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"Le synode n'est pas terminé", déclare l'évêque canadien Alain Faubert

En tant que membre du Conseil ordinaire chargé de conseiller le Secrétariat du Synode et donc le Pape, l'évêque canadien Faubert est convaincu qu'avant de penser au prochain synode, il faut mettre en œuvre les conclusions de l'Assemblée XVI.

Fernando Mignone-16 janvier 2025-Temps de lecture : 4 minutes
Faubert

Mgr Faubert (au centre) lors de son ordination épiscopale (CNS photo / Francois Gloutnay, Presence)

L'Assemblée pour une Église synodale n'est pas encore terminée. Outre le travail des 12 groupes, mandaté par le Saint-Père pour être achevé en juin 2025, il faut maintenant mettre en œuvre les résultats au niveau des diocèses, des conférences épiscopales et de l'ensemble de l'Église.

Le 24 octobre, Mgr Alain Faubert, évêque de Valleyfield (Québec), a été élu par le récent Synode comme membre du Conseil ordinaire du Secrétariat du Synode, qui s'occupe de ces assemblées. Mgr Omnes a assisté à la conférence que Mgr Faubert a donnée aux prêtres canadiens le 5 décembre, organisée par le Cercle Sacerdotal de Montréal.

Processus d'écoute

Mgr Faubert, qui participait à son premier synode en octobre, a été profondément impressionné tant par le processus d'écoute du peuple de Dieu que par les conclusions auxquelles il est parvenu. Le Pape les a immédiatement approuvées, les intégrant au magistère ordinaire ; cependant, comme on le sait, François ne publiera pas d'exhortation apostolique post-synodale.

Dans le document final du synode, Mgr Faubert a reconnu les idées, les opinions et les conclusions de sa table ronde, ainsi que celles des autres conversations dans la salle du synode. C'était un synode d'évêques", a-t-il commenté, "puisque la plupart d'entre nous étaient des évêques, mais nous étions là pour écouter". Ce principe devrait toujours être appliqué dans l'Église, même dans chaque paroisse. Il a souligné l'importance pour tous les participants à ces tables rondes, intentionnellement conçues pour encourager le dialogue, d'avoir les mêmes possibilités et le même temps de parole.

"Je viens d'être installé dans mon nouveau diocèse" (dans l'ouest de l'Europe). Montréal(auparavant évêque auxiliaire dans la ville depuis 2016). "Quand on me demande quel est mon projet pour le diocèse de Valleyfield, ma réponse est : d'abord, je veux écouter.

Dans sa conférence, M. Faubert a suggéré que l'Esprit Saint a effectivement guidé ce processus synodal universel qui s'est étalé sur trois ans. Il a rappelé que saint Paul VI souhaitait que tout le peuple de Dieu participe aux synodes. Dans son discours de clôture du 26 octobre, le pape François a souligné que le texte final du synode perdrait beaucoup de sa valeur si le témoignage des expériences vécues par les participants n'était pas pris en compte.

Le père Raymond Lafontaine, présent à la conférence, a corroboré les propos de Mgr Faubert, puisqu'il était l'animateur de l'une des 36 tables rondes, composées chacune de 12 membres.

La retraite de deux jours qui a précédé le début du Synode a établi le contexte spirituel nécessaire pour être attentif à ce que l'Esprit inspirerait. Les conversations qui s'y sont déroulées ont été guidées par l'Esprit. Le père Faubert a expliqué en détail le processus synodal, soulignant que, malgré les imperfections humaines, nous devons croire que l'Esprit est à l'œuvre. Il a ajouté : "Notre leadership en tant que prêtres doit être synodal. Si nous n'agissons pas ainsi, si nous ne sommes pas prêts à écouter, la pastorale est bloquée. Les choses ne fonctionnent pas. Nous avons un pape qui nous invite à dire ce que nous pensons, avec parresia, c'est-à-dire avec audace dans la charité".

