Vatican

Passer du "je" au "tu". Les encouragements du pape dans sa lettre aux familles

À l'occasion de la fête de la Sainte Famille, le Saint-Père François a invité les familles à prendre soin des "détails des relations", à "s'écouter et se comprendre", et à se tourner vers la Vierge Marie, afin de passer de "la dictature du 'je' à celle du 'tu'". En outre, dans une lettre adressée aux époux, il leur rappelle de "garder leur regard fixé sur Jésus".

Rafael Miner-26 décembre 2021-Temps de lecture : 7 minutes
lettre du pape aux familles

Après la prière mariale de l'Angélus, à l'occasion de la fête de la Sainte Famille que l'Église célèbre ce dimanche, et devant des personnes venues de nombreux pays sur la place Saint-Pierre, comme des Polonais, des Brésiliens et des Colombiens, le pape François a encouragé les familles à s'écouter et à se comprendre. "Chaque jour, dans la famille, nous devons apprendre à nous écouter et à nous comprendre, à marcher ensemble, à faire face aux conflits et aux difficultés", a-t-il déclaré. "C'est le défi quotidien, et il se gagne avec la bonne attitude, avec de petites attentions, avec des gestes simples, en soignant les détails de nos relations".

Pour y parvenir, le Saint-Père nous a invités à regarder la Vierge Marie, "qui, dans l'Évangile d'aujourd'hui, dit à Jésus : "Ton père et moi te cherchions". Ton père et moi ; pas moi et ton père : avant le "je" il y a le "tu" ! Pour préserver l'harmonie au sein de la famille, nous devons lutter contre la dictature du "moi".

Dans ce sens, le Pape a affirmé qu'"il est dangereux quand, au lieu de s'écouter, on se reproche ses erreurs ; quand, au lieu de se préoccuper des autres, on se concentre sur ses propres besoins ; quand, au lieu de parler, on s'isole avec son téléphone portable ; quand on s'accuse mutuellement, en répétant toujours les mêmes phrases, en mettant en scène une pièce déjà vue où chacun veut avoir raison et où, à la fin, il y a un silence froid".

Briser les silences et les égoïsmes

Comme il l'a fait en diverses occasions et dans divers pays, François a ajouté l'opportunité de faire la paix le soir. " Je répète un conseil : la nuit, après tout, faites la paix. Ne jamais s'endormir sans avoir fait la paix, sinon le lendemain il y aura une "guerre froide". Combien de fois, malheureusement, les conflits naissent entre les murs de la maison à cause de trop longs silences et d'égoïsmes non guéris ! Parfois, on en arrive même à la violence physique et morale. Cela brise l'harmonie et tue la famille".

Le pape a également révélé une "réelle préoccupation" concernant "l'hiver démographique", "au moins ici en Italie", a-t-il noté. "Il semble que beaucoup aient perdu l'aspiration à continuer à avoir des enfants, et de nombreux couples préfèrent rester sans ou avec un seul enfant. Pensez-y, c'est une tragédie".

"Il y a quelques minutes, j'ai vu dans l'émission 'A son image' comment ils parlaient de ce grave problème, l'hiver démographique", a ajouté le Saint-Père. "Faisons tous ce qui est en notre pouvoir pour retrouver notre conscience, pour surmonter cet hiver démographique qui va à l'encontre de nos familles, de notre patrie et même de notre avenir".

"Protéger nos racines

Au début, en suivant l'Évangile proposé par la liturgie du jour, le Souverain Pontife a affirmé que "nous nous rappelons que Jésus est aussi le fils d'une histoire familiale", puisque "nous le voyons se rendre à Jérusalem avec Marie et Joseph pour la Pâque" ; et "il inquiète ensuite sa mère et son père, qui ne le trouvent pas" ; tandis que "lorsqu'il est retrouvé, il rentre à la maison avec eux".

D'où la déclaration du Pape : " Il est beau de voir Jésus inséré dans le réseau de l'affection familiale, naissant et grandissant dans l'étreinte et la sollicitude des siens. C'est également important pour nous : nous venons d'une histoire tissée de liens d'amour et la personne que nous sommes aujourd'hui ne naît pas tant des biens matériels dont nous avons bénéficié que de l'amour que nous avons reçu".

François a ensuite rappelé que "nous ne sommes peut-être pas nés dans une famille exceptionnelle et sans problèmes", mais "c'est notre histoire" et "ce sont nos racines", et s'est exclamé : "Si nous les coupons, la vie se dessèche !", car "Dieu ne nous a pas créés pour être des conducteurs solitaires, mais pour marcher ensemble. Remercions-le et prions pour nos familles. Dieu pense à nous et veut que nous soyons ensemble : reconnaissants, unis, capables de protéger nos racines".

