Lorsqu'on lui a demandé s'il s'attendait à ce que le pape François le nomme, il y a quelques semaines, vicaire apostolique d'Arabie du Sud, Monseigneur Paolo Martinelli a répondu avec une certitude absolue : "Non, il n'y avait rien qui me rendait suspect de ce choix".
Toutefois, le religieux appartenant à l'Ordre des Frères Mineurs Capucins, jusqu'à peu avant sa nouvelle fonction d'évêque auxiliaire de Milan, n'était pas surpris que le choix se porte une fois de plus sur un Capucin : "Nous sommes présents dans la péninsule arabique depuis plus de cent ans et le vicaire a toujours été choisi parmi nos religieux. De plus, les deux tiers du clergé présent dans ces régions appartiennent à notre Ordre. C'est l'histoire d'une relation consolidée".
La compétence de la Vicariat apostolique d'Arabie du Sud tombe sur tous les catholiques vivant dans les Émirats arabes unis, à Oman et au Yémen. Il y a plus d'un million de personnes, explique Martinelli, toutes migrantes, qui sont venues dans ces territoires pour travailler : ici, donc, la première tâche du Vicariat est de soutenir le chemin de foi de ces fidèles qui, en général, fréquentent beaucoup l'Église.
Une autre tâche importante du Vicariat est également de maintenir les bonnes relations avec les musulmans ?
- En effet, il s'agit du deuxième pilier majeur de l'action du Vicariat. Cette relation, ces dernières années, a été marquée par la signature du document sur la fraternité humaine qui a eu lieu à Abu Dhabi en 2019 par le pape et le grand imam d'al-Azhar. C'est un événement qui reste pour nous un point de référence fondamental et qui a une vision prophétique. En substance, les religions doivent soutenir la fraternité et la paix universelles.
Nous, dans les territoires du Vicariat, sommes appelés à garder vivante la mémoire de cet événement et en même temps nous devons nous engager à développer ses implications du point de vue social, du point de vue du dialogue et des relations culturelles et interreligieuses.
Les catholiques des territoires du Vicariat proviennent déjà de cultures très différentes et l'on peut dire sans aucun doute que nous avons affaire à une Église des peuples.
Mgr Paolo Martinelli. Vicaire apostolique d'Arabie du Sud
En matière de dialogue, quelles sont les prochaines actions concrètes que vous comptez mettre en œuvre ?
- Une chose que je fais maintenant est d'écouter la réalité que je vis afin de la connaître encore mieux, surtout pour bien comprendre ce que mon prédécesseur, Monseigneur Paul Hinder, a fait pendant les longues années où il m'a précédé comme Vicaire.
Mais je peux dire que je me suis rendu compte qu'il y a des aspects très concrets qui doivent être soutenus, approfondis et renforcés : tout d'abord, la valeur interculturelle, déjà présente dans l'expérience de foi catholique.
Nous ne devons pas oublier que les catholiques des territoires du Vicariat proviennent déjà de cultures très différentes et on peut dire sans aucun doute que nous avons affaire à une Église des peuples.
Le deuxième aspect est celui de l'éducation. Le Vicariat a quinze écoles qu'il gère aussi grâce à l'aide de quelques instituts de vie consacrée : très souvent les élèves sont majoritairement musulmans et cela signifie que le lieu d'enseignement devient aussi un espace de confrontation, de dialogue interreligieux.
Comment comptez-vous faire face aux divers défis sociaux, politiques et culturels des différents pays qui composent le territoire du Vicariat ?
- Il est vrai que les territoires sont très différents les uns des autres et que la présence de l'Église et des chrétiens est également variée. Par exemple, aux Émirats arabes unis et à Oman, la situation est plus calme, alors que le Yémen est marqué par des tensions sociales et religieuses.
Chaque jour, mes pensées se tournent vers les quatre sœurs de Mère Teresa de Calcutta qui, il y a six ans, ont été tuées au Yémen pour être restées fidèles à leur mission d'accueil et de soutien des personnes âgées et handicapées.
C'est dans ces situations que l'encyclique Fratelli Tutti du pape François, qui promeut la fraternité universelle et l'amitié sociale, doit nous inspirer.
Comment le chemin synodal est-il vécu dans le Vicariat ?
- Je me suis renseigné sur ce qui a été vécu jusqu'à présent : j'ai été heureux d'apprendre qu'un parcours bien structuré a été effectué et je dois reconnaître que Monseigneur Paul Hinder a très bien travaillé. Il y a quelques jours, la messe de clôture de la phase de consultation a été célébrée dans l'église particulière et un document a été produit contenant les résultats du travail effectué dans toutes les communautés et paroisses du Vicariat. J'ai été très impressionné par la passion avec laquelle les fidèles ont mené le débat synodal, dont le bilan a ensuite été transmis au secrétariat du Synode. Je suis certain que le Vicariat Apostolique d'Arabie du Sud est vraiment une Eglise du peuple.