Espagne

Les évêques espagnols disent "non" au plan gouvernemental de réparations pour les victimes d'abus sexuels

Les évêques espagnols ont vivement critiqué le plan approuvé par le gouvernement pour réparer les dommages causés aux victimes d'abus sexuels. Ils le considèrent comme discriminatoire, car il laisse de côté 9 victimes sur 10, et il est rejeté parce qu'il se concentre uniquement sur l'Église catholique, alors que le problème est "social et de grande ampleur", selon eux.  

Francisco Otamendi-23 avril 2024-Temps de lecture : 3 minutes
Interview Argüello Bolaños

Le président de la Conférence épiscopale espagnole, Luis Argüello, avec le ministre de la Présidence, Félix Bolaños. @CEE

Le gouvernement espagnol a approuvé mardi un plan qui prévoit l'indemnisation des victimes d'abus dans l'Église dont les cas sont prescrits, ainsi que la célébration d'un acte de reconnaissance de l'État pour les personnes concernées. Cependant, les évêques ont exprimé de vives critiques à l'égard du plan gouvernemental.

Lors d'une conférence de presse tenue à l'issue du conseil, le ministre de la présidence, de la justice et des relations avec les tribunaux, Félix Bolaños, a déclaré que ce plan visait à réparer les victimes qui "ont été oubliées et négligées pendant des décennies" et auxquelles "personne n'a prêté attention". À cette fin, le gouvernement envisage une compensation financière, rapporte l'organisme public, et son intention est que l'Église contribue à son financement.

Cependant, en l'espace de quelques heures, la Conférence épiscopale espagnole (CEE), présidée par Monseigneur Luis Argüello, a rendu public un communiqué de presse. note dans laquelle elle n'accepte pas le plan du gouvernement, notamment pour trois raisons principales :

Jugement condamnatoire sur l'ensemble de l'Église

1) "On ne peut pas proposer des mesures de réparation qui, selon le rapport du médiateur, laisseraient de côté 9 victimes sur 10. L'Église ne peut accepter un plan qui discrimine la majorité des victimes d'abus sexuels".

2) "Le texte présenté repose sur un jugement condamnatoire de l'ensemble de l'Eglise, effectué sans aucune garantie juridique, une mise à l'index publique et discriminatoire de l'Etat. En se focalisant uniquement sur l'Eglise catholique, il n'aborde qu'une partie du problème. Il s'agit d'une analyse partielle qui cache un problème social de grande ampleur".

Et 3) "De plus, ce règlement remet en cause le principe d'égalité et d'universalité que doit avoir tout processus affectant les droits fondamentaux. L'Eglise est en avance dans l'accueil des victimes, dans la formation à la prévention et dans la réparation. Il appartient aux pouvoirs publics de développer des mesures appropriées dans cette mission de protection des mineurs dans autant de domaines de leur compétence".

"La Conférence épiscopale a informé le ministre Bolaños de son évaluation critique de ce plan qui se concentre uniquement sur l'Église catholique. Elle a également exprimé sa volonté de collaborer dans les domaines de sa responsabilité et de sa compétence, mais toujours dans la mesure où il s'agit de traiter le problème dans son ensemble", poursuit la note. "En tout état de cause, l'Église reste engagée à continuer à accueillir toutes les victimes d'abus sexuels, à les accompagner et à leur apporter réparation.

Coïncidences

Les évêques ajoutent que "l'action que l'Eglise a développée face aux abus sexuels coïncide, dans une large mesure, avec les cinq lignes d'action proposées dans ce plan. L'Eglise travaille déjà dans le sens de l'accueil, de la prise en charge et de la réparation des victimes, de la prévention des abus, de la formation des personnes et de la sensibilisation de la société".

"En ce qui concerne le plan présenté, la CEE considère que les mesures qui se réfèrent à toutes les victimes sont certainement précieuses et que l'Eglise travaille et travaillera également dans ce domaine, avec l'expérience qu'elle peut elle-même apporter pour accueillir tous ceux qui ont souffert et souffrent de ce fléau".

Pour sa part, le plan du gouvernement prévoit la création d'une commission composée des ministères impliqués dans la mise en œuvre des mesures et sollicitera la participation des victimes et de leurs associations.

Étude des évêques

Le secrétaire général et porte-parole de la Conférence épiscopale espagnole, Mgr Francisco César García Magán, a indiqué à la fin de l'année dernière que l'attention portée aux victimes d'abus et la prévention et la réparation intégrale, à tous points de vue, psychologique, social et économique, avaient été un thème central de la Conférence épiscopale espagnole. Assemblée plénière des évêques espagnols qui s'est déroulée du 20 au 24 novembre dernier.

À la fin des travaux, le porte-parole García Magán a souligné que les travaux comprenaient plusieurs lignes d'action proposées par le Service diocésain de coordination et de conseil des bureaux diocésains pour la protection des mineurs : l'attention aux victimes, la prévention intégrale et la réparation, à tous points de vue, psychologique, social et économique.

Il y a quelques jours, le 18 avril, le Président et le Secrétaire général de l'épiscopat espagnol ont rencontré le Ministre de la Présidence au Palais de la Moncloa. réunion était, semble-t-il, détendue et cordiale.

L'auteurFrancisco Otamendi

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