Comme la pluie qui trempe le sol et le remplit de vie, les paroles du Pape ont été une pluie d'espoir dans le cœur de ce grand pays. L'espoir est le mot qui pourrait résumer l'ensemble de son parcours. François a rempli d'espoir les jeunes, les victimes de la guerre en Orient, les prêtres, les religieux et religieuses, les évêques. Nous attendons maintenant les fruits de ses paroles. Le voyage du Pape est une bénédiction pour tous les Congolais et Congolaises, un souffle d'espoir au milieu de tant de difficultés.
Tout a commencé le 31 janvier, lorsque le pape a atterri à l'aéroport international de Ndjili, dans l'État de New York. République démocratique du Congo. Après un bref accueil, la papamobile s'est dirigée vers le Palais de la Nation. Les bras levés en l'air dans les rues de Kinshasa l'ont accompagné sans interruption pendant les 25 kilomètres du trajet.
Les images parlent d'elles-mêmes : des visages rayonnants de joie, des mains en l'air, des corps en perpétuel mouvement... Quelle joie d'accueillir le Pape !
Au Palacio de la Nación, le discours du Pape aux autorités a donné le ton du voyage. François s'est défini comme un pèlerin de la paix et de la réconciliation. Il a encouragé les Congolais à assumer leur responsabilité dans la construction d'un avenir meilleur, mais ce qui a le plus marqué les esprits, ce sont les mots adressés à la communauté internationale : "Ne touchez pas à la République démocratique du Congo, ne touchez pas à l'Afrique. Arrêtez de l'étouffer, parce que Afrique n'est pas une mine à exploiter ou une terre à piller. Laissez l'Afrique être le protagoniste de son propre destin.
Du Palais National, il s'est rendu à la Nonciature Apostolique. Là, la chorale Luc Gillon, ainsi qu'un groupe d'enfants vêtus de maillots Saint Laurent et RDC, l'ont accueilli avec des chansons et de l'enthousiasme.
Une messe en grand nombre
De nombreux jeunes ont passé la nuit du 31 janvier au 1er février à l'aéroport de Ndolo. Tout était prêt pour la messe. Les bénévoles en charge des confessionnaux ont passé une grande partie de la nuit à se déplacer pour faciliter le sacrement de la réconciliation. Hervé, l'un des volontaires, a déclaré qu'"un prêtre, je ne sais pas comment il s'appelle, a été héroïque, il a passé une grande partie de la nuit à se confesser sans interruption". J'ai moi-même pu participer aux confessions avec d'autres prêtres jusqu'à deux heures et demie du matin. Les gens étaient désireux de se réconcilier avec Dieu et de bien se préparer pour la messe avec le pape.
Dans son homélie, François a essentiellement parlé de la paix, qui était le thème du voyage. Il a développé trois sources de paix : le pardon, la communauté et la mission. "La paix soit avec vous. Que ces paroles de notre Seigneur résonnent, silencieusement, dans nos cœurs. Écoutons-les qui nous sont adressés et décidons d'être des témoins du pardon, des protagonistes en communauté, des personnes en mission de paix dans le monde".
Sous un soleil de plomb, près de deux millions de personnes ont suivi cette célébration avec joie. Géraldine, 84 ans, s'est levée à quatre heures du matin pour participer à la messe. Elle est arrivée à 6 heures du matin, mais après être restée debout pendant une heure, elle a réalisé qu'elle ne pourrait pas tenir toute la matinée et a dû rentrer chez elle pour suivre la cérémonie à la télévision. La plupart des gens sont restés debout pendant des heures sous le soleil, mais avec le sourire aux lèvres : "le Pape ne vient pas tous les jours", a-t-on entendu dire.
La messe était en rite zaïrois, et les chants et les danses n'ont pas manqué. Le chœur était composé de plus de 700 personnes, et un groupe de "joyeuses" (petites filles habillées en blanc) a dansé pendant le Gloria et l'offertoire, comme le veut la tradition des messes dominicales.
La messe n'a pas duré une heure et demie comme prévu, mais seulement trente minutes de plus. A la fin de la messe, le cardinal Ambongo a remercié le pape et a dénoncé, devant les autorités et les caméras de télévision, la misère dans laquelle se trouve le peuple congolais.
