En regardant la crèche, en regardant la croix, en regardant sa vie de simplicité, nous pouvons comprendre qui est Jésus. Jésus est le Fils de Dieu qui nous sauve, en devenant homme comme nous. Se dépouiller de sa gloire et s'humilier. Nous voyons ce mystère concrètement dans le point central de la crèche, c'est-à-dire dans l'Enfant".

Cet humble détail de la crèche nous rapproche de la manière d'agir de Dieu. Ainsi, François dit : "Ne l'oublions jamais. La voie de Dieu est la proximité, la compassion et la tendresse. 

La conséquence de ce style de Père est que "Dieu ne nous prend pas par la force, il ne nous impose pas sa vérité et sa justice, il ne nous fait pas de prosélytisme. Il veut nous attirer avec amour, tendresse et compassion".

Pour tout cela, François affirme que "Dieu a trouvé le moyen de nous attirer, qui que nous soyons, par l'amour. Pas un amour possessif et égoïste".

L'amour de Dieu "est pur don et pure grâce". C'est tout et seulement pour nous, pour notre bien. C'est ainsi qu'il nous attire, avec cet amour désarmé et même désarmant. Mais quand nous voyons cette simplicité de Jésus, nous jetons aussi toutes nos armes, notre orgueil.

Poursuivant son analyse de la naissance du Christ, François considère qu'"un autre aspect qui ressort de la crèche est la pauvreté". Il ne s'agit pas d'une pauvreté exclusivement matérielle, mais, dit le Pape, elle doit être "comprise comme le renoncement à toute vanité mondaine".

Connaître ce mystère de la pauvreté nous permet de mieux comprendre le sens de l'authentique Noël. Le pape prévient qu'il existe un Noël qui est "la caricature mondaine qui le réduit à une célébration kitsch et consumériste". Il est nécessaire de faire la fête, mais ce n'est pas Noël. Noël, c'est autre chose. L'amour de Dieu n'est pas doux. La crèche de Jésus nous le montre. L'amour de Dieu n'est pas une bonté hypocrite qui cache la recherche de plaisirs et de réconforts".

S'inspirant d'une lettre écrite par saint François de Sales avant sa mort, le pape conclut en disant qu'"il y a un grand enseignement qui nous vient de l'Enfant Jésus à travers la sagesse de saint François de Sales. Ne rien désirer et ne rien rejeter, accepter tout ce que Dieu nous envoie. Mais faites attention. Toujours, et seulement, par amour. Parce que Dieu nous aime et veut toujours, et uniquement, notre bien".

Zoom

Ukraine : Noël dans le bunker

Des soldats ukrainiens célèbrent leur repas de Noël dans un lieu non spécifié en Ukraine. La photo a été publiée par le service de presse des forces armées ukrainiennes le 25 décembre 2022.

Maria José Atienza-28 décembre 2022-Temps de lecture : < 1 minute

Demandez une prière

S'il y a une chose dont je me suis rendu compte, c'est que la prière fait effectivement de nous une famille. Elle fait de nous une famille en Dieu.

28 décembre 2022-Temps de lecture : 2 minutes

Il y a quelques années, Miguel Ángel Robles a publié dans ABC un article anthologique intitulé Priez pour moi. Cet article reste l'un des articles qui continuent de marquer mon contour professionnel et personnel. Je n'ai pas fini d'écrire ces lignes que la deuxième partie de cet article arrive entre mes mains.

Ces jours-ci, je peux dire que j'ai fait l'expérience directe des paroles de Robles : "La prière ne fait pas de miracles, ou fait des miracles, nous ne le saurons jamais, mais elle offre une consolation à celui qui prie et à celui pour qui on prie. La prière n'est jamais inutile, car elle réconforte toujours".

Comme beaucoup de Madrilènes, il y a quelques jours, au milieu des chants de Noël et des loteries, nous avons reçu la nouvelle glaçante de l'accident dans lequel deux jeunes frères ont perdu la vie. Ils étaient de bons fils, amis de leurs amis et aussi amis de Dieu. Nous ne les connaissions peut-être pas, mais ils étaient proches.

En même temps que la triste information, sa famille, les croyants, nous ont demandé de prier. J'ai transmis la demande à ceux que je connaissais et aussi, presque sans réfléchir, j'ai demandé des prières à travers un réseau social : prier pour eux, pour leur famille..., finalement, pour tout le monde. Car s'il y a bien une chose que j'ai réalisée grâce aux milliers, c'est que oui, milliersLe message des personnes qui ont dit une, peut-être petite, prière pour eux, est que, en effet, la prière fait de nous une famille. Elle fait de nous une famille en Dieu.

Ce n'est pas que Diego et Alex "pourraient" être mes frères, c'est juste que... étaient mes frères..., et mes cousins et mes oncles, et mes amis. Ils étaient toi et ils étaient moi.

J'ai réalisé qu'il y a beaucoup plus de bonnes personnes que nous le pensons parfois. Ces milliers d'inconnus, venus d'endroits inconnus pour beaucoup d'entre nous, chrétiens et d'autres confessions, ont consacré un moment de leur vie non seulement à penser, mais à prier, pour ces enfants, pour cette mère et ce père, pour ces frères et sœurs et amis.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, qui crois en ce qu'on appelle la Communion des Saints, j'ai eu la chance de la vivre, dans sa version 3.0 la plus authentique.

Je vais continuer à demander des prières. Je suis sûr que je le ferai. Je ne sais pas si c'est d'un côté ou de l'autre ; si c'est dans la rue ou sur le net, par des signaux de fumée ou avec une chanson. Je continuerai à demander des prières sans complexes et à programmer des alarmes sur mon téléphone portable pour prier pour ceux qui les demandent parce que, avec la prière, avec cette mise en avant d'un Dieu que, peut-être parfois, nous ne comprenons pas, vous et moi serons toujours meilleurs.

L'auteurMaria José Atienza

Directeur d'Omnes. Diplômée en communication, elle a plus de 15 ans d'expérience dans la communication ecclésiale. Elle a collaboré avec des médias tels que COPE et RNE.

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Écologie intégrale

Ricardo Martino : "Il y a encore beaucoup à faire dans le domaine des soins palliatifs".

Que signifie la maladie pour les enfants ? Quel est l'impact sur les familles ? Comment la présence de Dieu entre-t-elle en jeu dans des situations aussi critiques ? Nous avons interrogé Ricardo Martino, chef de la section des soins palliatifs pédiatriques à l'hôpital pour enfants Niño Jesús, sur ces questions.

Paloma López Campos-28 décembre 2022-Temps de lecture : 4 minutes

Ricardo Martino est le chef de la section des soins palliatifs pédiatriques de l'Institut national de la santé publique. Hôpital Infantil Niño Jesús. Il est docteur en médecine, spécialisé en pédiatrie et promoteur de divers projets de sensibilisation aux soins palliatifs. Pour toutes ces raisons, il est conseiller du ministère de la santé sur ces questions. Dans Omnes, il a parlé des implications de la maladie pour les enfants, de l'impact sur les familles et de la présence de Dieu dans ces situations critiques.

Ricardo Martino sur une photo de l'UNIR

Il est difficile de voir l'innocence des enfants blessée par la maladie, au point que des petits se retrouvent en soins palliatifs. Comment faire face à une telle réalité ?

- Pour une famille, c'est la pire chose qui puisse arriver. En fait, il n'existe aucun terme en anglais pour décrire l'état permanent de la perte d'un enfant. On peut être veuf ou orphelin, mais, jusqu'à présent, nous n'avons pas mis de mots sur ce fait. Cet événement fait irruption dans la vie d'un enfant et tronque son avenir, ou l'avenir que nous pensions qu'il avait.

La maladie n'est pas une réalité qui ne touche que le patient, toute la famille souffre avec les enfants. Comment prendre soin de tous les membres de la famille ?

- La vie de toute la famille est affectée. La vie conjugale des parents est perturbée, et ils peuvent perdre leur emploi pour s'occuper de l'enfant ; les frères et sœurs passent au second plan et perdent leur rôle, les grands-parents souffrent et s'impliquent dans les soins de chacun... Nous prenons soin de l'enfant et apprenons à la famille à fournir les soins dont elle a besoin. Nous les aidons également à faire face à la situation et les soutenons après le décès. Cela nécessite une équipe comprenant des médecins, des infirmières, des travailleurs sociaux, des psychologues, un accompagnateur spirituel, des pharmaciens, des physiothérapeutes...

Peut-on trouver Dieu au milieu de tant de souffrance ?

- Tout le monde a une dimension spirituelle. Faire face à la mort ou au décès d'un enfant ou d'un frère ou d'une sœur touche toute la personne. Le spirituel aide à faire face. Les personnes qui ont la foi ont plus de ressources pour accepter la situation. Dieu est présent, même s'il suscite parfois la "colère" face à ce qui s'est passé. Nous trouvons souvent la douceur d'un Dieu providentiel et miséricordieux dans la façon dont les événements se produisent et dans la paix du cœur que de nombreuses familles éprouvent à la mort de leur propre enfant.

Comment parler aux enfants et à leur famille d'un bon père ?

- Les plus importantes sont les "expériences du bien" que les enfants font, avant même d'être capables de comprendre le fait religieux ou la personne de Dieu. Être aimé, pardonné, célébré... Ce sont des expériences que l'on peut vivre à tout âge et qui constituent le substrat nécessaire pour pouvoir comprendre l'action de Dieu comme bon Père.

Existe-t-il un réconfort spirituel pour les enfants et leurs familles dans de telles situations ? compliqué ?

- Il y a du confort s'il y a de l'acceptation. Et l'acceptation ne présuppose pas la compréhension. Si on le comprend, cela aide, mais c'est très difficile à comprendre. Ce que vous pouvez faire, c'est accepter, même si vous ne comprenez pas. Pour vivre son deuil de manière saine, il faut travailler sur l'adaptation et l'acceptation.

Outre des soins médicaux hautement spécialisés, de quoi les enfants en soins palliatifs ont-ils le plus besoin ? Et de quoi les proches ont-ils le plus besoin ?

- Ils ont besoin d'être considérés et traités comme des personnes. De cette façon, ce qui est important pour eux, au-delà de la maladie elle-même, est pris en compte. Le bien de la personne est plus important que ce qui lui arrive à cause de sa maladie. En outre, ce qui est bon pour le patient change au fil du temps en fonction de l'évolution de sa maladie, de ses limites, de ses attentes et de ses chances de répondre au traitement. Les membres de la famille ont également besoin d'être accueillis, acceptés et accompagnés par les professionnels, qui agissent sans préjugés et tentent de prendre en compte ce qui est important pour eux, pour autant que cela ne l'emporte pas sur le bien de l'enfant.

Combien d'enfants en Espagne ont besoin de soins palliatifs, et pensez-vous que les autorités investissent suffisamment pour répondre aux besoins de tant d'enfants ?

- En Espagne, 25 000 enfants ont besoin de soins palliatifs. Plus de 80% ne le reçoivent pas. Mais aujourd'hui, il n'y a pas d'équité dans la fourniture des soins. Cela dépend de l'endroit où vous vivez et de la maladie dont vous souffrez. Et ce malgré le fait que, au moins depuis 2014, les recommandations du ministère de la Santé sur ce qu'il faut faire sont claires.

Comment la situation des soins palliatifs pédiatriques en Espagne se compare-t-elle à celle de l'Europe ?

- D'un côté, ce n'est pas mauvais car de plus en plus d'équipes se mettent progressivement en place, notamment grâce à la motivation et à l'engagement des professionnels. D'autre part, on constate un manque d'institutions sociales et sanitaires, comme pour les adultes, pour apporter un soutien dans ces étapes de la vie. En outre, la formation requise n'est pas reconnue et est dispensée dans le cadre d'études de troisième cycle.

Que manque-t-il dans ce domaine ?

- Il y a un manque de reconnaissance sociale de cette réalité. Il y a des enfants qui meurent. Beaucoup après des années d'évolution de la maladie. Toute la famille est touchée. Dans le domaine des soins palliatifs pédiatriques, le temps joue contre le temps. Vieillir de quelques mois ou de quelques années signifie que son état empire et que la mort se rapproche. Pour un grand nombre de patients, avoir 18 ans est un saut dans l'inconnu, car le système est rigide et l'âge prime sur les caractéristiques cliniques du patient afin de lui donner les soins dont il a besoin. Il y a des enfants de 20 kilos qui portent des couches depuis leur naissance et qui ont besoin d'être soignés, nourris et mobilisés. Il y a encore beaucoup à faire.

Évangélisation

Nolan Smith : "J'aime ma foi. Je veux faire partie de l'église, participer à ses activités".

Nolan Smith a fait partie du groupe de personnes qui a donné une voix à la communauté des personnes souffrant de divers handicaps dans l'Église par le biais du document L'Église est notre maison. Ce jeune homme trisomique montre, avec sa famille, le défi que représente la pleine intégration des personnes souffrant de handicaps divers au sein de l'Église. 

Maria José Atienza-27 décembre 2022-Temps de lecture : 5 minutes

Âgé de 22 ans, Nolan Smith vit à Lawrence, au Kansas, et fait actuellement partie de l'équipe de recherche de l'Université d'Oxford. Programme de transition vers l'enseignement postsecondaire de l'université du Kansas et étudie l'éducation de la petite enfance. Depuis sa naissance, elle partage la vie de foi dans son foyer. Sa participation à la vie paroissiale a également ouvert de nouvelles voies dans sa communauté.

Nolan a participé à l'élaboration du document. L'Église est notre maison. Avec son père, Sean Joseph, il a accordé une interview à Omnes pour parler de son expérience. Une expérience qui met en lumière la richesse que ces personnes apportent à la communauté, leur volonté d'offrir leurs talents et le soutien de leur famille dans la vie de foi. 

Nolan, comment as-tu vécu ta foi à la maison, dans ta famille, avec tes amis ?

-J'ai vécu ma foi à la maison de plusieurs façons. D'abord, en famille, nous prions. Nous priions à l'heure des repas et aussi le soir. Nous avons également aidé la communauté et la paroisse en tant que famille. Mes parents disent que faire cela aide les autres et que c'est ce que Dieu voudrait. J'essaie d'être une bonne personne. Je cherche à partager avec les autres. Je veux m'assurer que mes amis savent qu'ils sont spéciaux. Je me soucie d'eux et je veux les rendre heureux. Si je peux les aider de quelque manière que ce soit, je le fais. J'ai aussi prié avec ma grand-mère. Elle a vécu à proximité pendant les quatre dernières années de sa vie. Chaque soir, j'allais chez elle, mon père nous apportait le dîner et nous mangions tous les deux. Ensuite, nous jouions de la musique et nous priions aussi le rosaire.

Sean, en tant que père de Nolan, quel est votre point de vue sur cette expérience ?

