Vatican

Solidarité chrétienne et humaine

Le pape François souligne qu'en lisant l'Évangile, nous découvrons l'attitude de Jésus-Christ à l'égard de la vulnérabilité humaine. Il nous enseigne à nous mettre entièrement au service des autres, même dans notre activité professionnelle.

Ramiro Pellitero-4 mai 2024-Temps de lecture : 7 minutes
Solidarité chrétienne

"Qui roulera la pierre du tombeau ?Qui nous libérera de la peur et de l'amertume, de la souffrance et de la mort, et nous ouvrira le chemin de la joie et de l'espérance, nous demandons-nous. Le temps pascal actualise la puissance de Dieu, la victoire de la vie sur la mort, le triomphe de la lumière sur les ténèbres, la renaissance de l'espérance au milieu des décombres de l'échec. Et c'est ainsi qu'elle inaugure notre cheminement avec Jésus ressuscité. C'est ce que le pape a prêché depuis la veillée pascale. Il nous a ensuite montré comment faire nôtres les attitudes de Jésus envers les autres : non seulement par rapport à la souffrance et à la vulnérabilité des personnes, mais aussi dans le travail scientifique et éducatif, qui doit être réalisé comme un service de solidarité chrétienne à l'égard de l'humanité.

Accueillir Jésus ressuscité

Dans son homélie de la veillée pascale (30-III-2024), François nous a transportés au cœur des femmes qui se sont rendues au tombeau dans la lumière de l'aube. Leur cœur est encore dans l'obscurité de la nuit, paralysé au pied de la Croix. Ses yeux voient à peine, brouillés par les larmes. Sa pensée est bloquée par une grosse pierre : "Qui roulera la pierre de l'entrée du tombeau ? (Mc 16,3). Mais quand ils arrivèrent, ils regardèrent et virent qu'elle avait déjà été enlevée. 

Nous aussi, dit le pape : "Parfois, nous avons l'impression qu'une pierre tombale a été placée lourdement à l'entrée de notre cœur, étouffant la vie, éteignant la confiance, nous enfermant dans le tombeau des peurs et de l'amertume, bloquant le chemin de la joie et de l'espérance.".

Mais Jésus est ressuscité, il a vaincu la mort et a rempli nos vies de la lumière et de la puissance de l'Esprit Saint.

C'est pourquoi le successeur de Pierre nous conseille de regarder vers Jésus ressuscité et de l'accueillir : "...".Regardons vers Lui, accueillons Jésus, le Dieu de la vie, dans nos vies, renouvelons notre "oui" à Lui aujourd'hui et aucune pierre d'achoppement ne pourra étouffer nos cœurs, aucune tombe ne pourra nous fermer la joie de vivre, aucun échec ne pourra nous conduire au désespoir.". "Regardons vers Lui - insiste-t-il - le Ressuscité, et marchons avec la certitude qu'à l'arrière-plan sombre de nos attentes et de notre mort se trouve déjà présente la vie éternelle qu'Il est venu apporter.".

Jésus face à la souffrance humaine

Ceux qui regardent le Christ et vivent avec lui, marchent avec lui et partagent ses attitudes. Dans un discours prononcé lors de la session plénière de la Commission biblique pontificale (11 avril 2014), le successeur de Pierre nous exhorte à partager les attitudes de Jésus, en particulier face à la maladie et à la souffrance humaine. 

"Nous vacillons tous sous le poids de ces expériences et devons nous aider à les traverser en les vivant "en relation", sans nous replier sur nous-mêmes et sans que la rébellion légitime ne se transforme en isolement, en abandon ou en désespoir.". 

L'expérience des sages et des cultures nous apprend que la douleur et la maladie, surtout si nous les plaçons à la lumière de la foi, peuvent devenir des facteurs décisifs sur le chemin de la maturité.; Car la souffrance permet, entre autres, de discerner ce qui est essentiel de ce qui ne l'est pas. 

Le Pape soutient que c'est avant tout l'exemple de Jésus qui montre le chemin, l'attitude à adopter face à la maladie et à la souffrance, la nôtre et celle des autres, et à la traduire en gestes bénéfiques : "...le Pape dit : "Nous devons être capables d'emprunter le chemin de Jésus, le chemin du Seigneur.Il nous exhorte à prendre soin de ceux qui vivent dans des situations de maladie, avec la détermination de vaincre la maladie ; en même temps, il nous invite doucement à unir nos souffrances à son offre salvatrice, comme une graine qui porte du fruit.". Se soucier et essayer de surmonter, s'unir et assumer.