De la lumière à l'obscurité
C'était le titre d'un article sur le premier jour du Pape en RDC. De la lumière de la messe à l'obscurité des récits des victimes dans l'est du pays. En juillet, le voyage du pape devait inclure une étape à Goma, la plus grande ville de l'est du pays. La situation d'insécurité n'a pas permis cette halte, mais le Pape a voulu recevoir certaines des victimes de la guerre.
La réunion a eu lieu à la Nonciature. Le Pape, à côté d'un grand crucifix présidant la salle, a écouté les témoignages horrifiants des différentes victimes : décapitations, viols, obligation de manger de la chair humaine... Ce n'était qu'un aperçu de la souffrance des populations de l'Est de la RDC. Il est difficile de ne pas éveiller les consciences. Mais malheureusement, beaucoup de personnes dans le monde continuent à fermer les yeux sur cette réalité. Il suffit de voir l'espace que ce voyage a occupé dans les médias occidentaux.
Les témoignages ont été suivis d'une déclaration de pardon et du dépôt au pied du crucifix des armes et instruments utilisés contre les victimes. Un pape ému a remercié les victimes pour leur courage. A la fin de la journée, les représentants des organisations caritatives ont été reçus par le Saint Père.
La main du Pape
Le stade des Martyrs a accueilli la rencontre avec les catéchistes et les jeunes. Quelque quatre-vingt mille personnes ont rempli le stade pour écouter le pape qui a été accueilli comme une star de la musique. Au rythme des chansons, les jeunes ont montré leur enthousiasme alors que Francis se dirigeait vers le podium.
Après quelques mots des catéchistes, le Pape a prononcé un discours historique dans lequel il a donné aux jeunes cinq "ingrédients pour l'avenir", un pour chaque doigt de la main : la prière, la communauté (les autres), l'honnêteté, le pardon et le service.
Après nous avoir demandé de regarder nos mains, il a dit : "Je voudrais attirer votre attention sur un détail : toutes les mains se ressemblent, mais aucune n'est identique à l'autre ; personne n'a des mains comme les vôtres, c'est pourquoi vous êtes un trésor unique, irremplaçable et incomparable. Personne dans l'histoire ne peut vous remplacer.
Un moment "électrique" a été celui où le pape a parlé de la corruption. François a fait répéter aux jeunes : "pas de corruption", non à la corruption. Mais les jeunes ont fait plus que répéter, et pendant plusieurs minutes ils ont scandé différentes phrases contre la corruption.
Les jeunes avaient besoin d'espoir et le pape le leur a donné. Le message du pape n'est pas passé, il a résonné chez les jeunes. Les réseaux sociaux ont immédiatement fait écho aux cinq ingrédients du futur.
Avec les personnes consacrées
Une marée de nonnes a envahi les rues autour de la cathédrale. Il existe de nombreuses congrégations au Congo, certaines importées, d'autres locales. Les prêtres sont passés inaperçus devant tant de religieuses vêtues de leurs habits congolais.
La vie au Congo est pleine de difficultés, et les prêtres, les religieux et les religieuses, sont en première ligne. François nous a encouragés à ne pas tomber dans la médiocrité spirituelle, il nous a rappelé la nécessité de la formation, et surtout il nous a encouragés à poursuivre une vie de dévouement et de service : "Sœurs et frères, je vous remercie de tout cœur pour ce que vous êtes et ce que vous faites ; merci pour le témoignage que vous donnez à l'Église et au monde. Ne vous découragez pas, nous avons besoin de vous. Vous êtes précieux, importants, je le dis au nom de toute l'Église". Ces derniers mots nous ont remplis d'encouragement et d'espoir.
Adieu
Avant de partir pour le Sud-Soudan, le pape a rencontré les évêques congolais. Après le passage de la vocation de Jérémie, François les a invités à être de bons bergers : "Chers frères évêques, soyons proches du Seigneur pour être ses témoins crédibles et les porte-parole de son amour auprès des peuples. Il veut les oindre à travers nous de l'huile de la consolation et de l'espérance".
En conclusion, le Pape a demandé aux évêques d'être miséricordieux : " Je voudrais ajouter une seule chose : j'ai dit 'soyez miséricordieux'. Mercy. Pardonnez toujours."
Le président Felix Tshisekedi l'attendait à l'aéroport pour l'accompagner. Le pape a poursuivi sa route vers le Sud-Soudan où l'agenda sera également chargé.
Kinshasa, République démocratique du Congo.