L'année 2024 revêt une importance toute particulière pour les fidèles catholiques équatoriens : Quito accueillera les Journées mondiales de la jeunesse de 2024. 53e Congrès eucharistique international. À cette occasion, Omnes a interviewé le primat de l'Équateur, un pays qui a notamment été choisi pour accueillir le 150e anniversaire de la consécration de l'Équateur au Sacré-Cœur de Jésus, ce qui en a fait le premier pays à procéder à cette consécration.
Pourquoi le pape a-t-il choisi Quito comme lieu d'accueil de l'Assemblée générale des Nations unies ? Congrès eucharistique international (CIS) ?
Les évêques de l'Équateur, lors de leur assemblée plénière de 2014, ont ratifié la demande, formulée quelques années auparavant, d'accueillir le Congrès eucharistique international en 2024 à l'occasion de la célébration du 150e anniversaire de la consécration de l'Équateur au Sacré-Cœur de Jésus. Historiquement, l'Équateur a été le premier pays au monde à se consacrer au Cœur de Jésus. Le Saint-Père a tenu compte de cette célébration très spéciale et l'a fait savoir le 20 mars 2021 en informant le monde entier que l'Équateur et Quito, en particulier, accueilleraient le 53e Congrès eucharistique international.
Le Saint-Père a d'ailleurs pu exprimer clairement son souhait pour ce grand événement de l'Eglise : "Dans cette rencontre ecclésiale, se manifestera la fécondité de l'Eucharistie pour l'évangélisation et le renouveau de la foi dans le continent latino-américain". Il convient de rappeler qu'après vingt ans, l'Amérique latine accueille à nouveau le 48e Congrès eucharistique international à Guadalajara. Comme nous le disons, le Congrès a de nouveau un "visage latino-américain".
Quels avantages prévoyez-vous dans votre propre diocèse suite à cette désignation comme siège du CER ? De quelles manières spécifiques cette décision devrait-elle avoir un impact positif ?
-Le grand bénéfice est sans doute un bénéfice pastoral. Je crois, comme le cardinal du Québec, Son Éminence Gérald Lacroix, a pu me le dire à Budapest, que la grande richesse que le congrès laisse derrière lui est le chemin de préparation dans l'archidiocèse. Et nous y travaillons intensément, non seulement à Quito, mais dans tout le pays. Nous voulons renouveler la vie eucharistique dans notre pays. Nous voulons aussi, pourrais-je dire, corriger les erreurs qui se produisent dans les célébrations eucharistiques, nous cherchons à approfondir le grand amour pour l'Eucharistie et à renouveler, en tant que pays et en tant que famille équatorienne, notre consécration au Sacré-Cœur de Jésus.
Comment avez-vous réussi à coordonner la préparation à Quito et quels conseils donneriez-vous à d'autres pays confrontés à des défis similaires ?
-La question de l'organisation est complexe, ce n'est pas une tâche facile. J'évoquerai d'abord les aspects strictement opérationnels et j'entrerai ensuite dans les détails pastoraux.
Dès que nous avons appris la désignation de Quito comme siège du Congrès eucharistique international, nous avons commencé à former les différentes commissions, j'ai procédé à la nomination d'un secrétaire général du congrès en la personne de Juan Carlos Garzón, prêtre de l'archidiocèse de Quito, nous avons communiqué avec le Comité pontifical eucharistique international, et je dois ici être immensément reconnaissant pour le soutien et le travail conjoint que nous avons réalisé avec Corrado Maggioni et Vittore Boccardi, avec lesquels nous avons eu des réunions tant à Rome qu'à Quito. Je tiens également à souligner que nous avons collaboré avec la Conférence épiscopale de l'Équateur. Je sais que Quito est le lieu du congrès, mais je suis convaincu que c'est l'Église d'Équateur qui en est responsable. Nous avons eu des réunions avec les plus hautes autorités du pays et de la ville, ainsi qu'avec diverses institutions publiques, afin de travailler ensemble à la réussite du congrès.
