Vatican

Le pape délivre un message de proximité à plus de 500 pauvres à Assise

Lors d'une émouvante rencontre de prière et de témoignage à Assise, le pape François a rencontré plus de 500 pauvres de diverses régions d'Europe à l'occasion de la cinquième Journée mondiale des pauvres, dimanche. Le Saint-Père a écouté les récits d'Afghans, de Français, de Polonais, d'Italiens, de Roumains et d'un Espagnol, Sebastian.

Rafael Miner-12 novembre 2021-Temps de lecture : 6 minutes
pape pauvre asis

Photo : ©CNS photo/Paul Haring

Les témoignages d'une mère roumaine, de l'Afghan Abdul, du Polonais Yurek, de l'Espagnol Sebastian, de l'Italien Marco, d'une famille française, entre autres, ont ému le pape à Assise (Italie). Certains d'entre eux sont des invités de la Maison Papa Francesco, un ancien bâtiment de Montedison, transformé par la suite en hôtel, à quelques kilomètres de la Basilique et séparé de celle-ci par un ancien four.

Depuis 1998, c'est un centre d'accueil géré par des bénévoles, et depuis 2014, les franciscains l'ont repris, suite au mandat du pape qui, lors de sa première visite à Assise le 4 octobre 2013, leur a demandé de poursuivre la mission de saint François d'accueillir et d'aider les personnes dans le besoin.

Le Saint-Père a remercié les personnes qui ont apporté leur témoignage pour leur "courage et leur sincérité", et a fait allusion dans son discours à "ceux dont les corps sont ici et dont les cœurs sont là-bas", en se référant aux réfugiés afghans qui ont leur famille ou une partie de leur famille là-bas. Il les a remerciés pour "le grand sentiment d'espoir" qu'ils ont transmis, et les a encouragés à "résister".

"Qu'est-ce que cela signifie de résister ?" a-t-il demandé. "Avoir la force de continuer malgré tout. La résistance n'est pas une action passive. Au contraire, il faut avoir le courage de s'engager dans une nouvelle voie, en sachant qu'elle portera ses fruits. Résister, c'est trouver des raisons de ne pas abandonner face aux difficultés, en sachant que nous ne les vivons pas seuls, mais ensemble, et que ce n'est qu'ensemble que nous pouvons les surmonter. Résister à toute tentation d'abandonner et de tomber dans la solitude ou la tristesse. Demandons au Seigneur de nous aider à trouver toujours la sérénité et la joie.".

"Ici, dans la Portioncule, saint François nous enseigne la joie de regarder celui qui nous entoure comme un compagnon de route qui nous comprend et nous soutient, comme nous le faisons pour lui", leur a dit le Saint-Père. "Que cette rencontre ouvre le cœur de chacun d'entre nous à se rendre disponible pour les autres, à faire de notre faiblesse une force qui nous aide à poursuivre le chemin de la vie, à transformer notre pauvreté en richesse à partager, et ainsi à améliorer le monde".

Sebastian, Abdul...

L'Espagnol Sebastian a donné l'un des témoignages. Il était tombé dans la drogue, avait fait de la prison, et s'était retrouvé seul et sans emploi. Il a été pris en charge par un prêtre de la paroisse de Mora de Toledo, Santiago Conde, et selon Sebastián lui-même, il mendiait pour vivre, et maintenant "je suis un mendiant de la miséricorde de Dieu", a-t-il dit avec émotion, après avoir été accompagné dans un centre pour sans-abri.

Abdul, qui se trouve en Italie avec sa femme Salima, a remercié le gouvernement italien "pour nous avoir sauvés". Ici, à Foligno, nous allons bien et nous remercions Caritas de nous avoir aidés avec les documents. Merci pour l'accueil, pour la maison et pour tout ce dont nous avons besoin. Merci aux opérateurs et à tout le personnel de Caritas qui est à nos côtés. Nous leur sommes particulièrement reconnaissants car ils nous traitent comme leurs parents et nous comme leurs enfants. Nous sommes très inquiets pour une partie de notre famille qui reste en Afghanistan et pour un fils réfugié en Turquie et nous aimerions que vous nous aidiez à les sauver également", a-t-il déclaré.

