Il y a quelques jours, le Saint-Père François nous a une nouvelle fois surpris en prononçant ces quelques mots paroles complètement inattendues -du moins pour moi- aux étudiants, aux chercheurs, aux enseignants et à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'Église et, en général, aux disciplines historiques au sein de l'Église. En fait, les paroles du Saint-Père s'appliquent également à l'histoire civile en général. Certes, l'histoire est nécessaire pour construire une civilisation solide et pour "mieux interpréter la réalité sociale".
Précisément, dans ce temps en mutation, nous sommes à la fin d'une époque et au début d'une autre dont nous ne pouvons guère entrevoir que quelques caractéristiques très générales (mondialisée, solidaire, féministe, numérique, spirituelle). Le pape François continue sans relâche, dans le cadre de son programme de gouvernance inspiré par l'Esprit Saint, à aborder toutes les questions d'intérêt particulier en vue d'un véritable et profond renouveau de l'Église catholique, dans l'espoir de la lancer dans une mobilisation apostolique et une influence spirituelle plus importante dans le monde entier.
L'histoire comme professeur de vie
Il ne fait aucun doute que l'histoire est un véritable professeur de vie et qu'à ce titre, elle doit être recherchée, étudiée et écoutée afin de tirer les innombrables leçons qu'elle a à nous transmettre et, bien sûr, aux générations suivantes.
À cette fin, il est essentiel que l'histoire et les disciplines historiques en général soient incluses dans les plans de formation des universités et des centres de formation, dans la catéchèse à tous les niveaux et dans une large publication de textes sur papier et sous forme numérique, qui parviennent à tous les catholiques et à toutes les personnes de bonne volonté pour être étudiés avec rigueur.
Il est nécessaire, nous rappelle le Pape, de savoir présenter les faits correctement encadrés dans les coordonnées spatio-temporelles de chaque période traitée, à travers un tri rigoureux de la documentation et, enfin, avec une anthropologie correcte qui tienne compte des circonstances dans lesquelles ils se sont déroulés.
Préjugés et idéologies
En outre, et le pape François le souligne avec véhémence, nous devons éviter les "idéologies de différentes couleurs qui détruisent tout ce qui est différent" et donc être aussi objectifs que possible sans tomber dans les anachronismes habituels : interpréter les événements du passé avec la mentalité d'aujourd'hui, sans utiliser l'herméneutique appropriée.
Le Saint-Père nous rappelle qu'il est important d'éviter les préjugés ou les jugements a priori, avec lesquels les documents sont parfois lus avec animosité ou jalousie, ainsi que les fausses "bonnes intentions", comme le dit le proverbe lorsqu'il affirme que "tout était mieux dans le passé". Ne pas découvrir les racines des problèmes nous empêcherait de tirer les véritables leçons de l'histoire, qui sont nécessaires "pour ne pas trébucher deux fois sur la même pierre".
C'est ainsi que nous pouvons acquérir et transmettre à tous les chrétiens ce que le Saint-Père appelle "une véritable sensibilité historique", qui nous pousse à lire des romans historiques, à étudier les documents du magistère ou les archives, à écrire l'histoire et non les légendes.
Légendes noires
Le Saint-Père fait indirectement allusion aux légendes noires, ou roses, qui se construisent facilement dans la société. D'une part, certains utilisent ces légendes, basées sur des faits objectifs habilement utilisés, pour attaquer l'Église et ses objectifs spirituels. D'autre part, certains cachent des problèmes et des faits difficiles à expliquer afin d'édulcorer l'histoire réelle de l'Église.
Par exemple, le Saint-Père rappelle longuement comment, dans la généalogie du Seigneur dans l'Évangile de saint Matthieu, les personnages qui menaient une vie inconvenante n'ont pas été éliminés, même s'ils devaient être les parents éloignés du Seigneur.
Il ne fait aucun doute que, dans ce domaine de l'histoire, il existe une grande différence entre la sagesse et l'érudition. La première, la sagesse, est un don de l'Esprit Saint, l'un des plus appréciés, avec le don de discernement, qui est le fruit mûr de l'étude, de la contemplation des choses afin d'aller au fond des questions et de voir où il y a une erreur à purifier, une leçon à apprendre, un honneur à rétablir selon la justice, ou des punitions et des sanctions médicinales à appliquer. En bref, nous rappelle le Saint-Père, il est important d'éviter les jugements hâtifs et les premières impressions quand on enquête sur l'histoire.
Pas de peur de la vérité
Il ne suffit pas d'accumuler des données, des dates et des documents. Il faut calmer l'esprit, s'imprégner de la mentalité de l'époque, des courants de pensée, des décisions magistérielles antérieures et, surtout, du "sensus fidelium" afin de pouvoir, avec l'aide de la Esprit Saintpour indiquer une ligne d'interprétation que les collections documentaires reprendront à leur compte : "On n'avance jamais sans mémoire, on n'évolue pas sans une mémoire complète et lumineuse".
La vision de l'Église que le Saint-Père a soulignée à divers moments, comme dans un hôpital de campagne ou lorsqu'il parle d'une "Église mère à aimer telle qu'elle est", est très intéressante. Dans l'Église, souligne le Saint-Père, la miséricorde et le pardon de Dieu sont préservés, parce que les mérites infinis de la Passion et de la mort du Seigneur lui ont été donnés.
Enfin, le Pape encourage les historiens à vivre ensemble et à dialoguer davantage, à échanger leurs points de vue et à examiner la documentation pertinente avec objectivité et avec le désir de s'approcher le plus possible des actions pastorales qui ont été entreprises, en cherchant le bien des âmes et leur salut éternel. En même temps, on ne peut pas cacher les erreurs des hommes et les incohérences de la foi et de la vie qui, en de nombreuses occasions, ont provoqué la méfiance à l'égard de l'Église.