Sur le plan pastoral, je pourrais citer de nombreux aspects. Des triptyques et des diptyques ont été réalisés pour communiquer ce qu'est un congrès eucharistique. Plusieurs subsides ont été produits, parmi lesquels je peux citer la catéchèse Comment vivre l'Eucharistie, dont cent mille exemplaires ont déjà été vendus, et L'Eucharistie, cœur de l'Église. Ces deux livrets contiennent les catéchèses eucharistiques du pape François ; ce qui a été fait, c'est de leur donner une méthodologie de réflexion. À Quito, cette année, dans le cadre de la catéchèse d'initiation chrétienne, nous travaillons sur le premier livret de catéchèse eucharistique.
Un travail intéressant a été l'élaboration d'un livret avec neuf célébrations d'adoration eucharistique spécialement pour les jeunes, que nous avons intitulé Face to face.
Il y a le Document de base du Congrès dont le thème est "La fraternité pour guérir le monde". Le chemin vers le document de base a été long, une commission théologique a été mise en place et a travaillé dur. Le travail a été envoyé à Rome, des corrections ont été apportées, il a été restructuré. En bref, ce fut tout un travail, je pourrais dire "artisanal", pour arriver à un document qui a une "touche latino-américaine" et qui cherche à être une contribution à l'Église universelle. Deux livrets ont été publiés, l'un avec le texte intégral du Document et l'autre avec le Document lui-même, ainsi qu'une célébration d'adoration eucharistique et neuf guides d'étude pour aider à la compréhension du texte. Ce processus d'appropriation du Document de base sera la voie à suivre pour l'année 2024.
D'autres éléments ont contribué à cette réussite : le logo du congrès, la prière du congrès, déjà traduite en plusieurs langues, dont le shuar et le quichua. Et je voudrais souligner le concours d'hymnes. L'hymne est maintenant chanté dans pratiquement toutes les deux cents paroisses de l'archidiocèse.
Je ne peux pas ne pas mentionner le travail que nous avons réalisé avec la Commission nationale IEC 2024. Cette commission est composée de délégués des vingt-six juridictions ecclésiastiques du pays et est présidée par Mgr Maximiliano Ordóñez, évêque auxiliaire de Quito. Maximiliano Ordóñez, évêque auxiliaire de Quito. Avec eux, nous avons diffusé le congrès et ils sont chargés de reproduire tout le travail, ainsi que d'avoir diverses initiatives pastorales dans leurs propres juridictions.
Enfin, le symbole du congrès, un grand évangéliaire, nous aide à évangéliser. C'est la Parole de Dieu qui nous convoque, nous rassemble autour de la table eucharistique et nous invite à construire la fraternité. Le symbole voyage déjà à travers les juridictions ecclésiastiques de l'Équateur.
Qui sont les principaux moteurs dans votre diocèse, et quels sont les outils les plus efficaces que vous utilisez pour vous assurer que le message passe ?
-C'est une mission commune. Je ne dis pas que c'est un travail, je vais plus loin, je parle d'une mission parce que nous sommes dans une grande mission d'évangélisation autour du Congrès eucharistique, qui implique en premier lieu les évêques. Dans le cas de Quito, les trois évêques auxiliaires et moi-même en tant qu'archevêque. Elle implique également les prêtres, les religieux et religieuses, les catéchistes, à qui nous avons confié la responsabilité d'être des "missionnaires eucharistiques", ainsi que les mouvements laïcs, qui ont assumé cette tâche avec beaucoup d'enthousiasme.
Je peux souligner plusieurs initiatives dans les juridictions. À Quito, on a proclamé l'"Année eucharistique", qui est ouverte à de nombreuses initiatives pastorales en cours. Dans l'archidiocèse de Guayaquil, l'archevêque, Luis Cabrera, vient d'ouvrir l'"Année du Sacré-Cœur de Jésus", car nous ne devons pas oublier la raison principale du congrès, bien que tout soit centré sur l'Eucharistie.