"Proche de chaque personne, de chaque mariage".

Le Saint-Siège a publié ce matin une Lettre daté du 26 décembre, que le Saint-Père a adressé aux couples du monde entier à l'occasion de l'Année de la famille "Amoris laetitia", dans lequel il les encourage à continuer à marcher avec la force de la foi chrétienne et l'aide de saint Joseph et de Notre-Dame, rapporte l'agence officielle du Vatican.

Dans la lettre, signée à Saint-Jean-de-Latran, le pape transmet un message de proximité et d'espoir aux épouses et aux maris, notant que "j'ai toujours gardé les familles dans mes prières, mais encore plus pendant la pandémie, qui a durement éprouvé tout le monde, en particulier les plus vulnérables. Le moment que nous traversons me pousse à aborder avec humilité, affection et accueil chaque personne, chaque mariage et chaque famille dans les situations qu'ils vivent".

Le Saint Père souligne ensuite que ce contexte particulier "nous invite à faire vivre les paroles par lesquelles le Seigneur appelle Abraham à quitter sa patrie et la maison de son père pour une terre inconnue qu'il lui montrera lui-même", François affirme que nous tous "avons fait plus que jamais l'expérience de l'incertitude, de la solitude, de la perte d'êtres chers, et nous avons été poussés à quitter non seulement nos sécurités, nos espaces de contrôle, nos propres façons de faire, nos propres désirs, pour nous occuper non seulement du bien de nos propres familles, mais aussi du bien de la famille, la perte d'êtres chers, et nous avons été poussés à abandonner notre sécurité, notre contrôle, nos propres façons de faire, nos propres désirs, afin de veiller non seulement au bien de notre propre famille, mais aussi au bien de la société, qui dépend aussi de notre comportement personnel".

"Vous n'êtes pas seul !

François lance ensuite un message d'accompagnement, rappelant qu'ils ne sont pas seuls, "car Dieu est en nous, avec nous et parmi nous : dans la famille, dans le quartier, sur le lieu de travail ou d'étude, dans la ville où nous vivons". Et il établit un parallèle avec la vie d'Abraham, puisque les époux quittent également leur patrie, comme le laisse entendre la fréquentation elle-même, qui mène au mariage et aux différentes situations de la vie. " Dieu les accompagne, il les aime inconditionnellement, ils ne sont pas seuls ! ".

En outre, s'adressant aux conjoints et surtout aux jeunes, le Pape écrit que leurs enfants "les regardent attentivement" et attendent d'eux "le témoignage d'un amour fort et digne de confiance". "Les enfants sont un cadeau, toujours, ils changent l'histoire de chaque famille. Ils ont soif d'amour, de reconnaissance, d'estime et de confiance. La paternité et la maternité les appellent à être géniteurs pour donner à leurs enfants la joie de se découvrir enfants de Dieu, enfants d'un Père qui, depuis le premier instant, les aime tendrement et les prend par la main chaque jour".

"La vocation au mariage, un appel".

À un moment donné de la Lettre, le Pape nous encourage à nous rappeler que "la vocation au mariage est un appel à diriger un navire incertain mais sûr à travers la réalité du sacrement sur une mer parfois agitée", de sorte qu'il comprend si parfois, comme les apôtres, nous avons envie de nous écrier : "Maître, cela ne te fait rien que nous périssions ?

Cependant, "n'oublions pas qu'à travers le sacrement du mariage, Jésus est présent dans ce bateau. Il prend soin de vous, il reste avec vous à tout moment dans le balancement de la barque ballottée par la mer", souligne le Pape.

Le Saint-Père souligne l'importance de "garder ensemble le regard fixé sur Jésus", car "ce n'est qu'ainsi que vous trouverez la paix, que vous surmonterez les conflits et que vous trouverez des solutions à beaucoup de vos problèmes". "Notre amour humain est faible, il a besoin de la force de l'amour fidèle de Jésus. Avec Lui, vous pouvez vraiment construire la 'maison sur le roc'".

"Excusez-moi, merci, excusez-moi".

Comme il l'a fait en d'autres circonstances, François demande à nouveau aux familles de garder dans leur cœur le conseil aux fiancés qu'il a exprimé en ces trois mots : "permission, merci, pardon". Et il les encourage à ne pas avoir honte "de s'agenouiller ensemble devant Jésus dans l'Eucharistie pour trouver des moments de paix et un regard mutuel fait de tendresse et de bonté. Ou de prendre la main de l'autre, quand on est un peu en colère, pour obtenir un sourire complice".