-Nolan est l'un de nos quatre enfants. Comme ses frères et sœurs, il a participé à l'éducation religieuse, aux sacrements, aux prières à la maison et à l'éducation par l'Église. En famille, nous allons à la messe. On leur a demandé d'aider l'église lors de divers événements, notamment les activités paroissiales. 

Nos plus jeunes enfants ont fréquenté l'école paroissiale. Nolan et sa grande sœur ne l'ont pas fait parce que Nolan n'avait pas le droit d'y assister. Maintenant, ils acceptent et éduquent les enfants atteints du syndrome de Down.

Vous êtes un jeune homme maintenant, Nolan, comment participez-vous à votre communauté paroissiale ? 

-J'ai aidé mon église de diverses manières. J'ai servi comme servant d'autel, j'ai aidé à enseigner l'éducation religieuse avec mon père, et je sers comme lecteur en ce moment. J'ai également aidé à organiser le spectacle de la veille de Noël pour les enfants et j'ai aussi décoré l'église à Noël et à Pâques.

 Avez-vous trouvé difficile ou facile de vivre votre foi ?

-J'aime ma foi. Ma grand-mère était très spéciale pour moi et elle m'a aussi aidé à connaître Dieu. Elle me manque mais je sens qu'elle m'a aidé à vivre ma foi. Aller à l'église et apprendre à connaître Dieu fait partie de ce que nous faisons en tant que famille. Il est donc assez facile de vivre ma foi.

Vous étiez l'un des participants à la réunion du dicastère qui a abouti à ce document. L'Église est notre maisonComment s'est déroulée votre participation à la réunion ?

-C'était bien. J'ai eu l'occasion de me présenter et d'écouter les autres : qui ils étaient et d'où ils venaient. La première rencontre par le biais du zoom était une rencontre pour faire connaissance. J'ai aimé écouter le traducteur et j'ai été surprise de voir toutes les langues parlées. Nous avons eu pour tâche de compléter un livret. Mon père et moi y avons consigné ce que nous pensions de l'Église, ce que nous voyions de la vision de l'Église pour les personnes handicapées, etc. Ils nous ont ensuite présenté un résumé de ce qu'ils avaient appris. 

Que demandez-vous à l'Église ?

-Je veux faire partie de l'Église. Faire partie, c'est pouvoir assister à la messe. Mais aussi pour participer aux activités de l'église, aux événements sociaux, à l'apprentissage et à d'autres événements. Avant la pandémie, j'avais l'habitude de me rendre à un événement organisé par un prêtre le dimanche après la messe. J'y allais avec ma grand-mère et nous prenions des rafraîchissements et écoutions le prêtre parler des lectures et d'autres choses d'église. Je faisais partie de ce groupe et c'était important. Ces choses-là sont importantes pour moi.

Pensez-vous qu'il y a un changement de mentalité au sein de l'Église en ce qui concerne la pastorale des personnes handicapées ? 

-[Nolan] Je ne sais pas. Je sais que je fais partie de ma paroisse. J'ai pu faire tout ce que je voulais faire. J'ai pu participer comme mes frères et sœurs. Mon père dit que l'école catholique ne m'acceptait pas, mais que maintenant ils enseignent aux enfants trisomiques. Donc c'est bien.

-[Sean Joseph] Je pense que l'Église a été plus lente que la société. Je fais partie de notre comité d'invalidité. L'accent est actuellement mis sur l'accès par la paroisse et l'archidiocèse. Accès dans le sens où nous devons fournir un accès de base à l'Église et aux sacrements. La société parlait d'accès et d'accès de base il y a 40 ans. Aujourd'hui, la société parle d'inclusion significative et la facilite. L'inclusion, où les personnes handicapées font partie de la communauté, sont incluses dans les activités typiques (par exemple, servir à l'autel, être lecteur, école paroissiale) et sont des membres actifs de la société. Malheureusement, l'Église se contente parfois de parler de la construction de rampes dans les bâtiments, de la mise en place de supports audio pour les personnes sourdes. Ils ne parlent pas des besoins des personnes ayant une déficience intellectuelle ou un autisme. Ils ne se concentrent pas sur les handicaps de développement, sur lesquels la société se concentre beaucoup. 

Malheureusement, je dirais qu'ils envisagent les choses dans la perspective du XXe siècle, alors que nous sommes dans la troisième décennie du XXIe siècle.

Sur L'Église, notre maison Il souligne que les personnes handicapées sont également appelées à donner. Qu'apportent-elles à la communauté ecclésiale ?

-[Nolan] Eh bien, tout d'abord, je suis une personne. Donc cette idée que je suis une personne dans le besoin est un problème. Si l'Église est ouverte et que des aménagements raisonnables sont proposés, je peux faire partie de l'Église. 

Ne me traitez pas comme quelqu'un de différent qui a besoin d'être plaint ou dont on a besoin. Lorsque nous faisons cela, nous traitons les personnes handicapées différemment. J'ai trois frères. Ne me traitez pas différemment de mes frères et sœurs juste parce que j'ai un handicap. 

L'Église doit apprendre de ce que la société a appris. Je peux contribuer comme tout le monde. J'ai été un enfant de chœur. Maintenant, je suis un lecteur. Je peux participer à la chorale. J'ai aidé à enseigner l'école du dimanche. Donnez-moi juste une chance et quelques accessoires (quand c'est nécessaire) et je serai de la partie.

S'ils me traitent différemment parce que je suis trisomique ou s'ils m'empêchent d'aider parce que je suis trisomique, c'est mal.

- [Sean Joseph] Nolan fait partie de la paroisse. Il est un membre et un membre actif. Maintenant, je dirais que c'est d'abord dû à mes attentes et à mon soutien. Par exemple, je l'ai aidé à suivre une formation d'enfant de chœur et j'ai également facilité sa participation à ce processus. Son frère l'a aussi aidé quand ils étaient ensemble à l'autel. Je suis également responsable des lecteurs et l'ai donc formé. 

La communauté paroissiale, lorsqu'elle a participé à ces activités, a été très bien accueillie. Ils l'ont beaucoup soutenu et ont approuvé sa participation dans toute la paroisse. Ils considèrent que c'est typique de Nolan. 

Cependant, j'ai constaté que d'autres personnes handicapées ne sont pas aussi bien intégrées. La paroisse a donc du travail à faire. Pourquoi ? Parce que les personnes handicapées peuvent et doivent participer sur un pied d'égalité avec la communauté ecclésiale. 

Nous sommes tous des enfants de Dieu et lorsque nous les traitons comme tels (par exemple, en leur offrant un soutien, en créant une structure et un climat d'inclusion, en considérant chacun comme une personne d'abord, et non comme un handicap puis comme une personne), nous pouvons facilement les inclure dans notre Église.

Évangélisation

Un nouveau défi pour l'Église

La pleine intégration des personnes handicapées dans la vie de l'Église est présentée comme une "un nouveau défi pour l'Église". et pour la société. C'est ce qu'affirme Antonio Martínez-Pujalte, docteur en droit de l'université de Valence et professeur de philosophie du droit à l'université Miguel Hernández d'Elche, qui  réfléchit à ce travail dans Omnes. 

Antonio-Luis Martínez-Pujalte-27 décembre 2022-Temps de lecture : 5 minutes

Le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie a récemment publié un document intéressant, L'Église est notre maisonLe résultat de la participation au voyage synodal d'un groupe de personnes handicapées de différents pays des cinq continents.

Il s'agit d'un document particulièrement significatif, notamment dans la mesure où il représente l'assomption du nouveau paradigme préconisé par la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées - même si elle n'est pas expressément mentionnée - qui doit également être reflété dans l'Église.

Un nouveau paradigme qui implique de s'éloigner de la vision traditionnelle de l'aide sociale qui considérait les personnes handicapées uniquement comme des bénéficiaires passifs de l'assistance que d'autres devraient leur fournir, pour les établir comme des protagonistes à part entière de la vie sociale, qui doivent exercer leurs droits et leurs responsabilités sur un pied d'égalité avec toutes les autres personnes.

La caractéristique du nouveau paradigme est également de souligner l'individualité des personnes handicapées, loin de tout préjugé ou stéréotype : les personnes handicapées ne sont ni meilleures ni pires que les autres.

Ils ne sont pas, comme on l'a parfois pensé dans l'Église, des pécheurs ou des êtres angéliques bénis par leur souffrance : ce sont des personnes normales, avec leurs qualités et leurs défauts, avec leurs désirs et leurs préférences, qui méritent le même respect que toutes les autres personnes.

Il est évident que l'ancien paradigme a été et continue d'être présent dans la vie de l'Église, ainsi que dans l'ensemble de la société qui l'entoure. Le document se réfère en ce sens à l'attitude paternaliste qui a présidé au regard porté sur les personnes handicapées, qui nous a même conduits à les considérer comme déjà des saints ou des "Christs en croix" en raison de leur condition de handicap, oubliant qu'elles sont, comme tous les autres chrétiens, de simples croyants ayant besoin de se convertir. Il cite quelques manifestations concrètes d'exclusion, principalement deux : le refus des sacrements aux personnes handicapées, qui se fait pour diverses raisons.des préjugés sur la capacité de comprendre la nature du sacrement, à la futilité d'offrir la réconciliation à ceux qui ont déjà expié leurs péchés par leur propre souffrance, aux préjugés sur la capacité d'exprimer un consentement définitif, à l'absence d'une approche pastorale profonde qui utilise tous les sens pour faciliter la communication."et la ségrégation de nombreuses personnes handicapées dans des institutions de soins, souvent gérées par des organismes liés à l'Église, où leurs souhaits ne sont pas pris en compte et où les droits et libertés fondamentaux sont souvent restreints.

Un changement de mentalité est nécessaire. Et non pas parce que c'est à la mode, parce que c'est politiquement correct ou parce que la Convention relative aux droits des personnes handicapées l'indique. Il s'agit au contraire d'assumer le sens profond de la dignité intrinsèque de tout être humain - et, dans l'Église, de tout fidèle - qui exige la pleine affirmation de leur égalité radicale et, par conséquent, la garantie de la participation égale de tous et de l'exercice égal de leurs droits.

Ce paradigme a des conséquences très concrètes : par exemple, en ce qui concerne l'accès des personnes handicapées mentales à la communion sacramentelle, le nouveau paradigme s'opposerait à ce que l'on refuse la communion aux personnes handicapées mentales sur la base d'un degré de discernement insuffisant, comme cela a souvent été fait, et exigerait que l'on cherche à leur offrir l'explication du sacrement qui leur est accessible, en tenant compte également du fait que, comme Benoît XVI l'a déjà souligné dans l'exhortation apostolique Sacramentum Caritatis (n. 58), quel que soit leur degré de compréhension, reçoivent le sacrement dans la foi de l'Église.

Le nouveau paradigme doit aussi se manifester dans le langage, ce qui n'est pas anodin, car il contribue à la diffusion d'une nouvelle mentalité ou à la perpétuation de l'ancienne : en ce sens, il faut éviter toute dénomination qui substantifie le handicap, et toujours mettre en avant la condition de la personne. D'où la pertinence de l'expression "personnes handicapées". Il faut également éviter d'assimiler le handicap à la souffrance : le handicap est un état de la personne, qui en soi ne génère pas nécessairement de la souffrance - dans de nombreux cas, au contraire, il stimule le désir de le surmonter - et qui, dans la grande majorité des cas, est pleinement compatible avec la joie et une vie digne et heureuse. 

En outre, pour que les personnes handicapées puissent exercer pleinement leurs droits et leurs responsabilités au sein de l'Église, l'accessibilité est une exigence incontournable. Il s'agit de la condition que doivent avoir les bâtiments, les espaces, les produits et les services pour pouvoir être utilisés par toutes les personnes dans des conditions égales et de manière aussi indépendante que possible. Comme le souligne le document, cette question est encore en suspens, à commencer par l'existence très fréquente de barrières physiques pour les personnes à mobilité réduite dans l'accès aux églises. 

Mais l'accessibilité ne signifie pas seulement l'accessibilité physique ; il n'y a pas d'accessibilité à l'éducation pour les aveugles, par exemple, s'il n'y a pas de textes écrits en braille ; l'accessibilité pour les sourds n'est pas garantie s'il n'y a pas d'interprètes en langue des signes lors des célébrations liturgiques et s'il n'y a pas de confesseurs capables d'entendre les confessions en langue des signes ; soit il n'y a pas d'accessibilité pour les personnes handicapées intellectuelles si des textes faciles à lire ne sont pas utilisés ou si les homélies n'utilisent pas un langage clair, simple et accessible à tous (ce qui, d'ailleurs, ne profiterait pas seulement aux personnes handicapées intellectuelles).

Le document appelle également à la pleine participation des personnes handicapées à la vie et à la gouvernance de l'Église. En particulier, ils devraient être impliqués dans les organes qui s'occupent spécifiquement du handicap. "Rien pour les personnes handicapées sans les personnes handicapées".Cette devise, qui guide la plupart des mouvements de personnes handicapées depuis plus de cinquante ans, se retrouve également dans le texte et est tout à fait raisonnable, puisque ce sont les personnes handicapées qui connaissent le mieux leurs propres besoins et exigences.

Nous sommes donc confrontés à un nouveau défi pour l'Église : la pleine inclusion des personnes handicapées dans son action pastorale. Et l'objectif n'est pas, bien sûr, qu'il y ait une pastorale spécialisée pour les personnes handicapées, et encore moins une pastorale spécialisée pour les différents types de handicap, mais qu'une attention soit portée aux personnes handicapées dans la pastorale ordinaire de l'Église. 

Cependant, pour atteindre cet objectif, je crois qu'il serait très nécessaire de créer, aux différents niveaux de gouvernement, des sections ou des organismes spécifiquement dédiés au handicap (délégations épiscopales dans les diocèses, au moins dans les diocèses les plus importants, commissions dans les conférences épiscopales, etc.), car il y a beaucoup de travail à faire : il faut promouvoir l'accessibilité dans les différents domaines, le nouveau paradigme dont nous avons parlé dans ces lignes doit être transmis à tous les prêtres et aussi aux laïcs, etc.

Mais c'est un défi passionnant qui, en plus de faire partie intégrante de la nouvelle évangélisation, sera un message clair et vivant contre la "culture du jetable" si souvent dénoncée par le pape François.

En définitive, inclure les personnes handicapées ne signifie rien d'autre que d'assumer toutes les conséquences de l'universalité de la rédemption du Christ.

À cet égard, le document cite à juste titre la phrase de Gaudium et Spes, n. 22 : "Le Fils de Dieu, par son incarnation, s'est en quelque sorte uni à tout être humain". Jésus-Christ a également été uni au handicap, qui est une caractéristique de la condition humaine.

L'auteurAntonio-Luis Martínez-Pujalte

Docteur en droit de l'université de Valence et professeur de philosophie du droit à l'université Miguel Hernández d'Elche.