Dans l'archidiocèse de Cuenca, Marcos Pérez Caicedo a prévu d'organiser en mai un symposium intitulé "Marie et l'Eucharistie". Cuenca est une ville à la tonalité mariale unique. Les initiatives se multiplient, mais vous me demandez comment parvenir à l'"uniformité". Je répondrais plutôt que nous cherchons "l'unité", en respectant la créativité pastorale dans les juridictions ecclésiastiques, dans les paroisses, les mouvements et les autres membres. La coordination est assurée par le Secrétariat général et par le Comité local d'IEC 2024. La Commission nationale IEC 2024 travaille à la réalisation de cette unité, des lignes directrices sont données, du matériel est développé et oui, je ne dois pas le nier, des erreurs sont corrigées.
Quel a été le rôle des laïcs dans l'organisation ?
-Il s'agit d'une œuvre commune. Nous sommes tous impliqués, comme je l'ai déjà dit : évêques, prêtres, religieux et laïcs. Tant dans le comité local que dans les commissions du congrès, les laïcs jouent un rôle de premier plan. Nous pouvons dire que nous "tissons" un réseau de travail et nous le faisons avec une grande responsabilité, un sens profond de l'Église et une vision pastorale.
Quelles sont les réalisations ou les fruits que l'on peut mettre en évidence jusqu'à présent dans l'archidiocèse grâce à cette désignation comme siège de la CER ?
-J'ose dire que le principal fruit en ce moment est que le Congrès Eucharistique est déjà vécu dans notre archidiocèse. Nous le disons depuis un an, le congrès de Quito ne sera pas en 2024, le congrès pour notre archidiocèse est un " déjà ", nous devons le vivre, et sa préparation nous aide à vivre, célébrer, chanter, prier et approfondir l'Eucharistie dans le cœur de chaque fidèle et de chaque paroisse.
Quels sont les arguments qui vous semblent les plus convaincants pour encourager les gens à se rendre à Quito et à participer à cet événement ?
Le pape François, lors d'une audience privée avec le Conseil présidentiel de la Conférence épiscopale équatorienne, dont je suis vice-président, m'a dit qu'il souhaitait un Congrès eucharistique " austère mais fructueux ". Je me base sur ces paroles pour dire que l'argument principal serait que nous voulons vivre un Congrès "fructueux", qui nous aide à réfléchir, à célébrer et à approfondir dans notre vie de chrétiens, la centralité de l'Eucharistie et à assumer l'engagement d'une "fraternité pour guérir le monde".
Chaque Congrès eucharistique a sa structure ou sa dynamique, pour être plus précis. Dans le symposium, nous voulons proposer une vision plus réelle et pastorale, nous voulons partir d'une réflexion sur la fraternité à partir de sept points de vue différents : politique, monde indigène, économie, philosophie, éducation et autres.
Une chose que je dois souligner, c'est que depuis le début, nous n'avons pas voulu et nous ne voulons pas d'un congrès "cléricalisé". Et, comme nous l'a dit le cardinal Mario Grech, "le Congrès eucharistique est la Veille du Synode". Rappelons qu'il aura lieu un mois environ avant l'installation de la deuxième session du Synode de la synodalité. C'est pourquoi nous voulons que la catéchèse de ces cinq jours soit donnée par des représentants du Peuple de Dieu : une religieuse, un laïc, un prêtre, un cardinal et un évêque qui a un rapport avec la réalité de l'Amazonie. Nous recherchons également des laïcs, des religieux et religieuses, des prêtres, des indigènes, pour les différents témoignages qui seront donnés lors du Congrès.
A quelles expériences peuvent s'attendre les personnes qui assisteront à cette occasion spéciale au nouveau siège de la CEI ?
-Je dirais que vous pouvez vous attendre à un grand accueil, à une atmosphère de joie, à la richesse de l'expérience d'un peuple qui aime Dieu, qui vit l'Eucharistie et manifeste sa foi, qui demande la bénédiction, un signe caractéristique de notre peuple. Vous pouvez vous attendre à une diversité culturelle et à un folklore unique, et à quelque chose que personne d'autre ne possède, Quito est "le milieu du monde", le congrès a lieu à la latitude zéro du monde, et d'ici, pour le monde entier, nous voulons ouvrir nos mains et nos cœurs. Nous vous attendons !