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Le Pape à Marseille. La culture de la rencontre à l'école de Marie

Cela ne fait que trois jours, mais la visite du pape François à Marseille confirme la préoccupation du pontife pour les migrants et les personnes déplacées.

Henri-Louis Bottin / José Luis Domingo-24 septembre 2023-Temps de lecture : 5 minutes
Marseille

Photo : Le Pape aux Rencontres Méditerranéennes ©Photo avec l'aimable autorisation des auteurs

Marseille, ville méditerranéenne, a vécu deux journées exceptionnelles en accueillant le Pape François, première visite papale depuis près de 500 ans. Le souverain pontife a souhaité participer aux "Rencontres de la Méditerranée" à l'invitation du cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de la ville. Il répondait également à une autre invitation de la France, puisque le président Emmanuel Macron lui avait déjà dit : "Il est important que vous veniez à Marseille ! Et c'est ce qu'il a fait.

Voir avec les yeux du Christ

Le message central de la visite papale, la rencontre des peuples, a été placé d'emblée entre les mains de la Vierge Marie, qui préside à la rencontre entre Jésus et les hommes. La "Bonne Mère" des Marseillais, Notre-Dame de la Garde, a été vénérée par le pape François à son arrivée à l'aéroport vendredi après-midi.

Le Pape a placé la raison de son voyage apostolique aux pieds de la Vierge. Dans sa "prière mariale" avec le clergé diocésain dans la basilique, il a présenté le croisement de deux "regards" : d'une part, "celui de Jésus qui caresse l'homme", "d'en haut et d'en bas, non pour juger mais pour élever ceux qui sont en bas" ; d'autre part, "celui des hommes et des femmes qui se tournent vers Jésus", à l'image de Marie aux noces de Cana.

S'adressant aux prêtres du diocèse, le pape les a encouragés à regarder chaque personne avec les yeux compatissants de Jésus, et à présenter à Jésus les plaidoyers de nos frères et sœurs : un "échange de regards". Le prêtre est à la fois un instrument de miséricorde et un instrument d'intercession. Le Pape a ainsi présenté le cadre de la réflexion théologique qu'il développera dans les rencontres suivantes.

Sa visite a été l'occasion d'une rencontre interreligieuse qui a réuni de nombreux représentants des principales religions de la Méditerranée. Il les a notamment rencontrés devant la stèle érigée à la mémoire des marins et migrants disparus en mer. Il a rappelé qu'il ne faut pas s'habituer à "considérer les naufrages comme des faits divers et les morts en mer comme des chiffres : non, ce sont des noms et des prénoms, des visages et des histoires, des vies brisées et des rêves brisés".

Un regard humain et chrétien sur ces tristes événements est une condition préalable essentielle à une réponse politique adéquate à la crise migratoire actuelle. Le pape François a rappelé aux chrétiens que "Dieu nous ordonne de protéger" l'orphelin, la veuve et l'étranger, et que cela conduit nécessairement à "l'hospitalité".

La mer, "miroir du monde

Samedi matin, le pape François s'est adressé aux évêques et aux jeunes de différentes religions participant aux Rencontres méditerranéennes au Palais du Phare. En regardant les rives françaises de la Méditerranée, entre Nice et Montpellier, il s'est dit amusé de voir "le sourire de la Méditerranée". Il a ensuite axé son discours sur trois symboles qui caractérisent Marseille, qu'il a loué comme un modèle d'"intégration" entre les peuples : la mer, le port et le phare.

Selon lui, la mer est un "miroir du monde", porteuse d'une "vocation globale de fraternité, une vocation unique et l'unique moyen de prévenir et de surmonter les conflits". C'est aussi un "laboratoire de paix", mais qui, selon le pape, souffre d'une maladie qui consiste non pas à "augmenter les problèmes" mais à "diminuer l'attention".