En particulier, souligne François, la vision de la foi peut nous conduire à affronter la douleur avec deux attitudes décisives : la compassion et l'inclusion.

Une compassion qui assume

"La compassion indique l'attitude récurrente et caractéristique du Seigneur à l'égard des personnes fragiles et nécessiteuses qu'il rencontre.. En voyant les visages de tant de personnes, brebis sans berger qui cherchent leur chemin dans la vie (cf. Mc 6,34), Jésus est ému. Il a compassion des foules affamées et épuisées (cf. Mc 8,2) et accueille inlassablement les malades (cf. Mc 1,32), dont il entend les demandes : pensons aux aveugles qui le supplient (cf. Mt 20,34) et aux nombreux malades qui demandent à être guéris (cf. Lc 17,11-19) ; il a une "grande compassion" - dit l'Évangile - pour la veuve qui accompagne son fils unique au tombeau (cf. Lc 7,13). Une grande compassion. Cette compassion se manifeste comme une proximité et conduit Jésus à s'identifier à celui qui souffre : "J'étais malade et ils sont venus me visiter" (Mt 25,36).".  

Regardons de plus près : Jésus s'émeut, il compatit, il est proche de s'identifier à la souffrance.

Que nous révèle cette attitude de Jésus ? L'approche de la douleur par Jésus : non pas avec des explications - ce que nous avons tendance à faire - ou avec des encouragements et des consolations stériles, ou avec de belles paroles ou un livre de recettes de sentiments, comme nous le voyons parfois dans les récits de l'Écriture Sainte, comme dans le cas des amis de Job, qui essaient de théoriser la douleur en la liant à la punition divine. 

"La réponse de Jésus est vitale, elle est faite de "compassion qui assume" et qui, en assumant, sauve l'être humain et transfigure sa douleur. Le Christ a transformé notre douleur en la faisant sienne jusqu'au bout : en la vivant, en la souffrant et en l'offrant comme un don d'amour. Il n'a pas donné de réponses faciles à nos "pourquoi", mais sur la Croix, il a fait sien notre grand "pourquoi" (cf. Mc 15,34).".

Ainsi, souligne François, en assimilant l'Écriture Sainte, nous pouvons nous purifier de certaines attitudes erronées et apprendre à suivre le chemin indiqué par Jésus : "... nous pouvons apprendre à suivre le chemin indiqué par Jésus : "... et nous pouvons apprendre à suivre le chemin indiqué par Jésus : "... et nous pouvons apprendre à suivre le chemin indiqué par Jésus.Toucher de sa propre main la souffrance humaine, avec humilité, douceur et sérénité, pour apporter, au nom du Dieu incarné, la proximité d'un soutien salvateur et concret. Toucher de sa propre main, non pas théoriquement". Le Pape est clair et direct.

L'inclusion dans la solidarité

Sans être un mot biblique, le terme inclusion, souligne François, exprime bien un trait marquant du style de Jésus : aller à la recherche du pécheur, du perdu, du marginalisé, du stigmatisé, pour qu'il soit accueilli dans la maison du Père et qu'il soit guéri complètement, dans son corps, dans son âme et dans son esprit (par exemple, l'enfant prodigue ou les lépreux). D'ailleurs, Jésus veut partager cette mission et cette attitude de consolation avec les disciples : il leur ordonne de prendre soin des malades et de les bénir en son nom (cf. Mt 10,8 ; Lc 10,9 ; Lc 4,18-19).

"C'est pourquoi, à travers l'expérience de la souffrance et de la maladie, nous sommes appelés, en tant qu'Église, à marcher avec tous, dans la solidarité chrétienne et humaine, en ouvrant, au nom de la fragilité commune, des espaces de dialogue et d'espérance.". Un exemple clair est la parabole du bon samaritain, qui montre "...".Avec quelles initiatives une communauté peut-elle être reconstruite à partir d'hommes et de femmes qui s'approprient la fragilité des autres, qui ne laissent pas s'ériger une société d'exclusion, mais qui se font voisins, relèvent et réhabilitent ceux qui sont tombés, pour que le bien soit commun ?"(encyclique Fratelli tutti, n. 67).

Le Pape identifie un principe clé : "La Parole de Dieu est un puissant antidote à toute fermeture d'esprit, à toute abstraction et à toute idéologisation de la foi : lue dans l'esprit dans lequel elle a été écrite, elle accroît la passion pour Dieu et pour l'homme, libère la charité et ravive le zèle apostolique.". C'est pourquoi l'Eglise a un besoin constant de s'abreuver - et de donner à boire - aux sources de la Parole.