Vatican

Le pape appelle à la paix lors de la bénédiction Urbi et Orbi

Rapports de Rome-26 décembre 2022-Temps de lecture : < 1 minute
rapports de rome88

Les lieux qui souffrent de la guerre et des catastrophes ont été au centre du discours de l'Angélus papal du dimanche 25 décembre 2022.

Dans la bénédiction Urbi et OrbiFrançois a appelé à une redécouverte de la signification de Noël. Il a déclaré que le sens de la fête est "anesthésié par le consumérisme".


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Monde

Le Cardinal Mendonça aux jeunes : "La vie est un gaspillage si nous vivons à moitié".

La route vers les JMJ 2023 se poursuit et des vidéos sont désormais diffusées dans lesquelles le cardinal Mendonça parle de l'Église, des jeunes et des JMJ à des jeunes de différents pays.

Paloma López Campos-26 décembre 2022-Temps de lecture : 4 minutes

Le cardinal José Tolentino Mendonça est préfet du Dicastère pour la culture et l'éducation. En plus d'être poète et essayiste, il est spécialiste des études bibliques. Son travail intellectuel porte essentiellement sur les relations entre le christianisme et la culture.

Les organisateurs des JMJ encouragent le cardinal Mendonça à engager des conversations avec des jeunes de différentes nationalités pour discuter de divers sujets. La première vidéo de ces dialogues est déjà disponible.

Temps d'attente

Les premiers jeunes à rencontrer le cardinal étaient Sara et David, respectivement du comité d'organisation local et du comité d'organisation diocésain. Au cours de l'entretien, le cardinal a parlé de la manière dont les jeunes doivent vivre Noël : "Noël demande un cheminement intérieur progressif, d'écoute, d'attention, de disponibilité à se rencontrer soi-même et de disponibilité à rencontrer la Parole de Dieu".

Mendonça a parlé de l'importance de l'attente. "Qui attend ? Celui qui sait que quelque chose manque. Nous devons tous sentir que nous sommes incomplets, que notre vie ne se suffit pas à elle-même, c'est pourquoi nous nous arrêtons et attendons". Le temps de l'Avent est celui qui "nous prépare à l'attente, qui est aussi une forme d'espérance".

Les chrétiens, nous dit le Cardinal, "n'attendent pas les choses immédiates. Nous attendons le Prince de la Paix. Nous attendons le Seigneur de notre vie, le Seigneur de l'histoire, qui donne un sens à ce que nous sommes et à ce que nous construisons".

Cette année, en plus de l'attente de l'Avent, il y a aussi l'anticipation des JMJ 2023 à Lisbonne. Dans cette attente qui précède la rencontre entre le Pape et les jeunes, dit Mendonça, "nous sommes déjà heureux, parce que le cœur est déjà projeté dans ce grand moment qui se vit dans le cœur et qui marquera tous les participants". Cela devrait nous enthousiasmer car "il est très beau de penser à une communauté mondiale qui nous sort de la solitude et nous donne la joie d'être les uns avec les autres pour confirmer notre espérance".

Les JMJ et leur efficacité transformatrice

Il est facile de se demander comment les cœurs peuvent être changés en quelques jours. Le cardinal estime que les JMJ peuvent être plus qu'un événement ponctuel si "nous investissons sérieusement dans la préparation et utilisons ce temps comme un moment de croissance, de découverte et d'approfondissement de la foi. Nous pouvons également en profiter pour nous unir plus étroitement à l'Église et prendre conscience que "nous sommes l'Église".

Citant le pape, Mendonça estime que "les jeunes doivent être les nouveaux poètes de l'histoire. Si, en ce moment, nous nous découvrons comme protagonistes de l'histoire, si nous nous rendons compte que nous sommes le visage du Christ, la rencontre avec le Saint-Père ne sera pas un point d'arrivée mais un point de départ géant qui pourra nous projeter dans de nombreuses dynamiques créatives qui marqueront sans aucun doute le début d'une nouvelle ère".

A la rencontre du Christ

Les JMJ impliquent une rencontre avec le Christ car "pour l'Église, les grands rassemblements sont des rencontres avec Lui. C'est ce qui fait la différence pour nous, car par la foi, nous regardons la vie et le monde avec des yeux différents.

"Quand nous regardons au fond de nous, dit le cardinal, nous voyons que c'est Jésus qui est le protagoniste de l'histoire et qui nous donne de l'audace et du courage. Le Christ est le tremplin de nos rêves, il remplit nos cœurs de désir.

Cette audace des jeunes doit les amener à ne pas être des répétiteurs, mais à se consacrer à recréer, en rêvant d'"un monde d'amour qui n'est pas impossible". Ce que nous entendons Jésus dire dans l'Évangile est possible, à commencer par la vie de chacun d'entre nous".

La clé de tout cela, dit Mendonça sans en douter, "c'est le Christ, et c'est pourquoi il est si important que dans ce temps de préparation, la découverte du Christ et de sa Parole soit au centre de tout". Cela signifie qu'"avant de réserver un voyage à Lisbonne, nous devons accepter que dans nos vies, ce compagnon d'Emmaüs nous accompagne, ce compagnon de voyage qu'est Jésus".

Santa Maria et les jeunes

"Marie est notre professeur, dans le sens où elle nous enseigne l'art d'attendre. Sainte Marie laisse "une empreinte dans nos cœurs". Les jeunes peuvent se pencher sur trois attitudes fondamentales que la Mère de Dieu nous enseigne.

"La première est son écoute du plan de Dieu". Marie donne son attention à Dieu, "ouvre son cœur à cette rencontre avec le Seigneur". De même, les jeunes doivent écouter ce que Dieu leur dit "parce qu'il a un plan dont tu es le protagoniste".

Deuxièmement, nous trouvons "la capacité de Marie à dire oui, à s'engager". Notre Mère "nous donne la force de tomber amoureux". Elle nous rappelle que "la vie est un gaspillage si nous vivons à moitié".

Enfin, nous pouvons en apprendre beaucoup sur le "tempérament de Mary". Sa démarche, son écoute, sa hâte... "Elle se plonge dans son histoire" et c'est un signe du "jeune cœur de Marie". La Mère de Dieu, par son attitude, "fait avancer l'histoire". Elle va vite parce que son cœur est plein d'amour.

Des jeunes aimés par le Christ

"Quand on a quelque chose de grand dans le cœur, on ne peut pas se contenir, on éclate si on ne dit pas ce qui est en nous". Le cardinal affirme que c'est ce que tout jeune devrait partager avec joie lorsqu'il réalise que le Christ l'aime : "Le Christ est dans ma vie, l'Évangile est vivant en moi".

Cette conviction fait de nous tous de jeunes missionnaires et "Lisbonne est le lieu où nous pouvons être tous ensemble en disant : nous voulons, nous rêvons, nous sommes ici, nous avons cette nouvelle à annoncer au monde". Ainsi, le voyage à Lisbonne sera une "explosion d'espoir dont le monde a tant besoin".

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CollaborateursSantiago Leyra Curiá

L'Europe et l'Espagne à Menéndez Pelayo

L'idée que Marcelino Menéndez Pelayo se faisait de l'Espagne était fondée sur un amour profond pour son peuple et sur la richesse d'appartenir à un monde plus vaste et ouvert.

26 décembre 2022-Temps de lecture : 5 minutes

"Lorsqu'il publia son "Epître à Horace" en 1877, le jeune Marcelino Menéndez Pelayo (1856/1912) aspirait à ce que les peuples d'Europe soient unis par l'art et les mots, travaillant la beauté d'une main et d'un cœur chrétiens, comme ces peuples méditerranéens qui avaient promu la culture de la Renaissance. Quatorze ans plus tard, il voit dans la Renaissance "la période la plus brillante du monde moderne, pour avoir atteint la formule esthétique définitive, supérieure dans certains cas à celle de l'Antiquité, dans les œuvres d'artistes tels que Raphaël, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Miguel de Cervantes, Fray Luis de León...". (discours d'admission à l'Académie royale des sciences morales et politiques)".

Contrairement à ceux qui voyaient une concordance entre les postulats initiaux de la Renaissance et le protestantisme, il affirmait que "La grande tempête de la Réforme est née dans les cloîtres nominalistes d'Allemagne, et non dans les écoles de lettres humaines d'Italie".. Et il a avoué qu'il ne pouvait pas le rapprocher des peuples d'Europe du Nord. "La Réforme, enfant illégitime de l'individualisme teuton". qui avait signifié la fin de l'unité européenne (Histoire de l'hétérodoxie espagnole et La science espagnole).

En tout cas, il n'a cessé d'admirer "Le merveilleux Chant de la cloche de Schiller, le plus religieux, le plus humain et le plus lyrique des chants allemands, et peut-être le chef-d'œuvre de la poésie lyrique moderne". Il a également frissonné en lisant la lettre dans laquelle Schiller dit à Goethe que "Le christianisme est la manifestation de la beauté morale, l'incarnation du saint et du sacré dans la nature humaine, la seule religion véritablement esthétique". Et, à propos de Goethe lui-même, il a rappelé qu'il avait été l'introducteur de l'expression "la littérature universelle, qu'il a inventée et en vertu de laquelle nous devons l'appeler citoyen du monde". De même, il s'est arrêté sur les œuvres des figures les plus représentatives de l'âge d'or de la littérature allemande, comme Winckelmann, Lessing, Herder, Fichte, les Humboldt et Hegel, "qui enseigne même lorsqu'il se trompe... et dont le livre... (sur l'esthétique) respire et inculque l'amour de la beauté immaculée et spirituelle". Comme il s'émerveillait devant la littérature anglaise, "l'un des villages les plus poétiques de la planète". (Histoire des idées esthétiques en Espagne, 1883/1891).

Comment Menéndez Pelayo voyait-il l'Espagne dans cette Europe ? 

Il a estimé que le Valencien Juan Luis Vives avait été "le penseur le plus brillant et le plus équilibré de la Renaissance"., "l'écrivain le plus complet et le plus encyclopédique de cette époque". Et il voyait en Vives le plus engagé dans l'Europe de son temps, qui... "a contemplé le Christ comme le Maître de la paix, pour ceux qui l'écoutent et pour ceux qui ne l'écoutent pas, par son action au fond de leur conscience".à celui qui, poussé par "pour l'amour de la concorde de tous les peuples d'Europe", La voyant ainsi divisée, il s'était adressé à l'Empereur et aux rois Henri VIII et François Ier, leur rappelant que leur division facilitait la piraterie de Barberousse et les raids turcs (Anthologie des poètes lyriques castillans).

Il a coïncidé avec un autre Espagnol, Jaume Balmes, l'auteur de "Le protestantisme comparé au catholicisme dans ses rapports avec la civilisation européenne", où l'écrivain catalan avait été ouvertement en désaccord avec Guizot, l'auteur de la "Histoire générale de la civilisation en Europe". Pour Guizot, catholicisme et protestantisme sont sur un pied d'égalité, car ils ont joué un rôle similaire dans la formation de l'Europe ; de son point de vue calviniste, Guizot pense que la Réforme protestante a apporté en Europe un mouvement expansif de raison et de liberté humaine.

Pour sa part, Menéndez Pelayo considérait que la Réforme, initiée avec les idées de libre examen, de servo arbitrio et de foi sans œuvres, avait signifié une déviation du cours majestueux de la civilisation européenne : "... il l'a prouvé... en commençant par analyser la notion d'individualisme et le sentiment de dignité personnelle, que Guizot considérait comme caractéristique des barbares, comme s'il ne s'agissait pas d'un résultat légitime du grand établissement, de la transformation et de la dignification de la nature humaine, apportés par le christianisme...". (Deux mots sur le centenaire de Balmes). 

Elle était basée sur l'hypothèse que "L'idéal d'une nationalité parfaite et harmonieuse n'est qu'une utopie... Il faut prendre les nationalités telles que les siècles les ont faites, avec une unité dans certaines choses et une variété dans beaucoup d'autres, et surtout dans la langue". (Défense du programme de littérature espagnole). Et de la façon dont l'esprit espagnol, qui avait émergé tout au long de la Reconquête, a été "Un dans la croyance religieuse, divisé dans tout le reste, par la race, par la langue, par les coutumes, par les privilèges, par tout ce qui peut diviser un peuple". (Discours d'entrée à l'Académie royale espagnole).

Dans ses travaux sur l'histoire de la culture espagnole, il ne s'est pas limité aux écrits en espagnol commun, la langue castillane, qu'il n'a pas manqué de considérer "le seul parmi les modernes qui ait réussi à exprimer quelque chose de l'idée suprême". et dans lequel il a été écrit "l'épopée comique du genre humain, l'éternel bréviaire du rire et du bon sens".

Car, considérant que l'Espagne est une nation riche et variée en langues, je verrais bien dans le Majorquin Ramón Llull, "au premier qui a rendu la langue vulgaire utile aux idées pures et aux abstractions, à celui qui a séparé la langue catalane de la langue provençale, en la rendant grave, austère et religieuse". (Discours d'entrée au RAE en 1881).

Ayant commencé ses études universitaires à Barcelone, il connaît la langue catalane dans laquelle, des années plus tard, il prononcera un discours devant la reine régente Maria Cristina. Et, dans son "Semblanza de Milá y Fontanals". se souviendrait que "Ce sont les poètes qui, se rendant compte que personne ne peut atteindre la vraie poésie si ce n'est dans sa propre langue, se sont mis à la cultiver artistiquement pour des buts et des objectifs élevés".

Alfredo Brañas, dans "Régionalisme", rappelle comment, dans le domaine littéraire, la Catalogne avait atteint la plus forte représentation de la littérature hispanique en 1887. Cette année-là, le poète catalan Federico Soler avait remporté le prix de l'Académie royale espagnole pour la meilleure œuvre dramatique jouée dans les théâtres d'Espagne. Brañas commente qu'avant son attribution, alors que certains universitaires étaient d'avis que le prix ne devait être décerné qu'aux pièces jouées dans les théâtres de la Cour, d'autres, comme Menéndez Pelayo, considéraient qu'il devait être ouvert aux dramaturges de toutes les régions espagnoles.

Dans son "Antología de poetas líricos castellanos" (Anthologie des poètes lyriques castillans), Menendez Pelayo a consacré des pages considérables à la poésie galicienne médiévale et a jugé, en deux rapports et avec un critère correct, la "Dictionnaire galicien-espagnol". par Marcial Valladares et le "Livre de chansons folkloriques galiciennes". par José Pérez Ballesteros. Dans la même anthologie, je ferais l'éloge de Valencia parce que "Elle était prédestinée à être bilingue... car elle n'a jamais abandonné sa langue maternelle". Et, dans une lettre datée du 6 octobre 1908, il dira à Carmelo Echegaray : "ma bibliothèque qui, grâce à vous, devient l'une des plus riches dans cette branche intéressante (les livres basques), si difficile à rassembler hors du Pays basque...".

