Vatican

Dans l'Ukraine dévastée, le travail de la diplomatie du Saint-Siège

Plus de deux ans après le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le travail diplomatique du Saint-Siège s'est concentré sur la question humanitaire.

Andrea Gagliarducci-16 juillet 2024-Temps de lecture : 4 minutes

Des bénévoles s'efforcent de secourir les blessés à l'hôpital pour enfants Okhmatdyt de Kiev ©OSV News photo/Oleksandr Ratushniak, Reuters

Il n'y a pas eu le temps de se réjouir de la libération de deux prêtres gréco-catholiques emprisonnés depuis plus de deux ans, lorsque le rêve de paix en Ukraine a été une fois de plus mis à l'épreuve.

En effet, la Russie a attaqué Kiev le 8 juillet, frappant deux grandes installations médicales ukrainiennes, dont le plus grand hôpital pédiatrique d'Ukraine, faisant 27 morts dans la seule capitale et 38 au total, et plus d'une centaine de blessés. 

Il s'agit d'une attaque brutale, qui a conduit, exceptionnellement, à l'adoption d'une loi sur les droits de l'homme par le Parlement européen. Le Saint-Siège enverra un communiqué soulignant la "profonde angoisse" du pape François et son appel à "des moyens concrets pour mettre fin aux conflits en cours".

Cette déclaration a été faite le 10 juillet et faisait également référence à l'attaque d'une école gérée par l'ONU à Gaza. Si l'entrée en scène de la Terre sainte est relativement récente, puisqu'elle fait suite à la réponse israélienne aux attaques brutales du 8 octobre 2023, la Terre sainte a joué un rôle majeur dans le conflit de Gaza au cours des deux dernières années. Pape François a toujours adressé une pensée à l'"Ukraine tourmentée" à la fin des audiences générales et des prières de l'Angélus.

Cependant, la diplomatie du Saint-Siège semble bloquée, incapable de fonctionner réellement. La volonté de médiation du Saint-Siège est restée lettre morte. Cependant, le Saint-Siège a réussi dans le domaine humanitaire et surtout dans l'échange de prisonniers. 

Libération des deux prêtres gréco-catholiques

Le 28 juin, on a appris que les prêtres gréco-catholiques Ivan Levytskyi et Bohdan Heleta avaient été libérés de la captivité russe. Tous deux, membres de la Congrégation du Très Saint Rédempteur, ont été libérés à la suite d'un échange de prisonniers. Ils ont passé près de deux ans en captivité, après avoir été arrêtés à Berdyansk le 16 novembre dernier. Ils n'avaient pas donné de nouvelles depuis longtemps.

L'Église gréco-catholique ukrainienne, à laquelle appartenaient les deux prêtres, n'a pas ménagé ses efforts ces dernières années pour obtenir leur libération, tout comme le Saint-Siège, qui a ouvert des voies discrètes au cours des deux dernières années pour permettre la libération des deux prêtres. 

Avant l'entrée en vigueur de la urbi et orbi à Pâques dernier, Le pape François a lancé la campagne "Tous pour tous", appelant à un échange complet de prisonniers entre la Russie et l'Ukraine. La libération des deux prêtres s'inscrit également dans le cadre de cette campagne.

L'échange de prisonniers est une initiative distincte de celle concernant le retour des enfants ukrainiens se trouvant actuellement sur le territoire russe en raison de la guerre. 

Le retour au pays des enfants - déportés selon les Ukrainiens, recueillis par des familles selon les Russes - était l'objectif de la mission du cardinal. Matteo Zuppi, L'envoyé du Pape en Ukraine et en Russie - ainsi qu'aux États-Unis et en Chine - avait précisément pour mission d'ouvrir un canal d'échange. Le mécanisme a fonctionné, bien que pour un nombre d'enfants inférieur à ce que les Ukrainiens avaient affirmé. Aujourd'hui, le mécanisme d'échange de prisonniers est également un bon signe.

Bref, la diplomatie du Saint-Siège donne des résultats positifs. Au point que Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk, archevêque majeur de l'Église gréco-catholique ukrainienne, a tenu à remercier directement le pape François dans un communiqué publié le 29 juin pour avoir "personnellement contribué à la libération de nos prêtres rédemptoristes Bohdan et Ivan", soulignant que "malgré les grands obstacles, puisque leur captivité a duré plus d'un an et demi, les efforts de la diplomatie vaticane ont abouti à un résultat victorieux".

Outre les remerciements adressés aux diplomates du Saint-Siège, les cardinaux Parolin et Zuppi, "à qui le Saint-Père a confié le soin de libérer les captifs et les prisonniers ukrainiens", M. Shevchuk a également remercié l'archevêque Visvaldas Kulbokas, nonce apostolique en Ukraine.

Le président ukrainien Zelensky a également remercié le Saint-Siège pour son travail. 

Le front diplomatique

Que se passe-t-il sur le front diplomatique ? Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, qui a participé au sommet de haut niveau pour la paix en Ukraine en Suisse les 15 et 16 juin, a donné des orientations claires.

Le Saint-Siège n'a pas signé la déclaration finale car il n'était qu'un pays observateur. Il en a toutefois partagé l'esprit dans un discours du cardinal Parolin. 

Tout en notant l'absence de la Russie au sommet, M. Parolin a rappelé que le seul moyen d'obtenir une paix véritable, stable et juste est "le dialogue entre toutes les parties concernées", et a exprimé son espoir que "les efforts diplomatiques actuellement promus en Ukraine et soutenus par tant de nations seront renforcés". 

M. Parolin a rappelé que le Saint-Siège "réaffirme la validité du principe fondamental du respect de la souveraineté de chaque nation et de l'intégrité de son territoire", des mots qui ne sont pas anodins mais qui constituent une condamnation claire de l'agression russe. 

Dans le même temps, il a ajouté que le Saint-Siège était "préoccupé par les conséquences humanitaires tragiques du conflit" et qu'il était donc à la pointe des efforts visant à faciliter le rapatriement des enfants et à encourager la libération des prisonniers. 

En fait, le Saint-Siège est également observateur au sein de la Coalition internationale pour le rapatriement des enfants ukrainiens de Russie et est en contact direct avec les autorités russes et ukrainiennes par le biais d'un mécanisme mis en place à la suite de la visite du cardinal Matteo Zuppi à Kiev et à Moscou.

Le Saint-Siège est également préoccupé par le manque de respect des conventions de Genève dans le traitement des prisonniers, tant civils que militaires, et regrette "la difficulté de mettre en place avec le Comité international de la Croix-Rouge une commission médicale mixte pour s'occuper de la situation des prisonniers de guerre nécessitant des soins urgents".

Mais surtout, le cardinal Parolin a également déclaré que le Saint-Siège s'engageait à maintenir des contacts avec les autorités russes et ukrainiennes et qu'il était prêt à contribuer à la mise en œuvre d'éventuelles initiatives de médiation "acceptables pour toutes les parties et bénéfiques pour les personnes concernées". 

En bref, en cas de lueur d'espoir de paix, le Saint-Siège serait prêt à apporter son aide.

L'auteurAndrea Gagliarducci

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