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Peter Hahne : "Ils prennent un modèle en faillite : le protestantisme".

Peter Hahne, journaliste protestant et expert de l'Église évangélique allemande, souligne que le modèle de la voie synodale en Allemagne est obsolète et qu'aujourd'hui il y a en fait plus d'abandons dans l'Église protestante que dans l'Église catholique.

José M. García Pelegrín-10 février 2023-Temps de lecture : 3 minutes
Peter Hahne_voie synodale

Photo : Peter Hahne ©ZDF

Peter Hahne, un protestant, est responsable des programmes politiques de la télévision publique allemande ZDF depuis près de 30 ans. Il a également été membre du conseil de l'église évangélique allemande EKD pendant 18 ans.

Dans votre nécrologie de Benoît XVI, vous avez écrit : "Pour lui, la plus grande douleur était que le catholicisme allemand prenne le chemin suicidaire de l'Église évangélique allemande (EKD)".Qu'est-ce que cela signifie ?

-Pour parler en termes de marketing : si l'objectif est de réformer l'Église, de la rapprocher des gens, de reconquérir de nouveaux membres, de rendre l'Église à nouveau attrayante, il faut prendre exemple sur le praticien qui a réussi ; c'est ce que ferait toute entreprise. 

Le catholicisme, lui, prend pour exemple une entreprise en danger de faillite, le protestantisme. Tout ce qui est revendiqué dans le Voie synodale est une prise de position des protestants à l'égard de l'Église catholique : l'abolition du célibat, l'ordination des femmes, etc. Cependant, malgré le scandale des abus, les chrétiens protestants sont toujours plus nombreux à quitter l'Église que les catholiques. Le pape François l'a dit : nous avons déjà une Église protestante, nous n'avons pas besoin d'une deuxième. 

Cependant, l'Église n'est pas une entreprise...

-Pour moi, en tant que chrétien, la chose la plus importante est la dimension spirituelle. Le site Voie synodale semble se développer sans prière, sans l'Esprit Saint et aussi sans évangélisation. Si je veux renouveler l'Église, la première chose que je dois faire est de prier et de laisser l'Esprit Saint agir ; puis de fixer des priorités au niveau spirituel. Et quel est le centre de l'Église ? Le culte, dans l'Église catholique l'Eucharistie. Pour autant que je puisse voir, dans le Chemin synodal, cette dimension ne semble pas jouer de rôle ; et si elle le fait, c'est plutôt pour maquiller, pour donner une superstructure à ses structures socio-politiques, suivant la devise : tout est évangélisation.

Que doit faire le Chemin synodal pour que l'évangélisation authentique y joue un rôle décisif ?

-Pour moi, l'évangélisation ne consiste pas à rapprocher les gens d'une institution, mais de Dieu. Et en les ramenant à Dieu, je les ramène naturellement à l'Église, car il n'y a pas de christianisme sans communauté, sans Église. Et je le dis aussi en tant que chrétien évangélique. 

Je recommande de lire attentivement, par exemple, la nécrologie de Benoît XVI écrite par le président de la Conférence des évêques. Si la nécrologie vient du cœur, disant que Benoît XVI était l'un des plus grands maîtres de l'Église et en même temps un guide en matière de théologie et de pensée spirituelle, alors je devrais m'arrêter et dire : "S'il est si bon, il vaut mieux adopter sa recette pour réformer l'Église". Ensuite, vous pouvez enterrer le Voie synodale.

À votre avis, à quoi ressemblerait ce chemin synodal selon le pape Benoît ?

-Lors de sa visite en Bavière, le pape Benoît XVI a prononcé une homélie devant les prêtres de la cathédrale de Freising. Chaque catholique devrait lire ce discours. Elle a abordé la question de savoir quelle est notre tâche en tant que prêtres, mais aussi en général en tant que chrétiens, dans ce monde. Il a mis de côté le discours préparé avec la merveilleuse remarque qu'il pouvait être lu en version imprimée. Pendant 14 minutes, il a prononcé un discours libre et sincère, sans parler de politique ou de climat, mais centré sur Jésus. Si l'on devait faire de ce discours la norme pour la réforme de l'Église aujourd'hui, on serait assuré du succès, bien que spirituellement il n'y ait aucune garantie. Pour moi, c'est la bonne méthode. 

À Fribourg, Benoît XVI a parlé de dé-mondanité ; or, le Chemin synodal représente la mondanité. Il est toujours suspect que "le monde" applaudisse l'Église, et aujourd'hui on a l'impression que les évêques cherchent à être applaudis ; à être aimés, à être acclamés. Et ils ne se rendent pas compte du piège dans lequel ils tombent. L'évêque luthérien bavarois Hermann Bezzel a dit un jour : "L'Église périt à cause des serviteurs qui n'ont pas de vocation". Pour moi, c'est la clé. Aujourd'hui, nous avons trop de politiciens frustrés dans les chaires.

Le Chemin synodal a été créé à la suite du scandale des abus. Mais cela a-t-il vraiment quelque chose à voir avec la lutte contre les abus ?

-Ici, certains abus sont utilisés comme prétexte à une révolution dans l'Église. Ce qui est discuté dans la voie synodale n'a rien à voir avec le scandale des abus. Si c'était le cas, cela signifierait que de tels scandales n'auraient pas été commis dans l'Église évangélique, car les pasteurs y sont mariés. Or, dans l'Église protestante, c'est exactement la même chose qui se produit, mais pas à une telle échelle. Un homme pédophile peut se marier mille fois, mais il continuera à abuser des enfants.

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