Dans une autre lettre, adressée à la revue " Cantabria " (28/11/1907), Menéndez Pelayo écrira que " Celui qui n'aime pas son pays natal ne peut pas aimer sa nation " et commence par affirmer cet amour comme la base d'un patriotisme plus large. Le régionalisme égoïste est détestable et stérile, mais le régionalisme bienveillant et fraternel peut être un grand élément de progrès et peut-être le seul salut de l'Espagne".

L'auteurSantiago Leyra Curiá

Membre correspondant de l'Académie Royale de Jurisprudence et de Législation d'Espagne.

Vatican

Le pape tourne son regard vers les plus vulnérables lors de l'Angélus du jour de Noël

"Revenons à Bethléem", a souligné le pape dans son discours de l'Angélus, en ce dimanche spécial où l'Église célèbre la solennité de la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ. Un retour à Bethléem signifie tourner notre regard vers ceux qui souffrent le plus aujourd'hui.

Maria José Atienza-25 décembre 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Une matinée ensoleillée a accompagné l'Angélus du pape en ce dimanche de Noël. Du balcon de la basilique Saint-Pierre, le pape François s'est adressé aux fidèles, les encourageant à surmonter "la léthargie du sommeil spirituel et les fausses images de la fête qui nous font oublier qui est honoré". Son discours a été marqué par un rappel de l'absence de paix dans le monde et des nations frappées par la guerre.

"Revenons à Bethléem, où résonne le premier son du Prince de la Paix. Oui, parce que lui-même, Jésus, est notre paix ; cette paix que le monde ne peut donner et que Dieu le Père a donnée à l'humanité en envoyant son Fils", a poursuivi le Saint-Père.

François a voulu rappeler que suivre le chemin de la paix tracé par Jésus suppose d'abandonner les fardeaux de "l'attachement au pouvoir et à l'argent, l'orgueil, l'hypocrisie et le mensonge". Ces fardeaux rendent impossible le voyage à Bethléem, nous excluent de la grâce de Noël et nous ferment l'accès au chemin de la paix. Et en effet, nous devons constater avec tristesse qu'au moment même où le Prince de la Paix nous est donné, des vents violents de guerre continuent à souffler sur l'humanité".

Les nations en guerre

Le Pape a pointé les nouveaux visages de l'Enfant de Bethléem : " Que notre regard soit rempli des visages de nos frères et sœurs ukrainiens, qui vivent ce Noël dans l'obscurité (...) Pensons à la Syrie, encore martyrisée par un conflit qui est passé au second plan mais qui n'est pas terminé ; pensons aussi à la Terre Sainte, où ces derniers mois la violence et les conflits ont augmenté, avec des morts et des blessés. Implorons le Seigneur pour que là, sur sa terre natale, le dialogue et la recherche de la confiance mutuelle entre Israéliens et Palestiniens puissent reprendre".

L'une des régions récemment visitées par le pape et dont il s'est souvenu en ce jour est le Moyen-Orient. François a ensuite prié pour que "l'Enfant Jésus soutienne les communautés chrétiennes qui vivent dans tout le Moyen-Orient, afin que dans chacun de ces pays, on puisse faire l'expérience de la beauté de la coexistence fraternelle entre personnes de confessions différentes. Qu'il aide le Liban en particulier, pour qu'il puisse enfin se relever, avec le soutien de la communauté internationale et avec la force de la fraternité et de la solidarité. Que la lumière du Christ illumine la région du Sahel, où la coexistence pacifique entre les peuples et les traditions est perturbée par les affrontements et la violence. Puisse-t-elle guider vers une trêve durable au Yémen et vers la réconciliation au Myanmar et en Iran, afin que cesse toute effusion de sang".

Le pape n'a pas non plus voulu oublier son continent d'origine, l'Amérique, où certains pays connaissent des moments d'incertitude et de déstabilisation sociale, comme le Nicaragua et le Pérou. Le Pape a élevé ses prières pour demander à Dieu "d'inspirer les autorités politiques et toutes les personnes de bonne volonté du continent américain afin qu'elles fassent un effort pour pacifier les tensions politiques et sociales qui affectent plusieurs pays ; je pense en particulier au peuple haïtien, qui souffre depuis longtemps".

Fixe et affamé

Il a également fait une comparaison entre la signification de Bethléem, "Maison du pain", en soulignant "les personnes qui souffrent de la faim, en particulier les enfants, alors que chaque jour de grandes quantités de nourriture sont gaspillées et que les biens sont dilapidés pour les armes". Il a alors mis l'accent sur les conséquences de la guerre en Ukraine qui "a encore aggravé la situation, laissant des populations entières en danger de famine, notamment en Afghanistan et dans les pays de la Corne de l'Afrique. Chaque guerre - comme nous le savons - provoque la faim et utilise la nourriture elle-même comme une arme, empêchant sa distribution aux personnes qui souffrent déjà". En ce jour où de nombreuses familles se réunissent autour d'une table spéciale, le pape a demandé que "la nourriture ne soit rien d'autre qu'un instrument de paix".

Enfin, le pape a évoqué "tant de migrants et de réfugiés qui frappent à notre porte à la recherche de confort, de chaleur et de nourriture. N'oublions pas les marginaux, les solitaires, les orphelins et les personnes âgées qui risquent d'être mis au rebut ; les prisonniers que nous ne considérons que pour leurs erreurs et non comme des êtres humains.

Le Saint-Père a conclu en nous demandant de nous laisser "toucher par l'amour de Dieu et de suivre Jésus, qui s'est dépouillé de sa gloire pour nous faire participer à sa plénitude".

Après les paroles, le Pape a donné la bénédiction Urbi et orbi à toutes les personnes présentes sur la place Saint-Pierre et à celles qui ont suivi cette bénédiction à travers les médias.

Vatican

Le pape à la messe de Noël : "Aide-nous à donner chair et vie à notre foi".

Où chercher le sens de Noël ? C'est autour de cette question que s'est articulée l'homélie du pape François, qui célébrait pour la dixième fois la messe de la Nativité du Seigneur.

Maria José Atienza-25 décembre 2022-Temps de lecture : 2 minutes

La basilique Saint-Pierre a une nouvelle fois accueilli des centaines de personnes, dont de nombreux enfants, et des dizaines de prêtres qui ont accompagné le Saint-Père pour la célébration eucharistique.

Le pape a voulu tourner son regard vers la crèche, en la désignant comme le lieu où l'on trouve le véritable sens de Noël, parfois noyé dans les cadeaux et les décorations. "Pour trouver le sens de Noël, il faut regarder là (à la crèche). Mais pourquoi le berceau est-il si important ? Parce qu'elle est le signe, non fortuit, par lequel le Christ entre sur la scène du monde. Et de la crèche, le Pape a relevé trois significations sur lesquelles réfléchir : proximité, pauvreté et concret.

En ce qui concerne le proximitéLe pape a souligné que "la crèche sert à rapprocher la nourriture de la bouche et à la consommer plus rapidement. Une idée qui rappelle la voracité du monde, avide de confort et d'argent. Au contraire, "dans la crèche du rejet et de l'inconfort", a poursuivi le pape.

"Dieu s'accommode : il arrive là, parce que là se trouve le problème de l'humanité, l'indifférence générée par la course vorace à la possession et à la consommation. Le Christ y est né et dans cette crèche nous le découvrons tout proche".

Sur le pauvreté de la crèche, a noté le Pape, "la crèche nous rappelle qu'il n'avait personne d'autre autour de lui que ceux qui l'aimaient". Une réalité qui "met ainsi en évidence les véritables richesses de la vie : non pas l'argent et le pouvoir, mais les relations et les personnes. Et la première personne, la première richesse, c'est Jésus lui-même".

Et enfin, le pape s'est arrêté au concrétion qui marque l'entrée du Christ dans l'histoire humaine. Dans un enfant concret, dans une terre concrète et une année concrète : "De la crèche à la croix, son amour pour nous était tangible, concret : de la naissance à la mort, le fils du charpentier a embrassé la rugosité du bois, la rugosité de notre existence".

"Jésus, nous te regardons, couché dans la crèche. Nous te voyons si proche, toujours proche de nous : merci, Seigneur. Nous Te voyons pauvre, nous enseignant que la vraie richesse n'est pas dans les choses, mais dans les personnes, spécialement dans les pauvres : pardonne-nous, si nous ne T'avons pas reconnu et servi en eux. Nous te voyons concret, parce que ton amour pour nous est concret : Jésus, aide-nous à donner chair et vie à notre foi", a conclu le pape.

Au cours de la célébration, le Saint-Père a renouvelé la coutume de l'adoration de l'image de l'Enfant Jésus et s'est arrêté, de façon particulière, devant la crèche installée à l'intérieur de la basilique pétrinienne.

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Noël à la fermeture

Plusieurs religieuses cloîtrées racontent leur préparation pendant l'Avent et comment elles vivent Noël dans leur consécration contemplative.

Paloma López Campos-25 décembre 2022-Temps de lecture : 4 minutes

Noël est un moment que nous vivons tous de manière particulière, mais comment est-il vécu dans les communautés cloîtrées ? La célébration à l'intérieur des murs est-elle très différente de celle de la rue ? Comment les personnes consacrées se préparent-elles à la venue du Christ ?

Les Clarisses, réparatrices

Les sœurs Clarisses du couvent de San José (Ourense) nous racontent comment elles vivent ces festivités particulières.

Comment les personnes cloîtrées se préparent-elles à la naissance du Christ ?

- Nous nous préparons, tout d'abord, avec la Parole de Dieu contenue dans les lectures de l'Office divin, les Saintes Écritures, les Sacrements... Année après année, nous nous attachons à approfondir ces textes très riches pour nous approcher de la compréhension insondable du mystère de la Nativité du Christ".

Dans les rues, tout est rempli de lumières, de musique, de vitrines flashy... Comment revenir sur ce qui est important en ce temps liturgique ?

- Toutes ces manifestations de lumières, de sons, de chants, de cadeaux, de friandises... sont des signes qui nous parlent d'un événement. Du point de vue de la foi, le plus important. Dieu s'approche de l'homme en prenant notre nature afin de nous sauver. La façon dont il le fait nous réveille énormément : il naît dans une grotte de berger, il meurt (ou plutôt, nous le tuons) sur une croix. Pourquoi ? "Regardez-le et vous serez radieux".

Les activités et l'emploi du temps du couvent changent-ils à l'approche de l'Avent et de Noël ?

- À cette époque de l'année, il est nécessaire de modifier notre emploi du temps habituel pour rendre notre travail compatible avec nos obligations de vie contemplative. C'est la confiserie, notamment le "panettone" sucré, très populaire en ce moment, qui nécessite cette adaptation".

Quel est, selon vous, l'aspect le plus important de Noël ?

- De notre point de vue et de celui de tout chrétien, la foi, seule façon de voir Dieu, est sans doute l'aspect le plus important. Tout a un sens à partir de la foi. Bien sûr, nous faisons la fête comme dans tout foyer qui vit dans l'espérance, parce que Dieu a aimé l'homme à ce point, et Dieu ne déçoit pas.

Avez-vous des recommandations à faire pour nous préparer à accueillir le Christ ?

- Revenir à la "Parole de Dieu", la méditer, la prier, voilà notre suggestion. Par exemple :

a) Lire le n° 3-4 de la Constitution dogmatique Dei Verbum sur la révélation divine du Concile Vatican II.

b) N° 48 de la Constitution dogmatique Lumen Gentium sur l'Église du Concile Vatican II

c) Lisez le livre de la Sagesse dans la Bible.

d) Le chapitre 12 de la lettre de Paul aux Romains.

e) Enfin "PRIEZ", priez sans cesse. Mais comment ? Quand il n'est pas possible de faire autrement, avec le "désir". "Tout mon désir est en ta présence. Si vous ne voulez pas arrêter de prier, n'interrompez pas le désir".

Monastère de la Deuxième Visitation

D'autre part, les religieuses de la Visitation disent que leur "travail consiste à prier pour les vocations en général, et pour le monde athée dont nous souffrons malheureusement aujourd'hui. L'Avent est pour nous un temps de recueillement avant la venue de notre Sauveur et Rédempteur. La joie qui imprègne nos cloîtres ne peut en aucun cas être comparée aux festivités de l'agitation et de l'effervescence, et rien ou presque ne nous rappelle ces jours-ci.

Sœurs Mercédaires de Cantabrie

Du monastère de Santa María de la Merced en Cantabrie, ils ont également voulu partager leur expérience :

" Dans un couvent de vie contemplative, le temps de l'Avent et de Noël, sans rien changer essentiellement, est vécu comme une aube, avec une joie et une espérance nouvelles. Le berceau et le panier de l'Enfant à venir sont préparés, par des actes personnels de vertu, des prières, des services fraternels, etc. La liturgie est vécue avec une plus grande intensité, nous unissant à la grande attente du peuple d'Israël, à l'inquiétude urgente de notre monde qui, même sans s'en rendre compte, aspire à un "Sauveur ou Libérateur".

Toute cette aspiration universelle prend vie dans notre prière personnelle, communautaire et liturgique. Le chant grégorien des antiennes "O" dans l'attente immédiate de Noël crée une atmosphère de joyeuse attente et de silence expectatif qui imprègne notre vie fraternelle quotidienne. Matériellement, nous décorons aussi notre petit couvent avec des peintures murales de l'Avent, avec des soupirs priants de "Marana tha"Viens Seigneur Jésus" avec une musique de Noël pour se réveiller le matin, etc.

Pour nous, la chose la plus importante de Noël est que nous vivons la naissance de Jésus, le Fils de Dieu, qui prend notre nature humaine pour nous sauver et nous donner un exemple de vie. C'est un événement étonnant d'amour infini qui atteint un tel niveau d'abaissement de soi par pur amour pour l'homme déchu, pour chacun d'entre nous, qu'il nous remplit de stupéfaction amoureuse et nous conduit à une joie et une gratitude débordantes qui se traduisent par une atmosphère chorale et fraternelle et aussi par des "extras" de nourriture. Car, comme le disaient les anciens moines, les fêtes se déroulent "à la messe et à table".

Tout cela nous amène à partager spirituellement, liturgiquement et matériellement avec nos frères et sœurs, en aidant les personnes dans le besoin, en répondant aux visites et aux appels téléphoniques, en essayant de partager notre foi, notre joie, notre gratitude envers le Dieu d'amour fait Enfant à Bethléem.

Nous regrettons beaucoup que dans de nombreuses familles, la foi chrétienne et la joie de Noël s'estompent et sont remplacées par des festivités païennes dont on ne se souvient plus de la raison d'être. Notre souhait et notre recommandation aux familles chrétiennes est qu'elles ne se laissent pas emporter par des courants qui n'ont rien de bon et de profond à apporter, et que l'unité familiale se renforce davantage autour d'une table à la maison avec des chants de Noël, la Nativité et la chaleur de la famille, qu'avec tant de substituts offerts par le monde actuel, qui ne conduisent pas à l'amélioration de notre société.