Marseille est aussi un port, et donc "une porte sur la mer, sur la France et sur l'Europe". A cet égard, rappelant les paroles de Saint Paul VI, il a insisté sur les "trois devoirs" des nations développées : la solidarité, la justice sociale et la charité universelle. Voyant l'"opulence" d'un côté de la Méditerranée et la "pauvreté" de l'autre, le Pape a conclu : "l'Europe de l'Est est une terre de paix". mare nostrum réclame justice.

Surmonter les préjugés

Enfin, au Palais du Phare, le Pape François a parlé de Marseille comme d'un "phare", encourageant les jeunes à dépasser les "barrières" et les "préjugés", et à rechercher au contraire "l'enrichissement mutuel". En conclusion, le pontife romain a présenté le "carrefour" auquel sont confrontées de nombreuses nations : "la rencontre ou l'affrontement".

Il a encouragé chacun à choisir la voie de "l'intégration des peuples", même si cette intégration, "même des migrants", est "difficile". Selon lui, la voie de l'intégration est la seule possible, alors que celle de "l'assimilation" est dangereuse : parce qu'elle est basée sur l'idéologie et conduit à l'hostilité et à l'intolérance. Il a fait l'éloge de la ville de Marseille comme modèle d'intégration.

Suivant le fil rouge de sa visite à Marseille, à savoir la prière à Marie, le Pape a finalement présidé une messe dans le "temple du sport" de la ville : le stade Vélodrome, siège de l'Olympique de Marseille et stade de la Coupe du monde de rugby. C'est là, où l'équipe de France de rugby a joué jeudi dernier contre la Namibie, que la Vierge de la Garde a été installée. Et c'est d'elle, la Bonne Mère des Marseillais, que le pape François a parlé lors de son homélie.

Reprenant les paroles de l'Évangile de la Visitation, et le saut de joie de Jean-Baptiste dans le sein d'Élisabeth à l'occasion de sa rencontre avec la Vierge Marie enceinte de Jésus, il a parlé de deux "sauts de joie" : "l'un devant la vie" et "l'autre devant le prochain". "Dieu est relation et nous visite souvent à travers des rencontres humaines, lorsque nous savons nous ouvrir aux autres.

A cette occasion, le Pape a condamné l'indifférence et le manque de passion pour les autres. Il a de nouveau condamné "l'individualisme, l'égoïsme et la fermeture d'esprit qui produisent la solitude et la souffrance", citant comme victimes les familles, les plus faibles, les pauvres, "les enfants à naître", "les personnes âgées abandonnées", etc.

Un voyage sous le manteau de la Vierge

Les Marseillais lui ont réservé un accueil particulièrement chaleureux et ont été honorés de recevoir la visite du Souverain Pontife. Les Marseillais se sont surtout réjouis d'accueillir un Pape dévoué à leur "Bonne Mère". De nombreux habitants, même ceux qui fréquentent peu la basilique de Notre Dame de la Garde, ont tenu à le voir passer dans les rues : en montrant sa proximité avec la Vierge, le Pape a montré sa proximité avec les Marseillais.

Les autorités politiques locales et nationales de tous bords ont honoré de leur présence le Souverain Pontife et toute l'Eglise, ainsi que des foules venues de toute la France, dans une ambiance très festive. Avant la messe au Vélodrome, un humoriste bien connu est monté sur scène pour expliquer que, pour une fois, tout le stade soutenait la même équipe !

François a clairement voulu confier son combat pour la justice sociale et la défense de la vie des plus faibles, notamment des immigrés, à l'intercession de la Vierge Marie. Mais le Pape a reconnu, sans être naïf, que ce travail "est difficile", conscient des défis qui attendent tous ceux qui s'y consacrent. François est résolument de ceux qui veulent réconcilier des positions antagonistes, et avant de partir pour Rome, il a demandé au peuple marseillais de prier, en insistant : "Ce travail n'est pas facile !

L'auteurHenri-Louis Bottin / José Luis Domingo

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