Les chiffres sont dramatiques : selon les dernières données disponibles, en juin 2021, on dénombre plus de 4,5 millions de décès officiels dus à des guerres et des conflits de toutes sortes dans diverses régions du monde. Il suffit d'écouter le discours Urbi et Orbi du pape François le jour de Noël pour se faire une idée de la situation globale dans toutes les régions du monde. 40 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire, selon les estimations de Save the Children. Parmi eux, 5,7 millions sont des enfants de moins de cinq ans qui sont au bord de la faim, soit une augmentation de 50% par rapport à 2019.
À cela s'ajoute l'impact de la crise climatique : inondations, sécheresses, ouragans, feux de forêt... sans compter les nombreux problèmes causés par la pandémie de Covid-19, au détriment surtout des plus vulnérables, qui ont vu leurs problèmes se multiplier. Dans le même temps, les dépenses militaires augmentent de façon spectaculaire, atteignant 2 000 milliards de dollars dans le monde.
Dans ce contexte, l'Église célèbre le 1er janvier 2022 la 55e Journée mondiale de la paix, qui examine la situation globale de la planète non seulement en termes de conflits armés, mais aussi en termes de résolution concrète des nombreuses menaces qui pèsent sur l'avenir de l'humanité.
Ce n'est pas une coïncidence si, dans son message rédigé pour l'occasion, le pape François propose, de manière inhabituelle, trois instruments alternatifs "pour construire une paix durable". Et lorsque nous parlons de paix, nous parlons aussi de renaissance à partir des décombres et d'espoir d'un avenir meilleur pour tous ceux qui souffrent de toutes sortes de violences et d'abus. Les "trois voies" proposées par le Souverain Pontife font référence au dialogue entre les générations comme base pour la construction de projets communs ; à l'éducation à la liberté, à la responsabilité et au développement ; au travail, comme pleine expression de la dignité humaine.
Dans les intentions du Pape, ce sont des aspects qui sont à la base d'un véritable "pacte social", qui doit être conçu à travers un "artisanat" désintéressé - comme il l'avait déjà indiqué dans des messages précédents - qui doit impliquer chaque individu et, par conséquent, toute la collectivité.
Pourquoi le "dialogue entre les générations" est-il important pour la paix ? Car c'est par la confrontation libre et respectueuse que naît la confiance mutuelle - réfléchit François - on s'écoute, on se met d'accord et on marche ensemble. Les différentes générations, qui ont souvent été divisées par le développement économique et technologique, doivent redevenir des alliées, ce qui est possible grâce au dialogue "entre les gardiens de la mémoire - les anciens - et ceux qui font avancer l'histoire - les jeunes".
Pour construire ensemble un chemin vers la paix, nous ne pouvons faire l'impasse sur l'éducation, précisément pour rendre les citoyens plus conscients de leur liberté et de leur responsabilité. À cet égard, nous devons inverser la tendance qui consiste à allouer des investissements exorbitants aux dépenses militaires tout en privant l'éducation d'une part importante de son financement. En effet, l'investissement dans l'éducation contribue à résoudre les nombreuses fractures de la société si cette approche s'inscrit véritablement dans un "pacte global" qui élargit les nombreuses richesses culturelles et implique les familles, les communautés, les écoles, les universités et toutes les institutions.
Enfin, le travail, "facteur indispensable pour construire et préserver la paix", précisément parce qu'il est l'expression de "l'engagement, de l'effort, de la collaboration avec les autres", "le lieu où nous apprenons à apporter notre contribution à un monde plus vivable et plus beau". Cependant, il existe de nombreuses injustices dans ce monde, dénoncées par le Pape : la précarité, le manque de perspectives pour les jeunes, le manque de reconnaissance législative des travailleurs migrants, l'absence dans de nombreux cas de systèmes de bien-être et de protection sociale. En ce sens, l'invitation du Souverain Pontife est donc de "joindre les idées et les efforts pour créer les conditions et inventer les solutions, afin que chaque être humain en âge de travailler ait la possibilité, par son travail, de contribuer à la vie de la famille et de la société".