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Le pape fait l'éloge de Blaise Pascal dans la lettre "Sublimitas et miseria hominis".

À l'occasion du quatrième centenaire de la naissance du philosophe français Blaise Pascal (1623-1662), le pape François a salué sa figure dans une lettre intitulée "Grandeur et misère de l'homme", qui rend hommage à cet "infatigable chercheur de vérité". Le cardinal José Tolentino de Mendonça, préfet du dicastère pour la culture et l'éducation, a souligné "son exquise charité envers les pauvres et les malades".

Francisco Otamendi-19 juin 2023-Temps de lecture : 8 minutes

Pascal ©Vatican Media

Dans son Lettre Sublimitas et miseria hominis", le pape met en lumière, entre autres aspects de la vie et de l'œuvre du penseur français Blaise Pascal, comme le "...".Pensées"(Pensées), la recherche de la vérité. "La grandeur et la misère de l'homme constituent le paradoxe au cœur de la réflexion et du message du philosophe", "né il y a quatre siècles, le 19 juin 1623, à Clermont, dans le centre de la France. Dès son enfance et tout au long de sa vie, il a cherché la vérité", écrit le Saint-Père.

"C'est avec raison qu'il a tracé ses signes, en particulier dans les domaines des mathématiques, de la géométrie, de la physique et de la philosophie", décrit le souverain pontife. "Il a fait des découvertes extraordinaires dès son plus jeune âge, au point d'atteindre une renommée considérable. Mais il ne s'est pas arrêté là. Dans un siècle de grands progrès dans de nombreux domaines scientifiques, accompagnés d'un esprit croissant de scepticisme philosophique et religieux, Blaise Pascal s'est montré un infatigable chercheur de vérité, et en tant que tel, il est toujours resté "inquiet", attiré par des horizons nouveaux et plus vastes".

Le site cardinal José Tolentino de Mendonça a donné quelques clés de la Lettre dans la Sala Stampa du Vatican. Tout d'abord, la connaissance que Pascal a du pape François. "Le Saint-Père, un amoureux de la 'Pensées". admirateur de Pascal depuis toujours (...), a décidé d'honorer sa figure par une lettre apostolique au titre captivant de "Sublimitas et miseria hominis" - c'est-à-dire "Grandeur et misère de l'homme". 

"Charité exquise envers les pauvres et les malades".

Le cardinal José Tolentino de Mendonça a ensuite déclaré : "Je voudrais souligner comment, dans le texte de la lettre papale, le pape François met en évidence certains aspects, peut-être moins connus, du grand philosophe. Tout d'abord, son exquise charité envers les pauvres et les malades. La vie de Pascal a été parsemée de gestes concrets de charité et d'amour envers les faibles, les malades et les personnes souffrantes". 

Ce comportement, qu'il n'a pas rendu public", a ajouté le préfet du Dicastère pour l'éducation et la culture du Saint-Siège, "était certainement teinté de sa propre expérience de la douleur et de la maladie - il suffit de penser à sa prière "pour le bon usage de la maladie" en 1659 - mais c'était aussi la recherche, en termes concrets, d'une manière d'exprimer sa gratitude pour la grâce divine qui était entrée sans mérite dans ce qu'il considérait comme sa petitesse humaine".

"Cela montre que Pascal n'a jamais séparé sa foi en Dieu des œuvres concrètes en faveur de ses frères, et aide à comprendre la complexité de sa relation avec les théories jansénistes, qu'il a connues en lisant 'Augustinus' de Jansenius et en fréquentant le cercle de Port Royal", a déclaré le cardinal José Tolentino de Mendonça, qui était accompagné de François-Xavier Adam, directeur de l'Institut d'études et de recherches en sciences sociales de l'Université de Paris, et qui a assisté à la cérémonie d'ouverture de la conférence de presse. Institut français - Centre Saint Louis, entre autres personnalités.

"Stimuler les chrétiens de notre temps".

Voici quelques-unes des caractéristiques de la vie et de l'œuvre du penseur français Blaise Pascal (qui n'a vécu que 39 ans), que le Saint-Père François met en lumière dans sa lettre.

Tout d'abord, l'objectif. "Je suis heureux que la Providence me donne l'occasion de lui rendre hommage et de mettre en lumière ce qui, dans sa pensée et dans sa vie, me paraît propre à stimuler les chrétiens de notre temps et tous nos contemporains de bonne volonté dans la recherche du vrai bonheur : 'Tous les hommes cherchent le moyen d'être heureux. Il n'y a pas d'exception à cela, si différents que soient les moyens qu'ils emploient, ils tendent tous à cette fin", a déclaré le pape en citant Pascal. 

"Quatre siècles après sa naissance, Pascal reste pour nous le compagnon de route qui accompagne notre recherche du vrai bonheur et, selon le don de la foi, notre reconnaissance humble et joyeuse du Seigneur mort et ressuscité", commence François.

"Un amoureux du Christ qui s'adresse à tous. 