Yurek, recueilli par l'évêque d'Assise

Monseigneur Domenico Sorrentino, évêque d'Assise, a ramassé Yurek dans la rue, littéralement. Un Polonais de 60 ans, l'évêque l'a trouvé une nuit de Noël, allongé sur le sol, ivre, dans le froid. "Un travailleur infatigable", c'est ainsi qu'il est décrit par les frères du refuge, qui l'aident également à se réhabiliter de sa dépendance à l'alcool : "Une feuille ne peut pas tomber par terre quand il l'a déjà ramassée", disent-ils.

Yurek était venu en Italie pour travailler, laissant sa femme et ses deux filles en Pologne, mais, à la suite d'une série de circonstances, il s'est retrouvé dans la rue et est rapidement tombé dans la spirale de la dépendance. L'évêque Sorrentino l'a confié aux franciscains vers 2014, faisant de lui l'un des premiers hôtes de l'organisme caritatif, rapporte l'agence officielle du Vatican. Yurek ne connaît toujours pas l'italien, mais il plisse des yeux bleus lorsqu'il parvient à comprendre quelques mots décrivant son histoire ou lorsque les gens parlent du pape, auquel il est "très dévoué".

"Assise n'est pas une ville comme les autres".

Après les témoignages, le pape François a commencé son discours en parlant de saint François d'Assise. "Si nous sommes ici aujourd'hui, c'est précisément pour apprendre de ce que saint François a fait. Il aimait passer beaucoup de temps à prier dans cette petite église. Il se réunissait ici en silence et écoutait le Seigneur, ce que Dieu voulait de lui. C'est aussi pour cela que nous sommes venus ici : nous voulons demander au Seigneur d'entendre notre cri et de nous venir en aide. N'oublions pas que la première marginalisation dont souffrent les pauvres est spirituelle", a souligné le Saint-Père dans son discours, qui s'est déroulé dans la basilique Sainte-Marie-des-Anges.

"Par exemple, beaucoup de personnes et de jeunes trouvent le temps d'aider les pauvres et de leur apporter de la nourriture et des boissons chaudes. C'est très bien et je remercie Dieu pour leur générosité. Mais surtout, je suis heureuse de savoir que ces bénévoles restent un moment pour parler aux gens, et parfois prier avec eux. Le fait même d'être ici, à la Portioncule, nous rappelle la compagnie du Seigneur, qui ne nous laisse jamais seuls, qui nous accompagne toujours à chaque instant de notre vie", a ajouté le pape lors de la rencontre organisée par le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation.

François a remercié d'avoir "accepté mon invitation à célébrer ici à Assise, la ville de Saint-François, la cinquième Journée mondiale des pauvres, qui a lieu après-demain. Assise n'est pas une ville comme les autres : Assise porte le visage de saint François. Penser que c'est dans ces rues qu'il a vécu sa jeunesse agitée, qu'il a reçu l'appel à vivre l'Évangile à la lettre, est une leçon fondamentale pour nous".

"Bien sûr, d'une certaine manière, sa sainteté nous fait trembler, car il semble impossible de l'imiter. Mais ensuite, quand on se souvient de certains moments de sa vie, de ces "fioretti" recueillis pour montrer la beauté de sa vocation, on est attiré par cette simplicité de cœur et de vie : c'est l'attrait même du Christ, de l'Évangile. Ce sont des faits de la vie qui valent mieux que des sermons", a-t-il déclaré.

