Amérique latine

Monseigneur René Rebolledo : "Avec un témoignage de vie, nous pourrons attirer d'autres personnes à Jésus-Christ".

Mgr René Rebolledo, archevêque de La Serena depuis 2013, a été élu président de la Conférence épiscopale du Chili le 17 avril.

Pablo Aguilera-28 avril 2024-Temps de lecture : 6 minutes
Monseigneur René Rebolledo : "Avec un témoignage de vie, nous pourrons attirer d'autres personnes à Jésus-Christ".

Né à Cunco, Monseigneur René Osvaldo Rebolledo Salinas sera à la tête de l'épiscopat chilien pour les trois prochaines années renouvelables. Monseigneur Rebolledo a été ordonné prêtre en 1984. Il a commencé son travail pastoral dans la paroisse Inmaculada Concepción de LoncocheIl est ensuite parti en Italie pour faire son doctorat. À son retour, il se consacre tout particulièrement à la formation au Grand Séminaire de San Fidel.

La formation des séminaires a été l'un de ses principaux domaines d'activité. En effet, il a présidé l'Organisation des séminaires chiliens (OSCHI) et a fait partie du conseil d'administration de l'Organisation latino-américaine des séminaires (OSLAM). Saint Jean-Paul II l'a nommé évêque d'Osorno le 8 mai 2004 et, en 2013, le pape François l'a nommé archevêque de La Serena. Le président nouvellement élu a accordé une interview à Omnes dans laquelle il réfléchit à la nécessité de promouvoir la pastorale des vocations et à des questions telles que l'immigration.

Dans le récent Message de la Conférence épiscopale du ChiliÀ l'issue de l'assemblée plénière, les évêques ont exprimé leur préoccupation face au manque de vocations sacerdotales au Chili et ont invité les catholiques à intensifier leurs prières à cette intention. Quelles sont les principales causes de ce déclin marqué au cours de la dernière décennie ? 

- La sécularisation du pays progresse de façon notable, avec un éloignement progressif des adultes en général et des jeunes en particulier des communautés ecclésiales. À cela s'ajoute la crise institutionnelle que nous avons connue à tous les niveaux en raison des situations d'abus.

Toutefois, dans ce domaine, j'apprécie le travail de prévention sérieux qui a été réalisé au niveau national. Des milliers d'agents pastoraux ont été formés dans toutes les circonscriptions ecclésiastiques pour aider à créer des environnements sains et sûrs, ainsi que pour accompagner les victimes.

Et quelles pourraient être les initiatives pour répondre à ce besoin urgent ?

- Tout d'abord, intensifier notre prière. Conscients du grand besoin de bergers pour nos communautés, nous sommes invités à faire nôtres les sentiments de Jésus qui, "voyant les foules, fut ému de compassion pour elles, parce qu'elles étaient harassées et désemparées, comme des brebis sans berger" (Mt 9,36). Aujourd'hui encore, nous devons tenir compte de ce que le Seigneur a dit à ses disciples : "La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux". Il s'agit donc de reprendre, avec encore plus de persévérance, l'impératif de "prier le Seigneur des champs d'envoyer des ouvriers pour sa moisson" (Mt 9,37-38).

J'ai dit à différents niveaux de l'archidiocèse : "La prière est le seul instrument capable d'agir à la fois dans le domaine de la grâce et dans celui de la liberté, permettant à l'homme de discerner l'appel et de répondre à Dieu. Nourrie par la Parole, elle ouvre le cœur du croyant à la recherche de la vérité la plus profonde de lui-même. Dans un cheminement de foi, la prière permet de s'abandonner à la volonté de Dieu et de donner une réponse généreuse à un projet de vie particulier auquel il nous appelle.

De même, nous devons relever le défi - comme nous y ont invités saint Jean-Paul II, Benoît et François - de créer une "culture des vocations" à tous les niveaux, en abordant certains domaines prioritaires à cet égard, tels que : les familles et les jeunes, les servants d'autel et, dans notre milieu, les nombreux jeunes qui participent à des danses religieuses, entre autres.

En outre, à la demande des jeunes, l'équipe de la Première Journée nationale de la jeunesse (JNJ 2025), du 21 au 26 janvier 2025, sous la devise : "Jeunes pèlerins de l'espérance", en lien avec la devise choisie pour le Jubilé extraordinaire de la Rédemption - 2025 : Pèlerins de l'espérance. Cette rencontre s'inspire de la phrase du Psaume119, 105 : "Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier". 

La prière que les jeunes récitent en préparation de la première JNJ affirme que les jeunes "sont le présent de Dieu" et demande au Seigneur que les jeunes "pèlerins de l'espérance, animés par l'Esprit, aident à renouveler l'Église et à construire un pays plus juste et plus solidaire, en prenant soin de la maison commune, en embrassant les pauvres et les marginalisés, en étant les témoins de l'amour du Seigneur".