Le pape réfléchit ensuite à l'attrait de la figure du philosophe français. "Si Blaise Pascal est capable d'émouvoir le monde entier, c'est parce qu'il a parlé de la condition humaine d'une manière admirable. Il serait cependant trompeur de ne voir en lui qu'un spécialiste de la morale humaine, aussi brillant qu'il ait été. Le monument que constitue son PenséesL'"Église de Jésus-Christ", dont certaines formules isolées sont devenues célèbres, ne peut être vraiment comprise si l'on ignore que Jésus-Christ et l'Écriture Sainte en sont à la fois le centre et la clé". 

"En effet, si Pascal a commencé à parler de l'homme et de Dieu, poursuit le pape, c'est parce qu'il avait acquis la certitude que "non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ, mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus-Christ ; nous ne connaissons la vie et la mort que par Jésus-Christ. En dehors de Jésus-Christ, nous ne connaissons ni notre vie, ni notre mort, ni Dieu, ni nous-mêmes. Ainsi, sans l'Écriture, qui n'a que Jésus-Christ pour objet, nous ne savons rien et nous ne voyons que des ténèbres", cite encore le pape. 

Cela en vaut vraiment la peine

C'est la raison pour laquelle je propose à tous ceux qui veulent continuer à chercher la vérité - une tâche qui ne s'achève jamais dans cette vie - d'écouter Blaise Pascal, un homme d'une intelligence prodigieuse qui a voulu nous rappeler qu'en dehors des objectifs de l'amour, il n'y a pas de vérité qui vaille : "Nous ne faisons pas une idole de la vérité elle-même, parce que la vérité sans la charité n'est pas Dieu et est son image et une idole qui ne doit pas être aimée ni adorée"".

Pascal nous met ainsi en garde contre les fausses doctrines, les superstitions ou les licences qui éloignent beaucoup d'entre nous de la paix et de la joie durables de Celui qui veut que nous choisissions "la vie et le bonheur" et non "la mort et la misère" (Dt 30, 15)", ajoute le Pontife.

La grandeur de la raison humaine 

Un autre aspect sur lequel le pape François réfléchit est celui du caractère raisonnable de la foi, et pour cela, outre Pascal, il cite saint Jean-Paul II et Benoît XVI.

"Dès l'âge de dix-sept ans, il (Pascal) a été en contact avec les plus grands scientifiques de son temps", déclare le pape. "En 1642, à l'âge de dix-neuf ans, il a inventé une machine arithmétique, prédécesseur de nos calculatrices. Blaise Pascal est extrêmement stimulant pour nous car il nous rappelle la grandeur de la raison humaine et nous invite à l'utiliser pour déchiffrer le monde qui nous entoure". 

" Le esprit de géométriequi est la capacité de comprendre en détail le fonctionnement des choses, lui servira tout au long de sa vie, comme l'a souligné l'éminent théologien Hans Urs von Balthasar : "Pascal est capable [...] d'atteindre, à partir des plans propres à la géométrie et aux sciences de la nature, la précision très différente propre au plan de l'existence en général et de la vie chrétienne en particulier".

Et François de préciser : "Cette pratique confiante de la raison naturelle, qui l'a rendu solidaire de tous ses frères en quête de vérité, lui permettra de reconnaître les limites de l'intelligence elle-même et, en même temps, de s'ouvrir aux raisons surnaturelles de la Révélation, selon une logique du paradoxe qui est sa particularité philosophique et le charme littéraire de ses Pensées : "Il en a coûté autant à l'Église de prouver que Jésus-Christ était homme contre ceux qui le niaient, que de prouver qu'il était Dieu ; et les possibilités en étaient également grandes"".

Le sens de notre vie, le rejet de la présomption

La raison humaine est sans aucun doute une merveille de la création, qui distingue l'homme de toutes les autres créatures, car "l'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau qui pense"", dit encore François en citant Pascal. Et il poursuit : "Nous comprenons alors que les limites des philosophes seront simplement les limites de la raison créée. Car autant Démocrite disait : "Je vais parler de tout", autant la raison seule ne peut résoudre les questions les plus hautes et les plus urgentes". 

Le Pape demande ensuite : "Quel est en effet, au temps de Pascal comme aujourd'hui, le thème qui nous importe le plus ? C'est celui du sens plein de notre destin, de notre vie et de notre espérance, celui d'un bonheur qu'il n'est pas interdit de concevoir comme éternel, mais que seul Dieu est autorisé à accorder : "Rien n'est si important à l'homme que son état ; rien ne lui inspire tant de crainte que l'éternité"" (nouvelle citation de Pascal). 

La "nuit de feu

"Comme l'a rappelé saint Jean-Paul II dans son encyclique sur le rapport entre la foi et la raison, mentionne François, des philosophes comme Blaise Pascal se sont distingués par leur refus de toute présomption, ainsi que par le choix d'une posture faite d'humilité et de courage. Ils ont expérimenté que "la foi libère la raison de la présomption". Avant la nuit du 23 novembre 1654, il est clair que Pascal ne doute pas de l'existence de Dieu. Il sait aussi que ce Dieu est le bien suprême ; ce qui lui manque et ce qu'il espère, ce n'est pas le savoir mais le pouvoir, pas la vérité mais la force".

