Vatican

Les droits de l'homme dépendent de valeurs universelles

Monseigneur Paul Richard Gallagher, secrétaire du Vatican pour les relations avec les États, a appelé les Nations unies à "redécouvrir le fondement des droits de l'homme, pour les mettre en œuvre de manière authentique".

David Fernández Alonso-24 février 2021-Temps de lecture : 4 minutes

Monseigneur Gallagher a lancé cet appel dans un message vidéo lors de la 46e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies (CDH), qui a débuté lundi 22 février à Genève, en Suisse. La session de quatre semaines, tenue virtuellement en raison de l'urgence sanitaire, a débuté par une première session de trois jours, au cours de laquelle des chefs d'État et des dignitaires représentant divers pays et régions s'adresseront virtuellement au conseil.

"La pandémie de Covid-19 a touché tous les aspects de la vie, causant la perte de nombreuses personnes et remettant en question nos systèmes économiques, sociaux et de soins de santé". Dans le même temps, "elle a également remis en question notre engagement envers la protection et la promotion des droits de l'homme universels, tout en affirmant leur pertinence".

Comme nous le dit le pape François dans Fratelli tutti, "en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous pouvons contribuer à la renaissance d'une aspiration universelle à la fraternité".

Toute personne est dotée de dignité

L'archevêque a rappelé que le préambule de la Déclaration universelle des droits de l'homme déclare que "la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde". La Charte des Nations unies affirme également sa "foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites".

M. Gallagher a souligné que ces deux documents reconnaissent une vérité objective, à savoir que toute personne humaine est innée et universellement dotée de la dignité humaine. Cette vérité "n'est pas conditionnée par le temps, le lieu, la culture ou le contexte". Toutefois, cet engagement "est plus facile à prononcer qu'à réaliser et à mettre en pratique". Il a déploré que ces objectifs "sont encore loin d'être reconnus, respectés, protégés et promus dans toutes les situations".

Les droits vont de pair avec les valeurs universelles

Mgr Gallagher a affirmé que la véritable promotion des droits de l'homme fondamentaux dépend de la logique sous-jacente dont ils découlent. Il a donc averti que toute pratique ou système qui traite les droits de manière abstraite - détachée des valeurs universelles préexistantes - risque de saper leur raison d'être, et qu'ainsi "les institutions des droits de l'homme deviennent sensibles aux modes, visions ou idéologies dominantes".

L'archevêque a souligné que "dans ce contexte de droits dépourvus de valeurs, les systèmes peuvent imposer des obligations ou des sanctions qui n'ont jamais été envisagées par les États parties, ce qui peut contredire les valeurs qu'ils sont censés promouvoir". Le secrétaire a ajouté qu'ils pourraient même "oser créer de soi-disant 'nouveaux' droits qui n'ont pas de fondement objectif, s'éloignant ainsi de leur objectif de servir la dignité humaine".

La vie, le bien avant les droits

Illustrant l'indissociabilité des droits et des valeurs par l'exemple du droit à la vie, Mgr. M. Gallagher s'est félicité que son contenu ait été "progressivement élargi pour inclure la lutte contre les actes de torture, les disparitions forcées et la peine de mort, ainsi que la protection des personnes âgées, des migrants, des enfants et de la maternité".

Selon lui, ces avancées sont des extensions raisonnables du droit à la vie parce qu'elles conservent leur base fondamentale dans le bien inhérent à la vie, et aussi parce que "la vie, avant d'être un droit, est d'abord et avant tout un bien à valoriser et à protéger".

Limitation des droits de l'homme par des mesures anti-vid ?

Mgr Paul Gallagher a souligné que, face à la pandémie actuelle de Covid-19, certaines mesures mises en œuvre par les autorités publiques pour assurer la santé publique sont en violation du libre exercice des droits de l'homme.

"Toute limitation de l'exercice des droits de l'homme pour la protection de la santé publique doit découler d'une situation de stricte nécessité", a déclaré M. Gallagher, ajoutant qu'"un certain nombre de personnes, qui se trouvent dans des situations de vulnérabilité - comme les personnes âgées, les migrants, les réfugiés, les autochtones, les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays et les enfants - ont été touchées de manière disproportionnée par la crise actuelle".

Par conséquent, a-t-il insisté, toute limitation imposée dans une situation d'urgence "doit être proportionnée à la situation, appliquée de manière non discriminatoire et utilisée uniquement lorsqu'aucun autre moyen n'est disponible".

Engagement mondial en faveur de la liberté de religion

Dans le même ordre d'idées, il a également fait référence à l'urgence de protéger le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, notant en particulier que "les croyances religieuses, et l'expression de ces croyances, constituent le noyau de la dignité de la personne humaine dans sa conscience".

Il a souligné que la réponse mondiale à la pandémie de covidium 19 révèle que "cette conception robuste de la liberté religieuse s'érode". Gallagher a déclaré que "la liberté de religion protège également son témoignage public et son expression, tant individuelle que collective, en public et en privé, sous forme de culte, d'observance et d'enseignement", comme le reconnaissent de nombreux instruments des droits de l'homme.

Par conséquent, pour respecter la valeur inhérente de ce droit, Mgr. Gallagher recommande aux autorités politiques de s'engager avec les chefs religieux, ainsi qu'avec les dirigeants des organisations confessionnelles et de la société civile engagés dans la promotion de la liberté de religion et de conscience.

Fraternité humaine et multilatéralisme

Enfin, M. Gallagher a noté que la crise actuelle nous offre une occasion unique d'aborder le multilatéralisme "comme l'expression d'un sens renouvelé de la responsabilité mondiale, de la solidarité fondée sur la justice et de la réalisation de la paix et de l'unité au sein de la famille humaine, qui est le projet de Dieu pour le monde".

Il a rappelé l'invitation du Pape François dans les Fratelli tutti encourageant chacun à reconnaître la dignité de chaque personne humaine afin de promouvoir la fraternité universelle, et a encouragé la volonté de dépasser ce qui nous divise afin de combattre efficacement les conséquences des différentes crises.

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