M. Faubert a souligné qu'en droit canonique, des questions telles que les conseils diocésains, les conseils pléniers et les conseils particuliers doivent être proposées de manière concrète ; il est nécessaire de "donner des pieds et des mains" aux propositions synodales, en se concentrant sur leur mise en œuvre pratique. "Il est fondamental de fermer le cercle. "La fraternité que nous avons vécue au Synode n'est pas un détail anecdotique, elle doit être reproduite ici, en l'adaptant à notre contexte.

Points forts

Selon l'évêque de Valleyfield, il est clair que la synodalité est un élément fondamental et constitutif de l'Église. Fondée sur le baptême, elle est la manière de vivre et d'agir de l'Église, comme l'exprime le " ... ".Lumen Gentium"(numéros 31-32). C'est une chose que nous devons prendre très au sérieux : nous avons tous la même dignité ! Il faut savoir ce que pense le peuple de Dieu, ce que pensent mes frères et sœurs, y compris ceux qui ne pratiquent pas ou qui sont loin de l'Église (nous devons reconnaître leurs cris).

Il a ensuite suggéré que nous devions créer des processus concrets de discernement, de prise de décision et de responsabilité, et encourager davantage d'événements tels que les synodes diocésains.

Citant le numéro 47 du document final, M. Faubert a souligné la dimension prophétique de la synodalité ecclésiale dans un monde marqué par tant de divisions et de polarisations, dans des sociétés où le dialogue fait souvent défaut.

Cependant, l'Église synodale n'est pas un club social ; elle a une mission qui ne sera fructueuse que si elle est vraiment synodale. "Lancer des journaux devant des portes fermées ne fonctionne pas. Jésus est allé dans la maison de Zachée avant qu'il ne se convertisse ; Zachée est aussi un fils d'Abraham. Il a donné la moitié de ses biens aux pauvres ; nous aussi, nous trouverons de nombreuses surprises positives parmi les non-croyants".

Dialogue avec d'autres cultures

M. Faubert a souligné l'importance du dialogue avec les autres religions et cultures, en mettant moins l'accent sur la nécessité d'avoir raison ou de convaincre, que sur le témoignage de l'amour, en servant humblement, en particulier les exclus. Il est nécessaire de construire une Église moins patriarcale, paternaliste et cléricale, qui marche sur le chemin du Concile Vatican II, en recherchant l'unité et la réconciliation.

De nombreux médias ont affirmé que le synode portait sur l'avenir de l'Église, mais en réalité, il s'agissait d'un synode sur l'avenir du monde. Comment l'Église, en se réappropriant un aspect fondamental de son être, peut-elle offrir au monde l'avenir de bonheur que Dieu désire pour lui ? Comment l'Église peut-elle servir au mieux ce monde ?

La conversion, a souligné M. Faubert, traverse tout le document final, car elle est l'ADN de l'Église. Il a invité à lire attentivement certains numéros du document, relatifs à la conversion, à la prise de décision et à la responsabilité (84, 93, 106), ainsi que d'autres traitant de questions telles que la liturgie (27), la participation des femmes (77) et la consultation des laïcs (91).

Mgr Faubert a également salué la sagesse, la réflexion et la détermination des femmes participant au synode, qui n'ont pas adopté une position vindicative, et a fait l'éloge de nombreux théologiens, canonistes et délégués fraternels (non catholiques), dont l'expérience de la synodalité dans leurs propres traditions spirituelles s'est avérée précieuse. "Je me souviens d'un évêque anglican qui nous demandait de ne pas oublier la Sainte Vierge. Il a ajouté que le grand protagoniste était le Pape.

En conclusion de sa conférence passionnée, Mgr Faubert a appelé à ne pas laisser la synodalité derrière soi comme si un chapitre était clos. Membre du Conseil ordinaire qui conseille le Secrétariat du Synode et donc le Pape, Mgr Faubert est convaincu qu'avant de penser au prochain synode, il faut mettre en œuvre les conclusions de l'Assemblée XVI. Le 17 décembre, ce conseil international a tenu sa première réunion Zoom. Il est composé de 12 évêques élus par l'Assemblée XVI et de cinq autres membres nommés par le Pape, dont deux femmes.

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