"Or, cette force lui est donnée par la grâce ; il est attiré, avec certitude et joie, par Jésus-Christ (...) "Comme toute conversion authentique, celle de Blaise Pascal se fait dans l'humilité, qui nous libère 'de notre conscience isolée et de notre autoréférentialité'". Cet épisode, celui de sa conversion, a eu lieu à la date citée par le Pape, en 1654, et est connu aujourd'hui encore comme sa "Nuit de feu" ("...").Nuit de feu").

"Cette expérience mystique, qui lui fit verser des larmes de joie, fut si intense et décisive pour lui qu'il la consigna sur un papier précisément daté, le "Mémorial", qu'il avait cousu dans la doublure de son manteau et qui fut découvert après sa mort", a déclaré le Souverain Pontife.

Rejet du fidéisme

Dans la lettre apostolique, le pape se réfère à ces mots de Benoît XVI : "La tradition catholique, depuis le début, a rejeté ce qu'on appelle le fidéisme, qui est la volonté de croire contre la raison". Dans cette ligne, Pascal est profondément attaché au "caractère raisonnable de la foi en Dieu", non seulement parce que "l'esprit ne peut être forcé de croire ce qu'il sait être faux", mais aussi parce que "si nous offensons les principes de la raison, notre religion sera absurde et ridicule"", affirme Pascal, commenté par le pape. 

"Mais si la foi est raisonnable, elle est aussi un don de Dieu et ne peut être imposée", ajoute le Saint-Père : "On ne prouve pas qu'il faut aimer en soumettant les causes de l'amour à la méthode, ce serait ridicule", souligne Pascal avec la finesse de son humour, en établissant un parallèle entre l'amour humain et la manière dont Dieu se manifeste à nous.

Rien d'autre que l'amour, "qui propose mais ne s'impose pas - l'amour de Dieu ne s'impose jamais", Jésus a rendu témoignage à la vérité (cf. Jn 18,37) mais "n'a pas voulu l'imposer par la force à ceux qui le contredisaient". C'est pourquoi "il y a assez de lumière pour ceux qui veulent seulement voir, et assez d'obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire". 

Il poursuit en affirmant que "la foi est différente de la preuve. Cette dernière est humaine, alors que la première est un don de Dieu". Il est donc impossible de croire "si Dieu n'incline pas notre cœur". Même si la foi est d'un ordre supérieur à la raison, cela ne signifie certainement pas qu'elle s'y oppose, mais qu'elle la dépasse infiniment", écrit le pape.

Résumant cet aspect, François écrit que "lire l'œuvre de Pascal, ce n'est pas d'abord découvrir la raison qui éclaire la foi, c'est se mettre à l'école d'un chrétien à la rationalité peu commune, qui a su d'autant mieux rendre compte d'un ordre établi par le don de Dieu supérieur à la raison".

Mort de Pascal : sacrements, dernières paroles

Décrivant la fin de sa vie, le pape raconte que "très malade et sur le point de mourir, il a demandé à recevoir la communion, mais cela n'a pas été possible immédiatement. Il supplia alors sa sœur : "Puisque je ne peux pas communier avec ma tête [Jésus-Christ], je voudrais communier avec mes membres". Et "il avait un grand désir de mourir en compagnie des pauvres". Peu avant son dernier souffle, le 19 août 1662, on dit de lui qu'il est mort "avec la simplicité d'un enfant". Après avoir reçu les sacrements, ses dernières paroles furent : "Que Dieu ne m'abandonne jamais". 

"Que son œuvre lumineuse et les exemples de sa vie, si profondément immergée en Jésus-Christ, nous aident à suivre jusqu'au bout le chemin de la vérité, de la conversion et de la charité. Car la vie d'un homme est très courte : 'Éternellement joyeux pour un jour de souffrance sur la terre'", conclut le pape François.

Cardinal Mendonça : "L'honnêteté de Pascal".

Dans la présentation mentionnée au début, le cardinal José Tolentino de Mendonça a également souligné que "Pascal était un vrai réaliste capable d'affronter la misère et la grandeur de l'homme. Les réponses à cette misère réelle et à cette soif de grandeur de l'homme se trouvaient dans la révélation individuelle d'un Dieu personnel".

"Avant la 'Nuit de feuPascal croyait déjà en Dieu, mais cette nuit-là, il eut l'illumination de reconnaître dans le péché le symbole du manque de désir de Dieu. De cette expérience mystique sont nés les concepts d'orgueil et d'humilité et, surtout, la catégorie du "cœur" qui lui était si chère".

"Ce que le pape François a voulu célébrer, c'est avant tout l'honnêteté de Blaise Pascal, qui aimait la phrase 'il faut être sincère, vrai'", a ajouté le pape. cardinal José Tolentino de Mendonça.

L'auteurFrancisco Otamendi

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