Pour la première fois dans l'histoire du Saint-Siège, deux journalistes ont reçu du pape François, le 13 novembre, la Grand-Croix de l'ordre de Piana, qui est habituellement décernée aux chefs d'État. Il s'agit de Valentina Alazraki de la chaîne de télévision mexicaine Televisa et de Phil Pullella de Reuters, qui couvrent tous deux le Vatican depuis plusieurs décennies. Tous deux sont, en fait, les "doyens" de ce qu'on appelle les "Vaticanistas", le groupe de journalistes qui vivent à Rome et qui suivent quotidiennement toutes les activités du Vatican et du Saint-Siège, et voyagent avec le pape lors de ses voyages internationaux dans le monde entier. Alazraki, par exemple, a effectué plus de 150 voyages à la suite des trois derniers pontifes.
Pour l'occasion, le Saint-Père a adressé un message à toute la communauté des professionnels de l'information, dont une représentation était présente dans la salle, pour leur dire qu'avec cet honneur, il entendait "rendre hommage à toute votre communauté de travail", ainsi que montrer "qu'il vous aime, vous suit, vous estime, vous considère précieux".
À cette occasion, le pape François a donné une petite leçon de journalisme, rappelant les éléments fondamentaux qui caractérisent - ou devraient caractériser - une profession véritablement au service du bien et de la vérité, vécue comme une "mission" naturelle consistant à "expliquer le monde", à le "rendre moins obscur", afin que "ceux qui le vivent en aient moins peur et regardent les autres avec une plus grande conscience, et aussi avec une plus grande confiance".
Cette véritable vocation doit reposer sur trois piliers importants. Tout d'abord, écouter les protagonistes des histoires racontées, ce qui signifie aussi voir, être là, afin de capter les nuances et les sensations à travers une nécessaire rencontre personnelle "irremplaçable".
Le deuxième pilier fait référence à l'analyse approfondie, à la capacité de pénétrer le contexte des situations afin d'éviter les simplifications et les contrastes, très en vogue dans le paysage médiatique et web actuel.
Enfin, raconter, ce qui ne signifie pas "se mettre en avant, ni s'ériger en juge", mais acquérir l'attitude qui conduit à "se laisser toucher et parfois blesser par les histoires que nous rencontrons, afin de pouvoir les raconter avec humilité à nos lecteurs".
Le souhait du Pape est donc d'avoir affaire à des journalistes et des communicateurs "passionnés par la réalité, capables de trouver les trésors cachés dans les plis de notre société et de les raconter, en nous permettant d'être touchés, d'apprendre, d'élargir notre esprit, de saisir des aspects que nous ne connaissions pas auparavant".
Cette capacité d'empathie avec les problèmes des personnes, de saisir les éléments de vérité, de les contextualiser et de les relater avec bienveillance s'applique également à tous les événements liés à l'Église, qui "n'est pas une grande entreprise multinationale dirigée par des managers qui étudient à table la meilleure façon de vendre leur produit", mais qui est née et existe "pour refléter la lumière d'un Autre, la lumière de Jésus".
Le pape François n'hésite pas à donner des indications utiles aux journalistes pour qu'ils puissent mieux remplir leur délicate mission de service. Très souvent, dans des discours, des interviews, des messages et des vœux, il a mis en avant certaines de ses "convictions communicatives" et de ses "conseils vertueux" pour remédier à ce qu'il a défini ailleurs comme les "péchés des médias". Il s'agit notamment de la désinformation, de la calomnie et de la diffamation.
Face à ces "violations de la vérité", le souverain pontife a réitéré à plusieurs reprises la nécessité de donner la priorité à l'amour de la vérité, du bien et de la beauté, une "triade existentielle" comme il l'a définie lors de sa première audience avec des journalistes après son élection en 2013.
L'écoute fait également partie de cette "proximité et culture de la rencontre" typique d'autres prises de position de son Magistère, conscient que l'implication personnelle devient ainsi la racine même de la fiabilité du communicateur.
Dans tout cela, il y a la responsabilité, l'attitude qui conduit à maintenir un haut niveau d'éthique professionnelle, à éviter la superficialité et à être toujours respectueux des personnes, tant celles qui font l'objet de l'information que celles qui reçoivent le message.
Le Pape parle également d'espérance, en faisant référence à un type d'information et de communication qui est constructif. Face aux visions défaitistes ou pessimistes, la bonne attitude - qui est une tâche et aussi un engagement - doit être positive, laissant place aux bonnes choses qui arrivent.
Enfin, le pape est conscient que les centres nerveux où se concentrent la plupart des informations se trouvent dans les grands centres. Mais cela ne doit pas nous faire oublier les innombrables histoires de ceux qui vivent loin, à distance, dans les désormais célèbres banlieues, où à côté de la souffrance et de la dégradation, il y a certainement des histoires de grande solidarité, qui peuvent aider chacun à regarder la réalité d'une manière renouvelée.