Il y a un autre fait important", a souligné le Pape, en complétant l'idée qu'il venait d'exprimer par l'expression de l'accueil. "Ici, dans la Portioncule, saint François a accueilli sainte Claire, les premiers frères et de nombreux pauvres qui venaient à lui. Avec simplicité, il les a reçus comme des frères et sœurs, partageant tout avec eux. C'est l'expression la plus évangélique que nous sommes appelés à faire nôtre : l'accueil. Accueillir signifie ouvrir la porte, la porte de la maison et la porte du cœur, et laisser entrer ceux qui frappent. Et qu'ils se sentent à l'aise, pas étonnés".

"Là où il y a un vrai sens de la fraternité, poursuit-il, il y a aussi une expérience sincère de l'accueil. Là où, en revanche, il y a la peur de l'autre, là où il y a la peur des autres, le mépris de leur vie, alors naît le rejet. L'accueil génère un sentiment de communauté ; le rejet, en revanche, bloque au contraire, referme sur son propre égoïsme".

Le Pape a ensuite rappelé que "Mère Teresa, qui a fait de sa vie un service d'hospitalité, aimait à dire : 'Quel est le meilleur accueil ? Un sourire. Partager un sourire avec une personne dans le besoin est bon pour moi et pour l'autre. Le sourire comme expression de la sympathie, de la tendresse".

"Un sentiment d'espoir".

Auparavant, le Pontife romain a remercié les témoignages, "parce que vous êtes venus ici de tant de pays différents pour vivre cette expérience de rencontre et de foi. La rencontre est la première chose, c'est-à-dire aller vers l'autre avec un cœur ouvert et une main tendue. Nous savons que chacun de nous a besoin de l'autre, et que même la faiblesse, si nous la vivons ensemble, peut devenir une force qui améliore le monde.

"Souvent, la présence des pauvres est considérée avec ennui et tolérée ; parfois, on entend dire que ce sont les pauvres qui sont responsables de la pauvreté ! Il est temps que les pauvres aient à nouveau une voix, car pendant trop longtemps leurs demandes sont restées inaudibles, inaperçues", a dénoncé François.

Le Pape a reconnu "certaines choses qui m'ont particulièrement plu, que je voudrais résumer d'une certaine manière, pour les faire encore plus miennes et les faire s'installer dans mon cœur. Tout d'abord, j'ai capté un grand sentiment d'espoir. La vie n'a pas toujours été tendre avec vous, elle vous a même souvent montré un visage cruel. La marginalisation, la souffrance de la maladie et de la solitude, le manque de nombreux moyens nécessaires, ne vous ont pas empêché de regarder avec des yeux pleins de gratitude les petites choses qui vous ont permis de résister".

Emplois, non à la violence

"Il est temps", s'est finalement écrié le pape, "de retrousser nos manches pour retrouver la dignité en créant des emplois". Il est à nouveau temps d'être indigné par la réalité des enfants qui sont affamés, réduits en esclavage, jetés en pâture, ballotés dans les eaux du naufrage, victimes innocentes de toutes sortes de violences. Il est temps que la violence à l'égard des femmes cesse et qu'elles soient respectées et non traitées comme des marchandises. Il est temps de briser le cercle de l'indifférence et de découvrir la beauté de la rencontre et du dialogue".

À certains moments, le Saint-Père a improvisé, comme il en a l'habitude. Par exemple, il a fait l'éloge du cardinal Barbarin, ou lorsqu'il a rappelé que "c'est l'enseignement que saint François nous donne : savoir se contenter du peu que nous avons et le partager avec les autres". Les pauvres participant à la journée ont été accueillis pour le déjeuner par l'évêque Sorrentino d'Assise.

La cinquième Journée mondiale des pauvres a lieu ce dimanche 14 novembre, pour laquelle le Saint-Père a écrit ce qui suit Message. Le Pape nous exhorte à "aller à la rencontre des pauvres, où qu'ils soient", comme le résument les évêques espagnols, comme vous pouvez le constater ici.

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