Sans oublier que "pour certains couples, la cohabitation à laquelle ils ont été contraints pendant la quarantaine a été particulièrement difficile", le Pape affirme que "les problèmes qui existaient déjà se sont aggravés, générant des conflits qui sont souvent devenus presque insupportables", pour lesquels il exprime sa proximité et son affection.

Le Saint Père fait également référence à la douleur de la rupture d'une relation conjugale et au manque de compréhension. François leur demande "de ne pas cesser de chercher de l'aide pour que les conflits puissent être dépassés d'une manière ou d'une autre et ne causent pas encore plus de douleur entre vous et vos enfants. Le Seigneur Jésus, dans son infinie miséricorde, vous incitera à aller de l'avant au milieu de tant de difficultés et d'afflictions. Ne cessez pas de l'invoquer et de chercher en Lui un refuge, une lumière pour le chemin, et dans la communauté ecclésiale une "maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie sur les épaules" (Evangelii Gaudium, 47).

Le pape rappelle également que "le pardon guérit toute blessure" et que "le pardon mutuel est le résultat d'une décision intérieure qui mûrit dans la prière".

Éducation familiale, pastorale familiale

Avant de s'adresser aux jeunes et aux grands-parents, le Saint-Père les assure que "éduquer les enfants n'est pas facile. Mais n'oublions pas qu'ils nous éduquent aussi. Le premier domaine d'éducation reste la famille, dans les petits gestes qui parlent plus fort que les mots".

"D'autre part, comme je l'ai déjà souligné, la conscience de l'identité et de la mission des laïcs dans l'Église et dans la société a augmenté. Vous avez pour mission de transformer la société par votre présence dans le monde du travail et de veiller à ce que les besoins des familles soient pris en compte. Les couples doivent également "être les premiers" au sein de la communauté paroissiale et diocésaine, par leurs initiatives et leur créativité, en recherchant la complémentarité des charismes et des vocations comme expression de la communion ecclésiale ; en particulier, "les époux, avec les pasteurs, doivent marcher avec les autres familles, pour annoncer que, même dans les difficultés, le Christ se rend présent".

"Je vous exhorte donc, chers couples mariés, à participer à l'Église, en particulier à la pastorale de la famille. Car " la coresponsabilité dans la mission appelle [...] les couples mariés et les ministres ordonnés, en particulier les évêques, à coopérer fructueusement au soin et à la garde des Églises nationales ". Qu'ils se souviennent que la famille est la "cellule de base de la société" (Evangelii gaudium , 66)".

Jeunes, petits amis, grands-parents...

Le Souverain Pontife s'adresse aux jeunes qui se préparent au mariage, leur disant que "si avant la pandémie il était difficile pour les fiancés de planifier l'avenir lorsqu'il était difficile de trouver un emploi stable, maintenant la situation d'incertitude de l'emploi est encore plus grande". Dans ce contexte, il ajoute : "J'invite les fiancés à ne pas se décourager, à avoir le 'courage créatif' de Saint Joseph, dont j'ai voulu honorer la mémoire dans cette Année qui lui est dédiée. De même, lorsqu'il s'agit d'affronter le chemin du mariage, même si vous avez peu de moyens, faites toujours confiance à la Providence, car "parfois les difficultés sont précisément celles qui font ressortir en chacun de nous des ressources que nous ne pensions même pas avoir"".

Avant de prendre congé, François adresse un salut particulier aux grands-pères et aux grands-mères "qui, pendant le temps de l'isolement, ont été privés de voir et d'être avec leurs petits-enfants, aux personnes âgées qui ont souffert encore plus radicalement de la solitude". Et il n'hésite pas à réaffirmer un concept exprimé à plusieurs reprises : "La famille ne peut se passer des grands-parents, ils sont la mémoire vivante de l'humanité, 'cette mémoire peut aider à construire un monde plus humain, plus accueillant'".

Vivre la vocation dans la joie

Avec le souhait que "Saint Joseph puisse inspirer à toutes les familles le courage créatif, si nécessaire dans ce changement d'époque que nous vivons", et que "Notre Dame puisse accompagner dans leurs mariages la gestation de la "culture de la rencontre", si urgente pour surmonter les adversités et les oppositions qui assombrissent notre temps", le Pape François encourage également à vivre avec joie la vocation. "Les nombreux défis ne peuvent pas voler la joie de ceux qui savent qu'ils marchent avec le Seigneur. Vivez intensément votre vocation. Ne laissez pas un visage triste transformer vos visages".

Le Pape leur fait ses adieux avec affection "en les encourageant à continuer à vivre la mission que Jésus" leur a confiée, en persévérant dans la prière", et leur demande de "ne pas oublier de prier" pour lui, comme il le fait lui-même "chaque jour" pour les époux et leurs familles.

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