 A vous tous, nous souhaitons que l'Enfant Dieu naisse et grandisse dans vos cœurs, dans vos familles, dans vos paroisses et dans votre environnement social. JOYEUX NOËL ENSEMBLE AVEC L'ENFANT JESUS ; MARIE ET JOSEPH".

Noël pour tous

Les religieuses cloîtrées nous rappellent l'importance de nous concentrer sur l'essentiel pendant ces jours de fête, en nous rappelant toujours que ce que nous célébrons est la naissance de Jésus-Christ. La vie cloîtrée peut nous inviter à nous demander, avec saint Jean-Paul II : "Comment est né le Christ ? Comment est-il venu dans le monde ? Pourquoi est-il venu dans le monde ?" (Audience générale, 27 décembre 1978). Le Pontife lui-même nous donne la réponse : "Il est venu dans le monde pour être trouvé par ceux qui le cherchent. Tout comme les bergers l'ont trouvé dans la grotte de Bethléem. Je dirai même plus. Jésus est venu dans le monde pour révéler toute la dignité et la noblesse de la recherche de Dieu, qui est le besoin le plus profond de l'âme humaine, et pour aller à la rencontre de cette recherche".

Culture

Les traditions de Noël en Lituanie et en Pologne

En Lituanie, Noël reste un moment privilégié pour vivre les traditions. L'influence de la Pologne voisine et la christianisation des anciennes coutumes sont à l'origine de nombreuses coutumes que les familles lituaniennes font revivre chaque année autour de la Nativité de notre Seigneur.

Marija Meilutyte-24 décembre 2022-Temps de lecture : 9 minutes

La Pologne et la Lituanie partagent certaines des traditions de Noël les plus répandues. La veille du 24 décembre et le 25 sont marqués par diverses manifestations d'affection, de foi et de dévotion, si profondément enracinées dans les deux peuples que, des siècles plus tard et après de nombreuses vicissitudes historiques, elles sont toujours présentes dans les familles polonaises et lituaniennes.

Lituanie : De la kalėdaičiai aux 12 plats du réveillon de Noël

Pour comprendre les coutumes lituaniennes autour de la veille de Noël et de Noël, il y a deux choses à comprendre. D'une part, que le christianisme est arrivé en Lituanie de deux directions : de l'Est, c'est-à-dire de Byzance via les Slaves orientaux, et de l'Ouest, c'est-à-dire de Rome via les Slaves germaniques et occidentaux, notamment les Polonais. D'autre part, la Lituanie a été l'une des dernières nations d'Europe à se christianiser, au XIVe siècle, de sorte que dans nombre de ces traditions, le paganisme et le christianisme se mêlent.

Le mot pour Noël, Kalėdostrouve son origine dans le slave oriental коляда, dérivé du slave ecclésiastique kolędaqui vient à son tour du latin kalendae via les Grecs byzantins. Kalendae désigne le premier jour de chaque mois dans l'ancien système de calcul romain et ecclésiastique. Aujourd'hui encore, le texte du "martyrologe romain", qui résume l'histoire de l'humanité et les espoirs de salut, qui trouvent leur accomplissement dans le Christ, est appelé "calenda" ou proclamation de Noël.

Le mot pour la veille de Noël, Kūčiosest issu du slave oriental kuтя (ukrainien : кутя, vieux russe : кутья). Son lieu de naissance est Byzance, et non Rome, et il est associé à... Kūčiaplat à base de céréales (blé, orge, seigle, etc.) mélangées à de l'eau sucrée au miel. Ce plat est également traditionnel en Biélorussie et en Ukraine.

À l'époque pré-chrétienne, autour du solstice d'hiver, on commémorait les morts et on célébrait également certains rites de récolte. Par exemple, le plat Kūčia servait à nourrir les esprits des ancêtres. De ce culte des ancêtres subsiste la tradition de laisser la table de la veille de Noël intacte pendant la nuit afin que les âmes des défunts puissent festoyer ou prier pour les défunts dans la prière de bénédiction de la table, en particulier pour ceux qui sont morts cette année-là.

Une autre coutume païenne qui a été christianisée par la suite consiste à placer du foin ou de la paille sous la nappe : à l'origine, c'était pour que les morts reposent, aujourd'hui on le place en souvenir de la crèche où l'Enfant Jésus a été déposé après sa naissance.

Dîner de la veille de Noël

Un grand nombre des traditions chrétiennes proprement dites sont passées par la Pologne, de sorte qu'aujourd'hui les Lituaniens et les Polonais partagent beaucoup de ces coutumes.

Le dîner de la veille de Noël commence par une prière, généralement dirigée par le chef de famille. Après la prière, le kalėdaičiaiLes kalėdaitis : des galettes allongées décorées d'images de la Nativité de Jésus. Chaque personne offre sa kalėdaitis à une autre personne présente en la bénissant et en lui souhaitant quelque chose pour l'année à venir ; lorsque tous les convives ont échangé un morceau de la galette, le repas commence. Normalement, ces galettes sont vendues dans les églises dès le début de l'Avent, après avoir été bénies par les prêtres. Si une personne ne va pas célébrer la veille de Noël en Lituanie, ses proches lui envoient des kalėdaičiai pour qu'elle ne manque pas à leur table.

Les hosties symbolisent le corps de Jésus-Christ, car la célébration de la veille de Noël réunit la table de la dernière Cène du Christ et la crèche de Bethléem.

Les kalėdaičiai en sont un rappel, elles nous parlent du Pain vivant fait chair ; briser et échanger un morceau de la galette symbolise la communion des chrétiens avec et en Jésus-Christ.

Sur la table de la veille de Noël, il y aura douze assiettes (les assiettes étant comprises comme douze aliments différents), selon l'interprétation chrétienne, en l'honneur des douze apôtres qui étaient assis à la table de la Cène.

En Pologne comme en Lituanie, l'Avent est un temps d'abstinence et, dans la plus stricte tradition, le 24 décembre est un jour d'"abstinence sèche", c'est-à-dire non seulement sans viande, mais aussi sans produits laitiers ni œufs. C'est pourquoi la plupart des plats sont à base de poisson, notamment de hareng, de champignons et de légumes.

Les boissons typiques comprennent aguonpienas (lait de pavot), fabriqué avec de l'eau, du sucre et des graines de pavot écrasées et le kisielius (kisel) boisson à base de baies ou de fruits à laquelle on ajoute de la fécule de pomme de terre ou de maïs, ce qui donne à la boisson une consistance très épaisse.

Sur la table de la veille de Noël, vous ne pouvez pas manquer le kūčiukaiCes petites boules faites de farine, de levure et de graines de pavot sont devenues particulièrement populaires après la restauration de l'indépendance, lorsqu'elles ont recommencé à être célébrées librement pendant les fêtes de Noël.

Un curieux héritage de l'ère soviétique est la popularité de la salade russe, qui est connue en Lituanie sous le nom de "salade russe". salade blanche ou ensaladilla casera, comme plat du jour de Noël. La raison en était qu'il était fait avec des pois en conserve et de la mayonnaise qui étaient difficiles à trouver et donc considérés comme des articles de luxe.

Aujourd'hui encore, ces traditions sont observées dans la plupart des familles et Noël est un moment de forte expérience chrétienne dans le pays.

Pologne. La messe des bergers et la fraction du pain

Texte: Ignacy Soler

On disait autrefois, et on dit encore aujourd'hui, que tous les festivals sont connus par leurs vêpres. En Pologne, la veille de Noël est connue sous le nom de "Vigile" et ses coutumes sont profondément ancrées dans chaque famille, croyante ou non.

Noël est la fête de la naissance d'un Enfant en qui nous, chrétiens, reconnaissons le Fils de Dieu, Dieu fait homme pour notre salut. Pour beaucoup, Noël n'est plus une fête chrétienne, mais c'est toujours un moment d'affirmation de la bonté de la vie humaine, en particulier du nouveau-né : un cadeau pour la famille, le pays et le monde entier. Chaque enfant est unique, irremplaçable, une nouveauté qui rend tout le reste différent. Noël est aussi l'occasion de se souhaiter la paix, la joie, le bonheur, un monde meilleur, sans guerre, sans tristesse et sans mal : l'utopie d'un monde inaccessible pour les humains de tous les temps. Mais ce que l'homme ne peut pas, Dieu le peut.

La Veillée de Noël, comme son nom l'indique, nous invite à être vigilants et préparés pour la célébration. La veille de Noël commence dans les maisons polonaises, souvent recouvertes de neige blanche et froide à l'époque, par le repas de la veillée à l'apparition de la première étoile, vers cinq heures du soir. Tout le monde s'assied à la table commune après une dure journée de travail. Dès les premières heures du 24, tout le monde est impliqué dans la préparation de la veillée. Quelques jours avant, le sapin de Noël a déjà été installé et habillé de toutes ses lumières, décorations, cadeaux et de l'étoile au sommet. Si cela n'a pas été fait auparavant, le 24 au matin, le sapin de Noël doit être installé. La crèche traditionnelle, en particulier les figures du Mystère - Jésus, Marie et Joseph, a également une tradition et des racines, mais moins que l'arbre de Noël et pas aussi répandue qu'en Italie ou dans les pays hispanophones.

Après quelques heures de préparation, non seulement pour le repas mais aussi pour la maison, notamment pour le nettoyage des fenêtres (je ne comprends pas bien pourquoi, en Pologne, les fenêtres sont nettoyées à fond la veille de Noël et le dimanche de Pâques), ils se réunissent à la table de Noël avec leurs meilleurs plats et couverts. Ils se réunissent mais ne s'assoient pas, car le repas de la veille de Noël commence - tous ensemble et debout - par la lecture de la Naissance de Jésus dans l'Évangile de saint Matthieu (1, 18-25) ou de saint Luc (2, 1-20). Il est généralement lu par le père de famille ou le plus jeune des enfants.

Rompre le pain : Opłatek

Vient ensuite l'Opłatek, en anglais oblea, qui vient du latin oblatum - offrande. L'hostie, également appelée pain des anges ou pain béni, et dans notre cas, hostie de Noël, est une feuille de pain blanc, cuite avec de la farine blanche et de l'eau non levée, qui est partagée à la table de la veille de Noël. Tout le monde reste debout et chaque participant à la Vigile prend une hostie d'un plateau préparé avec lui. Chaque convive tient sa galette dans la main gauche et, de la main droite, casse un morceau de la galette d'un autre participant, tout en exprimant ses meilleurs vœux pour cette personne, avec des mots improvisés, courts ou longs, affectifs ou officiels, selon les souhaits de chacun. Et il mange ce petit morceau de la galette de l'autre personne. L'action est rendue par l'autre personne. Et à la fin, ils se serrent la main, logiquement la main droite, qui est celle qui est libre.

L'hostie de Noël est un signe de réconciliation et de pardon, d'amitié et d'amour. Le partager au début du repas de la veillée de Noël exprime le désir d'être ensemble, il a une signification non seulement spirituelle mais aussi matérielle : le pain blanc souligne la nature terrestre des désirs, de l'avoir et du partage. Chacun doit être comme du bon pain, divisible, quelque chose qui peut être donné. Elle est logiquement liée à la demande du Notre Père et à l'Eucharistie.

La tradition du partage, c'est-à-dire la rupture mutuelle d'une partie de la galette ou de l'hostie de Noël, trouve ses racines dans les premiers siècles du christianisme. Initialement sans rapport avec Noël, elle était un symbole de la communion spirituelle des membres de la communauté. La coutume de bénir le pain était appelée eulogia (pain béni). Finalement, le pain a été apporté à la messe de la veille de Noël, béni et partagé. Il était également porté au domicile des malades, ou de ceux qui, pour diverses raisons, n'étaient pas présents à l'église, ou encore envoyé à la famille et aux amis. La pratique de la célébration de l'eulogie, populaire dans les premiers siècles du christianisme, commence à disparaître au IXe siècle sous l'effet des décrets des synodes carolingiens, qui voulaient éviter la confusion entre le pain consacré (l'eucharistie) et le pain béni (l'eulogie).

Dîner de la veillée de Noël

La cène de la Vigile est une cène joyeuse, familiale et pénitentielle, oui cela peut paraître curieux mais c'est une cène d'abstinence de viande. Il est de coutume d'offrir la mortification de ne pas manger de viande ce jour-là en préparation de la grande solennité de la Nativité du Seigneur. Ne pas manger de viande est une chose qui reste importante en Pologne, puisqu'elle est célébrée chaque vendredi de l'année, et les Polonais n'y sont pas indifférents. Le dîner de la veillée se compose de douze plats différents, dont de nombreux plats de poisson, tous très bien préparés et savoureux. Cela commence par une soupe, qui est généralement une borschune soupe de betteraves rouges. Puis viennent les pierogidont le nom vient de l'ancienne racine slave pir-La fête, qui consiste en une sorte de pâtes, une croquette farcie de différents types et variétés de légumes, a une certaine ressemblance avec les raviolis italiens. Parmi les poissons, la carpe frite se distingue. En guise de boisson, il faut également goûter au kompotun jus traditionnel obtenu en faisant bouillir certains fruits comme les fraises, les pommes, les groseilles ou les prunes dans une grande quantité d'eau à laquelle on ajoute du sucre ou des raisins secs. En guise de dessert, vous ne pouvez pas manquer le kutia, est une sorte de pudding sucré fait à partir de grains de céréales, ou le makówkiun gâteau fait avec des graines de pavot.

À la table du souper de la Vigile, une petite paille est placée sous la nappe, rappelant la crèche de Bethléem. Il est également de tradition de laisser une place pour l'invité inattendu. C'est très slave : un accueil amical pour le visiteur, qui est toujours invité à s'asseoir à la table commune. Après le dîner, toute la famille se réunit autour du sapin de Noël, où les cadeaux sont dispersés sous ses branches. Un membre de la famille, généralement déguisé en saint Nicolas, est chargé de les distribuer, en récitant des poèmes ou des blagues faisant allusion à la personne honorée. À la fin, des chants de Noël sont interprétés, kolendaLes chansons sont d'anciens chants de Noël, riches en contenu théologique, qui sont également chantés dans les églises. Dans certains kolenda raconte comment, en cette nuit de Noël spéciale, les animaux parlent avec une voix humaine et comprennent notre vocabulaire. Il s'agit peut-être d'une interprétation des paroles du prophète Isaïe (1,3) : Le bœuf connaît son maître, et l'âne connaît la crèche de son maître ; Israël ne me connaît pas, mon peuple ne me comprend pas..

La masse du coq, qui est appelée en Pologne PasterskaLa messe des bergers est toujours célébrée à minuit. De nombreuses familles affluent dans les églises, les églises sont matériellement surchargées et les rues des villes et des campagnes sont pleines de voitures et de lumières qui vont et viennent.