Aux yeux des personnes handicapées 

Ces mêmes attitudes de Jésus, d'attention et d'inclusion, nous devons les avoir, par exemple, envers les personnes handicapées, comme François l'a enseigné dans son discours à l'Académie des sciences sociales (11-IV-2024), en tenant compte des facteurs sociaux et culturels : "...nous devons être conscients de la nécessité de prendre en compte les facteurs sociaux et culturels qui affectent les personnes handicapées.leur vie est conditionnée non seulement par des limitations fonctionnelles, mais aussi par des facteurs culturels, juridiques, économiques et sociaux qui peuvent entraver leurs activités et leur participation sociale.".

Ces attitudes sont sous-tendues par "la dignité des personnes handicapées, avec ses implications anthropologiques, philosophiques et théologiques". 

Sachant que "vulnérabilité et fragilitéappartiennent à la condition humaine et ne sont pas l'apanage des personnes handicapées".Le pape renvoie notre regard aux récits évangéliques :

Dans les nombreuses rencontres de Jésus avec ces personnes, observe François, nous pouvons voir les attitudes que nous devons nous aussi cultiver. Jésus entre en contact avec eux (il ne les ignore pas, ne les nie pas, ne les marginalise pas, ne les rejette pas) ; il change aussi le sens de leur expérience de vie, avec "...".une invitation à tisser une relation unique avec Dieu qui fait refleurir les gens"comme nous le voyons dans le cas de l'aveugle Bartimée (cf. Mc 10, 46-52).

La culture actuelle du jetable et du gaspillage, déplore le pape, conduit facilement ces personnes à considérer leur propre existence comme un fardeau pour elles-mêmes et pour leurs proches. Cette mentalité ouvre ainsi la voie à une culture de la mort, de l'avortement et de l'euthanasie.

Pour une culture de l'inclusion

C'est pourquoi le successeur de Pierre propose : ".lutter contre la culture du jetable, c'est promouvoir la culture de l'inclusion - ils doivent être unis - en créant et en renforçant les liens d'appartenance à la société"Le travail, en particulier dans les pays les plus pauvres, ".pour une plus grande justice sociale et pour l'élimination des barrières de toutes sortes qui empêchent tant de personnes de jouir des droits et libertés fondamentaux". Les résultats de ces actions sont les plus visibles dans les pays les plus développés économiquement.

Il comprend que cette culture globale de l'inclusion est promue de manière plus complète "lorsque les personnes handicapées ne sont pas des bénéficiaires passifs, mais participent à la vie sociale en tant que protagonistes du changement". C'est pourquoi il affirme que "la subsidiarité et la participation sont les deux piliers d'une inclusion effective. Dans cette optique, l'importance des associations et des mouvements de personnes handicapées pour la promotion de la participation sociale est bien comprise.".

Enseigner et servir l'humanité

Cette marche avec Jésus ressuscité, en faisant nôtres ses attitudes, se reflète même dans la manière dont nous abordons les questions historiques. L'évêque de Rome l'a expliqué dans son discours au Comité pontifical pour les sciences historiques, à l'occasion de son soixante-dixième anniversaire (20-IV-2024).

L'Église et les historiens, a-t-il noté, sont unis dans la recherche et le service de la vérité.. Concrètement, comme l'a souligné saint Paul VI, le lien entre la vérité religieuse et la vérité historique est le fait que "... la vérité de l'histoire est la vérité du monde".tout l'édifice du christianisme, de sa doctrine, de sa morale et de son culte, tout repose en fin de compte sur le témoignage"(Discours 3-VI-1967). François ajoute que, sur la base du témoignage que les apôtres ont rendu à Jésus ressuscité, l'Église veut animer toutes les cultures de ce témoignage jusqu'à construire avec elles la civilisation de la rencontre. 

C'est ce qu'a proclamé Saint Paul VI lors de l'ouverture de la troisième session du Concile Vatican II, le 14 septembre 1964 : ".Qu'on ne croie pas que (...) l'Église s'arrête dans un acte de complaisance, oubliant, d'une part, le Christ, de qui elle reçoit tout et à qui elle doit tout, et, d'autre part, l'humanité, au service de laquelle elle est destinée. L'Église se place entre le Christ et le monde, non pas repliée sur elle-même, ni comme un diaphragme opaque, ni comme une fin en soi, mais ardemment soucieuse d'être toute du Christ, dans le Christ et pour le Christ, et toute également des hommes, parmi les hommes et pour les hommes, un intermédiaire humble et glorieux.".

De même, les historiens doivent être des enseignants et des serviteurs de l'humanité..

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