Monde

La crise afghane, une pierre de touche de la dignité humaine

La fuite d'Afghanistan de milliers d'Afghans terrifiés, l'angoisse de quitter le pays de tant d'Afghans et d'Occidentaux, pour qui le 31 août est une date butoir à l'aéroport de Kaboul, et les obstacles à l'accueil dans les pays occidentaux, traduisent une atteinte dramatique à la dignité humaine et à la fraternité.

Rafael Miner-26 août 2021-Temps de lecture : 3 minutes
Kaboul, Afghanistan

Photo : ©CNS photo/Staff Sgt. Victor Mancilla, U.S. Marines handout via Reuters

Un peu plus de six mille kilomètres séparent Madrid de Kaboul, soit 14 heures d'avion. De Rome et du Vatican, un peu moins. Et depuis Genève, le siège du bureau des Nations Unies en Europe, similaire. Mais la distance en termes de droits de l'homme est devenue presque infinie de nos jours.

C'est ce que vient de rappeler le chargé d'affaires de la mission permanente du Saint-Siège auprès des Nations unies à Genève, Monseigneur John Putzer, qui, s'exprimant lors de la 31e session spéciale du Conseil des droits de l'homme, a appelé à "reconnaître et à défendre le respect de la dignité humaine et des droits fondamentaux de chaque personne, y compris le droit à la vie, la liberté de religion, le droit à la liberté de mouvement et de réunion pacifique".

"En ce moment critique, a-t-il ajouté, il est d'une importance vitale de soutenir le succès et la sécurité des efforts humanitaires dans le pays, dans un esprit de solidarité internationale, afin de ne pas perdre les progrès réalisés, notamment dans les domaines de la santé et de l'éducation". Selon le Saint-Siège, le "dialogue inclusif" est "l'outil le plus puissant" pour atteindre l'objectif de la paix, et il souhaite appeler l'ensemble de la communauté internationale à "passer des déclarations aux actes" en accueillant les réfugiés "dans un esprit de fraternité humaine".

Monseigneur Putzer a ainsi rappelé l'appel à la prière du Pape François le 15 août, implorant que les solutions soient recherchées à la table du dialogue, et que le bruit des armes cesse. Ses paroles textuelles à la prière de l'Angelus étaient les suivantes : "Je vous prie de prier avec moi le Dieu de la paix pour que le bruit des armes cesse et que des solutions soient trouvées à la table du dialogue. Ce n'est qu'à ce moment-là que les personnes martyrisées de ce pays - hommes, femmes, vieillards et enfants - pourront rentrer chez elles et vivre en paix et en sécurité, dans un respect mutuel total".

La prise de Kaboul nous affecte

Le retour au pouvoir des talibans a signifié la fin de vingt ans de présence des États-Unis et de leurs alliés. Et comme l'a écrit Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant'Egidio, "la prise de contrôle de Kaboul nous concerne aussi" (Famiglia Cristiana). Le retour des talibans touche tout le monde dans tous les sens, mais avant tout, bien sûr, dans le sens purement physique, la lutte pour la vie, le premier droit de l'homme. Il suffit de voir les images de centaines d'Afghans entassés dans les soutes des avions, ou les paroles d'Afghans récemment arrivés dans notre pays, comme la capitaine de l'équipe afghane de basket-ball en fauteuil roulant, Nilofar Bayat, qui a déclaré à Bilbao : "Je suis la preuve qu'en Afghanistan, il n'y a pas d'avenir ni d'espoir".

En effet, le 31 août approche à grands pas. Il s'agit de la date convenue entre les États-Unis et les talibans pour le retrait des troupes, mais des milliers de personnes doivent encore être évacuées et il pourrait être nécessaire de la prolonger. Pour les Talibans, cette extension possible "est une ligne rouge", "ou il y aura des conséquences". L'instabilité et les soupçons d'attentats s'accentuent dans un aéroport auquel des milliers de personnes tentent désespérément d'accéder.

Fraternité humaine

Les menaces que le régime taliban fait peser sur la vie, la dignité et la liberté des personnes sont une source de grande inquiétude pour des milliers de personnes dans un pays qui compte un petit nombre de chrétiens, et certainement pour le pape François, qui a tenu une réunion historique en Irak en mars de cette année, dans l'ancienne ville d'Abraham, Ur des Chaldéens, avec des représentants des communautés juives et d'un plus grand nombre de communautés musulmanes, et les a exhortés à emprunter un chemin de paix, de fraternité et de pardon.

La crise afghane est aussi, dans le même ordre d'idées, un coup porté aux enseignements du pape François dans l'encyclique Fratelli Tutti, signé par le Saint Père le 4 octobre dernier à Assise. Comme l'a souligné le Prof. Ramiro Pellitero dans ce portail, lorsqu'il traite de la fraternité et de l'amitié sociale, "le Pape déclare s'attarder sur la dimension universelle de la fraternitéCe n'est pas pour rien que l'un des points clés du document est le rejet de l'individualisme. Nous sommes tous "frères", membres de la même famille humaine, qui vient d'un seul Créateur, et qui navigue dans le même bateau. La mondialisation nous montre la nécessité de travailler ensemble pour promouvoir le bien commun et prendre soin de la vie, du dialogue et de la paix.

L'accueil et les efforts d'intégration des milliers de réfugiés qui fuient leur pays dans la terreur seront une pierre de touche pour visualiser le soutien à la dignité de la personne humaine, quelle que soit sa race, sa religion ou sa nationalité, et l'adhésion aux enseignements du Pape.

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