L'Eucharistie est le point culminant de la célébration de la Vigile. Avant cela, il y a eu les soi-disant rekolecjeLes exercices spirituels de trois jours, dans toutes les paroisses, avec confession à la fin. Il y a quelques mois, j'ai surpris une conversation à bâtons rompus dans la rue : où vas-tu, Marek ? - Je vais à l'église, à la confession. - Mais comment cela peut-il être, si ce n'est pas Noël ou Pâques ? Le fait est que se rendre au sacrement de pénitence pendant ces deux importantes saisons liturgiques est également une coutume profondément enracinée. La confession fréquente est certainement importante, mais il est encore plus important qu'il y ait au moins la confession peu fréquente de quelques fois par an. Les faits parlent d'eux-mêmes : dans ce pays, on voit encore des files d'attente interminables pour se confesser pendant l'Avent et le Carême. J'en ai moi-même fait l'expérience ces jours-là : le curé de la paroisse où je vis m'a appelé et m'a demandé si je pouvais l'aider à entendre les confessions ces jours-là. Nous étions quatre prêtres à nous consacrer à la confession pendant plusieurs heures au cours de ces trois jours. S'il y a pénitence, il y a un sentiment de péché, il y a un besoin d'un Sauveur, de la venue de Jésus.

L'auteurMarija Meilutyte

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Un trésor redécouvert au moment de Noël

Santiago Populín Such écrit pour Omnes cette courte histoire sur le thème de Noël, très appropriée pour être lue aux plus jeunes membres de la famille.

Santiago Populín tel-24 décembre 2022-Temps de lecture : 5 minutes

C'était un après-midi froid de décembre, la neige recouvrait le terrain de jeu et les balançoires tranquilles invitaient à jouer. Il restait cinq minutes avant que la cloche ne sonne, les vacances de Noël n'étaient plus qu'à quelques minutes. Tous les élèves de la quatrième année de l'école primaire regardaient la vieille et bruyante horloge au-dessus du tableau noir. Soudain, le professeur a interrompu leurs regards et a dit d'une voix forte : 

- La tâche pour ce Noël est d'écrire ce qu'ils rêvent d'être quand ils seront grands. L'écrit le plus populaire - nous voterons entre plusieurs enseignants - gagnera deux tickets pour la patinoire.

Cela dit, l'horloge est passée à l'arrière-plan, l'esprit des élèves étant désormais tourné vers la patinoire. La cloche a sonné et Thomas s'est précipité vers la voiture où sa mère l'attendait. Il est monté dans la voiture avec ses quatre frères et sœurs et a dit à sa mère avec beaucoup d'anxiété : 

- Salut maman ! Tu ne connais pas le prix que le professeur Luis donnera à celui qui gagnera la meilleure histoire sur ce que nous rêvons d'être quand nous serons grands ? 

Sa mère et ses frères et sœurs l'ont regardé avec intrigue, et ont répondu : 

- Quel est le prix ?

- Le gagnant de cette rédaction recevra deux billets pour la patinoire !

- Impressionnant", dit sa mère d'un ton surpris. - Alors, tu sais sur quoi tu vas écrire ? L'année dernière, vous rêviez d'être archéologue, comme Indiana Jones. 

Ses frères et sœurs aînés, Lucía et Paco, ont commencé à rire. Rougissant, Tomás a répondu :

- Eh bien, plus maintenant, maman, l'année dernière j'étais un enfant, maintenant je suis plus vieux, j'aime d'autres choses. Par exemple, j'aimerais être ingénieur, comme papa ; ou médecin, pour conduire une ambulance ; ou enseignant pour ne pas avoir à donner des devoirs aux enfants ; ou peut-être que j'aimerais être avocat et avoir un bureau avec un grand fauteuil comme oncle Manuel.

Maria, sa sœur de cinq ans, l'a interrompu de la voix d'une vieille impératrice : 

- Tu pourrais être pompier, tu aimes vraiment le feu... pas vrai, maman ? 

Marta, la mère, s'est mise à rire.

- Je ne sais pas... comme je l'ai dit, il y a beaucoup de professions qui m'attirent. Ce dont je suis sûr, c'est que je veux faire quelque chose d'important", a poursuivi Tomás.

Quelques secondes avant d'arriver à la maison, Tomás a demandé à Marta :

- Maman, quel était ton rêve quand tu étais enfant, et l'as-tu réalisé ?

Marta est restée sans voix à la question et, après quelques secondes qui ont semblé une éternité au garçon, elle a répondu :

- Eh bien, laissez-moi réfléchir. Oh, nous y voilà, rentrons à l'intérieur parce qu'il fait très froid et prenons un bon goûter, j'ai préparé des churros fourrés au dulce de leche ! 

- Bien ! -ils ont tous crié, célébrant le délicieux goûter.

Martha a été quelque peu bouleversée par la question. Avant qu'ils ne s'assoient tous pour grignoter, le bruit de la porte se fit entendre et elle ajouta :

- Papa est là ! 

Après qu'ils eurent tous mangé ensemble, Marthe dit à Jean, son mari : 

- Chéri, je vais aller chez mon père un moment pour lui apporter des médicaments, il a un rhume. Je serai de retour vers 20 heures. 

Juan l'avait remarquée un peu bizarre pendant le goûter, mais il pensait lui demander ce qui lui était arrivé après le dîner, quand ils seraient plus détendus pour parler. 

Dès que Marta a franchi la porte, son père a remarqué qu'elle avait l'air un peu étrange.

- Salut, papa, je suis là, j'ai apporté tes médicaments. Comment va ton rhume ?

- Ma fille, je vais mieux maintenant, mais je préfère vous demander : comment allez-vous ? Je vois que vous êtes affligée.

- Rien, papa, pourquoi tu dis ça ?

- Tu as un visage... Allez, je te connais, qu'est-ce qui ne va pas ?

- Oh, papa, tu réalises tout, comme tu me connais, je ne peux pas te tromper.

- Asseyons-nous un moment", dit son père.

Martha, prenant une profonde inspiration, a dit : 

- Je suis allée chercher les enfants à l'école et Tomás nous a parlé du devoir qu'on leur avait donné pour Noël : écrire ce qu'ils rêvent d'être quand ils seront grands. 

- Eh bien, ce n'est pas ce qui t'inquiète, n'est-ce pas ? 

- Non, papa. Ce qui s'est passé, c'est que Tomi nous a dit quels étaient ses rêves : devenir un grand ingénieur, ou un médecin, ou un enseignant ou un avocat prestigieux. Puis il m'a demandé ce dont je rêvais quand j'étais petite et si je l'avais réalisé. C'est ce qui m'a blessé et affligé. Vous savez que j'ai toujours rêvé d'aller à l'université, mais la vie s'est compliquée et je n'ai pas pu y arriver. Je n'ai pas réalisé mon rêve et je suis maintenant une simple femme au foyer sans profession.

Avant que Marta ne puisse parler davantage, son père l'a prise par la main et lui a dit :

- Marta, ma fille, comment se fait-il que tu n'aies pas réalisé ton rêve ? Ta famille, ton foyer, ton rêve ne sont-ils pas réalisés ? Et pourquoi êtes-vous une simple femme au foyer sans profession ? Vous avez toutes les professions dont rêve Tomasito. Tu es ingénieur, parce que tu as construit une grande cathédrale, ta belle famille ; tu es médecin, la semaine dernière tu as guéri Juan de cette mauvaise grippe grâce à tes soins et maintenant tu me guéris ; tu es aussi professeur, les amis de tes enfants ne viennent-ils pas chez toi pour faire leurs devoirs parce que tu leur expliques si bien ; et tu es avocat, parce que tu les défends contre les injustices de la vie. Et surtout, vous faites en sorte que Dieu soit dans votre maison, dans votre cuisine, à votre table, dans la vie de vos concitoyens. 

Et avant de voir Marta fondre en larmes, il a ajouté :

-Et maintenant, allons prendre une tasse de thé chaud.

Il était 8 heures du soir et Marta a sursauté :

  • Oh, il est si tard ! Papa, je dois y aller maintenant, je dois préparer le dîner. Merci comme toujours, c'est tellement bon de vous avoir ! Papa, qu'est-ce que je ferais sans tes sages conseils ? 

Marta a dit au revoir à son père avec un gros câlin et un grand sourire. Elle rentra donc chez elle, enveloppée de la chaleur de sa joie retrouvée, qui annihilait le froid polaire, et c'est ainsi que sa redécouverte la ramena chez elle en un instant. 

Lorsqu'elle a ouvert la porte de sa maison, elle a découvert une scène attachante : Juan, son mari, lisant une histoire au petit Pedro ; María, jouant avec le bœuf et l'âne dans la scène de la Nativité ; Tomás, écrivant ses devoirs pour gagner les tickets de patinage, et une odeur de sauce tomate l'a conduite à la cuisine, où elle a trouvé Paco et Lucía préparant des pizzas. À ce moment-là, et après avoir soigneusement observé tout ce qu'elle avait vu depuis qu'elle avait franchi la porte, Marta est devenue émotive, les yeux comme du verre sous la pluie, alors qu'elle se souvenait des mots que son père lui avait dit quelques minutes auparavant.

- Maman, qu'est-ce qui ne va pas ? " demande Lucía.

En souriant, Marta a dit :

-Tout va bien, je n'ai rien, ma fille, je vais préparer la table, ils m'ont déjà épargné beaucoup de travail pour préparer le dîner.

Alors qu'ils s'asseyaient tous les sept à la table, Lucía prit la parole et, regardant Marta avec un sourire narquois, dit sur un ton adolescent :

- Papa, il y a quelque chose qui ne va pas avec maman et elle ne veut pas nous le dire. Elle est très étrange depuis qu'elle est rentrée de chez son grand-père.

John a regardé Martha et a dit : 

Qu'est-ce qu'il y a, chéri ?

Marta, souriante, a dit d'une voix douce : 

- Ne vous inquiétez pas, tout va bien. La vérité est que je suis très heureux car j'ai déjà reçu mon cadeau de Noël.

À ce moment-là, le petit Pedrito s'est précipité dans le salon pour voir s'il y avait un cadeau pour lui sur la cheminée. 

- Maman, quel cadeau as-tu reçu ?" demande Tomás, intrigué.

- On n'est même pas encore le 6 janvier, poursuit Maria avec un air surpris.

Pendant que Paco mangeait toute la pizza, Pedrito est revenu dans la salle à manger en criant d'un ton déçu :

- Maman, maman, il n'y a pas de cadeau pour moi dans la cheminée ! 

Marta, avec un rire narquois, prit Pedrito par la main et, regardant tout le monde, dit :

- Voyons voir, le cadeau de Noël que j'ai reçu, c'est vous, ma famille, mon rêve réalisé. 

À ce moment-là, Pedrito, qui ne comprenait pas ce qui se passait à table, a demandé une nouvelle fois : 

-Maman, papa, où est mon cadeau", et tout le monde a éclaté de rire.

L'auteurSantiago Populín tel

Licence en théologie de l'université de Navarre. Diplôme en théologie spirituelle de l'université de la Sainte-Croix, à Rome.

Ressources

L'histoire de "Silent Night" ("Stille Nacht")

"Silent Night, Holy Night" : c'est ainsi que commence l'un des chants de Noël les plus connus au monde dans la langue originale et qu'il est chanté dans toutes les langues possibles sur les cinq continents. Il est chanté dans toutes les langues possibles, sur les cinq continents. Quand et comment est-il né, et qui est le compositeur de ce célèbre cantique - peut-être Wolfgang Amadeus Mozart lui-même ? Jetons un coup d'œil au passé de l'Europe : voici l'histoire de "Silent Night".

Fritz Brunthaler-24 décembre 2022-Temps de lecture : 7 minutes

Les circonstances historiques

C'était en 1818. Les guerres contre Napoléon ont entraîné de grandes difficultés pour le peuple. La région de Salzbourg, principauté ecclésiastique du Saint Empire romain germanique, dirigée pendant des siècles par un archevêque, avait perdu son indépendance en 1805 et était complètement appauvrie. Les chroniques racontent que des foules de mendiants parcouraient les rues de la ville de Salzbourg, demandant à la population des dons charitables pour survivre. Ce n'est pas seulement dans la ville et la campagne que les conséquences de la guerre se sont fait sentir : destruction, pillage et mort. 

Les dispositions du Congrès de Vienne de 1814-1815 ont tracé la nouvelle frontière entre la Bavière et l'Autriche à 20 kilomètres au nord de Salzbourg, au milieu de la ville de Laufen, le long de la rivière Salzach, de sorte que le petit faubourg d'Oberndorf a été coupé du centre de la ville. Les familles se déchirent et la ville s'appauvrit, car les bateliers et les constructeurs de bateaux perdent ce qui a été la base de leur prospérité pendant des siècles, à savoir leurs privilèges pour le transport du sel en aval de la Salzach vers le Danube et en aval vers la Hongrie. S'ensuivent des inondations et des mauvaises récoltes, comme celle de 1816, qui restera dans l'histoire comme "l'année sans été", car l'éruption du volcan Tambora en Indonésie a un impact négatif sur le climat mondial. Temps incertains, pauvreté, difficultés - qu'est-ce qui peut donner de l'espoir ?

Veille de Noël, 24 décembre 1818

Il n'existe pas de preuve formelle que des souris aient rongé les soufflets de l'orgue de l'église Saint-Nicolas d'Oberndorf au point de le rendre inutilisable. Le fait est que l'orgue, qui a besoin d'être restauré depuis un certain temps, ne fonctionne plus - et c'est la veille de Noël ! Le pasteur adjoint Joseph Mohr, 26 ans, cherche une solution pour l'arrangement musical de Noël. Il présente un poème de Noël en six strophes à l'organiste Franz Xaver Gruber, qui le met en musique. Il l'avait écrit en 1816 à Mariapfarr, un endroit situé au fin fond des Alpes, alors qu'il y était curé adjoint. Peut-être la représentation de l'Enfant Jésus sur le retable, avec une tête bouclée frappante, lui a-t-elle inspiré le vers de la première strophe : "Sweet curly-haired boy". 

Le même jour, Gruber a composé une mélodie simple pour deux voix et un chœur. "Silent Night, Holy Night" a été chanté après la messe de minuit par Joseph Mohr (ténor) et Franz Xaver Gruber (basse) à deux voix, à la lueur des bougies, près de la crèche de l'église - aujourd'hui située dans la ville de Ried, en Haute-Autriche - accompagnés par Mohr à la guitare. Le sapin de Noël était encore inconnu à cette époque et ne s'est répandu qu'au cours de la première moitié du XIXe siècle en Europe centrale.

