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Jesús Miñambres : "Le besoin de transparence dans la gestion de l'Église devient de plus en plus pressant".

Jesús Miñambres, professeur de droit canonique, est le coordinateur du groupe d'étude CASE à l'Université pontificale de la Sainte-Croix.

Maria José Atienza-3 juin 2024-Temps de lecture : 3 minutes
Jesús Miñambres : "Le besoin de transparence dans la gestion de l'Église devient de plus en plus pressant".

Jesús Miñambres, professeur de droit canonique à l'Université pontificale de la Sainte-Croix, est également le coordinateur de l'Institut de recherche sur le droit canonique. Groupe de cas, (Corresponsabilità Amministrazione e Sostegno Economico alla Chiesa), un groupe de recherche interdisciplinaire international sur les questions liées à la gestion et à la subsistance de l'Église catholique.

Miñambres, qui sera chargé de présenter le président de l'Institut des œuvres de religion, Jean-Baptiste Douville de Franssu, dans le Forum Omnes qui se tiendra demain à Rome, a déjà assisté à Omnes dans le but de rapprocher les lecteurs de la réalité de l'IInstitut pour les œuvres de religion (IOR).

Une banque du Vatican n'est-elle pas une contradiction, et comment expliquer l'IOR ? 

L'Institut pour les œuvres de religion est né à la fin du XIXe siècle et a été réorganisé au cours du XXe siècle et jusqu'à présent au XXIe siècle pour servir d'instrument de gestion des investissements financiers pour le Saint-Siège au service de la mission universelle de l'Église ainsi que des Églises particulières, des Instituts de vie consacrée et d'autres entités.

En outre, il sert également à faciliter certains services, tels que la mise à disposition de ressources aux milieux qui en ont besoin, la conservation et la fructification des dépôts des entités du Saint-Siège, la gestion transparente de la masse salariale du Vatican, etc.

Ces dernières années, nous avons assisté à une évolution substantielle de la gestion financière de l'IOR, notamment en termes de transparence. Quelles sont les principales évolutions ? Cette évolution est-elle due à des demandes extérieures ? 

-Le besoin de transparence dans la gestion des ressources de l'Église se fait de plus en plus pressant.

En général, depuis 1983 déjà, il existe une norme qui oblige les fidèles à rendre compte des biens qu'ils ont donnés (cf. can. 1287 §2 du Code de droit canonique).

Cependant, l'IOR s'est efforcé d'y parvenir et publie depuis plusieurs années un bilan assez détaillé avec l'actif et le passif de l'Institut, le nombre de clients, les mouvements au cours de l'année...

L'Institut cherche à faire fructifier les ressources qui lui sont confiées, du moins ces dernières années, avec un bénéfice net de 36 millions d'euros en 2020, 18 millions d'euros en 2021 et 29 millions d'euros en 2022. Le bénéfice est envoyé au Pontife romain pour être utilisé dans l'accomplissement de sa mission (c'est l'un des modes de financement du fonctionnement de la Curie romaine). 

L'adoption de l'euro comme monnaie du Vatican, d'abord par le biais d'un accord avec l'Italie et, après 10 ans, par un autre accord direct avec l'Union européenne, a certainement aussi donné un élan à la recherche de la transparence. Ces accords internationaux exigent une série de pratiques et de contrôles qui ont contribué à accélérer la mise en œuvre de certaines pratiques de transparence en matière de gestion.

Mensuram Bonam Quels sont, selon vous, les points clés de ces lignes directrices ? Sont-elles compétitives sur le marché actuel ? 

-Les investissements éthiques ne sont pas seulement compétitifs, ils sont aussi expressément recherchés et annoncés par de nombreuses entreprises qui ont besoin d'investisseurs.

Les principes ESG (Environnementaux, Sociaux, de Gouvernance) ont été adoptés par de nombreuses entités, à tel point qu'un journal italien spécialisé dans l'économie et la finance a "inventé" pour ses lecteurs un indice de la bourse de Milan avec des entreprises qui prétendent suivre ces critères : l'indice s'appelle SOLE24ESG MORN.

L'IOR, ainsi que les autres institutions du Vatican, a également adopté ces principes et a ajouté une référence à la doctrine sociale de l'Église, qui renforce l'engagement éthique et donne des paramètres pour l'évaluer. Les principes qui régissent la doctrine sociale de l'Église sont la dignité humaine, le bien commun, la solidarité, la justice sociale, la subsidiarité, le soin de la maison commune, l'inclusion des personnes vulnérables et l'écologie intégrale. Le document de l'Académie des sciences sociales que vous avez cité développe les implications de ces principes pour la gestion des investissements.

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