Je pense que cette JMJ est un don du Seigneur. Ce qui est décisif, c'est que les participants ouvrent leur cœur au Christ qui enchante la vie. Ainsi, cette rencontre peut être une occasion d'écouter son appel.

Il est évident que le défi de la pénurie de vocations doit être relevé par les évêques avec un grand sens de la coresponsabilité, en collaboration avec les laïcs, les personnes consacrées, les diacres et les prêtres".

Dans ce message, les évêques chiliens invitent à accueillir les migrants dans notre pays. Les évêques chiliens invitent à accueillir les migrants dans notre pays. Enquête sur le bicentenaire de l'Université catholique indique qu'en 2022, 82 % des Chiliens considèrent que le nombre d'immigrants est excessif. De plus, en raison de l'implication d'immigrés clandestins ayant commis des crimes graves, les citoyens se méfient de plus en plus d'eux. Alors comment rendre cette demande des évêques compréhensible pour les Chiliens ?

- Une réflexion personnelle et communautaire s'impose, que je résume ainsi : nous sommes tous des migrants ! Notre patrie est très belle, à bien des égards, mais elle n'est pas définitive. Un pourcentage significatif de Chiliens croit en Dieu. Une partie des croyants professe la foi catholique. Quitter sa terre et vivre comme un étranger remonte aux origines de l'humanité, comme l'attestent les Saintes Écritures, tout comme la vie de famille de notre Seigneur. Il est donc nécessaire d'examiner le témoignage biblique.

D'autre part, il s'agit de rendre la main. Dans les périodes troublées de notre histoire, des centaines de Chiliens et de Chiliennes ont été accueillis sous d'autres latitudes, respectés dans leur dignité et traités avec reconnaissance.

Il n'est pas juste de lier criminalité et migration. En fait, des milliers de migrants sont arrivés dans notre pays avec le désir d'un avenir meilleur pour eux-mêmes et leurs familles. Ils contribuent à la croissance du pays et partagent avec nos communautés leur foi, leurs traditions religieuses et leur espoir.

Cherchons des moyens de nous aider mutuellement à construire la cité terrestre dans la communion et la coresponsabilité, chacun contribuant avec ses dons et la richesse de sa culture, mais toujours conscient que nous sommes un peuple de pèlerins. En ce sens, je fais mien l'appel du pape François à accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrantsCela implique également d'accompagner et de soutenir les communautés qui ont dû faire face à l'arrivée d'un grand nombre d'entre eux, en particulier dans les villes frontalières et les grandes villes.

L'enquête montre qu'après la forte baisse de confiance dans l'Église catholique en 2018, il y a eu une amélioration lente et régulière. Depuis cette année, le silence des pasteurs catholiques a sensiblement augmenté. Selon vous, dans quelle mesure l'opinion publique doit-elle influencer les évêques dans la transmission du message chrétien ?

- Je sais que nous avons exprimé notre point de vue sur diverses questions importantes pour le pays et pour l'Église. Bien sûr, il y a les Messages des Assemblées de la Conférence épiscopale de ces dernières années, ainsi que les déclarations sur des questions spécifiques et urgentes ou sur des défis particuliers. Cependant, il est évident que beaucoup de ces paroles publiques sont passées inaperçues face à la crise ecclésiale vécue et à la perte de confiance dans l'Église et ses pasteurs qui en découle.

Dans ce sens, je pense qu'avec un témoignage de vie cohérent et vrai de tout le Peuple de Dieu, nous pourrons attirer les autres à Jésus-Christ et à son message. De même, être attentifs et présents à la réalité de la vie des personnes, à leurs peines et à leurs joies, nous permettra d'affronter les problèmes et les difficultés, de chercher, avec d'autres, les moyens de les résoudre et d'avancer ainsi sur un chemin qui permettra à la société de retrouver la confiance. 

En mars, les principales confessions religieuses du Chili - dont le catholicisme - ont exprimé leur inquiétude face à la détérioration des relations civiques, à l'augmentation de l'insécurité, à la corruption et à l'incapacité des acteurs politiques à parvenir à des accords. Face à cette situation, elles ont appelé à un accord national pour résoudre les graves problèmes auxquels le pays est confronté. Quelles sont vos attentes à cet égard ?

- Un accord national serait une instance privilégiée et urgente pour faire face aux grands défis auxquels notre pays est confronté.

Le bien commun nous appelle à agir de manière coresponsable face aux énormes défis que posent les questions susmentionnées - détérioration des relations civiques, insécurité croissante, corruption, incapacité des acteurs politiques à parvenir à un accord, entre autres.

L'intérêt supérieur du pays exige que ceux qui ont été investis de l'autorité par le peuple soient à la hauteur de la tâche, en plaçant le bien-être du peuple au-dessus des calculs électoraux.

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