Les habitants d'Oberndorf - agriculteurs, artisans, bateliers - célébraient Noël en décorant leurs maisons de bois de conifères et de branches d'épicéa. Puis ils ont nettoyé toutes les pièces à fond et ont parcouru toutes les pièces et l'étable avec un bol d'encens brûlant. Le soir, ils allaient à l'église pour la messe de minuit. Là, ces gens simples d'Oberndorf ont entendu pour la première fois le chant "Silent Night", qui les a immédiatement touchés au cœur : en ces temps de guerre, de besoin et d'insécurité, c'était un message de paix, de recueillement et de salut grâce au nouveau-né : "Jésus, le Sauveur, est là !

Le peuple

Joseph Mohr est né dans la ville de Salzbourg en 1792. Il était un enfant illégitime, mais sa mère n'était en aucun cas une femme de la vie légère, car à cette époque les gens simples ne pouvaient se marier que si le propriétaire terrien ou les autorités politiques le permettaient. Joseph était une personne douée, notamment sur le plan musical, et il était aidé par des seigneurs spirituels. Il semble qu'il n'ait eu d'autre choix que de devenir prêtre. Il n'est jamais resté longtemps au même endroit en tant que pasteur, peut-être aussi en raison de sa santé fragile, notamment de ses poumons. Il n'est resté à Oberndorf que deux ans, de 1817 à 1819.

En raison de sa propre expérience, en tant que prêtre, il a toujours été attentif aux pauvres. Lorsqu'il a été accusé d'avoir acheté un chevreuil à un braconnier, il s'est justifié en disant que c'était pour les plus pauvres des pauvres. À Wagrain, il a vendu sa vache pour que les enfants puissent acheter des manuels scolaires. En tant que curé, il aimait être avec les gens, s'asseoir avec eux dans l'auberge, jouer de la guitare qu'il portait souvent sur lui. Il n'a pas vécu pour voir la gloire de sa chanson : il est mort en 1848 d'une paralysie des poumons, et est enterré à Wagrain. On ne sait pas exactement à quoi il ressemblait, car aucune photo de lui n'a survécu.

Franz Xaver Gruber a eu, à certains égards, une vie un peu plus facile que Mohr. Il est né en 1787 à Hochburg en Salzbourg. Grâce à son talent musical - selon la tradition, il jouait déjà de l'orgue à l'église à l'âge de 12 ans - il réussit à convaincre ses parents et, s'il n'est pas musicien professionnel, il devient professeur et interprète de musique, notamment d'orgue. En 1816, il était instituteur et organiste à Arnsdorf, un petit village situé à trois kilomètres au nord d'Oberndorf, et plus tard également organiste adjoint à Oberndorf.

De ses trois mariages - les épouses sont toutes décédées - il a eu douze enfants, dont quatre seulement ont survécu. Peut-être son amour de la musique l'a-t-il aussi aidé à surmonter ces pertes, car pour lui, "Silent Night" n'a pas été d'abord sa grande œuvre : il a composé plusieurs messes, qui ont maintenant été publiées. En 1854, il a contribué à clarifier la paternité de "Silent Night", alors que l'on pensait que la musique pouvait provenir de Michael Haydn, qui avait été compositeur à la cour de Salzbourg et frère cadet du plus connu Joseph Haydn. En réponse à une demande de la Chapelle royale de la Cour de Prusse concernant les auteurs de la chanson, il mentionne Joseph Mohr et lui-même, et indique que la chanson a été composée le 24 décembre 1818. Franz Xaver Gruber est décédé en 1863 et est enterré à Hallein.

La chanson

Lorsque "Silent Night, Holy Night !" a retenti pour la première fois dans la nuit du 24 décembre 1818, personne, pas même ses deux créateurs Gruber et Mohr, n'aurait pu imaginer qu'elle deviendrait aussi connue et populaire. Une mélodie simple, conforme aux instructions des autorités ecclésiastiques pour la culture des chants religieux de l'époque, en temps 6/8, pour deux voix et chœur, ce n'est pas un hymne liturgique. Il ne s'agit pas d'un hymne liturgique au sens strict du terme, c'est pourquoi il a rapidement trouvé sa place dans les foyers bourgeois pour la célébration festive de Noël, ce qui a également été favorisé par l'utilisation de la langue cultivée au lieu du dialecte. La mélodie présente à la fois des caractéristiques de la chanson pastorale et de la berceuse, et toutes deux se retrouvent dans le type mélodique "sicilien", dont la mélodie douce et le rythme oscillant sont caractéristiques.

Au début, elle était considérée comme une "chanson tyrolienne", car le facteur d'orgues Mauracher, originaire du Zillertal au Tyrol, qui s'était proposé de restaurer l'orgue d'Oberndorf en 1824, l'avait ramenée dans sa patrie. Plusieurs familles de chanteurs du Zillertal ont diffusé la chanson : la famille Rainer l'aurait chantée dès Noël 1819, et trois ans plus tard également pour l'empereur François Ier d'Autriche et son invité russe, le tsar Alexandre. La famille Strasser, également originaire du Zillertal, a confectionné des gants et a combiné des apparitions à la foire avec des performances musicales. Il est prouvé que les quatre enfants Strasser ont chanté "Silent Night" à Leipzig à Noël en 1831.

Les voyages de chant de la famille Rainer l'ont menée à New York, où "Silent Night" a été entendu pour la première fois en 1839. La chanson s'est encore plus répandue grâce à son inclusion dans divers recueils et parmi les hymnes liturgiques protestants, ce qui s'explique par le fait que les paroles de la chanson soulignaient moins la forte dévotion catholique à Marie qui était courante à Noël à cette époque. Au XIXe siècle, des voix critiques se sont même élevées parmi le clergé catholique : à propos du texte, parce qu'il était sentimental et de mauvais goût, et ne pouvait donc pas rendre le mystère de Noël ; à propos de la mélodie, parce qu'elle était plate et monotone, et parce que d'autres hymnes religieux étaient préférables. Mais cela n'a pas pu l'empêcher de se répandre dans le monde entier.

Aujourd'hui

L'église Saint-Nicolas, où l'on a entendu pour la première fois "Silent Night", a été démolie au début du XXe siècle en raison des inondations constantes et du risque d'affaissement. Depuis 1937, la chapelle commémorative octogonale Gruber-Mohr se trouve dans un endroit sûr à Oberndorf.

Des traductions et des versions de la chanson existent dans plus de 320 langues et dialectes. Les première, deuxième et sixième strophes sont généralement chantées.

Dans les lieux où Gruber et Mohr sont nés et ont travaillé, à Salzbourg et en Haute-Autriche, il existe des musées et des mémoriaux consacrés à Silent Night. Mais aussi ailleurs, y compris aux États-Unis, à Frankenmuth, dans le Michigan, il existe de vastes archives liées à la chanson, données par la famille Bronner, et sur la propriété adjacente, on trouve des plaques avec les paroles de "Silent Night" en 311 langues.

En 2004, un astéroïde a reçu le nom de "Gruber-Mohr". En 2011, "Silent Night, Holy Night" a été reconnu par l'UNESCO comme un patrimoine culturel mondial immatériel.

Le texte original en allemand, et le texte en traduction anglaise

Le texte original de "Silent Night" est reproduit ci-dessous, ainsi qu'une traduction privée directe, sans rime ni adaptation.

Texte original de Joseph Mohr en allemand

1. Stille Nacht ! Heilige Nacht ! Alles schläft ; einsam wacht Nur das traute heilige Paar. Holder Knab im lockigten Haar, Schlafe in himmlischer Ruh ! Schlafe in himmlischer Ruh !

2. Stille Nacht ! Heilige Nacht ! Gottes Sohn ! O wie lacht Lieb' aus deinem göttlichen Mund, Da uns schlägt die rettende Stund`. Jesus in deiner Geburt ! Jesus in deiner Geburt !

3. Stille Nacht ! Heilige Nacht ! Die der Welt Heil gebracht, Aus des Himmels goldenen Höhn Uns der Gnaden Fülle läßt seh'n Jesum in Menschengestalt, Jesum in Menschengestalt

4. Stille Nacht ! Heilige Nacht ! Wo sich heut alle Macht Väterlicher Liebe ergoß Und als Bruder huldvoll umschloß Jesus die Völker der Welt, Jesus die Völker der Welt.

5. Stille Nacht ! Heilige Nacht ! Lange schon uns bedacht, Als der Herr vom Grimme befreit, In der Väter urgrauer Zeit Aller Welt Schonung verhieß, Aller Welt Schonung verhieß.

6. Stille Nacht ! Heilige Nacht ! Hirten erst kundgemacht Durch der Engel Alleluja, Tönt es laut bei Ferne und Nah : Jesus der Retter ist da ! Jesus der Retter ist da !

Traduction privée en espagnol

1. Silencieuse nuit ! Sainte nuit ! Tout dort ; seul le couple saint veille dans la solitude. Doux enfant aux cheveux bouclés, dors dans le repos céleste ! Dors dans le repos céleste !

2) Silencieuse nuit, sainte nuit, Fils de Dieu ! Oh, comme l'amour rit dans ta bouche divine, quand sonne pour nous l'heure du salut, Jésus, dans ta naissance ! Jésus, dans ta naissance !

3. Silencieuse nuit, sainte nuit ! Elle qui a apporté le salut au monde, depuis les hauteurs dorées du ciel nous fait voir la plénitude de la grâce, Jésus sous forme humaine, Jésus sous forme humaine !

4. Silencieuse nuit, sainte nuit ! Là où aujourd'hui toute la puissance de l'amour paternel s'est déversée, et comme un frère, Jésus a embrassé avec bonté les peuples du monde, Jésus les peuples du monde.

5. Silencieuse nuit, sainte nuit ! Ayant depuis longtemps pensé à nous, lorsque le Seigneur délivre de la colère, au temps lointain des pères, il a promis l'indulgence à tout le monde, il a promis l'indulgence à tout le monde.

6. Silencieuse nuit, sainte nuit ! Annoncé pour la première fois aux bergers par l'Alléluia des anges, il résonne fort loin à la ronde : Jésus, le Sauveur, est là ! Jésus, le Sauveur, est là !

L'auteurFritz Brunthaler

Autriche

Le début d'une histoire

Une petite histoire qui rappelle ce qui a pu entourer cet événement qui a marqué le cours de l'histoire.

23 décembre 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Un jeune homme, âgé d'à peine vingt ans, marche le long de la route, portant un âne par la selle avec son bât et quelques serones dans lesquelles il transporte l'essentiel pour le voyage. Au sommet de l'animal, fière de sa charge, une femme, presque une fille, presque adulte, si elle ne l'est pas déjà. Joseph, inquiet, ne cesse de regarder sa femme vierge : "Tu vas bien, veux-tu que nous nous reposions ? "Ne t'inquiète pas Joseph, sourit Marie, l'Enfant et moi allons bien. Je pense que la démarche fatiguée de l'âne l'a endormi. Il ne bouge presque plus" ; mais Joseph ne se calme pas pour autant.

Il y a trop d'agitation dans le village. Ils recherchent un endroit plus calme pour profiter de leur intimité. Ils arrivent à une grotte aménagée pour les écuries et les outils, où ils restent.

Presque tout est arrangé par la Divine Providence. Presque tout, car il y a des choses que le Seigneur laisse à sa Mère le soin d'organiser, et maintenant que la naissance semble imminente, c'est Elle qui prend les devants.

Pendant que Joseph enlève la bride de l'âne et range les affaires à l'intérieur, Marie nettoie et range l'étable. Elle enlève la paille sale et prépare un sol de paille propre sur lequel elle étend du romarin comme tapis. À l'arrière-plan se trouve une crèche, qu'elle remplit de sa douce cape en guise de matelas, sur laquelle elle étend un tissu de fil que sa mère avait préparé pour elle. C'est le caporal qui accueillera l'Enfant.

Lorsque les préparatifs sont terminés, ils s'assoient enfin pour se reposer. À l'arrière-plan, une mule obstinément docile et un bœuf courageux et doux se tiennent en respect, leur offrant protection et compagnie. Assis par terre, se tenant la main, Joseph et Marie parlent à voix basse.

Ils étaient en train de parler, ou de prier, lorsque Marie a serré les mains de Joseph :

-Il me semble qu'il est déjà là.

L'air s'est raréfié, la lune s'est immobilisée un instant et le miracle s'est produit ! Presque sans que Marie s'en aperçoive, l'Enfant est passé de son sein au romarin, pour revenir du romarin à son côté.

Ainsi, si simplement, la terre a reçu l'irruption de Dieu dans le temps, la présence éblouissante du divin dans la vie ordinaire.

Avec l'expérience que procure l'amour d'une mère, Marie prend son Fils dans ses bras, le serre doucement contre sa poitrine, geste qu'elle répétera des années plus tard au pied de la Croix, et l'embrasse, son premier baiser au Dieu fait homme !

- Mon Fils et mon Dieu !

Les premières larmes d'amour tombent sur la tête de l'Enfant, comme un baptême.

Jésus, le Verbe éternel du Père, le nouveau-né est silencieux. La Vierge, oublieuse de tout, regarde son Fils, qui sourit, et fait resurgir des souvenirs qu'elle a gardés dans son cœur. Souvenirs d'il y a neuf mois, lorsque l'Archange Gabriel lui a fait la proposition la plus surprenante jamais reçue par un être humain : "Veux-tu être la Mère de Dieu, veux-tu être co-rédemptrice de l'humanité ?

Maintenant, ils sont tous les trois seuls dans la cathédrale de Bethléem dans une sereine explosion d'amour. La créature a été créée pour aimer et se perfectionne dans le don de soi. L'amour est donc un don gratuit d'amour reçu de Dieu, accepté avec humilité. Les anges contemplent avec admiration le courant d'amour dans lequel s'affirme cette Sainte Famille.

Les gens viennent à l'écurie. Des femmes enveloppées dans leurs manteaux portant des paniers de nourriture ; d'autres, plus jeunes, avec des draps brodés pour envelopper l'Enfant ; des hommes rudes, du village, pour donner un coup de main dans tout ce qui est nécessaire, et des enfants, beaucoup d'enfants dont personne ne sait d'où ils viennent. Ce sont ceux qui sont allés au ciel avant leur naissance. Certains parce que la Vierge Marie l'a voulu, d'autres parce que leurs mères ne leur ont pas ouvert les bras et qu'ils ont dû se réfugier dans les bras de la Mère bienveillante. Ils l'ont attendu pendant longtemps, et maintenant, enfin, ils peuvent en profiter.

Une caravane colorée se déplace à la périphérie du village. Ce sont des rois, ou des mages, ou quelque chose comme ça. Avec la solennité qui sied à leur rang, ils entrent dans l'étable, saluent la Mère, baisent les pieds de l'Enfant en adoration - la connaissance de Dieu est inséparable de l'adoration - et, selon la coutume orientale, s'approchent du père pour l'embrasser et lui offrir des cadeaux : l'or, pour couronner le Roi, l'encens, pour vénérer le Dieu, la myrrhe, pour embaumer le Rédempteur.

Comment l'histoire s'est poursuivie, je pense qu'après de nombreuses vicissitudes, la famille s'est installée à Nazareth et y a vécu de nombreuses années ; mais c'est un autre chapitre, maintenant nous profitons de celui-ci.

L'auteurIgnacio Valduérteles

Doctorat en administration des affaires. Directeur de l'Instituto de Investigación Aplicada a la Pyme. Frère aîné (2017-2020) de la confrérie de la Soledad de San Lorenzo, à Séville. Il a publié plusieurs livres, monographies et articles sur les confréries.

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Ressources

Les meilleurs chants de Noël pour les fêtes de fin d'année

Omnes vous propose une liste de chants de Noël à savourer en cette période de fêtes.

Paloma López Campos-23 décembre 2022-Temps de lecture : < 1 minute

Le compte à rebours pour la veille et le jour de Noël est lancé. Entre préparatifs, repas et courses de dernière minute, nous vous laissons une liste avec quelques chants de Noël pour passer ces jours de fête.

Mary, tu le savais ? - Pentatonix

Je serai à la maison pour Noël - Michael Bublé

Dans le triste hiver - Les enfants de chœur

O Holy Night - Le Chœur du Tabernacle

Let it snow - Frank Sinatra

Tu scendi dalle stelle - Les trois ténors

Veni, veni Emmanuel - Hymne catholique

El burrito de Belén - Juanes

Chanson pour Noël - José Luis Perales

Sizalelwe Indonana - Musique de la prépa Kimbolton

O Tannenbaum - Andrea Bocelli

Adeste, fideles - Ars Cantus

Il est né le divin enfant

Monde

Cardinal FiloniNous devons aimer la Terre Sainte" : "Nous devons aimer la Terre Sainte".

Le cardinal Filoni, Grand Maître de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre, parle dans Omnes de la Terre Sainte et de sa relation avec les chrétiens du monde entier.

Federico Piana-23 décembre 2022-Temps de lecture : 3 minutes

Il existe une institution dans l'Église catholique dont la mission n'a jamais changé au cours des siècles : prendre soin et soutenir les chrétiens du monde. Terre Sainte. Il s'agit de l'Ordre équestre du Saint Sépulcre de Jérusalem, dont les origines historiques remontent à 1336 et auquel elle Saint Jean Paul II a accordé au Vatican la personnalité juridique.

Aujourd'hui, l'Ordre compte 30 000 chevaliers et dames laïcs dans le monde, est organisé en 60 Luogotenences et une douzaine de Délégations Magistrales, et a renouvelé son statut il y a environ deux ans avec l'approbation du Pape François. "Nous croyons que la Terre Sainte ne peut pas être considérée comme un site archéologique de la foi, mais qu'elle doit être une réalité vivante composée des familles chrétiennes qui y vivent et des nombreux pèlerins qui la visitent chaque année", explique le cardinal Fernando Filoni, Grand Maître de l'Ordre, selon qui la force de l'institution qu'il dirige "s'enracine dans le grand enthousiasme que ses membres mettent dans toutes les activités que nous réalisons".

Dans le contexte international compliqué d'aujourd'hui, comment l'Ordre parvient-il à remplir sa mission essentielle ? 

- Tout d'abord, nous devons dire que nous devons aimer la Terre Sainte : non seulement pour ce qu'elle représente culturellement, mais surtout pour le fait que Jésus y est né, y a vécu, y a prêché et y a accompli sa mission de salut. Aujourd'hui, soutenir les chrétiens signifie poursuivre la présence d'une réalité vivante en Terre Sainte. La première communauté chrétienne était composée des disciples du Seigneur et ne s'est jamais éteinte. Cela signifie toutefois que cette "Église mère", qui a ensuite donné naissance, par l'évangélisation, à de nombreuses autres Églises dans le monde, doit être soutenue. C'est pourquoi les Églises du monde entier estiment qu'il est de leur devoir de soutenir l'Église en Terre Sainte en ce moment historique, car la présence des chrétiens dans ces régions a fortement diminué, et s'il n'y a pas de contribution financière mais aussi émotionnelle, la Terre Sainte risque de devenir un site touristique, un site archéologique de la foi. Et nous ne voulons pas que cela se produise. Le soutien de l'Ordre à la Terre Sainte sert à aider tous ceux qui ont une raison de vivre en Terre Sainte : non seulement les chrétiens, mais aussi les juifs et les musulmans.

Depuis peu, l'Ordre se développe également en Slovaquie et a lancé des projets d'expansion en Afrique : en quoi consiste ce grand effort et quelle est sa motivation ?

- Notre intention est d'ouvrir un peu plus l'Ordre, qui est déjà très présent dans les pays européens et en Amérique du Nord. L'idée est d'accroître notre présence en Amérique du Sud et centrale, mais aussi de lancer quelques projets en Afrique et en Asie. Nous faisons tout cela parce que l'Ordre est ouvert à tous : et le souci de la Terre Sainte doit aussi conduire toutes les autres Eglises du monde - majoritaires ou minoritaires - à avoir à cœur la Terre Sainte. Si l'Église est catholique, la catholicité doit aussi s'étendre à ces réalités continentales qui sont moins présentes en ce moment, mais qui ne doivent pas être exclues. Nos chevaliers et dames ne sont pas ceux qui s'occupent occasionnellement de la Terre Sainte, mais qui le font avec une stabilité d'engagement, et il est agréable de penser qu'ils peuvent aussi être formés dans des pays où l'Ordre est moins présent aujourd'hui.

Quel engagement est demandé aux membres de l'Ordre dans le monde aujourd'hui, et a-t-il changé face aux nouveaux défis géopolitiques mondiaux ?

- Je dis toujours que l'engagement des membres de l'Ordre repose sur trois piliers : la formation spirituelle, née du mystère de la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Seigneur, l'amour de la Terre Sainte et le dévouement à leur Église locale. En général, nos chevaliers et dames sont des laïcs, des professionnels hautement qualifiés, qui peuvent apporter une contribution vraiment qualifiée à chaque Église locale. Leur amour pour l'Église locale s'étend à l'ensemble de la Terre Sainte.

Comment l'Ordre vit-il le parcours synodal ?

- L'Ordre n'est pas un diocèse, et même si je plaisante en disant que je suis un curé de paroisse avec 30 000 fidèles répartis dans le monde entier, ce n'est même pas une paroisse. Ses membres font partie des Églises locales et, en tant que tels, ils apportent et apporteront leur contribution à l'ensemble du parcours synodal.

L'auteurFederico Piana

 Journaliste. Il travaille pour Radio Vatican et collabore avec L'Osservatore Romano.

Vatican

Gratitude, conversion et paix : les vœux du pape à la Curie romaine

Le pape François a tenu sa traditionnelle réunion de Noël avec ceux qui servent dans la Curie du Vatican. La conversion, la gratitude et le pardon ont été au centre des propos du Saint-Père dans son discours de cette année.

Giovanni Tridente-22 décembre 2022-Temps de lecture : 4 minutes

Pour son dixième discours à la Curie romaine à l'occasion de l'échange des vœux de Noël, le pape François a choisi la pratique d'un "examen de conscience" prolongé, fondé sur une profonde attitude de gratitude, pour favoriser une véritable conversion des cœurs et générer des sentiments de paix dans l'environnement.

Recevant à l'audience les cardinaux et les supérieurs de la Curie romaine, le Souverain Pontife a répété la pratique de la parresia, c'est-à-dire dire librement les choses qui ne vont pas, mais proposer une "solution" réaliste à chaque problème qui peut se poser dans l'Église, et en particulier dans la Curie romaine.

François a tout d'abord parlé de la nécessité de "revenir à l'essentiel de sa vie", en se libérant de tout ce qui est superflu et qui fait obstacle à un véritable chemin de sainteté. Mais pour cela, il est important d'avoir "la mémoire du bien" reçu de Dieu à chaque étape de notre vie, afin d'atteindre cette attitude intérieure qui conduit à la gratitude.

L'effort consiste à faire, en toutes circonstances, un exercice conscient de "tout le bien que nous pouvons", en surmontant l'"orgueil spirituel" qui nous fait croire que nous avons déjà tout appris ou que nous sommes en sécurité et du bon côté.

Ce processus est appelé "conversion" et se traduit par la "vraie lutte contre le mal", réussissant à démasquer même les tentations les plus insidieuses, souvent déguisées, qui nous font "avoir trop confiance en nous-mêmes, en nos stratégies, en nos programmes". Sur ce point, le Souverain Pontife a notamment cité le risque de "fixisme" (comme s'il n'était pas nécessaire de mieux comprendre l'Évangile) et d'"esprit pélagien", ainsi que l'hérésie de ne pas traduire l'Évangile "dans les langues et les modes actuels".

Le pape François voit le plus grand exemple de ce type de conversion dans l'Église dans le concile Vatican II, la plus grande et la plus récente occasion de "mieux comprendre l'Évangile, de le rendre actuel, vivant et opérationnel en ce moment historique". Et c'est dans ce sillage que s'insère le parcours synodal actuellement en cours, car "la compréhension du message du Christ est sans fin et nous provoque continuellement".

Parmi les mots clés utilisés par le Saint-Père pour ne pas se convertir continuellement, il y a la "vigilance", précisément à l'égard de tous ces "démons éduqués" qui s'insinuent dans nos journées sans que nous nous en rendions compte, provoquant entre autres la déception de "se sentir juste et de mépriser les autres". C'est là qu'entre en jeu "la pratique quotidienne de l'examen de conscience", a suggéré François, qui permet aussi d'abandonner "la tentation de penser que nous sommes en sécurité, que nous sommes meilleurs, que nous n'avons plus besoin de nous convertir".

Et pourtant, a prévenu le Pontife, ceux qui sont à l'intérieur de la clôture, "au cœur même du corps ecclésial", comme ceux qui travaillent dans la Curie romaine, sont "plus en danger que tous les autres, minés précisément "par le diable instruit".

Le Pape a adressé une dernière pensée à la paix, en se référant sans doute à l'Ukraine et à toutes les autres parties du monde, où dans l'échec de cette tragédie et avec respect pour ceux qui y souffrent "nous ne pouvons que reconnaître Jésus crucifié". Mais même ici, nous ne devons pas être naïfs, car si nous nous préoccupons de la culture de la paix, nous devons être conscients que "cela commence dans le cœur de chacun d'entre nous".

Cela signifie que même parmi les "gens d'église", et peut-être surtout, nous devons déraciner "toute racine de haine, de ressentiment envers nos frères et sœurs qui vivent à nos côtés".

" Que chacun commence par lui-même ", a ajouté le pape François, citant les nombreux types de violence qui ne concernent pas seulement les armes ou la guerre, mais - précisément en pensant aux cercles curiaux - la violence verbale, la violence psychologique, l'abus de pouvoir ou la violence cachée des ragots : " Déposons toute arme, quelle qu'elle soit. "

Enfin, l'invitation à pratiquer la miséricorde, en reconnaissant que chacun peut avoir des limites et qu'"il n'y a pas d'Église pure pour les purs", et à exercer le pardon, en donnant toujours une autre chance, car "on devient un saint par tâtonnement".

L'année de la Curie : réforme et plus de laïcs

Le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux, a salué le Saint-Père au nom de la Curie romaine. Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux, a salué le Saint-Père au nom des membres de la Curie romaine. Dans son salut, le cardinal Re a rappelé "la situation dramatique que traverse l'humanité, non seulement à cause de la pandémie de Covid, qui n'est pas encore terminée dans le monde, mais surtout à cause des guerres tragiques, qui continuent à faire couler des fleuves de larmes et de sang", et a fait référence en particulier à la guerre avec l'Ukraine, qui approche de son premier anniversaire et face à laquelle "Sa Sainteté n'a cessé d'élever la voix pour faire comprendre qu'"avec la guerre, nous sommes tous vaincus" et pour souligner que la guerre est une folie, un massacre inutile, une monstruosité, appelant avec force à la fin des armes et à de sérieuses négociations de paix".

En ce qui concerne la Curie, le doyen du Collège des cardinaux a souligné que "l'année qui s'achève continue d'être marquée par la réforme promulguée avec l'accord de l'Union européenne". Constitution Apostolique Praedicate EvangeliumIl a également souligné "la satisfaction de la Curie devant l'augmentation du nombre de laïcs, hommes et femmes, occupant divers postes de responsabilité importants, qui ne présupposent pas le sacrement de l'Ordre". "Cette réforme", a-t-il souligné, "nous engage tous à une spiritualité plus profonde, à un plus grand dévouement et à un esprit de service plus intense, avec un sens intime de la responsabilité envers l'Église et le monde et avec une fraternité plus intense entre nous".

Le cardinal Re a également rappelé les voyages du Saint-Père au Canada, à Bahreïn et à Malte, qui témoignent de son engagement à s'attaquer aux "problèmes turbulents de la société".

Initiatives

Jésus est né pour tous

Après deux ans, "Semeurs d'étoiles", l'une des initiatives d'Infancia Misionera pour célébrer Noël en Espagne, est de retour.

Paloma López Campos-22 décembre 2022-Temps de lecture : < 1 minute

L'objectif de cette initiative est que les plus jeunes membres de la famille deviennent de jeunes missionnaires, redonnant à Noël son véritable sens. Les enfants descendent dans la rue et distribuent des autocollants portant le slogan "Jésus est né pour toi", chantent des chants de Noël et se promènent dans les rues.

Semeurs d'étoiles est né en 1977, grâce à un prêtre jésuite. Grâce à lui, dans les dernières semaines de l'Avent, des centaines d'enfants se rendent dans leurs villages et villes pour souhaiter Noël à tous au nom des missionnaires.

Les Œuvres pontificales missionnaires proposent aux enfants un bricolage pour fabriquer leurs propres étoiles aux couleurs des missionnaires. Il fournit également un script pour "l'envoi des semeurs d'étoiles" qui consiste en une brève salutation, la lecture d'un passage de l'Évangile et, enfin, l'envoi.

La lecture de cette année est Matthieu 2, 9-12 : "[Les mages] se mirent en route, et soudain l'étoile qu'ils avaient vue se lever se mit à les guider jusqu'à ce qu'elle s'arrête au-dessus du lieu où se trouvait l'enfant. Quand ils virent l'étoile, ils furent remplis d'une grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent l'enfant avec Marie sa mère, tombèrent à genoux et l'adorèrent ; puis, ouvrant leurs coffres, ils lui offrirent des cadeaux : or, encens et myrrhe. Et ayant reçu en songe un oracle leur enjoignant de ne pas retourner chez Hérode, ils s'en allèrent dans leur pays par un autre chemin.

Cette initiative sert de préparation à la Journée de l'enfant missionnaire, que nous célébrerons le 15 janvier. Grâce au soutien des enfants, les missionnaires peuvent aider chaque année plus de 4 millions d'enfants dans 2500 projets différents des Œuvres Pontificales Missionnaires.

Créez votre étoile missionnaire